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08/11 Octave de la Toussaint

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

L’Octave de la Toussaint, instituée par Sixte IV à la fin du XVe siècle fut supprimée en 1955, nous le signalons pour les textes patristiques lus au bréviaire pendant cette huitaine (notamment l’homélie sur le Sermon sur la Montagne de St Augustin, lue en continu du 1er au 8 novembre, sauf le 2, commémoraison des Fidèles trépassés, et le 4, fête de st Charles Borromée)

Textes de la Messe

Comme au jour de la fête.

Office

A MATINES. avant 1955

Au deuxième nocturne.

Du livre de saint Cyprien, Évêque et Martyr, sur la Mortalité.

Quatrième leçon. Il faut, bien-aimés frères, considérer et méditer souvent que nous avons renoncé au monde, et que nous sommets ici-bas en passant, comme étrangers et voyageurs. Aimons le jour qui établit chacun dans sa vraie demeure, le jour qui, nous ayant retirés de cette terre et arrachée aux pièges de ce siècle, nous réintègre dans le paradis et le royaume des cieux. Quel homme, se trouvant à l’étranger, n’aurait hâte de revenir dans sa patrie ? Quel homme, se jetant sur un vaisseau pour aller revoir les siens, ne souhaiterait avec ardeur un vent favorable, afin de pouvoir embrasser bientôt ceux qu’il aime ?

Cinquième leçon. Nous regardons le ciel comme notre patrie, nous y avons déjà nos pères, les Patriarches ; pourquoi ne pas nous élancer et courir, afin de voir notre patrie, afin de pouvoir saluer nos pères ? Nous sommes attendus là par un grand nombre d’amis ; nous y sommes désirés par la foule considérable et pressée de nos pères et de nos mères, de nos frères, de nos enfants, qui, assurés de leur immortalité bienheureuse, ne sont plus en peine que de notre salut. Quelle joie, et pour eux et pour nous tout ensemble, quand il nous sera permis enfin de les voir et de les embrasser dans ce céleste royaume, sans craindre de mourir, assuré qu’on est de vivre toujours ! Quelle souveraine et perpétuelle félicité !

Sixième leçon. Là est le glorieux collège des Apôtres ; là, le cortège imposant des Prophètes, transportés de joie ; là, un peuple innombrable de Martyrs, couronnés pour leurs victoires dans les combats et les souffrances. Là triomphent les Vierges qui, par la vertu de la continence, ont réduit la concupiscence de la chair et des appétits sensuels. Là, sont récompensés les miséricordieux qui, en donnant aux pauvres des aliments et des secours, ont pratiqué les œuvres de justice, et, observateurs des divins préceptes, ont transporté leurs patrimoines terrestres dans les trésors du ciel. Allons à eux, frères bien-aimés, courons-y pleins d’ardeur, et souhaitons d’être promptement avec eux, pour avoir le bonheur d’être bientôt auprès du Christ.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 5, 1-12.

En ce temps-là : Jésus, voyant la foule, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, les disciples s’approchèrent de lui. Et le reste.

De l’Homélie de saint Augustin, Évêque.

Septième leçon. « Vous serez heureux, lorsque les hommes vous maudiront et vous persécuteront et diront faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez remplis d’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux. » Que celui qui cherche, dans la profession chrétienne, les délices de ce siècle et la jouissance des biens temporels, remarque bien que notre félicité est tout intérieure, ainsi qu’une voix prophétique l’a déclaré de l’âme qui appartient à l’Église : « Toute la gloire de la fille du roi lui vient du dedans. » Au dehors, ce qui est promis, ce sont les injures, les persécutions, les calomnies, pour lesquelles néanmoins, il y a dans les cieux une grande récompense, récompense qui, dès cette vie, a son avant-goût dans le cœur de ceux qui souffrent, de ceux qui déjà peuvent dire : « Nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience ; la patience, l’épreuve ; et l’épreuve, l’espérance ; or, l’espérance ne confond point, parce que la charité de Dieu a été répandue en nos cœurs, par l’Esprit-Saint qui nous a été donné »

Huitième leçon. Car le fruit de ces souffrances ne vient pas de ce qu’elles ont été subies, mais de ce qu’on les a supportées pour le nom du Christ, non seulement sans plainte, mais encore avec joie. En effet, plusieurs hérétiques, trompant les âmes par le faux prestige du nom de chrétien, ont souffert bien des choses de ce genre ; mais ils sont exclus de cette récompense, par cette raison qu’au lieu de dire simplement : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution, » notre Seigneur a ajouté « pour la justice. » Or, où n’existe pas la vraie foi, ne peut exister la justice, puisque « le juste vit de la foi. » Et que les schismatiques non plus ne se promettent rien de cette récompense, parce que, pareillement, où n’existe pas la charité, ne peut exister la justice : « car l’amour du prochain n’opère pas le mal, » et s’ils l’avaient cet amour, ils ne déchireraient pas le corps du Christ, qui est l’Église.

