La tradition liturgique occidentale ne sépare jamais les deux sainst Apôtres Simon et Jude : ce fait est attesté depuis le VIème siècle. Fête depuis le IXème siècle. On trouvera l’ancienne messe de leur vigile ici.
(Leçons des Matines)
AU PREMIER NOCTURNE.
Commencement de l’Épître catholique de saint Jude, Apôtre.
Première leçon. Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques, à ceux qui sont aimés de Dieu le Père, et conservés et appelés en Jésus-Christ. Que la miséricorde, la paix et la charité abondent en vous. Mes bien-aimés, me sentant pressé de vous écrire touchant, votre salut commun, j’ai dû écrire afin de vous exhorter à combattre pour la foi, qui a été déjà transmise aux saints. Car il s’est introduit parmi vous quelques hommes impies (qui depuis longtemps ont été prédestinés à ce jugement), changeant la grâce de notre Dieu en luxure, reniant notre seul Maître et Seigneur, Jésus-Christ.
Deuxième leçon. Or je veux vous rappeler, à vous qui savez déjà toutes ces choses, que Jésus, ayant délivré le peuple de la terre d’Egypte, perdit ensuite ceux qui ne crurent point ; que, quant aux anges qui ne conservèrent pas leur première dignité, mais qui abandonnèrent leur propre demeure, il les mit en réserve pour le jugement du grand jour, dans les chaînes éternelles et de profondes ténèbres. C’est ainsi que Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines livrées aux mêmes excès d’impureté, et courant après d’infâmes débauches, sont devenues un exemple, en souffrant la peine d’un feu éternel. Et cependant, c’est de la même manière que ceux-ci se souillent encore, qu’ils méprisent la domination, et qu’ils blasphèment la majesté.
Troisième leçon. Lorsque l’Archange Michel, disputant avec le diable, lui contestait le corps de Moïse, il n’osa pas le condamner avec des paroles de malédiction, mais il dit : Que le Seigneur te commande [1]. Mais ceux-ci blasphèment tout ce qu’ils ignorent. Malheur à eux, parce qu’ils sont rentrés dans la voie de Caïn, et que, s’égarant comme Balaam, ils ont, pour le gain, rompu toute digue, et se sont perdus dans la rébellion de Coré. Ils font le déshonneur de leurs festins, se paissant eux-mêmes ; nuées sans eau que les vents emportent ça et là ; arbres qui ne fleurissent qu’en automne, stériles, deux fois morts, déracinés ; vagues furieuses de la mer, jetant l’écume de leurs infamies ; astres errants auxquels une tempête de ténèbres est réservée pour l’éternité.
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. Simon le Chananéen, qui fut nommé aussi le Zélé et Thaddée, appelé encore dans l’Évangile Jude, frère de Jacques, auteur d’une des Épîtres catholiques, ont parcouru, l’un l’Egypte et l’autre la Mésopotamie, en prêchant l’Évangile. Ils se réunirent ensuite en Perse, où ils engendrèrent à Jésus-Christ d’innombrables enfants. Ayant répandu la semence de la foi dans ces vastes régions et parmi des peuples barbares, ils firent resplendir ensemble d’un vif éclat le très saint nom de Jésus-Christ par leur doctrine et leurs miracles, et finalement par un glorieux martyre.
Le reste du deuxième nocturne au commun
AU TROISIÈME NOCTURNE.
Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimez les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a eu en haine avant vous. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
Septième leçon. Dans la leçon de l’Évangile qui a précédé celle de ce jour, le Seigneur avait dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez, et que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donne. » Et voilà qu’il leur dit à présent « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » Ceci doit nous faire comprendre que c’est là notre fruit, ce fruit dont il disait : « C’est moi qui vous ai choisis, pour que vous alliez, et que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure. » Et quant à la parole ajoutée à la suite : « Afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne ; » le Père nous le donnera certainement, si nous nous aimons les uns les autres ; puisque lui-même, de son côté, nous a donné ce commandement d’amour, en nous choisissant, quoique dépourvus de fruit ; car, sans que nous l’ayons choisi les premiers, il nous a établis pour que nous rapportions du fruit, c’est-à-dire pour que nous nous aimions les uns les autres.
