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27/08 St Joseph Calasance, confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Mort le 25 août 1648. Canonisé en 1767 par Clément XIII. Fête en 1769 comme double.

Textes de la Messe

die 27 augusti
le 27 août
SANCTI IOSEPHI CALASANCTII
SAINT JOSEPH CALASANCE
Conf.
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Ps. 33, 12.Introït
Veníte, fílii, audíte me : timorem Dómini docébo vos.Venez, mes fils, écoutez-moi : je vous enseignerai la crainte du Seigneur.
Ps. ibid., 2.
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo.Je bénirai le Seigneur en tout temps : toujours sa louange sera à ma bouche.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui per sanctum Ioséphum Confessórem tuum, ad erudiéndam spíritu intellegéntiæ ac pietátis iuventútem, novum Ecclésiæ tuæ subsídium providére dignátus es : præsta, quǽsumus ; nos, eius exémplo et intercessióne, ita fácere et docére, ut prǽmia consequámur ætérna. Per Dóminum.Dieu, par saint Joseph, votre Confesseur, vous avez daigné pourvoir votre Église d’un nouveau secours pour former la jeunesse à la science et à la piété : faites, nous vous en prions, qu’aidés de son exemple et de son intercession, nous puissions agir et enseigner de manière à mériter les éternelles récompenses.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Sap. 10, 10-14.
Iustum dedúxit Dóminus per vias rectas, et ostendit illi regnum Dei, et dedit illi sciéntiam sanctórum : honestávit illum in labóribus, et complévit labores illíus. In fraude circumveniéntium illum áffuit illi, et honéstum fecit illum. Custodívit illum ab inimícis, et a seductóribus tutávit illum, et certámen forte dedit illi, ut vínceret et sciret, quóniam ómnium poténtior est sapiéntia. Hæc vénditum iusíum non derelíquit, sed a peccatóribus liberávit eum : descendítque cum illo in fóveam, et in vínculis non derelíquit illum, donec afférret illi sceptrum regni, et poténtiam advérsus eos, qui eum deprimébant : et mendáces osténdit, qui maculavérunt illum, et dedit illi claritátem ætérnam, Dóminus, Deus noster.Le Seigneur a conduit le juste par des voies droites, il lui a montré le royaume de Dieu, il lui a donne la science des saints, il l’a enrichi dans ses travaux, et a fait fructifier ses labeurs. Il l’a aidé contre ceux qui voulaient le tromper par leurs ruses et il l’a enrichi. Il l’a protégé contre ses ennemis, et l’a défendu contre les séducteurs. Il l’a engagé dans un rude combat, afin qu’il demeurât victorieux, et qu’il sût que la sagesse est plus puissante que toutes choses. Il n’a point abandonné le juste lorsqu’il fut vendu, mais il le délivra des mains des pécheurs. Il est descendu avec lui dans la fosse, et ne le délaissa point dans les chaînes, jusqu’à ce qu’il lui eût apporté le sceptre royal, et la puissance contre ceux qui l’opprimaient. Il convainquit de mensonge ceux qui l’avaient déshonoré, et le Seigneur notre Dieu lui donna une gloire éternelle.
Graduale. Ps. 36, 30-31.Graduel
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium.La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité.
V/. Lex Dei eius in corde ipsíus : et non supplantabúntur gressus eius.V/. La loi de son Dieu est dans son cœur et on ne le renversera point.
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu.
Matth. 18, 1-5.
In illo témpore : Accessérunt discípuli ad Jesum dicéntes : Quis, putas, major est in regno cælórum ? Et ádvocans Jesus párvulum, státuit eum in médio eórum, et dixit : Amen dico vobis, nisi convérsi fuéritis, et efficiámini sicut párvuli, non intrábitis in regnum cælórum. Quicúmque ergo humiliáverit se sicut párvulus iste, hic est major in regno cælórum. Et qui suscéperit unum párvulum talem in nómine meo, me súscipit.En ce temps-là : les disciples vinrent un jour poser à Jésus cette question : « Selon Vous, qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant et le fit venir au milieu du groupe : « En vérité, je vous l’affirme si vous ne vous transformez pas pour devenir semblables aux petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui qui se fait petit comme cet enfant, c’est le plus grand dans le royaume des cieux. Et lorsqu’on reçoit en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi-même que l’on reçoit. »
Ant. ad Offertorium. Ps. 9, 17.Offertoire
Desidérium páuperum exaudívit Dóminus : præparatiónem cordis eórum audívit auris tua.Le Seigneur a entendu le désir des pauvres : à son oreille est parvenue la voix de leur cœur.
SecretaSecrète
Altáre tuum, Dómine, munéribus cumulamus oblatis : ut eius nobis fiant supplicatione propitia, cuius nos donasti patrocínio adiuvári. Per Dóminum.Nous couvrons aujourd’hui d’offrandes votre autel, Seigneur, afin qu’elles nous soient profitables par les mérites de celui dont vous avez fait notre protecteur.
Ant. ad Communionem. Marc. 10, 14.Communion
Sínite párvulos veníre ad me, et ne prohibuéritis eos : tálium est enim regnum Dei.Laissez les petits enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux.
PostcommunioPostcommunion
Sanctificáti, Dómine, salutári mystério : quǽsumus ; ut, intercedénte sancto Iosépho Confessóre tuo, ad maius semper proficiámus pietátis increméntum. Per Dóminum nostrum.Sanctifiés, Seigneur, par le sacrement du salut, nous vous supplions, par les prières de saint Joseph, votre Confesseur, de nous accorder d’avancer de plus en plus dans l’esprit de piété.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Joseph Calasance de la Mère de Dieu naquit d’une noble famille, à Retraita en Aragon. Dès ses plus jeunes années, il donna des marques de sa charité envers les enfants et de son zèle pour les instruire. Tout jeune encore, il les réunissait autour de lui, pour leur apprendre les prières saintes et les mystères de la foi. Il cultiva avec soin les lettres profanes et sacrées. Pendant qu’il étudiait la théologie à Valence, il eut à se défendre des séductions d’une femme puissante et noble, et, par une insigne victoire, conserva intacte la virginité qu’il avait vouée à Dieu. S’étant fait Prêtre en exécution d’un vœu et appelé par plusieurs Évêques de la Nouvelle-Castille, d’Aragon et de Catalogne à partager leurs travaux, il surpassa les espérances de tous : grâce à lui les mœurs s’amendaient, la discipline ecclésiastique était remise en vigueur, les inimitiés et les factions qui ensanglantaient les cités s’apaisaient d’une manière étonnante. Mais sur des avertissements répétés, reçus en vision et par la voix de Dieu, il partit pour Rome.