Neuvième leçon. Des Quatre Saints Couronnés commémorés ce jour.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Quelle conclusion donner aux enseignements de l’Octave qui va finir, sinon celle que formule elle-même aujourd’hui la Liturgie sainte ? « Étrangers et pèlerins sur la terre, saluons du cœur et de la pensée le jour qui doit nous rendre à tous une demeure stable en nous ouvrant le paradis. Qui, loin de la patrie, ne hâterait le retour ? Qui, naviguant vers les siens, n’appellerait lèvent favorable et ne souhaiterait d’embrasser au plus tôt ses bien-aimés ? Parents, frères, fils, amis nombreux, nous attendent et désirent en la patrie des cieux : foule fortunée, déjà sûre de l’immortalité bienheureuse, encore anxieuse à notre endroit. Quelle joie pour eux, quelle joie pour nous, quand nous pourrons les voir enfin, quand ils pourront nous serrer dans leurs bras ! Plus rien, dans ce royaume du ciel, que bonheur à goûter ensemble ; plus de crainte de mourir ; plus rien que l’éternelle et souveraine félicité ! Que tous nos désirs tendent à cet unique but : rejoindre les saints, pour avec eux posséder le Christ [1]. »

A ces effusions que l’Église emprunte au beau livre de saint Cyprien sur la Mortalité, font écho, dans l’Office de la nuit, les fortes paroles de saint Augustin rappelant, consolation sublime, au fidèle que l’exil menace de retenir encore, la vraie compensation, la grande béatitude de cette terre : la béatitude de ceux que le monde persécute et maudit. Souffrir pour le Christ avec joie, c’est la gloire du chrétien, l’invisible beauté qui vaut à son âme les divines complaisances et lui assure une grande récompense dans les cieux [2].

Que celui qui nuit nuise encore, dit le Seigneur, et que le souillé se souille encore ; et que le juste se justifie encore ; et que le saint se sanctifie encore. Voici que je viendrai bientôt, et ma récompense avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres, moi l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin [3]. Patience donc à nous chrétiens, patience aux méprisés de l’heure présente ! Le temps est court ; la figure de ce monde passe [4]. Voyons du haut de notre baptême les insensés qui se croient forts parce qu’ils ont à leur disposition la violence, qui se disent sages parce que le plaisir est leur unique loi. Quand d’un souffle de sa bouche l’Homme-Dieu fera justice de leur chef [5], leur part sera la sentence indignée qu’entendit le prophète de Pathmos : Arrière, chiens ! dehors les empoisonneurs et les menteurs [6] !

Et ce pendant la création entière, la création dont ils avaient fait l’esclave gémissante de leur corruption [7], répondra par un chant de délivrance à leur chute honteuse. Elle-même, réhabilitée, se transformera en de nouveaux cieux, en une terre nouvelle [8]. Elle participera de la gloire des enfants de Dieu délivrés comme elle [9] et portera dignement la nouvelle Jérusalem, la sainte cité où dans nos corps nous verrons Dieu [10], où siégeant à la droite du Père dans le Christ Jésus [11], l’humanité glorifiée jouira pour jamais des honneurs d’Épouse.

Séville nous donnera, pour honorer les Saints, la Séquence qu’elle chanta longtemps en ce jour de l’Octave.

SÉQUENCE.
Qu’a l’honneur du Sauveur chante cette assemblée ; qu’elle chante au dedans en son cœur, que sa voix retentisse au dehors ; douce sera la mélodie, pourvu que s’accordent ces trois : le cœur, la bouche et la conduite.
Admirable est Dieu dans ses saints. Si cependant pour finir il les comble de tant de biens, comment donc en cette vie les laisse-t-il respirer à peine sous l’épreuve et sous la douleur ?
Comment s’accorde, ô Christ, avec l’amour une haine qui vous fait juger bon de les accabler par tous les genres de souffrance, de les laisser broyer dans les tourments, de permettre qu’ils meurent de la plus cruelle mort ?
Mais non, ce n’est pas haine : il veut savoir de quel amour chacun à son service est animé ; lui les aime tous, et cependant éprouve dans la fatigue et le combat leur degré de fidélité.
Ils luttent donc contre le monde, contre l’ennemi réprouvé et immonde, contre les vices aussi de la chair : lutte virile où se forment à la vertu confesseurs et aussi martyrs.
Au martyr le combat spécial que lui vaut le dernier supplice ; mais au confesseur parfois c’est le licteur qui se dérobe, pour le laisser aux prises avec les passions.
Combattent donc pour l’amour du Christ et ceux-ci, et ceux-là, quel que soit leur sexe : à qui peine plus en la lutte, revient pour son labeur plus belle couronne et meilleure récompense.
Tous ils sont les élus de Dieu ; qu’il daigne se laisser fléchir en considération de leurs mérites et prières, pour qu’au jour du terrible avènement, son courroux ne nous livre pas aux bourreaux d’enfer.
Mais que notre lyre soit admise à le louer dans la compagnie des habitants des cieux. Amen.

Prions toujours pour nos chers disparus. Les Missels de diverses Églises nous fournissent à cette fin la pièce qui suit, aux accents d’une supplication si instante.

