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03/12 St François Xavier, confesseur

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Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Leçons des Matines  
  La Messe  

Mort le 2 décembre 1553, né en 1506. Canonisé en 1622. Fête en 1663.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les Apôtres ayant été les hérauts de l’Avènement du Christ, il convenait que le temps de l’Avent ne fût pas privé de la commémoration de quelqu’un d’entre eux. La divine Providence y a pourvu ; car parler de saint André, dont la fête est souvent déjà passée quand s’ouvre la carrière de l’Avent, saint Thomas se rencontre infailliblement chaque année aux approches de Noël. Nous dirons plus loin pourquoi il a obtenu ce poste de préférence aux autres Apôtres ; ici nous voulons seulement insister sur la convenance qui semblait exiger que le Collège Apostolique fournit au moins un de ses membres pour annoncer, dans cette partie du Cycle catholique, la venue du Rédempteur. Mais Dieu n’a pas voulu que le premier apostolat fût le seul qui parût en tète du Calendrier liturgique ; grande est aussi, quoique inférieure, la gloire de ce second Apostolat par lequel l’Épouse de Jésus-Christ multiplie ci ses enfants, dans sa vieillesse féconde, comme parle le Psalmiste. (Psalm. 91, 15.) Il est encore présentement des Gentils à évangéliser ; la venue du Messie est loin d’avoir été annoncée à tous les peuples ; mais, entre les vaillants messagers du Verbe divin qui, dans ces derniers siècles, ont fait éclater leur voix au milieu des nations infidèles, il n’en est point qui ait brillé d’une plus vive splendeur, qui ait opéré plus de prodiges, qui se suit montré plus semblable aux premiers Apôtres, que le récent Apôtre des Indes, saint François Ier. Et certes, la vie et l’apostolat de cet homme merveilleux furent l’objet d’un grand triomphe pour notre Mère la sainte Église catholique au temps où ils éclatèrent. L’hérésie, soutenue en toutes manières par la fausse science, par la politique, par la cupidité et toutes les mauvaises passions du cœur de l’homme, semblait toucher au moment de la victoire. Dans son audacieux langage, elle ne parlait plus qu’avec un profond mépris de cette antique Église appuyée sur les promesses de Jésus-Christ ; elle la dénonçait aux nations, et osait l’appeler la prostituée de Babylone, comme si les vices des enfants pouvaient obscurcir la pureté de leur mère. Dieu se montra enfin, et soudain le sol de l’Église apparut couvert des plus admirables fruits de sainteté. Les héros et les héroïnes se multiplièrent du sein même de cette stérilité qui n’était qu’apparente, et tandis que les prétendus réformateurs se montraient les plus vicieux des hommes, l’Italie et l’Espagne à elles seules brillèrent d’un éclat incomparable par les chefs-d’œuvre de sainteté qui se produisirent dans leur sein.

Aujourd’hui c’est François Xavier ; mais plus d’une fois sur le Cycle nous verrons briller les nobles compagnons, les illustres compagnes, que la grâce divine lui suscita : en sorte que le XVI° siècle n’eut rien à envier aux siècles les plus favorisés des merveilles de la sainteté. Certes, ils ne l’inquiétaient pas beaucoup du salut des infidèles, ces soi-disant réformateurs qui ne songeaient qu’à anéantir le vrai Christianisme sous les ruines de ses temples ; et c’était à ce moment même qu’une société d’apôtres s’offrait au Pontife romain pour aller planter la foi chez les peuples les plus enfoncés dans les ombres de la mort. Mais, de tous ces apôtres, ainsi que nous venons de le dire, nul n’a réalisé le type primitif au même degré que le disciple d’Ignace. Rien ne lui a manqué, ni la vaste étendue des pays sillonnés par son zèle, ni les centaines de milliers d’infidèles qu’il baptisa de son bras infatigable, ni les prodiges de toute sorte qui le montrèrent aux infidèles comme marqué du sceau qu’avaient reçu ceux dont la sainte Liturgie nous dit : « Ce sont ceux-ci qui, vivant encore dans la chair, ont été les planteurs de l’Église. » L’Orient a donc vu, au XVIe siècle, un Apôtre venu de Rome toujours sainte, et dont le caractère et les œuvres rappelaient l’éclat dont brillèrent ceux que Jésus avait envoyés lui-même. Gloire soit donc au divin Époux qui a vengé l’honneur de son Épouse, en suscitant François Xavier, et en nous donnant en lui une idée de ce que furent, au sein du monde païen, les hommes qu’il avait chargés de la promulgation de son Évangile.

