Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Jean-Paul II, Lettre apostolique, 8 mai 2003 |
Évêque de Cracovie et martyr dans cette ville le 11 avril 1079. Canonisé à Assise par Innocent IV en 1253. Inscrit au calendrier par Clément VIII en 1595 comme semi double, avec fête au 7 mai. Fête élevée au rite double en 1736.
Missa Protexísti, de Communi Martyrum T.P. I loco, cum orationibus ut infra : | Messe Protexísti, du Commun des Martyrs au T.P. I, avec les oraisons ci-dessous : |
Oratio P | Collecte P |
Deus, pro cuius honóre gloriósus Póntifex Stanisláus gládiis impiórum occúbuit : præsta, quǽsumus ; ut omnes, qui eius implórant auxílium, petitiónis suæ salutárem consequántur efféctum. Per Dóminum. | O Dieu, pour l’honneur de qui le glorieux Pontife Stanislas a succombé sous le glaive des impies, faites, nous vous en conjurons, que tous ceux qui implorent son secours obtiennent l’effet salutaire de leur prière. |
Secreta C 2 | Secrète C 2 |
Múnera tibi, Dómine, dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Stanisláo Mártyre tuo atque Pontífice, per éadem nos placátus inténde. Per Dóminum.N. | Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et le bienheureux Stanislas, votre Martyr et Pontife, jetez sur nous un regard de paix et de bonté. |
Postcommunio C 2 | Postcommunion C 2 |
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáto Stanisláo Mártyre tuo atque Pontífice, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum. | Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes, et, par l’intercession du bienheureux Stanislas, Martyr et Pontife, nous rende participants du céleste salut. |
¶ Pro votiva extra Tempus Paschale Missa Sacerdótes Dei, de Communi unius Martyris 2 loco, cum Orationibus, ut supra. | ¶ Aux Messes votives en dehors du Temps pascal, Messe Sacerdótes Dei, du Commun d’un Martyr 2, avec les oraisons ci-dessus. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Stanislas était polonais, il naquit à Cracovie de parents nobles et pieux qui l’obtinrent de Dieu par leurs prières après une stérilité de trente années. Il donna dès son enfance des indices de sa sainteté future. Dans son adolescence, il s’appliqua avec ardeur aux études libérales et fit de grands progrès dans la science des saints Canons et de la théologie. Ses parents étant morts, il distribua aux pauvres son patrimoine, qui était considérable ; il désirait embrasser la vie monastique, mais la providence de Dieu voulut que Lampert, Évêque de Cracovie, le fît chanoine et prédicateur de son Église ; et plus tard, il succéda, quoique malgré lui, à ce Prélat. Dans l’accomplissement des devoirs de sa charge, il se distingua par l’éclat de toutes les vertus pastorales, et particulièrement par sa grande charité envers les pauvres.
