Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Martyr en 1622. Canonisé en 1746 par Benoît XIV. Inscrit au calendrier par Clément XIV en 1771 comme double.
St Fidèle le Martyr, avec Ste Véronique Giuliani la Mystique stigmatisée et St Laurent de Brindes, le Docteur de l’Église, forme la triple couronne du plus récent des grands ordres franciscains, celui des Capucins fondé en 1517.
Missa Protexísti, de Communi Martyrum T.P. I loco, præter orationem sequentem : | Messe Protexísti, du Commun des Martyrs au T.P. I, sauf l’oraison suivante : |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui beátum Fidelem, seráphico spíritus ardore succénsum, in veræ fídei propagatióne martýrii palma et gloriósis miráculis decoráre dignátus es : eius, quǽsumus, méritis et intercessióne, ita nos per grátiam tuam in fide et caritáte confírma ; ut in servítio tuo fidéles usque ad mortem inveníri mereámur. Per Dóminum. | O Dieu, qui, après avoir embrasé le bienheureux Fidèle d’une ardeur séraphique pour la propagation de la vraie foi, avez daigné le décorer de la palme du martyre et de la gloire des miracles, nous vous supplions par ses mérites et son intercession, de nous affermir tellement, par votre grâce, dans la foi et la charité, que nous méritions d’être trouvés fidèles dans votre service jusqu’à la mort. |
Secreta C | Secrète C |
Munéribus nostris, quǽsumus, Dómine, precibúsque suscéptis : et cæléstibus nos munda mystériis, et cleménter exáudi. Per Dóminum nostrum. | Ayant accueilli nos dons et nos prières, nous vous en supplions, Seigneur, purifiez-nous par ces célestes mystères, et exaucez-nous dans votre clémence. |
Postcommunio C | Postcommunion C |
Da, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, sicut tuórum commemoratióne Sanctórum temporáli gratulámur offício ; ita perpétuo lætámur aspéctu. Per Dóminum nostrum. | Faites, s’il vous plaît, Seigneur notre Dieu, que comme nous nous réjouissons d’honorer dans le temps, en cet office, la mémoire de vos Saints, nous puissions aussi nous réjouir de les voir dans l’éternité. |
¶ Pro votiva extra Tempus Paschale Missa In virtúte,de Communi unius Martyris 3 loco, cum Orationibus, ut supra. | ¶ Aux Messes votives en dehors du Temps pascal, Messe In virtúte, du commun d’un Martyr 3, avec les oraisons ci-dessus. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Fidèle, né à Sigmaringen, ville de Souabe, de l’honnête famille des Rey, se distingua dès l’enfance par les dons singuliers de la nature et de la grâce dont il était orné. Doué du meilleur naturel et formé au bien, grâce à une excellente éducation, il remporta les palmes au collège de Fribourg pendant ses cours de philosophie et de droit, en même temps qu’à l’école de Jésus-Christ il s’efforçait d’atteindre au sommet de la perfection par la pratique assidue des vertus. Ayant été donné pour compagnon à plusieurs gentilshommes, qui visitaient différentes contrées de l’Europe, il ne cessa de les exciter à la piété chrétienne par ses paroles et ses actions. Il fit plus : durant ce voyage il s’efforça de mortifier par de fréquentes austérités les désirs de la chair, et de se rendre tellement maître de lui-même, que dans les circonstances si diverses où il se trouva, on ne vit jamais en lui aucun mouvement d’impatience. Vaillant défenseur du droit et de la justice, il s’acquit, après son retour en Allemagne, un nom célèbre dans la profession d’avocat. Mais lorsqu’il eut expérimenté les dangers de cette profession, il résolut d’entrer dans une voie conduisant plus sûrement au salut, et éclairé par l’appel d’en haut, il sollicita bientôt son admission dans l’Ordre séraphique, parmi les Frères Mineurs Capucins.
Cinquième leçon. Sa pieuse demande ayant été exaucée, il fit paraître dès le début de son noviciat un grand mépris du monde et de lui-même, et quand il eut prononcé les vœux de sa profession solennelle dans la joie de l’Esprit du Seigneur, il devint davantage encore le modèle et l’admiration de tous, par sa fidélité à l’observance régulière. Adonné principalement à l’oraison et à l’étude des saintes lettres, il excellait aussi dans le ministère de la parole, par l’effet d’une grâce particulière, et il amenait non seulement les catholiques à une vie meilleure, mais encore les hérétiques à la connaissance de la vérité. Mis à la tête de plusieurs couvents de son Ordre, il s’acquitta avec prudence, justice, mansuétude, discrétion et grande humilité, de la charge qui lui était confiée. Ardent zélateur de la plus stricte pauvreté, il retranchait totalement de chaque monastère tout ce qui lui semblait être peu nécessaire. Rempli envers lui-même d’une haine salutaire, il châtiait son corps par des jeûnes austères, des veilles et des disciplines, tandis qu’il montrait à tous un amour semblable à celui d’une mère pour ses enfants. Une fièvre pestilentielle étant venue décimer cruellement les troupes autrichiennes, Fidèle s’appliqua généreusement et assidûment aux devoirs de la charité envers les malades dont les besoins étaient extrêmes. Il réussit si bien à apaiser les dissensions et à subvenir aux nécessités du prochain par ses conseils et ses actions, qu’il mérita d’être appelé le père de la patrie.