Glorieux apôtre de Jésus-Christ qui avez illuminé de sa lumière les nations assises dans les ombres de la mort, nous nous adressons à vous, nous Chrétiens indignes, afin que par cette charité qui vous porta à tout sacrifier pour évangéliser les nations, vous daigniez préparer nos cœurs à recevoir la visite du Sauveur que notre foi attend et que notre amour désire. Vous fûtes le père des nations infidèles ; soyez le protecteur du peuple des croyants, dans les jours où nous sommes. Avant d’avoir encore contemplé de vos yeux le Seigneur Jésus, vous le fîtes connaître à des peuples innombrables ; maintenant que vous le voyez face à face, obtenez que nous le puissions voir, quand il va paraître, avec la foi simple et ardente de ces Mages de l’Orient, prémices glorieuses des nations que vous êtes allé initier à l’admirable lumière. (I Petr. 2, 9.) Souvenez-vous aussi, grand apôtre, de ces mêmes nations que vous avez évangélisées, et chez lesquelles la parole de vie, par un terrible jugement de Dieu, a cessé d’être féconde. Priez pour le vaste empire de la Chine que votre regard saluait en mourant, et auquel il ne fut pas donné d’entendre votre parole. Priez pour le Japon, plantation chérie que le sanglier dont parle le Psalmiste a si horriblement dévastée. Obtenez que le sang des Martyrs, qui y fut répandu comme l’eau, fertilise enfin cette terre. Bénissez aussi, ô Xavier, toutes les Missions que notre Mère la sainte Église a entreprises, dans les contrées où la Croix ne triomphe pas encore. Que les cœurs des infidèles s’ouvrent à la lumineuse simplicité de la foi ; que la semence fructifie au centuple ; que le nombre des nouveaux apôtres, vos successeurs, aille toujours croissant ; que leur zèle et leur charité ne défaillent jamais : que leurs sueurs deviennent fécondes, que la couronne de leur martyre soit non seulement la récompense, mais le complément et la dernière victoire de leur apostolat. Souvenez-vous, devant le Seigneur, des innombrables membres de celle association par laquelle Jésus-Christ est annoncé dans toute la terre, et qui s’est placée sous voire patronage. Enfin priez d’un cœur filial pour la sainte Compagnie dont vous êtes la gloire et l’espérance. Qu’elle fleurisse de plus en plus sous le vent de la tribulation qui ne lui manqua jamais ; qu’elle se multiplie, afin que par elle soient multipliés les enfants de Dieu ; qu’elle ait toujours au service du peuple chrétien de nombreux Apôtres et de vigilants Docteurs ; qu’elle ne porte pas en vain le nom de Jésus.