Cinquième leçon. Boleslas était alors roi de Pologne, Stanislas tomba dans la disgrâce de ce prince pour l’avoir repris publiquement de son libertinage, qui était connu de tous. C’est pourquoi le roi suscita des calomniateurs qui, dans une assemblée solennelle du royaume, appelèrent Stanislas en justice devant lui, comme possesseur illégitime d’une terre qu’il avait achetée au nom de son Église. Comme l’Évêque ne pouvait prouver son innocence par les pièces nécessaires, et que les témoins craignaient de dire la vérité, il s’engagea à faire comparaître, trois jours après, devant les juges, celui qui lui avait vendu la propriété : cet homme, appelé Pierre, était mort depuis trois ans. On accepte avec risée la proposition : l’homme de Dieu passe ces trois jours entiers dans le jeûne et la prière ; et au jour marqué, après avoir offert le sacrifice de la Messe, il ordonne à Pierre de sortir du tombeau. Le mort est aussitôt rendu à la vie, il suit l’Évêque au tribunal royal, et là, en présence du roi et de l’assemblée frappés de stupeur, il dépose avoir vendu la terre dont il s’agissait, et en avoir reçu le prix convenu des mains de l’Évêque. Après avoir rendu ce témoignage, il s’endormit de nouveau dans le Seigneur. Sixième leçon. Mais Boleslas ne profitant pas des fréquents avertissements de Stanislas, ce Prélat le sépare enfin de la communion des fidèles. Dans la fureur de son ressentiment, le prince envoie des soldats à l’église pour égorger le saint Évêque : trois fois ils tentent de consommer le crime, trois fois ils sont repoussés par une force divine et invisible. Enfin le roi impie frappe de sa propre main le Prêtre du Seigneur, au moment où il offrait à l’autel l’hostie immaculée. Son corps mis en pièces et jeté dans la campagne, fut défendu miraculeusement par des aigles contre les bêtes sauvages. La nuit venue, les chanoines de Cracovie recueillirent, à la faveur d’une lumière céleste, ses membres dispersés, et ils les déposèrent suivant leur place naturelle : on les vit aussitôt se réunir les uns aux autres, si bien qu’il ne parut plus aucune trace de blessure. Dieu manifesta encore la sainteté de son serviteur par beaucoup de miracles qui suivirent sa mort et décidèrent le souverain Pontife Innocent IV à le mettre au nombre des Saints.
Le XIe siècle, siècle de luttes pour le Sacerdoce contre la barbarie, envoie aujourd’hui un nouveau martyr à Jésus ressuscité. C’est Stanislas, que la noble Pologne place aux premiers rangs de ses défenseurs. Un prince chrétien dont il reprenait les vices l’a immolé à l’autel ; le sang du courageux Pontife s’est mêlé à celui du Rédempteur dans un même Sacrifice. Quelle invincible force dans ces agneaux que Jésus a envoyés au milieu des loups [1] ! Tout à coup le lion se révèle en eux, comme il s’est montré dans notre divin Ressuscité. Pas de siècle qui n’ait eu ses martyrs, les uns pour la foi, les autres pour l’unité de l’Église, d’autres pour sa liberté, d’autres pour la justice, d’autres pour la charité, d’autres pour le maintien de la sainteté des mœurs, comme notre grand Stanislas. Le XIXe siècle a vu aussi ses martyrs ; il les voit chaque année dans l’extrême Orient ; est-il appelé, avant de finir son cours, à en voir dans l’Europe ? Dieu le sait. Le siècle dernier, à son début, ne semblait pas destiné à fournir l’abondante moisson que produisit le champ de la France catholique. Quoi qu’il advienne, soyons assurés que l’Esprit de force ne ferait pas défaut aux athlètes de la vérité. Le martyre est un des caractères de l’Église, et il ne lui a manqué à aucune époque. Les Apôtres qui entourent en ce moment Jésus ressuscité ont bu tour à tour le calice après lui ; et nous admirions hier comment le disciple de prédilection est lui-même entré dans la voie préparée à tous.
Vous fûtes puissant en œuvres et en paroles, ô Stanislas ! et le Seigneur vous a donné pour récompense la couronne de ses martyrs. Du sein de la gloire dont vous jouissez, jetez un regard sur nous, et demandez au Seigneur le don de force qui brilla en vous, et dont nous avons tant besoin pour vaincre les obstacles qui entravent notre marche. Notre divin Ressuscité ne veut à sa suite que des soldats vaillants. Le royaume eu il est sur le point d’entrer, il l’a pris d’assaut ; et il nous avertit que si nous prétendons l’y suivre, nous devons nous préparer à la violence. Fortifiez-nous, soldat du Dieu vivant, soit qu’il nous faille à force ouverte soutenir la lutte pour la foi ou l’unité de l’Église, soit que le combat doive se passer contre les ennemis invisibles de notre salut. Bon pasteur, qui n’avez ni reculé, ni tremblé devant le loup, obtenez-nous des pasteurs semblables à vous. Soutenez la sainte Église, qui est en butte à ses ennemis par toute la terre. Convertissez ses persécuteurs, comme vous avez converti Boleslas votre meurtrier, qui a trouvé le salut dans votre sang. Souvenez-vous de votre chère Pologne, qui vous honore d’un culte si fervent. Brisez enfin, ô Stanislas, le joug de fer qui l’accable. N’est-il pas temps qu’elle reprenne son rang parmi les nations ? Dans les épreuves que ses fautes avaient méritées, elle a conservé le lien sacré de la foi et de l’unité catholique, elle a été patiente et fidèle ; suppliez le divin Ressuscité d’avoir pitié d’elle, de récompenser sa patience et sa fidélité. Qu’il daigne lui donner part à sa résurrection ; et ce jour sera un jour de joie pour toutes les Églises qui sont sous le ciel ; car elle est leur sœur chérie ; et si elle revit, nous chanterons partout au Seigneur un cantique nouveau.
