Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Lecons des Matines |
La Messe |
Déposition en 1267. Fondateur des Silvestrins. Culte reconnu en 1598, fête en 1890.
Dieu, souvent, amène le monde à ceux qui le fuient ; Silvestre Gozzolini, après bien d’autres, en fait aujourd’hui l’expérience. C’est l’heure où la terre, émerveillée par la sainteté, l’éloquence des Ordres nouveaux, semble, au XIIIe siècle , oublier les moines et le chemin du désert ; Dieu, qui n’oublie pas, conduit silencieusement son élu dans la solitude, et derechef la solitude tressaille et fleurit comme le lis [1]. Mains languissantes, genoux débiles des fils du cloître, la force vous est rendue [2]. L’austérité des vieux âges, la ferveur des oraisons prolongées revivent à Monte-Fano, et se propagent en soixante autres monastères ; une nouvelle famille religieuse, celle des Silvestrins [3], reconnaissable au vêtement bleu qui la distingue de ses aînées, acclame après sept siècles écoulés Benoît, le patriarche du Cassin, comme législateur et comme père.
Combien sont vaines noblesse et beauté, la mort, en vous le révélant, ouvrit devant vous les sentiers de la vie. La futilité d’un monde qu’abuse le mirage de plaisirs trompeurs, ne saurait comprendre l’Évangile qui remet au delà du temps la béatitude, et fait du renoncement, de l’abaissement, de la croix, le chemin pour y parvenir. Avec l’Église nous demandons au Dieu très clément qu’il veuille, en considération de vos mérites, nous donner de mépriser comme vous les félicités sitôt dissipées de la terre, pour jouir un jour en votre compagnie de l’éternel et vrai bonheur. Daignez appuyer nos supplications de votre prière.
Nous attendons de Celui qui vous a glorifié qu’il bénisse et multiplie vos fils, qu’il soutienne avec eux tout l’Ordre monastique, toute famille religieuse, dans les angoisses du temps présent. Saint Abbé, reconnaissez par des bienfaits nouveaux la confiance du Pontife suprême étendant votre culte à l’Église entière en ces tristes jours.
La fête de ce saint abbé du Mont-Fano, près de Fabriano, fut introduite dans le calendrier sous Léon XIII, qui voulut de la sorte lui accorder les honneurs que l’Église a accoutumé de rendre aux fondateurs d’Ordres religieux.
Au XIIIe siècle, alors que nombreux étaient, en Italie, les monastères bénédictins déchus de ce haut degré de sainteté et de science qu’ils avaient atteint durant les siècles précédents, saint Silvestre sut donner une vie nouvelle au vieux tronc de l’arbre planté par le saint patriarche du Mont-Cassin, en fondant une jeune famille religieuse qui, par la suite, avec la bénédiction de Dieu, se répandit en divers monastères et reçut du Seigneur la grâce de la fécondité des saints. La messe Os iusti est celle du Commun des Abbés ; seules les collectes sont propres, mais elles révèlent le goût liturgique moderne. Les deux dernières, en particulier, ne nous disent rien de spécial, et on ne sait vraiment pas pourquoi le rédacteur les a préférées aux prières du Commun. Collecte — « O Dieu très clément, qui avez appelé à la solitude le bienheureux Abbé Sylvestre, tandis qu’il méditait devant un tombeau ouvert la vanité de ce monde, et qui avez daigné l’orner des mérites d’une vie très sainte ; nous vous supplions de faire que, méprisant à son exemple les .biens de la terre, nous jouissions du bonheur de votre éternelle compagnie. »
L’allusion historique contenue dans cette collecte se rapporte à ce qui est raconté dans la vie de saint Silvestre. Tandis qu’il assistait un jour aux funérailles d’un parent, regardant le cadavre défiguré il commença de réfléchir, et il se dit : Ego sum quod hic fuit ; quod hic est, ego ero : Je suis à présent ce que celui-ci fut naguère ; bientôt je serai moi aussi ce qu’il est maintenant. Cette bonne pensée suffit pour le décider à laisser le monde aux hommes vains et à se faire moine. Tant est grande la force d’une bonne pensée, quand elle ne demeure pas simplement à l’état de pensée, mais est exécutée avec diligence.
