Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
La messe d’aujourd’hui célèbre plusieurs martyrs d’époques différentes : les 7 fils de Ste Félicité, qui furent martyrisés sous les yeux de leur mère (d’où le choix de l’épître de la femme forte et la lecture de St Augustin à Matines) et les deux Vierges Rufine et Seconde, martyrisées un siècle plus tard.
Ant. ad Introitum. Ps. 112, 1 et 9. | Introït |
Laudáte, pueri, Dóminum, laudáte nomen Dómini : qui habitáre facit stérilem in domo, matrem filiórum lætántem. | Louez le Seigneur, vous ses serviteurs, louez le nom du Seigneur. Il a fait habiter celle qui était stérile dans la maison, comme une mère joyeuse au milieu de ses enfants. |
Ps. ibid., 2. | |
Sit nomen Dómini benedíctum : ex hoc nunc, et usque in sǽculum. | Que le nom du Seigneur soit béni, dès maintenant et dans les siècles. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui gloriósos Martyres fortes in sua confessióne cognóvimus, pios apud te in nostra intercessióne sentiámus. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout puissant, faites, nous vous en prions, qu’ayant connu combien vos glorieux Martyrs ont été fermes dans la confession de leur foi, nous ressentions les effets de leur pieuse intercession auprès de vous. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du Livre de la Sagesse. |
Prov. 31, 10-31. | |
Mulíerem fortem quis invéniet ? Procul et de últimis fínibus prétium eius. Confídit in ea cor viri sui, et spóliis non indigébit. Reddet ei bonum, et non malum, ómnibus diébus vitæ suæ. Quæsívit lanam et linum, et operáta est consílio mánuum suárum. Facta est quasi navis institóris, de longe portans panem suum. Et de nocte surréxit, dedítque prædam domésticis suis, et cibária ancíllis suis. Considerávit agrum, et emit eum : de fructu mánuum suárum plantávit víneam. Accínxit fortitúdine lumbos suos, et roborávit bráchium suum. Gustávit, et vidit, quia bona est negotiátio eius : non exstinguétur in nocte lucérna eius. Manum suam misit ad fórtia, et dígiti eius apprehénderent fusum. Manum suam apéruit ínopi, et palmas suas exténdit ad páuperem. Non timébit dómui suæ a frigóribus nivis : omnes enim doméstici eius vestíti sunt duplícibus. Stragulátam vestem fecit sibi : byssus et púrpura induméntum eius. Nóbilis in portis vir eius, quando séderit cum senatóribus terræ. Síndonem fecit et véndidit, et cíngulum tradidit Chananǽo. Fortitúdo et decor induméntum eius, et ridébit in die novíssimo. Os suum apéruit sapiéntiæ, et lex cleméntiæ in lingua eius. Considerávit sémitas domus suæ, et panem otiósa non comédit. Surrexérunt fílii eius, et beatíssimam prædicavérunt : vir eius, et laudávit eam. Multæ fíliæ congregavérunt divítias, tu supergréssa es univérsas. Fallax grátia, et vana est pulchritúdo : mulier timens Dóminum, ipsa laudábitur. Date ei de fructu mánuum suárum, et laudent eam in portis ópera eius. | Qui trouvera la femme forte ? C’est au loin et aux extrémités du monde qu’on doit chercher son prix. Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera point de dépouilles. Elle lui rendra le bien, et non le mal, tous les jours de sa vie. Elle a cherché la laine et le lin, et elle a travaillé avec des mains ingénieuses. Elle est comme le vaisseau d’un marchand, qui apporte son pain de loin. Elle se lève lorsqu’il est encore nuit, et elle donne la nourriture à ses domestiques, et les vivres à ses servantes. Elle a considéré un champ, et elle l’a acheté ; du fruit de ses mains elle a planté une vigne. Elle a ceint ses reins de force, et elle a affermi son bras. Elle a goûté, et elle a vu que son trafic est bon ; sa lampe ne s’éteindra point pendant la nuit. Elle a porté sa main à des choses fortes, et ses doigts ont saisi le fuseau. Elle a ouvert sa main à l’indigent, et elle a étendu ses bras vers le pauvre. Elle ne craindra point pour sa maison le froid de la neige, car tous ses domestiques ont un double vêtement. Elle s’est fait un vêtement de tapisserie ; elle se couvre de lin et de pourpre. Son mari est illustre aux portes de la ville, lorsqu’il est assis avec les anciens du pays. Elle a fait une tunique de lin et elle l’a vendue, et elle a livré une ceinture au Chananéen. Elle est revêtue de force et de beauté, et elle rira au dernier jour. Elle a ouvert sa bouche à la sagesse, et la loi de la clémence est sur sa langue. Elle a considéré les sentiers de sa maison, et elle n’a pas mangé son pain dans l’oisiveté. Ses fils se sont levés, et l’ont proclamée bienheureuse ; son mari s’est levé aussi, et l’a louée. Beaucoup de filles ont amassé des richesses ; toi, tu les as toutes surpassées. La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine ; la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. Donnez-lui du fruit de ses mains, et que ses œuvres la louent aux portes de la ville. |
Graduale. Ps. 123,7-8. | Graduel |
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium. | Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs. |
V/. Láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus : adiutórium nostrum in nómine Dómini, qui fecit cælum et terram. | V/. Le filet a été brisé et nous avons été délivrés ; notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. |
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. Alléluia. |
In missis votivis tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. | Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. |
Allelúia. V/. Te Martyrum candidátus laudat exércitus, Dómine. Allelúia. | Allelúia. V/. L’éclatante armée des Martyrs chante vos louanges, Seigneur. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu. |
Matth. 12, 46-50. | |
In illo témpore : Loquente Iesu ad turbas, ecce, Mater eius et fratres stabant foris, quæréntes loqui ei. Dixit autem ei quidam : Ecce, mater tua et fratres tui foris stant, quæréntes te. At ipse respóndens dicénti sibi, ait : Quæ est mater mea et qui sunt fratres mei ? Et exténdens manum in discípulos suos, dixit : Ecce mater mea et fratres mei. Quicúmque enim fécerit voluntátem Patris mei, qui in cælis est : ipse meus frater et soror et mater est. | En ce temps-là : comme Jésus parlait aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : "Voici votre mère et vos frères qui se tiennent dehors, et ils cherchent à vous parler." Il répondit à l’homme qui lui disait cela : "Qui est ma mère et qui sont mes frères ?" Et étendant la main vers ses disciples, il dit : "Voici ma mère et mes frères. Car quiconque aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère." |
Ant. ad Offertorium. Ps. 123, 7. | Offertoire |
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium : láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus. | Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs : le filet a été brisé et nous avons été délivrés. |
Secreta | Secrète |
Sacrifíciis præséntibus, quǽsumus, Dómine, inténde placátus : et, intercedéntibus Sanctis tuis, devotióni nostræ profíciant et salúti. Per Dóminum nostrum. | Regardez favorablement le présent sacrifice, Seigneur, nous vous en supplions, et comme vos Saints intercèdent pour nous, qu’il contribue à augmenter notre dévotion et à assurer notre salut. |
Ant. ad Communionem. Matth. 12, 50. | Communion |
Quicumque fecerit voluntátem Patris mei, qui in cælis est : ipse meus frater et soror et mater est, dicit Dóminus. | Quiconque aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère, dit le Seigneur. |
Postcommunio | Postcommunion |
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, intercedéntibus Sanctis tuis, illíus salutáris capiámus efféctum ; cuius per hæc mystéria pignus accépimus. Per Dóminum. | Nous vous demandons instamment, Dieu tout-puissant, que vos Saints intercédant pour nous, nous arrivions à posséder le plein effet de votre salut dont nous avons reçu le gage en ces mystères. |
Leçons des Matines avant 1960.
