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19/01 Sts Marius, Marthe, Audifax et Abachus, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

A Rome, ce groupe de martyrs d’origine persane vit son culte local s’étendre à partir du VIe siècle à la faveur de la translation de leurs reliques.

Textes de la Messe

die 19 ianuarii
le 19 janvier
Ss. Marii, Marthæ, Audifacis et Abachum
Sts Marius, Marthe, Audifax et Abachus
Martyrum
Martyrs
Commemoratio (ante CR 1960 : simplex)
Commémoraison (avant 1960 : simple)
Ant. ad Introitum. Ps. 67, 4.Introït
Iusti epuléntur et exsúltent in conspéctu Dei et delecténtur in lætítia.Les justes prendront part au festin et exulteront en présence de Dieu ; ils goûteront de grandes délices dans leur joie.
Ps. ibid., 2.
Exsúrgat Deus, et dissipéntur inimíci eius : et fúgiant qui odérunt eum, a fácie eius.Que Dieu se lève et ses ennemis seront dispersés ; qu’ils fuient devant sa face, ceux qui l’ont haï.
V/. Glória Patri.
OratioCollecte
Exáudi, Dómine, pópulum tuum cum Sanctórum tuórum patrocínio supplicántem : ut et temporális vitæ nos tríbuas pace gaudére ; et ætérnæ reperíre subsídium. Per Dóminum.Exaucez, Seigneur, les supplications que votre peuple vous adresse sous le patronage de vos Saints, afin que vous nous fassiez jouir de la paix dans la vie présente et que vous nous accordiez votre secours pour arriver à la vie éternelle.
Et fit commemoratio S. Canuti Regis :Et on fait mémoire de St Canut, Roi :
Oratio.Collecte
Deus, qui ad illustrándam Ecclésiam tuam beátum Canútum regem martýrii palma et gloriósis miráculis decoráre dignátus es : concéde propítius ; ut, sicut ipse Domínicæ passiónis imitátor fuit, ita nos, per eius vestígia gradiéntes, ad gáudia sempitérna perveníre mereámur. Per eúndem Dóminum.O Dieu, qui pour la gloire de votre Église, avez daigné illustrer le bienheureux roi Canut par la palme du martyre et par d’éclatants miracles, faites, dans votre bonté, que, comme il a lui-même imité la passion du Seigneur, nous aussi, marchant sur ses traces, nous méritions de parvenir aux joies éternelles.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux.
Hebr. 10, 32-38.
Fratres : Rememorámini prístinos dies, in quibus illumináti magnum certámen sustinuístis passiónum : et in áltero quidem oppróbriis et tribulatiónibus spectáculum facti : in áltero autem sócii táliter conversántium effécti. Nam et vinctis compássi estis, et rapínam bonórum vestrórum cum gáudio suscepístis, cognoscéntes vos habere meliórem et manéntem substántiam. Nolíte itaque amíttere ! confidéntiam vestram, quæ magnam habet remuneratiónem. Patiéntia enim vobis necéssaria est : ut, voluntátem Dei faciéntes, reportétis promissiónem. Adhuc enim módicum aliquántulum, qui ventúrus est, véniet, et non tardábit. Iustus autem meus ex fide vivit.Mes frères, Rappelez en votre mémoire ces premiers jours où, après avoir été illuminés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances, d’une part exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, et de l’autre, prenant part aux maux de ceux qui étaient traités de même. Car vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie la perte de vos biens, sachant que vous aviez une richesse meilleure et permanente. N’abandonnez donc pas votre confiance, qui aura une grande rémunération. En effet, la patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore bien peu de temps, et celui qui doit venir viendra ; il ne tardera pas. Or, mon juste vit de la foi.
Graduale. Sap. 3, 1-2 et 3.Graduel
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt : et non tanget illos torméntum malítiæ.Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas.
V/. Visi sunt óculis insipiéntium mori : illi autem sunt in pace.V/. Aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 67, 36. Mirábilis Deus in Sanctis suis. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Dieu est admirable dans ses saints. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 125, 5-6.Trait
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent.Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse.
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua.V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences.
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos.V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 24, 3-13.
