Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Dom Lefebvre, Missel :
« Le Tibre, à son entrée dans Rome, écrit un poète ancien, salue la basilique de Saint-Pierre, et à sa sortie, celle de Saint-Paul. Le portier céleste a fixé sa demeure sacrée aux portes de la ville éternelle qui est une image du ciel. De l’autre côté, les remparts de la ville sont protégés par le portique de Paul : Rome est entre les deux ». A Pierre, le nouveau Moïse, conducteur du nouvel Israël, vient s’associer Paul, le nouvel Aaron, plus éloquent que le premier, choisi dès le sein de sa mère pour annoncer les richesses de la grâce du Christ aux Gentils (Or., Grad., Ep.).
Ant. ad Introitum. 2. Tim. 1, 12. | Introït |
Scio, cui crédidi, et certus sum, quia potens est depósitum meum servare in illum diem, iustus iudex. | Je sais en qui j’ai cru et je suis certain qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour où il me jugera en juste juge. |
Ps. 138, 1-2. | |
Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam. | Seigneur, vous m’avez sondé et vous me connaissez : vous savez quand je m’assieds et quand je me lève. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui multitúdinem géntium beáti Pauli Apóstoli prædicatióne docuísti : da nobis, quǽsumus ; ut, cuius natalítia (commemoratiónem) cólimus, eius apud te patrocínia sentiámus. | Dieu, vous avez instruit une multitude de nations par la prédication du bienheureux Apôtre Paul : accordez-nous, nous vous en supplions, que, célébrant sa naissance au ciel (sa mémoire [1]), nous ressentions les effets de sa protection. |
Et fit Commemoratio S. Petri Ap. sub unica conclusione : | On fait mémoire de S. Pierre Apôtre sous la même conclusion : |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui beáto Petro Apóstolo tuo, collátis clávibus regni Cæléstis, ligándi atque solvéndi pontifícium tradidísti : concéde ; ut, intercessiónis eius auxílio, a peccatórum nostrórum néxibus liberémur. Qui vivis. | Dieu, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, les clefs du royaume céleste, vous lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier : faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Gálatas. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtres aux Galates. |
Gal. 1, 11-20. | |
Fratres : Notum vobis facio Evangélium, quod evangelizátum est a me, quia non est secúndum hóminem : neque enim ego ab hómine accépi illud neque dídici, sed per revelatiónem Iesu Christi. Audístis enim conversatiónem meam aliquándo in Iudaísmo : quóniam supra modum persequébar Ecclésiam Dei, et expugnábam illam, et proficiébam in Iudaísmo supra multos coætáneos me-os in génere meo, abundántius æmulátor exsístens paternárum mearum traditiónum. Cum autem plácuit ei, qui me segregávit ex útero matris meæ, et vocávit per grátiam suam, ut reveláret Fílium suum in me, ut evangelizárem illum in géntibus : contínuo non acquiévi car-ni et sánguini, neque veni Ierosólymam ad antecessóres meos Apóstolos : sed ábii in Arábiam : et íterum revérsus sum Damáscum : déinde post annos tres veni Ierosólymam vidére Petrum, et mansi apud eum diébus quíndecim : álium autem Apostolórum vidi néminem, nisi Iacóbum fratrem Dómini. Quæ autem scribo vobis, ecce coram Deo, quia non méntior. | Mes frères : je vous déclare, que l’évangile que j’ai annoncé n’est pas selon l’homme ; car ce n’est pas d’un homme que je l’ai reçu ni appris, mais par la révélation de Jésus-Christ. Vous avez appris, en effet, quelle était autrefois ma conduite dans le judaïsme, comment je persécutais à outrance l’Église de Dieu, et la ravageais. Et je surpassais dans le judaïsme bon nombre de ceux de mon âge et de ma nation ayant un zèle plus ardent pour les traditions de mes pères. Mais lorsqu’il plut à celui qui m’a mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, pour que je fusse son évangéliste parmi les nations, aussitôt je ne pris conseil ni de la chair ni du sang ; je n’allais pas non plus à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi ; mais je m’en allai en Arabie, et je revins encore à Damas. Ensuite, trois ans plus tard, je vins à Jérusalem pour voir Pierre, et je demeurai auprès de lui quinze jours ; mais je ne vis aucun autre des apôtres, sinon Jacques, le frère du Seigneur. Dans ce que je vous écris, je proteste devant Dieu que je ne mens pas. |
Graduale. Gal. 2, 8-9. | Graduel |
Qui operátus est Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter gentes : et cognovérunt grátiam Dei, quæ data est mihi. | Celui qui a agi efficacement dans Pierre pour le rendre Apôtre, a aussi agi efficacement en moi pour me rendre Apôtre des Gentils, et ils ont reconnu la grâce de Dieu, qui m’avait été accordée. |
V/. 1. Cor. 15, 10. Grátia Dei in me vácua non fuit : sed grátia eius semper in me manet. | V/. La grâce de Dieu n’a pas été stérile en moi ; mais elle demeure toujours en moi. |
Allelúia, allelúia. V/. Sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis et doctor géntium, intercéde pro nobis. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Saint Paul, Apôtre, prédicateur de la vérité et docteur des nations, intercédez pour nous. Alléluia. |
¶ In Missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | ¶ Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. | Trait |
Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole : vere digne es glorificándus. | Tu as été l’objet du choix de Dieu, Apôtre saint Paul, tu mérites bien d’être glorifié. |
V/. Prædicátor veritátis et doctor géntium in fide et veritáte. | V/. Tu as prêché la vérité, tu as enseigné aux païens la vraie foi. |
V/. Per te omnes gentes cognovérunt grátiam Dei. | V/. Grâce à toi tous les peuples ont appris à connaître le don de Dieu. |
V/. Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit. | V/. Intercède pour nous auprès de Dieu qui t’as choisi. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 106, 8. Confiteántur Dómino misericórdiæ eius. et mirabília eius fíliis hóminum. | Allelúia, allelúia. V/. Qu’elles louent le Seigneur ses miséricordes, et ses merveilles en faveur des fils des hommes. |
Allelúia. V/. Sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis et doctor géntium, intercéde pro nobis. Allelúia. | Allelúia. V/. Saint Paul Apôtre, prédicateur de la vérité et docteur des païens, intercède pour nous. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Suite du Saint Évangile selon saint Matthieu. |
Matth. 10, 16-22. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Ecce, ego mitto vos sicut oves in médio lupórum. Estóte ergo prudéntes sicut serpentes, et símplices sicut colúmbæ. Cavéte autem ab homínibus. Tradent enim vos in concíliis, et in synagógis suis flagellábunt vos : et ad pr.sides et ad reges ducémini propter me in testimónium illis et géntibus. Cum autem tradent vos, nolíte cogitáre, quómodo aut quid loquámini : dábitur enim vobis in illa hora, quid loquámini. Non enim vos estis, qui loquímini, sed Spíritus Patris vestri, qui lóquitur in vobis. Tradet autem frater fratrem in mortem, et pater fílium : et insúrgent fílii in paréntes, et morte eos affícient : et éritis odio ómnibus propter nomen meum : qui autem perseveráverit usque in finem, hic salvus erit. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes. Mais mettez-vous en garde contre les hommes : car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous flagelleront dans leurs synagogues ; et vous serez traduits, à cause de moi, devant les gouverneurs et devant les rois, pour servir de témoignage à eux et aux nations. Mais, lorsqu’ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous direz ; car ce que vous devrez dire vous sera donné à l’heure même. En effet, ce n’est pas vous qui parlez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parle en vous. Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils ; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Et vous serez haïs de tous, à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. |
Ante 1960 : Credo | Avant 1960 : Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 138, 17. | Offertoire |
Mihi autem nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principátus eórum. | O Dieu, que vos amis sont singulièrement honorés à mes yeux ! Leur empire s’est extraordinairement affermi. |
Secreta. | Secrète |
Apóstoli tui Pauli précibus, Dómine, plebis tuæ dona sanctífica : ut, quæ tibi tuo grata sunt institúto, gratióra fiant patrocínio supplicántis. | En raison des prières de votre Apôtre Paul, rendez saints, Seigneur, les dons de votre peuple : de sorte que leur offrande qui vous est agréable, du fait qu’elle a été instituée par vous, devienne plus agréable encore, à cause du patronage de celui qui intercède pour nous. |
Pro S. Petro | Pour S. Pierre |
Secreta. | Secrète |
Ecclésiæ tuæ, quǽsumus, Dómine, preces et hóstias beáti Petri Apóstoli comméndet orátio : ut, quod pro illíus glória celebrámus, nobis prosit ad véniam. Per Dóminum nostrum. | Que la prière du Bienheureux Apôtre Pierre appuie les prières et les offrandes de votre Église, nous vous en supplions, Seigneur : afin que le sacrifice que nous célébrons pour sa gloire, nous soit utile pour assurer notre pardon. |
Præfatio de Apostolis. | Préface des Apôtres . |
Ant. ad Communionem. Matth. 19, 28 et 29. | Communion |
Amen, dico vobis : quod vos, qui reliquístis ómnia et secúti estis me, céntuplum accipiétis et vitam ætérnam possidébitis. | En vérité, je vous le dis : vous qui avez tout quitté et m’avez suivi, vous recevrez le centuple et posséderez la vie éternelle. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Percéptis, Dómine, sacraméntis : beáto Paulo Apóstolo tuo interveniénte, deprecámur ; ut, quæ pro illíus celebráta sunt glória, nobis profíciant ad medélam. | Ayant reçu, Seigneur, votre sacrement, et le bienheureux Apôtre Paul intervenant en notre faveur : nous vous prions de faire servir à notre guérison, le sacrifice qui a été célébré pour glorifier cet Apôtre. |
Pro S. Petro | Pour S. Pierre |
Postcommunio. | Postcommunion |
Lætíficet nos, Dómine, munus oblátum : ut, sicut in Apostolo tuo Petro te mirábilem prædicámus ; sic per illum tuæ sumamus indulgéntiæ largitátem. Per Dóminum nostrum. | Que le don offert nous réjouisse, Seigneur : afin que comme nous vous reconnaissons admirable en votre Apôtre Pierre, de même nous obtenions, grâce à lui, de votre libéralité, des faveurs et le pardon. |
A Matines (Avant 1960)
Invitatorium | Invitatoire |
Regem Apostolórum Dóminum, * Veníte, adorémus. | Le Seigneur, Roi des Apôtres, * Venez, adorons. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne |
Egrégie Doctor, Paule, mores ínstrue,
Et nostra tecum péctora in cælum trahe ; Veláta dum merídiem cernat fides, Et solis instar sola regnet cáritas. | Paul, docteur éminent, forme nos mœurs,
attire nos cœurs jusqu’au ciel à ta suite ; et quand la foi ne découvre le midi qu’au travers d’un voile, que la charité, tel le soleil, soit seule à régner. |
Sit Trinitáti sempitérna glória,
Honor, potéstas atque iubilátio, In unitáte, quæ gubérnat ómnia, Per univérsa sæculórum sæcula. Amen. | A la Trinité, gloire éternelle,
honneur, puissance et jubilation qui, dans son unité, gouverne toutes choses, pendant tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Qui operátus est * Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter Gentes : et cognovérunt grátiam, quæ data est mihi a Christo Dómino. | Ant. 1 Celui qui a opéré * en Pierre pour l’apostolat, a opéré en moi aussi parmi les Gentils ; et ils ont connu la grâce qui m’a été donnée par le Christ, le Seigneur [2]. |
Psaume 18 | |
Ant. 2 Scio cui crédidi, * et certus sum quia potens est depósitum meum serváre in illum diem iustus iudex. | Ant. 2 Je sais à qui je me suis confié, * et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour, en juste juge [3]. |
Psaume 33 | |
Ant. 3 Mihi vívere Christus est, * et mori lucrum : gloriári me opórtet in cruce Dómini nostri Iesu Christi. | Ant. 3 Pour moi, vivre c’est le Christ, * et mourir un gain [4] ; il faut que je me glorifie dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ [5]. |
Psaume 44 | |
V/. In omnem terram exívit sonus eórum. | V/. Leur bruit s’est répandu dans toute la terre [6]. |
R/. Et in fines orbis terræ verba eórum. | R/. Et leurs paroles jusqu’aux confins du globe de la terre. |
Lectio i | 1ère leçon |
De Actibus Apostolórum. | Des Actes des Apôtres. |
Cap. 13, 1-4. | |