Cinquième leçon. A Rome, il mena une vie très rude, affligeant son corps par des veilles et des jeûnes, passant les jours et les nuits dans la méditation des choses célestes et dans la prière. Il avait coutume de visiter presque chaque nuit les sept basiliques de la Ville, et il conserva cette habitude pendant plusieurs années. Enrôlé dans plusieurs confréries pieuses, il secourut avec un zèle admirable les pauvres, principalement les malades et les prisonniers, les aidant de ses aumônes et leur rendant tous les devoirs de la miséricorde. Dans une peste qui ravageait Rome, il se joignit à saint Camille et se livra si généreusement aux élans de la charité, que non content de pourvoir par de larges aumônes au soulagement des pauvres malades, il alla même jusqu’à transporter sur ses épaules, au lieu des inhumations, les cadavres de ceux qui avaient succombé. Ayant appris, par une révélation divine, qu’il était destiné à instruire et à former à la piété les enfants, et surtout les enfants pauvres, il fonda l’Ordre des Clercs réguliers pauvres des Écoles pies de la Mère de Dieu : religieux que la règle même de leur institut devait astreindre à donner un soin spécial à l’instruction des enfants. Le saint fondateur, vivement encouragé par Clément VIII, Paul V et d’autres souverains Pontifes, propagea son Ordre avec une rapidité merveilleuse dans plusieurs provinces et royaumes d’Europe. Dans cette œuvre, il supporta tant de travaux et traversa tant d’épreuves sans jamais fléchir, qu’il n’y avait partout qu’une voix pour le proclamer un prodige de force et une copie de la constance du saint homme Job.