Au deuxième nocturne.
Quatrième leçon. A Rome, pendant la persécution de Marc-Aurèle Antonin, sept frères, fils de sainte Félicité, furent mis à l’épreuve par le préfet Publius, qui eut recours à la flatterie, puis à d’effrayantes menaces pour les amener à renoncer au Christ, et à vénérer les faux dieux ; mais les Martyrs persévérèrent dans la profession de la vraie foi, grâce à leur propre courage et aux exhortations de leur mère, et subirent la mort de différentes façons. On déchira Janvier à coups de fouets garnis de plomb ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade ; Silvain fut précipité d’un lieu très élevé ; Alexandre, Vital et Martial eurent la tête tranchée. Quatre mois après, leur mère obtint la même palme du martyre. Pour eux, ils rendirent leur âme au Seigneur le six des ides de juillet.
Cinquième leçon. Les deux sœurs, Rufine et Seconde, vierges romaines, avaient été fiancées par leurs parents, l’une à Armentarius et l’autre à Vénirus. Elles refusèrent ces alliances pour garder la virginité qu’elles avaient vouée à Jésus-Christ, et furent arrêtées sous le règne de Valérien et de Gallien. Le préfet Junius ne pouvant leur faire abandonner leur résolution ni par les promesses ni par la crainte des châtiments, donna l’ordre que Rufine, la première, fût bat tue de verges ; pendant qu’on la frappait, Seconde interpella ainsi le juge : « Pourquoi réserver tout l’honneur à ma sœur, et à moi l’ignominie ? Commande que nous soyons frappées en même temps, puisque nous confessons également la divinité du Christ. » Irrité de ces paroles, le juge les fit jeter dans un cachot ténébreux et fétide : la prison s’étant aussitôt remplie d’une vive lumière et d’une suave odeur, on les renferma dans un bain d’eau bouillante d’où elles sortirent saines et sauves ; alors on leur attacha une pierre au cou et on les jeta dans le Tibre ; mais un Ange les délivra de ce nouveau péril. Enfin on leur trancha la tête en dehors de la Ville, au dixième mille sur la voie Aurélia. Leurs corps ensevelis par la matrone Plautilla dans l’une de ses terres, furent transférés plus tard dans la Ville, et déposés dans la basilique Constantinienne, près le baptistère.
Sermon de saint Augustin, Évêque. Sermo 110 de diversis.
Sixième leçon. Mes frères, un grand spectacle a été offert aux yeux de notre foi. Notre oreille a entendu et notre âme a contemplé une mère qui, par des sentiments bien opposés aux vœux ordinaires de la nature, souhaite voir ses fils mourir avant elle. Tous les hommes veulent, en quittant ce monde, précéder leurs enfants, et non les suivre. Mais elle, elle a formé le souhait de mourir la dernière. C’est qu’elle ne perdait pas ses fils, elle ne faisait que les envoyer en avant, considérant, non point quelle vie finissait, mais quelle vie commençait pour eux. Car ils cessaient de vivre ici-bas, où ils devaient mourir un jour ou l’autre, et ils commençaient de vivre pour ne jamais cesser de vivre. Pour elle, c’est peu d’assister à leur mort : nous l’avons admirée les exhortant à mourir ; plus féconde en vertus qu’en enfants, en les voyant au combat, elle-même combattait avec eux tous ; en les voyant remporter la victoire, elle-même en eux tous était victorieuse.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 12, 46-50.
En ce temps-là : Comme Jésus parlait aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape.. Homilia 3 in Evangelia.
Septième leçon. Très chers frères, la leçon que l’on vient de lire dans le saint Évangile est courte, mais elle est importante par les grands mystères qu’elle contient. En effet, Jésus, notre Créateur et notre Rédempteur, ayant feint de ne pas connaître sa mère, donne à entendre qui est sa mère, et qui sont ses proches, non par le lien du sang, mais par l’union de l’esprit. « Qui est ma mère, dit-il, et qui sont mes frères ? Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère ». En s’exprimant ainsi que veut-il signifier, sinon qu’il trouve chez les Gentils à rassembler beaucoup de cœurs dociles, et que les Juifs, dont il est frère par le sang, il ne les connaît plus ?
Huitième leçon. Rien d’étonnant à ce que celui qui fait la volonté du Père céleste soit appelé sœur et frère du Seigneur, eu égard aux deux sexes qui tous deux sont appelés à la foi ; mais qu’il soit aussi appelé sa mère, voilà une chose surprenante. Comme Jésus daigna donner à ses fidèles disciples le nom de frères, quand il a dit : « Allez, annoncez à mes frères » ; il nous faut examiner comment celui qui, en se convertissant à la foi, est devenu le frère du Seigneur, peut encore être sa mère.
Neuvième leçon. Apprenons-le donc : celui qui est sœur et frère du Christ par le fait de croire en lui, devient sa mère en le prêchant. C’est comme l’enfanter que de le déposer dans l’âme de celui qui vous écoute, et on est devenu sa mère par la prédication, lorsque l’amour du Seigneur a pris naissance dans un cœur à la voix de celui qui exhorte. Cette vérité, l’exemple de sainte Félicité dont nous célébrons aujourd’hui la fête vient opportunément la confirmer ; par la foi, elle a été la servante du Christ ; par la parole, elle est devenue sa mère. Les Actes de son martyre les plus autorisés nous disent qu’elle a eu autant de crainte de laisser ses sept fils lui survivre dans la chair, que les parents charnels en ont d’ordinaire de voir leurs enfants mourir avant eux.
Trois fois en quelques jours, à la gloire de la Trinité, le septénaire va marquer dans la sainte Liturgie le règne de l’Esprit aux sept dons. Félicité, Symphorose, la Mère des Machabées, échelonnent sur la route qui conduit au mois de l’éternelle Sagesse le triple bataillon des sept fils que leur donna le ciel. L’Église, que Pierre et Paul viennent de quitter par la mort, poursuit sans crainte ses destinées ; car les martyrs font de leur corps un rempart au dépôt sacré du témoignage apostolique. Vivants, ils sont la force de l’Épouse ; leur trépas ne saurait l’appauvrir : semence de chrétiens [1], leur sang versé dans les tourments multiplie l’immense famille des fils de Dieu. Mystère sublime du monde des âmes ; c’est donc au temps où la terre pleure l’extinction de ses races les plus généreuses, qu’elles font souche dans les cieux pour les siècles sans fin. Ainsi en sera-t-il toujours ; devenue plus rare avec la suite des âges, la consécration du martyre laissera en ce point sa vertu à l’holocauste de la virginité dans la voie des conseils.
