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12/05 Sts Nérée, Achille et Domitille, vierge, et Pancrace, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Les fêtes des Sts Nérée et Achille et de St Pancrace étaient fêtée à Rome le même jour. St Grégoire le Grand a prêché pour les deux fêtes.

Jusqu’au XIIe siècle, les livres liturgiques les séparent par des formulaires distincts. L’unification ne s’accomplit qu’avec la liturgie de la Curie Romaine au XIIIe siècle.

La fête était simple en 1568. Clément VIII l’éleva au rite de semi-double en 1597 en y ajoutant Domitille dont Nérée et Achille furent les chambellans.

Textes de la Messe

die 12 maii
le 12 mai
Ss. NEREI, ACHILLEI et DOMITILLÆ Virg. atque PANCRATII
Sts NÉRÉE, ACHILLE et DOMITILLE Vierge et PANCRACE
Martyrum
Martyrs
III classis (ante CR 1960 : semiduplex)
IIIème classe (avant 1960 : semidouble)
Tempore paschali :Au Temps pascal :
Ant. ad Introitum. Ps. 32, 18, 19 et 20.Introït
Ecce, óculi Dómini super timéntes eum, sperántes in misericórdia eius, allelúia : ut erípiat a morte ánimas eórum : quóniam adiútor et protéctor noster est, allelúia, allelúia.Les yeux du Seigneur sont sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent en sa miséricorde, alléluia : pour délivrer leurs âmes de la mort : car il est notre secours et notre protecteur. Alléluia, alléluia.
Ps. ibid., 1.
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, exultez dans le Seigneur : aux coeurs droits convient sa louange.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Semper nos, Dómine, Mártyrum tuórum Nérei, Achillei, Domitíllæ atque Pancrátii fóveat, quǽsumus, beáta sollémnitas : et tuo dignos reddat obséquio. Per Dóminium nostrum.Que toujours, nous vous en supplions, Seigneur, l’heureuse fête de vos Martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace nous soutienne, et nous rende dignes de votre service.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Sap. 5, 1-5.
Stabunt iusti in magna constántia advérsus eos, qui se angustiavérunt et qui abstulérunt labóres eórum. Vidéntes turbabúntur timore horríbili, et mirabúntur in subitatióne insperátæ salútis, dicéntes intra se, poeniténtiam agéntes, et præ angústia spíritus geméntes : Hi sunt, quos habúimus aliquándo in derísum et in similitúdinem impropérii. Nos insensáti vitam illórum æstimabámus insániam, et finem illórum sine honóre : ecce, quómodo computáti sunt inter fílios Dei, et inter Sanctos sors illórum est.Les justes se lèveront avec une grande assurance contre ceux qui les auront mis dans l’angoisse, et qui auront ravi le fruit de leurs travaux. A cette vue les méchants seront troublés par une horrible frayeur, et ils seront stupéfaits en voyant tout à coup ceux dont ils n’attendaient pas le salut ; ils diront en eux-mêmes, saisis de remords, et gémissant dans l’angoisse de leur cœur : Voici ceux dont nous avons fait autrefois un objet de risée, et un thème d’outrages. Insensés que nous étions, nous regardions leur vie comme une folie, et leur mort comme une honte ; et voilà qu’ils sont comptés parmi les fils de Dieu, et que leur partage est avec les saints.
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia.Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste.
Allelúia. V/. Te Martyrum candidátus laudat exércitus, Dómine. Allelúia.Allelúia. V/. L’éclatante armée des Martyrs chante vos louanges, Seigneur. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 4, 46-53.
In illo témpore : Erat quidam régulus, cuius fílius infirmabátur Caphárnaum. Hic cum audísset, quia Iesus adveníret a Iudǽa in Galilǽam, ábiit ad eum, et rogábat eum, ut descénderet et sanáret fílium eius : incipiébat enim mori. Dixit ergo Iesus ad eum : Nisi signa et prodígia vidéritis, non créditis. Dicit ad eum régulus : Dómine, descénde, priúsquam moriátur fílius meus. Dicit ei Iesus : Vade, fílius tuus vivit. Crédidit homo sermóni, quem dixit ei Iesus, et ibat. Iam autem eo descendénte, servi occurrérunt ei et nuntiavérunt, dicéntes, quia fílius eius víveret. Interrogábat ergo horam ab eis, in qua mélius habúerit. Et dixérunt ei : Quia heri hora séptima relíquit eum febris. Cognóvit ergo pater, quia illa hora erat, in qua dixit ei Iesus : Fílius tuus vivit : et crédidit ipse et domus eius tota.En ce temps-là, il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que .Jésus venait de Judée en Galilée, il alla auprès de lui, et le pria de descendre, et de guérir son fils, qui était près de mourir. Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. L’officier lui dit : Seigneur, descendez avant que mon fils meure. Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. Comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui annoncèrent que son fils vivait. Il leur demanda l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui, et toute sa maison.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 6.Offertoire
Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : et veritátem tuam in ecclésia sanctórum, allelúia, allelúia.Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints, alléluia, alléluia.
SecretaSecrète
Sanctórum Martyrum tuórum, quǽsumus, Dómine, Nérei, Achíllei, Domitíllæ atque Pancrátii sit tibi grata conféssio : quæ et múnera nostra comméndet, et tuam nobis indulgéntiam semper implóret. Per Dóminum.Que le témoignage rendu par vos saints Martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace, vous soit un hommage agréable, Seigneur : qu’il recommande nos offrandes et implore sans cesse sur nous votre indulgence.
Ant. ad Communionem. Ps. 32, 1.Communion
Gaudéte, iusti, in Dómino, allelúia : rectos decet collaudátio, allelúia.Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, alléluia ; c’est aux hommes droits que sied la louange, alléluia.
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus, Dómine : ut beatórum Mártyrum tuórum Nérei, Achíllei, Domitíllæ atque Pancrátii deprecatiónibus, sacraménta sancta, quæ súmpsimus, ad tuæ nobis profíciant placatiónis augméntum. Per Dóminum.Nous vous en prions, Seigneur : que par les prières de vos bienheureux Martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace, les sacrements saints que nous avons reçus nous procure plus largement votre pardon.
Extra Tempus paschale :Hors du Temps pascal :
Ant. ad Introitum. Ps. 36, 39.Introït
Salus autem iustórum a Dómino : et protéctor eórum est in témpore tribulatiónis.Mais le salut des justes vient du Seigneur, et il est leur protecteur au temps de la tribulation.
Ps. Ibid., 1.