Sixième leçon. Extrêmement dévot à la Vierge Mère de Dieu, il se plaisait à réciter le rosaire, et demanda à Dieu, par l’intercession de Marie et celle des autres Saints, la grâce de donner sa vie et de verser son sang pour le service de la foi catholique. Comme cet ardent désir s’enflammait chaque jour davantage durant la célébration du saint Sacrifice, l’admirable providence de Dieu permit que ce courageux athlète du Christ fût choisi pour diriger les missions que la Congrégation de la Propagande venait alors d’établir chez les Grisons. Il reçût d’un cœur joyeux et empressé cette charge difficile, et l’exerça avec tant d’ardeur, qu’ayant réussi à convertir un grand nombre d’hérétiques à la foi orthodoxe, il fit luire l’espérance de voir cette nation entière se réconcilier avec l’Église et avec le Christ. Doué du don de prophétie, il prédit plusieurs fois les malheurs qui menaçaient le pays des Grisons, et la mort que lui feraient subir les hérétiques. Instruit des embûches qu’on lui tendait, après s’être préparé au combat qui lui était réservé, il se rendit, le vingt-quatre avril de l’an mil six cent vingt-deux, à l’église du lieu nommé Sévis : c’est là que des hérétiques qui, la veille, feignaient de se convertir, l’avaient invité insidieusement à prêcher. Son discours ayant été interrompu par un tumulte, Fidèle se vit accabler cruellement de coups et de blessures, et souffrit une mort glorieuse avec un cœur joyeux et magnanime, consacrant ainsi, par son propre sang, les prémices des Martyrs de la Congrégation de la Propagande. De nombreux prodiges et miracles l’ont rendu célèbre, principalement à Coire et à Veldkirch, où ses reliques se conservent et sont l’objet d’une très grande vénération de la part du peuple.
Notre divin Ressuscité tient à avoir autour de sa personne une garde d’honneur de Martyrs. Pour la former, il met à contribution tous les siècles. Ce jour a vu s’ouvrir les rangs de la céleste phalange à un généreux combattant qui avait cueilli sa palme, non en luttant contre le paganisme, comme ceux que nous avons salués déjà à leur passage, mais en défendant sa mère la sainte Église contre des fils révoltés. La main des hérétiques a immolé cette victime triomphale, et le XVIIe siècle a été le théâtre du combat.
Fidèle a rempli toute l’étendue de son nom prédestiné. Jamais un péril ne le vit reculer ; durant toute sa carrière, il n’eut en vue que la gloire et le service de son divin Chef, et quand le moment fut arrivé de marcher au-devant du danger suprême, il avança sans fierté comme sans faiblesse, ainsi qu’il convenait à l’imitateur de Jésus allant à la rencontre de ses ennemis. Honneur au courageux enfant de saint François, digne en tout de son séraphique Patriarche, qui affronta le Sarrasin et fut martyr de désir !
Le protestantisme s’établit et se maintint par le sang, et il a osé se plaindre d’avoir été en butte aux résistances armées des enfants de l’Église. Durant des siècles, il s’est baigné dans le sang de nos frères, dont le seul crime était de vouloir rester fidèles à l’antique foi, à cette foi qui avait civilisé les ancêtres de ses persécuteurs. Il proclamait la liberté en matière de religion, et il immolait des chrétiens qui pensaient dans leur simplicité qu’il devait leur être permis d’user de cette liberté tant vantée, pour croire et pour prier comme on croyait et on priait avant Luther et Calvin. Mais le catholique a tort de compter sur la tolérance des hérétiques. Un instinct fatal entraînera toujours ceux-ci à la violence contre une Église dont la permanence est pour eux un reproche continuel de l’avoir quittée. Ils chercheront d’abord à l’anéantir dans ses membres, et si la lassitude des combats à outrance amène à la fin un certain calme, la même haine s’exercera en essayant d’asservir ceux qu’elle n’ose plus immoler, en insultant et calomniant ceux qu’elle n’a pu exterminer. L’histoire de l’Europe protestante, depuis trois siècles, justifie ce que nous avançons ici ; mais nous devons appeler heureux ceux de nos frères qui, en si grand nombre, ont rendu à la foi romaine le témoignage de leur sang.
