Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Mort le 7 mars 1274. Canonisé en 1323. Fête à la même date. Docteur en 1567.
Ant. ad Introitum. Eccli. 15, 5. | Introït |
In médio Ecclésiæ apéruit os eius : et implévit eum Dóminus spíritu sapiéntiæ et intelléctus : stolam glóriæ índuit eum. | Au milieu de l’Église, il a ouvert la bouche, et le Seigneur l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, et il l’a revêtu de la robe de gloire. |
Ps. 91,2. | |
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime. | Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui Ecclésiam tuam beáti Thomæ Confessóris tui mira eruditióne claríficas, et sancta operatióne fecúndas : da nobis, quǽsumus ; et quæ dócuit, intelléctu conspícere, et quæ egit, imitatióne complére. Per Dóminum nostrum. | O Dieu, qui éclairez votre Église par la science admirable du bienheureux Thomas, votre Confesseur, et qui la rendez féconde en œuvres de sainteté, faites-nous la grâce d’avoir l’intelligence de ce qu’il a enseigné, et d’accomplir à son exemple ce qu’il a pratiqué. |
Lectio libri Sapientiæ. | Lecture du Livre de la Sagesse. |
7, 7-14. | |
Optávi et datus est mihi sensus ; et invocávi, et venit in me spíritus sapiéntiæ ; et præpósui illam regnis et sédibus, et divítias nihil esse duxi in comparatióne illíus. Nec comparávi illi lápidem pretiósum : quóniam omne aurum in comparatióne illíus aréna est exígua, et tamquam lutum æstímábitur argentum in conspectu illíus. Super salútem et spéciem diléxi illam ; et propósui pro luce habére illam, quóniam inexstinguíbile est lumen illíus. Venérunt autem mihi ómnia bona páriter cum illa, et innumerábilis honéstas per manus illíus ; et lætátus sum in ómnibus, quóniam antecedébat me ista sapiéntia ; et ignorábam quóniam horum ómnium mater est. Quam sine fictióne dídici, et sine invídia commúnico, et honestátem illíus non abscóndo. Infínitus enim thesáurus est homínibus ; quo qui usi sunt partícipes facti sunt amicítiæ Dei, propter disciplínæ dona commendáti. | J’ai demandé l’intelligence et elle me fut donnée. J’ai prié, et l’Esprit de Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée à la puissance et aux dignités. J’ai estimé qu’auprès d’elle les richesses n’étaient rien et que les pierres précieuses étaient sans valeur ; oui, tout l’or du monde n’était qu’un peu de sable, et l’argent ne valait pas plus que la boue. Je l’ai aimée plus que la santé et la beauté. J’ai choisi sa lumière pour me guider, car sa flamme ne s’éteint jamais. Avec elle me sont venus tous les biens ; de ses mains, j’ai reçu d’innombrables richesses ; et, avec tous ces biens, la joie qu’elle apporte, car la Sagesse marchait devant moi, et j’ignorais qu’elle en était la mère. Je l’ai apprise avec désintéressement, je ne la garde pas jalousement pour moi, et je ne cache pas aux autres ses trésors. Car elle est pour les hommes une richesse inépuisable. Ceux qui viennent y puiser acquièrent ces dons de la science qui leur ouvrent l’amitié de Dieu. |
Graduale. Ps. 36, 30-31. | Graduel |
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium. | La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité. |
V/. Lex Dei eius in corde ipsíus : et non supplantabúntur gressus eius. | V/. La loi de son Dieu est dans son cœur et on ne le renversera point. |
Tractus. Ps. 111, 1-3. | Trait |
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis. | Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements. |
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicétur | V/. Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie. |