La foi d’Abraham fut grande d’avoir espéré, contre toute espérance, qu’il serait le père des nations en cet Isaac qu’il reçut l’ordre un jour d’immoler au Seigneur ; la foi de Félicité aujourd’hui est-elle moindre, lorsqu’à l’immolation sept fois renouvelée des fruits de son sein, elle reconnaît le triomphe de la vie et la bénédiction suprême donnée à sa maternité ? Honneur à elle, comme à ses devancières, comme aux émules que suscitera son exemple ! Nobles sources, épanchant l’abondance de leurs eaux sur le sable aride du désert, elles recueillent le dédain des sages de ce siècle ; mais c’est par elles que la stérile gentilité se transforme à cette heure en un paradis du Seigneur, par elles encore qu’après le défrichement du premier âge le monde verra sa fertilité maintenue.
Marc Aurèle venait de monter sur le trône impérial, où dix-neuf ans de règne n’allaient montrer en lui que le médiocre écolier des rhéteurs sectaires du second siècle. En politique comme en philosophie, le trop docile élève ne sut qu’épouser les étroites et haineuses idées de ces hommes pour qui la lumineuse simplicité du christianisme était l’ennemie. Devenus par lui préfets et proconsuls, ils firent de ce règne si vanté le plus froidement persécuteur que l’Église ait connu. Le scepticisme du césar philosophe ne l’exemptait pas au reste de la loi qui, chez tant d’esprits forts, ne dépossède le dogme que pour mettre en sa place la superstition. Par ce côté la foule, tenue à l’écart des élucubrations de l’auteur des Pensées, retrouvait son empereur ; césar et peuple s’entendaient pour ne demander de salut, dans les malheurs publics, qu’aux rites nouveaux venus d’Orient et à l’extermination des chrétiens. L’allégation que les massacres d’alors se seraient perpétrés en dehors du prince, outre qu’elle ne l’excuserait pas, ne saurait se soutenir ; c’est un fait aujourd’hui démontré : parmi les bourreaux de tout ce que l’humanité eut jamais de plus pur, avant Domitien, avant Néron lui-même, stigmatisé plus qu’eux de la tache du sang des martyrs, doit prendre place Marc Aurèle Antonin.
La condamnation des sept fils de sainte Félicité fut la première satisfaction donnée par le prince à la philosophie de son entourage, à la superstition populaire, et, pourquoi donc hésiter à le dire si l’on ne veut en plus faire de lui le plus lâche des hommes, à ses propres sentiments. Ce fut lui qui, personnellement, donna l’ordre au préfet Publius d’amener à l’apostasie cette noble famille dont la piété irritait les dieux ; ce fut lui encore qui, sur le compte rendu de la comparution, prononça la sentence et arrêta qu’elle serait exécutée par divers juges en divers lieux, pour notifier solennellement les intentions du nouveau règne. L’arène, en effet, s’ouvrait à la fois sur tous les points, non de Rome seule, mais de l’empire ; l’intervention directe du souverain signifiait aux magistrats hésitants la ligne de conduite qui ferait d’eux les bienvenus du pouvoir. Bientôt Félicité suivait ses fils ; Justin le Philosophe expérimentait la sincérité de l’amour apporté par César à la recherche de la vérité ; toutes les classes fournissaient leur appoint aux supplices que le salut de l’empire réclamait de la haute sagesse du maître du monde : jusqu’à ce que sur la fin de ce règne qui devait se clore, comme il avait commencé, comme il s’était poursuivi, dans le sang, un dernier rescrit du doux empereur amenât les hécatombes où Blandine l’esclave et Cécile la patricienne réhabilitaient par leur courage l’humanité, trop justement humiliée des flatteries données jusqu’à nos temps à ce triste prince.
Jamais encore le vent du midi n’avait à ce point fait de toutes parts couler la myrrhe et les parfums dans le jardin de l’Époux [2] ; jamais contre un effort aussi prolongé de tous ses ennemis, sous l’assaut combiné du césarisme et de la fausse science donnant la main aux hérésies du dedans, jamais pareillement l’Église ne s’était montrée invincible dans sa faiblesse comme une armée rangée en bataille [3]. L’espace nous manque pour exposer une situation qui commence à être mieux étudiée de nos jours, mais reste loin d’être pleinement comprise encore. Sous le couvert de la prétendue modération antonine, la campagne de l’enfer contre le christianisme atteint son point culminant d’habileté à l’époque même qui s’ouvre par le martyre des sept Frères honorés aujourd’hui. Les attaques furibondes des césars du troisième siècle, se jetant sur l’Église avec un luxe d’atrocités que Marc Aurèle ne connut pas, ne seront plus qu’un retour de bête fauve qui sent lui échapper sa proie.
Les choses étant telles, on ne s’étonnera pas que l’Église ait dès l’origine honoré d’un culte spécial le septénaire de héros qui ouvrit la lutte décisive dont le résultat fut la preuve qu’elle était bien désormais invincible à tout l’enfer. Et certes, le spectacle que les saints de la terre ont pour mission de donner au monde [4] eut-il jamais scène plus sublime ? S’il fut combat auquel purent applaudir de concert et les anges et les hommes, n’est-ce pas celui du 10 juillet 162, où, sur quatre points à la fois des abords de la Ville éternelle, conduits par leur héroïque mère, ces sept fils de l’antique patriciat engagèrent l’assaut qui devait, dans leur sang, arracher Rome aux parvenus du césarisme et la rendre à ses immortelles destinées ? Quatre cimetières, après le triomphe, obtinrent l’honneur d’accueillir dans leurs cryptes sacrées les dépouilles des martyrs ; tombes illustres, qui devaient en nos temps fournir à l’archéologie chrétienne l’occasion des plus belles découvertes et l’objet des plus doctes travaux. Aussi loin qu’il est possible de remonter à la lumière des plus authentiques monuments, le VI des ides de juillet apparaît, dans les fastes de l’Église Romaine, comme un jour célèbre entre tous, en raison de la quadruple station conviant les fidèles aux tombeaux de ceux que par excellence on nommait les Martyrs. L’âge de la paix maintint aux sept Frères une dénomination d’autant plus glorieuse, au sortir de la mer de sang où sous Dioclétien l’Église s’était vue plongée ; des inscriptions relevées dans les cimetières mêmes qui n’avaient pas eu la faveur de garder leurs restes, désignent encore au IVe siècle le 11 juillet sous l’appellation de lendemain du jour des Martyrs.
En cette fête de la vraie fraternité qu’exalte l’Église [5], deux sœurs vaillantes partagent l’honneur rendu aux sept Frères. Un siècle avait passé sur l’empire. Les Antonins n’étaient plus. Valérien, qui d’abord sembla vouloir comme eux mériter pour sa modération les éloges de la postérité, venait de glisser sur la pente sanglante à son tour : frappant à la tête, il décrétait du même coup l’extermination sans jugement des chefs de l’Église, et l’abjuration sous les peines les plus graves de tout chrétien d’une illustre origine. Rufine et Seconde durent aux édits nouveaux de croiser leurs palmes avec celles de Sixte et de Laurent, de Cyprien et d’Hippolyte. Elles étaient de la noble famille des Turcii Asterii que de modernes découvertes ont également remis en lumière. En s’en tenant aux prescriptions de Valérien, qui n’ordonnait contre les femmes chrétiennes que la confiscation et l’exil, elles eussent paru devoir échapper à la mort ; mais leur crime de fidélité au Seigneur était aggravé par le vœu de la sainte virginité qu’elles avaient embrassée : leur sang mêla sa pourpre à la blancheur du lis qui avait leur amour. La Basilique Mère et Maîtresse garde, près du baptistère de Constantin, les reliques des deux sœurs ; le second siège cardinalice des princes de la sainte Église est placé sous leur protection puissante, et joint à son titre de Porto celui de Santa-Rufina.
