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16/01 St Marcel Ier, pape et martyr

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Sommaire

  Textes de la Messe après 1942  
  Textes de la Messe avant 1942  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Anniversaire de la déposition de St Marcel, mort en 309 en exil, déjà célébré en 336. A partir du VIIIe siècle, il est unanimement honoré comme martyr.

Les commentaires ci-dessus concernent la messe d’avant 1942.

Textes de la Messe après 1942

Missa post 1942
Messe après 1942
die 16 ianuarii
le 16 janvier
SANCTI MARCELLI I
SAINT MARCEL Ier
Papæ et Maryris
Pape et Martyr
III classis (ante CR 1960 : semiduplex)
IIIème classe (avant 1960 : semidouble)
Missa Si díligis me, de Communi Communi Summorum Pontificum, præter orationem sequentem :Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes, sauf l’oraison suivante
OratioCollecte
Preces pópuli tui, quǽsumus, Dómine, cleménter exáudi : ut beáti Marcélli Mártyris tui atque Pontíficis méritis adiuvémur, cuius passióne lætámur. Per Dóminum nostrum.Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer, dans votre clémence, les prières de votre peuple, afin que nous soyons aidés par les mérites du bienheureux Marcel, votre Martyr et Pontife, dont la passion est pour nous une source de joie.

Textes de la Messe avant 1942

Missa ante 1942
Messe avant 1942
die 16 ianuarii
le 16 janvier
SANCTI MARCELLI I
SAINT MARCEL Ier
Papæ et Maryris
Pape et Martyr
semiduplex
semidouble
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30.Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/. Glória Patri.
OratioCollecte
Preces pópuli tui, quǽsumus, Dómine, cleménter exáudi : ut beáti Marcélli Mártyris tui atque Pontíficis méritis adiuvémur, cuius passióne lætámur. Per Dóminum nostrum.Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer, dans votre clémence, les prières de votre peuple, afin que nous soyons aidés par les mérites du bienheureux Marcel, votre Martyr et Pontife, dont la passion est pour nous une source de joie.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios.Lecture de l’Épître de saint Paul aux Corinthiens.
2. Cor. 1, 3-7.
Fratres : Benedíctus Deus et Pater Dómini nostri Iesu Christi, Pater misericordiárum, et Deus totíus consolatiónis, qui consolátur nos in omni tribulatióne nostra : ut póssimus et ipsi consolári eos, qui in omni pressúra sunt, per exhortatiónem, qua exhortámur et ipsi a Deo. Quóniam sicut abúndant passiónes Christi in nobis : ita et per Christum abúndat consolátio nostra. Sive autem tribulámur pro vestra exhortatióne et salúte, sive consolámur pro vestra consolatióne, sive exhortámur pro vestra exhortatióne et salúte, quæ operátur tolerántiam earúndem passiónum, quas et nos pátimur : ut spes nostra firma sit pro vobis : sciéntes, quod, sicut sócii passiónum estis, sic éritis et consolatiónis : in Christo Iesu, Dómino nostro.Mes Frères, béni soit Dieu, qui est aussi le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos tribulations, afin que nous puissions, nous aussi, par l’encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, consoler ceux qui sont pressés par toutes sortes de maux ; car, de même que les souffrances du Christ abondent en nous, notre consolation abonde aussi par le Christ. Or, soit que nous soyons affligés, c’est pour votre encouragement et votre salut ; soit que nous soyons consolés, c’est pour votre consolation ; soit que nous soyons encouragés, c’est pour votre encouragement et votre salut, qui s’accomplit par le support des mêmes souffrances que nous souffrons aussi : ce qui nous donne une ferme espérance pour vous, sachant que si vous avez part aux souffrances, vous aurez part aussi à la consolation, en Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Graduale. Ps. 88, 21-23.Graduel
Invéni David servum meum, óleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
V/. Nihil profíciet inimícus in eo, et fílius iniquitátis non nocébit ei.V/. L’ennemi n’aura jamais l’avantage sur lui et le fils d’iniquité ne pourra lui nuire.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 16, 24-27.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Si quis vult post me veníre, ábneget semetípsum, et tollat crucem suam, et sequátur me. Qui enim voluerit ánimam suam salvam fácere, perdet eam : qui autem perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam. Quid enim prodest hómini, si mundum univérsum lucrétur, ánimæ vero suæ detriméntum patiátur ? Aut quam dabit homo commutatiónem pro ánima sua ? Fílius enim hóminis ventúrus est in glória Patris sui cum Angelis suis : et tunc reddet unicuíque secúndum ópera eius.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera. Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme ? Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25.Offertoire
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius.Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance.
SecretaSecrète
Súscipe, quǽsumus, Dómine, múnera dignánter obláta : et, beáti Marcélli Mártyris tui atque Pontíficis suffragántibus méritis, ad nostræ salútis auxílium proveníre concéde. Per Dóminum.Accueillez, Seigneur, les offrandes que nous vous présentons avec respect ; et grâce aux mérites de votre martyr et pontife le bienheureux Marcell qui intercède en notre faveur, permettez que ces dons deviennent un secours utilie à notre salut.
Ant. ad Communionem. Matth. 25, 20 et 21.Communion
Dómine, quinque talénta tradidísti mihi, ecce, ália quinque superlucrátus sum. Euge, serve bone et fidélis, quia in pauca fuísti fidélis, supra multa te constítuam, intra in gáudium Dómini tui.Seigneur, vous m’avez remis cinq talents ; voici que j’en ai gagné cinq autres. C’est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.
PostcommunioPostcommunion
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum.Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours grâce à l’intervention de la sainte dont nous célébrons la fête.