Parmi les exemples des Saints que nous devons imiter, se trouve leur persévérance dans le bien. Saint Silvestre mourut presque nonagénaire, le 26 novembre 1267 ; mais, durant sa longue vie monastique il ne s’arrêta jamais, ne se relâcha jamais de sa ferveur première par ennui ou par lassitude.
Jour de mort : 26 novembre 1267. Tombeau : dans le monastère qu’il a fondé au Monte Fano (Italie). Vie : Saint Silvestre fut Abbé et fondateur de l’Ordre des Silvestrins, une branche réformée de l’Ordre de Saint Benoît. Assistant un jour aux funérailles d’un noble qui était son parent, et voyant dans le cercueil ouvert le cadavre inanimé de celui qui avait été un bel homme, il s’écria : “Je suis ce qu’il était ; mais je serai aussi ce qu’il est.” Aussitôt après la cérémonie, la parole du Seigneur lui revint à l’esprit : “Quiconque veut me suivre, qu’il se renonce à soi-même, prenne sa croix, et qu’alors il me suive” (Matth., 16, 24). Il se retira alors dans la solitude (Grotta fucile, près d’Osimo), pour travailler à l’œuvre de la perfection. Il mourut à l’âge de 90 ans en 1267. Les membres de son Ordre portent le costume des Bénédictins, mais de couleur bleue turquoise. L’Oraison rappelle que saint Silvestre comprit le néant de ce monde sur le bord d’une tombe ouverte et qu’il se retira dans la solitude. Comme cette pensée de la mort convient bien à la fin de l’année ecclésiastique ! Nous devrions aujourd’hui, en la fête liturgique de saint Silvestre, faire un retour sur l’année écoulée : Comme le monde, avec toute sa pompe, nous paraîtra alors peu de chose !
Leçons des Matines (avant 1960)
Quatrième leçon. Sylvestre naquit de parents nobles, à Osimo dans la Marche d’Ancône. Dès son enfance, il se fit remarquer par ses succès dans les lettres et par la pureté de ses mœurs. Quand il fut arrivé à l’adolescence, ses parents l’envoyèrent à Bologne pour s’instruire du droit ; mais, ayant étudié les saintes lettres, pour obéir à un avertissement de Dieu, Sylvestre encourut la colère de son père, et la supporta avec résignation pendant dix années entières. Son rare mérite engagea les chanoines de la cathédrale d’Osimo à l’associer à leur dignité, et dans cette fonction, il se rendit utile au peuple par ses prières, ses exemples et ses prédications.
Cinquième leçon. Assisté tant un jour aux funérailles d’un homme illustre, son parent, et considérant dans le cercueil découvert, le cadavre de cet homme, autrefois remarquable par sa beauté, mais alors défiguré, il se dit : « Je suis ce qu’a été celui-ci ; ce qu’il est maintenant, je le serai. » Puis, à l’issue de la cérémonie funèbre, se rappelant cette parole du Seigneur : « Que celui qui veut venir auprès moi se renonce, prenne sa croix et me suive », il se retira dans un lieu désert, pour s’y appliquer à la pratique d’une vie plus parfaite. Dans sa solitude, il se livra aux veilles, aux jeûnes et à la prière, ne prenant souvent pour toute nourriture que des herbes crues. Pour mieux se dérober aux hommes, il changea plusieurs fois de retraite, et s’arrêta enfin à Monte-Fano, lieu alors désert, quoique voisin de Fabriano. Il y éleva une église en l’honneur du très saint père Benoît, et jeta les fondements de la congrégation des religieux Sylvestriens, sous la règle et l’habit que le même Saint lui avait montrés dans une vision.