Enfants, louez le Seigneur ; chantez celui qui, dans sa maison, donne à la stérile une couronne de fils » [6]. Ainsi l’Église ouvre aujourd’hui ses chants. Était-elle donc stérile, ô Martyrs, la mère glorieuse qui vous avait donnés tous les sept à la terre ? Mais la fécondité qui s’arrête à ce monde ne compte pas devant Dieu ; ce n’est point elle qui répond à la bénédiction tombée des lèvres du Seigneur, au commencement, sur l’homme fait par lui son semblable [7]. Saint et fils de Dieu, c’était une lignée sainte, une race divine [8], qu’il recevait mission de propager par le Croissez et multipliez du premier jour. Ce que fut la première création, toute naissance devait l’être : l’homme était réservé à ce degré d’honneur de ne communiquer sa propre existence à d’autres hommes ses semblables, qu’en leur donnant avec elle la vie du Père qui est aux cieux ; celle-ci devait être aussi inséparable de la vie naturelle qu’un édifice l’est du fondement qui le porte, et, dans l’intention de Dieu, la nature appelait la grâce non moins que le cadre appelle l’œuvre d’art pour laquelle il est fait.
Trop tôt le péché brisa l’harmonie des lignes du plan divin ; la nature fut violemment séparée de la grâce, et ne produisit plus que des fils de colère [9]. Le Dieu riche en miséricorde [10] n’abandonnait point cependant les projets de son amour immense ; lui qui dès la première création nous eût voulus pour fils, nous créait comme tels à nouveau dans son Verbe fait chair [11]. Ombre d’elle-même, ne donnant plus directement naissance aux fils de Dieu, l’union d’Adam et d’Ève était découronnée de cette gloire près de laquelle eussent pâli les sublimes prérogatives des esprits angéliques ; mais elle restait la figure du grand mystère du Christ et de l’Église [12].
La maternité s’était dédoublée. Stérile pour Dieu, confinée dans la mort qu’elle avait attirée sur sa race, l’ancienne Ève ne pouvait plus qu’en participation de la nouvelle mériter son titre de mère des vivants [13]. A cette condition toutefois de s’incliner devant les droits de celle que l’Adam nouveau a choisie comme Épouse, l’honneur demeurait grand pour elle, et il lui était loisible de réparer en partie sa déchéance. Mieux que la fille de Pharaon sauvant Moïse et le confiant à Jochabed, l’Église allait dire à toute mère au sortir des eaux : « Recevez cet enfant, et me le nourrissez » [14]. Et humblement soucieuse de répondre à la confiance de l’Église, saintement fière de revenir aux intentions premières de Dieu pour elle-même, toute mère chrétienne allait faire sienne, en son labeur redevenu plus qu’humain, cette parole d’un amour dépassant la nature : « Mes petits enfants, que j’enfante de nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous [15] ! »
Honte à celle qui mettrait en oubli la destinée supérieure appelant le fruit de son sein aux honneurs de la filiation divine ! Le crime serait pire que d’étouffer en lui par négligence ou calcul, dans une éducation exclusivement préoccupée des sens, l’intelligence qui distingue l’homme des animaux soumis à son empire. La vie divine n’est pas moins nécessaire à l’homme, en effet, pour atteindre sa fin, que la vie raisonnable ; n’en point tenir compte, laisser dépérir le germe divin déposé dans l’âme d’un enfant à sa nouvelle naissance au bord de la fontaine sacrée, serait pour une mère replonger dans la mort l’être fragile qui lui devait l’existence.
Elle avait autrement compris sa mission votre illustre mère, ô Martyrs ! Et c’est pourquoi l’Église, qui se réserve de nous rappeler sa mémoire sainte au jour où, quatre mois après vous, elle quitta notre terre, fait néanmoins de la fête présente le principal monument de sa gloire. C’est elle que célèbrent surtout et les lectures et les chants du Sacrifice [16], et les instructions de l’Office de la nuit [17]. C’est qu’en effet servante du Christ par la foi, proclame saint Grégoire, elle est aujourd’hui devenue sa mère, selon la parole du Seigneur même, en l’engendrant sept fois dans les fils que lui avait donnés la nature. Après vous avoir rendus si pleinement tous les sept à votre Père du ciel, que sera son propre martyre, sinon la fin trop longtemps retardée du veuvage, l’heure toute de joie [18] qui la réunira dans la gloire à ceux qui sont devenus doublement ses fils ? Dès ce jour donc qui fut pour elle la journée du labeur sans être encore celle de la récompense, à cette date où la mère passa sept fois par les tortures et la mort et dut accepter par surcroît la continuation de l’exil, il convenait qu’on vît se lever les fils [19] et renvoyer à qui de droit l’honneur du triomphe. Car dès maintenant, tout exilée qu’elle reste encore, la pourpre, teinte non pas deux [20] mais sept fois, est son vêtement [21] ; les plus riches des filles d’Ève [22] s’avouent dépassées par cette débordante fécondité du martyre ; ce sont ses œuvres mêmes qui la louent aujourd’hui dans l’assemblée des Saints [23]. Puissent donc en ce jour et les fils et la mère, puissent les deux nobles sœurs associées à leur triomphe, écouter nos vœux, protéger l’Église, rappeler le monde aux enseignements contenus dans les exemples de leur vie !
La veille : La vigile des saints Sept Frères.
Cette vigile romaine, avec le jeûne la précédant, nous est attestée par le Sacramentaire Léonien qui conserve aussi les différentes formules de la messe. En voici un exemple : Accipe, quæsumus Domine, munera populi tui pro Martyrum festivitate sanctorum, et sincero nos corde fac eorum natalitiis interesse. [24]
La belle préface était ainsi conçue : Vere dignum... Quia, licet in omnium Sanctorum tu sis, Domine, provectione mirabilis, in hiis tamen speciale tuum munus agnoscimus, quos et fratres sorte nascendi, et magnifica præstitisti passione germanos ; ut simul esset veneranda et gloria Genitricis, et florentissima proles Ecclesiæ. Per etc [25].
Dies Martyrorum. Les saints Sept Frères, et sainte Félicité.
Une inscription du cimetière des saints Processus et Martinien donne à ce jour le nom significatif de dies Martyrorum par antonomase. A Rome en effet, si grande était l’antique vénération pour sainte Félicité et ses fils, que les Sacramentaires assignent quatre messes stationnales à ce jour et on les célébrait dans les quatre différents cimetières où reposaient leurs reliques.