Erant autem in Ecclésia quæ erat Antiochíæ, prophétæ et doctóres, in quibus Bárnabas et Simon, qui vocátur Niger, et Lúcius Cyrenénsis et Mánahen, qui erat Heródis tetrárchæ collactáneus, et Saulus. Ministrántibus autem illis Dómino et ieiunántibus, dixit illis Spíritus Sanctus : Segregáte mihi Saulum et Barnábam, in opus ad quod assúmpsi eos. Tunc ieiunántes et orántes imponentésque eis manus dimisérunt illos. Et ipsi quidem missi a Spíritu Sancto abiérunt Seleucíam et inde navigavérunt Cyprum. | Il y avait dans l’Église d’Antioche des Prophètes et des Docteurs, parmi lesquels Barnabé et Simon, qui s’appelait le Noir, Lucius de Cyrène, et Manahen, frère de lait d’Hérode le tétrarque, et Saul. Or pendant qu’ils offraient au Seigneur les saints Mystères, et qu’ils jeûnaient, l’Esprit-Saint leur dit : Séparez-moi Paul et Barnabé pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, ayant jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les firent partir. Et eux, étant ainsi envoyés par l’Esprit-Saint, allèrent à Séleucie, et de là ils firent voile pour Chypre. |
R/. Qui operátus est Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter Gentes : * Et cognovérunt grátiam Dei, quæ data est mihi. | R/. Celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat a opéré en moi aussi parmi les Gentils [7] : * Et ils ont connu la grâce de Dieu qui m’a été donnée. |
V/. Grátia Dei in me vácua non fuit, sed grátia eius semper in me manet. | V/. La grâce de Dieu n’a pas été stérile en moi, mais sa grâce demeure toujours avec moi [8]. |
* Et cognovérunt grátiam Dei, quæ data est mihi. | * Et ils ont connu la grâce de Dieu qui m’a été donnée. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 13, 5-8. | |
Et, cum veníssent Salamínam, prædicábant verbum Dei in synagógis Iudæórum ; habébant autem et Ioánnem in ministério. Et, cum perambulássent univérsam ínsulam usque Paphum, invenérunt quemdam virum magum pseudoprophétam Iudǽum, cui nomen erat Bariésu, qui erat cum procónsule Sérgio Paulo, viro prudénte. Hic, accersítis Bárnaba et Saulo, desiderábat audíre verbum Dei. Resistébat autem illis Elymas magus (sic enim interpretátur nomen eius) quærens avértere procónsulem a fide. | Quand ils furent venus à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Or Jean les aidait dans le ministère. Après qu’ils eurent parcouru toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, magicien, faux prophète et Juif, dont le nom était Barjésu, et qui était avec le proconsul Sergius Paulus, homme prudent. Celui-ci, ayant fait venir Barnabé et Saul, désirait entendre la parole de Dieu. Or Elymas, le magicien, (car c’est ainsi qu’on interprète son nom), leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi. |
R/. Bonum certámen certávi, cursum consummávi, fidem servávi : * Ideóque repósita est mihi coróna iustítiæ. | R/. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi [9] : * C’est pourquoi la couronne de justice m’est réservée. |
V/. Scio cui crédidi, et certus sum quia potens est depósitum meum serváre in illum diem. | V/. Je sais à quoi je me suis confié, et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt [10] jusqu’à ce jour [11]. |
* Ideóque repósita est mihi coróna iustítiæ. | * C’est pourquoi la couronne de justice m’est réservée. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 13, 9-13. | |
Saulus autem, qui et Paulus, replétus Spíritu Sancto, íntuens in eum dixit : O plene omni dolo et omni fallácia, fili diáboli, inimíce omnis iustítiæ, non désinis subvértere vias Dómini rectas ? Et nunc, ecce manus Dómini super te, et eris cæcus non videns solem usque ad tempus. Et conféstim cécidit in eum calígo et ténebræ, et circúiens quærébat qui ei manum daret. Tunc procónsul, cum vidísset factum, crédidit admírans super doctrína Dómini. Et, cum a Papho navigássent, Paulus et qui cum eo erant venérunt Pergen Pamphýliæ ; Ioánnes autem discédens ab eis revérsus est Ierosólymam. | Mais, rempli de l’Esprit-Saint, Saul, qui est le même que Paul, le regardant, dit : ô homme plein de toute malice et de toute fraude, fils du diable, ennemi de toute justice, tu ne cesses de subvertir les voies droites du Seigneur. Mais maintenant, voilà la main du Seigneur sur toi, et tu seras aveugle, ne voyant point le soleil jusqu’à un certain temps. Et soudain tomba sur fui une profonde obscurité et des ténèbres ; et allant ça et là, il cherchait quelqu’un qui lui donnât la main. Alors le proconsul voyant ce fait, crut, admirant fa doctrine du Seigneur. Paul et ceux qui étaient avec lui, s’étant embarqués à Paphos, vinrent à Perge de Pamphylie. Mais Jean, se séparant d’eux, s’en retourna à Jérusalem. |
R/. Repósita est mihi coróna iustítiæ, * Quam reddet mihi Dóminus in illum diem iustus iudex. | R/. La couronne de justice m’est réservée [12] : * Le Seigneur juste juge, me la rendra en ce jour-là. |
V/. Scio cui crédidi, et certus sum quia potens est depósitum meum serváre in illum diem. | V/. Je sais à qui je me suis confié, et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour [13]. |
* Quam reddet mihi Dóminus in illum diem iustus iudex. Glória Patri. * Quam reddet mihi Dóminus in illum diem iustus iudex. | * Le Seigneur juste juge, me la rendra en ce jour-là. Gloire au Père. * Le Seigneur juste juge, me la rendra en ce jour-là. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Tu es vas electiónis, * sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis in univérso mundo. | Ant. 4 Tu es un vase d’élection, * ô saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans le monde entier. |
Psaume 46 | |
Ant. 5 Magnus sanctus Paulus * vas electiónis, vere digne est glorificándus, qui et méruit thronum duodécimum possidére. | Ant. 5 Le grand saint Paul * était un vase d’élection ; il est vraiment digne d’être glorifié, lui qui mérita de posséder le même trône que les douze. |
Psaume 60 | |
Ant. 6 Bonum certámen * certávi, cursum consummávi, fidem servavi. | Ant. 6 J’ai combattu le bon * combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi [14]. |
Psaume 63 | |
V/. Constítues eos príncipes super omnem terram. | V/. Vous les établirez princes sur toute la terre [15]. |
R/. Mémores erunt nóminis tui, Dómine. | R/. Ils se souviendront de votre nom, Seigneur. |
Lectio iv | 4e leçon |
Ex libro sancti Augustíni Epíscopi de grátia et líbero arbítrio. | Du livre de saint Augustin, Évêque : De la grâce et du libre arbitre. |
Cap. 6-7 | |
Apóstolus Paulus, quem certe invénimus sine ullis méritis bonis, immo cum multis méritis malis, Dei grátiam consecútum, reddéntis bona pro malis, videámus quid dicat, sua iam propinquánte passióne, scribens ad Timótheum : Ego enim iam ímmolor, inquit, et tempus resolutiónis meæ instat. Bonum certámen certávi, cursum consummávi, fidem servávi. Ista útique iam mérita sua bona commémorat ; ut post bona mérita consequátur corónam, qui post mérita mala consecútus est grátiam. Dénique atténdite quid sequátur : Súperest, inquit, mihi coróna iustítiæ, quam reddet mihi Dóminus in illa die iustus iudex. Cui rédderet corónam iustus iudex, si non donásset grátiam miséricors Pater ? Et quómodo esset ista coróna iustítiæ, nisi præcessísset grátia, quæ iustíficat ímpium ? Quómodo ista débita redderétur, nisi prius illa gratúita donarétur ? | Que l’Apôtre Paul ait reçu sans aucun mérite, et malgré de nombreux démérites, la grâce du Dieu qui rend le bien pour le mal, nous en avons la certitude. Voyons comment il parle, un peu avant sa passion, en écrivant à Timothée. « Pour moi, dit-il, me voici à la veille d’être immolé, et l’heure de ma dissolution approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » [16]. Ces choses qui assurément lui sont des mérites, il les mentionne d’abord, pour en venir bientôt à la couronne qu’il espère obtenir en récompense de ses mérites, lui qui, malgré ses démérites, a obtenu la grâce. Aussi remarquez bien ce qu’il ajoute : « Il me reste la couronne de justice que le Seigneur, juste juge, doit me rendre en ce jour » [17]. A qui ce juste juge rendrait-il la couronne, si le Père miséricordieux n’avait point donné sa grâce ? Et comment serait-ce une couronne de justice, si la grâce qui justifie le pécheur n’avait point précédé ? Comment pourrait-il y avoir des mérites à récompenser, si des grâces gratuites n’avaient pas été données auparavant ? |
R/. Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis in univérso mundo, * Per quem omnes Gentes cognovérunt grátiam Dei. | R/. Tu es un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans le monde entier, * Toi par qui toutes les Nations ont connu la grâce de Dieu. |
V/. Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit. | V/. Intercède pour nous auprès de Dieu, qui t’a choisi. |
* Per quem omnes Gentes cognovérunt grátiam Dei. | * Toi par qui toutes les Nations ont connu la grâce de Dieu. |
Lectio v | 5e leçon |
Proínde considerémus ipsa mérita Apóstoli Pauli, quibus dixit corónam redditúrum iúdicem iustum, et videámus utrum mérita ipsíus tamquam ipsíus, id est, ex ipso ei comparáta, an dona sint Dei. Bonum, inquit, certámen certávi, cursum consummávi, fidem servávi. Primo ista bona ópera, si non ea præcessíssent cogitatiónes bonæ, nulla essent. Atténdite ítaque quid de ipsis cogitatiónibus dicat ; ait enim scribens ad Corínthios : Non quia idónei sumus cogitáre áliquid a nobis, tamquam a nobismetípsis ; sed sufficiéntia nostra ex Deo est. Deínde síngula inspiciámus. | Considérant donc en l’Apôtre Paul ses mérites eux-mêmes, auxquels le juste juge rendra la couronne, voyons s’ils lui appartiennent comme étant de lui, c’est-à-dire, comme se les étant acquis de lui-même, ou bien s’il faut y reconnaître les dons de Dieu : « J’ai combattu le bon combat, dit-il, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » [18]. Remarquons d’abord que ces bonnes œuvres seraient nulles, si de bonnes pensées ne les avaient précédées. II faut donc examiner ce qu’il dit des pensées elles-mêmes. Or voici comment il parle, en écrivant aux Corinthiens : « Non que nous soyons capables par nous-mêmes de produire, comme de nous, une seule pensée ; mais notre capacité vient de Dieu » [19]. Après cela, entrons dans le détail. |
R/. Grátia Dei sum id quod sum : * Et grátia eius in me vácua non fuit, sed semper in me manet. | R/. C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis [20] : * Et sa grâce n’a pas été stérile en moi, mais elle demeure toujours en moi. |
V/. Qui operátus est Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter Gentes. | V/. Celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat, a opéré en moi aussi parmi les Gentils [21]. |
* Et grátia eius in me vácua non fuit, sed semper in me manet. | * Et sa grâce n’a pas été stérile en moi, mais elle demeure toujours en moi. |
Lectio vi | 6e leçon |
Bonum, inquit, certámen certávi. Quæro qua virtúte certáverit, utrum quæ illi ex semetípso fúerit, an quæ désuper data sit ? Sed absit ut tantus doctor ignoráverit legem Dei, cuius vox est in Deuteronómio : Ne dicas in corde tuo : Fortitúdo mea et poténtia manus meæ fecit mihi virtútem magnam hanc ; sed memoráberis Dómini Dei tui, quia ipse tibi dat fortitúdinem fácere virtútem. Quid autem prodest bonum certámen, nisi sequátur victória ? Et quis dat victóriam, nisi ille, de quo dicit ipse : Grátias Deo, qui dat nobis victóriam per Dóminum nostrum Iesum Christum ? | « J’ai combattu le bon combat » [22]. Je demande par quelle force il a combattu. Est-ce par une force qu’il aurait eue de lui-même, ou par une force reçue d’en haut ? Mais loin de nous la pensée qu’un tel docteur ait ignoré la loi de Dieu, parlant ainsi dans le Deutéronome : « Ne dis pas dans ton cœur : C’est ma force et la puissance de mon bras qui m’a rendu capable de cette grande œuvre ; mais souviens-toi du Seigneur ton Dieu, parce que c’est lui qui te fortifie pour bien faire » [23]. Mais que sert-il de bien combattre, si le combat n’est point suivi de la victoire ? Et qui rend victorieux, si ce n’est celui dont l’Apôtre dit lui-même : « Grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ » [24]. |
R/. Saulus, qui et Paulus, magnus prædicátor, * A Deo confortátus convalescébat, et confundébat Iudǽos. | R/. Saul, qui est le même que Paul, grand prédicateur [25], * Affermi par Dieu, se fortifiait et confondait les Juifs [26]. |
V/. Osténdens quia hic est Christus, Fílius Dei. | V/. Montrant que Jésus est le Christ, Fils de Dieu. |
* A Deo confortátus convalescébat, et confundébat Iudǽos. Glória Patri. * A Deo confortátus convalescébat, et confundébat Iudǽos. | * Affermi par Dieu, se fortifiait et confondait les Juifs. Gloire au Père. * Affermi par Dieu, se fortifiait et confondait les Juifs. |
In III Nocturno | Au 3ème Nocturne |
Ant. 7 Saulus, qui et Paulus, * magnus prædicátor, a Deo confortátus convalescébat, et confundébat Iudǽos. | Ant. 7 Saul, * qui est le même que Paul, grand prédicateur, affermi par Dieu, se fortifiait et confondait les Juifs [27]. |
Psaume 74 | |