Huitième leçon. Notre fruit, c’est donc la charité, cette charité définie par l’Apôtre, venant « d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi non feinte. » Par elle, nous nous aimons les uns les autres ; par elle, nous aimons Dieu ; et en effet, nous ne nous aimerions pas mutuellement, si nous n’aimions pas Dieu ; car, on n’aime son prochain comme soi-même qu’autant que l’on aime Dieu, attendu que celui qui n’aime pas Dieu, ne s’aime pas soi-même. « En ces deux commandements » d’amour « se renferment toute la loi et les Prophètes. » Voilà notre fruit, ce fruit que Jésus nous ordonne de porter, quand il dit : « Ce que je vous ordonne, c’est de vous aimer les uns les autres. » De là vient que l’Apôtre saint Paul, voulant recommander les fruits de l’Esprit, en opposition avec les œuvres de la chair, a mis en premier lieu cet amour : « Le fruit de l’Esprit, dit-il, c’est la charité. » Après quoi il énumère tout à la suite les autres biens qui ont la charité pour principe, et qui s’y rattachent ; ce sont : « La joie, la paix, la longanimité, la douceur, la bonté, la foi la mansuétude, la continence, la chasteté. »
Neuvième leçon. Or, a-t-il une joie raisonnable, celui qui n’aime pas le bien dont il se réjouit ? Peut-on avoir une paix véritable avec quelqu’un, si ce n’est avec celui qu’on aime sincèrement ? Est-on longanime, patient à persévérer dans la pratique du bien, si l’on n’a point la ferveur de l’amour ? Est-on bienveillant, à moins d’aimer celui qu’on assiste ? Qui est bon, s’il ne le devient en aimant ? Est-on croyant, d’une foi salutaire, si l’on ne croit de cette foi qui opère ? Quelle mansuétude est utile si la dilection ne la règle ? Comment s’abstenir de ce qui déshonore, à moins d’aimer ce qui honore ? C’est donc avec raison que le bon Maître recommande si fréquemment la dilection, comme s’il n’avait rien à prescrire que cette vertu, sans laquelle ne peuvent servir les autres biens, et qu’on ne peut avoir sans avoir aussi les autres biens, qui rendent l’homme vraiment bon.
Ant. ad Introitum. Ps. 138, 17. | Introït |
Mihi autem nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principátus eórum. | Selon moi, vos amis ont été plus qu’honorés, ô Dieu ; leur dignité de princes de l’Église a été puissamment établie. |
Ps. ibid., 1-2. | |
Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam. | Seigneur, vous m’avez éprouvé et vous m’avez connu ; vous avez connu mon entrée dans le repos et ma résurrection future. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui nos per beatos Apóstolos tuos Simónem et Iudam ad agnitiónem tui nóminis veníre tribuísti : da nobis eórum glóriam sempitérnam et proficiéndo celebráre, et celebrándo profícere. Per Dóminum. | O Dieu, vous nous avez accordé la grâce de parvenir à la connaissance de votre nom par vos bienheureux Apôtres Simon et Jude : faites qu’en progressant nous célébrions leur gloire éternelle et en la célébrant nous progressions. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios. | Lecture de l’Epître de saint Paul aux Ephésiens. |
Ephes. 4, 7-13. | |
Fratres : Unicuíque nostrum data est grátia secúndum mensúram donatiónis Christi. Propter quod dicit : Ascéndens in altum, captívam duxit captivitátem : dedit dona homínibus. Quod autem ascéndit, quid est, nisi quia et descéndit primum in inferióres partes terræ ? Qui descéndit, ipse est et qui ascéndit super omnes cælos, ut impléret ómnia. Et ipse dedit quosdam quidem apóstolos, quosdam autem prophétas, álios vero evangelístas, álios autem pastóres et doctóres, ad consummatiónem sanctórum in opus ministérii, in ædificatiónem córporis Christi : donec occurrámus omnes in unitátem fídei, et agnitiónis Fílii Dei, in virum perféctum, in mensúram ætátis plenitúdinis Christi. | Mes Frères : À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ. C’est pourquoi l’Ecriture dit : Étant monté en haut, il a emmené des captifs, il a donné des dons aux hommes. Or, que signifie : il est monté, sinon qu’il était descendu d’abord dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. Et c’est lui qui a donné les uns comme Apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints, pour l’oeuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ. |
Graduale. Ps. 44, 17-18. | Graduel |
Constítues eos príncipes super omnem terram : mémores erunt nóminis tui. Dómine. | Vous les établirez princes sur toute la terre ; ils se souviendront de votre nom, de génération en génération, Seigneur. |
V/. Pro pátribus tuis nati sunt tibi fílii : proptérea pópuli confítebúntur tibi. | V/. A la place de vos pères, des fils vous sont nés, c’est pourquoi les peuples vous loueront. |