Sixième leçon. Malgré les sollicitudes du gouvernement général de son Ordre, et bien qu’il continuât de travailler de tout son pouvoir au salut des âmes, jamais cependant il ne cessa d’instruire les enfants, surtout les plus indigents. Balayer leurs classes et les reconduire chez eux lui était habituel. Il persévéra pendant cinquante-deux ans, même étant malade, dans ces admirables pratiques de patience et d’humilité et mérita ainsi que Dieu fît éclater ses miracles devant ses disciples. La bienheureuse Vierge Marie lui apparut avec l’enfant Jésus qui les bénissait pendant qu’ils priaient. Il refusa les plus hautes dignités. Le don de prophétie, la pénétration des cœurs, la connaissance de ce qui se passait au loin, ses miracles, ont rendu son nom célèbre. Il fut extrêmement dévot envers la Vierge, Mère de Dieu : outre qu’il l’honora d’un culte particulier depuis sa plus tendre enfance, il recommanda aux siens de la vénérer de même. Marie et d’autres Saints le favorisèrent de fréquentes apparitions. Ayant prédit le jour de sa mort, le rétablissement et les progrès de son Ordre, alors presque détruit, il s’endormit dans le Seigneur, à Rome, âgé de quatre-vingt-douze ans, l’an mil six cent quarante-huit, la nuit des calendes de septembre. Au bout d’un siècle, on retrouva sa langue et son cœur intacts et sans corruption. Dieu l’ayant illustré par beaucoup d’autres prodiges après sa mort, le Pape Benoît XIV le mit au rang des Bienheureux et Clément XIII l’inscrivit solennellement au nombre des Saints.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 18, 1-5.
En ce temps-là : les disciples vinrent un jour poser à Jésus cette question : « Selon Vous, qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Et le reste.

Homélie de saint Jean Chrysostome. In Cap. 18 Matth. Hom. 60

Septième leçon. « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits enfants ; parce que leurs Anges voient toujours la face de mon Père », parce que je suis venu pour eux et que telle est la volonté de mon Père. Par là, Jésus-Christ nous rend plus attentifs à protéger et à préserver les petits enfants. Vous voyez quels grands remparts il a élevés pour abriter les faibles ; que de zèle et de sollicitude il a pour empêcher leur perte ! Il menace des châtiments les plus graves ceux qui les trompent ; il promet à ceux qui en prennent soin la suprême récompense ; et cela, il le corrobore tant par son exemple que par celui de son Père.

Huitième leçon. A nous donc aussi d’imiter le Seigneur, et de ne rien négliger pour nos frères, pas même les choses qui nous sembleraient trop basses et trop viles ; mais s’il est besoin même de notre service, quelque faible et humble que soit celui qu’il faut servir, quelque difficile et pénible que la chose paraisse, que tout cela, je vous en prie, nous semble tolérable et aisé pour le salut d’un frère : car Dieu nous a montré que cette âme est digne d’un si grand zèle et d’une si grande sollicitude, que pour elle « il n’a pas même épargné son Fils » [1].

Neuvième leçon. Puisque, pour assurer notre salut, il ne suffit pas de mener une vie vertueuse, et qu’il faut encore effectivement désirer le salut d’autrui, que répondrons-nous, quel espoir du salut nous restera, si nous négligeons de mener une vie sainte, et d’exciter les autres à faire de même ? Quelle plus grande chose que de discipliner les esprits, que de former les mœurs des tendres adolescents ? Pour moi, celui qui s’entend à former l’âme de la jeunesse est assurément bien au-dessus des peintres, bien au-dessus des statuaires, et de tous les artistes de ce genre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Vous serez le secours de l’orphelin ; c’est à vous que le pauvre a été laissé [2]. Cette parole que déjà Venise la superbe avait vue réalisée dans la personne de son noble fils Jérôme Émilien, fixe aujourd’hui la sainteté d’un autre illustre personnage comptant parmi ses aïeux les premiers princes de Navarre, mais devenu souche d’une lignée plus haute au royaume de la charité.