Noli æmulári in malignántibus : neque zeláveris faciéntes iniquitátem.Ne porte pas envie aux méchants, ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l’iniquité.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Semper nos, Dómine, Mártyrum tuórum Nérei, Achillei, Domitíllæ atque Pancrátii fóveat, quǽsumus, beáta sollémnitas : et tuo dignos reddat obséquio. Per Dóminium nostrum.Que toujours, nous vous en supplions, Seigneur, l’heureuse fête de vos Martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace nous soutienne, et nous rende dignes de votre service.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Epître de Saint Pierre Apôtre.
1. Petri 4, 13-19.
Caríssimi : Communicántes Christi passiónibus gaudéte, ut et in revelatióne glóriæ eius gaudeátis exsultántes. Si exprobrámini in nómine Christi, beáti éritis : quóniam quod est honóris, glóriæ et virtútis Dei, et qui est eius Spíritus, super vos requiéscit. Nemo autem vestrum patiátur ut homicída, aut fur, aut malédicus, aut alienórum appetítor. Si autem ut christiánus, non erubéscat : gloríficet autem Deum in isto nomine. Quóniam tempus est, ut incípiat iudícium a domo Dei. Si autem primum a no-bis : quis finis eórum, qui non credunt Dei Evangélio ? Et si iustus vix salvábitur, ímpius et peccátor ubi parébunt ? Itaque et hi, qui patiúntur secúndum voluntátem Dei, fideli Creatóri comméndent ánimas suas in benefáctis.Mes bien-aimés, parce que vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lorsque sa gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse. Si vous recevez des injures pour le nom du Christ, vous êtes bienheureux, parce que l’honneur, la gloire, et la puissance de Dieu, ainsi que l’Esprit de Dieu, reposent sur vous. Mais qu’aucun de vous ne souffre comme homicide, ou comme voleur, ou comme malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui. Mais s’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point de honte, mais qu’il glorifie Dieu de porter ce nom-là. Car le moment est venu où le jugement va commencer par la maison de Dieu ; et s’il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui ne croient pas à l’évangile de Dieu ? Et si le juste n’est sauvé qu’avec peine, que deviendront l’impie et le pécheur ? Que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu recommandent leurs âmes au créateur fidèle, en faisant ce qui est bien.
Graduale. Exodi 15,11.Graduel
Gloriósus Deus in Sanctis suis : mirábilis in maiestáte, fáciens prodígia.Dieu est glorifié dans ses Saints ; admirable dans sa majesté, il fait des prodiges.
V/. Ibid., 6. Déxtera tua, Dómine, glorificáta est in virtúte : déxtera manus tua confrégit inimícos.V/. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force ; votre main droite a brisé ses ennemis.
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 4, 46-53.
In illo témpore : Erat quidam régulus, cuius fílius infirmabátur Caphárnaum. Hic cum audísset, quia Iesus adveníret a Iudǽa in Galilǽam, ábiit ad eum, et rogábat eum, ut descénderet et sanáret fílium eius : incipiébat enim mori. Dixit ergo Iesus ad eum : Nisi signa et prodígia vidéritis, non créditis. Dicit ad eum régulus : Dómine, descénde, priúsquam moriátur fílius meus. Dicit ei Iesus : Vade, fílius tuus vivit. Crédidit homo sermóni, quem dixit ei Iesus, et ibat. Iam autem eo descendénte, servi occurrérunt ei et nuntiavérunt, dicéntes, quia fílius eius víveret. Interrogábat ergo horam ab eis, in qua mélius habúerit. Et dixérunt ei : Quia heri hora séptima relíquit eum febris. Cognóvit ergo pater, quia illa hora erat, in qua dixit ei Iesus : Fílius tuus vivit : et crédidit ipse et domus eius tota.En ce temps-là, il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que .Jésus venait de Judée en Galilée, il alla auprès de lui, et le pria de descendre, et de guérir son fils, qui était près de mourir. Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. L’officier lui dit : Seigneur, descendez avant que mon fils meure. Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. Comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui annoncèrent que son fils vivait. Il leur demanda l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui, et toute sa maison.
Ant. ad Offertorium. Ps. 123, 7.Offertoire
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium : láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus.Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs : le filet a été brisé et nous avons été délivrés.
SecretaSecrète
Sanctórum Martyrum tuórum, quǽsumus, Dómine, Nérei, Achíllei, Domitíllæ atque Pancrátii sit tibi grata conféssio : quæ et múnera nostra comméndet, et tuam nobis indulgéntiam semper implóret. Per Dóminum.Que le témoignage rendu par vos saints Martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace, vous soit un hommage agréable, Seigneur : qu’il recommande nos offrandes et implore sans cesse sur nous votre indulgence.
Ant. ad Communionem. Matth. 25, 40 et 34.Communion
Amen, dico vobis, quod uni ex mínimis meis fecístis, mihi fecístis : veníte, benedícti Patris mei, possidéte parátum vobis regnum ab inítio sǽculi.En vérité, je vous le dis, ce que vous avez fait au moindre des miens, c’est à moi que vous l’avez fait ; venez les bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde.
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus, Dómine : ut beatórum Mártyrum tuórum Nérei, Achíllei, Domitíllæ atque Pancrátii deprecatiónibus, sacraménta sancta, quæ súmpsimus, ad tuæ nobis profíciant placatiónis augméntum. Per Dóminum.Nous vous en prions, Seigneur : que par les prières de vos bienheureux Martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace, les sacrements saints que nous avons reçus nous procure plus largement votre pardon.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Nérée et Achillée, son frère, étaient officiers de la maison de Flavie Domitille ; saint Pierre les baptisa en même temps qu’elle et que Plautille, sa mère. Comme ils avaient inspiré à Domitille le dessein de consacrer à Dieu sa virginité, Aurélien à qui elle était fiancée, les accusa d’être chrétiens. Ils confessèrent glorieusement leur foi, et furent pour ce motif relégués dans l’île Ponza ; là on les soumit de nouveau à la torture et on les battit de verges. Conduits ensuite à Terracine, Minutius Rufus les fit tourmenter sur le chevalet, et brûler avec des torches enflammées. Comme ils déclaraient constamment qu’on ne pourrait les contraindre par aucun tourment à sacrifier aux idoles, ils eurent la tête tranchée. Leurs corps furent apportés à Rome par Auspice, leur disciple, qui avait instruit Domitille, et ils furent ensevelis sur la voie Ardéatine.

