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10/03 Les saints Quarante Martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

A Sébaste, le 10 mars 320, passion des Quarante Martyrs, soldats chrétiens. Culte célébré dans tout l’orient dès la fin du même siècle. Les grands docteurs Basile, Grégoire de Nysse et Éphrem prononcèrent des homélies en leur honneur. A Rome un oratoire leur est consacré vers le VIIIe siècle. Leur fête apparaît au XIe siècle.

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire du Saint avec les trois oraisons de la Messe suivante)
die 10 martii
le 10 mars
Ss. QUADRAGINTA MARTYRUM
LES SAINTS QUARANTE MARTYRS
III classis (ante CR 1960 : semiduplex)
IIIème classe (avant 1960 : semidouble)
Ant. ad Introitum. Ps. 33, 18.Introït
Clamavérunt iusti, et Dóminus exaudívit eos : et ex ómnibus tribulatiónibus eórum liberávit eos.Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés : et il les a libérés de toutes leurs tribulations.
Ps. ibid., 2.
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo.Je bénirai le Seigneur en tout temps ; toujours sa louange sera à ma bouche.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui gloriósos Mártyres fortes in sua confessióne cognóvimus, pios apud te in nostra intercessióne sentiámus. Per Dóminum.Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que connaissant le courage que les glorieux Martyrs ont déployé dans la confession de leur foi, nous ressentions les effets de leur charitable intercession auprès de vous.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux.
Hebr. 11, 33-39.
Fratres : Sancti per fidem vicérunt regna, operáti sunt iustítiam, adépti sunt repromissiónes, obturavérunt ora leónum, exstinxérunt ímpetum ignis, effugérunt áciem gládii, convaluérunt de infirmitáte, fortes facti sunt in bello, castra vertérunt exterórum : accepérunt mulíeres de resurrectióne mórtuos suos : álii autem disténti sunt, non suscipiéntes redemptiónem, ut meliórem invenírent resurrectiónem : álii vero ludíbria et vérbera expérti, ínsuper et víncula et cárceres : lapidáti sunt, secti sunt, tentári sunt, in occisióne gládii mórtui sunt : circuiérunt in melótis, in péllibus caprínis, egéntes, angustiáti, afflicti : quibus dignus non erat mundus : in solitudínibus errántes, in móntibus et spelúncis et in cavérnis terræ. Et hi omnes testimónio fídei probáti, invénti sunt in Christo Iesu, Dómino nostro.Mes Frères : les Saints, par la foi, ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, éteint la violence du feu, échappé au tranchant de l’épée, triomphé de la maladie, déployé leur vaillance à la guerre, mis en fuite des armées ennemis ; par eux des femmes ont recouvré leurs morts ressuscités. Les uns ont péri dans les tortures, refusant la délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection ; d’autres ont souffert les moqueries et les verges ; de plus, les chaînes et les cachots ; ils ont été lapidés, sciés, éprouvés ; ils sont morts par le tranchant de l’épée ; ils ont erré çà et là, couverts de peaux de brebis et de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n’était pas digne ; Ils ont été errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre. Et tous ceux-là ont obtenu un bon témoignage à cause de leur foi en Jésus-Christ, Notre-Seigneur.
Graduale. Ps. 132, 1-2.Graduel
Ecce, quam bonum et quam iucundum, habitáre fratres in unum !Voyez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter ensemble !
V/. Sicut unguéntum in cápite, quod descéndit in barbam, barbam Aaron.V/. C’est comme le parfum répandu sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron.