In illo témpore : Sedénte Iesu super montem Olivéti, accessérunt ad eum discípuli secréto, dicéntes : Dic nobis, quando hæc erunt ? et quod signum advéntus tui et consummatiónis sǽculi ? Et respóndens Iesus, dixit eis : Vidéte, ne quis vos sedúcat. Multi enim vénient in nómine meo, dicéntes : Ego sum Christus : et multos sedúcent. Auditúri enim estis pr.lia et opiniónes proeliórum. Vidéte, ne turbémini. Opórtet enim hæc fíeri, sed nondum est finis. Consúrget enim gens in gentem, et regnum in regnum, et erunt pestiléntiæ et fames et terræmótus per loca. Hæc autem ómnia inítia sunt dolórum. Tunc tradent vos in tribulatiónem et occídent vos : et éritis ódio ómnibus géntibus propter nomen meum. Et tunc scandalizabúntur multi, et ínvicem tradent, et odio habébunt ínvicem. Et multi pseudoprophétæ surgent, et sedúcent multos. Et quóniam abundávit iníquitas, refrigéscet cáritas multórum. Qui autem perseveráverit us-que in finem, hic salvus erit.En ce temps-là : Jésus était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s’approchèrent de lui en particulier, et lui dirent : Dites-nous quand ces choses arriveront, et quel signe il y aura de votre avènement et de la consommation du siècle. Et Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne vous séduise. Car beaucoup viendront sous mon nom, disant : Je suis le Christ, et ils en séduiront beaucoup. Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres. Gardez-vous de vous troubler ; car il faut que ces choses arrivent, mais ce ne sera pas encore la fin. Car on verra se soulever peuple contre peuple, et royaume contre royaume ; et il y aura des pestes et des famines, et des tremblements de terre en divers lieux. Et tout cela ne sera que le commencement des douleurs. Alors on vous livrera aux tourments, et on vous fera mourir ; et vous serez en haine à toutes les nations, à cause de Mon nom. Alors aussi beaucoup seront scandalisés, et ils se trahiront et se haïront les uns les autres. Et de nombreux faux prophètes surgiront, et séduiront beaucoup de monde. Et parce que l’iniquité abondera, la charité d’un grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.
Ant. ad Offertorium. Ps. 123, 7.Offertoire
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium : láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus.Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs : le filet a été brisé et nous avons été délivrés.
SecretaSecrète
Preces nostras, quæsumus, Dómine, et tuórum réspice oblatiónes fidélium : ut tibi gratæ sint in tuórum festivitáte Sanctórum, et nobis conferant tuæ propitiatiónis auxílium. Per Dóminum.Prenez en considération, nous vous en supplions, Seigneur, nos prières et les offrandes de vos fidèles ; qu’elles vous soient agréables en cette fête de vos Saints et qu’elles nous obtiennent du secours de votre bonté propice.
Pro S. CanutoPour St Canut
SecretaSecrète
Accépta sit in conspéctu tuo, Dómine, nostra devótio : et eius nobis fiat supplicatióne salutáris, pro cuius sollemnitáte defértur. Per Dóminum nostrum.Qu’elle soit agréée en votre présence, Seigneur, l’offrande de notre piété ; et faites qu’ell î nous devienne salutaire par lés prières de celui en la fête duquel nous vous la présentons.
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 4.Communion
Dico autem vobis amícis meis : Ne terreámini ab his, qui vos persequúntur.Je vous dis donc à vous qui êtes mes amis : Ne craignez pas ceux qui vous persécutent.
PostcommunioPostcommunion
Sanctórum tuorum, Dómine, intercessióne placátus : præsta, quǽsumus ; ut, quod temporáli celebrámus actióne, perpétua salvatióne capiámus. Per Dóminum.Apaisé par l’intercession de vos Saints, faites, nous vous en prions, Seigneur, que ce que nous célébrons par une action temporelle, nous le possédions en étant sauvés pour toujours.
Pro S. CanutoPour St Canut
PostcommunioPostcommunion
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto Canúuto Mártyre tuo, sentiámus efféctum. Per Dóminum.Nourris par la participation du don sacré, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de faire que, le bienheureux Canut votre Martyr intercédant pour nous, nous ressentions l’effet du mystère que nous célébrons.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Troisième leçon. Marius, né en Perse d’une famille noble, vint à Rome sous l’empire de Claude, avec Marthe, sa femme, qui était d’une noblesse égale à la sienne, et leurs deux enfants, Audifax et Abachus : leur but était d’y vénérer les tombeaux des Martyrs. Arrivés dans cette ville, ils consolaient les Chrétiens qui étaient dans les chaînes, les assistaient de leurs biens et les servaient, et ils ensevelissaient les corps des Saints. C’est pourquoi ils furent tous quatre arrêtés ; et comme ni les menaces des impies ni la terreur ne pouvaient les ébranler et les décider à sacrifier aux dieux, on les frappa d’abord à coups de bâtons, on les tira avec des cordes, on les brûla ensuite avec des lames ardentes, et on les déchira avec des ongles de fer. Enfin on leur coupa les mains, et après les leur avoir attachées au cou, on les conduisit à travers les rues, et on les martyrisa sur la voie Cornélia à treize milles de Rome, en un lieu qui s’appelait Nymphe. Marthe, qui avait exhorté avec véhémence son mari et ses fils à souffrir courageusement les supplices pour la foi de Jésus-Christ, mourut la première, et ensuite les autres eurent la tête tranchée dans la même sablière. On jeta leurs corps au feu ; mais Félicité, noble matrone romaine, les en fit retirer à demi brûlés, et les fit enterrer dans sa propriété.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station dans le cimetière « ad Nymphas », sur la voie Cornelia.