Cinquième leçon. Flavie Domitille, vierge romaine nièce des empereurs Titus et Domitien, avait reçu des mains du bienheureux Pape Clément le voile sacré de la virginité. Dénoncée comme chrétienne par Aurélien, son fiancé, fils du consul Titus Aurélus, elle fut reléguée par l’empereur Domitien dans l’île Ponza, où elle souffrit en prison un long martyre. On la conduisit enfin à Terracine ; elle y confessa de nouveau le Christ, et comme elle paraissait toujours plus ferme dans sa résolution, le juge ordonna de mettre le feu à la maison où elle était enfermée, et elle acheva ainsi, avec les vierges Théodora et Euphrosyne, ses sœurs de lait, le cours de son glorieux martyre, aux nones de mai, sous l’empereur Trajan. Leurs corps furent trouvés entiers, et ensevelis par le Diacre Césaire. Or ce jour est celui où les corps des deux frères et de Domitille furent transportés ensemble de la diaconie de Saint-Adrien, et rendus à la basilique des saints Martyrs, du titre de Fasciola.

Sixième leçon. Pancrace, né en Phrygie, était de noble race ; il vint à Rome à l’âge de quatorze ans, sous les empereurs Dioclétien et Maximien. Baptisé et instruit dans la foi chrétienne par le Pontife romain, il fut peu après arrêté pour cette même foi. Ayant refusé constamment de sacrifier aux dieux, et présenté sa tête au bourreau avec un courage viril, il parvint à la glorieuse couronne du martyre. Une saint femme, nommée Octavie, en leva son corps pendant 1a nuit, l’embauma, et l’ensevelit sur la voie Aurélienne.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Jean. Cap. 4, 46-53.
En ce temps-là : il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Comment entendre ceci : le Seigneur prié par un officier de venir auprès de son Fils, refuse de s’y rendre corporellement, et sans y être invité, il promet d’aller auprès lu serviteur du centurion. Il ne daigne point accorder l’honneur de sa présence corporelle au fils d’un seigneur, et il ne dédaigne pas d’accourir auprès de l’esclave d’un centurion. Que veut-il en ceci, sinon abattre notre orgueil, à nous qui honorons dans les hommes, non leur nature en laquelle ils ont été faits à l’image de Dieu, mais leur rang et leurs richesses ? Notre Rédempteur nous enseigne à mépriser ce que les hommes estiment grandeur, et à ne point mépriser ce que les hommes méprisent. Il n’a point voulu se rendre auprès du fils du seigneur ; il est prêt à se rendre auprès de l’esclave du centurion.

Huitième leçon. Il condamne donc notre orgueil qui ne sait point estimer les hommes en tant qu’ils sont des hommes. Comme nous l’avons dit, cet orgueil n’estime que ce qui est extérieur aux hommes, et sans égard à la nature elle-même, il ne sait pas reconnaître en eux l’œuvre de Dieu et son honneur Voilà donc que le Fils de Dieu ne veut point aller auprès du fils d’un Seigneur et se montre prêt à venir trouver un esclave et à le guérir. Si quelque esclave nous priait de venir à lui, certes aussitôt notre orgueil répondrait intérieurement à son appel : N’y va pas ; ce serait t’abaisser, faire mépriser ta noblesse, avilir ton rang. Voilà qu’il descend du ciel, celui qui sur la terre ne dédaigne pas de visiter un esclave, et pourtant nous qui sommes de la terre, nous dédaignons de nous humilier sur la terre.

Neuvième leçon. Dans votre pensée, ne considérez donc point ce .que vous possédez, mais ce que vous êtes. Voilà qu’il s’enfuit, ce monde que l’on aime. Ces Saints au tombeau desquels nous sommes assemblés, ont foulé aux pieds avec mépris ce monde alors dans sa fleur. De leur temps, il leur offrait une vie longue, une santé sans déclin, de riches possessions, une postérité nombreuse, la sécurité d’une longue paix, et pourtant ce monde qui en lui-même semblait dans sa fleur, était déjà comme flétri pour leur cœur. Voilà qu’aujourd’hui le monde est flétri en lui-même, et pour nos cœurs il est comme en fleur. Partout la mort, partout le deuil, partout la désolation. Nous sommes frappés de tous les côtés ; de toute part nous viennent les amertumes, et pourtant, aveuglés par les convoitises de la chair, nous aimons ces amertumes, nous poursuivons ce monde qui nous échappe, nous nous attachons à ce monde qui s’écroule.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le chœur des Vierges martyres n’avait pas encore offert à Jésus triomphant ses couronnes de rosés mêlées de lis. Il le fait aujourd’hui en députant vers l’Époux divin la noble et gracieuse Flavia Domitilla, la plus belle fleur que le glaive du martyre moissonna dans le champ fertile de l’Église de Rome au premier siècle de notre foi. C’est sous la persécution de Domitien, dans les jours où Jean l’Évangéliste était plongé dans l’huile bouillante devant la Porte Latine, que Flavia Domitilla eut la gloire de souffrir l’exil suivi plus tard de la mort pour la cause du Rédempteur des hommes qu’elle avait choisi pour époux. Issue du sang impérial, nièce de Flavius Clémens, qui unit aux faisceaux consulaires la couronne du martyre, elle fait partie de ce groupe de chrétiens que l’on aperçoit à la cour de Domitien, et qui nous révèle avec quelle rapidité la religion des humbles et des pauvres s’était élancée jusqu’aux plus hauts sommets de la société romaine-Peu d’années auparavant, saint Paul avait adressé aux chrétiens de la ville de Philippes les salutations des chrétiens du palais de Néron [1]. De nos jours, non loin des murs de Rome, sur la Voie Ardéatine, on visite encore le magnifique cimetière souterrain que Flavia Domitilla fit creuser dans son Praedium, et dans lequel furent ensevelis les deux martyrs Nérée et Achillée, que l’Église réunit aujourd’hui dans un même culte à la noble vierge qui leur fut redevable de sa couronne.