Tractus. Ps. 125, 5-6.Trait
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent.Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse.
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua.V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences.
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos.V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 6, 17-23.
In illo témpore : Descéndens Iesus de monte, stetit in loco campéstri, et turba discipulórum eius, et multitúdo copiósa plebis ab omni Iudǽa, et Ierúsalem, et marítima, et Tyri, et Sidónis, qui vénerant, ut audírení eum et sanaréntur a languóribus suis. Et, qui vexabántur a spirítibus immúndis, curabántur. Et omnis turba quærébat eum tangere : quia virtus de illo exíbat, et sanábat omnes. Et ipse, elevátis óculis in discípulos suos, dicebat : Beáti, páuperes : quia vestrum est regnum Dei. Beáti, qui nunc esurítis : quia saturabímini. Beáti, qui nunc fletis : quia ridébitis. Beáti eritis, cum vos óderint hómines, et cum separáverint vos et exprobráveriní, et eiécerint nomen vestrum tamquam malum, propter Fílium hóminis. Gaudéte in illa die et exsultáte : ecce enim, merces vestra multa est in cælo.En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.
Ant. ad Offertorium. Ps. 31, 11.Offertoire
Lætámini in Dómino et exsultáte, iusti : et gloriámini, omnes recti corde.Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, et soyez dans l’allégresse ; et glorifiez-vous en lui vous tous qui avez le cœur droit.
SecretaSecrète
Preces, quǽsumus, Dómine, tuórum réspice, oblatiónesque fidélium : ut et tibi gratæ sint pro tuórum festivitáte Sanctórum, et nobis cónferant tuæ propitiatiónis auxílium. Per Dóminum.Prenez en considération, nous vous en supplions, Seigneur, nos prières et les offrandes de vos fidèles ; qu’elles vous soient agréables en cette fête de vos Saints et qu’elles nous obtiennent du secours de votre bonté propice.
Ant. ad Communionem. Mt. 12, 50.Communion
Quicumque fecerit voluntátem Patris mei, qui in cælis est : ipse meus frater et soror et mater est, dicit Dóminus.Quiconque aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère, dit le Seigneur.
PostcommunioPostcommunion
Sanctórum tuorum, Dómine, intercessióne placátus : præsta, quǽsumus ; ut, quæ temporáli celebrámus actióne, perpétua salvatióne capiámus. Per Dóminum.Apaisé par l’intercession de vos Saints, faites, nous vous en prions, Seigneur, que ce que nous célébrons par une action temporelle, nous le possédions en étant sauvés pour toujours.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Sous l’empereur Licinius et le gouverneur Agricola, à Sébaste en Arménie, quarante soldats firent briller d’un vif éclat leur foi en Jésus-Christ et leur courage à souffrir les tourments. Après qu’on les eut jetés à diverses reprises dans une affreuse prison, chargés de chaînes, et qu’on leur eut brisé les mâchoires à coups de pierres, on leur fit passer la nuit sur un étang glacé, nus, exposés à la rigueur de l’air dans le temps le plus rigoureux de l’hiver afin qu’ils mourussent de froid. Or, une même prière était celle de tous : « Seigneur, disaient-ils, nous sommes entrés quarante dans la lice ; accordez-nous d’être aussi quarante à recevoir la couronne, et qu’il n’en manque pas un à ce nombre. Il est en honneur, ce nombre que vous avez consacré par un jeûne de quarante jours, ce nombre par le moyen duquel la loi divine fut donnée au monde ; et c’est aussi en cherchant Dieu par un jeûne de quarante jours qu’Élie a obtenu de le voir. » Telle était leur prière.