Office

Leçons des Matines avant 1960

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Marcel, né à Rome, exerça le pontificat depuis Constance et Galère jusqu’à Maxence. Ce fut à son instigation que Lucine, matrone romaine, établit l’Église de Dieu héritière de ses biens. Le nombre des fidèles s’étant accru dans Rome, il institua de nouveaux Titres (ou paroisses), et partagea la ville comme en différents districts, pour y administrer les sacrements de baptême et de pénitence à ceux qui embrasseraient la religion chrétienne, ainsi que pour l’utilité des fidèles et pour la sépulture des Martyrs. Maxence, enflammé de colère par cette sage administration, menaça Marcel de rigoureux supplices, s’il ne déposait le pontificat et ne sacrifiait aux idoles.

Cinquième leçon. Comme Marcel méprisait les paroles insensées d’un homme, le tyran l’envoya dans les écuries impériales pour qu’il y prît soin des bêtes qu’on nourrissait aux dépens du public. Marcel y passa neuf mois en prières et en jeûnes continuels, visitant par ses lettres les paroisses qu’il ne pouvait visiter en personne. Tiré de là par les clercs de Rome, il reçut l’hospitalité chez la bienheureuse Lucine, et dédia dans sa demeure une église qui est aujourd’hui désignée sous le Titre de Saint-Marcel : les Chrétiens allaient y prier et le bienheureux Marcel y prêchait lui-même.

Sixième leçon. Maxence, ayant connaissance de ces faits, ordonna d’amener dans cette église les bêtes de ses écuries et commanda qu’elles soient gardées, par Marcel. C’est en ce lieu que, souffrant de la malpropreté et accablé de tribulations, il s’endormit dans le Seigneur. Son corps fut enseveli le 17 des calendes de février, par la bienheureuse Lucine, au cimetière de Priscille, sur la voie Salaria. Il siégea cinq ans, un mois, et vingt-cinq jours. Il écrivit une épître aux Évêques de la province d’Antioche, au sujet de la primauté de l’Église romaine, qu’il prouve devoir être appelée le chef des Églises, et y dit aussi que nul concile ne peut être légitimement célébré sans l’autorité du Pontife romain. Il ordonna à Rome, au mois de décembre, vingt-cinq Prêtres, deux Diacres et sacra vingt et un Évêques pour divers lieux.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Au glorieux Pape et Martyr Hygin, vient s’adjoindre sur le Cycle son vaillant successeur Marcel ; tous deux viennent faire hommage de leurs clefs au Chef invisible de l’Église ; leur frère Fabien les suivra de près. Tous trois, émules des Mages, ils ont offert leur vie en don à l’Emmanuel.

Marcel a gouverné l’Église à la veille des jours de paix qui bientôt allaient se lever. Encore quelques mois, et le tyran Maxence tombait sous les coups de Constantin, et la croix triomphante brillait sur le Labarum des légions. Les moments étaient courts pour le martyre ; mais Marcel sera ferme jusqu’au sang, et méritera d’être associé à Etienne, et de porter comme lui la palme près du berceau de l’Enfant divin. Il soutiendra la majesté du Pontificat suprême en face du tyran, au milieu de cette Rome qui verra bientôt les Césars s’enfuir à Byzance, et laisser la place au Christ, dans la personne de son Vicaire. Trois siècles se sont écoulés depuis le jour où les édits de César Auguste ordonnaient le dénombrement universel qui amena Marie en Bethlehem, où elle mit au monde un humble enfant : aujourd’hui, l’empire de cet enfant a dépassé les limites de celui des Césars, et sa victoire va éclater. Après Marcel va venir Eusèbe ; après Eusèbe, Melchiade qui verra le triomphe de l’Église.