Nérée et Achillée, officiers de la maison de Domitilla [2], lui révélèrent un jour le prix de la virginité ; et tout aussitôt la jeune fille, disant pour jamais adieu aux joies de ce monde, n’aspira plus qu’à l’honneur de devenir l’épouse de Jésus-Christ. Elle reçut le voile des vierges consacrées par les mains du’ pape saint Clément ; Nérée et Achillée avaient reçu le baptême des mains de saint Pierre lui-même. Quels souvenirs en ce jour dédié à de telles mémoires !

La vierge et les autres martyrs reposèrent durant plusieurs siècles dans la basilique appelée Fasciola, sur la Voie Appienne ; mais nous avons encore une Homélie que saint Grégoire le Grand prononça dans l’église souterraine qui s’éleva d’abord sur leur tombe même au siècle du triomphe. Le saint Pontife insista dans ce discours sur la fragilité des biens de ce monde, et fit appel au souvenir des héros qui reposaient sous l’autel autour duquel les fidèles de Rome se trouvaient rassemblés. « Ces saints, dit-il, au tombeau desquels nous sommes réunis en ce moment, ont dédaigné ce monde dans sa fleur, ils l’ont foulé aux pieds. Ils avaient devant eux une vie longue, une santé assurée, une fortune opulente, l’espérance d’une famille en laquelle ils auraient perpétué leur nom ; ces jouissances, ils étaient à même de les goûter longtemps dans la tranquillité et la paix ; mais le monde eut beau fleurir à leurs yeux, il était déjà fané dans leur cœur [3]. »

Plus tard, la basilique Fasciola étant presque tombée en ruine par suite des désastres de Rome, les corps des trois saints furent transférés, au XIIIe siècle, dans l’Église Saint-Adrien, au Forum. Ils y restèrent jusqu’aux dernières années du XVIe siècle, où le grand Baronius ayant été élevé aux honneurs de la pourpre romaine, et pourvu du Titre des saints Nérée et Achillée, songea à restaurer la basilique confiée désormais à sa garde. Par sa munificence, les nefs se relevèrent, l’histoire des trois martyrs y fut peinte sur les murailles ; la chaire de marbre sur laquelle on raconte que saint Grégoire avait prononcé son Homélie fut rétablie dans cette église, et l’Homélie elle-même gravée tout entière sur le dossier ; enfin la Confession, décorée de mosaïques et de marbres précieux, attendit le moment où elle allait recevoir les dépouilles sacrées dont elle était veuve depuis trois siècles.

Baronius avait compris qu’il était temps de terminer le trop long exil des saints martyrs, à l’honneur desquels il se sentait obligé de veiller désormais ; et il prépara tout un triomphe pour leur retour à leur antique demeure. Rome chrétienne excelle à unir dans ses pompes les souvenirs de l’antiquité classique avec les sentiments qu’inspiré la religion du Christ. Une solennelle procession conduisit d’abord au Capitole le char sur lequel reposaient à l’ombre d’un dais somptueux les corps sacrés des trois martyrs. Deux inscriptions parallèles frappèrent les regards, au moment où le cortège arrivait au sommet du clivus Capitolinus. Sur l’une on lisait : « A sainte Flavia Domitilla, vierge romaine et martyre, le Capitole, purifié du culte funeste des démons, et restauré plus dignement qu’il ne le fut par Flavius Vespasien et par Donatien Augustes, parents de la vierge chrétienne. » L’autre portait ces paroles : « Le Sénat et le peuple romain à sainte Flavia Domitilla, vierge romaine et martyre, qui, en se laissant consumer dans un incendie pour la foi du Christ, a plus apporté de gloire à Rome que ses parents Flavius Vespasien et Domitien Augustes, lorsqu’ils restaurèrent à leurs frais le Capitule deux fois incendié. »

On reposa un moment les châsses des martyrs sur un autel élevé près de la statue équestre de Marc-Aurèle, et après qu’ils eurent reçu l’hommage, ils furent replacés sur le char, et on descendit l’autre revers du Capitole. La procession ne tarda pas à rencontrer l’arc de triomphe de Septime-Sévère, II portait ces deux inscriptions : « Aux saints martyrs Flavia Domitilla, Nérée et Achillée, excellents citoyens, le Sénat et le peuple de Rome, pour avoir illustré le nom romain par leur glorieuse mort, et acquis par leur sang la paix à la république romaine. » « A Flavia Domitilla, à Nérée et Achillée, invincibles martyrs de Jésus-Christ, le Sénat elle peuple romain, pour avoir glorifié la Ville par le noble témoignage qu’ils ont rendu à la foi chrétienne. »

En suivant la Voie Sacrée, le cortège se trouva bientôt en face de l’arc de triomphe de Titus, monument de la victoire de Dieu sur la nation déicide. On y lisait, d’un côté, cette inscription : « Cet arc triomphal, décerné et érigé autrefois à Titus Flavius Vespasien Auguste, pour avoir ramené la Judée révoltée sous le joug du peuple romain, le Sénat et le peuple romain le décernent et le consacrent d’une manière plus heureuse à la nièce du même Titus, Flavia Domitilla, pour avoir, par son trépas, accru et propage la religion chrétienne. »

De l’autre côté de l’arc de triomphe étaient ces paroles : « A Flavia Domitilla, vierge romaine et martyre, nièce de Titus Flavius Vespasien Auguste, le Sénat et le peuple romain, parce qu’elle a, par l’effusion de son sang et le sacrifice de sa vie pour la foi, rendu hommage à la mort du Christ avec plus de gloire que n’en a acquis le même Titus, lorsque, pour venger cette mort, il a renversé Jérusalem par « l’inspiration divine. »