Considérons l’état misérable du genre humain, au moment où le Christ va paraître. La décroissance des vérités sur la terre est terriblement exprimée par la décadence de la lumière matérielle en ces jours. Les traditions antiques vont de toutes pans s’éteignant ; le Dieu créateur de toutes es est méconnu dans l’œuvre même de ses mains ; tout est devenu Dieu, excepté le Dieu qui a tout fait. Ce hideux Panthéisme dévore la morale publique et privée. Tous les droits, hors celui du plus fort, sont oubliés ; la volupté, la cupidité, le larcin siègent sur les autels et reçoivent l’encens. La famille est anéantie par le divorce et l’infanticide ; l’espèce humaine est dégradée en masse par l’esclavage ; les nations même périssent par les guerres d’extermination. Le genre humain n’en peut plus ; et si la main qui l’a créé ne lui est de nouveau appliquée, il doit infailliblement succomber dans une dissolution honteuse et sanglante. Les justes qu’il contient encore, et qui luttent contre le torrent et la dégradation universelle, ne le sauveront pas ; car ils sont méconnus des hommes, et leurs mérites ne sauraient, aux yeux de Dieu, pallier l’horrible lèpre qui dévore la terre. Plus criminelle encore qu’aux jours du déluge, toute chair a corrompu sa voie ; néanmoins, une seconde extermination ne servirait qu’à manifester la justice de Dieu ; il est temps qu’un déluge miséricordieux s’épanche sur la terre, et que celui qui a fait le genre humain descende pour le guérir. Paraissez donc, ô Fils éternel de Dieu ! Venez ranimer ce cadavre, guérir tant de plaies, laver tant de souillures, rendre surabondante la Grâce, là où le péché abonde ; et quand vous aurez converti le monde à votre sainte loi, c’est alors que vous aurez montré à tous les futurs que c’est vous-même, ô Verbe du Père, qui êtes venu : car si un Dieu a pu seul créer le monde, il n’y avait non plus que la toute-puissance d’un Dieu qui pût, en l’arrachant à Satan et au péché, le rendre à la justice et à la sainteté.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La solennité de ce grand apôtre des Indes tombe très bien à deux jours de distance de celle de saint André, puisqu’elle démontre la puissante vitalité de l’Église qui, en tous les temps, par les œuvres, les paroles et les miracles, est toujours égale à elle-même, toujours jeune, toujours belle, toujours divine.

La messe tire la plus .grande partie de ses éléments de celle du Commun des confesseurs, sauf l’introït, la collecte et les deux lectures qui sont propres. Il est toutefois à propos de remarquer que l’introït s’écarte entièrement des règles traditionnelles de la psalmodie antiphonique : au lieu de débuter par une antienne et de la faire suivre du commencement du psaume correspondant, puis de la doxologie, le rédacteur moderne, obsédé par ses préoccupations historiques qui voulaient résumer toute la vie de François Xavier dans l’introït, a emprunté l’antienne au psaume 118, puis il a groupé en un seul les deux versets du psaume 116, — sans d’ailleurs se préoccuper de la difficulté que créait pour le chant le long texte ainsi obtenu, — et enfin il y a ajouté le Gloria. Même en conservant le psaume 116 tout entier, il aurait pu faire une œuvre très belle et traditionnelle, s’il eût maintenu distincts les deux versets. Nous aurions eu ainsi dans le Missel un introït de plusieurs versets, conformément aux anciens textes de l’Antiphonaire Grégorien.

Le verset de l’introït est emprunté à la messe des Vierges martyres et représente en quelque sorte le confesseur de la foi qui, devant le roi, parle avec courage des vérités éternelles sans en rougir. Suit le psaume 116 qui prélude à l’universalité du Christianisme : Louez le Seigneur, vous toutes ô nations, louez-le vous tous, ô peuples. Car sa miséricorde est grande envers nous et la vérité du Seigneur est éternelle.

Dans la collecte on rappelle les travaux apostoliques de ce nouveau Paul de la onzième heure, et, par ses mérites immenses, l’on demande la grâce d’imiter ses œuvres.

L’épître est la même que le jour de saint André. Il y est dit que les pas de ceux qui annoncent aux peuples le règne du Seigneur sont bénis, parce que rien n’est aussi agréable à Dieu, rien n’est plus utile au monde, rien n’est plus glorieux pour l’homme que de coopérer avec Jésus au salut des âmes.