SÉQUENCE.
Du fond de l’abîme nous crions ; Christ, entendez nos voix du haut des cieux : pour tous les fidèles défunts la Mère Église vous prie et supplie à cette heure.
Que votre oreille soit donc attentive, et qu’elle écoute cette voix suppliante : ô Roi de gloire, cette voix vous prie pour vos fidèles et vous demande d’alléger aujourd’hui leurs maux.
Bien que pécheurs, bien qu’indignes même de subsister, si vous considérez nos vices : que produise cependant ses fruits de salut fa victime offerte par nous à cette heure pour les trépassés.
L’hostie offerte par vous au Père, c’est elle que nous-mêmes aussi nous offrons : qu’elle leur soit secourable ; oui, soyez-leur secourable, ô Jésus, déliez les liens de leurs péchés dans votre puissance.
A cause de la loi que vous avez donnée, ceux qui furent l’œuvre de vos mains vous attendent : écartez d’eux les supplices ; ils vous attendent, délivrez-les ; en vous ils espèrent, conduisez-les aux palais des cieux.
En vous ils espèrent, en vous ils croient, vers vous ils tendent et ils soupirent du fond de leur misère ; qu’en vous le jour, qu’en vous la nuit, qu en vous le matin et le soir ils se confient.
Nous vous le demandons : qu’abonde en vous la miséricorde implorée ; Christ, cette assemblée vous supplie prosternée de les délivrer de tout mal.
Daigne vous prier la reine des reines, l’impératrice votre mère ; que par Marie nous soient obtenues nos demandes. Bon Jésus, Roi de gloire, que tous les Saints, spécialement en ce jour, implorent de vous pour eux la grâce désirée.
C’est par pitié pour les pécheurs que sur la croix vous êtes monté : écoutez miséricordieusement les prières et les cris de notre dévote assemblée. Que par vous soient brisées les chaînes, détruites les portes de la mort, confondus les démons : que par vous les âmes entrent en possession des joies éternelles. Amen.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Combien glorieux est le royaume où tous les saints exultent avec le Christ, vêtus de blanc, ils suivent l’Agneau partout où il va »

Le Jour Octave. — Le dernier jour de l’octave réunit encore une fois toutes les pensées de la fête et nous fait terminer celle-ci avec une plus grande solennité. Aujourd’hui, nous entendons un magnifique Sermon sur la mort de la bouche de saint Cyprien, évêque de Carthage. Lui, qui a subi avec joie la mort pour le Christ, peut nous communiquer, également avec des paroles, la grâce d’une sainte mort : « Il nous faut considérer, mes frères bien aimés, et y penser toujours davantage, que nous avons renoncé au monde et que nous sommes ici-bas en passant comme des hôtes et des étrangers. Embrassons par la pensée le jour qui conduit chacun de nous à sa demeure. Qui donc, puisqu’il est en terre étrangère, ne voudrait se hâter de retourner dans la patrie ? Qui donc, puisqu’il se hâte de naviguer pour rejoindre les siens, ne souhaiterait de toute son ardeur un vent favorable pour pouvoir le plus vite possible embrasser les siens ? Nous considérons le paradis comme notre patrie ; nous avons déjà commencé à reconnaître les Patriarches comme nos pères. Pourquoi n’avons-nous pas hâte de voir notre patrie et d’embrasser nos pères ? Là nous attend un grand nombre d’êtres chers. Une grande et nombreuse foule de pères, de frères et d’enfants désire notre venue, déjà tranquille sur son immortalité, mais soucieuse encore au sujet de notre salut. Les voir et les embrasser, quelle grande joie à la fois pour eux et pour nous ! Quelles délices dans le royaume céleste que mourir sans crainte et vivre éternellement ! Quelle grande et perpétuelle félicité ! Là est le chœur glorieux des apôtres ; là est la foule des prophètes bienheureux ; là est le peuple innombrable des martyrs couronnés à cause de leur victoire dans le combat et la mort. Là sont les vierges triomphantes qui ont dompté la concupiscence de la chair et se sont soumises à la chasteté. Sont récompensés les miséricordieux qui, en donnant de la nourriture et des aumônes aux pauvres, ont pratiqué les œuvres de la justice, qui, en observant les préceptes du Seigneur, ont transformé les trésors de la terre en biens célestes. Hâtons-nous vers eux, mes frères bien aimés, de toute l’ardeur de nos désirs, et souhaitons de les rejoindre bien vite afin d’avoir aussi bien vite la bonne fortune d’être réunis au Christ. » Comme cette lecture concorde bien, en ce temps de l’automne ecclésiastique, avec le désir de la parousie !

[1] Lectiones IIi Noct. ex Cypriano, de Mortalitate, XXVI.

[2] Homilia IIIi Noct. ex Augustino, de Sermone Domini in monte, L. I, c. V.

[3] Apoc. XXII, 11-13.

[4] I Cor. VII, 29-31.

[5] II Thess. II, 8.

[6] Apoc. XXII, 15.

[7] Rom. VIII, 20-22.

[8] Apoc. XXI, 1.

[9] Rom. ibid.

[10] Job. XIX, 26.

[11] Eph. I, 20 ; II, 6.