Dès le temps de saint Grégoire le Grand, la critique avait essayé de s’exercer sur ce groupe de saints, du martyre desquels nous ne possédons plus les Actes originaux. A cette lacune suppléent d’ailleurs amplement les monuments liturgiques et épigraphiques que nous trouvons dans les cimetières romains ; ils confirment tous entièrement la substance de l’actuelle recension de la Passio, de saveur assez antique.
Sainte Félicité et ses sept fils furent donc immolés pour la foi vers 162 sous Marc-Aurèle. Ses fils la précédèrent au ciel, elle les y suivit un peu plus tard. Pour terroriser les chrétiens, l’exécution capitale ne se fit pas en un seul lieu, car Janvier mourut sous les fouets plombés et fut enseveli au cimetière de Prétextat ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade et furent ensevelis dans celui de Priscille ; Silain fut précipité d’une hauteur et enseveli avec sa Mère dans le cimetière de Maxime ; Alexandre, Vital et Martial furent décapités et obtinrent l’honneur du sépulcre dans le cimetière des Jordani.
D’accord avec la Passio, le Calendrier Philocalien assigne au 10 juillet : VI id. Felicis et Philippi in Priscillæ, et in Iordanorum : Martialis, Vitalis, Alexandri ; et in Maximi : Silani. Hunc Silanum martyrem Novati furati sunt ; et in Prætextati : Ianuari [26].
Cependant au IIIe siècle le corps de Silain avait été soustrait par les Novatiens, qui ambitionnaient eux aussi la gloire de posséder les reliques de quelque martyr. Plus tard, les ossements sacrés furent cependant restitués à leur tombeau primitif, d’où à la fin du VIIIe siècle, Léon III les transféra avec ceux de sainte Félicité dans le Titre de Sainte-Susanne où on les conserve encore.
Du Calendrier Philocalien, le groupe de nos martyrs est passé dans le Martyrologe Hiéronymien, mais la leçon des manuscrits est inexacte et pleine de confusions.
Félicité et ses fils y apparaissent en effet le 9 et le 10 juillet. Le 9 ils sont indiqués ad guttam iugiter manantem, après la martyre Anatolie de Tora en Sabine, et les fils ne deviennent rien moins que sept prêtres : Anatoliæ, Felicitatis cum presbyteris VII.
Le 10 au contraire, les Martyrs sont bien répartis entre les divers cimetières de Rome, mais, ici encore, en désordre : Romæ, in cimiterio Priscillæ via Salaria : natale sanctorum VII germanorum, idest Felicis, Filippi, in cimiterio Vitalis, Marcialis, Maximi, sancti Silani, Prætextati via Appia, sancti lanuarii via Cornelia, miliario VIIII, Rufine, Secundæ Filiorum eius, Felicitatis etc.
Le Sacramentaire Léonien, au contraire, rétablit l’ordre voulu : VI id. luliarum. Natale sanctorum martyrum Felicis, Philippi, in cœmeterio Priscillæ ; Vitalis et, Martialis et Alexandri, in cœmeterio lordanorum ; et Silani in cœmeterio Maximi via Salaria ; et Ianuarii in cœmeterio Prætextati via Appia.
Dans le même manuscrit, la fête est précédée d’un jeûne et d’une messe vigiliale, et la solennité stationnale du lendemain est riche de diverses formules de rechange. La messe de sainte Félicité se présente le 23 novembre, et cette fois encore elle est associée à ses sept fils.
Le Gélasien omet au contraire notre groupe de Martyrs qui reprend sa place dans le Sacramentaire d’Hadrien où se trouve déjà la messe insérée dans le Missel de la réforme de Trente, actuellement en usage.
Le Capitulaire des Évangiles de Würzbourg reflète une période liturgique un peu plus ancienne. Il conserve trois des quatre messes du Sacramentaire Léonien, tandis qu’il garde à peine une trace de la quatrième :
A LA PREMIÈRE MESSE.
In prima Missa ad aquilonem, via Salaria.
In cœmeterio Priscillæ, Felicis et Philippi.
Ces deux martyrs étaient ensevelis dans le cimetière de Priscille, sous l’autel de la basilique dédiée au pape Silvestre, et dans laquelle, outre ce Pontife, furent déposés Marcellin, Marcel, Libère, Sirice, Célestin et Vigile : une vraie nécropole papale par conséquent, qui s’étendait au IVe siècle autour de la tombe des deux frères martyrs.
Sur le sépulcre des deux fils de sainte Félicité, Damase plaça l’inscription suivante :
CVLTORES • DOMINI • FELIX • PARITERQVE • PHILIPPVS
HINC • VIRTVTE • PARES • CONTEMPTO • PRINCIPE • MVNDI
ÆTERNAM • PETIERE • DOMVM • REGNAQVE • PIORVM
SANGVINE • QVOD • PROPRIO • CHRISTI • MERVERE • CORONAS
HIS • DAMASVS • SVPPLEX • VOLVIT • SVA • REDDERE • VOTA
Félix et Philippe, serviteurs du Seigneur,
L’ayant emporté avec une force égale sur le tyran terrestre,
sont arrivés à la demeure éternelle, au séjour des bienheureux.
Puisque, par leur sang, ils ont mérité les couronnes triomphales,
Damase, suppliant, a voulu leur rendre ses vœux.
La messe devait être une de celles que nous trouvons dans le Léonien. Dans la liste de Würzbourg, la première péricope évangélique est tirée de saint Matthieu (V, 1-12) ; nous y trouvons la proclamation des Béatitudes.
A LA DEUXIÈME MESSE.
In secunda missa, in cœmeterio lordanorum, via Salaria
Sanctorum Vitalis, Martialis et Alexandri.
Le cimetière des Jordani se trouve sur la voie Salaria nova, et les martyrs Darie, Chrysanthe, un groupe de 70 soldats, un second groupe de 62 martyrs, un enfant du nom de Maur, martyr lui aussi, par conséquent une véritable assemblée de martyrs, y furent ensevelis.
On a retrouvé dans les fouilles un fragment d’une inscription du temps de Vigile et qui probablement se rapporte au martyr Alexandre :
(Alexandr)O SEPTEM • DE (fratribus uni)
NS • HVNC
(la)PIS • IACT(ura...)
La liste de Würzbourg assigne à cette messe secunda ad sanctum Alexandrum, la péricope évangélique (Luc., XI, 33-36), où le Sauveur parle de la lumière intérieure de l’esprit qui est l’intention droite. Le Missel l’assigne maintenant à la fête de saint Martin le 11 novembre.
Au IXe siècle, le pape Grégoire IV donna le corps du martyr Alexandre à Sicard, abbé de Farfa, qui le déposa dans l’oratoire du Sauveur qu’il avait fait ériger à côté de sa basilique abbatiale. Aujourd’hui encore, à Farfa, les Sept Frères Martyrs sont l’objet d’une traditionnelle vénération.
A LA TROISIÈME MESSE.
In tertio, missa, in cœmeterio Maximi, ad Sanctam Felicitatem. Silani Martyris.
Silain, ou Silvain, reposait près de sa Mère dans le cimetière de Maxime. Quand le corps de sainte Félicité fut transporté par les soins de Boniface Ier dans une basilique supérieure où le Pape même voulut ériger son propre tombeau, Silain demeura encore quelque temps dans l’obscurité du cimetière souterrain, comme nous l’atteste l’Itinéraire de Salzbourg. Bientôt après cependant, la Mère voulut avoir son fils à côté d’elle ; aussi l’Itinéraire de Malmesbury nous assure que, dès le temps où il fut rédigé, les reliques du martyr avaient déjà été réunies à celles de sainte Félicité.