Ant. 8 Ne magnitúdo * revelatiónum extóllat me, datus est mihi stímulus carnis meæ, ángelus sátanæ, qui me colaphízet : propter quod ter Dóminum rogávi ut auferrétur a me, et dixit mihi Dóminus : Súfficit tibi, Paule, grátia mea. | Ant. 8 De peur que la grandeur * des révélations ne m’élève, il m’a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me donner des soufflets ; c’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur de s’éloigner de moi ; et le Seigneur m’a dit : Paul, ma grâce te suffit [28]. |
Psaume 96 | |
Ant. 9 Repósita est mihi * coróna iustítiæ, quam reddet mihi Dóminus in illa die iustus iudex. | Ant. 9 Il m’est réservé * la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me rendra en ce jour-là [29]. |
Psaume 98 | |
V/. Nimis honoráti sunt amíci tui, Deus. | V/. Vos amis ont été grandement honorés, ô Dieu [30]. |
R/. Nimis confortátus est principátus eórum. | R/. Leur autorité de princes a été établie avec une grande puissance. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. |
Cap. 10, 16-22. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Ecce ego mitto vos sicut oves in médio lupórum. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Et le reste. |
Homilía sancti Ioánnis Chrysóstomi. | Homélie de saint Jean Chrysostome. |
Homilia 34 in Matth., longe post initium | |
Sed dícere vidétur : Nolíte turbári, si, cum vos inter lupos mitto, tamquam oves et colúmbas esse iúbeo. Nam, etsi possum contrárium quoque præstáre, et non permíttere ut grave áliquid patiámini, nec lupis tamquam oves subiécti sitis, sed effícere ut leónibus terribilióres evadátis ; tamen sic éxpedit fíeri : hoc et vos quoque illustrióres fáciet, et meam declarábit virtútem. Sic enim póstea dixit Paulo : Súfficit tibi grátia mea, nam virtus mea in infirmitáte perfícitur. Ipse ígitur vos ut tales essétis feci. | Le divin Maître semble parler ainsi aux Apôtres : Ne soyez point troublés si ; vous envoyant au milieu des loups, je vous enjoins d’être comme des brebis et des colombes. Sans doute, je pourrais agir autrement ; je pourrais empêcher que vous ne souffriez quelque chose de fâcheux et faire en sorte, qu’au lieu d’être exposés aux loups comme des brebis, vous deveniez plus terribles que des lions. Il vaut mieux cependant qu’il en soit comme je l’ai réglé : c’est le moyen, et de manifester votre vertu, et de faire éclater ma puissance. Et voilà dans quel sens il dira plus tard à saint Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance se fait mieux sentir dans la faiblesse » [31]. C’est donc moi qui, vous ai rendus tels. |
R/. Sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis et doctor Géntium, * Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit, ut digni efficiámur grátia Dei. | R/. Saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité, et Docteur des Nations, * Intercède pour nous auprès de Dieu qui t’a choisi, afin que nous soyons rendus dignes de la grâce de Dieu. |
V/. Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis. | V/. Tu es un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité. |
* Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit, ut digni efficiámur grátia Dei. | * Intercède pour nous auprès de Dieu qui t’a choisi, afin que nous soyons rendus dignes de la grâce de Dieu. |
Lectio viii | 8e leçon |
Sed inspiciámus quam prudéntiam éxigit : serpéntis certe. Nam, quemádmodum serpens totum seípsum tradit, nec mínimum curat si ipsum quoque corpus incídi necésse sit, dúmmodo caput suum íntegrum servet ; eódem tu quoque modo, præter fidem cétera pérdere non cures, sive pecúnias, sive corpus, sive étiam vitam ipsam profúndere necésse sit. Fides enim caput est et radix ; qua serváta, etiámsi ómnia perdas, ómnia tamen rursus maióre cum glória recuperábis. Idcírco nec símplices solum iussit esse, nec prudéntes solum ; sed ambo hæc in unum míscuit, ut ea in virtútem convertántur. | Mais examinons quelle prudence il exige. La prudence même du serpent. Le serpent expose et livre tout son corps, et dût-il être coupé en morceaux s’en met très peu en peine, pourvu seulement qu’il ait la tête sauve. Ni toi non plus, pour conserver la foi, n’hésite pas à perdre tout le reste, fallût-il sacrifier ta fortune, tes membres et jusqu’à ta vie elle-même. La foi est la tête et la racine du chrétien ; si tu la conserves, en perdant tout le reste, tu recouvreras tout avec plus de gloire. Ainsi Jésus ne demande ni la simplicité sans la prudence, ni la prudence sans la simplicité ; il les a liées ensemble, voulant que ses Apôtres fissent, de ces deux choses réunies, une vertu parfaite. |
R/. Damásci, præpósitus gentis Arétæ regis vóluit me comprehéndere : * Et a frátribus per murum demíssus sum in sporta, * Et sic evási manus eius in nómine Dómini. | R/. A Damas, le gouverneur du pays, établi par le roi Arétas, voulut me prendre [32] : * Et des frères me descendirent le long du mur dans une corbeille, * Et c’est ainsi que j’échappai de ses mains au nom du Seigneur. |
V/. Deus et Pater Dómini nostri Iesu Christi scit quia non méntior. | V/. Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ sait que je ne mens pas. |
* Et a frátribus per murum demíssus sum in sporta, Glória Patri. * Et sic evási manus eius in nómine Dómini. | * Et des frères me descendirent le long du mur dans une corbeille, Gloire au Père. * Et c’est ainsi que j’échappai de ses mains au nom du Seigneur. |
Lectio ix | 9e leçon |
Quod si rebus ipsis id ita fíeri vidére desíderas, lege Actuum Apostolórum librum ; perspícies profécto, cum sæpe Iudæórum pópulus in Apóstolos insurréxerit ac dentes exacúerit, illos, colúmbæ simplicitátem imitándo et cum decénti modéstia respondéndo, iram ipsórum superásse, furórem exstinxísse, ímpetum retardásse. Nam, cum illi dícerent : Nonne præcipiéndo præcépimus vobis, ne docerétis in nómine isto ? quamvis innúmera possent édere mirácula, nihil tamen ásperum neque dixérunt neque fecérunt ; sed summa cum mansuetúdine respondéntes dicébant : Si iustum est vos audíre magis quam Deum, iudicáte. Perspexísti simplicitátem colúmbæ, vide nunc serpéntis prudéntiam : Non enim póssumus, ínquiunt, nos quæ vídimus et audívimus, non loqui. | Si tu veux savoir par les faits mêmes comment cela s’est accompli, ouvre le livre des Actes. Tu ne pourras manquer de voir qu’il arriva souvent aux Juifs de se ruer comme des bêtes affamées contre les Apôtres, et que les Apôtres, imitant la simplicité de la colombe, et répondant avec la modestie convenable, ont désarmé la colère, apaisé la fureur, arrêté l’emportement de ce peuple. Les Juifs leur disaient : « Ne vous avons-nous pas défendu absolument d’enseigner en ce nom-là ? [33] » Et quoiqu’ils pussent opérer une infinité de miracles, ils n’ont cependant rien dit ni rien fait qui témoignât de l’aigreur. Ils répondirent au contraire avec une douceur extrême : « Jugez s’il est juste de vous obéir plutôt qu’à Dieu » [34]. Dans ces paroles, tu as rencontré ta simplicité de la colombe ; vois la prudence du serpent dans les paroles qui suivent : « Nous ne pouvons pas taire les choses que nous avons vues et entendues » [35]. |
Te Deum | |
Ant. 1 Ego plantávi, * Apóllo rigávit, Deus autem increméntum dedit, allelúia. | Ant. 1 Moi, j’ai planté, * Apollo a arrosé ; mais Dieu a donné la croissance, alléluia [36]. |
Psaume 92 | |
Ant. 2 Libénter gloriábor * in infirmitátibus meis, ut inhábitet in me virtus Christi. | Ant. 2 Volontiers je me glorifierai * dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi [37]. |
Psaume 99 | |
Ant. 3 Grátia Dei * in me vácua non fuit, sed grátia eius semper in me manet. | Ant. 3 La grâce de Dieu * n’a pas été stérile en moi, mais sa grâce demeure toujours en moi [38]. |
Psaume 62 | |
Ant. 4 Damásci præpósitus * gentis Arétæ regis vóluit me comprehéndere : a frátribus per murum demíssus sum in sporta, et sic evási manus eius in nómine Dómini. | Ant. 4 A Damas, le gouverneur * du pays, établi par le roi Arétas, voulut me prendre : je fus descendu par des frères le long du mur, dans une corbeille, et c’est ainsi que j’échappai de ses mains au nom du Seigneur [39]. |
Cantique des trois Enfants | |
Ant. 5 Ter virgis cæsus sum, * semel lapidátus sum, ter naufrágium pértuli pro Christi nómine. | Ant. 5 J’ai été trois fois déchiré de verges * j’ai été lapidé une fois, j’ai fait naufrage trois fois pour le nom du Christ [40]. |
Psaume 148 | |
Capitulum 2 Tim. 4. 7-8. | Capitule |
Bonum certámen certávi, cursum consummávi, fidem servávi. In réliquo repósita est mihi coróna iustítiæ, quam reddet mihi Dóminus in illa die iustus iudex. | J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Reste la couronne de justice qui m’est réservée, que le Seigneur, juste juge, me rendra en ce jour. |
Hymnus | Hymne |
Exsúltet orbis gáudiis,
Cælum resúltet láudibus : Apostolórum glóriam Tellus et astra cóncinunt. | Que la terre exulte de joie,
que le ciel retentisse de louanges : la terre et le ciel célèbrent la gloire des Apôtres [41]. |
Vos, sæculórum iúdices,
Et vera mundi lúmina, Votis precámur córdium : Audíte voces súpplicum. | Vous les juges des siècles
et les vraies lumières du monde, les vœux de nos cœurs vous implorent : écoutez nos voix suppliantes. |
Qui templa cæli cláuditis
Serásque verbo sólvitis, Nos a reátu nóxios Solvi iubéte, quǽsumus | Vous qui avez le pouvoir de fermer et d’ouvrir
les temples du ciel par votre parole, daignez, nous vous en prions, nous délier des liens de nos péchés. |
Præcépta quorum prótinus
Languor salúsque séntiunt, Sanáte mentes lánguidas, Augéte nos virtútibus : | Puisque à vos ordres, sans tarder,
la maladie et la santé obéissent, guérissez nos âmes languissantes, augmentez en nous les vertus. |
Ut, cum redíbit árbiter
In fine Christus sǽculi, Nos sempitérni gáudii Concédat esse cómpotes. | Pour qu’au jour où l’arbitre,
le Christ, reviendra à la fin du siècle, il nous accorde d’avoir part à l’éternelle joie. |
Patri, simúlque Fílio,
Tibíque, Sancte Spíritus, Sicut fuit, sit iúgiter Sæclum per omne glória. Amen. | Gloire au Père, ainsi qu’au Fils,
gloire à vous, Saint-Esprit, comme il fut toujours, comme maintenant et à jamais dans tous les siècles. Amen. |
V/. Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole. | V/. Tu es un vase d’élection, ô saint Apôtre Paul. |
R/. Prædicátor veritátis in univérso mundo. | R/. Prédicateur de la vérité dans le monde entier. |
Ad Bened. Ant. Vos qui secúti estis me, * sedébitis super sedes, iudicántes duódecim tribus Israël, dicit Dóminus. | Ant. au Benedictus Vous qui m’avez suivi, * vous serez assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d’Israël, dit le Seigneur. |
Benedictus | |
Oratio | Prière |
Deus, qui multitúdinem géntium beáti Pauli Apóstoli prædicatióne docuísti : da nobis, quǽsumus ; ut, cuius natalítia cólimus, eius apud te patrocínia sentiámus. | Dieu, vous avez instruit une multitude de nations par la prédication du bienheureux Apôtre Paul : accordez-nous, nous vous en supplions, que, célébrant sa naissance au ciel, nous ressentions les effets de sa protection. |
Et fit commemoratio S. Petri Apostoli, ante omnes alias Commemorationes. | On fait mémoire de saint Pierre Apôtre avant toute autre Mémoire. |
Ant. Tu es pastor óvium, Princeps Apostolórum, tibi tráditæ sunt claves regni cælórum. | Ant. Tu es pasteur des brebis, prince des Apôtres, c’est à toi qu’ont été confiées les clefs du royaume des cieux. |
V/. Tu es Petrus. | V/. Tu es Pierre [42]. |
R/. Et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam. | R/. Et sur cette pierre je bâtirai mon Église. |
Oratio | Prière |
Deus, qui beáto Petro Apóstolo tuo, collátis clávibus regni Cæléstis, ligándi atque solvéndi pontifícium tradidísti : concéde ; ut, intercessiónis eius auxílio, a peccatórum nostrórum néxibus liberémur. (Qui vivis.) | Dieu, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, les clefs du royaume céleste, vous lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier : faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession. |
Deinde commemoratio Octavæ S. Ioannis Baptistæ : | Ensuite mémoire de l’Octave de St Jean-Baptiste : |
Ant. Apértum est os Zacharíæ, et prophetávit dicens : Benedíctus Deus Israël. | Ant. La bouche de Zacharie s’ouvrit et il prophétisa, disant : Béni soit le Dieu d’Israël [43]. |
V/. Iste puer magnus coram Dómino. | V/. Cet enfant sera grand devant le Seigneur [44]. |
R/. Nam et manus eius cum ipso est. | R/. Car sa main est avec lui. |
Oratio | Prière |
Deus, qui præséntem diem honorábilem nobis in beáti Ioánnis nativitáte fecísti : da pópulis tuis spirituálium grátiam gaudiórum ; et ómnium fidélium mentes dirige in viam salútis ætérnæ. Per Dóminum. | Dieu, vous nous avez rendu ce jour vénérable par la nativité du bienheureux Jean : accordez à votre peuple la grâce des joies spirituelles ; et dirigez les âmes de tous les fidèles dans la voie du salut éternel. |
Aux 2ndes Vêpres.