De groupe de martyrs persans, le mari, la femme et leurs deux fils, qui reposent maintenant en partie dans la diaconie de Saint-Adrien, et en partie dans le titre de Sainte-Praxède, appartient originairement au douzième mille de la voie Cornelia, ad nymphas Catabassi. Leurs Actes semblent avoir subi de graves interpolations et leur fête, ignorée des anciens sacramentaires romains, se trouve pour la première fois dans un calendrier Vatican du XIIe siècle. Il faut probablement chercher la raison de ce silence dans le fait que, avant Paschal Ier, ces martyrs, ensevelis dans une propriété très éloignée de Rome, n’étaient pas considérés comme romains, en sorte que la Ville n’avait aucune raison de célébrer leur natale. Il est fort vraisemblable que la première insertion de cette solennité dans le calendrier romain aura eu pour cause la translation de leurs corps à Saint e-Praxède.

La messe a une saveur d’antiquité et révèle une période d’excellent goût liturgique.

L’antienne d’introït est tirée du psaume 67 et annonce le refrigerium ou banquet céleste que Dieu prépare à ses martyrs, c’est-à-dire à ceux qui, pour son amour, ont supporté en ce monde la faim et la soif de justice, et ont été opprimés en haine du nom du Christ : « Les justes s’assoient au banquet et jubilent en présence de Dieu, et gaiement ils se réjouiront. » PS. 67 : « Que Dieu se lève, et que soient dispersés ses ennemis ; et que fuient devant lui ceux qui le haïssent, y. Gloire, etc. »

Dans les collectes suivantes, comme en beaucoup d’autres antiques oraisons, à la différence du goût plus moderne qui préfère résumer en quelques mots, dans la collecte, toute la biographie d’un saint, les martyrs de ce jour ne sont pas même nommés ; la raison en est que les anciens, sans s’arrêter par trop aux détails, aimaient les grandes synthèses théologiques, ne séparant jamais l’individu de la société entière des saints et de Jésus-Christ, source première et centre de toute sainteté. Prière. « Écoutez, Seigneur, les prières de votre peuple, qui y ajoute le patronage de vos saints, afin que vous nous accordiez de goûter la paix de la vie présente et d’obtenir aussi la grâce de la vie éternelle. Par notre Seigneur, etc. »

Dans la péricope de la lettre aux Hébreux (X, 32-38) qu’on lit en ce jour, l’Apôtre trace un tableau très triste de ce que devait être la profession de la foi chrétienne à l’ère des martyrs. En plus des luttes intérieures contre les passions, les fidèles avaient dû souffrir d’être dépouillés de leurs biens, d’être mis dans les chaînes et de devenir le jouet des juifs et des païens. Mais la foi anime leurs cœurs ; aussi les martyrs meurent-ils dans l’attente tranquille de Celui qui, prochainement, viendra rétablir son règne qui n’aura jamais de fin. En effet, les tribulations du siècle présent, comparées à l’éternité bienheureuse, sont comme un instant rapide, modicum aliquantulum, durant lequel le juste vit de foi, d’espérance et d’amour.

Le répons-graduel est tiré du cantique de la Sagesse (III, 1-3) : « La vie des justes est dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touche pas. Il sembla aux yeux des insensés qu’ils avaient exhalé leur âme parmi les tourments, et, avec la vie, perdu tout autre bien ; au contraire, les justes jouissaient dans leur cœur d’une paix profonde, parce que, grâce à l’espérance, ils possédaient déjà les prémices de l’immortalité. »

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 67 comme l’introït. Dieu est admirable dans son sanctuaire, où il a érigé le trône de sa miséricorde, et où il a déjà associé ses saints à ce jugement qu’ils feront du monde au jour de la parousie. Pour l’instant, ce jugement n’est que miséricordieux, et les saints l’exercent largement, demandant toutes sortes de grâces en faveur de ceux qui les prient.