La mort de cet héroïque évêque, mis en pièces par le roi Boleslas de Pologne au pied de l’autel, le 8 mai 1097, a quelque chose de tragique qui rappelle l’assassinat de Zacharie, perpétré dans la cour des prêtres en face du Saint des saints. Près d’un siècle plus tard, saint Thomas de Cantorbéry trouvera une mort presque semblable à celle de saint Stanislas dans sa propre cathédrale ; aussi aujourd’hui, pour mieux mettre en évidence la ressemblance existant entre ces deux athlètes du ministère pastoral, la collecte de l’un s’applique-t-elle à l’autre. Saint Stanislas subit le martyre tandis qu’en la fête de l’Apparition de saint Michel il célébrait la messe solennelle dans l’oratoire dédié au saint Archange aux environs de Cracovie. Ce jour étant consacré depuis le haut moyen âge à saint Michel, on fixa au jour précédent la célébration de la fête du saint martyr, lorsque celle-ci fut introduite dans le calendrier universel de l’Église par Clément VIII.
La messe est celle du Commun des Martyrs au temps pascal, Protexisti.
La première collecte est propre ; les deux autres sont celles de la messe Sacerdotes, qui serait assignée à cette fête si elle tombait hors du temps pascal
Un simple coup d’œil jeté sur le Martyrologe démontre que l’immense majorité des saints qui y sont inscrits ont été évêques. La raison en est que les fonctions épiscopales, et, en général, toutes les charges auxquelles est joint le soin des âmes, portent avec elles des grâces d’état particulières, et mettent celui qui les détient dans la nécessité de tendre à la perfection et à la sainteté, sous peine de ne pouvoir, s’il agit autrement, exercer convenablement la charge pastorale.
Personne ne doit jamais s’élever de soi-même, ni ambitionner un état auquel Dieu ne l’appelle peut-être pas ; ce serait se pencher au bord d’un précipice. Mais quand le Seigneur, par l’intermédiaire de ses représentants légitimes, appelle une âme à l’état pastoral, celle-ci, tout en se défiant d’elle-même, doit mettre en Dieu sa confiance et se montrer humblement reconnaissante d’être ainsi dans la nécessité de travailler avec zèle à sa propre sanctification, condition essentielle de celle du prochain confié à ses soins et dont elle doit rendre un compte strict au Pasteur et à l’Évêque divin.
Ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite des morts ». (Luc XVI, 31).