On laissa sur la gauche le Colysée, dont l’arène avait été le théâtre des combats de tant de martyrs, et l’on passa sous Tare de triomphe de Constantin, monument qui parle si haut de la victoire du christianisme dans Rome et dans l’empire, et qui répète encore le nom de la famille Flavia, à laquelle appartenait le premier empereur chrétien. Voici les deux inscriptions dont était décoré l’arc triomphal : « A Flavia Domitilla, à Nérée et Achillée, le Sénat et le peuple romain. Sur cette Voie Sacrée où plusieurs empereurs romains, augustes, ont obtenu les honneurs du triomphe pour avoir soumis à l’empire du peuple romain diverses provinces, ces martyrs triomphent aujourd’hui avec d’autant plus de gloire, qu’ils ont vaincu par la supériorité de leur courage les triomphateurs eux-mêmes. » « A Flavia Domitilla, le Sénat et le peuple romain. Si douze empereurs ses parents augustes ont illustré par leurs hauts faits la famille Flavia et Rome elle-même, la vierge, en sacrifiant pour le Christ les honneurs et la vie, a répandu sur l’une et sur l’autre un lustre plus éclatant encore. »

On prit ensuite la Voie Appienne, et on arriva enfin à la basilique. Sur le seuil, Baronius, accompagné d’un grand nombre de cardinaux, accueillit avec un profond respect les trois martyrs, et les conduisit vers l’autel, où la Confession les reçut, pendant que le chœur chantait cette Antienne du Pontifical : « Entrez, saints de Dieu ; votre demeure a été préparée ici par le Seigneur ; le peuple fidèle a suivi joyeusement votre marche ; il vous demande de prier pour lui la majesté du Seigneur. Alléluia ! »

Quel sublime triomphe, ô saints martyrs, Rome vous avait prépare, après tant de siècles écoulés depuis votre glorieux trépas ! Qu’il est vrai de dire que rien ici-bas n’est comparable à la gloire des saints ! Où sont maintenant les Flaviens, ces douze empereurs de votre sang, ô Domitilla ? Qui s’inquiète de leurs cendres ? Qui conserve même leur souvenir ? L’un d’eux fut appelé « les délices du genre humain » ; et le peuple ignore jusqu’à son nom ! Un autre, le dernier de tous, eut la gloire d’être choisi pour proclamer la victoire de la croix sur le monde romain ; Rome chrétienne garde sa mémoire avec honneur et reconnaissance ; mais le culte religieux n’est pas pour lui ; c’est à vous, ô Domitilla, que Rome le réserve, à vous et aux deux martyrs dont le nom est en ce jour associé au vôtre.

Qui ne sentirait la puissance du mystère de la résurrection de notre divin Chef dans l’amour et l’enthousiasme qu’inspirent à tout ce peuple la vue et la possession de vos saintes reliques, ô martyrs du Dieu vivant ? Quinze siècles avaient passe sur vos membres refroidis, et les fidèles les saluent avec transport, comme s’ils les sentaient encore pleins de vie. C’est que le peuple chrétien sait que Jésus, « le premier-né d’entre les morts », est déjà ressuscité, et que vous devez un jour ressusciter glorieux comme lui. Il salue par avance cette immortalité qui doit être le partage de vos corps immolés à la gloire du Rédempteur ; il contemple déjà par la foi l’éclat dont vous brillerez un jour ; il proclame la dignité de l’homme racheté, pour qui la mort n’est plus que le passage à la vie véritable, et le tombeau un sillon qui reçoit le grain pour le rendre plus riche et plus beau.

« Heureux, dit la prophétie, ceux qui auront lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau [4] ! » Mais plus heureux encore, nous dit la sainte Église, ceux qui, après avoir été purifiés, ont mêlé leur propre sang à celui de la victime divine ! car « ils ont accompli dans leur chair ce qui manquait aux souffrances du Christ [5] ». C’est pour cela qu’ils sont puissants par leur intercession, et nous devons nous adresser à eux avec amour et confiance. Nérée, Achillée, Domitilla, soyez-nous propices. Faites-nous aspirer à Jésus ressuscité ; conservez en nous la vie qu’il nous a communiquée ; détachez-nous des charmes du présent ; disposez-nous à les fouler aux pieds, s’il est à craindre qu’ils ne nous séduisent. Rendez-nous forts contre tous nos ennemis, prompts à la défense de la foi, ardents à la conquête de ce royaume que nous devons a ravir par la violence [6] ». Soyez aussi les défenseurs de cette Église Romaine qui, chaque année, renouvelle en ce jour votre culte avec tant de ferveur. Nérée et Achillée, vous fûtes la fille de Clément, son successeur ; protégez le Pontife en qui Pierre réside, le Pontife qui succède à Clément et à tant d’autres. Dissipez les orages qui menacent la croix sur le Capitole, et conservez la foi dans le cœur des Romains.

SAINT PANCRACE, MARTYR. Un quatrième martyr vient s’adjoindre à ceux que nous avons déjà fêtés. C’est de Rome aussi qu’il monte pour aller partager la gloire du vainqueur de la mort. Les précédents furent moissonnés dans les premiers temps de notre foi ; celui-ci a combattu dans la grande persécution de Dioclétien, au moment où le paganisme livrait à l’Église le dernier assaut dans lequel il devait succomber lui-même. Notre jeune héros ne comptait pas au delà de quatorze ans ; mais il n’en a pas moins cueilli la palme, et il orne à son tour la couronne de notre divin Ressuscité. Une basilique décorée d’un Titre cardinalice s’est élevée dès les premiers siècles sur le cimetière où fut déposé son corps.

La grâce divine qui vous appelait à la couronne du martyre alla vous chercher jusqu’au fond de la Phrygie, ô Pancrace, pour vous conduire dans la capitale de l’empire, au centre de tous les vices et de toutes les erreurs du paganisme. Votre nom, confondu avec tant d’autres plus éclatants ou plus obscurs, ne semblait pas devoir laisser de trace dans la mémoire des hommes ; à quatorze ans, votre carrière était déjà terminée. Aujourd’hui cependant, votre nom est prononcé par toute la terre avec l’accent de la vénération ; il retentit à l’autel dans les prières qui accompagnent le Sacrifice de l’Agneau. D’où vous vient, ô jeune martyr, cette célébrité qui durera autant que le monde ? C’est qu’il était juste qu’ayant été associé à la mort sanglante de notre Christ, la gloire de son immortalité rejaillît jusque sur vous. Gloire soit donc à lui qui honore ainsi ses compagnons d’armes ! et gloire à vous, ô martyr, qui avez mérité une telle couronne ! En retour de nos hommages, daignez, ô Pancrace, jeter un regard de protection sur nous. Parlez de nous à Jésus votre chef et le nôtre. Dans cette vallée d’exil, nous chantons l’Alléluia pour sa résurrection qui nous a remplis d’espérances ; obtenez qu’un jour nous répétions avec vous au ciel ce même Alléluia, devenu éternel, et qui alors signifiera non plus l’espérance, mais la possession.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Les saints martyrs Nérée, Achillée et Domititte, vierge.
Station au cimetière de Domititte, sur l’Ardéatine.