Cinquième leçon. Un des gardiens veillait, alors que les autres s’étaient abandonnés au sommeil ; pendant que les Martyrs priaient, il aperçut une lumière qui les environnait et des Anges qui descendaient du ciel pour donner des couronnes à trente-neuf soldats, comme de la part de leur roi. A cette vue, il se dit en lui-même : Ils sont quarante, où donc est la couronne du quarantième ? Tandis qu’il avait cette pensée, un d’entre eux manquant de courage pour supporter le froid, se jeta dans un bain d’eau tiède qui était proche, et affligea profondément les saints par sa désertion. Mais Dieu ne permit pas que leurs prières demeurassent sans effet, car le gardien émerveillé de ce qu’il venait de voir, réveilla aussitôt ses compagnons, puis, ayant ôté ses vêtements et publié à haute voix qu’il était chrétien, il alla se joindre aux Martyrs. Quand les satellites du gouverneur eurent appris que ce gardien était chrétien, ils leur brisèrent à tous les jambes à coups de bâtons.

Sixième leçon. Tous moururent dans ce supplice, excepté le plus jeune, nommé Mélithon. Sa mère qui était présente, le voyant encore en vie, bien qu’il eût les jambes rompues, l’exhorta en ces termes : « Mon fils, souffre encore un peu, voici que le Christ se tient à la porte, t’aidant de son secours ». Lorsqu’elle vit qu’on chargeait sur des chariots les corps des autres Martyrs pour les jeter dans un bûcher et qu’on laissait le corps de son fils, parce que cette troupe impie espérait amener l’adolescent au culte des idoles, s’il survivait, cette sainte mère, l’ayant pris sur ses épaules, suivit les chariots qui portaient les corps des Martyrs. Mélithon rendit son âme à Dieu dans les embrassements de sa pieuse mère, et elle plaça son corps sur le même bûcher qui devait consumer les restes des autres Martyrs : en sorte que ceux qui avaient été si étroitement unis par la foi et le courage le furent encore après la mort dans les mêmes funérailles, et parvinrent au ciel tous ensemble. Leurs corps étant brûlés, on jeta leurs ossements dans une rivière, mais on retrouva ces reliques conservées et entières, dans un même lieu où elles s’étaient miraculeusement réunies, et on les ensevelit avec honneur.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le nombre quadragénaire éclate aujourd’hui sur le Cycle ; quarante nouveaux protecteurs se lèvent sur nous, comme autant d’astres pour nous protéger dans la sainte carrière de la pénitence. Sur la glace meurtrière de l’étang qui fut l’arène de leurs combats, ils se rappelaient, nous disent leurs Actes, les quarante jours que le Sauveur consacra au jeûne ; ils étaient saintement fiers de figurer ce mystère par leur nombre. Comparons leurs épreuves à celles que l’Église nous impose. Serons-nous, comme eux, fidèles jusqu’à la fin ? La couronne de persévérance ceindra-t-elle notre front régénéré dans la solennité pascale ? Les quarante Martyrs souffrirent, sans se démentir, la rigueur du froid et les tortures auxquelles ils furent ensuite soumis ; la crainte d’offenser Dieu, le sentiment de la fidélité qu’ils lui devaient, assurèrent leur constance. Que de fois nous avons péché, sans pouvoir alléguer en excuse des tentations aussi rigoureuses ! Cependant, le Dieu que nous avons offensé pouvait nous frapper au moment même où nous nous rendions coupables, comme il fit pour ce soldat infidèle qui, renonçant à la couronne, demanda, au prix de l’apostasie, la grâce de réchauffer dans un bain tiède ses membres glacés. Il n’y trouva que la mort et une perte éternelle. Nous avons été épargnés et réservés pour la miséricorde ; rappelons-nous que la justice divine ne s’est dessaisie de ses droits contre nous que pour les remettre entre nos mains. L’exemple des Saints nous aidera à comprendre ce que c’est que le mal, à quel prix il nous faut l’éviter, et comment nous sommes tenus à le réparer.

Afin de célébrer plus dignement la mémoire de ces célèbres Martyrs, nous empruntons quelques traits à la Liturgie grecque qui chante leur gloire avec un saint enthousiasme.

