Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Né à Vérone dans ne famille cathare en 1206. Nommé inquisiteur en 1232. Martyr près de Milan en 1252. Canonisé en 1253. Fête en 1586.
Ant. ad Introitum. Ps. 63, 3. | Introït |
Protexísti me, Deus, a convéntu malignántium, allelúia : a multitúdine operántium iniquitátem, allelúia, allelúia. | Vous m’avez protégé, ô Dieu, contre l’assemblée des méchants, contre la multitude de ceux qui commettent l’iniquité, alléluia, alléluia. |
Ps. Ibid., 2. | |
Exáudi, Deus, oratiónem meam, cum déprecor : a timóre inimíci éripe ánimam meam. | Exaucez, ô Dieu, ma prière lorsque je vous implore ; délivrez mon âme de la crainte de l’ennemi. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut beáti Petri Martyris tui fidem cóngrua devotióne sectémur ; qui, pro eiúsdem fídei dilatatióne, martýrii palmam méruit obtinére. Per Dóminum. | Nous vous en prions, ô Dieu tout-puissant, accordez-nous d’imiter, avec la dévotion convenable, la foi du bienheureux Pierre, votre Martyr, qui, pour l’extension de cette même foi, mérita d’obtenir la palme du martyre. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timótheum. | Lecture de l’Épître de saint Paul apôtre à Timothée. |
2. Tim. 2, 8-10 ; 3, 10-12. | |
Caríssime : Memor esto, Dóminum Iesum Christum resurrexísse a mórtuis ex sémine David, secúndum Evangélium meum, in quo labóro usque ad víncula, quasi male óperans : sed verbum Dei non est alligátum. Ideo ómnia sustíneo propter eléctos, ut et ipsi salútem consequántur, quæ est in Christo Iesu, cum glória cælésti. Tu autem assecútus es meam doctrínam, institutiónem, propósitum, fidem, longanimitátem, dilectiónem, patiéntiam, persecutiónes, passiónes : quália mihi facta sunt Antiochíæ, Icónii et Lystris : quales perseditiónes sustínui, et ex ómnibus erípuit me Dóminus. Et omnes, qui pie volunt vívere in Christo Iesu, persecutiónem patiéntur. | Mon bien-aimé : Souviens-toi que le Seigneur Jésus-Christ, de la race de David, est ressuscité d’entre les morts, selon mon évangile, pour lequel je souffre, jusqu’à porter les chaînes comme un malfaiteur ; mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée. C’est pourquoi je supporte tout pour les élus, afin qu’ils obtiennent aussi eux-mêmes le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire du Ciel. Mais toi, tu as suivi mon enseignement, ma conduite, ma résolution, ma foi, ma douceur, ma charité, ma patience, mes persécutions, mes souffrances : celles qui me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystres ; tu sais quelles persécutions j’ai endurées, et le Seigneur m’a délivré de toutes. Aussi tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus subiront la persécution. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 88, 6. Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : étenim veritátem tuam in ecclésia sanctórum. | Allelúia, allelúia. V/. Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints. |
Allelúia. V/. Ps. 20, 4. Posuísti, Dómine, super caput eius corónam de lápide pretióso. Allelúia. | Allelúia. V/. Vous avez mis sur sa tête, Seigneur, une couronne de pierres précieuses. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 15, 1-7. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Ego sum vitis vera : et Pater meus agrícola est. Omnem pálmitem in me non feréntem fructum, tollet eum : et omnem, qui fert fructum, purgábit eum, ut fructum plus áfferat. Iam vos mundi estis propter sermónem, quem locútus sum vobis. Mane te in me : et ego in vobis. Sicut palmes non potest ferre fructum a semetípso, nisi mánserit in vite : sic nec vos, nisi in me manséritis. Ego sum vitis, vos pálmites : qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum : quia sine me nihil potéstis fácere. Si quis in me non mánserit, mittétur foras sicut palmes, et aréscet, et cólligent eum, et in ignem mittent, et ardet. Si manséritis in me, et verba mea in vobis mánserint : quodcúmque voluéritis, petétis, et fiet vobis. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi, il le retranchera ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émondera, afin qu’il porte plus de fruit. Vous êtes déjà purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit ; car, sans moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il séchera ; puis on le ramassera, et on le jettera au feu, et il brûlera. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 6. | Offertoire |
Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : et veritátem tuam in ecclésia sanctórum, allelúia, allelúia. | Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints, alléluia, alléluia. |
Secreta | Secrète |
Preces, quas tibi, Dómine, offérimus, intercedénte beáto Petro Mártyre tuo, cleménter inténde : et propugnatóres fídei sub tua protectióne custódi. Per Dóminum. | Seigneur, écoutez avec clémence les prières que nous vous offrons, le bienheureux Pierre, votre Martyr, intercèdant pour nous : et gardez sous vous protections les défenseurs de la foi. |
Ant. ad Communionem. Ps. 63, 11. | Communion |
Lætábitur iustus in Dómino, et sperábit in eo : et laudabúntur omnes recti corde, allelúia, allelúia. | Le juste se réjouira dans le Seigneur, et espérera en lui ; et tous ceux qui ont le cœur droit se réjouiront, alléluia, alléluia. |
Postcommunio | Postcommunion |
Fidéles tuos, Dómine, custódiant sacraménta, quæ súmpsimus : et, intercedénte beáto Petro Mártyre tuo, contra omnes advérsos tueántur incúrsus. Per Dóminum. | Que vos fidèles, Seigneur, gardent les sacrements qu’ils ont reçus : et, par l’intercession du bienheureux Pierre, votre Martyr, qu’ils soient protéger contre toutes les attaques de l’ennemi. |
¶ Pro votiva extra Tempus Paschale Missa Lætábitur, de Communi unius Martyris 4 loco, cum Orationibus, ut supra. | ¶ Aux Messes votives en dehors du Temps pascal, Messe Lætábitur, du commun d’un Martyr 4, avec les oraisons ci-dessus. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Pierre, né à Vérone de parents infectés des erreurs des Manichéens, combattit les hérésies presque dès son enfance. A l’âge de sept ans, comme il fréquentait les écoles, se voyant un jour demander par son oncle paternel qui était hérétique ce qu’il y avait appris, il répondit qu’il y avait été instruit du symbole de la foi chrétienne : et, ni les caresses ni les menaces de son père et de son oncle, ne purent jamais ébranler sa constance dans la foi. Parvenu à l’adolescence, il vint à Bologne pour y continuer ses études ; c’est là, qu’appelé par le Saint-Esprit à un genre de vie plus élevé, il entra dans l’Ordre des Frères Prêcheurs.
Cinquième leçon. Ses vertus brillèrent avec un grand éclat en religion ; il conserva son corps et son âme dans une telle pureté, que jamais il ne se sentit souillé d’aucun péché mortel. Il macérait sa chair par des jeûnes et des veilles, et il exerçait son esprit par la contemplation des choses divines. Il s’appliquait assidûment à procurer le salut des âmes, et réfutait les hérétiques avec une force qui était un don particulier de la grâce. Il exerçait, en prêchant, une tell influence, qu’une multitude innombrable d’hommes accouraient pour l’entendre, e que beaucoup se convertissaient et faisaient pénitence.
Sixième leçon. L’ardeur de sa foi l’enflammai tellement qu’il souhaitait de subir la mort pour elle, et demandait constamment cette grâce à Dieu. Il fut exaucé les hérétiques le firent mourir ainsi qu’il l’avait prédit peu auparavant dans un sermon. Comme il exerçait la charge d’inquisiteur et revenait de Côme à Milan, un impie sicaire lui déchargea sur la tête deux coups d’épée. Le Saint, à demi-mort, prononça avant de rendre le dernier soupir le symbole de la foi qu’il avait dès l’enfance confessé avec un courage déjà viril : le meurtrier, le frappant de nouveau, lui perça le côté de son arme, et Pierre s’en alla au ciel recevoir la palme du martyre, l’an du salut mil deux cent cinquante-deux. Son nom devint bientôt illustre par beaucoup de miracles, et c’est pourquoi Innocent IV l’inscrivit l’année suivante au nombre des saints Martyrs.