Dieu qui arrose les arbustes de la plaine comme les cèdres du Liban, parce qu’il les a tous plantés [3], ne néglige point non plus les passereaux qui n’amassent rien dans des greniers [4] : oubliera-t-il l’enfant, qui vaut mieux que l’oiseau du ciel [5] ? Ou, nourrissant son corps, négligera-t-il en lui l’âme qui est plus [6], l’âme affamée de ce pain de la science du salut qui conforte le cœur de l’homme [7] ? Hélas ! En ce seizième siècle qui se leva sur tant de ruines, on eût dit que les anciennes réserves du Père de famille étaient épuisées. Merveilleuses sans doute se manifestèrent bientôt les revanches de l’Esprit qui fait les Saints, et qui par eux ressuscite les morts ; mais que d’abandonnés auxquels la charité renaissante n’avait pu suffire, en son zèle trop débordé par les mille soins de la première heure ! combien d’enfants surtout, loin des écoles où le riche seul avait entrée, réclamaient l’aliment de l’éducation la plus élémentaire, la plus indispensable à leurs obligations, à leur noblesse aussi de fils de Dieu, sans que personne se présentât pour leur rompre le pain de l’intelligence [8] !

Plus heureuse que tant d’autres nations où l’hérésie minait toutes les forces sociales, l’Espagne, à son apogée, jouissait du centuple promis à quiconque cherche premièrement le royaume de Dieu [9]. Un moment, elle sembla devenue la ressource intarissable du Seigneur : naguère, c’était Ignace de Loyola qu’elle donnait au monde ; elle vient, par la précieuse mort de Thérèse d’Avila, d’enrichir le ciel ; aujourd’hui, c’est encore à son abondance que l’Esprit recourt pour relever l’opulence de la capitale même de l’univers chrétien, et subvenir, sous les yeux de l’Église maîtresse et mère, aux besoins des plus humbles de la grande famille.

Le descendant des Calasanz de Péralta de la Sal, l’apôtre auquel les peuples d’Aragon, de Catalogne et de Castille préparent les plus hautes dignités dans leur admiration reconnaissante, entend retentir à l’oreille de son âme une voix mystérieuse : Va à Rome ; sors de la terre de ta naissance [10] ; bientôt t’apparaîtra dans sa beauté des cieux la compagne qui t’est destinée, la sainte pauvreté, qui t’appelle à cette heure aux austères délices de son alliance ; va, sans savoir la route par où je te mène [11] ; je te ferai le père d’une postérité immense [12] ; je te montrerai tout ce qu’il faudra souffrir pour mon nom [13].

Quarante années d’une fidélité aveugle ont été nécessaires pour disposer l’élu du ciel, dans la sainteté qui s’ignore, à sa vocation sublime. En effet, nous dit aujourd’hui pour l’Église saint Jean Chrysostome, « quoi de plus grand que de manier les âmes, que de former les mœurs des enfants ? Je le dis dans ma persuasion intime : il l’emporte sans nul doute possible sur tous les peintres, il l’emporte sur tout statuaire, sur tout artiste d’aucune sorte, celui qui sait modeler les jeunes âmes » [14].

Joseph a compris la dignité de sa mission : conformément aux recommandations du saint Docteur [15], durant cinquante-deux années qu’il doit vivre encore, rien ne lui semblera méprisable ou vil dans le service des petits de ce monde ; rien ne lui coûtera pour arriver, par l’enseignement des éléments des lettres, à infuser aux enfants qui viennent à lui sans nombre la crainte du Seigneur [16]. Bientôt, de Saint-Pantaléon, sa résidence, les Écoles pies couvrent l’Italie entière : puis passant la mer et les monts, elles se répandent par la Sicile, l’Espagne, tandis que peuples et rois se disputent leur trop petit nombre dans la Moravie, la Bohème, la Pologne et les pays du Nord.