On dit les 1ères Vêpres de la Fête du Précieux Sang, sauf si St Paul doit être fêté sous le grade de 1ère classe.
Ant. 1 Iurávit Dóminus, * et non pœnitébit eum : Tu es sacérdos in ætérnum. | Ant. 1 Le Seigneur a juré * il ne s’en repentira point : vous êtes prêtre pour l’éternité [45]. |
Psaume 109 | |
Ant. 2 Cóllocet eum * Dóminus cum princípibus pópuli sui. | Ant. 2 Il sera placé * par le Seigneur, avec les princes de son peuple [46]. |
Psaume 112 | |
Ant. 3 Dirupísti, Dómine, * víncula mea : tibi sacrificábo hóstiam laudis. | Ant. 3 Vous avez rompu, Seigneur, * mes liens : c’est à vous que je sacrifierai une hostie de louanges [47]. |
Psaume 115 | |
Ant. 4 Eúntes ibant * et flebant, mitténtes sémina sua. | Ant. 4 Allant, ils allaient * et pleuraient, jetant leurs semences [48]. |
Psaume 125 | |
Ant. 5 Confortátus est * principátus eórum, et honoráti sunt amíci tui, Deus. | Ant. 5 Elle a été établie avec puissance * leur autorité de prince et vos amis ont été honorés, ô Dieu [49]. |
Psaume 138 | |
Capitulum 2 Tim. 4. 7-8. | Capitule |
Bonum certámen certávi, cursum consummávi, fidem servávi. In réliquo repósita est mihi coróna iustítiæ, quam reddet mihi Dóminus in illa die iustus iudex. | J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Reste la couronne de justice qui m’est réservée, que le Seigneur, juste juge, me rendra en ce jour. |
Hymnus | Hymne |
Egrégie Doctor, Paule, mores ínstrue,
Et nostra tecum péctora in cælum trahe ; Veláta dum merídiem cernat fides, Et solis instar sola regnet cáritas. | Paul, docteur éminent, forme nos mœurs,
attire nos cœurs jusqu’au ciel à ta suite ; et quand la foi ne découvre le midi qu’au travers d’un voile, que la charité, tel le soleil, soit seule à régner. |
Sit Trinitáti sempitérna glória,
Honor, potéstas atque iubilátio, In unitáte, quæ gubérnat ómnia, Per univérsa sæculórum sæcula. Amen. | A la Trinité, gloire éternelle,
honneur, puissance et jubilation qui, dans son unité, gouverne toutes choses, pendant tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. |
V/. Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole. | V/. Tu es un vase d’élection, ô saint Apôtre Paul. |
R/. Prædicátor veritátis in univérso mundo. | R/. Prédicateur de la vérité dans le monde entier. |
Ad Magnificat Ant. Sancte Paule Apóstole, * prædicátor veritátis et doctor Géntium, intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit. | Ant. au Magnificat Saint Apôtre Paul, * prédicateur de la vérité et Docteur des Nations, intercède pour nous auprès de Dieu, qui t’a choisi. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Deus, qui multitúdinem géntium beáti Pauli Apóstoli prædicatióne docuísti : da nobis, quǽsumus ; ut, cuius natalítia cólimus, eius apud te patrocínia sentiámus. | Dieu, vous avez instruit une multitude de nations par la prédication du bienheureux Apôtre Paul : accordez-nous, nous vous en supplions, que, célébrant sa naissance au ciel, nous ressentions les effets de sa protection. |
Et fit commemoratio S. Petri Apostoli : | On fait mémoire de saint Pierre Apôtre : |
Ant. Tu es pastor óvium, Princeps Apostolórum, tibi tráditæ sunt claves regni cælórum. | Ant. Tu es pasteur des brebis, prince des Apôtres, c’est à toi qu’ont été confiées les clefs du royaume des cieux. |
V/. Tu es Petrus. | V/. Tu es Pierre [50]. |
R/. Et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam. | R/. Et sur cette pierre je bâtirai mon Église. |
Oratio | Prière |
Deus, qui beáto Petro Apóstolo tuo, collátis clávibus regni Cæléstis, ligándi atque solvéndi pontifícium tradidísti : concéde ; ut, intercessiónis eius auxílio, a peccatórum nostrórum néxibus liberémur. Qui vivis. | Dieu, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, les clefs du royaume céleste, vous lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier : faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession. |
Les Grecs unissent aujourd’hui dans une même solennité la mémoire des illustres saints, les douze Apôtres, dignes de toute louange [51]. Rome, tout absorbée hier par le triomphe que le Vicaire de l’Homme-Dieu remportait dans ses murs, voit le successeur de Pierre et sa noble cour aller porter au Docteur des nations, couché d’hier, lui aussi, en sa tombe glorieuse, l’hommage reconnaissant de la Ville et du monde. Suivons par la pensée le peuple romain qui, plus heureux que nous, accompagne le Pontife et fait retentir de ses chants de victoire la splendide Basilique de la voie d’Ostie.
Au vingt-cinq janvier, nous vîmes l’Enfant-Dieu, par le concours d’Etienne le Protomartyr, amener à sa crèche, terrassé et dompté, le loup de Benjamin [52] qui, dans la matinée de sa jeunesse fougueuse, avait rempli de larmes et de sang l’Église de Dieu. Le soir était venu, comme l’avait vu Jacob, où Saul le persécuteur allait plus que tous ses devanciers dans le Christ accroître le bercail, et nourrir le troupeau de l’aliment de sa céleste doctrine [53].
Par un privilège qui n’a pas eu de semblable, le Sauveur déjà assis à la droite du Père dans les cieux, daigna instruire directement ce néophyte, afin qu’il fût un jour compté au nombre de ses Apôtres. Mais les voies de Dieu n’étant jamais opposées entre elles, cette création d’un nouvel Apôtre ne pouvait contredire la constitution divinement donnée à l’Église chrétienne par le Fils de Dieu. Paul, au sortir des contemplations sublimes durant lesquelles le dogme chrétien était versé dans son âme, dut se rendre à Jérusalem, afin de « voir Pierre », comme il le raconta lui-même à ses disciples de Galatie. Il dut, selon l’expression de Bossuet, « conférer son propre Évangile avec celui du prince des Apôtres » [54]. Agréé dès lors pour coopérateur à la prédication de l’Évangile, nous le soyons, au livre des Actes, associé à Barnabé, se présenter avec celui-ci dans Antioche après la conversion de Cornélius, et l’ouverture de l’Église aux gentils par la déclaration de Pierre. Il passe dans cette ville une année entière signalée par une abondante moisson. Après la prison de Pierre à Jérusalem et son départ pour Rome, un avertissement d’en haut manifeste aux ministres des choses saintes qui présidaient à l’Église d’Antioche, que le moment est venu d’imposer les mains aux deux missionnaires, et on leur confère le caractère sacré de l’ordination.
A partir de ce moment, Paul grandit de toute la hauteur d’un Apôtre, et l’on sent que la mission pour laquelle il avait été préparé est enfin ouverte. Tout aussitôt, dans le récit de saint Luc, Barnabé s’efface et n’a plus qu’une destination secondaire. Le nouvel Apôtre a ses disciples à lui, et il entreprend, comme chef désormais, une longue suite de pérégrinations marquées par autant de conquêtes. Son premier pas est en Chypre, et c’est là qu’il vient sceller avec l’ancienne Rome une alliance qui est comme la sœur de celle que Pierre avait contractée à Césarée. En l’année 43, où Paul aborda en Chypre, l’île avait pour proconsul Sergius Paulus, recommandable par ses aïeux, mais plus digne d’estime encore pour la sagesse de son gouvernement. Il désira entendre Paul et Barnabé. Un miracle de Paul, opéré sous ses yeux, le convainquit de la vérité de l’enseignement des deux Apôtres, et l’Église chrétienne compta, ce jour-là, dans son sein un héritier nouveau du nom et de la gloire des plus illustres familles romaines. Un échange touchant eut lieu à ce moment. Le patricien romain était affranchi du joug de la gentilité par le juif, et en retour, le juif, qu’on appelait Saul jusqu’alors, reçut et adopta désormais le nom Paul, comme un trophée digne de l’Apôtre des gentils.
De Chypre, Paul se rend successivement en Cilicie, dans la Pamphylie, dans la Pisidie, dans la Lycaonie. Partout il évangélise, et partout il fonde des chrétientés. Il revient ensuite à Antioche, en l’année 47, et il trouve l’Église de cette ville dans l’agitation. Un parti de Juifs sortis des rangs du pharisaïsme consentait à l’admission des gentils dans l’Église, mais seulement à la condition qu’ils seraient assujettis aux pratiques mosaïques, c’est-à-dire à la circoncision, à la distinction des viandes, etc. Les chrétiens sortis de la gentilité répugnaient à cette servitude à laquelle Pierre ne les avait pas astreints, et la controverse devint si vive que Paul jugea nécessaire d’entreprendre le voyage de Jérusalem, où Pierre fugitif de Rome venait d’arriver. Il partit donc avec Barnabé, apportant la question à résoudre aux représentants de la loi nouvelle réunis dans la ville de David. Outre Jacques qui résidait habituellement à Jérusalem comme évêque, Pierre, ainsi que nous l’avons dit, et Jean, y représentèrent en cette circonstance tout le collège apostolique. Un décret fut formulé où toute exigence à l’égard des gentils relativement aux rites judaïques était interdite, et cette disposition était prise au nom et sous l’influence de l’Esprit-Saint. Ce fut dans cette réunion de Jérusalem que Paul fut accueilli par les trois grands Apôtres comme devant exercer spécialement l’apostolat des gentils. Il reçut de la part de ceux qu’il appelle les colonnes, une confirmation de cet apostolat surajouté à celui des douze. Par ce ministère extraordinaire qui surgissait en faveur de ceux qui avaient été appelés les derniers, le christianisme affirmait définitivement son indépendance à l’égard du judaïsme, et la gentilité allait se précipiter en foule dans l’Église.