V/. Glória et divítiæ in domo eius : et iustítia eius manet in sǽculum sǽculi. | V/. La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 5, 13-19. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Vos estis sal terræ. Quod si sal evanúerit, in quo saliétur ? Ad níhilum valet ultra, nisi ut mittátur foras, et conculcétur ab homínibus. Vos estis lux mundi. Non potest cívitas abscóndi supra montem pósita. Neque accéndunt lucérnam, et ponunt eam sub módio, sed super candelábrum, ut lúceat ómnibus qui in domo sunt. Sic lúceat lux vestra coram homínibus, ut vídeant ópera vestra bona, et gloríficent Patrem vestrum, qui in cælis est. Nolíte putáre, quóniam veni sólvere legem aut prophétas : non veni sólvere, sed adimplére. Amen, quippe dico vobis, donec tránseat cælum et terra, iota unum aut unus apex non præteríbit a lege, donec ómnia fiant. Qui ergo solvent unum de mandátis istis mínimis, et docúerit sic hómines, mínimus vocábitur in regno cælórum : qui autem fécerit et docúerit, hic magnus vocábitur in regno cælórum. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le candélabre, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. Car, en vérité, je vous le dis, jusqu’à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait ne disparaîtra pas de la loi, que tout ne soit accompli. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera les hommes à le faire, sera appelé le plus petit dans le royaume des deux ; mais celui qui fera et enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. |
Ante 1960 : Credo | Avant 1960 : Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 91, 13. | Offertoire |
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus, quæ in Líbano est multiplicábitur. | Le juste fleurira comme le palmier : et il se multipliera comme le cèdre du Liban. |
Secreta | Secrète |
Sancti Thomæ Confessóris tui atque Doctóris nobis, Dómine, pia non desit orátio : quæ et múnera nostra concíliet ; et tuam nobis indulgéntiam semper obtíneat. Per Dóminum. | Que la pieuse intercession de saint Thomas, Confesseur et Docteur, ne nous fasse point défaut, Seigneur, qu’elle vous rende nos dons agréables et nous obtienne toujours votre indulgence. |
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 42. | Communion |
Fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus super famíliam suam : ut det illis in témpore trítici mensúram. | Voici le dispensateur fidèle et prudent que le Maître a établi sur ses serviteurs pour leur donner au temps fixé, leur mesure de blé. |
Postcommunio | Postcommunion |
Ut nobis, Dómine, tua sacrifícia dent salútem : beátus Thomas Conféssor tuus et Doctor egrégius, quǽsumus, precátor accédat. Per Dóminum nostrum. | Afin, Seigneur, que votre saint sacrifice nous procure le salut, que le bienheureux Thomas, votre Confesseur et votre admirable Docteur intercède pour nous. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Le bienheureux Thomas, l’insigne ornement du monde chrétien et la lumière de l’Église, était fils de Landulphe, comte d’Aquin, et de Théodora de Naples, tous deux de noble extraction. Petit enfant, il donna une marque de la tendre dévotion qu’il devait avoir pour la Mère de Dieu. Ayant trouvé un papier sur lequel était écrite la salutation angélique, il le retint serré dans sa main, malgré les efforts de sa nourrice pour le lui enlever ; et quand sa mère le lui eut ravi de force, il le réclama par ses pleurs et par ses gestes, et l’avala sitôt qu’il lui eut été rendu. A l’âge de cinq ans, on le conduisit au Mont-Cassin et on le confia aux moines de saint Benoît. De là, il fut envoyé à Naples, pour y achever ses études, et il n’était encore qu’adolescent lorsqu’il s’engagea dans l’Ordre des Frères Prêcheurs. Sa mère et ses frères en conçurent une vive indignation : ceux-ci s’emparèrent de lui, comme il se rendait à Paris, et l’enfermèrent au château de Saint-Jean. Là, on n’omit aucune vexation pour le faire renoncer à sa sainte résolution ; on alla jusqu’à introduire auprès de Thomas une courtisane, mais il la chassa avec un tison ardent. Aussitôt après, le bienheureux jeune homme, priant à genoux devant l’image de la croix, entra dans un doux sommeil, pendant lequel il lui sembla que les Anges lui ceignaient les reins. Depuis ce moment il fut exempt des révoltes de la chair. Il persuada à ses sœurs, venues dans ce château pour le détourner de son pieux dessein, de mépriser les embarras du siècle et de se consacrer aux exercices d’une vie toute céleste.