Supportant avec générosité les maux présents, remplis de joie à cause de la récompense qu’ils espéraient, les saints Martyrs se disaient entre eux : « Ce n’est pas un vêtement que nous dépouillons, c’est le vieil homme ; l’hiver est rigoureux, mais le Paradis est doux ; la glace est cruelle, mais le repos est agréable. Ne reculons donc pas, chers compagnons ; souffrons un peu, afin de recevoir du Christ Seigneur et Sauveur de nos âmes la couronne de victoire. »
Athlètes admirables, vous avez souffert le martyre avec courage ; vous avez passé par le feu et l’eau ; vous êtes arrivés au repos du salut, obtenant pour héritage le royaume des cieux ; offrez-y pour nous vos saintes prières, quarante Martyrs pleins de sagesse.
Le gardien des quarante Martyrs fut frappé d’étonnement, à la vue des couronnes ; il méprisa l’amour de cette vie, il s’éleva par le désir de ta gloire, Seigneur, qui lui était apparue, et il chanta avec les Martyrs : « Tu es béni, Dieu de nos pères ! » Le soldat trop amateur de la vie courut au bain empoisonné, et il y périt ; mais l’ami du Christ, ravisseur généreux de la couronne qui lui était apparue, plongé dans un bain d’immortalité, chantait avec les Martyrs : « Tu es béni, Dieu de nos pères ! »
La mère aimée de Dieu, pleine d’un mâle courage, imitatrice de la foi d’Abraham, portant sur ses épaules le fils qui était le fruit de sa piété, amena le Martyr avec les Martyrs. comme une victime. O mon fils, disait cette mère aimée du Christ à celui qu’elle avait enfanté, cours dans la voie, élance-toi rapidement vers la vie qui dure toujours ; je ne supporte pas que tu arrives le second auprès de Dieu qui donne la récompense. « 
Venez, frères, célébrons par nos louanges la phalange des Martyrs, brûlée par la froidure, et consumant par son ardeur le froid de l’erreur ; l’armée généreuse, le bataillon sacré toujours résistant et invincible, combattant sous ses boucliers réunis ; les défenseurs et les gardiens de la foi, le chœur divin des quarante Martyrs, les intercesseurs de l’Église, eux dont la prière est puissante auprès du Christ pour obtenir la paix à nos âmes et la grande miséricorde.

Vaillants soldats de Jésus-Christ, qui consacrez par votre nombre mystérieux l’ouverture de la sainte Quarantaine, recevez aujourd’hui nos hommages. Toute l’Église de Dieu vénère votre mémoire ; mais votre gloire est plus grande encore dans les cieux. Enrôlés dans la milice du siècle, vous étiez avant tout les soldats ; du Roi éternel ; vous lui avez gardé fidélité, et, en retour, vous avez reçu de sa main la couronne immortelle. Nous aussi nous sommes ses soldats ; et nous marchons à la conquête d’un royaume qui sera le prix de notre courage. Les ennemis sont nombreux et redoutables ; mais, comme vous, nous pouvons les vaincre, si, comme vous, nous sommes fidèles à user des armes que le Seigneur nous a mises entre les mains. La foi en la parole de Dieu, l’espérance en son secours, l’humilité et la prudence assureront notre victoire. Gardez-nous, ô saints athlètes, de tout pacte avec nos ennemis ; car, si nous voulions servir deux maîtres, notre défaite serait certaine. Durant ces quarante jours, il nous faudra retremper nos armes, guérir nos blessures, renouveler nos engagements ; venez-nous en aide, guerriers émérites des combats du Seigneur ; veillez, afin que nous ne dégénérions pas de vos exemples. Une couronne aussi nous attend ; plus facile à obtenir que la vôtre, elle pourrait cependant nous échapper, si nous laissions faiblir en nous le sentiment de notre vocation. Plus d’une fois, hélas ! nous avons semblé renoncer à cette heureuse couronne que nous devons ceindre éternellement ; aujourd’hui nous voulons tout faire pour nous l’assurer, Vous êtes nos frères d’armes ; la gloire de notre commun Maître y est intéressée ; hâtez-vous, ô saints Martyrs, de venir à notre secours.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Les martyrs de Sébaste (+ vers 320), chantés par saint Basile et par saint Grégoire de Nysse, obtinrent, dès le haut moyen âge, une grande célébrité même en Occident, et leur mémoire pénétra dans le Missel romain grâce aux diverses églises médiévales que leur dédia la Ville éternelle. Ainsi au XIIe siècle, Callixte II leur érigea un petit oratoire au pied du Janicule, non loin du titre transtévérin de Callixte. Une autre église sous leur vocable s’élevait près de l’antique Camp Prétorien, et elle est mentionnée à l’époque d’Innocent IV. Plus près du centre de la Ville, sur la voie papale, s’élevait le temple Sanctorum Quadraginta de calcarariis, consacré aujourd’hui aux stigmates de saint François ; et enfin, à proximité de l’amphithéâtre Flavien, se trouvait le temple Sanctorum Quadraginta, titre cardinalice aujourd’hui détruit.