Le pape Damase composa pour le sépulcre de la très courageuse Mère l’épigraphe suivante :
DISCITE • QVID • MERITI • PRÆSTET • PRO • REGE • FERIRI
FEMINA • NON • TIMVIT • MORTEM • CVM • NATIS • OBIVIT
CONFESSA • CHRISTVM • MERVIT • PER • SÆCVLA • NOMEN
Considérez l’immense mérite de celle qui, pour le Souverain Roi, s’est laissé immoler.
La mort n’épouvanta pas une faible femme, mais celle-ci l’affronta même avec ses fils.
Elle confessa le Christ et acquit ainsi la gloire éternelle.
Boniface VIII, combattu par la faction schismatique d’Eulalius, résida d’abord sur le cimetière de Félicité. Puis, quand la légitimité de ses droits à la Chaire de Pierre eut été universellement reconnue et que le schisme fut éteint, il en attribua le mérite à l’intercession de la Martyre en l’honneur et sur la tombe de laquelle il construisit une nouvelle et plus vaste basilique. Les compilateurs de recueils épigraphiques du moyen âge copièrent l’inscription votive du Pontife qui devait être vraisemblablement placée sous l’image de Félicité et de ses Fils dans l’abside du nouveau sanctuaire.
INTONVIT • METVENDA • DIES • SVRREXIT • IN • HOSTEM
IMPIA • TELA • MALI • VINCERE • CVM • PROPERAT
CARNIFICIS • SVPERARE • VIAS • TVNC • MILLE • NOCENDI
SOLA • FIDES • POTVIT • QVAM • REGIT • OMNIPOTENS
CORPOREIS • RESOLVTA • MALIS • DVCE • PRÆDITA • CHRISTO
ÆTHERIS • ALMA • PARENS • ATRIA • CELSA • PETIT
INSONTES • PVEROS • SEQVTTVR • PER • AMŒNA • VIRETA
TEMPORA • VICTRICIS • FLOREA • SERTA • LIGANT
PVRPVREAM • QVOQVE • RAPIVNT • ANIMAM • CÆLESTIA • REGNA
SANGVINE • LOTA • SVA • MEMBRA • TENET • TVMVLVS
SI • TVMVLVM • QVÆRIS • MERITVM • DE • NOMINE • SIGNAT
NE • OPPRIMERER • (BELLO) • DVX • FVIT • ISTA • MIHI Enfin se leva le jour fatal, et Elle se hâta de combattre avec l’adversaire,
prête à émousser ses traits maudits.
Les innombrables ressources dont était riche la cruauté du tyran
purent être surmontées par la seule Foi, appuyée sur le Tout-Puissant.
Désormais affranchie de tous les maux qui entourent cette vie corporelle,
l’invincible Mère, guidée par le Christ, arrive aux nobles demeures du ciel.
Là, dans le paradis fleuri, elle suit ses innocents enfants,
tandis qu’une couronne de fleurs ceint le front de la Sainte victorieuse.
Si les cieux ravissent son âme empourprée de la robe du martyre,
cette tombe garde toutefois son corps sorti d’un bain de sang.
Si tu veux savoir le nom de celle qui gît en ce sépulcre,
il indique déjà par lui-même le mérite de la Martyre.
Félicité fut ma libératrice
pour que je ne succombasse pas aux coups de mes adversaires.
La messe de cette troisième station nous est ainsi indiquée dans la liste de Würzbourg : Ad Sanctam Felicitatem, lect. Sancti Evang. sec. Matt. k. cxix. Loquente Iesu ad turbas. C’est donc la même que dans notre Missel actuel et qui, pour cette raison, doit être considérée comme commune à la Mère et à ses Fils martyrs. Cette synaxe eucharistique, étant la plus importante de toutes les stations recensées en ce jour dans les Sacramentaires, il n’est pas étonnant qu’elle seule soit demeurée dans le Missel.
L’introït est tiré du psaume 112 : « Enfants, louez le Seigneur, louez le nom du Seigneur, qui fait habiter dans la maison celle qui était stérile et en fait une mère heureuse à cause de ses fils ».
Le commentaire de cette antienne nous est donné par saint Pierre Chrysologue, dans un discours qu’il fit précisément pour la fête de sainte Félicité : Discurrebat lætior inter confossa cadavera, quam inter cunabula cara filiorum ; quia internis oculis tot cernebat bravia, quot vulnera ; quot tormenta, tot præmia ; quot victimas, tot coronas [27].
La collecte et l’antienne pour la Communion sont identiques à celles de la messe des XL Martyrs de Sébaste, le 10 mars. Ceux-ci, après avoir servi ensemble, devinrent frères en raison de l’héroïque martyre qu’ensemble aussi ils subirent ; quant aux sept fils de sainte Félicité, déjà frères selon la chair, ils scellèrent de leur sang le lien de leur fraternité, et en un sens beaucoup plus élevé, ils devinrent frères au ciel une seconde fois et par le sang et par la foi.
La lecture est la même que pour la fête de sainte Françoise Romaine le 9 mars. Le Saint-Esprit, en faisant l’éloge de la femme forte, nous la montre non pas sur les places, dans les bureaux ou sur les chaires universitaires, mais à la maison, avec, en main, le fuseau et la quenouille, adonnée aux besognes domestiques et à la sage éducation de ses enfants. Chacun doit être saint dans l’état où Dieu l’a placé, sans ambitionner les perfections d’un état différent, auquel Dieu ne l’appelle pas et qu’il n’exige donc pas. La paix domestique, l’ordre de la maison, l’amour du mari et les consolations d’une lignée vigoureuse et vertueuse, voilà les gloires chrétiennes d’une mère selon l’Évangile. Les sept Fils martyrs sont les fastes glorieux de Félicité, ceux qu’elle pourrait appeler romainement ses joyaux.
Le répons est identique à celui des martyrs Processus et Martinien le 2 juillet. Le monde est mauvais et trompeur. Durant leur brève carrière mortelle les enfants de Félicité étaient comme des passereaux pris dans le filet du chasseur. Qu’est-ce à dire ? Pour que le monde ne les possédât pas et ne flétrît pas la fleur de leur innocence, Dieu a brisé les mailles du filet et les oiseaux se sont envolés, libres, vers le ciel. Qu’elle est belle, la poésie chrétienne !
Le verset alléluiatique chante les louanges de la fraternité chrétienne qui consacre un même sang répandu pour le Christ, un identique et sublime amour. Nous l’avons déjà vu le 12 mai.
La péricope évangélique tirée de saint Matthieu (XII, 46-50) fait partie de la lecture déjà assignée au mercredi des IV Temps de Carême. Tandis que le Divin Sauveur prêche, on lui annonce que sa Mère et ses frères sont dehors et le cherchent. Cependant Jésus qui veut élever ce peuple charnel à des sentiments d’admiration et de piété plus surnaturelle, déclare reconnaître pour ses véritables parents ceux dans le cœur desquels il voit plutôt son Esprit que son sang.