Cinquième leçon. On l’aida à s’échapper du château par une fenêtre, et on le ramena à Naples. Ce fut de là que frère Jean le Teutonique, Maître général de l’Ordre des Frères Prêcheurs, le conduisit à Rome, puis à Paris, où il étudia la philosophie et la théologie sous Albert le Grand. Ayant atteint sa vingt-cinquième année, il reçut le titre de Maître, et il expliqua publiquement avec le plus grand succès, les écrits des philosophes et des théologiens. Jamais il ne se livra à l’étude ou à la composition, sans avoir prié auparavant. Lorsque certains passages de la sainte Écriture lui offraient des difficultés, il ajoutait le jeûne à l’oraison. Il avait même coutume de dire à frère Reginald, son compagnon, que ce qu’il savait, il l’avait plutôt appris par inspiration divine qu’il ne l’avait acquis par l’étude et par son travail. Un jour qu’il priait avec ardeur, à Naples, devant l’image de Jésus crucifié, il entendit cette parole : « Tu as bien écrit de moi, Thomas, quelle récompense désires-tu ? » Il répondit : « Point d’autre, Seigneur, que vous-même ». Il lisait assidûment les recueils des Pères, et il n’y avait point d’auteur qu’il n’eût approfondi avec soin. Ses ouvrages, remarquables par leur multitude et leur variété, sont si excellents, les difficultés y sont si bien éclaircies, que sa doctrine féconde, exempte de toute erreur et admirablement d’accord avec les vérités révélées, est plus efficace que toute autre pour combattre victorieusement les erreurs de tous les temps.
Sixième leçon. Appelé à Rome par le souverain Pontife Urbain IV, Thomas composa, sur son ordre, l’Office ecclésiastique qui devait se célébrer dans la solennité du corps du Christ. Mais il refusa les honneurs qu’on lui offrit et même l’archevêché de Naples que lui proposa Clément IV. Il ne cessait d’annoncer la parole de Dieu : un jour dans l’Octave de Pâques, après un de ses sermons à la basilique de Saint-Pierre, une femme toucha le bord de sa robe, et fut ainsi guérie d’un flux de sang. Envoyé par le bienheureux Grégoire X au concile de Lyon, il tomba malade au monastère de Fosse-Neuve ; c’est là qu’il a commenté, au milieu de ses souffrances, le Cantique des cantiques. Il mourut en ce lieu, dans la cinquantième année de son âge, l’an du salut mil deux cent soixante-quatorze, le jour des nones de mars. Des miracles le rendirent encore illustre après sa mort, et quand ils eurent été examinés et prouvés, Jean XXII le mit au nombre des Saints en l’année mil trois cent vingt-trois. Plus tard son corps fut transporté à Toulouse par ordre du Pape Urbain V. Comparé aux esprits angéliques, tant à cause de son innocence que de son génie, Thomas a obtenu à juste titre le nom de Docteur angélique, qui lui a été confirmé par l’autorité de saint Pie V. Enfin, pour répondre favorablement aux suppliques et aux vœux de presque tous les Prélats du monde catholique, pour combattre surtout la contagion de tant de systèmes philosophiques éloignés de la vérité, pour l’accroissement des sciences et l’utilité commune du genre humain, Léon XIII, après avoir consulté la Congrégation des Rites sacrés, l’a déclaré et institué, par lettres apostoliques, le céleste patron de toutes les écoles catholiques.
Saluons aujourd’hui l’un des plus sublimes et des plus lumineux interprètes de la Vérité divine. L’Église l’a produit bien des siècles après l’âge des Apôtres, longtemps après que la parole des Ambroise, des Augustin, des Jérôme et des Grégoire, avait cessé de retentir ; mais Thomas a prouvé que le sein de la Mère commune était toujours fécond ; et celle-ci, dans sa joie de l’avoir mis au jour, l’a nommé le Docteur Angélique. C’est donc parmi les chœurs des Anges que nos yeux doivent chercher Thomas ; homme par nature, sa noble et pure intelligence l’associe aux Chérubins du ciel ; de même que la tendresse ineffable de Bonaventure, son émule et son ami, a introduit ce merveilleux disciple de François dans les rangs des Séraphins. La gloire de Thomas d’Aquin est celle de l’humanité, dont il est un des plus grands génies ; celle de l’Église, dont ses écrits ont exposé la doctrine avec une lucidité et une précision qu’aucun Docteur n’avait encore atteintes ; celle du Christ lui-même, qui daigna de sa bouche divine féliciter cet homme si profond et si simple d’avoir expliqué dignement ses mystères aux hommes. En ces jours qui doivent nous ramener à Dieu, le plus grand besoin de nos âmes est de le connaître, comme notre plus grand malheur a été de ne l’avoir pas assez connu. Demandons à saint Thomas « cette lumière sans tache qui convertit les âmes, cette doctrine qui donne la sagesse même aux enfants, qui réjouit le cœur et éclaire les yeux [1] ». Nous verrons alors la vanité de tout ce qui est hors de Dieu, la justice de ses préceptes, la malice de nos infractions, la bonté infinie qui accueillera notre repentir.