Saint Stanislas. — Jour de mort : 8 mai 1079. Tombeau : dans la cathédrale de Cracovie. Vie : Saint Stanislas naquit à Sczepanow, près de Cracovie, en 1030. En 1072, il devint évêque de Cracovie. Il se signala par sa franchise héroïque en face du roi impie. Ce roi le tua lui-même à l’autel de l’église Saint-Michel, aux portes de Cracovie (1079). Le pape Innocent IV le mit au nombre des saints en 1253. Cette proclamation eut lieu à Assise. Le bréviaire raconte : le roi Boleslas, dans une assemblée solennelle du royaume, le cita devant son tribunal et l’accusa faussement de posséder indûment un domaine que le saint avait acheté au nom de son Église et payé. Stanislas ne pouvait prouver qu’il avait payé, ni par des quittances, ni par dires de témoins (les témoins craignaient de dire la vérité). Il promit alors que, dans trois jours, il amènerait devant le tribunal le vendeur de la propriété, un certain Pierre qui était mort depuis trois ans, afin de prouver la vérité de ses affirmations. Sa proposition fut acceptée avec des rires moqueurs. Or, le saint passa les trois jours suivants dans la prière et le jeûne. Au jour fixé, le troisième, il célébra la sainte messe, puis il ordonna au mort de sortir du tombeau et de le suivre au tribunal. Celui-ci obéit immédiatement à l’ordre de son évêque. Il sortit vivant de la tombe et accompagna Stanislas au tribunal. Là, il attesta, au grand effroi du roi et des assistants, que l’évêque lui avait payé le prix d’achat et avait reçu de lui la propriété. Puis, il s’endormit de nouveau dans le Seigneur. Le tombeau du saint se trouve dans la cathédrale de Cracovie. La messe est du commun des martyrs Protexisti.
Sacrifice et vie. — C’est un spectacle saisissant. Stanislas célèbre le Saint-Sacrifice et subit pendant la messe la mort des martyrs. Il a donc uni le sacrifice de sa vie au sacrifice de la Rédemption. Sa mort ne fait qu’un avec la mort du Christ. C’est un sort qui ne fut réservé qu’à peu d’hommes. Mais il y a quelque chose que nous pouvons faire. Essayons, nous aussi, d’unir notre vie au sacrifice de la messe. Cela est possible de deux manières. Rassemblons tout le bien que nous avons fait, toutes nos souffrances méritoires, pour les présenter comme offrande à la messe suivante. L’antique maxime des anciens était : Ne te présente pas sans don devant la face du roi. Faisons donc de notre travail, de nos prières, de nos souffrances, de nos désirs et de nos craintes, notre pain et notre vin du sacrifice. Alors, le sacrifice de la messe ne sera pas seulement le sacrifice du Christ, mais aussi le nôtre, ou, pour mieux dire, nous offrirons notre sacrifice dans le Christ. Il est un second moyen d’unir notre vie au sacrifice de la messe. Vivons de la vertu du sacrifice. Tel est le sens de nombreuses postcommunions le fruit du sacrifice est une vie agréable à Dieu. Le Christ travaille, souffre, prie en moi... Ainsi, la messe pourrait devenir pour moi ce qu’est le soleil pour les créatures terrestres.
A l’archidiocèse de Cracovie et à l’Eglise qui est en Pologne
"Beatum Stanislaum episcopum digne Sanctorum Catalogo duximus ascribendum". "Nous avons considéré digne d’inscrire dans l’Album des saints le bienheureux évêque Stanislas" : par ces mots, le 17 septembre 1253, mon vénéré prédécesseur le Pape Innocent IV, confirma l’acte de canonisation du Martyr de Cracovie, en ordonnant dans le même temps que sa mémoire soit célébrée chaque année le 8 mai. Avec une joie qui ne décline jamais et avec dévotion, l’Église qui est en Pologne exécutait cet ordre, en vénérant le saint Patron de toute la nation. Elle le fait de façon particulièrement solennelle en cette année, qui est celle du 750e anniversaire de sa canonisation. De tout cœur, je désire donc m’unir aux célébrations de ce jubilé et exprimer mon union avec le clergé et avec les fidèles de l’Église qui est à Cracovie et dans toute la Pologne, qui se rassemblent autour de la tombe de saint Stanislas, pour louer Dieu de toutes les grâces reçues par la nation polonaise à travers son intercession au cours des siècles.