Saint Grégoire le Grand en ce jour commenta ainsi sur la tombe de Félicité la péricope évangélique : Adest beata Félicitas, cuius hodie natalitia celebramus, quæ credendo extitit ancilla Christi, et predicando facta est mater Christi. Septem quidem filios habuit... sic post se timuit vivos in carne relinquere, sicut carnales parentes solent metuere ne mortuos præmittant [28].
L’antienne pour l’offrande des oblations est semblable à celle de la fête des martyrs Maris, Marthe, etc. le 19 janvier et revient sur la comparaison de l’oiseau qui s’échappe du filet tombé sur lui. A qui en revient la gloire ? Laqueus contritus est et nos liberati sumus. Dieu a brisé les mailles du filet et le passereau s’est trouvé libre.
A LA QUATRIÈME MESSE.
Ad quartam missam, via Appia Sancti Ianuari.
Cette station sur la voie Appienne, indiquée par les Martyrologes, par le Léonien et par la liste de Würzbourg, avait lieu dans le cimetière de Prétextat, où fut enseveli le martyr Janvier. De Rossi a retrouvé sa crypte historique avec des fragments de l’épigraphe Damasienne : Dans la même crypte se trouve aussi un graffite intéressant où l’on invoque en faveur d’un défunt l’intercession de Janvier et des autres Martyrs locaux :
REFRIGERI • IANVARIVS • AGATOPVS • FELICISSIM • MARTYRES
Voici une belle préface du Sacramentaire Léonien en l’honneur de Félicité et de ses Fils : Vere dignum etc. Quoniam magna sunt opera tua, Domine, et immensa magnalia, per quæ nobis lætitia hodiernæ felicitatis accessit. Vere enim Felicitatis filii, et vera est suorum Felicitas Filiorum ; quos et casto fœtu sancti coniugii Mater fœcunda progenuit, et rursus, confessionis sacrosanctæ visceribus Martyr beata conceptos, per fidem denuo felicius peperit Martyres ad coronam. Per etc [29].
Un autre sanctuaire existait, à Rome, en l’honneur de Félicité et de ses Fils, et il se trouvait non loin du titulus clementis. C’était sans doute la domus même des Martyrs, qui, selon l’antique usage romain, aurait été transformée en oratoire. Les peintures demeurées visibles représentent Félicité avec la légende FELICITAS • CVLTRIX • ROMANARUM [30], et ses fils entre un geôlier et un gardien.
Il nous est agréable de terminer cette note sur le groupe des Martyrs de ce jour en rapportant un graffite qu’on peut lire précisément dans cet oratoire :
SANCTA • MARTYR • MVLTVM • PRÆSTAS • OB • VOTI • ...
FELICITATES • SPERARE • INNOCENTES • NON • DESPERARE (reos).
Les saintes martyres Rufine et Seconde.
Station au IXe mille de la voie Cornelia.
En ce jour le martyrologe Hiéronymien indique une autre station liturgique : Via Aurelia, milliario VIIII, Rufinæ et Secundæ.
A vrai dire, le sépulcre de ces Martyres se trouvait sur la voie Cornelia, laquelle était contiguë à la voie Aurélia, et la forêt de Buxetum où elles furent mises à mort est célèbre dans les fastes des Martyrs, puisque c’est là que furent immolés aussi les saints Pierre et Marcellin.
En souvenir des Martyrs la silva nigra fut appelée candida, et le pape Jules Ier érigea, en l’honneur de Rufine et de Seconde, une basilique sépulcrale que Damase termina. Le village chrétien formé autour de ce sanctuaire se développa de telle sorte qu’on y créa un siège épiscopal sous le nom de Sainte-Rufine, siège qui, plus tard, fut uni à celui de Porto.
Les Itinéraires des anciens pèlerins mentionnent généralement la basilique sépulcrale des deux martyres ; elles furent donc fréquentées au moins jusqu’au XIIe siècle.
Le pape Anastase IV (1153-1154) transféra leurs corps sous le portique qui unit le baptistère de Sixte III avec l’oratoire de Saint-Venance au Latran. La messe du groupe des Sept Frères martyrs est en même temps celle des deux saintes.
Un jour de martyrs, c’est ainsi qu’est désigné ce jour par une vieille inscription.
1. Les saints. — La fête des saints sept frères avec leur mère († env. 162) figure parmi les plus anciennes fêtes de martyrs de l’Église de Rome. Sept frères, fils de Sainte Félicité, à Rome, au cours de la persécution de Marc-Aurèle (161-180), furent invités par le préfet Publius, d’abord par des flatteries, ensuite sous la menace de terribles supplices, à renoncer à leur foi de chrétiens. Mais comme, forts de leur vaillance personnelle et des encouragements de leur mère, ils demeuraient inébranlables dans la confession du Christ, ils durent subir différentes sortes de martyres. Janvier mourut sous les coups de fouet, Félix et Philippe succombèrent tous deux à la flagellation, Silanus fut précipité du haut d’un rocher, Alexandre, Vital et Martial furent décapités. Quatre mois plus tard, leur mère subit elle aussi le martyre. Leurs corps furent déposés dans différents cimetières. Au VIIIe siècle, Silanus fut placé avec sa mère dans l’église de Sainte Suzanne, à Rome, où ils reposent encore aujourd’hui. Alexandre fut transporté dans l’église abbatiale de Farfa. — Les deux sœurs Rufine et Seconde, s’étant consacrées à Dieu, refusèrent de se marier ; elles furent pour cette raison amenées devant le juge. Rufine fut d’abord frappée de verges ; pendant qu’elle subissait le martyre, sa sœur Seconde dit au juge : « Pourquoi honores-tu ma sœur de pareilles tortures et me prives-tu honteusement du supplice ? Fais-nous donc subir à toutes deux le même martyre, puisque toutes deux nous confessons la même et unique foi ! » Elles furent enfin décapitées. Depuis le XIIe siècle, leurs corps reposent dans l’église du Latran.
2. La messe (Laudate pueri). — La messe, qui est très ancienne, a un texte propre : elle est en particulier une glorification de la mère énergique qui encourage ses fils au martyre.
Déjà, à l’Introït, nous voyons l’heureuse mère au ciel, entourée de ses sept fils. Sans doute elle fut réduite à être sur terre « une mère sans enfants », mais maintenant « elle est dans la joie à cause de ses fils » (ce psaume 112, à l’introït, produit un bel effet et se trouve parfaitement à sa place).
La leçon est l’éloge bien connu de la « femme forte ». « Ses fils grandissent, c’est pourquoi on la proclame bienheureuse !... Beaucoup de filles ont rassemblé de grandes richesses, mais tu les as toutes surpassées. La grâce féminine est trompeuse, la beauté est éphémère, mais la femme qui craint Dieu mérite d’être louée ».
Au Graduel, nous entendons les sept frères louer Dieu dans le ciel, tels des oiseaux délivrés du filet de l’oiseleur ; leur martyre est une délivrance du filet de la vie terrestre (nous pensons presque nécessairement aux Saints Innocents). L’alléluia est une hymne métrique sur le thème du véritable amour fraternel qui a persévéré jusque dans la mort subie en commun.
