Les années bissextiles, la fête de saint Mathias est déplacée au 25 février.
Textes de la Messe |
Sancti Matthiæ |
Saint Mathias |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
C’est le 29 février qui est aujourd’hui le jour intercalaire les années bissextiles : mais l’Eglise a conservé l’ancien usage qui est de doubler le 6ème jour avant les calendes de mars. En effet, c’est ce sixième jour, sexta Kalendas martii qui, doublé ces années là (bis-sexta Kalendas martii) a donné son nom à cette particularité.
Les années bissextiles donc, un décalage se produit au calendrier et la fête de St Mathias, célébrée ordinairement le 24 février, est célébrée le 25 ; sa vigile, célébrée ordinairement le 23, passe donc au 24.
Sancti Matthiæ |
Saint Mathias |
Ant. ad Introitum. Ps. 138, 17. | Introït |
Mihi autem nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principátus eórum. | Selon moi, vos amis ont été plus qu’honorés, ô Dieu ; leur dignité de princes de l’Église a été puissamment établie. |
Ps. ibid., 1-2. | |
Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam. | Seigneur, vous m’avez éprouvé et vous m’avez connu ; vous avez connu mon entrée dans le repos et ma résurrection future. |
V/. Glória Patri. | V/. Gloire au Père. |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui beátum Matthíam Apostolórum tuórum collégio sociásti : tríbue, quǽsumus ; ut, eius interventióne, tuæ circa nos pietátis semper víscera sentiámus. Per Dóminum nostrum. | 0 Dieu, qui avez associé le bienheureux Mathias au collège de vos Apôtres, accordez-nous, s’il vous plaît, que, par son intercession, nous ressentions toujours les effets : de vôtre miséricorde à notre égard. |
Et, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ. | En carême, on fait mémoire de la férie. |
Léctio Actuum Apostolórum. | Lecture du livre des Actes des Apôtres. |
Act 1, 15-26. | |
In diébus illis exsúrgens Petrus in médio fratrum, dixit (erat autem turba hóminum simul, fere centum vigínti) : Viri fratres, opórtet impléri Scriptúram, quam prædíxit Spíritus Sanctus per os David de Iuda, qui fuit dux eórum, qui comprehendérunt Iesum : qui connumerátus erat in nobis, et sortítus est sortem ministérii huius. Et hic quidem possédit agrum de mercéde iniquitátis, et suspénsus crépuit médius : et diffúsa sunt ómnia víscera eius. Et notum factum est ómnibus habitántibus Ierúsalem, ita ut appellarétur ager ille, lingua eórum, Hacéldama, hoc est ager sánguinis. Scriptum est enim in libro Psalmórum : Fiat commorátio eórum desérta, et non sit, qui inhábitet in ea : et episcopátum eius accípiat alter. Opórtet ergo ex his viris, qui nobíscum sunt congregáti in omni témpore, quo intrávit et exívit inter nos Dóminus Iesus, incípiens a baptísmate Ioánnis usque in diem, qua assúmptus est a nobis, testem resurrectiónis eius nobíscum fíeri unum ex istis. Et statuérunt duos, Ioseph qui vocabátur Bársabas, qui cognominátus est Iustus, et Matthíam. Et orántes dixérunt : Tu, Dómine, qui corda nosti ómnium, osténde, quem elégeris ex his duóbus unum, accípere locum ministérii huius et apostolátus, de quo prævaricátus est Iudas, ut abíret in locum suum. Et dedérunt sortes eis, et cécidit sors super Matthíam, et annumerátus est cum úndecim Apóstolis. | En ces jours-là, Pierre, se levant au milieu des frères qui étaient rassemblés au nombre d’environ cent vingt, leur dit : Mes frères, il fallait que s’accomplît ce que le Saint-Esprit a prédit dans l’Ecriture, par la bouche de David, au sujet de Judas, qui a été le guide de ceux qui ont arrêté Jésus. Il était compté parmi nous, et il avait reçu sa part de notre ministère. Cet homme, après avoir acquis un champ avec te salaire du crime, se pendit et se brisa par le milieu, et toutes ses entrailles se répandirent. Le fait a été si connu de tous les habitants de Jérusalem que ce champ a été nommé dans leur langue Haceldama, c’est-à-dire Champ du sang. Car il est écrit dans le livre des Psaumes : Que leur demeure devienne déserte et qu’il n’y ait personne qui l’habite, et qu’un autre reçoive son ministère. Il faut donc que, parmi les hommes qui ont été en notre compagnie pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, à commencer depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection. Ils en présentèrent deux : Joseph appelé Barsabas, surnommé le Juste, et Mathias. Et se mettant en prières, ils dirent : Seigneur, vous qui connaissez les cœurs de tous, montrez lequel de ces deux vous avez choisi pour occuper la part du ministère et de l’apostolat que Judas a quittée par son crime, pour s’en aller en son lieu. Alors ils tirèrent au sort ; et le sort tomba sur Mathias, qui fut mis au rang des onze apôtres. |