La messe a une saveur assez antique, mais ne présente rien d’original, puisque elle tire ses diverses parties d’autres fêtes antérieures.

L’introït est tiré du psaume 33 : « Les justes élevèrent au Seigneur leur .cri, et Il les exauça et les délivra de toute tribulation. Je bénirai en tout temps le Seigneur ; que sa louange soit toujours sur mes lèvres. ». La nature des saints, tout comme la nôtre, répugnait à souffrir, et c’est pourquoi, en présence de l’épreuve, ils élevèrent leurs cris vers le ciel. Dieu les écouta, non point en les soustrayant à cette épreuve, mais en les rendant supérieurs à la tentation.

La prière est aujourd’hui fort belle, mais elle est empruntée à la messe des sept Fils de sainte Félicité : « Faites, ô Seigneur tout-puissant, qu’après avoir admiré la force des glorieux Martyrs dans la confession de leur foi, nous expérimentions aussi leur compassion dans leur prière pour nous. »

Le Graduel exalte la constante concorde des Martyrs supportant ensemble les tourments, animés d’une même foi et d’une identique onction intérieure du Saint-Esprit.

L’offertoire est tiré du psaume 31 et décrit la joie céleste qui succède au dur martyre. « Réjouissez-vous dans le Seigneur et exultez, ô justes, et glorifiez-vous, vous tous qui êtes droits de cœur. »

Le verset évangélique chanté pendant la Communion se révèle hors de sa place primitive, par le seul fait qu’il ne correspond pas à la lecture de l’Évangile du jour. Il appartient en effet à la fête des sept Frères martyrs, fils de sainte Félicité ; et comme cette fête était aussi, à Rome, celle de leur Mère, l’antienne de la Communion fait gracieusement allusion au sens plus élevé que Jésus attribue au titre de frère, de sœur et de mère, donné à ceux qui accomplissent la volonté de son Père céleste.

En présence des insondables desseins de Dieu, l’unique attitude qui convienne à l’homme est l’adoration dans le silence et l’humilité. Personne n’est nécessaire à Dieu, et sa gloire ne souffre aucun détriment même si nous refusons d’y coopérer. Des pierres il peut tirer des fils d’Abraham ; si nous sommes indociles, le dommage est tout pour nous, car Dieu accomplira au moyen d’un autre ce qu’il aurait daigné faire par notre entremise. Ainsi en fut-il pour les quarante Martyrs de Sébaste. Au ciel, les anges avaient préparé quarante couronnes ; l’un des confesseurs de la foi défaillit dans les tourments et apostasia ; mais il fut immédiatement remplacé par un des bourreaux qui mérita de la sorte la quarantième couronne.

Le culte envers les quarante Martyrs de Sébaste était anciennement très répandu en Orient. Nous possédons encore le texte de leur testament, que désormais le plus grand nombre des critiques tient pour authentique, et qui mérite, en conséquence, d’être considéré comme un vrai joyau de l’antique littérature chrétienne.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La persévérance jusqu’à la fin.