L’éternelle Sagesse associait Calasanz à son œuvre de salut sur terre [17] ; elle reconnut ses travaux en la manière qu’elle manque rarement de le faire pour les privilégiés de son amour, leur offrant, comme dit l’Esprit-Saint, le combat des forts, où elle leur assure, par son aide plus puissante que tout, la victoire [18]. Combat des patriarches au gué de Jaboc [19], dernier obstacle séparant de la terre promise, quand déjà sont passés devant, par le dépouillement absolu, toutes les délices et tous les biens de ce monde [20] ; combat de nuit [21], où défaille la nature boiteuse [22], mais qui fait se lever l’aurore [23] et laisse le lutteur en face du jour sans fin [24] ; combat avec Dieu [25] seul à seul [26], sous l’apparence, il est vrai, de l’homme [27] ou de l’ange [28] : mais qu’importe, si la diversité du voile sous lequel il plaît au Seigneur de se cacher dans la lutte n’enlève rien aux droits de son domaine suprême ! Pourquoi chercher mon nom ? dit l’adversaire de Jacob [29] ; le vôtre est maintenant Israël, fort contre Dieu [30].

On pourra demander aux historiens de saint Joseph Calasanz le détail des épreuves qui firent de lui ce prodige de force [31] que nous recommande aujourd’hui l’Église ; elles allèrent jusqu’à amener, sur les calomnies spécieuses de quelques faux frères, la déposition du bienheureux et la ruine momentanée de son Ordre, réduit à l’état de congrégation séculière. Ce fut seulement après sa mort, qu’Alexandre VII, puis Clément IX, rendirent aux Écoles pies l’état Régulier et le titre de Religion à vœux solennels. Dans son grand ouvrage de la Canonisation des Saints, Benoît XIV s’étend longuement sur ce sujet, et il se complaît à rappeler la part multiple qu’il eut au procès du Serviteur de Dieu, à titre d’abord d’Avocat consistorial, puis comme Promoteur de la foi, enfin, Cardinal, émettant un suffrage favorable en la cause [32] ; on verra dans la Légende que, de plus, ce fut lui qui le béatifia.

Le Seigneur a exaucé le désir des pauvres, il a été au-devant des aspirations de leur cœur [33], en vous faisant le mandataire de son amour, en mettant sur vos lèvres la parole que lui-même formula le premier : Laissez venir à moi les petits enfants [34]. Combien, ô Joseph, vous devront l’éternel bonheur, parce que vous et vos fils aurez gardé en eux la ressemblance divine reçue au baptême, et qui est l’unique titre de l’homme à entrer aux cieux [35] ! Soyez béni d’avoir justifié la confiance de Jésus remettant à vos soins ces êtres si frêles, objet de sa divine prédilection.

Soyez béni de l’avoir justifiée mieux encore cette confiance du Seigneur Dieu, quand il donna, comme pour Job, licence à l’enfer de tout briser autour de vous, avec des recherches de surprise douloureuse que ne connut point le juste de l’Idumée. Ne faut-il pas que Dieu puisse compter imperturbablement sur les siens ? N’est-il pas d’une convenance souveraine, qu’au milieu des défections de ce triste monde, il justifie, devant ses Anges, et sa grâce et notre pauvre nature, en montrant jusqu’où peuvent aller dans ses Saints les reprises de sa volonté toujours adorée ?