Paul reprit le cours de ses excursions apostoliques à travers les provinces qu’il avait déjà évangélisées, afin d’y confirmer les Églises. De là, traversant la Phrygie, il vit la Macédoine, s’arrêta un moment à Athènes, d’où il se rendit à Corinthe, où il séjourna un an et demi. A son départ, il laissait dans cette ville une Église florissante, non sans avoir excité contre lui la fureur des Juifs. De Corinthe, Paul se rendit à Éphèse, qui le retint plus de deux ans. Il y obtint un tel succès auprès des gentils, que le culte de Diane en éprouva un affaiblissement sensible. Une émeute violente s’ensuivit, et Paul jugea que le moment était venu de sortir d’Éphèse. Durant son séjour dans cette ville, il avait révélé à ses disciples la pensée qui l’occupait déjà depuis longtemps : « Il faut, leur dit-il, que je voie Rome ». La capitale de la gentilité appelait l’Apôtre des gentils.
L’accroissement rapide du christianisme dans la capitale de l’Empire avait mis en présence, d’une manière plus frappante qu’ailleurs, les deux éléments hétérogènes dont l’Église d’alors était formée. L’unité d’une même foi réunissait dans le même bercail les anciens juifs et les anciens païens. Il s’en rencontra quelques-uns dans chacune de ces deux races qui, oubliant trop promptement la gratuité de leur commune vocation, se laissèrent aller au mépris de leurs frères, les réputant moins dignes qu’eux-mêmes du baptême qui les avait tous faits égaux dans le Christ. Certains juifs dédaignaient les gentils, se rappelant le polythéisme qui avait souillé leur vie passée de tous les vices qu’il entraînait à sa suite. Certains gentils méprisaient les juifs, comme issus d’un peuple ingrat et aveugle, qui, abusant des secours que Dieu lui avait prodigués, n’avait su que crucifier le Messie.
En l’année 53, Paul, qui fut à même de connaître ces débats, profita d’un second séjour à Corinthe pour écrire aux fidèles de l’Église romaine la célèbre Épître dans laquelle il s’attache à établir la gratuité du don de la foi, juifs et gentils étant indignes de l’adoption divine et n’ayant été appelés que par une pure miséricorde ; juifs et gentils, oubliant leur passé, n’avaient qu’à s’embrasser dans la fraternité d’une même foi, et à témoigner leur reconnaissance à Dieu qui les avait prévenus par sa grâce les uns et les autres. Sa qualité d’Apôtre reconnu donnait à Paul le droit d’intervenir en cette manière, au sein même d’une chrétienté qu’il n’avait pas fondée. En attendant qu’il pût contempler de ses yeux l’Église reine que Pierre avait établie sur les sept collines, l’Apôtre voulut accomplir encore une fois le pèlerinage de la cité de David. Mais la rage des Juifs de Jérusalem se déchaîna à cette occasion jusqu’au dernier excès. Leur orgueil en voulait surtout à cet ancien disciple de Gamaliel, à ce complice du meurtre d’Etienne, qui maintenant conviait les gentils à s’unir aux fils d’Abraham sous la loi de Jésus de Nazareth. Le tribun Lysias l’arracha des mains de ces acharnés qui allaient le mettre en pièces. La nuit suivante, le Christ apparut à Paul et lui dit : « Sois ferme ; car il te faudra rendre de moi à Rome le même témoignage que tu me rends en ce moment à Jérusalem ».
Ce ne fut pourtant qu’après une captivité de plus de deux années que Paul, en ayant appelé à l’empereur, aborda l’Italie au commencement de l’année 56. Enfin l’Apôtre des gentils fit son entrée dans Rome. L’appareil d’un triomphateur ne l’entourait pas : c’était un humble prisonnier juif que l’on conduisait au dépôt où s’entassaient les prévenus qui avaient appelé à César. Mais Paul était ce Juif qui avait eu le Christ lui-même pour conquérant sur le chemin de Damas. Il n’était plus Saul le Benjamite ; il se présentait sous le nom romain de Paul, et ce nom n’était pas un larcin chez celui qui, après Pierre, devait être la seconde gloire de Rome et le second gage de son immortalité. Il n’apportait pas avec lui, comme Pierre, la primauté que le Christ n’avait confiée qu’à un seul ; mais il venait rattacher au centre même de l’évangélisation des gentils, la délégation divine qu’il avait reçue en leur faveur, comme un affluent verse ses eaux dans le cours du fleuve qui les confond avec les siennes et les entraîne à l’océan.
Paul ne devait pas avoir de successeur dans sa mission extraordinaire ; mais l’élément qu’il venait déposer dans l’Église mère et maîtresse représentait une telle valeur que, dans tous les siècles, on entendra les pontifes romains, héritiers du pouvoir monarchique de Pierre, faire appel encore à un autre souvenir, et commander au nom des « bienheureux Apôtres Pierre et Paul ».
Au lieu d’attendre en prison le jour où sa cause serait appelée, Paul eut la liberté de se choisir un logement dans la ville, obligé seulement d’avoir jour et nuit la compagnie d’un soldat représentant la force publique, et auquel, selon l’usage en pareil cas, il était lié par une chaîne qui l’empêchait de fuir, mais laissait libres tous ses mouvements. L’Apôtre continuait ainsi de pouvoir annoncer la parole de Dieu. Vers la fin de l’année 57, on accorda enfin à Paul l’audience à laquelle lui donnait droit l’appel qu’il avait interjeté à César. Il comparut au prétoire, et le succès de son plaidoyer amena l’acquittement.
Paul, devenu libre, voulut revoir l’Orient. Il visita de nouveau Éphèse, où il établit évoque son disciple Timothée. Il évangélisa la Crète, où il laissa Tite pour pasteur. Mais il ne quittait pas pour toujours cette Église romaine qu’il avait illustrée par son séjour, accrue et fortifiée par sa prédication ; il devait revenir pour l’illuminer des derniers rayons de son apostolat, et l’empourprer de son sang glorieux.
L’Apôtre avait achevé ses courses évangéliques dans l’Orient ; il avait confirmé les Églises fondées par sa parole, et les épreuves, pas plus que les consolations, n’avaient manqué sur sa route. Tout à coup un avertissement céleste, semblable à celui que Pierre lui-même devait recevoir bientôt, lui enjoint de se rendre à Rome où le martyre l’attend. C’est saint Athanase [55] qui nous instruit de ce fait, rapporté aussi par saint Astère d’Amasée. Ce dernier nous dépeint l’Apôtre entrant de nouveau dans Rome, « afin d’enseigner les maîtres du monde, de s’en faire des disciples, et par eux de lutter avec le reste du genre humain. Là, dit encore l’éloquent évêque du quatrième siècle, Paul retrouve Pierre vaquant au même travail. Il s’attèle avec lui au char divin, et se met à instruire dans les synagogues les enfants de la loi, et au dehors les gentils » [56].
Rome possède donc enfin réunis ses deux princes : l’un assis sur la Chaire éternelle, et tenant en mains les clefs du royaume des cieux ; l’autre entouré des gerbes qu’il a cueillies dans le champ de la gentilité. Ils ne se sépareront plus, même dans la mort, comme le chante l’Église. Le moment qui les vit rapprochés fut rapide ; car ils devaient avoir rendu à leur Maître le témoignage du sang, avant que le monde romain fût affranchi de l’odieux tyran qui l’opprimait. Leur supplice fut comme le dernier crime, après lequel Néron s’affaissa, laissant le monde épouvanté de sa fin aussi honteuse qu’elle fut tragique.
C’était en l’année 65 que Paul était rentré dans Rome. Il y signala de nouveau sa présence par toutes les œuvres de l’apostolat. Dès son premier séjour, sa parole avait produit des chrétiens jusque dans le palais de César. De retour sur le grand théâtre de son zèle, il retrouva ses entrées dans la demeure impériale. Une femme qui vivait dans un commerce coupable avec Néron, se sentit ébranlée par cette parole à laquelle il était dur de résister. Un échanson du palais fut pris aussi dans les filets de l’Apôtre. Néron s’indigna de cette influence d’un étranger jusque dans sa maison, et la perte de Paul fut résolue. Jeté en prison, l’Apôtre ne laissa pas refroidir son zèle, et continua d’annoncer Jésus-Christ. La maîtresse de l’empereur et son échanson abjurèrent, avec l’erreur païenne, la vie qu’ils avaient menée, et leur double conversion hâta le martyre de Paul. Il le sentait, et on s’en rend compte en lisant ces lignes qu’il écrit à Timothée : « Je travaille, dit-il, jusqu’à porter les fers, comme un méchant ouvrier ; mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée : à cause des élus, je supporte tout. Me voici à cette heure comme la victime déjà arrosée de l’eau lustrale, et le temps de mon trépas est proche. J’ai vaillamment combattu, j’ai achevé ma course, j’ai été le gardien de la foi ; la couronne de justice m’est réservée, et le Seigneur, juge équitable, me la donnera » [57].
Le 29 juin de l’année 67, tandis que Pierre traversait le Tibre sur le pont Triomphal et se dirigeait vers la croix dressée dans la plaine Vaticane, un autre martyre se consommait sur la rive gauche du fleuve. Paul, entraîné le long de la voie d’Ostie, était suivi aussi par un groupe de fidèles qui s’étaient joints à l’escorte du condamné. La sentence rendue contre lui portait qu’il aurait la tête tranchée aux Eaux Salviennes. Après avoir suivi environ deux milles la voie d’Ostie, les soldats conduisirent Paul par un sentier qui se dirigeait vers l’Orient, et bientôt on arriva sur le lieu désigné pour le martyre du Docteur des gentils. Paul se mit à genoux et adressa à Dieu sa dernière prière ; puis, s’étant bandé les yeux, il attendit le coup de la mort. Un soldat brandit son glaive, et la tête de l’Apôtre, détachée du tronc, fit trois bonds sur la terre. Trois fontaines jaillirent aussitôt aux endroits qu’elle avait touchés. Telle est la tradition gardée sur le lieu du martyre, où l’on voit trois fontaines sur chacune desquelles s’élève un autel.
Unissons nos hommages à ceux des siècles qui nous ont précédés, pour honorer le vase d’élection d’où la grâce du salut découla si abondamment sur le monde. Les formules adoptées par la sainte Église romaine dans l’Office de ce jour constituent un ensemble gracieux, auquel nous emprunterons tout d’abord les deux Répons qui suivent.
R/. Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis in univérso mundo, * Per quem omnes Gentes cognovérunt grátiam Dei. | R/. Vous êtes un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans tout l’univers : * Vous par qui toutes les nations ont connu la grâce de Dieu. |
V/. Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit. | V/. Intercédez pour nous auprès de Dieu qui vous a choisi, |
* Per quem omnes Gentes cognovérunt grátiam Dei. | * Vous par qui toutes les nations ont connu la grâce de Dieu. |
R/. Grátia Dei sum id quod sum : * Et grátia eius in me vácua non fuit, sed semper in me manet. | R/. C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis : * Et sa grâce en moi n’a pas été vaine, mais elle demeure toujours avec moi. |
V/. Qui operátus est Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter Gentes. | V/. Celui qui par sa puissance a fait de Pierre un Apôtre, a fait de même pour moi parmi les nations. |
* Et grátia eius in me vácua non fuit, sed semper in me manet. | * Et sa grâce en moi n’a pas été vaine, mais elle demeure toujours avec moi. |
En la fête de la conversion du grand Apôtre, Adam de Saint-Victor nous a fourni le thème de nos chants dans une admirable Séquence. Le Missel de Liège de l’an 1527 nous donnera aujourd’hui la suivante, dont la simplicité ne manque ni de charmes, ni de profondeur.