Allelúia, allelúia. V/. 138, 17. Nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principátus eórum. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. vos amis ont été plus qu’honorés, ô Dieu ; leur dignité de princes de l’Église a été puissamment établie. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 15, 17-25. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Hæc mando vobis, ut diligátis ínvicem. Si mundus vos odit : scitóte, quia me priórem vobis odio hábuit. Si de mundo fuissétis, mundus quod suum erat dilígeret ; quia vero de mundo non estis, sed ego elegi vos de mundo, proptérea odit vos mundus. Mementóte sermónis mei, quem ego dixi vobis : Non est servus maior dómino suo. Si me persecúti sunt, et vos persequántur : si sermónem meum servavérunt, et vestrum servábunt. Sed hæc ómnia fácient vobis propter nomen meum : quia nésciunt eum, qui misit me. Si non veníssent et locútus fuíssem eis, peccátum non háberent : nunc autem excusatiónem non habent de peccáto suo. Qui me odit : et Patrem meum odit. Si ópera non fecíssem in eis, quæ nemo álius fecit, peccátum non háberent : nunc autem et vidérunt et odérunt et me et Patrem meum. Sed ut adimpleátur sermo, qui in lege eórum scriptus est : Quia ódio habuérunt me gratis. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ; mais, parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant, ils n’ont pas d’excuse de leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux des oeuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant, ils ont vu, et ils ont haï et moi et mon Père, afin que la parole qui est écrite dans leur loi soit accomplie : ils m’ont haï sans sujet. |
Credo | Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 18, 5. | Offertoire |
In omnem terram exívit sonus eórum : et in fines orbis terræ verba eórum. | Leur bruit s’est répandu dans toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde |
Secreta | Secrète |
Glóriam, Dómine, sanctórum Apostolórum tuórum Simónis et Iudæ perpétuam venerántes : quǽsumus ; ut eam, sacris mystériis expiati, dígnius celebrémus. Per Dóminum. | En vénérant la gloire éternelle de vos saints Apôtres Simon et Jude, nous vous prions, Seigneur, que purifiés par les mystères sacrés, nous la célébrions encore plus dignement. |
Præfatio de Apostolis. | Préface des Apôtres . |
Ant. ad Communionem. Matth. 19, 28. | Communion |
Vos, qui secúti estis me, sedébitis super sedes, iudicántes duódecim tribus Israël. | Vous qui m’avez suivi, vous siégerez sur des trônes et vous jugerez les douze tribus d’Israël. |
Postcommunio | Postcommunion |
Percéptis, Dómine, sacraméntis, supplíciter exorámus : ut, intercedéntibus beátis Apóstolis tuis Simóne et Iuda, quæ pro illórum veneránda gérimus passióne, nobis profíciant ad medélam. Per Dóminum. | Ayant reçu vos sacrements, nous vous prions en suppliant, Seigneur, que, par l’intercession des bienheureux Apôtres Simon et Jude, les mystères que nous avons accomplis pour vénérer leur passion nous servent de remède. |
¶ In missis votivis omnia dicuntur ut supra, sed post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | ¶ Aux messes votives tout est dit comme ci-dessus, mais après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. Ps. 125, 5-6. | Trait |
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent. | Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. |
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua. | V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences. |
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos. | V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes. |
¶ Tempore autem Paschali Missa Sancti tui, de Communi Martyrum II loco , cum orationibus, Epistola et Evangelio ut supra. | ¶ Pendant le temps pascal, Messe Sancti tui, du Commun des Martyrs II, avec les oraisons, l’Epître et l’Evangile comme ci-dessus. |
[1] Saint Jude étant seul à mentionner cette altercation entre saint Michel et le diable, diverses opinions se sont élevées à ce sujet. La plus probable, c’est que les Anges ensevelirent le corps de Moïse, non seulement pour rendre honneur à cette sainte dépouille, mais aussi afin de la dérober aux Juifs, que le démon voulait porter à en faire l’objet d’un culte idolâtrique. « Si après avoir été seulement délivrés de la servitude d’Egypte, les Israélites quittaient Dieu pour ne s’attacher qu’à Moïse, qu’ils regardaient comme l’unique auteur de toutes ces grâces, s’il les eût encore introduits dans la terre promise, à quelle impiété ne se fussent-ils point portés ? C’est pour ce sujet que Dieu leur a même voulu cacher son sépulcre. »(S. Chrysostome.)