Vous avez accompli votre course avec gloire, ô Fidèle ! et la fin de votre carrière a été plus belle encore que n’avait été son cours. Avec quelle sérénité vous êtes allé au trépas ! Avec quelle joie vous avez succombe sous les coups de vos ennemis qui étaient ceux de la sainte Église ! Semblable à Etienne, vous vous êtes affaisse en priant pour eux ; car le catholique qui doit détester l’hérésie, doit aussi pardonner à l’hérétique qui l’immole. Priez, ô saint Martyr, pour les enfants de l’Église ; obtenez qu’ils connaissent mieux encore le prix de la foi, et la grâce insigne que Dieu leur a faite de naître au sein de la seule vraie Église ; qu’ils soient en garde contre les doctrines perverses qui retentissent de toutes parts à leurs oreilles ; qu’ils ne se scandalisent pas des tristes défections qui se produisent si souvent dans ce siècle de mollesse et d’orgueil. C’est la foi qui doit nous conduire à Jésus ressuscité ; il nous la recommande, quand il dit à Thomas : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui cependant ont cru ! » Nous voulons croire ainsi, et c’est pour cela que nous nous attachons à la sainte Église qui est la souveraine maîtresse de la foi. C’est à elle que nous voulons croire, et non à la raison humaine qui ne saurait atteindre jusqu’à la parole de Dieu, et moins encore la juger. Cette sainte foi, Jésus a voulu qu’elle nous arrivât appuyée sur le témoignage des martyrs, et chaque siècle a produit ses martyrs. Gloire à vous, ô Fidèle, qui avez conquis la palme en combattant les erreurs de la prétendue réforme ! Vengez-vous en martyr, et demandez sans cesse à Jésus que les sectateurs de l’erreur reviennent à la foi et à l’unité de l’Église. Ils sont nos frères dans le baptême ; priez afin qu’ils rentrent au bercail, et que nous puissions célébrer un jour tous ensemble la véritable Cène de la Pâque, dans laquelle l’Agneau divin se donne en nourriture, non d’une manière figurée, comme dans la loi ancienne, mais en réalité, comme il convient à la loi nouvelle.
Aujourd’hui s’avance, la palme à la main, un humble fils du Poverello d’Assise, le protomartyr de la nouvelle réforme des Mineurs Capucins, qui, en des circonstances fort semblables à celles que rencontra saint Boniface, apôtre de l’Allemagne, féconda à nouveau de son sang cette terre stérilisée par l’hérésie (+ 1622). Sa fête fut étendue à l’Église universelle par un autre fils de saint François, le pape Clément XIV.
La messe est du Commun des Martyrs.
La grâce du martyre n’est pas le privilège des premières générations chrétiennes, Dieu l’accorde dans tous les temps. Généralement, elle suppose une vertu consommée et une fidèle correspondance à une autre chaîne de grâces qui, dans les conseils de Dieu, doivent servir de préparation à cette grâce finale, laquelle immole à Dieu, dans l’effusion du sang, le sacrifice total de l’être.
Soyons fidèles.
L’Église chante à la gloire des saints martyrs.
Éclatants de blancheur sont ses élus, Alleluia,
Voilés de la splendeur de Dieu, Alleluia,
Ils sont blancs comme le lait, Alleluia, Alleluia,
Ils sont plus éclatants que la neige, plus blancs qui le lait,
Plus brillants que le vieil ivoire, plus beaux que le saphir. (Répons.)
Saint Fidèle. — Jour de mort : 24 avril 1622. Tombeau : à Coire (Suisse) ; son chef est à Feldkirch (Vorarlberg, Autriche). Image : On le représente en capucin, avec une massue armée de pointes (instrument de son martyre). Vie : Saint Fidèle, qui fut un saint allemand et le « premier martyr de son Ordre et de la Propagande de Rome », naquit en 1577. C’était d’abord un avocat estimé. Mais il sentit que cette profession constituait un danger pour le salut de son âme et il résolut d’entrer dans l’Ordre des Capucins. Il utilisa ses grands dons oratoires pour exhorter les fidèles à une vie sainte et pour ramener les hérétiques à la connaissance de la vérité. Disciple de saint François, il aima beaucoup la pauvreté.. Dur pour lui-même, il était toute charité pour les autres. « Il les entourait comme une mère entoure ses enfants ». Une peste ayant éclaté dans l’armée autrichienne, il s’occupa de tous les besoins spirituels et corporels des soldats et mérita le beau nom de « père de la patrie ». Il avait une grande dévotion envers la Mère de Dieu. Dans sa confiance en son intercession et en celle des autres saints, il demandait souvent à Dieu de pouvoir offrir sa vie et son sang pour l’affermissement de la foi catholique. Supérieur de la mission pour la conversion de la Rhétie (canton des Grisons), il subit la glorieuse mort des martyrs et consacra ainsi dans son sang les prémices du martyre dans son Ordre (1622).
Pratique : Notre saint fut fidèle jusqu’à la mort, fidèle au service du Christ, ferme dans sa foi et dans sa charité. Son nom était un programme de vie. Qu’il le soit pour nous aujourd’hui !
La messe (Protexisti). — La messe est du commun d’un martyr au temps pascal.