Le souvenir du ministère de saint Stanislas sur le siège de Cracovie, qui dura à peine sept ans, et en particulier le souvenir de sa mort, accompagna sans cesse, au cours des siècles, l’histoire de la nation et de l’Église qui est en Pologne. Et dans cette mémoire collective, le saint Évêque de Cracovie resta présent comme le Patron de l’Ordre moral et de l’ordre social dans notre patrie.
En tant qu’évêque et pasteur, il annonça à nos ancêtres la foi en Dieu, il greffa en eux, à travers le saint Baptême, la Confirmation, la Pénitence et l’Eucharistie, la puissance salvifique de la Passion et de la Résurrection de Jésus Christ. Il enseigna l’ordre moral dans la famille fondée sur le mariage sacramentel. Il enseigna l’ordre moral au sein de l’État, rappelant même au roi que dans son action, il devait garder à l’esprit la loi immuable de Dieu. Il défendit la liberté, qui est le droit fondamental de chaque homme et qu’aucun pouvoir, sans violer l’ordre établi par Dieu lui-même, ne peut ôter à personne sans raison. A l’aube de notre histoire, Dieu, Père des peuples et des nations, nous manifesta à travers ce saint Patron que l’ordre moral, le respect de la loi de Dieu et des justes droits de chaque homme, est la condition fondamentale de l’existence et du développement de chaque société.
L’histoire fit également de Stanislas le Patron de l’unité nationale. Lorsqu’en 1253 arriva pour les Polonais l’heure de la canonisation du premier fils de leur terre, la Pologne vivait l’expérience douloureuse de la division en duchés régionaux. Et ce fut précisément cette canonisation qui éveilla chez les Princes de la dynastie des Piast, qui était au pouvoir, le besoin de se réunir à Cracovie, afin de partager, auprès de la tombe de saint Stanislas et sur le lieu de son martyre, la joie commune pour l’élévation de l’un de leurs compatriotes à la gloire des autels dans l’Église universelle. Tous virent en lui leur patron et leur intercesseur auprès de Dieu. Ils lui associèrent les espérances d’un avenir meilleur pour leur patrie. De la pieuse tradition qui rapporte que le corps de Stanislas, assassiné et découpé en morceau, se serait à nouveau recomposé, naissait l’espérance que la Pologne des Piast réussirait à surmonter la division dynastique et serait redevenue un État à l’unité durable. Dans la perspective de cette espérance, dès la canonisation, le saint Évêque de Cracovie fut élu comme le Patron principal de la Pologne et le Père de la Patrie.
Ses reliques, déposées dans la cathédrale de Wawel, étaient l’objet de la vénération religieuse de la part de toute la nation. Cette vénération acquit une nouvelle signification au cours de la période des divisions, lorsque venant de l’autre côté des frontières, en particulier de la Silésie, des Polonais arrivaient ici, désirant venir auprès de ces reliques qui rappelaient le passé chrétien de la Pologne indépendante. Son martyre devint le témoignage de la maturité spirituelle de nos ancêtres et acquit une éloquence particulière dans l’histoire de la nation. Sa figure était le symbole de l’unité qui désormais était édifiée non sur la base du territoire d’un État indépendant, mais sur celle des valeurs éternelles et de la tradition spirituelle, qui constituaient le fondement de l’identité nationale.
Saint Stanislas fut également le Patron des luttes pour la survie de la patrie au cours de la Deuxième Guerre mondiale, dont l’issue dans notre pays coïncide avec sa fête, au mois de mai. Du haut des cieux, il participa aux épreuves de la nation, à ses souffrances et à ses espérances. A l’époque difficile de la reconstruction du pays, après la guerre, et de l’oppression par des idéologies ennemies, le pays soutenu par son intercession remportait des victoires et entreprenait des efforts visant à un renouveau social, culturel et politique. Depuis des siècles, saint Stanislas est considéré comme le protecteur de la véritable liberté et le maître d’une union créative entre la loyauté à l’égard de la patrie terrestre et la fidélité à Dieu et à sa Loi - cette synthèse qui a lieu dans l’âme des croyants.