Le répons est tiré du psaume 91 ; c’est celui du Commun des confesseurs. « Le juste fleurira comme le palmier, et il étendra ses rameaux comme le cèdre sur le Liban. Il annoncera de grand matin votre miséricorde, et, la nuit, votre vérité. » La vie des saints est toujours féconde en bonnes œuvres, parce que, comme autant de sarments, ils tirent la sève vitale de la vraie vigne qui est le Christ. Ainsi seulement s’explique leur surprenante activité.

Le verset alléluiatique est tiré de saint Jacques (1, 12) là où il appelle bienheureuse l’âme qui est exposée à l’épreuve ; — voilà la condition normale de notre vertu en ce monde, et c’est pourquoi ce verset qu’on chante aujourd’hui s’applique en général à toutes les fêtes des confesseurs — oui, bienheureuse, car, après avoir soutenu fidèlement l’épreuve, elle obtiendra la couronne de vie.

Combien l’appréciation de Dieu diffère de la manière commune de juger les choses parmi les hommes ! Pour ceux-ci, la tentation et l’épreuve représentent un malheur et méritent la compassion, même aux yeux des bons chrétiens. Le Saint-Esprit au contraire proclame bienheureux celui qui est soumis à l’épreuve, et ce jugement doit suffire pour réformer toutes nos appréciations humaines. Bienheureux donc celui qui supporte la tentation, car rien n’est plus utile que l’épreuve pour nous rapprocher de Dieu et pour nous faire progresser dans la vertu. C’est pendant la tentation que Dieu est plus que jamais près de nous, selon la parole du psalmiste : iuxta est Dominus iis qui tribulato sunt corde ; en sorte que si l’épreuve n’avait d’autre avantage que celui-là, c’est-à-dire d’inviter Dieu à se tenir près de nous, elle devrait être désirée par toutes les âmes fidèles.

La lecture évangélique tirée de saint Marc (16, 15-18) s’adapte très bien à la fête du grand apôtre des Indes ; grand, non seulement par l’immense champ de son apostolat, mais aussi par les merveilleux prodiges opérés par lui et qui rappellent ceux qu’accomplirent les apôtres. A la gloire en effet de l’humble disciple de saint Ignace, rien ne manque des charismes accordés aux premiers propagateurs de l’Évangile, c’est-à-dire le pouvoir de guérir les malades, de ressusciter les morts, de se faire comprendre par des peuples de langages très différents, d’éloigner les épidémies et même, quand il ne pouvait agir en personne, de se faire remplacer par des enfants auxquels il remettait son crucifix pour guérir les malades. Le verset de l’offertoire est pris au psaume 88 et il est commun à toutes les fêtes des simples confesseurs. « Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui, et en mon nom sera exaltée sa puissance. » Les solennités des saints célèbrent donc la- gloire de Dieu, comme en un chef-d’œuvre l’on admire non point le bois ou la pierre pour eux-mêmes, mais le génie de l’artiste qui a animé et comme spiritualisé la matière.

La secrète présente au Seigneur le sacrifice de louange en mémoire des saints, lesquels, à leur tour, ont accumulé de nombreux mérites, puisque eux-mêmes se sont immolés comme un holocauste vivant. Nous demandons donc, par les mérites surabondants des saints, que Dieu nous préserve des maux de la vie présente — ceux de l’âme surtout -— afin que nous puissions plus facilement éviter les châtiments, éternels.

Le verset chanté durant la communion est pris de l’Évangile selon saint Matthieu (24, 46-47) et appartient au Commun des confesseurs non pontifes. « Bienheureux ce serviteur qui se trouvera éveillé quand viendra le Seigneur ; je vous assure qu’il le mettra à la tête de ses trésors. » Les trésors de Dieu sont l’Église et les âmes. Le Seigneur met ses saints à la tête de ce précieux dépôt parce qu’ils sont les membres élus de la Rédemption, et par leur prière assidue dans le ciel, ils veillent sur les besoins de la société chrétienne.