Nérée et Achillée sont deux martyrs du cimetière de Domitille, sur la voie Ardéatine ; à l’occasion de leur natale saint Grégoire le Grand prononça, près de leur tombeau, une de ses belles homélies sur l’Évangile, qu’on récite aujourd’hui encore dans le Bréviaire. Quant à Domitille, elle serait la fondatrice du cimetière des Flavii, bien que De Rossi ait démontré qu’on doit distinguer deux personnes du nom de Flavia Domitilla. L’une est la femme du consul Flavius démens, cousin de Domitien, reléguée pour la foi dans l’île Pandataria, en face des Marais-Pontins ; l’autre est la petite-fille de la première Domitille ; elle fut exilée dans l’île de Ponza, et, au IVe siècle, sainte Paule alla vénérer le lieu où, au dire de saint Jérôme, longum duxit martyrium.

Il est probable que le cimetière des Flaviens a été fondé par la femme de Flavius démens, tandis que la vierge Domitille, célébrée aujourd’hui par le Martyrologe, est certainement la seconde.

Sa fête, dans le Martyrologe romain, est mentionnée le 7 de ce mois, mais Baronius en fit transférer à ce jour la solennité liturgique qui rappelle la nouvelle déposition de ses reliques dans l’antique Titre de Fasciola où elles furent réunies à celles de Nérée et d’Achillée.

On sait ce qu’a écrit saint Jérôme à la mémoire de Domitille : Delata est Paula cum filia Eustochio ad insulam Pontiam, quam clarissimae quondam foeminarum sub Domitiano principe pro confessione nominis christiani Flaviae Domitillae nobilitavit exilium. Vidensque cettulas in quibus illa. longum martyrium duxerat, sumptis fidei alis, Hierosolymam et sancta loca videre cupiebat [7]. Voici l’inscription damasienne, qui existait jadis sur le tombeau des saints Nérée et Achillée :

NEREVS ET ACHILLEVS MARTYRES
MILITIAE • NOMEN • DEDERANT • SAEVVMQVE • GEREBANT
OFFICIVM • PARITER • SPECTANTES • IVSSA • TYRAMNI
PRAECEPTIS • PVLSANTE • METV • SERVIRE • PARATI
MIRA • FIDES • RERVM • SVBITO • POSVERE • FVROREM
CONVERSI • FVGIVNT • DVCIS • IMPIA • CASTRA • RELINQVVNT
PROIICIVNT • CLYPEOS • PHALERAS • TELAQVE • CRVENTA
CONFESSI • GAVDENT • CHRISTI • PORTARE • TRIVMPHOS
CREDITE • PER • DAMASVM • POSSIT • QVID • GLORIA • CHRISTI
Nérée et Achillée martyrs
s’étaient inscrits à la milice, et exerçaient cette fonction cruelle d’exécuter les ordres du tyran, parce que la terreur les y contraignait.
Miracle de la foi ! Ils déposent à l’instant leur fureur, se convertissent, abandonnent le camp de leur chef criminel, jettent dehors les boucliers, les colliers, les flèches ensanglantées et, confessant la foi du Christ, ils se réjouissent de rendre témoignage à son triomphe.
Apprenez maintenant de Damase ce que peut faire la gloire du Christ.

Dans leur basilique sépulcrale sur l’Ardéatine, se trouvent encore les fragments des petites colonnes de marbre qui soutenaient jadis le tegurium ou baldaquin érigé sur l’autel. Sur l’une d’elles est sculpté le martyre d’Achillée : ACILLEVS, et l’on voit un personnage, les mains liées derrière les épaules, qui reçoit du bourreau le coup fatal.

Quant à Flavia Domitilla, les anciens eux-mêmes ne connaissaient pas son tombeau à Rome, en sorte qu’elle n’est jamais mentionnée ni dans les documents liturgiques, ni dans les Itinéraires romains. Un document du moyen âge suppose même que sa tombe se trouvait à Terracine.

Dans les anciens Sacramentaires, la messe de saint Pancrace, dont c’est aussi la fête, est tout à fait distincte de celle des martyrs Nérée et Achille ; cela prouve qu’à Rome, en ce jour, il y avait deux stations, sinon trois : l’une sur la voie Aurélienne, une sur l’Ardéatine et une autre, peut-être, dans la basilique de Saint-Pancrace au Latran. Cette pluralité de messes fait que les anciennes listes d’épîtres et d’évangiles ne se trouvent pas d’accord. Saint Grégoire commenta, sur la tombe de Nérée et d’Achillée, le récit évangélique du miracle de la guérison du fils de l’officier royal, tandis qu’au contraire, dans le Capitulaire des Évangiles de Würzbourg, on assigne pour ce jour le texte de saint Matthieu où il est question des eunuques [8]. Il faut noter ici que, tandis que pour le pape Damase, Nérée et Achillée étaient encore de simples soldats prétoriens, pour l’auteur de leurs Actes au contraire ils étaient devenus d’emblée, conformément à la terminologie officielle byzantine, des eunuques, c’est-à-dire des attachés au service de la maison impériale.

La liste de Würzbourg assigne à la messe de saint Pancrace la lecture évangélique qui se trouve aujourd’hui dans le Missel romain à la fête des apôtres Simon et Jude [9]. Le Comes d’Alcuin a pour saint Pancrace une messe spéciale, dont la première lecture scripturaire est tirée du livre de la Sagesse : Beatus homo qui invenit sapientiam.

La messe de sainte Domitille n’apparaît jamais nulle part, et Baronius fut le premier à en faire revivre la mémoire.