Comme cette fête peut tomber après la Septuagésime, époque où l’on ne chante plus le verset alléluiatique, le Missel désigne pour ce cas le chant de l’in directum [1] qui le remplace. C’est le psaume 125 : « Ceux qui sèment dans les larmes récolteront dans la joie. Ceux qui allaient et venaient en pleurant et répandaient la semence, retourneront et s’en iront joyeux, chargés de leurs gerbes. »

La lecture de l’Évangile (MATTH., XXIV, 3-13) est commune à d’autres fêtes de martyrs. Dans les bornes d’une seule perspective prophétique, s’y compénètrent tant les signes avant-coureurs de la catastrophe finale du monde que ceux qui précèdent la ruine de Jérusalem, type de la société humaine sanguinaire et impénitente. Comme le carnage des habitants de la capitale juive avait été précédé par le déicide, la conflagration finale de l’univers sera l’épilogue d’une longue série de persécutions et de massacres de martyrs, que le monde immolera à sa propre haine contre le Seigneur et contre son Christ.

L’offertoire suivant, tiré du psaume 123, est, avec sa mélodie grégorienne, l’un des chefs-d’œuvre les plus inspirés de l’antiphonaire de saint Grégoire. Dans l’usage de l’Église, il convient particulièrement aux Martyrs qui versèrent leur sang dans la fleur de la jeunesse, comme c’est le cas pour Audifax et Abachum.
Offertoire : « Notre âme est comme un passereau échappé au filet du chasseur. Le filet s’est brisé et nous nous sommes trouvés libres. »
Le piège qui nous est tendu par le diable se cache, comme dans l’herbe fleurie, au milieu des joies de la vie et dans les aises des biens de ce monde. La vanité revêt la gamme multicolore de la réalité et nous trompe. Dieu toutefois tranche ce piège pour ses martyrs, et le petit oiseau s’envole, libre, vers le ciel.

La secrète présente un caractère général : « Regardez, Seigneur, les prières et l’oblation de vos fidèles, afin qu’elles vous soient agréables en la solennité de vos saints et nous méritent l’aide de votre grâce. ». Aux prières s’unit ici la mention des oblations des fidèles, parce que, autrefois, le peuple n’était pas simplement spectateur muet de l’Action sacrée, mais, pour y participer d’une façon active, il présentait lui-même au prêtre le pain et le vin devant servir au Sacrifice.

L’antienne pour la distribution des saints Dons au peuple est tirée de l’Évangile selon saint Luc (XII, 4) : « Je vous dis, mes amis, ne craignez pas celui qui vous persécute. » — Ici Jésus, pour nous animer à souffrir, fait trois choses. D’abord il se propose à notre amour, en nous appelant ses amis ; puis il nous promet que nous aurons part à ses souffrances, puisque le monde nous traitera comme il l’a traité Lui-même ; enfin il nous recommande de ne pas craindre, et pour arriver plus efficacement à arracher cette crainte de notre cœur, il nous met sous les yeux le terrible châtiment que Dieu réserve dans l’éternité aux apostats. Il nous exhorte à craindre, non pas les hommes, mais la justice divine.

Après la communion, on récite cette belle prière : « Apaisé par l’intercession de vos saints, accordez-nous, Seigneur, que ce que maintenant, à l’ombre du mystère, nous célébrons dans le temps, nous puissions l’obtenir pleinement dans l’éternité bienheureuse. »