La Liturgie Dominicaine a consacré les trois Hymnes suivantes au grand Docteur qui est une des premières gloires de l’Ordre des Frères-Prêcheurs :
Que l’assemblée des fidèles se livre à l’allégresse ; qu’elle fasse entendre un chant de louange ; qu’elle célèbre le nouveau soleil dont les rayons dissipent les nuages de l’erreur. Thomas, sur le soir du monde, a répandu des trésors de grâce ; rempli des dons célestes, la sainteté et la sagesse ont éclaté en lui. Source de lumière, il nous fait connaître les splendeurs du Verbe, les Écritures que Dieu même a dictées, et les règles de la Vérité. Ceint de l’auréole de la doctrine, il brille par la pureté de sa vie ; la gloire des miracles l’environne ; il est la joie du monde entier. Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; daigne la Trinité Sainte, par les mérites de Thomas, nous réunir aux chœurs, célestes ! Amen.
HYMNE.
Thomas, issu de noble race, embrasse en un âge encore tendre la milice des Prêcheurs. Semblable à l’astre du matin, il resplendit du sein des nues ; il réfute les erreurs des Gentils plus pleinement que ne l’avaient fait avant lui les docteurs. Il sonde la profondeur des abîmes, il met au jour les choses les plus cachées ; il éclaircit les saintes obscurités qui dépassent l’intelligence de l’homme. Il est un fleuve de Paradis qui s’épanche en quatre rameaux ; il possède l’armure complète de Gédéon : le glaive, la trompette, le vase et le flambeau. Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; daigne la Trinité Sainte, par les mérites de Thomas, nous réunir aux chœurs célestes ! Amen.
HYMNE.
Célèbre, ô Église Mère, l’heureuse mort de Thomas, lorsqu’il fut admis à l’éternel bonheur par les mérites du Verbe de vie.
Fosse-Neuve reçut la dépouille mortelle de celui qui était un trésor de grâces, au jour où le Christ appela Thomas à l’héritage du royaume de gloire.
Sa doctrine de vérité nous reste avec son corps précieux, le parfum merveilleux qu’il exhale, et la santé qu’il rend aux infirmes.
Ses prodiges le rendent digne des louanges de la terre, des mens et des cieux ; qu’il daigne nous aider par ses prières, nous recommander à Dieu par ses mérites.
Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; daigne la Trinité Sainte, par les mérites de Thomas, nous réunir aux chœurs célestes !
Amen.
Gloire à vous, Thomas, lumière du monde ! vous avez reçu les rayons du Soleil de justice, et vous les avez rendus à la terre. Votre œil limpide a contemplé la vérité, et en vous s’est accomplie cette parole : Heureux ceux dont le cœur est pur ; car ils verront Dieu [2]. Vainqueur dans la lutte contre la chair, vous avez obtenu les délices de l’esprit ; et le Sauveur, ravi des charmes de votre âme angélique, vous a choisi pour célébrer dans l’Église le divin Sacrement de son amour. La science n’a point tari en vous la source de l’humilité ; la prière fut toujours votre secours dans la recherche de la vérité ; et après tant de travaux vous n’aspiriez qu’à une seule récompense, celle de posséder le Dieu que votre cœur aimait.
Votre carrière mortelle fut promptement interrompue, et vous laissâtes inachevé le chef-d’œuvre de votre angélique doctrine ; mais, ô Thomas, Docteur de vérité, vous pouvez luire encore sur l’Église de Dieu. Assistez-la dans les combats contre l’erreur. Elle aime à s’appuyer sur vos enseignements, parce qu’elle sait que nul ne connut plus intimement que vous les secrets de son Époux. En ces jours où les vérités sont diminuées parmi les enfants des hommes [3], fortifiez, éclairez la foi des croyants. Confondez l’audace de ces vains esprits qui croient savoir quelque chose, et qui profitent de l’affaissement général des intelligences, pour usurper dans la nullité de leur savoir le rôle de docteurs. Les ténèbres s’épaississent autour de nous ; la confusion règne partout ; ramenez-nous à ces notions qui dans leur divine simplicité sont la vie de l’esprit et la joie du cœur.