Quelles furent vos pensées, ô glorieux Marcel, lorsque l’impie dérision d’un tyran vous enferma en la compagnie de vils animaux ? Vous songeâtes au Christ, votre maître, naissant dans une étable, et étendu dans la crèche à laquelle étaient attachés aussi des animaux sans raison. Bethlehem vous apparut avec toutes ses humiliations, et vous reconnûtes avec joie que le disciple n’est pas au-dessus du maître. Mais de l’ignoble séjour où le tyran avait cru renfermer la majesté du Siège Apostolique, elle allait bientôt sortir affranchie et glorifiée, aux yeux de la terre entière. Rome chrétienne, abaissée en vous, allait être reconnue comme la mère de tous les peuples, et Dieu n’attendait plus qu’un moment pour livrer à vos successeurs les palais de cette fière cité qui n’avait pas encore le secret de sa destinée. Comme l’Enfant de Bethlehem, ô Marcel, vous avez triomphé par vos abaissements. Souvenez-vous de l’Église qui vous est toujours chère ; bénissez Rome qui visite avec tant d’amour le lieu sacré de vos combats. Bénissez tous les fidèles du Christ qui vous demandent, dans ces saints jours, de leur obtenir la grâce d’être admis à faire leur cour au Roi nouveau-né. Demandez-lui pour eux la soumission à ses exemples, la victoire sur l’orgueil, l’amour de la croix, et le courage de demeurer fidèles dans toutes les épreuves.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station au cimetière de Priscille.

La station de ce jour dans la grande nécropole apostolique de la voie Salaria, nous est indiquée non seulement par le Hiéronymien, mais aussi par le Laterculus Philocalien du temps du pape Libère : XVII kal. febr. Marcelli(ni) in Priscillae.

Les Actes de saint Marcel (308-309) contiennent d’étranges interpolations. Nous savons pourtant par le pape Damase, qui composa l’épigraphe sépulcrale du saint, que, ayant admis les apostats à la pénitence et à la réconciliation ecclésiastique, les adversaires, c’est-à-dire le parti hérétique, rigide et intransigeant, suscita à Rome un tel tumulte populaire qu’il en résulta un massacre. Le tyran Maxence intervint alors, et, profitant de ces désordres, il condamna Marcel à l’exil ; celui-ci succomba finalement aux épreuves. Son corps fut transporté à Rome et enseveli dans le cimetière de Priscille, d’où, plus tard, on le transféra au titulus Marcelli sur la « via Lata ».

Ce titre remonte au IVe siècle, et, selon les Gesta Marcelli, il aurait été érigé dans la domus d’une pieuse matrone nommée Lucine ou Novella, qui en aurait fait don au Pontife. Maxence, ayant appris la chose, serait entré en fureur et aurait ordonné la destruction du temple, sa transformation en catabulum [1] public, décidant en outre que Marcel lui-même, tel un esclave, prendrait soin des chevaux de cette première station de la voie Flaminienne. Le Pape, épuisé par la misère et par les humiliations, aurait expiré peu après dans cette épreuve.

Cette narration des Gesta ne trouve malheureusement aucune confirmation dans l’épigraphe du pape Damase, qui rapporte d’une tout autre manière la mort de l’insigne Pontife. C’est une nouvelle preuve de la grande circonspection nécessaire pour manier sans danger les antiques légendes hagiographiques :

VERIDICVS • RECTOR • LAPSOS • QVIA • CRIMINA • FLERE
PRAEDIXIT • MISERIS • FVIT - OMNIBVS • HOSTIS • AMARVS
HINC • FVROR • HINC • ODIVM • SEQUITVR • DISCORDIA • LITES
SEDITIO • CAEDES • SOLVVNTVR • FOEDERA • PACIS
CRIMEN • OB • ALTERIVS • CHRISTVM • QVI • IN • PACE • NEGAVIT
FINIBVS • EXPVLSVS • PATRIAE • EST • FERITATE • TYRAMNI
HAEC • BREVITER • DAMASVS • VOLVIT • COMPERTA • REFERRE
MARCELLI • VT • POPVLVS • MERITVM • COGNOSCERE • POSSIT
Parce que, en vrai Pasteur, il avait ordonné aux pécheurs de pleurer leurs fautes,
Il fut considéré par tous les méchants comme un adversaire
D’où la fureur, la haine, la discorde, la querelle, plein de fiel.
La sédition, les massacres ; le lien de la concorde fut brisé
Par les artifices iniques de quelqu’un qui, au temps même de la paix, avait renié le Christ.
(Le Pasteur) fut expulsé du sol paternel par la cruauté du tyran.
Damase, à qui tout cela est parfaitement connu, a voulu le rapporter succinctement,
Afin que le peuple connaisse le mérite de Marcel.