SÉQUENCE. | |
Doctori gentium
Gentes applaudite : Votaque mentium Voce depromite. | Au Docteur des nations,
nations, applaudissez, et, de la voix, publiez vos vœux. |
Pastori gregibus
Curam impendere : Pastorem ovibus Incumbit colere. | Au pasteur appartient
de conduire le troupeau ; aux brebis d’honorer le pasteur. |
Electum vasculum,
Honoris ferculum Tumoris vacuum Jure percolitis, Qui veri quæritis Fontis irriguum. | Vase d’élection,
rempli d’honneur, sans vaine enflure, à bon droit recherché de quiconque se plaît au pâturage qu’arrosent les eaux de la vraie fontaine ! |
Exempli gratiam,
Laudis materiam In hoc exilio Confert et gaudium, Doctoris gentium Sacra conversio. | Du Docteur des nations
la conversion sainte donne la joie en cet exil : exemple à suivre, objet de louange. |
Rapax mane,
Sero munificus : Non inane Benjamin typicus Tulit auspicium. | Au matin, ravisseur ;
sur le soir, magnifique : ce ne fut pas en vain que de Benjamin la figure nous fournit un présage. |
Parit mater
Doloris filium : Vocat pater Dextræ suffragium, Doctus mysterium. | La mère enfante
un fils de douleur ; le père l’appelle l’élu de la droite, pénétrant le mystère. |
Quod Saulus rapuit,
Paulus distribuit : Divisit spolia Legis in gratia. | Ce que Saul a ravi,
Paul en fait le partage ; il distribue les dépouilles de la loi sous la grâce. |
Quem Annas statuit
Ducem malitiæ, Christus exhibuit Ministrum gratiæ. | Celui qu’Anne établit
chef de perversité, le Christ en fait un ministre de la grâce. |
Dum vacat cædibus,
Cæcatus corruit : Lapsa de nubibus Vox eum arguit. | Il ne rêve que carnage,
et tombe aveuglé ; une voix le reprend, descendant des nues : |
Cur me persequeris,
Saule, nec sequeris : Cur in aculeum Vertis calcaneum ? | « Pourquoi persécuter celui
que tu dois suivre ? Pourquoi, Saul, regimber contre l’aiguillon ? |
Cum me persequens,
Præstare crederis Mihi obsequium : In meis fratribus Cruentis manibus Versando gladium. | Tu me poursuis,
et l’on croit que tu me rends hommage ! Et c’est contre mes frères que tes sanglantes mains tournent le glaive ! |
Excessit littera,
Cesserunt vetera : Præconem gratiæ Te nunc constituo : Surge continuo, Locum de veniæ. | C’en est fait de la lettre ;
les figures ont cessé : dès cette heure, je te fais le héraut de ma grâce ; lève-toi maintenant, je te pardonne ». |
O plena gratia,
De cujus cumulo Arenti copia Redundat sæculo. | O grâce vraiment pleine,
dont l’abondance déborde à flots sur le monde desséché ! |
Felix vocatio,
Non propter meritum : Larga donatio, Sed præter debitum. | Fortunée vocation,
non provenue du mérite ; largesse immense, nullement due ! |
Per aquæ medium,
Per ignem Spiritus, Ad refrigerium Transit divinitus. | Par le chemin de l’eau,
par le feu de l’Esprit, il passe de ses ardeurs fiévreuses à la divine fraîcheur. |
Mutato nomine,
Mutatur moribus : Secundus ordine, Primus laboribus. | Son nom change,
et ses mœurs ont changé : deuxième en dignité, premier pour le labeur. |
Par est apostolis
Vocatis primitus : Præest epistolis, Vocatus cœlitus. | Égal aux Apôtres
appelés d’abord, lui dont l’appel est venu des cieux prévaut par ses Épitres. |
Ter virgis cæditur,
Semel lapidibus : Ter mari mergitur, Nec perit fluctibus. | Trois fois il est battu de verges,
une fois lapidé ; trois fois la mer l’engloutit, sans qu’il meure dans ses flots. |
Ad cœlum tertium
Raptus in spiritu, Dei mysterium Mentis intuitu Intuetur, Nec loquitur, Quia nec loqui sinitur. | Au troisième ciel
son esprit est ravi : du regard de l’âme il contemple le mystère de Dieu, mais, empêché de parler, ne sait le redire. |
O pastor inclyte,
Pastorum gloria, Felici tramite Tua ovilia Deduc, Perduc, Constitue Perennis loco pascuæ. Amen. | O Pasteur illustre,
des Pasteurs la gloire, par un heureux sentier, tes troupeaux, amène, conduis, établis-les au lieu du pâturage éternel. Amen. |
Saint Pierre Damien a consacré les accents de son énergique piété au Docteur des nations dans cette Hymne.
HYMNE. | |
Paule, doctor egregie,
Tuba clangens Ecclesiæ, Nubes volans ac tonitrum Per amplum mundi circulum. | Paul, docteur incomparable
trompette éclatante de l’Église, nuée qui voles et promènes le tonnerre par tout l’immense circuit des cieux : |
Tonne en nos âmes avec puissance ;
| inonde les champs de notre cœur : que toute sécheresse reverdisse sous le déluge de la céleste grâce. |
Dum Verbi spargit semina,
Seges surgit uberrima : Sic cœli replent horreum Bonorum fruges operum. | Il sème le Verbe en tous lieux ;
la moisson se lève abondante ; le grenier du ciel se remplit des fruits des bonnes œuvres. |
O magnum Pauli meritum,
Cœlum conscendit tertium, Audit verba mysterii Quæ nullis audet eloqui. | Oh ! Combien grand est le mérite de Paul !
Il monte au troisième ciel : il entend des paroles mystérieuses qu’il n’ose redire à personne. |
Micantis more lampadis,
Perfundit orbem radiis : Fugat errorum tenebras, Ut sola regnet veritas. | Comme une lampe au vif éclat,
il illumine de ses rayons l’univers ; il chasse les ténèbres de l’erreur, pour que règne seule la vérité. |
Sit Patri laus ingenito,
Sit decus Unigenito, Sit utriusque parili Majestas summa Flamini. Amen. | Louange soit au Père non engendré ;
gloire soit au Fils unique ; à l’Esprit qui les égale tous deux soit grandeur souveraine ! Amen. |
Enfin, pour nous conformer à la tradition liturgique, qui ne veut pas qu’on célèbre jamais l’un des princes des Apôtres, sans faire aussi mémoire de son glorieux compagnon : nous donnerons ici, dégagée des retouches survenues plus tard, l’œuvre entière d’Elpis, à laquelle l’Hymne des Vêpres d’hier n’empruntait que les deux premières strophes. La troisième est employée par l’Église aux autres fêtes de saint Pierre, la quatrième à celles de saint Paul ; les deux réunies formaient hier l’Hymne des Laudes.
HYMNE. | |
Aurea luce et decore roseo,
Lux lucis, omne perfudisti sæculum : Decorans cœlos inclyto martyrio, Hac sacra die quæ dat reis veniam. | De lumière d’or, de rayons empourprés,
vous baignez le monde, ô Lumière de lumière, embellissant les cieux par un glorieux martyre en ce jour sacré qui donne aux coupables la grâce. |
Janitor cœli, Doctor orbis pariter,
Judices sæcli,vera mundi lumina : Per crucem alter, alter ense triumphans, Vitæ senatum laureati possident. | Le portier du ciel, le docteur de l’univers,
juges du siècle et vraies lumières du monde, triomphent ensemble, l’un par la croix, l’autre par le glaive ; ceints du laurier de la victoire, ils font leur entrée au sénat de la vie. |
Jam, bone Pastor Petre, clemens accipe
Vota precantum, et peccati vincula Resolve, tibi potestate tradita, Qua cunctis cœlum verbo claudis, aperis. | Bon Pasteur, ô Pierre, reçois maintenant avec clémence
les vœux de ceux qui t’implorent ; dénoue les liens du péché par cette puissance à toi confiée, qui pour tous ouvre ou ferme les cieux. |
Doctor egregie, Paule, mores instrue,
Et mente polum nos transferre satage : Donec perfectum largiatur plenius, Evacuato quod ex parte gerimus. | Docteur illustre, ô Paul, forme nos mœurs,
élève nos pensées par tes soins jusqu’au ciel, en attendant le jour où, le bien dans sa plénitude étant devenu notre partage, tout l’imparfait disparaîtra. |
Olivæ binæ pietatis unicæ,
Fide devotos, spe robustos, maxime Fonte repletos charitatis geminæ, Post mortem carnis impetrate vivere. | Double olivier où coule la sève d’un unique amour,
tous deux rendez-nous dévoués à la foi, fermes dans l’espérance, et, sur toutes choses, pleins de la double charité découlant de sa source ; après la mort de cette chair, obtenez-nous de vivre. |
Sit Trinitati sempiterna gloria,
Honor, potestas, atque jubilatio, In unitate cui manet imperium, Ex tunc, et modo, per æterna sæcula. Amen. | Soit à la Trinité gloire éternelle,
honneur, puissance et joie, en l’Unité qui garde l’empire, depuis lors et maintenant, dans les siècles sans fin. Amen. |
O Paul, à vous aujourd’hui nos vœux ! Établis heureusement sur la pierre qui porte l’Église, pourrions-nous oublier celui dont les travaux, plus que ceux d’aucun autre [58], ont amené les Gentils nos pères à composer la cité sainte ? Sion, la bien-aimée des premiers jours, a rejeté la pierre, et s’est brisée contre elle [59] : quel est le mystère de cette autre Jérusalem descendue des cieux [60], dont cependant tous les matériaux furent tirés des abîmes ? Leurs inébranlables assises proclament la gloire de l’architecte sage [61] qui les posa sur la pierre d’angle : elles-mêmes pierres sans prix, et dont l’éclat dépasse incomparablement la splendeur des parures de la fille de Sion. Qui vaut à la nouvelle venue cette beauté, ces honneurs d’Épouse [62] ? comment les fils de la délaissée sont-ils sortis des retraites impures où leur mère habitait, en la compagnie des dragons et des léopards [63] ? La voix de l’Époux s’est fait entendre, et elle disait : « Viens, ma fiancée, viens du Liban ; descends des sommets d’Amana, des hauteurs de Sanir et d’Hermon » [64]. Pourtant, de sa personne sacrée, l’Époux, quand il vivait, ne quitta point l’antique terre des promesses, et sa voix mortelle ne pouvait parvenir à celle qui habitait au delà des confins de Jacob. O Paul, vous l’avez dit : comment donc invoquer, comment croire celui qu’on n’a pas entendu [65] ? Mais, à qui sait votre amour de l’Époux, il suffit, pour enlever toute crainte, que vous-même, ô Apôtre, ayez signalé le problème.
Nous chantions, au jour de l’Ascension triomphante, et c’était la réponse : Quand la beauté du Seigneur s’élèvera par delà les cieux, il montera sur la nue, et l’aile des vents sera son coursier rapide, et, vêtu de lumière, d’un pôle à l’autre il parcourra les cieux, faisant ses dons aux fils des hommes [66]. La nuée, l’aile des vents portant aux nations le message de l’Époux, c’était vous, ô Paul, choisi d’en haut plus spécialement que Pierre lui-même pour instruire les gentils, ainsi qu’il fut reconnu, et par Pierre, et par Jacques et Jean, ces colonnes de l’Église [67]. Qu’ils furent beaux vos pieds, quand, sortant de Sion, vous apparûtes sur nos montagnes, et dîtes à la gentilité : « Ton Dieu va régner » [68]. Qu’elle fut douce votre voix, murmurant à l’oreille de la pauvre abandonnée le céleste appel : « Écoute, ô ma fille, et vois, et incline l’oreille de ton cœur » [69].