La postcommunion de ce jour demande d’une façon générale l’efficacité des prières du saint en l’honneur duquel a été immolé le divin Sacrifice.

La sainteté de François Xavier est le plus splendide résultat des exercices spirituels et de la méditation assidue et diligente des vérités de la foi. Un saint, en effet, diffère du commun des chrétiens en ce que, avec une logique plus serrée, il exécute fidèlement ce qu’il a promis au baptême. Il n’y a pas deux vocations, l’une à la foi et l’autre à la perfection ; tous les chrétiens, au dire de saint Paul, sont : vocati sancti. Il est donc nécessaire de prendre un peu plus au sérieux nos relations avec Dieu, pour marcher dans le chemin de la vie avec une logique plus rigoureuse. C’est là le résultat de la méditation.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint François Xavier fut un prédicateur de l’Avent pour un grand nombre de païens.

Pouvons-nous établir une liaison entre le saint du jour et l’Avent ? Saint François Xavier fut Précurseur et Baptiste pour l’avènement du Christ, dans l’Inde et le Japon. Le grand missionnaire fut dans l’Extrême-Orient un nouveau saint Jean qui prépara les voies du Seigneur.

Saint François Xavier. — Jour de mort : 2 décembre 1552. Tombeau : Son corps repose depuis 1554 à Goa (Inde), le bras droit fut transporté en 1614 dans l’église de Gesù à Rome. Image : On le représente avec l’habit de jésuite, comme un homme grand et fort, avec une petite barbe. Vie : Le grand missionnaire naquit en 1506 au château de Xavier en Navarre ; en 1525 il fit la connaissance de saint Ignace et fut son second compagnon ; en 1542, il fut envoyé aux Indes ; de 1549 à 1551 son champ d’action fut le Japon. Il parcourut un nombre incalculable de régions, toujours à pied et souvent pieds nus. Il porta la foi au japon et dans six autres royaumes. Il convertit des centaines de mille d’infidèles au Christ ; dans l’Inde seule, il régénéra dans les eaux du baptême des princes puissants, des rois mêmes. Et malgré toutes les grandes œuvres qu’il avait accomplies pour Dieu, il était si humble, qu’il n’écrivait jamais qu’à genoux à son Supérieur saint Ignace. Dieu confirma son ardeur à répandre l’Évangile par des miracles nombreux et magnifiques. Il ressuscita quelques morts, entre autres quelqu’un qui avait été enterré la veille et qu’il ordonna de retirer du tombeau. Son unique passion était de gagner des âmes pour le ciel. “Donnez-moi des âmes, ô mon Dieu”, telle était sa prière continuelle.

Pratique : Saint François Xavier est le patron de la Propagation de la foi. La grande charge des missions que Dieu a confiée à son Église demande aussi notre concours. Je veux aujourd’hui prier pour les missions et consacrer à leur soutien une aumône proportionnée à mes ressources.

La messe (Loquebar). — La liturgie de la messe est toute pleine de la pensée des missions. A l’Introït, tous les peuples sont invités à remercier le Seigneur pour sa miséricorde et sa fidélité, pour la grâce de la conversion ; nous apprenons en même temps comment François se tient devant les rois pour confesser le Christ (l’Introït s’écarte de l’ancienne tradition : l’antienne et le verset appartiennent à deux psaumes différents). L’Épître est un peu difficile : elle indique l’importance du missionnaire. Sans un prédicateur envoyé par Dieu, les hommes ne peuvent pas recevoir la foi. C’est pourquoi Isaïe vante de là les messagers de la foi : “Qu’ils sont beaux les pas de ceux qui annoncent la paix, qui apportent le joyeux message !” Chez François Xavier s’est accomplie la parole du psaume : “Dans tout l’univers a retenti leur cri et jusqu’aux extrémités de la terre s’est étendue leur prédication.” A l’Évangile nous entendons l’ordre de mission donné par le Christ et, en même temps, la promesse des miracles qui s’est réalisée dans la vie de notre saint. La Communion : “Bienheureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera vigilant ; en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens” exprime la récompense de saint François, elle doit être la nôtre aussi, au moment où nous approchons de la Sainte Table. Pendant l’Avent cette antienne a un sens tout particulier. Durant sa vie saint François a apporté à tant d’âmes un accroissement de vie divine, serait-il possible qu’au jour de sa mort il ne nous obtienne pas une grâce plus abondante ?