La réparation que votre indomptable confiance attendait de la Mère de Dieu, devait venir quand il plairait au ciel. O Joseph, maintenant que depuis si longtemps a sonné pour les Écoles pies l’heure de la résurrection, bénissez les disciples que notre siècle vous donne toujours ; obtenez-leur, ainsi qu’aux nombreux écoliers qu’ils continuent de former à la science chrétienne, les bénédictions de Jésus Enfant ; à tous ceux qui consacrent au jeune âge leurs travaux et leur vie, inspirez votre esprit, obtenez courage ; élevez nos âmes à la hauteur des enseignements de votre héroïque existence.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Voici un fidèle pèlerin des tombes des martyrs romains, un visiteur quotidien des sept églises de Rome, Ce grand Saint, dont Dieu voulut éprouver la patience comme celle d’un autre Job, a le droit de cité romaine, car il passa au bord du Tibre plus d’un demi-siècle. Après qu’il eut fondé l’Ordre des Écoles Pies, après qu’il eut renoncé à l’honneur de la pourpre cardinalice, pour que rien ne manquât à ses mérites, âgé de près de quatre-vingts ans, il fut traîné comme un malfaiteur par les sbires dans les rues de Rome et conduit au tribunal de la Sainte Inquisition. Déposé de l’office de général de son Ordre, méprisé par ses disciples eux-mêmes, comme s’il fût amoindri par son grand âge, saint Joseph Calasanz supporta tout avec une égale grandeur d’âme.

Quand il mourut, le 25 août 1648, âgé de quatre-vingt-douze ans, l’Ordre des Écoles Pies était presque anéanti ; mais l’homme ne peut détruire les œuvres de Dieu, et le Saint, au moment de laisser la terre, prédit son refleurissement. L’événement confirma la prophétie.

La messe est en harmonie avec l’esprit et la vocation spéciale des membres des Écoles Pies.

L’introït emprunte son antienne au psaume 33 : « Venez, mes fils, et écoutez-moi : je vous enseignerai la crainte de Dieu ». Suit le commencement du même psaume : « Je bénirai le Seigneur en tout temps, et sa louange sera toujours sur mes lèvres ».

Bénir Dieu dans les tribulations est le fait du petit nombre ; mais moins nombreux encore sont ceux qui reçoivent aussi de sa main les faveurs de la vie. Si l’épreuve est dangereuse pour une vertu faible, la prospérité l’est bien davantage pour beaucoup, et fort peu nombreux sont ceux qu’elle n’empêche pas d’arriver à la sainteté. C’est pourquoi le sage, satisfait d’une juste médiocrité, disait au Seigneur : Divitias et paupertatem ne dederis mihi, sed tantum victui meo tribue necessaria.

Prière. — « Seigneur qui, par le moyen de votre bienheureux confesseur Joseph, avez procuré à votre Église un secours nouveau pour former la jeunesse à la piété et à la science ; faites, par ses prières et par ses exemples, que nous aussi agissions et enseignions de manière à obtenir la céleste récompense ». Jésus a dit à ses apôtres : Euntes docete omnes sentes, baptizantes eos. Avant d’administrer les Sacrements, l’Église a donc reçu de Dieu l’autorité d’enseigner, de créer des écoles, d’élever des chaires, pour y publier la parole de la vérité, sans qu’aucune autorité humaine puisse l’en empêcher. Fidèle à cette mission de culture, l’Église, même au moyen âge, érigea, à côté des presbytères et des cathédrales, des écoles où elle maintint allumé le flambeau du savoir classique. Et après le XVIe siècle, alors que les conditions nouvelles de l’Europe n’avaient pas encore reconnu au peuple une influence plus large dans la conduite des affaires publiques, et que la connaissance des lettres était toujours le monopole des riches, ce fut aussi l’Église qui, anticipant sur l’avenir, eut à cœur, par les soins de saint Joseph Calasanz, de saint Jean-Baptiste de La Salle, etc., d’ouvrir des écoles gratuites pour les enfants du peuple.

La première lecture est la même qu’hier, avec une allusion délicate aux persécutions soutenues par le Saint, et à son arrestation par les sbires de l’Inquisition.

Le répons-graduel est le même que le 31 janvier, tandis que le verset alléluiatique, qui s’adapte si bien au long martyre de Calasanz, est identique à celui de la messe de saint Raymond, le 23 janvier.