Quelle tendre pitié vous témoigniez à celle qui, si longtemps, vécut étrangère à l’alliance, sans promesse, sans Dieu dans ce monde [70] ! Et cependant elle était loin [71], celle qu’il fallait amener si près du Seigneur Jésus, qu’elle ne formât plus avec lui qu’un seul corps [72] ! Vous connûtes, en cette œuvre immense, et les douleurs de l’enfantement [73], et les soins de la mère allaitant son nouveau-né [74] ; vous dûtes porter les longs délais de la croissance de l’Épouse [75], éloigner d’elle toute tache [76], l’illuminer progressivement des clartés de l’Époux [77] : jusqu’à ce qu’enfin, affermie dans l’amour [78], et parvenue à la mesure du Christ même [79], elle fût vraiment sa gloire [80], et pût par lui être remplie de toute la plénitude de Dieu [81]. Que de labeurs pour conduire cette nouvelle création, du limon primitif [82], au trône de l’Adam céleste, à la droite du Père [83] ! Souvent, repoussé, trahi, mis aux fers [84], méconnu dans les sentiments les plus délicats de votre cœur d’Apôtre [85], vous n’eûtes pour salaire que d’indicibles angoisses et des souffrances sans nom. Mais la fatigue, les veilles, la faim, le froid, le dénuement, l’abandon, violences ouvertes, attaques perfides, dangers de toutes sortes [86], loin de l’abattre, excitaient votre zèle [87] ; la joie surabondait en vous [88] ; car ces souffrances étaient le complément de celles mêmes que Jésus avait endurées [89], pour acheter l’alliance que depuis si longtemps l’éternelle Sagesse ambitionnait de conclure [90]. Comme elle vous n’aviez qu’un but, où passaient toute votre force et votre douceur [91] : sur le pavé poudreux des voies romaines, au fond des mers où vous jetait la tempête, à la ville, au désert, au troisième ciel où vous portait l’extase, sous les fouets des Juifs ou le glaive de Néron [92], gérant partout l’ambassade du Christ [93], vous jetiez à la vie comme au trépas, à toutes les puissances de la terre et des cieux, le défi d’arrêter la puissance du Seigneur [94], ou son amour [95] qui vous soutenait dans la grande entreprise. Et, comme sentant le besoin d’aller au-devant des étonnements que pouvait susciter l’enthousiasme de votre grande âme, vous lanciez aux nations ce cri sublime : « Taxez-moi de folie, mais, par pitié, supportez-moi : je suis jaloux de vous, jaloux pour Dieu ! C’est qu’en effet, je vous ai fiancées à l’unique Époux : laissez-moi faire que vous soyez pour lui une vierge très pure [96] ! »
Hier, ô Paul, s’est consommée votre œuvre : ayant tout donné, vous vous êtes donné par surcroît vous-même [97]. Le glaive, abattant votre tête sacrée, achève, comme vous l’aviez prédit, le triomphe du Christ [98]. La mort de Pierre fixe en son lieu prédestiné le trône de l’Époux ; mais c’est à vous surtout que la gentilité, prenant place comme Épouse à sa droite [99],doit de pouvoir dire en se tournant vers la Synagogue sa rivale : « Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem ; c’est pourquoi le Roi m’a aimée, et m’a choisie pour reine [100] ».
Louange donc à vous, ô Apôtre, et maintenant et toujours ! L’éternité ne saurait épuiser notre reconnaissance à nous, nations. Achevez votre œuvre en chacun de nous pour ces siècles sans fin ; ne permettez pas que, par la défection d’aucun de ceux qu’appelait le Seigneur à compléter son corps mystique, l’Épouse soit privée d’un seul des accroissements sur lesquels elle pouvait compter. Soutenez contre le découragement les prédicateurs de la parole sainte, tous ceux qui, par la plume ou à un titre quelconque, poursuivent votre œuvre de lumière ; multipliez les vaillants apôtres qui reculent sans fin les limites de la région des ténèbres sur notre globe. Vous promîtes autrefois de rester avec nous, de veiller toujours au progrès de la foi dans nos âmes, d’y faire germer sans fin les très pures délices de l’union divine [101]. Tenez votre promesse ; en allant à Jésus, vous n’en laissez pas moins votre parole engagée à tous ceux qui, comme nous, ne purent ici-bas vous connaître [102]. Car c’est à eux que, par l’une de vos Épîtres immortelles, vous laissiez l’assurance de pourvoira « consoler leurs cœurs, les ordonnant dans l’amour, versant en eux dans sa plénitude et ses richesses immenses la connaissance du mystère de Dieu le Père et du Christ Jésus, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » [103].
Dans cette saison du Cycle où règne l’Esprit qui fait les saints [104], faites comprendre aux chrétiens de bonne volonté que leur seul baptême suffit à les investir de cette vocation sublime, où trop souvent ils ne voient que la part du petit nombre. Puissent-ils pénétrer la grande, et pourtant si simple notion, que vous leur donnez du mystère où réside le principe le plus universel, le plus absolu de toute vie chrétienne [105] : ensevelis avec Jésus sous les eaux, incorporés à lui par le seul fait, comment n’auraient-ils pas tout droit, tout devoir, d’être saints, de prétendre s’unir à Jésus dans sa vie comme ils l’ont fait dans sa mort ? « Vous Êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu [106] », disiez-vous à nos pères. Ce que vous proclamiez pour tous alors sans distinction, répétez-le à tous, ô grand Apôtre ! Docteur des nations, ne laissez pas dévier en elles la lumière, au grand détriment du Seigneur et de l’Épouse.
Le Bhx Schuster a commenté la fête de ce jour dans son commentaire général sur le 29 juin, qu’on trouvera ici. Nous donnons ici le court commentaire qu’il place au 30 juin, et nous redonnons le commentaire de la messe.
Le Missel romain donne aujourd’hui la messe de saint Paul, qui pourtant, selon l’antique tradition romaine, se référait à la seconde station d’hier. Au lieu donc du bifestus dies de Prudence, nous avons à présent un bidui festus, puisque la foule des fidèles se presse à nouveau dans la basilique Ostienne pour assister à la chapelle papale que, en l’absence du Pape, célèbre aujourd’hui le collège des patriarches et des évêques assistants au trône. L’un d’eux a le privilège d’offrir le sacrifice solennel sur l’autel papal qui recouvre les ossements sacrés de l’Apôtre, privilège accordé par Benoît XIV, parce que l’abbé de Saint-Paul, depuis plusieurs siècles déjà, jouissait du même honneur le jour de la fête de la conversion de l’Apôtre le 25 janvier.
Du 29 juin : La Messe.
La messe du 29 juin sur le tombeau de saint Paul est presque identique à celle que nous avons déjà donnée le 25 janvier. Les différences sont peu nombreuses, et nous les noterons.
La première collecte est la même, sauf que, au lieu de parler de sa conversion, on parle de son dies natalis : cuius Natalitia colimus. Cette prière spéciale à saint Paul, que nous trouvons aujourd’hui pour la première fois dans le Gélasien, remplace une collecte plus ancienne, commune aux deux apôtres, et qui nous est rapportée par le Léonien. La voici :
Dans notre missel actuel, la première lecture est celle que le Comes de Würzbourg assigne, comme nous l’avons dit, à la messe vigiliale (Gal. I, 11-20). Paul, pour défendre devant les Galates l’authenticité de son apostolat, narre sa propre histoire et démontre que, n’ayant jamais été à l’école d’aucun apôtre et ayant reçu directement de Dieu la révélation évangélique, il était apôtre à l’égal des Douze, et choisi par celui-là même qui avait élu les Douze. Il n’est donc pas admissible, comme le prétendaient ceux des Galates qui étaient judaïsants, qu’il y ait quelque divergence ou rivalité entre Paul et les apôtres. Identique est leur esprit, identique leur mission. Paul, quelques années auparavant, s’est même rendu à Jérusalem, et s’est entretenu quinze jours durant avec le Chef visible de l’Église, comme pour soumettre publiquement son enseignement à son contrôle.
Remarquons ces paroles : Cum autem placuit... ut revelaret Filium suum in me, ut evangelizarem illum in gentibus. La grâce, avant de pousser Paul à prêcher le Christ, le transforme lui-même dans le Christ, et ainsi révèle celui-ci au monde d’abord dans la vie, puis dans les paroles de l’apôtre.
Selon le Comes que nous avons déjà cité, in Nat. S. Pauli la lecture était la même que le 25 janvier ; son sujet était la conversion du Docteur des Nations sur le chemin de Damas.
Le répons-graduel est aussi le même que le 25 janvier. Le verset alléluiatique est le suivant : « Paul, Apôtre saint, prédicateur de vérité et Docteur des gentils, intercédez pour nous ».
Pourquoi Paul, tout en n’appartenant pas au chœur des Douze, a-t-il mérité d’être préféré aux autres, et même de partager avec Pierre le titre de Prince des Apôtres ? Saint Léon le Grand répond que ce privilège est dû à l’élection divine. Le Seigneur a voulu que Paul fût le trophée le plus insigne de sa miséricorde ; le persécuteur devait devenir l’Apôtre par excellence, et celui qui, au commencement, avait nui plus que les autres aux débuts de l’Église, devait travailler plus que tous les autres apôtres à la diffusion du saint Évangile : Abundantius illis laboravi. Le Seigneur en a donc ainsi disposé : tandis que nous ne savons que peu de choses des faits et gestes des Douze, les Actes et les Épîtres nous documentent suffisamment sur la vie de saint Paul, car elle constitue à elle seule la règle et le modèle de toute vie vraiment pastorale et apostolique.
Et ce n’est pas le seul privilège dont Dieu ait honoré son grand « Ouvrier ». Comme Pierre vit et gouverne dans ses successeurs, ainsi Paul continue chaque jour dans le monde entier sa prédication au moyen de ses écrits que l’Église lit presque quotidiennement à la messe.
Après sa mort, Paul a joui encore d’autres privilèges. Le culte de sa splendide basilique sépulcrale est confié depuis plus de quatorze siècles aux disciples du patriarche du Mont-Cassin, qui, jour et nuit, la font retentir des chants de l’Office divin, exécuté avec toute cette splendeur si pieuse dont les Bénédictins ont conservé la tradition. Les soixante abbayes qui autrefois desservaient les Basiliques romaines ont presque toutes disparu, celle de la voie d’Ostie survit encore vigoureuse, elle que, par égard pour saint Paul, les pontifes nomment sans plus, dans leurs Bulles : sacratissimum monasterium in quo tuum Venerabile Corpus celebri memoria requiescit. En ce lieu sacré les moines, guidés par la Règle de Saint Benoît, continuent dans la pauvreté évangélique, dans l’obéissance et dans la chasteté, cette vie religieuse qui, ayant été inaugurée par les saints apôtres, fut appelée, durant le haut moyen âge, apostolique. Et, très à propos, la divine Providence ouvrit, à l’ombre de la Basilique de Saint-Paul, une dominici schola servitii, comme saint Benoît appelle son monastère, pour que, à la garde du tombeau du Docteur universel — les cubilares de saint Léon — fût député, non pas un autre ordre religieux avec ses traditions ascétiques, ses saints, ses systèmes doctrinaux, ses objectifs particuliers, quelque vénérables et saints qu’ils soient, mais l’Ordre bénédictin qui, au dire de saint Bernard, existant avant tous les autres, et étant né à l’époque patristique, vit purement et simplement de la vie catholique de l’Église et, sans particularismes doctrinaux, prêche et enseigne avec elle, par l’intermédiaire de ses Docteurs, Grégoire le Grand, Bédé le Vénérable, saint Pierre Damien, saint Anselme, saint Bernard, etc., nourrissant sa piété aux sources mêmes de la piété de l’Église, grâce à la sainte liturgie.
La lecture évangélique est commune à la fête de l’ancien compagnon de Paul dans l’apostolat, saint Barnabé, le 11 juin. Cependant le Lectionnaire de Würzbourg assigne à cette seconde station dans la basilique Ostienne la même péricope évangélique que nous avons déjà rapportée le 25 janvier.
Tout le reste de la messe, dans le Missel actuel, est commun à fête de la Conversion de saint Paul. Dans le Léonien, la collecte sur les oblations est au contraire la suivante : Munera supplices, Domine, tuis altaribus adhibemus, quantum de nostro merita formidantes, tantum beati Petri et Pauli, pro quorum solemnibus offeruntur, intercessionibus confisi [108]. — Toujours les deux apôtres apparaissent ensemble, même pour la station (natalis) sur la voie d’Ostie.
La préface est la même que celle rapportée ci-dessus.
Dans le Léonien manque une prière spéciale pour l’action de grâces. Dans le Grégorien, nous trouvons celle-ci, qui d’ailleurs est importante, parce que, conformément à l’antique tradition, elle aussi se rapporte non seulement à Paul, comme dans le Missel actuel, mais aux deux apôtres : Perceptis, Domine, Sacramentis, beatis Apostolis intervenientibus deprecamur, ut quæ pro illorum celebrata sunt gloria, nobis proficiant ad medelam [109].
Nous empruntons au Sacramentaire Léonien cette autre collecte encore toute vibrante du style et du génie du grand saint Léon : Omnipotens, sempiterne Deus, qui ineffabili sacramento ius Apostolici principatus in Romani nominis arce posuisti, unde se Evangelica veritas per tota mundi regna diffunderet ; præsta ut quod in orbem terrarum Eorum prædicatione manavit, Christianæ devotionis sequatur universitas [110].