L’antienne d’introït est tirée du psaume 32 : « Voici que les yeux du Seigneur sont tournés vers ceux qui le craignent et qui se confient en sa miséricorde, — Alléluia, — pour qu’il les soustraie à la mort, car il est notre aide et notre défense, Alléluia, alléluia, alléluia. » Ps. « O justes, chantez au Seigneur ; c’est aux bons qu’il convient de le louer. »

La collecte est la suivante : « Que la vénérable solennité de vos martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace nous soit propice et nous rende, Seigneur, dignes de votre service. Par notre Seigneur, etc. »

La lecture Stabunt est la même que le 13 avril.

Combien de fois, aujourd’hui encore, le monde n’estime-t-il pas folie la vertu des saints, et ne croit-il pas que le comble du malheur est de succomber comme eux, victimes de la haine et des persécutions des libertins ! Et pourtant là est la sagesse de Dieu, la « joie parfaite » que l’homme charnel ne peut ni goûter ni comprendre ; faire revivre Jésus souffrant, aimer et souffrir ; souffrir pour aimer, et aimer pour souffrir, afin d’avoir part avec lui à la résurrection.

Le double verset alléluiatique n’est tiré d’aucun texte scripturaire : « Alléluia, alléluia. C’est là la vraie fraternité, qui a vaincu le monde criminel ; elle suit le Christ, et possède maintenant le splendide royaume céleste. »

Le second verset est tiré de la célèbre hymne Te Deum de l’évêque Nicétas de Remesiana : « Alléluia. La resplendissante armée des martyrs vous célèbre, Seigneur. Alléluia. »

La lecture évangélique traitant de l’officier royal (Ioan., IV, 46-53), contient une délicate allusion à la diffusion du christianisme parmi les membres de la maison impériale des Flaviens. Les mots et credidit ipse et domus eius tota devaient produire une impression profonde, quand le diacre les prononçait sous les voûtes de tuf du cimetière de la voie Ardéatine, où se cachaient les tombes de Nérée et d’Achillée, de Flavius Gemens, de Flavius Sabinus et des autres parents de Domitien !

L’offertoire Confitebuntur est le même que le 22 avril.

Voici la belle prière sur l’oblation : « Seigneur, faites que le témoignage sanglant des saints martyrs Nérée, Achillée, Domitille et Pancrace vous soit agréable ; qu’il vous soit une recommandation pour notre offrande et nous obtienne toujours votre miséricorde. Par notre Seigneur, etc. »

La mort sanglante librement affrontée pour la foi, est, dans l’antique langage chrétien, dès le Ier siècle, appelée martyrium ou témoignage ; car la générosité du confesseur de la foi versant son sang pour l’Évangile atteste devant le monde la divinité d’une religion qui, seule, peut infuser à ses fils une force assez grande pour leur faire surmonter la mort.

Hors du temps pascal, la messe est du Commun des Martyrs : Salus, comme le 15 février, avec les collectes précédentes et la lecture évangélique indiquée plus haut. Quant à l’épitre Communicantes elle est tirée de celle de saint Pierre (I, IV, 13-19). dont on lit une partie le troisième dimanche après la Pentecôte.

Quoique l’antienne de la Communion soit tirée d’un texte évangélique (Matth., XXV, 40 et 34), elle ne s’accorde pas, contrairement à la règle, avec la lecture de la messe de ce jour, et trahit dès lors sa tardive origine. « Je vous le dis en vérité, ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui m’appartiennent, vous me l’avez fait à moi-même. Venez, ô bénis de mon Père, et entrez en possession du royaume préparé pour vous dès le commencement du monde. »

Il ne faut pas être trop pessimiste. Il est certain que le monde a très mal correspondu au bienfait de la Rédemption ; mais que de sang, quel héroïsme de sainteté, combien de fleurs de vertu, l’Église n’a-t-elle pas offerts à Dieu pendant près de vingt siècles ? Il est donc bien juste que, au pied des saints autels où trône le Crucifié, l’épouse choisie du Christ présente aussi au Seigneur ses souffrances, les labeurs, les plaies et le sang de ses martyrs, qui attestent la reconnaissance et l’amour avec lesquels elle a toujours correspondu à l’amour infini de l’Époux.

Saint Pancrace, martyr.
Station au cimetière d’Octaville sur la voie Aurélienne.
Voici le texte de l’inscription d’Honorius Ier sur le tombeau de saint Pancrace :

OB • INSIGNE • MERITVM • ET • SINGVLARE • BEATI • PANCRATII • BENEFICIVM
BASILICAM • VETVSTATE • CONFECTAM • EXTRA • CORPVS • MARTYRIS • NEGLECTV • ANTIQVITATIS • EXTRVCTAM
HONORIVS • EPISCOPVS • DEI • FAMVLVS
ABRASA • VETVSTATIS • MOLE • RVINAQVE • MINANTE
A • FVNDAMENTIS • NOVITER • PLEBI • DEI • CONSTRVXIT
ET • CORPVS • MARTYRIS • QVOD • EX • OBLIQVO • AVLAE • IACEBAT
ALTARI • INSIGNIBVS • ORNATO • METALLIS
LOCO • PROPRIO • COLLOCAVIT
En raison de l’insigne mérite du bienheureux Pancrace et des bienfaits qu’il accorde, l’évêque Honorius, serviteur du Seigneur, rasa, pour la commodité du peuple de Dieu, le vieil édifice qui menaçait de tomber en ruines et où, par l’incurie des anciens, n’était pas même compris le tombeau du martyr. Il en érigea un nouveau depuis les fondements ; quant aux reliques du Saint, qui étaient déposées à côté de la basilique, il les plaça en un lieu convenable, dans un autel orné de marbres splendides.

Près du sépulcre de saint Pancrace, saint Grégoire le Grand érigea un monastère qui reçut le nom du martyr milanais Victor, pour éviter la confusion avec un autre monastère du Latran, dédié déjà à saint Pancrace.

Il est intéressant de constater que les moines bénédictins envoyés par saint Grégoire le Grand pour convertir l’Angleterre y dédièrent immédiatement une église à saint Pancrace, parmi les premières qu’ils y élevèrent, en souvenir de leur cher monastère du Latran.