Le héros que la sainte Église députe aujourd’hui vers Jésus ressuscité, a combattu si vaillamment que le martyre a couronné jusqu’à son nom. Le peuple chrétien l’appelle saint Pierre Martyr, en sorte que son nom et sa victoire ne se séparent jamais. Immolé par un bras hérétique, il est le noble tribut que la chrétienté du XIIIe siècle offrit au Rédempteur. Jamais triomphe ne recueillit de plus solennelles acclamations. Au siècle précédent, la palme cueillie par Thomas de Cantorbéry fut saluée avec transport par les peuples qui n’aimaient rien tant alors que la liberté de l’Église ; celle de Pierre fut l’objet d’une ovation pareille. Rien ne surpasse l’enthousiasme du grand Innocent IV, dans la Bulle pour la canonisation du martyr. « La foi chrétienne appuyée sur tant de prodiges, s’écrie-t-il, brille aujourd’hui d’un éclat nouveau. Voici qu’un nouvel athlète vient par son triomphe raviver nos allégresses. Les trophées de la victoire éclatent à nos regards, le sang répandu élève sa voix, la trompette du martyre retentit, la terre arrosée d’un sang généreux fait entendre son langage, la contrée qui a produit un si noble guerrier proclame sa gloire, et jusqu’au glaive parricide qui l’a immolé acclame sa victoire. Dans sa joie, l’Église-mère entonne au Seigneur un cantique nouveau, et le peuple chrétien va trouver matière à des chants d’allégresse qui n’avaient pas retenti encore. Un fruit délicieux cueilli dans le jardin de la foi vient d’être placé sur la table du Roi éternel. Une grappe choisie dans la vigne de l’Église a rempli de son suc généreux le calice royal ; la branche dont elle a été détachée par le fer était des plus adhérentes au cep divin. L’Ordre des Prêcheurs a produit une rose vermeille dont le parfum réjouit le Roi céleste. Une pierre choisie dans l’Église militante, taillée et polie par l’épreuve, a mérité sa place dans l’édifice du ciel [1]. »
Ainsi s’exprimait le Pontife suprême, et les peuples répondaient en célébrant avec transport le nouveau martyr. Sa fête était gardée comme les solennités antiques par la suspension des travaux, et les fidèles accouraient aux églises des Frères-Prêcheurs, portant des rameaux qu’ils présentaient pour être bénits en souvenir du triomphe de Pierre Martyr. Cet usage s’est maintenu jusqu’à nos temps dans l’Europe méridionale, et les rameaux bénits en ce jour par les Dominicains sont regardés comme une protection pour les maisons où on les conserve avec respect.
Quel motif avait donc enflammé le zèle du peuple chrétien pour la mémoire de cette victime d’un odieux attentat ? C’est que Pierre avait succombé en travaillant à la défense de la foi, et les peuples n’avaient alors rien de plus cher que la foi. Pierre avait reçu la charge de rechercher les hérétiques manichéens, qui depuis longtemps infectaient le Milanais de leurs doctrines perverses et de leurs mœurs aussi odieuses que leurs doctrines. Sa fermeté, son intégrité dans l’accomplissement d’une telle mission, le désignaient à la haine des Patarins ; et lorsqu’il tomba victime de son noble courage, un cri d’admiration et de reconnaissance s’éleva dans la chrétienté. Rien donc de plus dépourvu de vérité que les déclamations des ennemis de l’Église et de leurs imprudents fauteurs, contre les poursuites que le droit public des nations catholiques avait décrétées pour déjouer et atteindre les ennemis de la foi. Dans ces siècles, aucun tribunal ne fut jamais plus populaire que celui qui était chargé de protéger la sainte croyance, et de réprimer ceux qui avaient entrepris de l’attaquer. Que l’Ordre des Frères-Prêcheurs, chargé principalement de cette haute magistrature, jouisse donc, sans orgueil comme sans faiblesse, de l’honneur qu’il eut de l’exercer si longtemps pour le salut du peuple chrétien. Que de fois ses membres ont rencontre une mort glorieuse dans l’accomplissement de leur austère devoir ! Saint Pierre Martyr est le premier des martyrs que ce saint Ordre a fournis pour cette grande cause ; mais les fastes dominicains en produisent un grand nombre d’autres, héritiers de son dévouement et émules de sa couronne. La poursuite des hérétiques n’est plus qu’un fait de l’histoire ; mais, à nous catholiques, il n’est pas permis de la considérer autrement que ne la considère l’Église. Aujourd’hui elle nous prescrit d’honorer comme martyr un de ses saints qui a rencontré le trépas en marchant à l’encontre des loups qui menaçaient les brebis du Seigneur ; ne serions-nous pas coupables envers notre mère, si nous osions apprécier autrement qu’elle le mérite des combats qui ont valu à Pierre la couronne immortelle ? Loin donc de nos cœurs catholiques cette lâcheté qui n’ose accepter les courageux efforts que rirent nos pères pour nous conserver le plus précieux des héritages ! Loin de nous cette facilité puérile à croire aux calomnies des hérétiques et des prétendus philosophes contre une institution qu’ils ne peuvent naturellement que détester ! Loin de nous cette déplorable confusion d’idées qui met sur le même pied la vérité et l’erreur, et qui, de ce que l’erreur ne saurait avoir de droits, a osé conclure que la vérité n’en a pas à réclamer !