Protégez l’Ordre illustre qui se glorifie de vous avoir produit ; fécondez-le de plus en plus ; car il est un des premiers auxiliaires de l’Église de Dieu. N’oubliez pas que la France a eu l’honneur de vous posséder dans son sein, et que votre chaire s’est élevée dans sa capitale : obtenez pour elle des jours meilleurs. Sauvez-la de l’anarchie des doctrines, qui a enfanté pour elle cette désolante situation où elle périra, si la véritable science, celle de Dieu et de sa Vérité, ne lui est rendue.
La sainte Quarantaine doit voir les enfants de l’Église se disposer à rentrer en grâce avec le Seigneur leur Dieu ; révélez-nous, ô Thomas, cette souveraine Sainteté que nos péchés ont offensée ; faites-nous comprendre l’état d’une âme qui n’est plus en rapport avec la justice éternelle. Saisis d’une sainte horreur à la vue des taches qui nous couvrent, nous aspirerons à purifier nos cœurs dans le sang de l’Agneau immaculé, et à réparer nos fautes par les œuvres de la pénitence.
L’ange de l’École et de la théologie catholique commença sa vie religieuse au Mont-Cassin à l’ombre du tombeau du Patriarche du monachisme occidental, et la consomma, presque avec la gloire du martyre, au milieu des fils du même saint Benoît dans l’abbaye de Fossanova (+ 1274). Il convenait que saint Thomas vînt, en plein Carême, nous réconforter dans notre lassitude et confirmer par son exemple ce que chante l’Église à la louange du jeûne : Vitia comprimis, mentem élevas.
La gloire particulière de saint Thomas, sa vertu la plus éminente, c’est le profond amour qu’il nourrit pour la tradition de l’Église. Il s’identifia si bien avec elle qu’il en est devenu le représentant le plus autorisé. De fait, il est difficile de trouver, dans les annales du christianisme, un esprit plus lumineux, représentant mieux les perfections des esprits angéliques que celui de saint Thomas, qui, se basant sur les anciens Pères, donna, avec une précision admirable, une forme définitive à notre science de Dieu. L’admiration augmente quand on pense que ce monument de sagesse, de foi et de contemplation théologique n’est pas tant le fruit d’une étude longue et infatigable des livres, qu’une œuvre de foi, l’effet d’une prière habituelle, d’une intime union avec Dieu. Pour que l’œil de saint Thomas pût fixer avec assurance la lumière divine sans en être ébloui, il fallait qu’il fût fort et pur ; force et pureté qu’il obtint grâce à son parfait détachement de tout le créé et le sensible, et à sa vie intérieure intense en Jésus-Christ.
La fête de saint Thomas entra d’abord dans le calendrier de l’Église avec le rite simple ; mais saint Pie V, qui appartenait aussi à l’Ordre des Prêcheurs, lui accorda, à l’occasion de la réforme du Bréviaire romain, le rite double, avec l’office du Commun des Docteurs.
L’Ange de l’École qui, durant sa vie, avait illustré la Ville éternelle par sa demeure temporaire, par sa prédication et par ses miracles, eut, dès le XIVe siècle, une église à lui dédiée près du palais des Savelli, donc peu éloignée de son couvent de Sainte-Sabine. Aujourd’hui ce monument n’existe plus, mais, le culte de Rome envers le Saint se manifeste par la splendide chapelle qu’on lui a érigée dans le Titre de Sainte-Marie in Minervium, et par la petite église située près du Théâtre de Pompée, et qui est dédiée à sainte Barbe et à saint Thomas d’Aquin.
La messe est celle du Commun des Docteurs, sauf la première collecte et la première lecture qui sont propres.
Voici le texte de la belle collecte : « O Dieu qui, en illustrant votre Église par la merveilleuse science de votre bienheureux confesseur Thomas, avez voulu rendre cette doctrine féconde en saintes vertus, accordez-nous non seulement de pénétrer ses enseignements, mais d’imiter aussi ses œuvres. »
Sur cette splendide collecte reflètent leur lumière inspirée toutes les récentes encycliques et les documents pontificaux relatifs à l’enseignement de la théologie et de la philosophie thomiste, obligatoire dans toutes les académies catholiques. L’Église considère donc le Docteur angélique comme l’interprète autorisé et officiel de sa propre doctrine et de sa science de Dieu, si bien qu’elle met d’emblée en relation avec un éloignement des principes de saint Thomas, toutes les opinions et toutes les doctrines qui s’éloignent d’elle ; et cela, en vertu de sa longue expérience.