Par l’épigraphe damasienne du successeur de saint Marcel, Eusèbe, nous savons que le chef du parti des hérétiques donatistes à Rome était un certain Héraclius, qui réussit à susciter encore une émeute sous le pape Eusèbe. Maxence expulsa alors de la Ville les deux contendants, et Eusèbe, à la ressemblance de Marcel, litore Trinacrio mundum vitamque reliquit.

Actuellement [2], la messe est celle des martyrs pontifes ; cependant à l’origine, Marcel n’ayant pas péri de mort sanglante était l’objet, à Rome, du culte rendu aux confesseurs, au sens antique et véritable du mot. De fait, les listes d’évangiles du manuscrit de Würzbourg assignent aujourd’hui la lecture de saint Matthieu Homo peregre proficiscens du Commun des confesseurs [3], et à ce texte se rapporte aussi l’antienne de la communion : Euge, serve bone, qui est encore conservée dans le Missel romain.

L’antienne pour l’entrée du célébrant est tirée de l’Ecclésiastique (XLV, 30) là où se trouve l’éloge du terrible Phinées : « Le Seigneur lui accorda un héritage de paix ; il le constitua chef de son peuple, pour qu’il fût orné pour toujours de la gloire du sacerdoce. » — L’office sacerdotal est vraiment une mission de paix et de réconciliation ; aussi les ministres du Sanctuaire doivent-ils s’élever avec tout leur zèle à la dignité de pacifiques pour que cette paix céleste, dont les sources sont dans le Christ — ipse est pax nostra — coule et se répande, au moyen de la hiérarchie sacrée, sur tous les membres du corps de l’Église. C’est le motif pour lequel l’Apôtre, dans ses épîtres, souhaitait aux fidèles d’abord la grâce, puis la paix, comme effet immédiat de la grâce. Le salut de l’évêque au peuple durant la messe contient aujourd’hui encore ce souhait de paix : Pax vobis, souhait apostolique, que nous voyons gravé sur les plus anciens tombeaux des cimetières romains.

La prière est très belle. On y invoque les mérites des souffrances et des humiliations de saint Marcel pour qu’elles viennent au secours de notre insuffisance : « Accueillez avec clémence, Seigneur, les prières de votre peuple, afin que pour nous implorent votre secours les mérites de votre bienheureux martyr, le pontife Marcel, dont la passion nous réjouit aujourd’hui. »

La lecture est prise de l’Épître aux Corinthiens (II, 1, 3-7) ; saint Paul y explique à ses correspondants que si, en ce temps, il se trouve plus que jamais accablé de persécutions extérieures et préoccupé des schismes qui déchirent l’Église de Corinthe, toutefois l’abondance des consolations divines qui inondent son âme est telle qu’il doit en épancher le trop-plein dans le cœur de ses chers fidèles. C’est là la règle du véritable pasteur. S’il souffre, c’est pour le bien du troupeau ; s’il est consolé, c’est aussi pour la consolation du troupeau.

Le répons est semblable à celui de la fête de saint Nicolas, et le verset alléluiatique est le même que pour la fête de saint Pierre Chrysologue.

La lecture évangélique est celle de la fête de saint Eusèbe de Verceil le 16 décembre.

Le verset pour l’offrande des oblations est identique à celui de la fête de saint Nicolas.

Voici la prière sur l’oblation : « Accueillez, Seigneur, l’offrande que par votre grâce nous vous présentons ; et, par les mérites de votre bienheureux martyr, le pontife Marcel, faites qu’elle serve à notre défense et à notre salut. »

Dans les manuscrits grégoriens le titre de martyr est omis dans cette collecte, pour les raisons indiquées plus haut. Ce concept est encore mieux exprimé dans la préface assignée jadis à ce dies natalis : Qui glorificaris in tuorum confessione sanctorum, et non solum excellentioribus praemiis martyrum tuorum merita gloriosa prosequeris, sed etiam sacra Mysteria competentibus servitiis exsequentes, gaudium Domini sui tribuis benignus intrare. Per Christum.

L’antienne pour la communion, identique à celle de la messe de saint Pierre Chrysologue, ne se trouve plus en relation avec la péricope évangélique, mais elle l’était autrefois ; bien plus, elle était appelée fort à propos par les derniers mots eux-mêmes de la préface propre.