La lecture évangélique est commune à la fête de saint Jean-Baptiste de la Salle, le 15 mai. Les enfants nous sont présentés comme le modèle de la perfection chrétienne, parce que ce qu’ils sont en vertu de leur âge, c’est-à-dire purs, aimants, humbles, désintéressés, les fidèles doivent le devenir, sous l’influence de la grâce. A la base de toute cette construction ascétique très élevée, se trouve une vertu qui les vaut toutes. Le Seigneur a dit, en effet : Quicumque humiliaverit se, sicut parvulus... L’humilité est donc la condition essentielle pour ce retour à la sainte enfance spirituelle, et celle-ci, loin d’être un enfantillage, exige au contraire de celui qui la pratique une abnégation héroïque de soi-même.

L’antienne de l’offertoire provient du psaume 9. « Le Seigneur accueillit le désir des pauvres ; à son oreille arriva la voix de leur cœur ».

Il faut distinguer entre pauvreté et pauvreté. Celle qui est louée dans les Écritures est seulement la pauvreté pratiquée de cœur et dans le cœur même, laquelle, par suite, s’identifie avec l’humilité.

Sur les oblations. — « Nous couvrons aujourd’hui d’offrandes vos autels, Seigneur, afin qu’elles nous soient profitables par les mérites de Celui dont vous avez fait notre protecteur ». Cette collecte s’inspire du style des Sacramentaires, mais plagie un peu trop les formules antiques. Anciennement, le peuple couvrait effectivement l’autel de ses dons ; mais aujourd’hui la phrase altare muneribus cumulamus n’a plus de sens, parce qu’elle ne correspond plus à la discipline liturgique actuelle.

L’antienne pour la Communion se rapporte à la scène décrite dans la lecture évangélique de ce jour (Matth., XVIII, 15). Cependant elle est tirée du texte de saint Marc (X, 14) : « Laissez les petits enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux ». La pureté et l’humilité exercent toujours sur le Cœur du divin Agneau un attrait irrésistible.

Après la Communion. — « Sanctifiés, Seigneur, par le Sacrement de notre salut, nous vous supplions, par les prières du bienheureux confesseur Joseph, de nous accorder d’avancer de plus en plus dans l’esprit de piété ». La piété est l’orientation de l’âme et le battement du cœur vers Dieu. Elle est utile à tout, comme l’écrit l’apôtre à Timothée, car elle est une vertu générale qui imprime un rythme surnaturel à toutes nos actions.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Se faire enfant et aimer les enfants.

1. Saint Joseph Calasanz. — Jour de mort : 25 août 1648, à l’âge de 92 ans. Tombeau : à Rome, dans l’église Saint-Pantaléon ; son cœur et sa langue sont conservés intacts. Image : en Piariste, entouré d’enfants. Vie : Saint Joseph Calasanz est le fondateur de l’Ordre des Piaristes qui continuent de nos jours encore à se dévouer à l’éducation de la jeunesse. Sa sollicitude pour les enfants se manifesta dès ses premières années ; il aimait à les rassembler, à leur faire à sa manière le catéchisme, et à leur apprendre à prier. Il fonda plus tard la « Congrégation des pauvres Clercs réguliers de la Mère de Dieu et des Écoles pies » qui ont pour mission spéciale l’éducation gratuite des enfants pauvres. A Rome, il avait coutume de visiter les sept basiliques et d’aller vénérer les tombeaux des martyrs de la ville presque toutes les nuits. Durant une terrible peste, il rivalisa de dévouement avec saint Camille de Lellis (fête le 18 juillet) au chevet des malades, allant même jusqu’à transporter sur ses épaules les cadavres de ceux qui avaient succombé. Par sa patience et son énergie invincibles dans les difficultés, il fut un prodige de constance chrétienne, à tel point qu’on l’a surnommé un second Job (Il avait quatre-vingts ans quand on le conduisit au tribunal de l’Inquisition, à travers les rues de Rome, comme un criminel). Nous voyons par l’exemple de sa vie comment Dieu laisse parfois les persécutions, les tribulations, les contradictions, de la part même d’ecclésiastiques, fondre sur une œuvre sans que son existence ou ses progrès soient réellement menacés. A la mort de saint Joseph Calasanz son institut était presque anéanti, ce qui ne l’empêcha pas de refleurir plus tard.