Dans la Lettre qu’il écrivit à l’occasion du 700e anniversaire de sa canonisation, Pie XII dit à son propos : "A votre peuple fut donné un pasteur qui offrit sa vie pour ses brebis, défendant la foi chrétienne et la morale, et qui, par son sang, rendit encore plus fertiles les semences de l’Évangile ainsi répandues. Confiant dans la Divine Providence, il se distingua en montrant un exemple lumineux de la force chrétienne. Saint Stanislas, qui se caractérisa par une profonde piété envers Dieu et par l’amour pour son prochain, ne manifesta rien de plus doux que la sollicitude pour le troupeau qui lui était confié et, jusqu’à la fin de sa vie, ne désira rien d’autre que de reproduire en lui de la façon la plus parfaite l’image du Divin Pasteur". Je rapporte ces paroles afin d’indiquer aux Pasteurs d’aujourd’hui - évêques et prêtres - le modèle à imiter. Aujourd’hui aussi, il y a besoin de courage pour transmettre et défendre le saint dépôt de la foi et, dans le même temps, cet amour de Dieu qui se manifeste à travers une sollicitude permanente pour l’homme, pour chaque fils de Dieu exposé aux adversités qui semblent éteindre la lumière de l’espérance dans la victoire de la vérité, du bien et de la beauté, dans un avenir meilleur dans la réalité temporelle et dans le bonheur éternel dans le Royaume de Dieu. Que l’exemple de l’amour généreux de saint Stanislas éclaire toujours les pasteurs de l’Eglise qui est en Pologne.
Stanislas de Szczepanów devint l’inspirateur de nombreux saints et bienheureux de notre terre polonaise. Il existe un lien spirituel profond entre la figure de ce grand Patron de la Pologne et de nombreux saints et bienheureux qui apportèrent une grande contribution de bien et de sainteté dans l’histoire de notre pays. Un signe de ce lien est la tradition de porter, au cours de la procession à l’église de Skalka, les reliques des saints polonais. En l’Évêque de Cracovie, les saints trouvent un exemple de l’héroïsme de la foi, de l’espérance et de la charité, qui se réalise chaque jour et qui prend la forme de l’héroïsme quotidien. Cette chaîne de sainteté, dont le premier maillon en terre polonaise est saint Stanislas, ne peut être interrompue. Il faut que nous tous, fils de la terre polonaise, nous sentions responsables de son prolongement et que nous la transmettions aux générations futures comme le trésor le plus précieux. Voilà le défi que saint Stanislas lance aujourd’hui à tous les fidèles : grandissez dans la sainteté ! Construisez l’édifice de votre vie en le posant sur le roc de la grâce divine, sans épargner vos efforts, afin que sa solidité soit fondée sur la fidélité à Dieu et à ses commandements !
Saint Stanislas témoigne avec éloquence qu’en Jésus Christ, l’homme est appelé à la victoire. Que cette victoire du bien sur le mal, de l’amour sur la haine, de l’unité sur les divisions, devienne l’idéal de chaque Polonais. Je prie afin que le clergé et les laïcs en Pologne deviennent toujours davantage saints et qu’ils transmettent le patrimoine de la sainteté aux nouvelles générations du troisième millénaire.
L’Église qui est en Pologne désire vivre toute cette année comme l’Année de saint Stanislas. C’est pourquoi, j’ai également décidé d’unir le Jubilé du 750e anniversaire de sa canonisation à la possibilité d’obtenir la grâce de l’indulgence plénière aux conditions habituelles, lors de la visite à sa tombe dans la cathédrale de Wawel et sur le lieu de sa mort, à Skalka.
A ceux qui voudront profiter de ce don et à tous fidèles dévots à saint Stanislas en Pologne et dans le monde, je donne de tout cœur ma Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 8 mai 2003
IOANNES PAULUS II
[1] Matth. X, 16.