Dans la lecture (Sap., VII, 7-14), est exposé dans toute sa lumière le caractère surnaturel de ce qu’on appelle la science des saints, qui n’est pas simplement spéculative, mais agit efficacement sur la volonté, qu’elle plie et pousse au bien. Cette science, d’un caractère absolument gratuit, ne nous rend pas simplement doctes, mais elle fait de l’âme qui en est enrichie l’amie de Dieu. A la lumière de cette science, le charme des choses de ce monde se dissipe, et le jugement formé par l’âme au sujet des créatures est tout différent de celui qui est commun parmi les hommes. La raison en est que cette science met toutes choses dans leur vrai jour, quand elle les considère comme ordonnées à Dieu. Là réside l’harmonie de la vérité intégrale, la sagesse très haute et véritable, c’est-à-dire la connaissance de toutes choses par leur cause première et suprême qui est Dieu.
C’est surtout par l’aveuglement de l’ignorance que le démon fait de si grands ravages parmi les âmes. Qui ignorant et errant. Aussi les saints Docteurs qui, avec le flambeau de la sagesse de Dieu, dissipent parmi les pécheurs ces ténèbres de mort, remportent sur l’ennemi commun une splendide victoire et méritent donc un triomphe particulier. Par suite, les maîtres, les savants de l’Église et tous ceux qui, au moyen de la doctrine sacrée, formèrent les autres à la justice, resplendissent non seulement dans le ciel d’une gloire particulière, mais aussi dans la sainte liturgie, où ils sont célébrés par un culte spécial.
La liturgie est la foi manifestée par la prière.
Saint Thomas : Jour de mort : 7 mars 1274. — Tombeau : à Toulouse ; son bras droit est à Rome. Image : On le représente en dominicain, avec un soleil ou une étoile sur la poitrine (symbole de l’illumination divine). Vie : Saint Thomas compte parmi les plus grands savants et les plus grands théologiens de tous les temps. Son œuvre la plus importante, la Somme théologique, qui contient l’exposé et les preuves de toute la doctrine catholique, est devenue dans les siècles suivants et est restée jusqu’à nos jours un livre classique. Au concile de Trente, la Somme était ouverte sur l’autel à côté de la Sainte Écriture. Sa profonde spéculation ne l’empêchait pas d’avoir une merveilleuse vie de prière dont il nous a laissé un précieux monument dans l’office du Saint-Sacrement. Malgré toute sa science, déjà fort admirée de son temps, il était modeste, d’une simplicité enfantine et d’une grande bonté de cœur. Il était doux en paroles et charitable dans ses actions. Il croyait tous les hommes aussi innocents que lui. Si quelqu’un avait péché par faiblesse, il pleurait le péché d’autrui comme si c’était le sien. La bonté de son cœur se reflétait sur son visage ; aussi personne ne le regardait sans être consolé. Il avait une compassion merveilleuse pour les pauvres et les nécessiteux. Tout ce qu’il pouvait donner en fait de linge ou d’autres objets, il le donnait volontiers. Il ne gardait pour lui rien de superflu afin de pouvoir subvenir aux besoins d’autrui. Son compagnon ordinaire, qui fut aussi son confesseur, attesta après sa mort : « Je l’ai toujours connu aussi pur qu’un enfant de cinq ans. Jamais un mouvement charnel ne l’a souillé et il n’a jamais consenti à un péché mortel. » Ce qui est remarquable, c’est la tendre dévotion de saint Thomas pour sainte Agnès. Il portait constamment sur lui les reliques de cette sainte, vierge et martyre. Il mourut le 7 mars 1274, à l’âge de 50 ans, à l’abbaye de Fossanova, près de Terracine en Campanie. Il est le patron des écoles catholiques et des théologiens.
Pratique : La liturgie est la foi manifestée par la prière. Nous devons cultiver en nous la foi et pénétrer toujours plus profondément dans ses mystères. — Nous prenons la messe du Carême et faisons mémoire du saint.