Graduale. Ps. 138, 17-18. | Graduel |
Nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principatus eórum. | O Dieu, que vos amis sont singulièrement honorés à mes yeux ! Leur empire- s’est extraordinairement affermi. |
V/. Dinumerábo eos, et super arénam multiplicabúntur. | V/. Si j’entreprends de les compter, leur nombre surpasse celui du sable de la mer. |
Tractus. Ps. 20, 3-4. | Trait. |
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum. | Vous lui avez accordé le désir de son cœur, et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres. |
V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis. | V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions. |
V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso. | V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 11, 25-30. | |
In illo témpore : Respóndens Iesus, dixit : Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus et prudentibus, et revelásti ea parvulis. Ita, Pater : quóniam sic fuit plácitum ante te. Omnia mihi trádita sunt a Patre meo. Et nemo novit Fílium nisi Pater : neque Patrem quis novit nisi Fílius, et cui volúerit Fílius reveláre. Veníte ad me, omnes, qui laborátis et oneráti estis, et ego refíciam vos. Tóllite iugum meum super vos, et díscite a me, quia mitis sum et húmilis corde : et inveniétis réquiem animábus vestris. Iugum enim meum suáve est et onus meum leve. | En ce temps-là Jésus prit la parole et dit : Je vous rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que vous les avez révélées aux petits. Oui, Père, (je vous rends grâce) parce, qu’il vous a plu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et recevez mes leçons, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 44, 17-18. | Offertoire |
Constítues eos príncipes super omnem terram : mémores erunt nóminis tui, Dómine, in omni progénie et generatióne. | Vous les établirez princes sur toute la terre ; ils se souviendront de votre nom, de génération en génération. |
Secreta. | Secrète |
Hóstias tibi, Dómine, quas nómini tuo sacrándas offérimus, sancti Matthíæ Apóstoli tui prosequátur orátio : per quam nos expiári fácias et deféndi. Per Dóminum nostrum. | Que la prière de saint Mathias, votre Apôtre, accompagne, ô Seigneur, ces hosties que nous vous offrons pour être consacrées à votre saint nom, et qu’à cause d’elle, vous nous donniez d’être purifiés et défendus. |
Et, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ. | En carême, on fait mémoire de la férie. |
Præfatio de Apostolis. | Préface des Apôtres . |
Ant. ad Communionem. Matth. 19, 28. | Communion |
Vos, qui secúti estis me, sedébitis super sedes, iudicántes duódecim tribus Israël. | Vous qui m’avez suivi, vous siégerez sur des trônes et vous jugerez les douze tribus d’Israël. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut per hæc sancta, quæ súmpsimus, interveniénte beáto Matthía Apóstolo tuo, véniam consequámur et pacem. Per Dóminum nostrum. | Accordez-nous, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que le bienheureux Mathias, votre Apôtre, intervenant en notre faveur, nous recevions au moyen des saints mystères que nous avons reçus le pardon et la paix. |
Et, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ. | En carême, on fait mémoire de la férie. |
¶ In Missis votivis ante Septuagesimam, vel post Pentecosten, graduale ut supra, sed, omisso tractu, dicitur : | ¶ Aux messes votives avant la Septuagésime ou après la Pentecôte, on dit le graduel ci-dessus, mais on omet le trait et on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 32, 1. Gaudéte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Justes, exultez dans le Seigneur : aux coeurs droits convient sa louange. Alléluia. |
¶ Tempore autem paschali, antiphona ad Introitum, Allelúia cum suis Versibus post Epistolam, necnon antiphonæ ad Offertorium et ad Communionem sumuntur ex Missa Protexísti, de Communi Martyrum 1 loco, reliqua dicuntur ut supra. | ¶ Au temps pascal, l’antienne d’Introït, l’Alléluia et ses versets après l’Epitre, ainsi que les antiennes d’Offertoire et de Communion sont pris de la Messe Protexísti, au 1er Commun des Martyrs, le reste comme ci-dessus. |
A MATINES. avant 1960
Au premier nocturne.