La collecte eucharistique est la même que pour la fête de sainte Lucie.

Jésus a racheté le monde, moins par la gloire de ses miracles et de sa prédication, que par l’ignominie et les douleurs de sa passion. C’est pourquoi il n’épargne pas aux pasteurs d’âmes les humiliations et les douleurs, afin qu’eux aussi, suivant le mot de l’Apôtre, accomplissent dans leurs membres ce qui manque à la passion du Christ pour l’avantage de l’Église.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Marcel. — Jour de mort : 16 janvier 309. — Tombeau : à Rome, dans le cimetière de saint Priscille, plus tard dans l’église qui lui fut dédiée, sur la Via lata. Image : On le représente avec des chevaux ou des ânes, dans l’écurie où il fut obligé de les soigner comme valet d’écurie. Sa vie : Marcel régna comme pape (308-309) au temps de la dernière grande persécution, sous l’empereur Maxence. D’après l’épitaphe de saint Damase, le saint pape admit les fidèles qui avaient renié leur foi (les lapsi) à la pénitence et à la réconciliation avec l’Église. C’est ce qui lui attira la colère de la secte rigoriste et intolérante des Donatistes. Dans un soulèvement populaire, il y eut même des morts. L’empereur Maxence prit prétexte de ces troubles, pour condamner le pape au bannissement où il succomba aux privations. — L’église qui lui a été dédiée aurait, d’après les Actes (apocryphes), été érigée par lui dans la maison d’une pieuse matrone. A cette nouvelle, Maxence aurait transformé l’église en écurie de chevaux et condamné Marcel à être valet d’écurie et l’aurait attaché au service public de la poste de transport. Là il serait mort par suite des privations endurées.

2. La messe [4] (Statuit). — La messe est composée de différentes parties du commun et nous montre, dans les chants, le pontife (Intr., All.) qui, par sa dignité papale, a reçu cinq talents (Comm.).

Les deux lectures nous représentent le martyr. Ces deux lectures sont riches de pensées. Immédiatement après la confession solennelle de saint Pierre à Césarée de Philippe, Notre-Seigneur entreprend de préparer les siens à sa mort sur la Croix ; il fait la première prophétie de la Passion et adresse à ses Apôtres le premier sermon sur la Croix ; Dans ce sermon, il fait un pas de plus : il ne suffit pas qu’il souffre lui-même, il faut aussi que ses disciples se chargent de leur croix et le suivent. Ce sermon de la Croix, l’Église nous le fait entendre dans la fête de notre martyr pontife, car celui-ci l’a mis en pratique dans sa vie : il s’est renoncé lui-même, il s’est chargé de la Croix, il a haï sa vie sur la terre, c’est pourquoi il a eu part lui aussi à cette promesse : le Fils de l’Homme viendra dans la majesté de son Père avec ses anges et donnera la récompense. Au jour de sa mort, saint Marcel a vu venir le Seigneur. Ce retour de Jésus, nous le célébrons à la messe et nous pouvons y participer.

A l’Épître, le saint martyr se tient devant nous et nous parle : ce n’est qu’en participant à mes souffrances que vous pouvez avoir part à ma consolation. A la communion, nous entendons, comme saint Marcel, l’invitation du Christ : « Entre dans la joie de ton Seigneur. » Nous sommes émus quand nous lisons, au sujet de saint Marcel, qu’il accomplit le dur service de la poste de transports, vêtu d’un cilice. Il fut donc à la fois pénitent et martyr. Le saint nous montre par là, de quelle manière, dans les circonstances où nous nous trouvons, nous pouvons être à la fois pénitents et martyrs. La guerre a enlevé à beaucoup leur fortune, leur situation, leur rang. Certains se trouvent aux prises avec les difficultés et doivent lutter contre le mauvais sort. Ils peuvent imiter saint Marcel, en acceptant cette souffrance comme une pénitence et un martyre, c’est-à-dire comme expiation de leurs péchés et par amour pour le Christ.

Alors la croix, qui jusque là pesait si lourd sur leurs épaules, deviendra un joug léger et doux. De plus, nous pouvons chaque jour déposer cette souffrance sur l’autel, au moment de l’Offrande ; elle sera consacrée avec les oblats et ne sera plus notre souffrance, mais la souffrance du Christ, une part de la Croix du Christ.

[1] Écurie, étable.

[2] Avant 1942.

[3] MENSE SUPRASCRIPTO XVI DIE NAT. SCI MARCELLI lec. sci. euang. s. Math. k. CCLXVIIII Dixit Ihs discipulis suis parabolam hanc home quidam peregre usq. intra gaudium dni. tui..

[4] Avant 1942