Nous empruntons les Antiennes et le Répons suivants au Bréviaire dominicain, à la louange du glorieux champion de la foi.
Ant. Du sein de la fumée la flamme lumineuse s’élance ; la rose fleurit sur les épines du buisson : ainsi Pierre, docteur et martyr, naît d’une famille infidèle.
Ant. D’abord soldat dans l’armée des Prêcheurs, il brille aujourd’hui dans les rangs de la milice céleste.
Ant. Son âme fut tout angélique, sa langue féconde, sa vie apostolique, sa mort précieuse.
V/. Tandis qu’il est à la recherche des renards de Samson, il est immole par un bras impie ; un meurtrier frappe sa tête sacrée ; le sang du juste est répandu : * Ainsi le martyr cueille la palme du triomphe, en succombant pour la foi.
V/. Athlète invincible, il confesse encore en mourant la loi pour laquelle il verse son sang. * Ainsi le martyr cueille la palme triomphale, en succombant pour la foi.
Vous avez vaincu, ô Pierre ! et votre zèle pour la défense de la foi a obtenu sa récompense. Vous désiriez ardemment répandre votre sang pour la plus sainte des causes, et confirmer par votre sacrifice les fidèles du Christ dans la fermeté de leur croyance. Le Seigneur a comblé vos vieux, et il a voulu que votre immolation coïncidât avec les têtes de notre divin Agneau pascal, que vous suivez dans son triomphe comme vous l’avez suivi dans son immolation. Le fer parricide s’abattit sur votre tète vénérable, votre sang généreux coulait en ruisseaux sur la terre, et de votre doigt vous traciez encore sur le sable, en mourant, les premières paroles du Symbole pour lequel vous donniez votre vie.
Protecteur du peuple chrétien, quel autre mobile que celui de la charité vous dirigea dans vos travaux ? Soit que votre parole vive et lumineuse reconquit sur l’erreur les âmes abusées, soit que marchant droit à l’ennemi, votre vigueur le forçât à fuir loin des pâturages qu’il venait empoisonner, vous n’eûtes qu’un but, celui de préserver les faibles de la séduction. Combien d’âmes simples auraient joui avec délices de la vérité divine que la sainte Église faisait arriver jusqu’à elles, et qui, misérablement trompées par les prédicants de l’erreur, sans défense contre le sophisme et le mensonge, perdent le don de la foi et s’éteignent dans l’angoisse ou dans la dépravation ! La société catholique avait prévenu de tels dangers. Elle ne souffrait pas que l’héritage conquis au prix du sang des martyrs fût en proie aux ennemis jaloux qui avaient résolu de s’en emparer. Elle savait que l’attrait de l’erreur se rencontre souvent au fond du cœur de l’homme déchu, et que la vérité, immuable en elle-même, n’est assurée de demeurer en possession de notre intelligence qu’autant qu’elle y est défendue par la science ou par la foi : la science qui est le partage du petit nombre, la foi contre laquelle l’erreur conspire sans cesse, sous les apparences de la vérité. Dans les âges chrétiens, on eût regardé comme coupable autant qu’absurde de garantir à l’erreur la liberté qui n’est due qu’à la vérité, et les pouvoirs publics se considéraient comme investis du devoir de veiller au salut des faibles, en écartant d’eux les occasions de chute, comme le père de famille prend soin d’éloigner de ses enfants les périls qui leur seraient d’autant plus funestes que leur inexpérience ne les soupçonne pas.
Obtenez-nous, ô saint martyr, une estime toujours plus grande de ce don précieux de la foi qui nous maintient dans le chemin du ciel. Veillez avec sollicitude à sa conservation en nous et en tous ceux qui sont confiés à notre garde. L’amour de cette sainte foi s’est refroidi chez plusieurs ; le contact de ceux qui ne croient pas les a accoutumés à des complaisances de pensée et de parole qui les ont énervés. Rappelez-les, ô Pierre, à ce zèle pour la vérité divine qui doit être le trait principal du chrétien. Si, dans la société où ils vivent, tout conspire pour égaliser les droits de l’erreur et ceux de la vérité, qu’ils se sentent d’autant plus obligés à professer la vérité et à détester l’erreur. Réchauffez donc en nous tous, ô saint martyr, l’ardeur de la foi, « sans laquelle il est impossible à l’homme d’être agréable à Dieu [2] ». Rendez-nous délicats sur ce point de première importance pour le salut, afin que, notre foi prenant toujours de nouveaux accroissements, nous méritions de voir éternellement au ciel ce que nous aurons cru fermement sur la terre.