Des Actes des Apôtres. Cap. 1, 15-26.
Première leçon. En ces jours-là, Pierre se levant au milieu des frères (or le nombre des hommes réunis était d’environ cent vingt), dit : Mes frères, il faut que s’accomplisse ce qu’a écrit et prédit l’Esprit-Saint par la bouche de David, touchant Judas, qui a été le guide de ceux qui ont pris Jésus : qui était compté parmi nous, et avait reçu sa part au même ministère. Et il a acquis un champ du salaire de l’iniquité, et s’étant pendu, il a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues.
Deuxième leçon. Et cela a été connu de tous les habitants de Jérusalem, en sorte que ce champ a été appelé en leur langue, Haceldama, c’est-à-dire champ du sang. Car il est écrit au livre 1 des Psaumes : « Que leur demeure devienne déserte, et qu’il n’y ait personne qui l’habite, et que son épisco pat, un autre le reçoive. » Il faut donc que de ceux qui se sont unis à nous pendant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, à commencer du baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé d’au milieu de nous, il y en ait un qui devienne témoin avec nous de sa résurrection.
Troisième leçon. Et ils en présentèrent deux, Joseph, qui s’appelait Barsabas, et qui a été surnommé le Juste, et Mathias. Et, priant, ils dirent : Vous, Seigneur, qui connaissez les cœurs de tous, montrez lequel vous avez choisi, de ces deux, afin de prendre place dans ce ministère et cet apostolat, dans lequel Judas a prévariqué pour s’en aller en son lieu. Et ils leur distribuèrent les sorts, elle sort tomba sur Mathias, et il fut associé aux onze Apôtres.
Un apôtre de Jésus-Christ, Saint Matthias, vient compléter par sa présence le chœur des Bienheureux que l’Église nous invite à honorer en cette saison liturgique. Mathias s’attacha de bonne heure à la suite du Sauveur, et fut témoin de toutes ses œuvres jusqu’à l’Ascension. Il était du nombre des Disciples ; mais le Christ ne l’avait point établi au rang de ses Apôtres. Cependant il était appelé à cette gloire ; car c’était lui que David avait en vue, lorsqu’il prophétisa qu’un autre recevrait l’Épiscopat laissé vacant par la prévarication du traître Judas [1]. Dans l’intervalle qui s’écoula entre l’Ascension de Jésus et la descente de l’Esprit-Saint, le Collège Apostolique dut songer à se compléter, afin que le nombre duodénaire fixé par le Christ se trouvât rempli, au jour où l’Église enivrée de l’Esprit-Saint se déclarerait en face de la Synagogue. Le nouvel Apôtre eut part à toutes les tribulations de ses frères dans Jérusalem ; et, quand le moment de la dispersion des envoyés du Christ fut arrivé, il se dirigea vers les provinces qui lui avaient été données à évangéliser. D’anciennes traditions portent que la Cappadoce et les côtes de la mer Caspienne lui échurent en partage.
Les actions de saint Mathias, ses travaux et ses épreuves sont demeurés inconnus : et c’est pour cette raison que la Liturgie ne donne point, comme pour les autres Apôtres, l’abrégé historique de sa vie dans les Offices divins. Quelques traits de la doctrine du saint Apôtre ont été conservés dans les écrits de Clément d’Alexandrie ; on y trouve une sentence que nous nous ferons un devoir de citer ici, parce qu’elle est en rapport avec les sentiments que l’Église veut nous inspirer en ce saint temps. « Il faut, disait saint Mathias, combattre la chair et se servir d’elle sans la flatter par de coupables satisfactions ; quant à l’âme, nous devons la développer par la foi et par l’intelligence [2]. » En effet, l’équilibre ayant été rompu dans l’homme par le péché, et l’homme extérieur ayant toutes ses tendances en bas, nous ne pouvons rétablir en nous l’image de Dieu qu’en contraignant le corps à subir violemment le joug de l’esprit. Blessé à sa manière par la faute originelle, l’esprit lui-même est entraîné par une pente malheureuse vers les ténèbres. La foi seule l’en fait sortir en l’humiliant, et l’intelligence est la récompense de la foi. C’est en résumé toute la doctrine que l’Église s’attache à nous faire comprendre et pratiquer dans ces jours. Glorifions le saint Apôtre qui vient nous éclairer et nous fortifier. Les mêmes traditions qui nous fournissent quelque lumière sur la carrière apostolique de saint Mathias, nous apprennent que ses travaux furent couronnés de la palme du martyre. Célébrons aujourd’hui son triomphe en empruntant quelques-unes des strophes par lesquelles l’Église grecque, dans les Menées, célèbre son Apostolat.