Sixième leçon. Satan, voyant avec jalousie tant d’œuvres de piété, s’efforça à plusieurs reprises de jeter le trouble et la frayeur parmi les moines, en secouant violemment pendant la nuit les portes du monastère. Mais l’homme de Dieu repoussa si bien les attaques de l’ennemi, que ses disciples n’en devinrent que plus fermes dans leur sainte vocation et connurent davantage la sainteté de leur père. On voyait briller en lui l’esprit de prophétie, ainsi que d’autres dons surnaturels. En les conservant par une humilité profonde, il excita contre lui la rage du démon, qui le précipita du haut de l’escalier de l’oratoire : sa mort était presque certaine, mais la puissante intervention de la sainte Vierge le fit sortir sain et sauf de ce danger. En reconnaissance de ce bienfait, il ne cessa, jusqu’à son dernier soupir, de l’honorer d’un culte tout spécial. Illustre par sa sainteté et ses miracles, il rendit son âme à Dieu, âgé de près de quatre-vingt-dix ans, l’an du salut mil deux cent soixante-sept, le sixième jour des calendes de décembre. Le souverain Pontife Léon XIII étendit à l’Église universelle l’Office et la Messe de saint Sylvestre.
Missa Os iusti, de Communi Abbatum, cum orationibus ut infra : | Messe Os iusti, du Commun des Abbés, avec les oraisons ci-dessous : |
Oratio. | Collecte |
Clementíssime Deus, qui sanctum Silvéstrum Abbátem, sǽculi huius vanitátem in apérto túmulo pie meditántem, ad erémum vocáre et præcláris vitæ méritis decoráre dignátus es : te súpplices exorámus ; ut, eius exémplo terréna despiciéntes, tui consórtio perfruámur ætérno. Per Dóminum. | O Dieu très clément, qui avez appelé à la solitude le bienheureux Abbé Sylvestre, tandis qu’il méditait devant un tombeau ouvert la vanité de ce monde, et qui avez daigné l’orner des mérites d’une vie très sainte ; nous vous supplions de faire que, méprisant à son exemple les .biens de la terre, nous jouissions du bonheur de votre éternelle compagnie. |
Et fit commemoratio S. Petri Alexandrini Episcopi et Martyris : | Et on fait mémoire de S. Pierre d’Alexandrie, Évêque et Martyr : |
Oratio. | Collecte |
Infirmitátem nostram réspice, omnípotens Deus : et, quia pondus própriæ actiónis gravat, beáti Petri Martyris tui atque Pontíficis intercéssio gloriósa nos prótegat. Per Dóminum. | Dieu tout-puissant, regardez notre faiblesse ; et parce que le poids de nos péchés nous accable, fortifiez-nous par la glorieuse intercession du bienheureux Pierre, votre Martyr et Pontife. |
Secreta P | Secrète |
Quǽsumus, Dómine : ut, dum hæc múnera divínæ maiestáti tuæ reverénter offérimus ; pia mentis præparatióne et cordis puritáte, beáti Silvéstri Abbátis imitatóres effécti, Corpus et Sánguinem Fílii tui sancte percípere mereámur : Qui tecum vivit et regnat. | Nous vous demandons, Seigneur, qu’en offrant respectueusement ces dons à votre divine majesté, nous devenions par la pieuse préparation de l’âme et la pureté du cœur les imitateurs du bienheureux Abbé Sylvestre et méritions de recevoir saintement le Corps et le Sang de votre Fils. |
Pro S. Petro Alexandrino | Pour S. Pierre d’Alexandrie |
Secreta | Secrète |
Hóstias tibi, Dómine, beáti Petri Mártyris tui atque Pontíficis dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum. | Seigneur, acceptez dans votre bonté ces hosties qui vous sont offertes en mémoire des mérites du bienheureux Pierre votre Martyr et Pontife ; et faites qu’elles nous obtiennent une continuelle assistance. |
Postcommunio P | Postcommunion |
Divína dape reféctis tríbue, quǽsumus, Dómine : sancti Silvéstri Abbátis vestígiis ita inhærére ; ut copiósam mercédem in regno glóriæ tuæ cum Sanctis habeámus. Per Dóminum. | Nourris au divin banquet, nous vous en supplions. Seigneur, accordez-nous de marcher sur les traces du saint abbé Sylvestre de telle sorte que nous ayons, avec vos saints, dans le royaume de votre gloire, la récompense abondante. |
Pro S. Petro Alexandrino | Pour S. Pierre d’Alexandrie |
Postcommunio | Postcommunion |
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto Petro Mártyre tuo atque Pontífice, sentiámus efféctum. Per Dóminum. | Rassasiés par la participation à ce don sacré, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, par l’intercession du bienheureux Pierre, votre Martyr et Pontife, de nous faire ressentir l’effet du sacrifice que nous célébrons. |