Leçons des Matines

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. François, né de parents nobles, à Xavier, dans le diocèse de Pampelune, devint, à Paris, le compagnon et le disciple de saint Ignace. Sous un tel maître, il fit tant de progrès que, lorsqu’il était occupé de la contemplation des choses divines, on le vit plus d’une fois élevé au-dessus de terre ; ce qui lui arriva à diverses reprises, en présence d’une multitude de peuple, pendant qu’il célébrait le divin sacrifice. Ces délices de l’âme, il les méritait par les grands tourments qu’il infligeait à son corps ; car, il s’interdisait non seulement l’usage de la viande et du vin, mais celui du pain de froment, se nourrissant des plus vils aliments, et passant quelquefois deux ou trois jours de suite sans rien prendre. Il se flagellait si rudement avec des disciplines de fer, que souvent le sang coulait avec abondance ; et ne prenait que sur la terre nue un court sommeil.

Cinquième leçon. L’austérité et la sainteté de sa vie l’eurent bientôt mûri pour l’office de l’apostolat. Jean III, roi de Portugal, ayant demandé à Paul III, pour les Indes, quelques membres de la Société naissante, le Pape, de l’avis de saint Ignace, choisit François pour cette grande entreprise et lui confia les pouvoirs de nonce apostolique. Dès son arrivée, il parut aussitôt miraculeusement instruit des dialectes variés et très difficiles de ces différentes nations. Il arriva même plusieurs fois que, parlant en une seule langue à diverses peuplades, chacune d’elles l’entendit parler son idiome. Le saint parcourut, toujours à pied, souvent sans chaussures, d’innombrables provinces. Il importa la foi au Japon et dans six autres contrées, convertit au Christ, dans les Indes, plusieurs centaines de milliers de personnes, et purifia dans la fontaine du baptême de grands princes et plusieurs rois. Tandis qu’il accomplissait pour Dieu de si grandes choses, telle était son humilité, qu’il n’écrivait qu’à genoux à saint Ignace, son supérieur.

Sixième leçon. Cette ardeur de François dans la propagation de l’Évangile, fut soutenue de Dieu par d’éclatants et nombreux miracles. Il rendit la vue à un aveugle. Il changea en eau douce, par un signe de croix, autant d’eau de mer, qu’il en fallut pour subvenir longtemps aux besoins d’un équipage de cinq cents hommes qui mouraient de soif. On porta aussi de cette eau en différents pays, et elle y guérit subitement un grand nombre de malades. Il rappela plusieurs morts à la vie, et parmi ceux-ci un homme enterré depuis la veille, qu’il ordonna de tirer du sépulcre et ressuscita ; et deux autres qu’il prit par la main, tandis qu’on les portait sur une civière au tombeau, furent rendus vivants à leurs parents. Inspiré diverses fois par l’esprit de prophétie, il révéla plusieurs événements qui devaient s’accomplir dans un temps ou dans un lieu éloignés. Enfin, plein de mérites et épuisé de travaux, il mourut dans l’île de Sancian, le second jour de décembre. Sa dépouille mortelle, ensevelie à deux reprises dans de la chaux vive, y demeura de longs mois sans aucune corruption, elle répandit même des parfums et du sang. Transportée à Malacca, son arrivée y mit aussitôt fin à une peste fort violente. De nouveaux et très grands miracles ayant été obtenus dans toutes les parties du monde par l’intercession de François Xavier, Grégoire XV l’inscrivit au nombre des Saints. Pie X l’a choisi et donné pour céleste Patron à la Société et aux œuvres de la Propagation de la Foi.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Lecture du saint Évangile selon saint Marc.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Allez dans tout l’univers, et prêchez l’Évangile à toute créature.. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape..
Septième leçon. Par ces mots : « toute créature, » on peut entendre toutes les nations des Gentils. Car il avait été dit auparavant : « N’allez point vers les Gentils » ; et maintenant on dit : « Prêchez l’Évangile à toute créature », sans doute afin que la prédication, repoussée d’abord par les Juifs, tournât à notre avantage, comme elle devait tourner à la condamnation de ce peuple superbe, qui la rejetait. Quand la Vérité envoie ses disciples prêcher l’Évangile, n’est-ce pas répandre une semence dans le monde ? Elle jette en semence quelques grains, et c’est pour recevoir de notre foi d’abondantes récoltes.