Ce saint Dominicain (+ 1252), martyr de la foi dans ses fonctions d’inquisiteur contre les hérétiques manichéens, fut très honoré au XVe siècle en Italie, où l’on compte un bon nombre d’autels et d’images en son honneur. L’introduction de sa fête dans le calendrier de l’Église universelle remonte à Sixte-Quint, saint Pie V l’ayant omise dans la nouvelle réforme du Bréviaire promulguée par lui. La messe est celle du Commun des Martyrs au temps pascal : Protexisti, mais les collectes sont propres. L’épître est celle du Commun des Martyrs hors du temps pascal ; elle a été choisie non seulement parce qu’elle traite de la résurrection du Christ, mais aussi parce que, décrivant la vie difficile, les persécutions et les peines supportées par Paul et par Timothée dans la diffusion de la foi chrétienne, elle trace aussi le programme de vie de tout véritable ouvrier évangélique. Quasi male operans. Voilà l’idée que le monde se fait de l’apôtre du Christ, et, sous cette imputation, il le condamne à mort. Paul observe toutefois qu’on ne peut enchaîner la parole de Dieu. Le martyre est une semence de nouveaux chrétiens, et pour un confesseur de la foi qui est mis à mort, surgissent cent autres qui continuent son œuvre.
La foi est le trésor le plus précieux non seulement pour chaque âme en particulier, mais aussi pour les États et pour le monde en général. Dans les temps profondément religieux, tels que le moyen âge, l’hérésie était considérée comme un crime contre la foi et contre l’État et, après l’anathème de l’Église, elle était punie, par le juge laïque, des peines les plus graves du code criminel. Quiconque a connaissance des horreurs des guerres religieuses dues aux disciples de Luther en Allemagne, aux Calvinistes et aux Huguenots en France, ne pourra pas ne pas louer la prudente institution, par l’Église, de l’Inquisition, qui—sauf les déviations, dans un but politique, imposées parle gouvernement espagnol — devait, dans l’intention des papes, protéger l’unité religieuse et sociale de la chrétienté tout entière.
C’est pourquoi la répression de la propagande hérétique par les soins de l’Inquisition était considérée vraiment comme un Sanctum Officium, puisque, sauvegardant le plus grand bien que possèdent les peuples, c’est-à-dire la foi, elle éloignait des États ces germes de haine, de révolutions et de guerres, qui, si souvent, naissent de différends religieux.
Le martyr du Credo.
Saint Pierre. — Jour de mort : 6 avril 1252. Tombeau : dans l’église Saint-Eustorgius, à Milan. Image : On le représente en Dominicain, avec une large blessure à la tête et tenant une épée. Vie : Saint Pierre, martyr, né à Vérone, vers 1205, de parents hérétiques, entra dans l’ordre dominicain l’année de la mort de saint Dominique (1221). Il fut un zélé prédicateur ; il convertit beaucoup d’hérétiques et mourut martyr. Comme il n’était encore qu’un enfant de sept ans et fréquentait l’école, son oncle qui était hérétique lui demanda un jour ce qu’on lui apprenait. L’enfant répondit hardiment : « Le symbole des Apôtres ». Ni les flatteries, ni les menaces de son père ou de son oncle ne purent ébranler la fermeté de sa foi. — Près de mourir, il récita encore le symbole des Apôtres que, dans son enfance, il avait professé avec tant de courage. Il reçut immédiatement un nouveau coup de poignard et c’est ainsi qu’il conquit la couronne du martyre, en 1252.
Pratique : Saint Pierre, martyr, que nous célébrons, aujourd’hui, aurait écrit sur le sol, avec le sang de ses blessures, le mot « Credo ». Que la profession de notre foi soit notre sauvegarde dans la vie et dans la mort ! Nous devrions, de temps en temps, méditer un article du Credo. Récitons-nous notre Credo ? Récitons-le avec une ferveur particulière pendant la messe en songeant que, pour chaque mot, du sang de martyr a coulé... Que le Credo, à chaque messe du dimanche, soit notre martyre (c’est-à-dire notre témoignage) !