Particulièrement belle est l’application de l’Évangile à notre fête. C’est l’épisode suivant de la vie du Christ : on avertit le Seigneur que sa mère et ses frères sont là à la porte et le demandent. Mais lui embrasse du regard ses disciples et répond : « Ma mère et mes frères, les voici ! Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère ». La liturgie veut donc nous faire entendre que la mère des martyrs, ses sept fils et les deux sœurs sont devenus, en mourant pour le Christ (c’est-à-dire pour la volonté du Père), la mère, les frères et les sœurs du Christ ; et nous, qui au Saint Sacrifice nous unissons à ces saints, nous partageons cet honneur : nous aussi nous devenons la mère, les frères, les sœurs du Christ !
Et quand nous participons à la sainte communion, nous entendons encore les mêmes paroles de la bouche du Christ : oui, c’est précisément par l’Eucharistie que nous avons part à l’honneur d’être la mère, les frères et les sœurs du Christ. Nous devenons parents du Christ par le sang, puisque nous nous incorporons son sang. Une messe vraiment magnifique !
3. La prière des Heures. — Pour compléter notre joie en cette fête, la prière des Heures nous offre sur l’Évangile du jour une homélie du pape saint Grégoire 1er, qu’il a « prononcée devant les fidèles dans la basilique de sainte Félicité, le jour de la fête de cette sainte ». Cette homélie est si belle que j’aurais désiré la reproduire en entier et sans coupures. Mais l’espace limite dont je dispose ne me permet que d’en donner un résumé : « L’évangile que nous venons de lire, frères bien-aimés, est court, et cependant riche d’un contenu plein de mystères ». Jésus se comporte comme s’il ne connaissait pas sa mère ni ses parents, et il désigne comme sa mère et ses parents ceux qui lui sont unis non par la parenté du sang, mais par la parenté spirituelle. Saint Grégoire fait l’application de cette attitude à la Synagogue et aux Juifs d’une part, aux païens de l’autre. La Synagogue et les Juifs qui lui sont apparentés par les liens du sang, puisqu’il descend des mêmes ancêtres, se tiennent au dehors, et il ne les connaît pas parce qu’ils ne croient pas en lui ; mais les païens, il les embrasse du regard et les reconnaît pour ses parents, parce qu’ils répondent à son appel. — Nous ne nous étonnons pas que le Seigneur appelle les fidèles qui font la volonté de son Père ses frères et ses sœurs ; il a déjà donné ce nom à ses disciples après sa Résurrection : « Allez et annoncez à mes frères... » [31]. Toutefois il nous semble extraordinaire qu’il puisse appeler quelqu’un sa mère. « Cependant nous devons savoir que quiconque est le frère et la sœur du Christ par la foi devient sa mère par la prédication de l’Évangile, car il donne pour ainsi dire naissance au Seigneur quand il le rend vivant dans le cœur de ses auditeurs. Sainte Félicité, dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire, peut nous servir d’exemple. Comme croyante, elle était une servante du Seigneur ; comme messagère de la foi, elle fut la mère du Christ ». Le texte de l’homélie utilisé aux Matines s’arrête ici ; mais plus loin saint Grégoire prononce un éloge de la mère des martyrs qui exhorta ses fils à l’amour de la patrie céleste et qui les engendra à la vie spirituelle, comme elle les avait engendrés selon la chair à la vie de ce monde. « Contemplez, mes frères, en ce corps de femme un cœur viril... Dois-je appeler cette femme une martyre ? Elle est plus qu’une martyre ; elle a envoyé devant elle sept gages dans le royaume de Dieu ; sept fois elle est morte avant sa propre mort ; elle est allée la première au martyre, elle l’a consommé en mourant la huitième. C’est abreuvée de douleur, mais pourtant ferme dans son intrépidité, qu’elle vit mourir ses fils ; en elle la joie de l’espérance s’unissait à la douleur naturelle... Sainte Félicité l’emporte donc sur les martyrs, car elle mourut pour le Christ autant de fois qu’elle vit mourir ses fils avant elle. Sa seule mort ne suffisait pas à son amour pour le Christ ».
[1] Tertull. Apolog. 50.
[2] Cant. IV, 16 ; V, 1.
[3] Ibid. VI, 3.
[4] I Cor. IV, 9.
[5] Resp. VIII ad Matut., et Versus alleluiat.
[6] Introit. diei.
[7] Gen. I, 26-28.
[8] Act. XVII, 29.
[9] Eph. II, 3.
[10] Ibid. 4.
[11] Ibid. 10.
[12] Ibid. V. 32 .
[13] Gen. III, 20.
[14] Ex. II, 9.
[15] Gal. IV, 19.
[16] Introït., Epist., Évang., Commun.
[17] Lect. VI, et Homil. diei.
[18] Prov. XXXI, 25.
[19] Ibid. 28.
[20] Ex. XXV, 4, etc.
[21] Prov. XXXI, 22.
[22] Ibid. 29.
[23] Ibid. 31.
[24] Recevez, nous vous en prions, Seigneur, les dons de votre peuple en la fête des saints Martyrs, et faites que nous participions d’un cœur sincère au jour de leur naissance au ciel.
[25] Il est vraiment digne… Car, quoique vous soyez, Seigneur, admirable par le progrès de tous vos Saints, nous reconnaissons cependant en ceux-ci un don spécial : vous les avez faits frères par la naissance, et rendus jumeaux par leur magnifique passion : ainsi il nous faut vénérer en même temps et la gloire de leur Mère, et sa lignée éclatante pour l’Église.
[26] Le 6 des Ides. Félix et Philippe à Priscille, et au cimetière des Jordani : Martial, Vital, Alexandre ; et dans le cimetière de Maxime : Silain. Les Novatiens volèrent ce martyr Silain ; et au cimetière de Prétextat : Janvier.
[27] Serm. 134 ; P. L., LU, col. 565. ‘Elle courrait encore plus heureuse parmi les cadavres enterrés que parmi les chers berceaux de ses fils ; car par les yeux de son âme, elle voyait autant de victoires que de blessures ; autant de récompenses que de tourments ; autant de couronnes que de victimes’.
[28] Hom. in Evang., L. I, hom. III ; P. L., LXXVI, col. 1087. ‘Cette vérité, l’exemple de sainte Félicité dont nous célébrons aujourd’hui la fête vient opportunément la confirmer ; par la foi, elle a été la servante du Christ ; par la parole, elle est devenue sa mère. Les Actes de son martyre les plus autorisés nous disent qu’elle a eu autant de crainte de laisser ses sept fils lui survivre dans la chair, que les parents charnels en ont d’ordinaire de voir leurs enfants mourir avant eux’ ; 9ème leçon des Matines.
[29] Il est vraiment juste... Car vos œuvres sont grandes, Seigneur, et immenses vos hauts-faits, par lesquels nous est donnée la joie de la félicité d’aujourd’hui. En effet ce sont vraiment les fils de Félicité, et elle est la vraie Félicité de ses Fils ; la Mère féconde les a engendrés dans le mariage saint, et de nouveau, la bienheureuse martyre a conçu par les entrailles de la sacrosainte confession et par la foi, elle donna naissance encore plus heureusement à des Martyrs couronnés.
[30] Félicité, honneur des Romaines
[31] Matth., XXVIII, 10.