Pancrace subit le martyre à l’âge de quatorze ans, sans doute sous Dioclétien, et il fut enseveli par la matrone Octaville dans sa propriété de la voie Aurélienne, où s’élève maintenant la basilique qui porte son nom. On y célèbre la station pour l’Octave de Pâques, jour où les néophytes, nés à une nouvelle enfance spirituelle, déposaient leurs blanches tuniques baptismales. Au moyen âge, c’était l’usage que les serments les plus solennels fussent prononcés sur le tombeau du martyr Pancrace, comme si la candeur ingénue d’une enfance consacrée par le sang du martyre en garantissait mieux la vérité.

Le culte de saint Pancrace fut très répandu à Rome, comme le démontrent entre autres les deux monastères élevés en son honneur. Celui du Latran est parmi les plus anciens, et date probablement des dernières années du patriarche saint Benoît.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Ils se réjouissent de triompher grâce à leur confession du Christ.

Les Saints. — Sainte Domitille était nièce du consul Flavius Clemens qui était cousin de l’empereur Domitien. Elle demeura vierge et fut reléguée à cause de sa foi chrétienne dans l’île Pontia où, au témoignage de saint Jérôme, elle « subit un long martyre » — Les deux frères Nérée et Achillée étaient soldats. « Ils avaient pris le service des armes et ils remplirent un cruel métier en obéissant aux ordres du tyran. Ils déposèrent soudain leur rage. Convertis, ils s’enfuient et quittent le camp infâme de leur général. Ils jettent leur bouclier, leur cuirasse et les armes sanglantes et ils se réjouissent de triompher grâce à leur confession du Christ » (C’est ainsi que le pape saint Damase décrit leur vie dans l’épitaphe qu’il composa). Les actes du martyre de ces saints contiennent sans doute beaucoup d’ornements légendaires, mais le fond est historique. Ils étaient au service de sainte Domitille ; ils auraient été baptisés par saint Pierre ; ils moururent martyrs. Leurs ossements reposent avec ceux de sainte Domitille, dans l’église de leur tombeau.

Saint Pancrace était d’une famille-distinguée. Il avait 14 ans quand il vint à Rome sous le règne des empereurs Dioclétien et Maximien (vers 304). Il y fut baptisé par le pape et instruit dans la foi chrétienne. Arrêté plus tard pour cette raison, il se refusa énergiquement à sacrifier aux idoles et fut condamné à mort. Il offrit avec courage son cou au glaive. La nuit suivante, une pieuse matrone recueillit son corps, l’oignit de baume et l’ensevelit sur la voie Aurelia. Le saint est considéré comme le patron de la fidélité au serment. Au-dessus de sa tombe, le pape Symmaque construisit, vers 500, une basilique qui devint église de station (v. le dimanche blanc : saint Pancrace exhorte les néophytes à rester fidèles à leur serment du baptême). Le saint de la fidélité au serment nous exhorte, nous aussi, à ne faire des serments qu’avec discrétion et à garder fidèlement la parole donnée, à plus forte raison le serment : soyons fidèles aux promesses du baptême, aux engagements du mariage, aux vœux du sacerdoce, au serment professionnel.

L’antique messe a, en plus des textes du commun, de beaux textes propres qui ont une relation particulière avec nos saints martyrs. Le psaume 33 (le Psaume du Bon Pasteur) retentit dans la messe à l’Introït et à la Communion (ceci est toujours un signe de haute antiquité). L’Évangile du fonctionnaire royal a été choisi en considération des saints martyrs qui furent au service de l’empereur, en considération aussi du saint jeune homme Pancrace. A la messe, aussi, « Jésus descend et guérit » ; il nous guérit, comme le fils malade du fonctionnaire royal.

Une antique prédication pour notre fête. — Il y a plus de 1300 ans, le grand pape liturgique, saint Grégoire le Grand, fit une belle homélie sur l’Évangile d’aujourd’hui dans la basilique de nos saints martyrs (la messe remonte donc au moins à cette date). Citons-en quelques extraits : « Frères, honorez dans votre prochain non pas les biens de ce monde, mais plutôt l’image de Dieu. Estimez, en vous et dans les hommes, moins ce qu’ils possèdent que ce qu’ils sont. Voyez ces saints devant la tombe desquels nous nous tenons ; ils ont foulé aux pieds le monde florissant. Ils ont méprisé une longue vie, un bien-être constant, la richesse, la bénédiction des enfants, le repos et le bonheur. Le monde florissait autour d’eux, mais il était déjà flétri dans leur cœur. Voyez, chrétiens, le monde se flétrit et meurt en lui-même : doit-il continuer à être florissant dans vos cœurs ? Partout nous guettent la mort, le chagrin, les tristes soucis ; de tous côtés, nous sommes mortifiés et rassasiés d’amertume. Et pourtant, fous que nous sommes, nous aimons avec des désirs charnels cette amertume ; nous nous attachons à ce monde qui périt. Et comme nous ne pouvons le retenir dans sa chute, nous tombons avec lui. La fragilité du monde nous montre pourtant, d’elle-même, qu’il n’est rien et ne mérite pas qu’on s’y attache. Chers frères, attachez plutôt votre cœur aux choses éternelles afin que vous parveniez à la gloire céleste, puisque vous tenez déjà à la foi par Jésus-Christ, Notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit pendant les siècles des siècles Amen ».

[1] Philipp. IV, 22.

[2] Les Actes de ces deux saints, rédigés plus tard, et dont on a conservé les paroles dans l’Office d’aujourd’hui, les désignent comme attachés au service de Flavia Domitilla en qualité d’eunuques. C’est une méprise de l’écrivain, suffisamment réfutée par les paroles mêmes de saint Grégoire que nous citons plus tas.

[3] Homil. XXVIII in Évang.

[4] Apoc. VII, 14.

[5] Col. I, 24.

[6] Matth. XI, 12.

[7] P. L., XXII, col. 882.

[8] DIE XII MEN MAI. NAT. SCORUM. NEREI ET ACHILEI lec. sci. eu. sec. Mat. k. CLXXXVIIII. Acceserunt ad Ihm. pharisaei temptantes eum usq. non omnes capiunt uerbum sed quib. datum est.

[9] IN NAT. SCI. PANCHRATI lec. sci. Eu. Sec. Ioh. K. CXXXVIII Haec ***tis usq. quia oderunt me gratis. (Lire : Haec mando uobisut diligatis).