Huitième leçon. Une si grande moisson de fidèles n’aurait pas levé dans le monde, si la main du Seigneur n’eût répandu parmi les hommes, comme sur une terre raisonnable, les grains choisis des prédicateurs. On lit ensuite : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Chacun dira peut-être en soi-même : J’ai déjà cru, je serai sauvé. Il dit vrai, si ses œuvres sont conformes à sa foi. La foi véritable est celle dont les actions ne contredisent pas les paroles, c’est pourquoi saint Paul a dit de ces faux chrétiens : « Ils déclarent connaître Dieu, et ils le nient par leurs œuvres. »

Neuvième leçon.« Or voici les prodiges qui accompagneront ceux qui auront cru ; ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris. » Quoi, mes frères, est-ce à dire que votre foi est moins réelle parce que vous ne faites pas ces miracles ? Assurément non, mais ils étaient nécessaires au début de l’Église. Pour croître dans la foi, la multitude des croyants avait besoin d’être nourrie par des miracles. Ainsi, quand nous plantons des arbustes, nous les arrosons jusqu’à ce que nous les voyions reprendre dans la terre, et dès qu’ils sont bien enracinés, on cesse de les arroser. C’est pourquoi saint Paul dit : « Les langues sont un signe, non pour les fidèles, mais pour les infidèles. »