Sa fête dut pénétrer dans le calendrier romain entre le IXe et le XIe siècle, car, si elle est absente des plus anciens sacramentaires romains, elle se trouve pourtant dans l’Antiphonaire de la basilique vaticane du XIIe siècle. La basilique de Sainte-Marie-Majeure revendique depuis neuf siècles au moins la possession de reliques de saint Mathias, dont l’image en mosaïque fut placée par Eugène III- sur la façade de ce temple. L’antiquité a laissé périr presque entièrement l’histoire de cet Apôtre, dont Clément d’Alexandrie nous a transmis cette belle maxime : il faut épuiser le corps par la mortification l’assujettissant à l’esprit de Jésus Crucifié.
La messe, sauf les lectures et les collectes, emprunte ses textes (antiennes et répons) à d’autres fêtes d’Apôtres.
Dans la prière, on rappelle le mode admirable de l’élection de saint Mathias à l’apostolat, et l’on conjure la divine clémence, par cette miséricorde en vertu de laquelle elle éleva le saint à une dignité aussi sublime, de bien vouloir user de pitié aussi envers nous. « O Dieu qui associâtes le bienheureux Mathias au collège de vos Apôtres ; faites, par son intercession, que nous expérimentions toujours les effets de votre amour pour nous. Par notre Seigneur. »
La lecture des Actes des Apôtres (I, 15-26) concerne l’élection de Mathias, destiné à occuper la place du traître Judas ; il faut observer que Mathias tient seulement le second rang parmi les candidats présentés par l’assemblée des fidèles aux Apôtres. Et pourtant, l’Esprit Saint écarte la candidature de Joseph le Juste et choisit au contraire saint Mathias, comme pour insinuer que ses complaisances sont pour les humbles, pour ceux que les hommes apprécient moins, et qui correspondent avec d’autant plus de souplesse et de docilité à l’impulsion de la grâce qu’ils paraissent plus faibles.
Aujourd’hui la lecture évangélique (Matth., XI, 25-30) met bien en relief le mérite de Mathias, l’opposant à celui dont il prit la place. Celui-ci était un économe habile, prudent selon le siècle et ayant été élevé à la dignité de l’apostolat ; tout laissait croire qu’il aurait eu un splendide avenu-. Mathias ne se distinguait point, alors, de la foule des disciples de Jésus, et rien ne faisait présager la possibilité de son sort futur. Et pourtant, malgré l’apparence extérieure et le jugement des hommes, Judas, au témoignage même du Sauveur, était déjà un démon, réprouvé pour sa maligne obstination, tandis que Mathias, le prosélyte obscur et oublié, était déjà inscrit dans le ciel au catalogue des douze Apôtres et des douze pierres fondamentales de l’Église.
La prière sur l’oblation, avant de commencer l’anaphore, est la suivante : « Que la prière de votre saint apôtre Mathias accompagne, Seigneur, l’hostie que nous vous consacrons aujourd’hui ; et que le mérite de cette prière nous purifie et nous défende. » Dans certains sacramentaires, nous trouvons la collecte suivante : Deus, qui proditoris apostatae ruinam, ne Apostolorum tuorum numerus sacratus perfectione careret, beati Matthiae electione supplesti ; praesentia munera sanctifica, et per ea nos gratiae tuae vinute confirma.
On dit la préface est celle des Apôtres. Les sacramentaires nous donnent ce texte : ... aeterne Deus : et te laudare mirabilem Deum in beatis Apostolis tuis, in quibus glorificatus es vehementer ; per quos Unigeniti tui sacrum Corpus colligis, et in quibus Ecclesiae tuae fundamenta constituis. Unde poscimus clementiam tuam, piissime, omnipotens Deus, ut intercessione beati Apostoli tui Matthiae cuius passionis triumphum solemniter celebramus, mereamur a peccatorum nostrorum nexibus solvi, et aeternae vitae felicitati reddi, atque Sanctorum tuorum, cœtibus connumerari. Per Quem.