2. La Messe. (Venite filii). — Elle rappelle en plusieurs endroits les traits les plus caractéristiques du saint, son amour des enfants et sa patience dans les souffrances en particulier. Il est fait allusion à son amour des enfants dans l’Introït : « Venez, mes fils, écoutez-moi ; je veux vous apprendre la crainte du Seigneur ! » De même dans le chant de Communion : « Laissez venir à moi les petits enfants... le royaume des cieux leur appartient ». A l’Évangile, le saint ami de l’enfance nous rappelle que nous devons devenir semblables aux enfants et les aimer. « Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux... — Quiconque reçoit un de ces petits, c’est moi qu’il reçoit ». La patience dans les tribulations nous est enseignée par l’Épître : « Dieu descendit avec lui dans la fosse et ne le délaissa pas dans les chaînes ». Il est exact que saint Joseph Calasanz fut jeté en prison par ses adversaires. (Admirable coïncidence, c’est du Joseph de la sainte Écriture qu’il est littéralement question dans tout ce passage). Le chant de l’Alléluia caractérise notre saint : « Heureux l’homme qui supporte l’épreuve ; car l’homme éprouvé recevra la couronne de vie ». Cette couronne, il l’a reçue ; prions-le de nous faire participer à sa gloire. Prions Dieu aussi, et offrons-lui aujourd’hui nos sacrifices pour l’Ordre des Piaristes et le succès de leurs œuvres.

3. La prière des Heures. — Le prince des orateurs sacrés, saint Jean Chrysostome, nous donne un beau commentaire de l’Évangile de ce jour : « Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits parce que leurs anges voient constamment la face de mon Père... Par ces paroles, Jésus-Christ nous rend plus attentifs à veiller sur les enfants et à les protéger. Voyez de quelle muraille il entoure les faibles, et avec quelle sollicitude il veille à éviter leur perte ! Il menace de terribles châtiments ceux qui leur dressent des embûches, mais il promet une grande récompense à ceux qui leur viennent en aide et prennent soin d’eux, et cela, il le corrobore tant par son exemple que par celui de son Père. Imitons donc le Seigneur et ne négligeons rien pour nos frères, pas même ce qui peut nous sembler vil et humiliant ; mais lorsqu’il s’agit de les secourir, si insignifiant et si misérable que soit celui qui doit être l’objet de nos soins, si dure et pénible que la chose nous paraisse, que tout nous semble facile pour le salut d’un frère. Dieu a eu un tel souci de -notre âme que, pour elle, il n’a pas épargné son propre Fils !... Y a-t-il un art plus grand que celui de diriger une âme et de former l’esprit d’un adolescent ? C’est un art qui exige, de la part de celui qui le cultive, une application plus grande que ne le réclame l’art du statuaire ou du peintre !

[1] Rom. 8, 32.

[2] Psalm. IX, 14.

[3] Psalm. CIII, 16.

[4] Matth. VI, 26.

[5] Ibid.

[6] Ibid. 25.

[7] Psalm. CIII, 15.

[8] Thren. IV, 4.

[9] Matth. VI, 33.

[10] Gen. XII, 1.

[11] Heb. XI, 8.

[12] Gen. XII, 2.

[13] Act. IX, 16.

[14] Homilia diei, ex Chrys. in Matth. LX.

[15] Ibid.

[16] Psalm. XXXIII, 12.

[17] Psalm. CX, 10.

[18] Sap. X, 12.

[19] Gen. XXXII, 22.

[20] Ibid. 23.

[21] Ibid. 24.

[22] Ibid. 25.

[23] Ibid. 26.

[24] Ibid. 31.

[25] Ibid. 28.

[26] Ibid. 24.

[27] Ibid.

[28] Ose. XII, 3.

[29] Gen. XXXII, 29.

[30] Ibid. 28.

[31] Lectio 2e IIi Nocturni.

[32] Benedict. XIV, De Servorum Dei beatificatione et Beatorum canonizatione, Lib. III, C. XXX 16, 17, 18.

[33] Offert. ex Psalm. IX, 17. 14.

[34] Commun. ex Marc, X.

[35] Ibid.