Les saints : Ces saints qui, depuis l’antiquité, ont été très honorés en Orient, moururent vers 320. L’histoire émouvante de leur martyre a comme source un ancien récit syrien. Sous l’empereur Licinius et le gouverneur Agricolaus, à Sébaste, ville d’Arménie, quarante soldats se signalèrent par leur foi en Jésus-Christ et par leur persévérance à supporter les souffrances du martyre. Ils furent maintes fois jetés dans d’horribles cachots, chargés de chaînes. On leur frappa la bouche avec des pierres. Enfin, sur l’ordre du gouverneur, on les exposa, toute une nuit, en plein hiver, sur un étang couvert de glace, afin de les faire mourir de froid. Mais tous, d’un même cœur, faisaient au ciel cette prière : « Seigneur, nous sommes entrés quarante sur le champ de bataille, ne permets pas que nous parvenions moins de quarante à la couronne de la victoire ; que pas un seul ne manque à ce nombre. Il y a, dans ce nombre, un honneur particulier ; tu l’as sanctifié par ton jeûne au désert ; c’est par ce nombre que la Loi de l’Ancien Testament a été introduite dans le monde. Élie a cherché Dieu pendant un jeûne de quarante jours et il fut favorisé de la contemplation du Seigneur. » C’est ainsi qu’ils priaient tous. Tous les gardes étaient endormis profondément. Seul, le portier veillait. Il avait entendu la prière commune et avait vu les martyrs entourés d’une lumière brillante. Tout à coup, il aperçut plusieurs anges descendre du ciel. Ces anges, agissant comme les messagers d’un roi, répartirent trente-neuf couronnes entre les soldats. Étonné, le portier se dit en lui-même : « Il y a pourtant, ici, quarante hommes ; où est donc la couronne destinée au quarantième ? » Comme il faisait ces réflexions, un des soldats, qui n’avait plus le courage de supporter ce tourment, alla se jeter dans le bain chaud qui se trouvait près de l’étang et causa, par cette apostasie, une grande tristesse aux trente-neuf autres. Mais le Seigneur ne voulut pas que leur prière restât sans fruit. Le portier, profondément ému par ce qu’il venait de voir, éveilla les gardes, se dépouilla de ses vêtements, s’affirma hautement chrétien et se joignit à la troupe des martyrs. Les bourreaux du gouverneur, apprenant que ce garde était devenu lui aussi chrétien, brisèrent les jambes de tous ces saints à coups de verges de licteurs. Ils moururent tous dans cette torture, à l’exception du plus jeune, nommé Mélithon. Sa mère, qui était présente au moment où on lui avait brisé les jambes, l’exhorta en, ces termes : « Mon fils, persévère encore un petit moment. Le Christ est devant la porte ; il soutient ton combat. » Elle vit qu’on chargeait le cadavre des autres sur une charrette pour les conduire au bûcher et qu’on voulait laisser son fils ; car cette troupe impie espérait que, s’il survivait à ses tourments, on pourrait l’amener à l’idolâtrie. Alors, elle le chargea sur ses épaules et suivit la charrette chargée des corps des saints martyrs. En route, dans les embrassements de sa pieuse mère, le saint jeune homme rendit l’esprit. Elle porta le cadavre au bûcher des autres martyrs, afin que tous, après avoir été intimement unis dans la foi et la persévérance, soient unis encore dans la mort et reçoivent ensemble la couronne céleste. Après que tous eurent été brûlés, on jeta leurs cendres dans le fleuve. Mais cette cendre se rassembla à un même endroit ; les chrétiens l’enlevèrent secrètement et déposèrent ce trésor précieux dans un tombeau honorable.

Pratique : Nous devrions tous répéter la prière des saints martyrs de Sébaste, pour notre famille, notre communauté, notre paroisse. Que tous reçoivent la couronne de la victoire !