Le verset pour la communion est le suivant (Matth., XIX, 28) : « Vous qui m’avez suivi, vous serez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël. » Le mérite des saints Apôtres n’est pas tant d’avoir tout abandonné, ce qu’ont fait aussi, selon l’observation de saint Jérôme, les philosophes cyniques, mais d’avoir suivi le Christ, ce qui est propre à ceux-là seulement qui ont une grande foi.
Après la communion, on récite la collecte suivante : « Dieu tout-puissant, par l’intercession de votre bienheureux apôtre Mathias, faites que le Sacrement que nous avons reçu nous obtienne pardon et réconciliation. » Les sacramentaires assignent en outre la suivante Oratio super populum. — Percipiat, Domine, quaesumus, populus tuus, intercedente beato Mathia Apostolo tuo misericordiam quam deposcit, et quam precatur humiliter, indulgentiam consequatur et pacem.
Quand Mathias insinuait si énergiquement la nécessité d’assujettir le corps à l’âme, il devait avoir bien vivante devant lui l’image de Jésus Crucifié. En effet, aucun autre argument n’est aussi efficace pour nous convaincre de la nécessité de la mortification chrétienne, que la pensée que le Christ lui-même, avant d’entrer dans sa gloire, oportuit pati, jusqu’à devenir l’Homme des douleurs.
Un prédicateur de la Résurrection du Christ.
Saint Mathias. Autrefois, saint Mathias n’était pas honoré à l’égal des douze Apôtres, car le nombre douze était déjà rempli par saint Paul. On le nommait parmi les hommes apostoliques, comme Étienne et Barnabé. C’est pourquoi son nom ne se trouve pas dans la première, mais dans la seconde liste des saints du Canon romain. C’est S. Pie V qui donna une vigile à sa fête et plaça cette fête sur le même rang que celle des autres Apôtres. Aussi nous interrompons, aujourd’hui, l’austérité des jours de pénitence pour célébrer la fête d’Apôtre. (Nous n’avons pas le droit aujourd’hui de célébrer la messe de Carême : nous lirons, à la fin, l’Évangile du Carême et nous ferons mémoire de la férie). Saint Mathias ne fut admis qu’après l’Ascension dans le collège apostolique, à la place du traître Judas. Les Apôtres et les disciples étaient rassemblés dans le Cénacle et se préparaient à la descente du Saint. Esprit. C’est dans ces jours qu’eut lieu l’élection de Mathias. Nous ne savons rien sur le sort ultérieur de l’Apôtre. Comme les autres Apôtres, il s’en alla dans les pays païens et répandit la semence de la parole divine dans les cœurs des hommes. Il annonça peut-être l’Évangile en Éthiopie. Clément d’Alexandrie nous a transmis une parole de lui : « Affaiblissez le corps par la mortification afin que l’esprit soit soumis au Crucifié. » Il mourut martyr pour le Christ. D’après d’anciens récits, l’impératrice sainte Hélène emporta une partie de ses reliques à Rome et la plus grande partie à Trèves, en Allemagne, où elles sont honorées dans l’église de Saint-Mathias.
La messe (Mihi autem). Dans l’Introït, l’Église célèbre les Apôtres, ces « amis » de Dieu, ces « princes » du royaume du ciel. La leçon raconte l’élection de l’Apôtre Mathias. Au Graduel, nous voyons la masse innombrable des fidèles que la prédication de l’Apôtre a gagnés au royaume de Dieu. A l’Évangile, nous sommes, avec l’Apôtre, ces « petits » auxquels le Père a « révélé » ses secrets et les révèle encore aujourd’hui à la messe. Nous voyons en même temps se dresser devant nous la noble et douce image du Christ, telle qu’il l’a dessinée lui-même et qui, au sacrifice, devient réalité et présence : « Venez à mon école, car je suis doux et humble de cœur. » A l’Offertoire, nous nous réjouissons du grand succès du travail apostolique. La parole des Apôtres a retenti dans le monde entier. A la Communion, nous participons mystiquement à l’exaltation des Apôtres.
Mathias fut élu pour être « prédicateur de la Résurrection du Christ ». C’était la tâche principale du nouvel Apôtre et cette tâche est encore la sienne. Chaque fête d’Apôtre est une prédication saisissante de l’œuvre salutaire du Christ, de sa mort et de sa Résurrection. Nous aussi, nous devons être des prédicateurs de la Résurrection du Christ, par notre foi, par notre espérance de la résurrection future et surtout par notre vie chrétienne. Quand, par nos œuvres, nous « recherchons ce qui est en haut », nous prêchons la Résurrection.