C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce ne fut pas vaine en moi.
Nous pouvons résumer dans cette phrase toute la vie de ce grand homme. Nous voyons dans sa vie la primauté de la grâce et aussi la coopération de la volonté humaine. Dieu l’a appelé sans aucun mérite de sa part. Paul a répondu à l’appel et a consacré à sa vocation toutes ses forces humaines. La fête d’aujourd’hui est le cantique des cantiques de la grâce.
1. Saint Paul. — Les amis de la liturgie devraient connaître et étudier les écrits du grand Apôtre. Paul, appelé avant sa conversion Saul (Paul est son nom romanisé), naquit à Tarse, dans la province romaine de Cilicie (environ deux ou trois ans avant la naissance de Jésus). Ses parents étaient Juifs, de la tribu de Benjamin. Il fut élevé dans la doctrine étroite du parti à la fois religieux et national des Pharisiens. Il possédait le privilège appréciable d’être citoyen romain. Ce privilège lui fut plusieurs fois utile. Jeune homme, il se rendit à Jérusalem pour s’instruire afin de devenir docteur de la Loi. Son maître fut le célèbre Gamaliel. Il apprit le métier de fabricant de tentes qu’il exerça même devenu Apôtre. Au temps du ministère public de Jésus, il n’était plus à Jérusalem. Il n’a jamais vu Seigneur durant sa vie mortelle. A son retour à Jérusalem, il trouva une communauté chrétienne florissante. Il en fut immédiatement l’adversaire. Et même lorsqu’Étienne attaqua la Loi et le temple, il joua un rôle de premier plan dans sa lapidation. Désormais cet homme passionné fut le chef des persécuteurs des chrétiens. Le point culminant de sa rage persécutrice fut l’expédition de Damas qui amène sa conversion (vers 34 après J.-C.) (v. Conversion de saint Paul, 25 janvier). Après son baptême et ses premiers essais de prédication, il se rendit dans le désert d’Arabie (environ 34-37) où il se prépara à sa grande mission. Pendant ce temps il fut favorisé de grandes révélations et de relations intimes avec le Christ. De retour à Damas, il s’adonna à la Prédication. Les Juifs complotèrent sa mort et il n’échappa à leurs projets que par la fuite. Il se rendit alors à Jérusalem (1er voyage) « pour voir Pierre ». Barnabé l’introduisit dans la communauté chrétienne. La haine des Juifs l’obligea bientôt à fuir. Il passa les années suivantes (38-42) à Tarse. C’est là que Barnabé alla le chercher pour l’amener dans l’Église des Gentils nouvellement fondée à Antioche (42). Ils y travaillèrent tous les deux pendant un an à l’évangélisation des âmes. En 44, Paul fit son deuxième voyage à Jérusalem pour y porter les aumônes destinées à la communauté nécessiteuse. Après son retour, il entreprit avec Barnabé le premier voyage missionnaire (45-48) Ils passèrent par Chypre et la Pamphylie (Asie Mineure) (Act. Ap., chap. 13-14). Le concile des Apôtres appelle Paul pour la troisième fois à Jérusalem (50). Affermi par les décisions du Concile, il reprend avec un nouveau zèle la mission chez les païens. Il commence son 2e voyage (51-53). Il passe par l’Asie Mineure, puis ensuite se rend en Europe : Philippes, Thessalonique (sa communauté préférée), Bérée, Athènes et Corinthe. A Corinthe, il reste près de deux ans et fonde une de ses communautés les plus importantes. En 54, il est pour la quatrième fois à Jérusalem. Son troisième voyage missionnaire le mena à Éphèse où il travailla avec succès pendant trois ans. Après avoir visité les communautés européennes, il se rendit pour la cinquième fois à Jérusalem (Pentecôte 58). Il y fut arrêté et accusé par les Juifs de violation de la Loi. Il demeura deux ans en prison préventive, à Césarée. Finalement, pour éviter d’être livré aux Juifs, il en appela à l’empereur et, en 60, il s’embarqua pour Rome. Après un naufrage à Malte, il arriva finalement à Rome au printemps de 61. Il y resta jusqu’en 63, dans une captivité assez douce, demeurant dans une maison de louage. Son appel à l’empereur se termina par un acquittement. Les dernières années de sa vie sont occupées par des voyages missionnaires en Espagne et dans ses premières communautés. En 66, il vient une seconde fois à Rome. Il y est arrêté et, en 67, il y subit le martyre par l’épée. Ses 14 Épîtres sont pour nous un legs précieux. Elles nous permettent de pénétrer dans les secrets de sa grande âme. Il est vraiment « grand dans le royaume du ciel ».
2. La messe (Scio cui crédidi). — Aujourd’hui nous nous rendons en esprit dans l’église où se trouve le tombeau du grand Apôtre des Gentils, à « Saint-Paul hors les murs ». Cette église magnifique nous réunit souvent au cours de l’année pour un office de station. Plusieurs générations de chrétiens ont reçu près de ce tombeau grâce et force. — Comme toujours, nous comprendrons mieux la messe si nous nous représentons saint Paul présent devant nous et offrant avec nous le Saint-Sacrifice. En même temps nous entrons dans une union mystique avec lui. Sa parole devient notre parole. Déjà dans l’Introït c’est lui qui parle et chacun de nous avec lui. « J’ai confiance en celui qui garde mon dépôt pour ce jour-là ». Le psaume 138 me donne la joyeuse espérance que j’ai été choisi de toute éternité avec saint Paul. Dans l’Épître, Paul raconte lui-même sa vocation à l’apostolat. Après avoir été un persécuteur des chrétiens, il fut choisi pour être un disciple et le docteur des nations. Dans l’Évangile, le Seigneur prédit aux disciples les persécutions, les flagellations, la trahison de la part de leurs concitoyens, et le martyre. Et cela se réalisa dans la vie de Paul (nous nous trouvons auprès de son tombeau). A l’Offertoire, nous allons, sous la conduite de saint Paul, offrir à l’autel le sacrifice de notre vie ; et nous recevons avec lui une partie de la récompense au centuple dans la communion. Il nous est donc permis, à la messe, près du tombeau de l’Apôtre, de participer à ses souffrances et à sa glorification. Tel est, croyons-nous, le sens le plus profond d’une fête, de martyr et, en général, d’une fête de saint : nous participons aux mérites et à la récompense du martyr ou du saint.
[1] Aux messes votives.
[2] Gal. 2, 8.
[3] 2 Tim. 1, 12.
[4] Philip. 1, 21.
[5] Gal. 6, 14.
[6] Ps. 18, 4.
[7] Gal. 2, 8.
[8] I Cor. 15, 10.
[9] 2 Tim. 4, 7.
[10] Ce mot dépôt peut s’interpréter de plusieurs manières : 1° L’homme remet entre les mains de Dieu le dépôt de son salut quand il se confie à Dieu sans réserve ; 2° l’homme fait le dépôt de ses œuvres quand il ne reçoit pas aussitôt sa rémunération qui est remise au jour où Dieu jugera ; 3° le dépôt, c’est la charge confiée par Dieu. Le Seigneur est assez puissant pour conserver son apôtre. (Saint Thomas).
[11] 2 Tim. 1, 12.
[12] 2 Tim. 4, 8.
[13] 2 Tim. 1, 12.
[14] 2 Tim. 4, 7.
[15] Ps. 44, 17.
[16] 2 Tim. 4, 6.
[17] 2 Tim. 4, 8.
[18] 2 Tim. 4, 7.
[19] 2 Cor. 3, 5.
[20] I Cor. 15, 10.
[21] Gal. 2, 8.
[22] 2 Tim. 4, 7.
[23] Deut. 8, 7.
[24] I Cor. 15, 57.
[25] Act. 13, 9.
[26] Act. 9, 22.
[27] Act. 13, 9 & 9, 22.
[28] 2 Cor. 12, 7.
[29] 2 Tim. 4, 8.
[30] Ps. 138, 17.
[31] 2 Cor. 12, 9.
[32] 2 Cor. 11, 32.
[33] Act. 5, 28.
[34] Act. 4, 19.
[35] Act. 4, 20.
[36] I cor. 3, 6.
[37] I Cor. 12, 9.
[38] I Cor. 15, 10.
[39] 2 Cor. 11, 32.
[40] 2 Cor. 11, 25.
[41] On emploie ordinairement le pluriel au Commun des Apôtres, même lorsqu’on n’en fête qu’un seul, d’abord parce que c’est l’office des Apôtres saint Pierre et saint Paul qui a été transféré aux autres Apôtres, et ensuite parce que le chœur des Apôtres est tellement un que tous participent à la fête d’un seul.
[42] Matth. 16, 18.
[43] Luc. 1, 64.
[44] Luc. 1, 15 et 66.
[45] Ps. 109, 4.
[46] Ps. 112, 8.
[47] Ps. 115, 16
[48] Ps. 125, 6.
[49] Ps. 138, 17.
[50] Matth. 16, 18.
[51] Menées, 30 juin.
[52] Gen. XLIX, 27.
[53] De nouveau, nous ne saurions mieux faire que d’emprunter les traits qui suivent à notre Père et Maître, en son ouvrage : Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles.
[54] Sermon sur l’unité.
[55] De fuga sua, XVIII.
[56] Homil. VIII.
[57] II Tim.
[58] I Cor. XV, 10.
[59] Rom. IX, 32.
[60] Apoc. XXI, 2.
[61] I Cor. III, 10.
[62] Apoc. XXI, 2.
[63] Cant. IV, 8.
[64] Ibid.
[65] Rom. X, 14.
[66] Répons des Mat. de l’Asc.
[67] Gal. II, 7-9.
[68] Isai. LII, 7.
[69] Psalm. XLIV, 11.
[70] Eph. II, 12.
[71] Ibid. 13.
[72] Ibid. I, 23.
[73] Gal. IV, 19.
[74] I Cor. III, 1-2.
[75] Eph. IV, 11.
[76] Ibid. V, 27.
[77] II Cor. III, 18.
[78] Eph. III, 17.
[79] Ibid. IV, 13.
[80] Ibid. V, 23 ; I Cor. XI, 7.
[81] Eph. III, 19.
[82] [[Gen. II, 7.
[83] I Cor XV, 45-50 ; Eph. I, 20 ; II, 6.
[84] II Tim. II, 9.
[85] I Cor. IV, IX ; II Cor. I, II, VI, X, XII, 11-21 ; Gal. IV, 11-20 ; Philipp. L, 15-18 ; II Tim. IV, 9-16 ; etc.
[86] II Cor. XI.
[87] Ibid. XII, 10.
[88] Ibid. VII, 4.
[89] Col. I, 24 ; Eph. V, 25.
[90] Eph. III, 8-10.
[91] Sap. VIII, 1.
[92] II Cor. XI, XII.
[93] Ibid. VI, 20 : Eph. VI, 20.
[94] II Cor. XIII, 3.
[95] Rom. VIII, 35-38.
[96] II Cor.II, XI, 1-2.
[97] Ibid. XII, 15.
[98] Philipp. I, 20.
[99] Psalm. XLIV, 10.
[100] Cant I, 4 ; IV, 8.
[101] Philipp. I, 25-26.
[102] Col. II, 1.
[103] Ibid. 2-3.
[104] Rom. VIII.
[105] Rom. VI.
[106] Col. III. 3.
[107] Protégez-nous, Seigneur, nous vous en prions, par le patronage appostolique des bienheureux Pierre et Paul, et que ceux dont vous nous donnez de célébrer les solennités soient toujours nos gardiens.
[108] Nous apportons les dons sur vos autels, Seigneur, et autant nous craignons pour nos mérites, autant nous nous confions aux intercessions des bienheureux Pierre et Paul en les solennités desquels ils sont offerts.
[109] Après avoir reçu les Sacrements, Seigneur, nous prions par l’intercession des bienheureux Apôtres, pour que ce qui est célébré pour leur gloire devienne pour nous un remède.
[110] Dieu éternel et tout puissant, vous avez posé par un ineffable sacrement le droit du pouvoir apostolique dans la citadelle du nom Romain, afin qu’elle répande dans tous les royaumes du monde la vérité évangélique ; faites que ce qui fut répandu sur toute la terre par leur prédication, entraîne l’universalité de la foi chrétienne.