Le vœu exprimé aujourd’hui dans la prière après la communion est vraiment sublime. Que signifie en effet l’Eucharistie célébrée sous les voiles du sacrement, avec les azymes de la fuite, au milieu des douleurs et des luttes de la vie présente, sinon notre participation au Sacrifice et à la Passion de Jésus ? Mais la grâce du sacrement scelle notre intime union avec le Rédempteur ; aussi ce même Esprit qui aujourd’hui nous consacre victimes avec Jésus ranimera un jour par sa vie divine nos membres mortifiés et leur donnera part à la gloire de la résurrection.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Marius et ses compagnons. — Jour de mort : 19 janvier vers 270. — Tombeau : à Rome, dans la diaconie de saint Adrien et l’église du titre de sainte Praxède. Leur vie : Marius, Perse de noble extraction, vint avec sa femme Marthe, qui était également de noble race, et ses deux fils Audifax et Abachum, à Rome, sous le règne de l’empereur Claude (268-270) pour y vénérer les tombeaux des martyrs. Ils visitèrent les chrétiens prisonniers, les aidèrent de leurs conseils et de leurs services, partagèrent leurs biens avec eux et ensevelirent les corps des saints. Ils furent bientôt arrêtés, à leur tour, et comme ni les menaces ni la terreur ne pouvaient les déterminer à sacrifier aux idoles, ils furent cruellement fouettés. Marthe souffrit la première le martyre, après avoir vivement exhorté son mari et ses enfants à souffrir courageusement tous les tourments pour la cause de la foi. Après elle, les autres furent décapités, au même endroit, et leurs cadavres furent jetés dans le feu. Félicité, une dame romaine, les fit retirer, à demi brûlés, des flammes, et les ensevelit dans sa propriété. Pratique : Nous célébrons aujourd’hui une famille de martyrs. Une famille de quatre membres, morts le même jour pour le Christ, quel admirable spectacle ! Quelle leçon nous donnent-ils ! Nous avons besoin non seulement de chrétiens à la foi forte, mais encore de familles courageuses dans la foi, de familles qui ne forment qu’un cœur par l’amour et le dévouement pour le Christ.

La messe (Justi epulentur). — Bien que les nombreux grands saints du moyen âge et des temps modernes soient plus connus et plus près de nous par le temps, nous devons cependant être remplis du plus grand respect, quand nous célébrons la fête des anciens martyrs. Quelle force dans la foi, quel courage dans les souffrances, quel amour pour le Christ se manifestent dans leur mort héroïque, qui les rend si semblables à Notre-Seigneur ! Ils sont la semence d’où est sortie la riche moisson des peuples, d’où nous sommes sortis nous-mêmes. Avec quelle ferveur se célèbre le Saint-Sacrifice, un jour de fête de martyr ! L’Église nous transporte au tombeau du martyr, sur lequel nous célébrons les saints mystères. Les martyrs renouvellent là le sacrifice de leur vie et l’unissent au Sacrifice rédempteur du Christ. Nous recevons une part de leur foi courageuse et nous sommes associés à leur gloire. Le martyre est une continuation et un renouvellement de la mort du Christ dans son corps mystique.

Le missel est riche en formulaires pour les martyrs (en dehors des trois du commun, il y en a encore un certain nombre de propres). Ces formulaires sont très anciens et tout pénétrés de l’enthousiasme de la primitive Église. On y respire, pour ainsi dire, l’air des Catacombes. La messe d’aujourd’hui est composée, pour la majeure partie, de textes du commun. L’Introït nous transporte immédiatement au céleste banquet de noces où les justes (ce sont ici les martyrs) se réjouissent dans la contemplation divine.

L’Épître est un morceau d’une rare beauté : c’est l’Église qui nous montre les portraits de nos glorieux ancêtres (la famille de Dieu) et nous exhorte à nous montrer dignes d’eux. Nous appartenons à la famille des martyrs, nous devons donc, au moins, avoir la patience et la confiance, si nous n’avons pas, comme eux, à donner notre vie. Enfin, nous entendons le grand thème de l’ancienne Église, le retour du Seigneur. Encore un peu de temps et il viendra celui qui doit venir.

Le verset de l’Alléluia est aussi un morceau très ancien : « Dieu est admirable dans ses saints. » C’est là en effet le motif qui détermine l’Église à nous faire célébrer, presque chaque jour, les saints, afin que nous admirions en eux la grandeur de Dieu.

A l’Évangile, nous sommes sur le mont des Oliviers, aux pieds de Notre-Seigneur qui nous donne les signes de son avènement, les douleurs messianiques ; de ce nombre sont les souffrances des martyrs : « Ensuite, ils vous tueront et tous les peuples vous haïront à cause de mon nom. » C’est ce qui est arrivé aux martyrs que nous fêtons. Dans la messe d’aujourd’hui nous assistons par avance au retour du Christ, dans la splendeur des saints. La communion nous donne aujourd’hui la force pour de nouveaux combats. Le Christ lie amitié avec nous et nous encourage à souffrir. La messe d’aujourd’hui a été comme une heure du Thabor. Nous avons vu le Christ à son retour, dans la splendeur des martyrs. Nous descendons maintenant la montagne de la Transfiguration, pour reprendre le chemin de Croix de la vie.

[1] Trait.