La Messe

die 3 decembris
le 3 décembre
SANCTI FRANCISCI XAVERII
SAINT FRANÇOIS XAVIER
Conf.
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIIème classe (avant 1960 : double majeur)
Ant. ad Introitum. Ps. 118, 46-47.Introït
Loquébar de testimóniis tuis in conspéctu regum, et non confundébar : et meditábar in mandátis tuis, quæ diléxi nimis.Je parlais de vos préceptes devant les rois, et je n’en avais pas de confusion. Et je méditais sur vos commandements, car je les aime.
Ps. 116, 1-2.
Laudáte Dóminum, omnes gentes, laudáte eum, omnes pópuli : quóniam confirmáta est super nos misericórdia eius, et véritas Dómini manet in ætérnum.Louez le Seigneur, toutes les nations, louez-le, tous les peuples : car sa miséricorde s’est étendue sur nous, et la vérité du Seigneur demeure éternellement.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui Indiárum gentes beáti Francísci prædicatióne et miráculis Ecclésiæ tuæ aggregáre voluísti : concéde propítius ; ut, cuius gloriósa mérita venerámur, virtútum quoque imitémur exémpla. Per Dóminum.O Dieu, qui, par la prédication et les miracles du bienheureux François, avez voulu faire entrer dans votre Église les peuples des Indes, accordez-nous, dans votre bonté, la grâce d’imiter les exemples de vertu de celui dont nous honorons les glorieux mérites.
Et fit Commemoratio Feriæ.Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Romános.Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Romains.
Rom. 10, 10-18.
Fratres : Corde enim créditur ad iustítiam : ore autem conféssio fit ad salútem. Dicit enim Scriptúra : Omnis, qui credit in illum, non confundétur. Non enim est distínctio Iudǽi et Græci : nam idem Dóminus ómnium, dives in omnes, qui ínvocant illum. Omnis enim, quicúmque invocáverit nomen Dómini, salvus erit. Quómodo ergo invocábunt, in quem non credidérunt ? Aut quómodo credent ei, quem non audiérunt ? Quómodo autem áudient sine prædicánte ? Quómodo vero prædicábunt, nisi mittántur ? sicut scriptum est : Quam speciósi pedes evangelizántium pacem, evangelizándum bona ! Sed non omnes ob.diunt Evangelio. Isaías enim dicit : Dómine, quis crédidit audítui nostro ? Ergo fides ex audítu, audítus autem per verbum Christi. Sed dico : Numquid non audiérunt ? Et quidem in omnem terram exívit sonus eórum, et in fines orbis terræ verba eórum.Mes Frères : C’est en croyant du cœur que l’on est justifié, et c’est en confessant de la bouche qu’on est sauvé. En effet, l’Écriture dit : Quiconque croit en lui ne sera pas confondu. Car il n’y a pas de distinction entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous un même Seigneur, riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Mais comment invoqueront-ils celui auquel ils n’ont pas cru ? Ou comment croiront-ils en celui dont il n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a pas de prédicateur ? Et comment les prédicateurs prêcheront-ils, s’ils ne sont pas envoyés ? Ainsi qu’il est écrit : Qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent la bonne nouvelle ! Mais tous n’obéissent pas à la bonne nouvelle. Aussi Isaïe dit-il : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? La foi donc vient de ce qu’on a entendu, et l’on entend grâce à la parole du Christ. Mais je dis : Est-ce qu’ils n’ont pas entendu ? Certes, leur voix est allée par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde.
Graduale. Ps. 91, 13 et 14.Graduel
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur in domo Dómini.Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban dans la maison du Seigneur.
V/. Ibid., 3. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem.V/. Pour annoncer le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit.
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Marcum.Lecture du Saint Evangile selon saint Marc.
Marc. 16, 15-18.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Eúntes in mundum univérsum, prædicáte Evangélium omni creatúræ. Qui credíderit, et baptizátus fúerit, salvus erit : qui vero non credíderit, condemnábitur. Signa autem eos, qui credíderint, hæc sequéntur : In nómine meo dæmónia eiícient : linguis loquéntur novis : serpéntes tollent : et si mortíferum quid bíberint, non eis nocébit : super ægros manus impónent, et bene habébunt.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Allez par tout le monde et prêchez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru en mon nom : ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents, et s’ils boivent quelque poison, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25.Offertoire
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius.Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance.
SecretaSecrète
Præsta nobis, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nostræ humilitátis oblátio, et pro tuórum tibi grata sit honóre Sanctórum, et nos córpore páriter et mente puríficet. Per Dóminum.O Dieu tout-puissant, accordez-nous, s’il vous plaît, que cette offrande que vous présente notre bassesse en l’honneur de vos Saints vous soit agréable à cause d’eux, et nous purifie en notre corps ainsi qu’en notre âme.
Et fit Commemoratio Feriæ.Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent.
Præfatio communis. Préface Commune .
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu.Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent .
Ant. ad Communionem. Matth. 24,46-47.Communion
Beátus servus, quem, cum vénerit dóminus, invénerit vigilántem : amen, dico vobis, super ómnia bona sua constítuet eum.Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ; en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens.
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui cæléstia aliménta percépimus, intercedénte beáto Francísco Confessóre tuo, per hæc contra ómnia advérsa muniámur. Per Dóminum.Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites qu’ayant reçu un aliment tout céleste et que le bienheureux François votre Confesseur, intercédant pour nous, nous soyons grâce à ses secours munis contre toutes les adversités.
Et fit Commemoratio Feriæ.Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent.