Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Dès le Ve siècle, le natale de St Joseph était célébré dans certains monastères égyptiens au 20 juillet, date toujours actuelle de la fête chez les Coptes.
Au rite byzantin, on commémore St Joseph le dimanche avant Noël, avec « tous les saints Pères depuis Adam » ; et le dimanche après Noël avec St Jacques et le roi David.
En Occident c’est le martyrologe de Rheinau qui mentionne le premier une fête au 19 mars au alentour de 800.
Le culte de St Joseph se développa surtout au cours des XIVe et XVe siècles sous l’influence des Franciscains qui avaient établi en 1399 la fête pour tout leur ordre.
Jean Gerson, Chancelier de Notre-Dame de Paris, composa dans les premières années du XVe siècle un office de la desponsatio de Marie et de Joseph et invita toutes les églises à célébrer cette fête le jeudi de la semaine des Quatre-Temps d’Avent et à commémorer la mort de St Joseph le 15 janvier. Mais c’est toutefois la date du 19 mars qui fut reçue universellement.
Le pape Sixte IV, franciscain autorisa la fête a Rome sous le rite simple en 1476. St Pie V l’inscrivit comme fête double obligatoire en 1568. Grégoire XV en fit une fête d’obligation en 1621 et en 1670 Clément X l’éleva à la 2ème classe. Pie X la promut à la 1ère classe quand il déclara St Joseph ‘patron de l’Église universelle’ en 1870.
Le missel de 1570, peu favorable aux compositions médiévales, remplaça les textes propres des Messes antérieurement composées par des textes du commun.
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur : plantátus in domo Dómini : in átriis domus Dei nostri. (T.P. Allelúia, allelúia.) | Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban, planté dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu. (T.P. Alléluia, alléluia.) |
Ps. Ibid., 2. | |
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime. | Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Sanctíssimæ Genetrícis tuæ Sponsi, quǽsumus. Dómine, méritis adiuvémur : ut, quod possibílitas nostra non óbtinet, eius nobis intercessióne donétur : Qui vivis. | Faites Seigneur, que les mérites de l’Époux de votre Mère très sainte nous viennent en aide ; afin que les grâces que nous ne pouvons obtenir par nous-mêmes nous soient accordées par son intercession. |
Deinde, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ. | Ensuite en carême, on fait mémoire de la férie. |
Léctio libri Sapientiæ. | Lecture du livre de la Sagesse. |
Eccli. 45, 1-6. | |
Diléctus Deo et homínibus, cuius memória in benedictióne est. Símilem illum fecit in glória sanctórum, et magnificávit eum in timóre inimicórum, et in verbis suis monstra placávit. Gloríficávit illum in conspéctu regum, et iussit illi coram pópulo suo, et osténdit illi glóriam suam. In fide et lenitáte ipsíus sanctum fecit illum, et elégit eum ; ex omni carne. Audívit enim eum et vocem ipsíus, et indúxit illum in nubem. Et dedit illi coram præcépta, et legem vitæ et disciplínæ. | Il a été aimé de Dieu et des hommes ; sa mémoire est en bénédiction. Le Seigneur lui a donné une gloire égale à celle des saints ; il l’a rendu grand et redoutable à ses ennemis, et il a fait cesser les prodiges par ses paroles. Il l’a glorifié en présence des rois, il lui a donné ses ordres devant son peuple, et lui a montré sa gloire. Il l’a sanctifié dans sa foi et dans sa douceur, et il l’a choisi entre tous les hommes. Il l’a écouté et a entendu sa voix, et il l’a fait entrer dans la nuée. Il lui a donné ses préceptes face à face, et la loi de la vie et de la science. |
Graduale. Ps. 20, 4-5. | Graduel |
Dómine, prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis : posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso. | Seigneur, vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions ; vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses. |
V/. Vitam pétiit a te, et tribuísti ei longitúdinem diérum in sǽculum sǽculi. | V/. Il vous a demandé la vie, et vous lui avez accordé des jours qui dureront dans les siècles des siècles. |
Tractus. Ps. 111, 1-3. | Trait |
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis. | Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements. |
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicétur | V/. Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie. |
V/. Glória et divítiæ in domo eius : et iustítia eius manet in sǽculum sǽculi. | V/. La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles. |
¶ Tempore paschali omissis graduale et tractu, et eius loco dicitur : | ¶ Pendant le temps pascal, on omet le graduel et le trait et à la place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 45, 9. Amávit eum Dóminus, et ornávit eum : stolam glóriæ índuit eum. | Allelúia, allelúia. V/. Le Seigneur l’a aimé et l’a orné. Il l’a revêtu d’une robe de gloire. |
Allelúia. V/. Osee 14, 6. Iustus germinábit sicut lílium : et florébit in ætérnum ante Dóminum. Allelúia. | Allelúia. V/. Le juste germera comme le lis ; et il fleurira éternellement en présence du Seigneur. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth, 1, 18–21. | |
Cum esset desponsáta Mater Iesu Maria Ioseph, ántequam convenírent, inventa est in útero habens de Spiritu Sancto. Ioseph autem, vir eius, cum esset iustus et nollet eam tradúcere, vóluit occúlte dimíttere eam. Hæc autem eo cogitánte, ecce, Angelus Dómini appáruit in somnis ei, dicens : Ioseph, fili David, noli timére accípere Maríam cóniugem tuam : quod enim in ea natum est, de Spíritu Sancto est. Páriet autem fílium, et vocábis nomen eius Iesum : ipse enim salvum fáciet pópulum suum a peccátis eórum. | Marie, la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la diffamer, se proposa de la répudier secrètement. Comme il était dans cette pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : "Joseph, fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est conçu en elle est du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras pour nom Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés." |
Credo | Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25. | Offertoire |
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius. (T.P. Allelúia.) | Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance. (T.P. Alléluia.) |
Secreta | Secrète |
Débitum tibi, Dómine, nostræ réddimus servitútis, supplíciter exorántes : ut, suffrágiis beáti Ioseph, Sponsi Genetrícis Fílii tui Iesu Christi, Dómini nostri, in nobis tua múnera tueáris, ob cuius venerándam festivitátem laudis tibi hóstias immolámus. Per eúndem Dóminum nostrum. | Seigneur, nous vous rendons l’hommage de soumission qui vous est dû, en vous priant et en vous suppliant : par les suffrages du bienheureux Joseph, l’Époux de la Mère de votre Fils Jésus-Christ Notre-Seigneur, protégez en nous vos propres dons, car nous vous immolons des hosties de louanges en sa fête vénérable. |
Deinde, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ. | Ensuite en carême, on fait mémoire de la férie. |
Præfatio de S. Ioseph. | Préface de saint Joseph . |
Ant. ad Communionem. Matth. 1, 20. | Communion |
Ioseph, fili David, noli timére accípere Maríam cóniugem tuam : quod enim in ea natum est, de Spíritu Sancto est. (T.P. Allelúia.) | Joseph, fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est conçu en elle est du Saint-Esprit. (T.P. Allelúia.) |
Postcommunio | Postcommunion |
Adésto nobis, quǽsumus, miséricors Deus : et, intercedénte pro nobis beáto Ioseph Confessóre, tua circa nos propitiátus dona custódi. Per Dóminum. | Soyez-nous présent, nous vous en prions, Dieu de miséricorde : et le bienheureux Confesseur Joseph intercédant pour nous, conservez en nous les dons de votre faveur. |
Deinde, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ. | Ensuite en carême, on fait mémoire de la férie. |
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 Jacob * engendra Joseph, époux de Marie de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Ant. 2 Il fut envoyé * de Dieu, l’Ange Gabriel, à une vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie.
Ant. 3 Tandis qu’elle était fiancée * à Joseph, il se trouva, avant qu’ils vinssent ensemble, que Marie Mère de Jésus avait conçu par l’opération du Saint-Esprit.
Ant. 4 Joseph, son époux, * qui était un homme juste, ne voulant pas là diffamer, résolut de la renvoyer secrètement.
Ant. 5 Un Ange du Seigneur * apparut à Joseph, disant : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie, ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle est du Saint-Esprit ; elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus.
Capitule. Prov. 28, 20 et 27, 18.Un homme fidèle sera beaucoup loué. Et celui qui est gardien de son Seigneur sera glorifié.
Hymnus | Hymne |
Te, Ioseph, célebrent ágmina cælitum,
Te cuncti résonent christíadum chori, Qui clarus méritis, iunctus est ínclytæ Casto fœdere Vírgini. | Que les chœurs célestes célèbrent ta gloire, ô Joseph !
Que les chants de tous les Chrétiens fassent résonner tes louanges ! Glorieux déjà par tes mérites, tu es uni par une chaste alliance à l’auguste Vierge. |
Almo cum túmidam gérmine cóniugem
Admírans, dúbio tángeris ánxius, Afflátu súperi Fláminis Angelus Concéptum Púerum docet. | Lorsque, en proie au doute et à l’anxiété,
tu t’étonnes de l’état où se trouve ton épouse, un Ange vient t’apprendre que l’enfant qu’elle a conçu, l’a été par l’opération de l’Esprit-Saint. |
Tu natum Dóminum stringis, ad éxteras
Ægypti prófugum tu séqueris plagas ; Amíssum Sólymis quæris, et ínvenis, Miscens gáudia flétibus. | Le Seigneur est né, tu le presses dans tes bras ;
tu fuis avec lui vers les plages lointaines d’Égypte ; tu le cherches à Jérusalem où tu l’as perdu, et tu le retrouves : ainsi tes joies sont mêlées de larmes. |
Post mortem réliquos sors pia cónsecrat,
Palmámque eméritos glória súscipit : Tu vivens, Súperis par, frúeris Deo, Mira sorte beátior. | D’autres sont glorifiés après une sainte mort, c
eux qui ont mérité là palme sont reçus au sein de la gloire ; mais toi, par une admirable destinée, égal aux Saints, plus heureux même, tu jouis dès cette vie de la présence de Dieu. |
Nobis, summa Trias, parce precántibus,
Da Ioseph méritis sídera scándere : Ut tandem líceat nos tibi pérpetim Gratum prómere cánticum. Amen. | Trinité souveraine, exaucez nos prières, donnez-nous le pardon ;
que les mérites de Joseph nous aident à monter dans les cieux, pour qu’il nous soit enfin donné de chanter à jamais le cantique de la reconnaissance et de la félicité. Amen. |
A MATINES.
Invitatoire. Le Christ, Fils de Dieu, qui a daigné passer pour fils de Joseph, * Venez, adorons-le.
Hymnus | Hymne |
Cǽlitum Ioseph, decus atque nostræ
Certa spes vitæ, columénque mundi, Quas tibi læti cánimus benígnus Súscipe laudes. | Honneur des habitants du ciel, Joseph,
espérance assurée de notre vie, colonne du monde, reçois, dans ta bonté, les louanges que nous t’offrons avec joie en nos chants. |
Te Sator rerum státuit pudícæ
Vírginis sponsum, voluítque Verbi Te patrem dici, dedit et minístrum Esse salútis. | Le Créateur de toutes choses t’a choisi
pour l’époux de la Vierge très pure, il a voulu qu’on t’appelât le père de son Verbe, il t’a donné d’être le ministre du salut. |
Tu Redemptórem stábulo iacéntem,
Quem chorus Vatum cécinit futúrum, Aspicis gaudens, humilísque natum Numen adóras. | Le Rédempteur, dont le chœur des Prophètes a annoncé la venue,
tu le vois couché dans une étable, tu le contemples avec joie, et tu adores humblement ce Dieu nouveau-né. |
Rex Deus regum, Dominátor orbis,
Cuius ad nutum tremit inferórum Turba, cui pronus famulátur æther, Se tibi subdit. | Le Roi, Dieu des rois, dominateur de l’univers,
celui dont le moindre signe fait trembler la troupe infernale et que les cieux servent en s’inclinant, se soumet à toi. |
Laus sit excélsæ Tríadi perénnis,
Quæ tibi præbens súperos honóres, Det tuis nobis méritis beátæ Gáudia vitæ. Amen. | Louange éternelle à la très sainte Trinité
qui t’a déféré de sublimes honneurs ; qu’elle nous donne, par tes mérites, les joies de la vie bienheureuse. Amen. |
Au premier nocturne.
Ant. 1 Joseph monta * de Nazareth, ville de Galilée, en Judée, dans la ville de David, qui est appelée Bethléem, pour se faire inscrire avec Marie.
Ant. 2 Les pasteurs vinrent * en grande hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché dans une crèche.
Ant. 3 Voilà qu’un Ange du Seigneur * apparut à Joseph pendant son sommeil, et dit : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte
V/. Il l’établit maître de sa maison.
R/. Et prince de toutes ses possessions.
Du livre de la Genèse. Cap. 39, 1-5 ; 41, 37-44.
Première leçon. Joseph fut donc mené en Égypte, et Putiphar, égyptien, eunuque de Pharaon et chef de l’armée, l’acheta de la main des Ismaélites par lesquels il avait été amené. Et le Seigneur fut avec lui, et c’était un homme prospérant en toutes choses : il demeura dans la maison de son maître, qui connaissait très bien que le Seigneur était avec lui, et que tout ce qu’il faisait, le Seigneur le dirigeait entre ses mains. Ainsi Joseph trouva grâce devant son maître, et il le servait ; préposé par lui à toutes choses, il gouvernait la maison qui lui était confiée, et tout ce qui avait été remis à ses soins. Et le Seigneur bénit la maison de l’Égyptien à cause de Joseph.
R/. Le Seigneur fut avec Joseph, et il lui fit trouver, grâce devant le chef de la prison. * Lequel mit sous sa main tous les prisonniers. V/. Tout ce qui se faisait était soumis à Joseph, car le Seigneur était avec lui et dirigeait toutes ses œuvres. * Lequel.
Deuxième leçon. Le conseil de Joseph plut à Pharaon et à tous ses ministres ; et il leur demanda : Pourrons-nous trouver un tel homme qui soit plein de l’esprit de Dieu ? Il dit donc à Joseph : Puisque Dieu t’a montré tout ce que tu as dit, pourrai-je trouver quelqu’un plus sage que toi, et même semblable à toi ? C’est toi qui seras sur ma maison, et au commandement de ta bouche, tout le peuple obéira : et c’est par le trône royal seulement que j’aurai sur toi la préséance.
R/. L’Égypte étant affamée, le peuple cria au roi, demandant des vivres. Il leur répondit : * Allez à Joseph, et tout ce qu’il vous dira, faites-le. V/. La famine augmentait chaque jour sur toute la terre, et Joseph ouvrit tous les greniers : et il vendait aux Égyptiens. * Allez.
Troisième leçon. Pharaon dit encore à Joseph : Voici que je t’établis sur toute la terre d’Égypte. Et il ôta l’anneau de sa main, et le mit à la main de Joseph : il le revêtit aussi d’une robe de fin lin, et lui mit autour du cou un collier d’or. Il le fit monter sur son second char, un héraut criant que tous devant lui fléchissent le genou, et sussent qu’il était préposé sur toute la terre d’Égypte. Le roi dit aussi à Joseph : Moi je suis Pharaon, mais sans ton commandement nul ne remuera la main ou le pied dans toute la terre d’Égypte.
R/. Le Seigneur m’a établi comme père du roi, et maître de toute sa maison : ne craignez point, * Car c’est pour votre salut que Dieu m’a envoyé avant vous en Égypte. V/. Venez à moi, et moi je vous donnerai tous les biens de l’Égypte, et vous vous nourrirez de la moelle de cette terre. * Car. Gloire au Père. * Car.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Joseph, s’étant levé, * prit l’enfant et sa mère pendant la nuit et se retira en Égypte ; et il y demeura jusqu’à la mort d’Hérode.
Ant. 2 Hérode étant mort, * un Ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, en Égypte, disant : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël, car ils sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant.
Ant. 3 Joseph prit * l’enfant et sa mère, et vint dans la terre d’Israël.
V/. Sa gloire est grande dans votre salut.
R/. Vous placerez sur lui la gloire et une haute majesté.
Sermon de saint Bernard, Abbé.
Quatrième leçon. Quel homme fut le bienheureux Joseph, vous pouvez vous en faire idée d’après le titre dont il a mérité d’être honoré, le Seigneur ayant voulu qu’on l’appelât et qu’on le crût père du Fils de Dieu, titre qui n’est vrai cependant, qu’au sens de nourricier. Jugez-en aussi d’après son propre nom qu’on interprète, vous le savez, par accroissement. Rappelez-vous, en même temps, le grand Patriarche qui fut autrefois vendu en Égypte ; et sachez que non seulement celui-ci a été l’héritier de son nom, mais qu’il eut encore sa chasteté, son innocence et sa grâce.
R/. Joseph monta -de Nazareth, ville de Galilée, en Judée, dans la ville de David, qui est appelée Bethléem. * Parce qu’il était de la maison et de la famille de David. V/. Pour se faire inscrire avec Marie son épouse. * Parce.
Cinquième leçon. Si ce Joseph, vendu par l’envie de ses frères et conduit en Égypte, préfigura le Christ qui devait être vendu, lu : aussi, saint Joseph fuyant la haine d’Hérode porta le Christ en Égypte. Le premier, pour demeurer fidèle à son maître, refusa de consentir à la passion de la maîtresse (de maison ; le second, reconnaissant une Maîtresse (sainte) dans la vierge devenue mère de son Maître (divin) vécut aussi dans la continence et se montra son fidèle gardien. A l’un fut donnée l’intelligence des songes mystérieux ; à l’autre, il a été accordé d’être le confident des mystères célestes, et d’y coopérer pour sa part.
R/. Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, fuis en Égypte : * Et restes-y jusqu’à ce que je te parle. V/. Afin que soit accomplie cette parole que le Seigneur a dite par un Prophète : J’ai rappelé mon fils de l’Égypte. * Et.
Sixième leçon. L’un a mis du blé en réserve, non pour lui, mais pour tout un peuple ; l’autre a reçu la garde du pain du ciel, tant pour lui que pour le monde entier. On ne peut douter que ce Joseph à qui fut fiancée la mère du Sauveur, n’ait été un homme bon et fidèle. C’est, dis-je, le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a établi (sur sa famille), pour être ! le consolateur de sa mère, le nourricier de son enfance, enfin le seul et très digne coopérateur, ici-bas, de l’accomplissement de son grand dessein.
R/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la coutume prescrite par la loi : * Siméon le prit entre ses bras et bénit Dieu. V/. Et son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui. * Siméon. Gloire au Père. * Siméon.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 Joseph apprenant * qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, appréhenda d’y aller.
Ant. 2 Averti pendant son sommeil, * Joseph se retira dans le pays de Galilée ; étant donc venu, il habita une ville qui est appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui a été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Ant. 3 Le père de Jésus * et sa mère étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui, et Siméon les bénit.
V/. Le juste germera comme le lis.
R/. Et il fleurira éternellement devant le Seigneur.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 1, 18-21.
En ce temps-là : Marie, la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. Et le reste.
Homélie de saint Jérôme, Prêtre.
Septième leçon. Pourquoi n’est-ce pas seulement par une vierge, mais par une fiancée, qu’il est conçu ? D’abord, afin que par la généalogie de Joseph, celle de Marie fût constatée ; en second lieu, de peur qu’elle ne fût lapidée par les Juifs comme adultère ; en troisième lieu, pour que, fugitive en Égypte, elle eût un soutien en la personne de Joseph. Le Martyr saint Ignace ajoute une quatrième raison ; S’il est conçu par une fiancée, c’est, dit-il, pour cacher cet enfantement au démon, qui le croira le fruit, non d’une vierge, mais d’une épouse.
R/. La mère de Jésus lui dit : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? * Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions. V/. Mais il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ignoriez-vous qu’il faut que je sois aux choses qui regardent mon Père ? * Voilà.
Huitième leçon. « Avant qu’ils vinssent ensemble, il fut découvert qu’elle avait conçu du Saint-Esprit ». Personne ne le découvrit, sinon saint Joseph, aux regards duquel ne pouvait échapper rien de ce qui concernait sa future épouse. Quand il est dit : « Avant qu’ils vinssent ensemble », il ne s’ensuit pas qu’ils se soient unis plus tard : l’Écriture constate ce qui n’avait pas eu lieu.
R/. Jésus descendit avec eux, et vint à Nazareth : * Et il leur était soumis. V/. Il avançait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes. * Et. Gloire au Père. * Et.
Neuvième leçon. Mais Joseph, qui était un homme juste et ne voulait point la dénoncer, songea à la renvoyer sans éclat. « Si quelqu’un s’unit à une femme de mauvaise vie, il devient un même corps avec elle », et il est marqué dans la loi que non seulement ceux qui commettent le crime, mais les complices eux-mêmes du crime sont coupables. Comment donc Joseph, cachant le crime de son épouse, est-il appelé juste ? Mais c’est un témoignage en faveur de Marie ; car Joseph connaissant sa chasteté, et plein d’admiration pour ce qui se passe, cache, sous le voile du silence, l’événement dont il ne comprend point le mystère.
A LAUDES
Ant. 1 Les parents de Jésus allaient * tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques.
Ant. 2 Comme ils s’en retournaient, * l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent point
Ant. 3 Ne trouvant pas * Jésus, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher, et après trois jours ils le trouvèrent dans le temple, assis au mi lieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
Ant. 4 Sa mère lui dit : * Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions.
Ant. 5 Jésus descendit * avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis.
Capitule. Prov. 28, 20 et 27, 18.Un homme fidèle sera beaucoup loué. Et celui qui est gardien de son Seigneur sera glorifié.
Hymnus | Hymne |
Iste, quem læti cólimus, fidéles,
Cuius excélsos cánimus triúmphos, Hac die Ioseph méruit perénnis Gáudia vitæ. | Celui que nous, fidèles, nous honorons avec joie,
celui dont nous chantons le glorieux triomphe, Joseph, a mérité de parvenir en ce jour aux joies de l’éternelle vie. |
O nimis felix, nimis o beátus,
Cuius extrémam vígiles ad horam Christus et Virgo simul astitérunt Ore seréno. | O Saint très fortuné ! Ô Saint très heureux !
Il fut assisté à son heure dernière par le Christ et la Vierge, qui veillaient auprès de lui avec un visage inspirant la sérénité. |
Hinc stygis victor, láqueo solútus
Carnis, ad sedes plácido sopóre Migrat ætérnas, rutilísque cingit Témpora sertis. | Vainqueur de l’enfer, libre des liens de la chair,
Joseph s’est endormi en paix, et il monte vers l’éternel séjour ; son front est ceint de brillantes couronnes. |
Ergo regnántem flagitémus omnes,
Adsit ut nobis, veniámque nostris Obtinens culpis, tríbuat supérnæ Múnera pacis. | Maintenant qu’il règne, supplions-le tous
de nous accorder son secours ; qu’il obtienne le pardon de nos fautes et nous procure les bienfaits de la paix céleste. |
Sint tibi plausus, tibi sint honóres,
Trine, qui regnas, Deus, et corónas Aureas servo tríbuis fidéli Omne per ævum. Amen. | A vous soit la louange, à vous soit l’honneur,
ô Dieu qui régnez en trois personnes, et qui donnez pour jamais une couronne d’or au serviteur fidèle. Amen. |
V/. La bouche du juste méditera la sagesse
R/. Et sa langue proférera la justice.
Ant. au Bénédictus Jésus* avait environ trente ans, et il passait pour fils de Joseph.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Ant. 1 Les parents de Jésus allaient * tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques.
Ant. 2 Comme ils s’en retournaient, * l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent point
Ant. 3 Ne trouvant pas * Jésus, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher, et après trois jours ils le trouvèrent dans le temple, assis au mi lieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
Ant. 4 Sa mère lui dit : * Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions.
Ant. 5 Jésus descendit * avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis.
Capitule. Prov. 28, 20 et 27, 18.Un homme fidèle sera beaucoup loué. Et celui qui est gardien de son Seigneur sera glorifié.
Hymnus | Hymne |
Te, Ioseph, célebrent ágmina cælitum,
Te cuncti résonent christíadum chori, Qui clarus méritis, iunctus est ínclytæ Casto fœdere Vírgini. | Que les chœurs célestes célèbrent ta gloire, ô Joseph !
Que les chants de tous les Chrétiens fassent résonner tes louanges ! Glorieux déjà par tes mérites, tu es uni par une chaste alliance à l’auguste Vierge. |
Almo cum túmidam gérmine cóniugem
Admírans, dúbio tángeris ánxius, Afflátu súperi Fláminis Angelus Concéptum Púerum docet. | Lorsque, en proie au doute et à l’anxiété,
tu t’étonnes de l’état où se trouve ton épouse, un Ange vient t’apprendre que l’enfant qu’elle a conçu, l’a été par l’opération de l’Esprit-Saint. |
Tu natum Dóminum stringis, ad éxteras
Ægypti prófugum tu séqueris plagas ; Amíssum Sólymis quæris, et ínvenis, Miscens gáudia flétibus. | Le Seigneur est né, tu le presses dans tes bras ;
tu fuis avec lui vers les plages lointaines d’Égypte ; tu le cherches à Jérusalem où tu l’as perdu, et tu le retrouves : ainsi tes joies sont mêlées de larmes. |
Post mortem réliquos sors pia cónsecrat,
Palmámque eméritos glória súscipit : Tu vivens, Súperis par, frúeris Deo, Mira sorte beátior. | D’autres sont glorifiés après une sainte mort, c
eux qui ont mérité là palme sont reçus au sein de la gloire ; mais toi, par une admirable destinée, égal aux Saints, plus heureux même, tu jouis dès cette vie de la présence de Dieu. |
Nobis, summa Trias, parce precántibus,
Da Ioseph méritis sídera scándere : Ut tandem líceat nos tibi pérpetim Gratum prómere cánticum. Amen. | Trinité souveraine, exaucez nos prières, donnez-nous le pardon ;
que les mérites de Joseph nous aident à monter dans les cieux, pour qu’il nous soit enfin donné de chanter à jamais le cantique de la reconnaissance et de la félicité. Amen. |
Ant. au Magnificat Voici le serviteur fidèle * et prudent que le Seigneur a établi sur sa famille.
Une nouvelle joie nous arrive, au sein des tristesses du Carême. Hier, c’était le radieux Archange qui déployait devant nous ses ailes [1] ; aujourd’hui, c’est Joseph, l’Époux de Marie, le Père nourricier du Fils de Dieu, qui vient nous consoler par sa chère présence. Dans peu de jours, l’auguste mystère de l’Incarnation va s’offrir à nos adorations : qui pouvait mieux nous initier à ses splendeurs, après l’Ange de l’Annonciation, que l’homme qui fut à la fois le confident et le gardien fidèle du plus sublime de tous les secrets ?
Le Fils de Dieu descendant sur la terre pour revêtir l’humanité, il lui fallait une Mère ; cette Mère ne pouvait être que la plus pure des Vierges, et la maternité divine ne devait altérer en rien son incomparable virginité. Jusqu’à ce que le Fils de Marie fût reconnu pour le Fils de Dieu, l’honneur de sa Mère demandait un protecteur : un homme devait donc être appelé à l’ineffable gloire d’être l’Époux de Marie. Cet heureux mortel, le plus chaste des hommes, fut Joseph.
Le ciel le désigna comme seul digne d’un tel trésor, lorsque la verge qu’il tenait dans le temple poussa tout à coup une fleur, comme pour donner un accomplissement sensible à l’oracle prophétique d’Isaïe : « Une branche sortira de la tige de Jessé, et une fleur s’élèvera de cette branche [2] ». Les riches prétendants à la main de Marie furent écartés ; et Joseph scella avec la fille de David une alliance qui dépassait en amour et en pureté tout ce que les Anges ont jamais connu dans le ciel.
Ce ne fut pas la seule gloire de Joseph, d’avoir été choisi pour protéger la Mère du Verbe incarné ; il fut aussi appelé à exercer une paternité adoptive sur le Fils de Dieu lui-même. Pendant que le nuage mystérieux couvrait encore le Saint des saints, les hommes appelaient Jésus, fils de Joseph, fils du charpentier ; Marie, dans le temple, en présence des docteurs de la loi, que le divin Enfant venait de surprendre par la sagesse de ses réponses et de ses questions, Marie adressait ainsi la parole à son fils : « Votre père et moi nous vous cherchions, remplis d’inquiétude [3] » ; et le saint Évangile ajoute que Jésus leur était soumis, qu’il était soumis à Joseph, comme il l’était à Marie.
Qui pourrait concevoir et raconter dignement les sentiments qui remplirent le cœur de cet homme que l’Évangile nous dépeint d’un seul mot, en l’appelant homme juste [4] ? Une affection conjugale qui avait pour objet la plus sainte et la plus parfaite des créatures de Dieu ; l’avertissement céleste donné par l’Ange qui révéla à cet heureux mortel que son épouse portait en elle le fruit du salut, et qui l’associa comme témoin unique sur la terre à l’œuvre divine de l’Incarnation ; les joies de Bethléhem lorsqu’il assista à la naissance de l’Enfant, honora la Vierge-Mère, et entendit les concerts angéliques ; lorsqu’il vit arriver près du nouveau-né d’humbles et simples bergers, suivis bientôt des Mages opulents de l’Orient ; les alarmes qui vinrent si promptement interrompre tant de bonheur, quand, au milieu de la nuit, il lui fallut fuir en Égypte avec l’Enfant et la Mère ; les rigueurs de cet exil, la pauvreté, le dénuement auxquels furent en proie le Dieu caché dont il était le nourricier, et l’épouse virginale dont il comprenait de plus en plus la dignité" sublime ; le retour à Nazareth, la vie humble et laborieuse qu’il mena dans cette ville, où tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le Créateur du monde partageant avec lui un travail grossier ; enfin, les délices de cette existence sans égale, au sein de la pauvre maison qu’embellissait la présence de la Reine des Anges, que sanctifiait la majesté du Fils éternel de Dieu ; tous deux déférant à Joseph l’honneur de chef de cette famille qui réunissait autour de lui par les liens les plus chers le Verbe incréé, Sagesse du Père, et la Vierge, chef-d’œuvre incomparable de la puissance et de la sainteté de Dieu ?
Non, jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph. Pour les comprendre, il faudrait embrasser toute retendue du mystère avec lequel sa mission ici-bas le mit en rapport, comme un nécessaire instrument. Ne nous étonnons donc pas que ce Père nourricier du Fils de Dieu ait été figuré dans l’Ancienne Alliance, et sous les traits d’un des plus augustes Patriarches du peuple choisi. Saint Bernard a rendu admirablement ce rapport merveilleux : « Le premier Joseph, dit-il, vendu par ses frères, et en cela figure du Christ, fut conduit en Égypte ; le second, fuyant la jalousie d’Hérode, porta le Christ en Égypte. Le premier Joseph, gardant la foi à son maître, respecta l’épouse de celui-ci ; le second, non moins chaste, fut le gardien de sa Souveraine, de la Mère de son Seigneur, et le témoin de sa virginité. Au premier fut donnée l’intelligence des secrets révélés par les songes ; le second reçut la confidence des mystères du ciel même. « Le premier conserva les récoltes du froment, non pour lui-même, mais pour tout le peuple ; le second reçut en sa garde le Pain vivant descendu du ciel, pour lui-même et pour le monde entier [5]. »
Une vie si pleine de merveilles ne pouvait se terminer que par une mort digne d’elle. Le moment arrivait où Jésus devait sortir de l’obscurité de Nazareth et se manifester au monde. Désormais ses œuvres allaient rendre témoignage de sa céleste origine : le ministère de Joseph était donc accompli. Il était temps qu’il sortît de ce monde, pour aller attendre, dans le repos du sein d’Abraham, le jour où la porte des cieux serait ouverte aux justes. Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de Père ; son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges, qu’il avait eu le droit de nommer son Épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s’endormit d’un sommeil de paix. Maintenant, l’Époux de Marie, le Père nourricier de Jésus, règne au ciel avec une gloire inférieure sans doute à celle de Marie, mais décoré de prérogatives auxquelles n’est admis aucun des habitants de ce séjour de bonheur.
C’est de là qu’il répand sur ceux qui l’invoquent une protection puissante. Dans quelques semaines, la sainte Église nous révélera toute l’étendue de cette protection ; une fête spéciale sera consacrée à honorer le Patronage de Joseph ; mais désormais la sainte Église veut que la fête présente, élevée à l’honneur des premières solennités, devienne le monument principal de la confiance qu’elle éprouve et qu’elle veut nous inspirer envers le haut pouvoir de l’époux de Marie. Le huit décembre 1870, Pie IX, au milieu de la tempête qui jusqu’à cette heure mugit encore, s’est levé sur la nacelle apostolique, et a proclamé, à la face de la Ville et du monde, le sublime Patriarche Joseph comme devant être honoré du titre auguste de Patron de l’Église universelle. Bonis soient l’année et le jour d’un tel décret, qui apparait comme un arc-en-ciel sur les sombres nuages de l’heure présente ! Grâces soient rendues au Pontife qui a voulu que le 19 mars comptât à l’avenir entre les jours les plus solennels du Cycle, et que la sainte Église, plus en butte que jamais à la rage de ses ennemis, reçût le droit de s’appuyer sur le bras de cet homme merveilleux à qui Dieu, au temps des mystères évangéliques, confia la glorieuse mission de sauver de la tyrannie d’Hérode, et la Vierge-mère et le Dieu-homme à peine déclaré à la terre ! Les Antiennes de l’Office consacré par l’Église au nourricier du Fils de Dieu sont empruntées à l’Évangile ; elles nous donnent les traits principaux de sa vie si sublime et si simple, dans l’ordre même de la narration du livre sacré.
Les Hymnes sont attribuées à la composition du pieux et savant Pape Clément XI.
A LA MESSE.
Joseph, appelé juste par l’Esprit-Saint, est bien en effet, dans ses vertus cachées, le modèle de tous ceux qui méritent ici-bas un si beau titre. Aussi la solennité de la fête de ce jour n’a-t-elle point empêché que l’Église ne prit la plus grande partie de la Messe du glorieux patriarche au Commun des saints Confesseurs.
La puissance du très saint Époux de la Mère de Dieu est pour l’Église un de ses plus fermes appuis ; dans la Collecte, couvrons-nous avec elle du crédit de son intercession près du Fils et de la Mère.
ÉPÎTRE.
Ces lignes sont consacrées, dans le livre de l’Ecclésiastique, à l’éloge de Moïse. Le plus doux des hommes qui habitaient de son temps sur la terre [6], Moïse fut choisi dans son humilité du milieu de toute chair pour confident de Dieu ; en présence des rois, il transmettait au peuple aimé les ordres du ciel ; sa gloire égala celle des plus illustres patriarches et saints personnages des siècles de l’attente. « S’il est parmi vous quelque prophète, disait le Seigneur, je lui apparaîtrai en vision, je lui parlerai en songe ; mais telle n’est pas la condition de mon serviteur Moïse, dans toute ma maison le plus fidèle : car je lui parle bouche à bouche, et c’est clairement, et non en énigme ou sous des figures, qu’il voit le Seigneur [7]. » Non moins aimé de Dieu, non moins béni de son peuple, Joseph n’est point seulement l’ami de Dieu [8], l’intermédiaire entre le ciel et une nation privilégiée. Le Père souverain lui communique les droits de sa paternité sur son Fils ; c’est à ce Fils, chef des élus, et non plus seulement au peuple des figures, qu’il transmet les ordres d’en haut. L’autorité qu’il exerce ainsi n’est égalée que par son amour ; ce n’est point en passant ou à la dérobée qu’il voit le Seigneur [9] : ce Fils de Dieu qui l’appelle son père en face de la terre et des cieux, se comporte comme tel, et reconnaît sans fin par ses effusions de divine tendresse les trésors de dévouement qu’il trouve en ce cœur si fidèle et si doux. Quelle gloire au ciel, quelle puissance sur toutes choses, répondant à son pouvoir et à sa sainteté d’ici-bas, ne sont pas maintenant le partage de celui qui, mieux que Moïse, pénétra les secrets de la nuée mystérieuse et connut tous les biens [10] !
Le Graduel et le Trait viennent bien à la suite de l’Épître, pour chanter les augustes privilèges de l’homme qui, plus qu’aucun autre, a justifié ce verset du psaume : La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans les siècles des siècles.
ÉVANGILE.
Jamais épreuve fut-elle plus dure que celle qu’il plut à Dieu d’imposer à l’âme si droite du glorieux patriarche ? Joseph, c’est l’expérience des plus saintes âmes, devait être pour ses dévots clients un guide incomparable dans les voies spirituelles ; et c’est pour cela que lui aussi devait connaître l’angoisse, creuset nécessaire où toute sainteté s’achève. Mais la Sagesse n’abandonne point ceux qui recherchent uniquement ses sentiers. Comme le chante l’Église en ce jour même, elle conduisait le juste par des voies droites [11] sans qu’il en eût conscience, et dans cette nuit où ses pensées cherchaient péniblement à se frayer le chemin de la justice, elle lui montrait soudain sa divine lumière ; la connaissance des célestes secrets lui était donnée ; en retour de l’angoisse par où son cœur avait passé, il voyait la place que lui faisait l’inscrutable dessein de la Providence dans ce royaume de Dieu dont les splendeurs étaient appelées à rayonner pour jamais de sa pauvre demeure sur le monde entier. Véritablement donc pouvait-il conclure avec l’Église [12], et reconnaître que la Sagesse avait bien, en effet, ennobli son labeur et fécondé ses peines. Ainsi toujours elle rend aux justes le prix de leurs travaux, et les conduit par des voies admirables [13].
Chantons, dans l’Offertoire, cette effusion des largesses divines élevant au-dessus de tous les rois ses aïeux l’humble artisan de Nazareth.
Sachons avec l’Église, dans la Secrète, confier au bienheureux gardien de l’Enfant-Dieu la protection des dons du Seigneur en nos âmes ; il nourrira Jésus en nous, et l’amènera à la mesure de l’homme parfait, comme il le fit il y a dix-huit siècles.
La Communion rappelle le message de l’Ange annonçant à Joseph que Dieu même a pris possession de Marie son Épouse ; le banquet sacré ne rapproche-t-il pas l’heureux sort de l’Église de celui de la Vierge-Mère ?
La Postcommunion exprime de nouveau la pensée qui déjà inspirait la Secrète : daigne Dieu remettre ses dons, et Jésus même que nous venons de recevoir, à la garde si sûre du glorieux patriarche !
La Liturgie grecque, qui honore saint Joseph au Dimanche qui suit la fête de Noël, nous offre en son honneur les strophes suivantes que nous empruntons aux Menées.
(DOMINICA POST NATALE DOMINI.)
Joseph l’Époux vit de ses jeux l’accomplissement des prophéties ; choisi pour le plus illustre mariage, il reçut la révélation par la bouche des Anges qui chantaient : Gloire au Seigneur ! car il a donné la paix à la terre.
Annonce, ô Joseph, à David l’ancêtre de Dieu les prodiges que tes yeux ont contemplés : tu as vu l’entant reposant sur le sein de la Vierge ; tu l’as adoré avec les Mages ; tu as rendu gloire à Dieu avec les bergers, selon la parole de l’Ange : prie le Christ Dieu, afin que nos âmes soient sauvées.
Le Dieu immense devant qui tremblent les puissances célestes, toi, Joseph, tu l’as reçu dans tes bras, lorsqu’il naquit de la Vierge ; lu as été consacré par cet auguste contact : c est pourquoi nous te rendons honneur.
Ton âme fut obéissante au divin précepte ; rempli d’une pureté sans égale, heureux Joseph, tu méritas de recevoir pour épouse celle qui est pure et immaculée entre les femmes ; tu fus le gardien de cette Vierge, lorsqu’elle mérita de devenir le tabernacle du Créateur.
A Gabriel seul dans les cieux, à toi seul sur la terre, après la chaste Vierge, fut confié le grand et vénérable mystère qui devait renverser notre ennemi, le prince des ténèbres, heureux Joseph, digne de toute louange !
La Vierge pure, semblable à une nuée mystérieuse, tenant caché dans son sein le divin Soleil, tu l’as conduite de la cité de David en Égypte, pour dissiper les ténèbres de l’idolâtrie qui couvraient cette contrée, ô Joseph, ministre de l’incompréhensible mystère !
Tu as assisté avec sagesse, ô Joseph, le Dieu devenu enfant dans la chair ; tu l’as servi comme un de ses Anges ; il t’a illuminé immédiatement ; tu as reçu en toi ses rayons spirituels ; ô bienheureux ! tu as paru tout éclatant de lumière dans ton cœur et dans ton âme.
Celui qui d’une parole a façonné le ciel, la terre et la mer, a été appelé le Fils de l’artisan, de toi, admirable Joseph ! Tu as été nommé le père de celui qui est sans principe, et qui t’a glorifié comme le ministre d’un mystère qui surpasse toute intelligence.
Que ta mort fut précieuse en présence du Seigneur, heureux Joseph ! Consacré au Seigneur dès l’enfance, tu as été le gardien sacré de la Vierge bénie ; et tu as chanté avec elle ce cantique : « Que toute créature bénisse le Seigneur, et l’exalte dans les siècles éternels ! Amen. »
Nous vous louons, nous vous glorifions, heureux Joseph. Nous saluons en vous l’Époux de la Reine du ciel, le Père nourricier de notre Rédempteur. Quel mortel obtint jamais de pareils titres ? et cependant ces titres sont les vôtres, et ils ne sont que la simple expression des grandeurs qu’il a plu à Dieu de vous conférer. L’Église du ciel admire en vous le dépositaire des plus sublimes faveurs ; l’Église de la terre se réjouit de vos honneurs, et vous bénit pour les bienfaits que vous ne cessez de répandre sur elle.
Royal fils de David, et en môme temps le plus humble des hommes, votre vie semblait devoir s’écouler dans cette obscurité qui faisait vos délices ; mais le Seigneur voulut vous associer au plus sublime de ses actes. Une noble Vierge, de même sang que vous, fait l’admiration du ciel, et deviendra la gloire et l’espérance de la terre ; cette Vierge vous est destinée pour épouse. L’Esprit-Saint doit se reposer en elle comme dans son tabernacle le plus pur ; c’est à vous, homme chaste et juste, qu’il a résolu de la confier comme un inestimable dépôt. Devenez donc l’Époux de celle « dont le Seigneur lui-même a convoité la beauté [14] ». Le Fils de Dieu vient commencer ici-bas une vie d’homme ; il vient sanctifier la famille, ses liens et ses affections. Votre oreille mortelle l’entendra vous nommer son Père ; vos yeux le verront obéir à vos commandements. Quelles furent, ô Joseph, les émotions de votre cœur, lorsque, pleinement instruit des grandeurs de votre Épouse et de la divinité de votre Fils adoptif, il vous fallut remplir le rôle de chef, dans cette famille au sein de laquelle le ciel et la terre se réunissaient ! Quel souverain et tendre respect pour Marie, votre Épouse ! Quelle reconnaissance et quelles adorations pour Jésus, votre enfant soumis ! O mystère de Nazareth ! Un Dieu habite parmi les hommes, et il souffre d’être appelé le Fils de Joseph !
Daignez, ô sublime ministre du plus grand de tous les bienfaits, intercéder en notre laveur auprès du Dieu fait homme. Demandez-lui pour nous l’humilité qui vous a fait parvenir à tant de grandeur, et qui sera en nous la base d’une conversion sincère. C’est par l’orgueil que nous avons péché, que nous nous sommes préférés à Dieu ; il nous pardonnera cependant, si nous lui offrons « le sacrifice d’un cœur contrit et humilié [15] ». Obtenez-nous cette vertu, sans laquelle il n’est pas de véritable pénitence. Priez aussi, ô Joseph, afin que nous soyons chastes. Sans la pureté du cœur et des sens, nous ne pouvons approcher du Dieu de toute sainteté, qui ne souffre près de lui rien d’impur ni de souillé. Par sa grâce, il veut taire de nos corps des temples de son Saint-Esprit : aidez-nous à nous maintenir à cette élévation, à la rétablir en nous, si nous l’avions perdue.
Enfin, ô fidèle Époux de Marie, recommandez-nous à notre Mère. Si elle daigne seulement jeter un regard sur nous en ces jours de réconciliation, nous sommes sauvés : car elle est la Reine de la miséricorde, et Jésus son fils, Jésus qui vous appela son Père, n’attend, pour nous pardonner, pour convertir notre cœur, que le suffrage de sa Mère. Obtenez-le pour nous, ô Joseph ! Rappelez à Marie Bethléhem, l’Égypte, Nazareth, où son courage s’appuya sur votre dévouement ; dites-lui que nous vous aimons, que nous vous honorons aussi : et Marie daignera reconnaître par de nouvelles bontés envers nous les hommages que nous rendons à celui qui lui fut donné par le ciel pour être son protecteur et son appui.
Dans la recension d’Epternach du martyrologe hiéronymien, nous trouvons en ce jour le natale d’un martyr Joseph d’Antioche qu’il ne semble pas possible d’identifier avec le très pur Époux de la Vierge immaculée. Au contraire, d’autres martyrologes postérieurs, à partir du Xe siècle, mentionnent aujourd’hui : In Betlehem sancti Joseph nutritoris Domini, comme le fait, par exemple, le martyrologe de Farfa. De cette brève notice est née la grande solennité que célèbre en ce jour l’Église catholique. La dévotion à saint Joseph s’est développée dans le peuple chrétien d’une manière si surprenante et selon des lois si admirables, qu’il est impossible de n’y pas reconnaître l’œuvre de la divine Providence.
Il convenait que, durant les trois premiers siècles, la divinité du Rédempteur rayonnât dans toute sa splendeur sur le monde idolâtre. Aussi les premières fêtes de l’année liturgique furent-elles celles qui se rapportaient au mystère du salut du monde, telles que celles de Pâques, de l’Épiphanie, du saint Baptême. Quand le premier péril polythéiste et l’hérésie arienne furent conjurés, la théologie s’arrêta de préférence à étudier les rapports existant entre la nature divine et la nature humaine dans l’unique Personne du Rédempteur, et c’est ainsi que naquirent les fêtes qui regardent principalement la sainte humanité de Jésus, comme la Nativité, la Présentation au temple, la Dormition de la Très Sainte Vierge. C’est l’âge d’or de la théologie mariale, inaugurée par le Concile d’Éphèse et qui, durant tout le haut moyen âge, fut l’inspiratrice féconde de fêtes, de processions, de basiliques et de monastères dédiés à la Mère de Dieu, si bien que le culte de Notre-Dame s’unit à la foi catholique jusqu’à en devenir la caractéristique. Les plus anciennes peintures christologiques des catacombes représentaient déjà l’Enfant divin sur les genoux de sa Mère, et la piété de l’Église continue à l’adorer entre les bras de Marie. Le catholique sait que Marie est le chef-d’œuvre de la création, et que l’honneur qu’on lui rend remonte jusqu’à Dieu. Il sait que Jésus Lui-même, en tant que son Fils, veut être dans l’obligation de l’honorer et de l’aimer infiniment, et c’est pourquoi le fidèle, en honorant et en aimant Marie, sait aussi qu’il ne fait que suivre, de très loin il est vrai, l’exemple de Jésus.
Mais après Marie vient celui qui, tout en n’étant pas le père de Jésus, eut néanmoins sur Lui une véritable autorité paternelle. C’est Joseph, qui ne fut pas simplement père putatif du Sauveur en ce sens que les juifs, ignorants du mystère de l’Incarnation, crurent Jésus son fils ; non ; il fut le vrai dépositaire de l’autorité du Père éternel, investi pour cela de la patria potestas au sein de la sainte Famille de Nazareth. L’Ange ne transmet donc les ordres du Seigneur, relatifs à la fuite en Égypte et au retour en Palestine, à personne autre qu’à Joseph ; c’est lui qui, avec Marie, impose au divin Enfant le nom de Jésus ; c’est lui qui engage à partir pour l’exil sa très pure Épouse ; c’est également sur lui que pèse la responsabilité de la vie de la sainte Famille. Et puisque, dans la sainte maison de Nazareth, sous l’autorité paternelle de Joseph, Dieu veut consacrer les prémices de l’Église, c’est à bon droit que celle-ci reconnaît et vénère comme son Patron spécial le premier chef de cette famille de Dieu sur la terre, saint Joseph. Le culte liturgique envers ce grand patriarche prit un développement considérable au XVe siècle, grâce surtout à sainte Brigitte de Suède, à Jean Gerson et à saint Bernardin de Sienne, Le pape franciscain Sixte IV inséra sa mémoire dans le Bréviaire romain avec le rang de fête simple ; Clément IX l’éleva au rite double et Grégoire XV en fit une fête de précepte. Enfin Pie IX attribua à saint Joseph le titre de Patron de l’Église catholique.
Rome chrétienne, outre une splendide chapelle consacrée à saint Joseph dans la basilique vaticane, a dédié à ce glorieux patriarche, le plus sublime entre tous les saints, parce qu’il fut, en raison de ses fonctions, le plus proche de Marie et de Jésus, plusieurs églises et chapelles. Parmi les moins anciennes, nous devons mentionner l’église de Saint-Joseph des charpentiers sur la Custodia Mamertini, au Forum romain ; Saint-Joseph ad caput domorum, près de la porte Pinciana ; Saint-Joseph à la Lungara, dans la cité Léonine ; Saint-Joseph de linea, érigée jadis par la fameuse Victoria Colonna, mais maintenant détruite ; Saint-Joseph au pied du Collis ortorum, place d’Espagne ; Saint-Joseph de Cluny, près de la voie Merulana ; Saint-Joseph, sur la voie Nomentane ; Saint-Joseph, au Quartier-Triomphal, etc.
Il est probable que le choix du mois de mars pour la fête qu’on institua tardivement en l’honneur de saint Joseph, fut motivé par la commémoration que, durant la sainte Quarantaine, l’Église fait de l’ancien patriarche Joseph, dont l’éloge, prononcé par saint Ambroise, se lit après le deuxième nocturne du IIIe dimanche de Carême : Ex libro S. Ambrosii Episcopi, de Sancto Ioseph.
La messe est empruntée au Commun des Confesseurs et à d’autres messes plus anciennes du Sacramentaire. Le choix dénote d’ailleurs un bon goût.
Si saint Joseph est comparé à un palmier vigoureux et à la tige de Jessé, la fleur qui orne cette tige est Jésus-Christ, lequel, comme le dit si bien saint Augustin, est le fruit qui convenait uniquement à cette union sacrée et virginale entre Marie et le saint Patriarche.
La collecte est empruntée à la fête de saint Matthieu.
La lecture est celle du Commun des Abbés, mais bien mieux qu’à ceux-ci elle s’adapte à saint Joseph, constitué par Dieu patron de sa famille sur la terre, à qui il révéla la gloire et le mystère de l’Incarnation du Verbe, et qu’il honora plus que tout autre mortel.
Le graduel. La couronne que Dieu a posée sur le chef de saint Joseph resplendit de trois perles brillantes, qui sont Jésus, Marie et la sainte Église. . Au temps pascal, on omet le graduel et le trait et, à leur place, on récite les versets alléluiatiques suivants : « Alléluia, alléluia. Le Seigneur l’aima et l’orna de splendeur ; II le revêtit d’un manteau de gloire. » Le second verset est identique à celui de la fête de saint Paul, le premier ermite, et il fait allusion à la verge fleurie qui, selon la tradition, aurait désigné Joseph comme l’époux choisi par Dieu pour la Vierge Marie.
L’Évangile (Matth., I, 18-21) est celui de la Vigile de Noël ; il faut y remarquer que, selon l’ordre de l’Ange, Joseph, à titre de représentant du Père éternel, et en signe de la patria potestas sur le Verbe Incarné, lui impose le nom de Jésus, et, avec le nom, lui confie la mission de racheter le genre humain moyennant l’obéissance jusqu’au sacrifice du Calvaire. Saint Joseph entre ainsi dans les desseins de salut de Dieu, et fait partie du plan magnifique de l’incarnation du Verbe.
L’offertoire. Appliqué à saint Joseph, le verset du psaume 88 acquiert toutefois une signification plus sublime, puisque la vérité et la miséricorde que le Psalmiste montrent ici comme l’ornement et la force du juste, sont le Sauveur Jésus lui-même, qui, dans la sainte Famille, fut tout le trésor de ses Parents.
La prière sur l’oblation a aujourd’hui un sens spécial, car l’offrande inaugurale de l’hostie que nous allons présenter à Dieu sur le saint autel, fut accomplie pour la première fois dans le temple de Jérusalem, lorsque, quarante jours après Noël, Marie et Joseph portèrent le Verbe Incarné dans le temple : ut sisterent eum Domino : « Suppliants, Seigneur, nous vous rendons notre juste hommage, vous priant humblement de garder vous-même en nous vos dons, par les mérites de l’Époux de la Mère de votre Fils Jésus-Christ notre Seigneur, le bienheureux Joseph, en la vénérable fête duquel nous vous offrons cette hostie de louange. Par notre Seigneur, etc. »
La préface est propre elle aussi ; elle a été approuvée par Benoît XV.
L’antienne pour la sainte Communion est tirée de la lecture de l’Évangile du jour, et, répétée en ce moment par la sainte liturgie, elle a pour but d’exciter notre foi et "notre adoration envers la majesté de Celui que nous avons reçu dans notre cœur : « Joseph, fils de David, n’hésite pas à prendre pour épouse Marie, car Celui qui est né en elle est du Saint-Esprit. »
Après la Communion on récite la collecte suivante, où l’Église insiste pour la seconde fois aujourd’hui sur la garde diligente du don de Dieu et de la grâce : « Assistez-nous, ô Dieu de miséricorde, et par l’intercession du bienheureux confesseur Joseph, gardez vous-même en nous avec bonté vos dons. Par notre Seigneur, etc. »
Comme l’ancien Joseph garda le grain qui devait sauver l’Égypte durant les sept années de famine, ainsi l’Époux très pur de la Vierge Marie garda contre la cruauté d’Hérode le vrai Pain de vie éternelle qui donne le salut au monde entier. Maintenant encore, telle est la mission de Joseph dans le ciel ; et c’est pourquoi l’Église demande avec insistance que sa puissante intercession garde dans les âmes la vie mystique de Jésus, moyennant la correspondance fidèle à la grâce.
Allez à Joseph.
Nous faisons trêve à la sévérité du Carême pour célébrer la grande fête de saint Joseph. Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, célébrer la messe du Carême. Nous n’omettrons pas cependant d’en méditer les pensées.
1. Saint Joseph. — Joseph, issu de la race royale de David, naquit à Bethléem. Il fut d’une condition modeste et gagna son pain comme simple ouvrier. Il avait sans doute déjà un certain âge quand il devint l’époux de la Mère de Dieu. Sa haute dignité se résume en ces mots : « Père nourricier de Jésus. » La Sainte Écriture ne raconte que peu de choses à son sujet. Elle nous dit seulement qu’il était « juste ». Elle indique par là qu’il s’acquitta fidèlement de son rôle sublime de gardien envers les deux plus grands trésors de Dieu sur la terre, Jésus et Marie. Les heures les plus amères de sa vie sont, sans doute, celles où il lui fallut douter de la fidélité de sa fiancée. Mais c’est justement dans le conflit entre ses droits et ses devoirs qu’il se montra grand. Il était nécessaire que cette souffrance, qui fait partie de l’œuvre rédemptrice, soit supportée en vue d’un grand bien : Joseph est le témoin le moins suspect de la naissance virginale du Rédempteur. Ensuite, dans l’histoire de la Rédemption, Joseph passe modestement au second plan. L’Écriture ne dit même rien de sa mort. Cependant, certaines indications nous font conclure qu’il était déjà mort au moment où commença la vie publique du Sauveur. Il eut la plus belle mort que puissent désirer les hommes : il s’endormit dans les bras de Jésus et de Marie. Sa vie fut humble et obscure. Il resta aussi humble et obscur, pendant des siècles, dans l’histoire de l’Église. Ce n’est que dans les temps modernes que l’Église l’a célébré avec solennité. Les honneurs liturgiques commencèrent à lui être rendus au XVe siècle, grâce surtout à sainte Brigitte de Suède et à saint Bernardin de Sienne. Sainte Thérèse travailla aussi beaucoup à promouvoir son culte. Il a aujourd’hui deux grandes fêtes : le 19 mars, on honore sa personne et la part qu’il prit à la Rédemption ; le troisième mercredi après Pâques, on honore son rôle de protecteur de l’Église. Pie IX, en effet, le proclama patron de l’Église universelle. Il est considéré aussi comme le patron de la bonne mort.
2. La messe et l’office des Heures sont de date récente (l’auteur est le pape Clément XI qui les prescrivit en 1714). Ce qui est typique dans la prière des Heures, c’est la composition systématique propre à cette époque et le parallèle entre Joseph l’Égyptien et saint Joseph. Dans les antiennes des vêpres et des matines, on a rassemblé tous les passages de l’Écriture qui concernent saint Joseph et on les a rangés dans l’ordre historique. Les leçons du premier nocturne et leur répons traitent de Joseph l’Égyptien. Dans les leçons du second nocturne, le docteur melliflue, saint Bernard, établit un parallèle entre les deux Joseph. « Ce Joseph que ses frères vendirent par envie et qui fut emmené en Égypte est une figure du Christ qui fut, lui aussi, vendu et trahi pour de l’argent. Quant à notre Joseph, il échappa à l’envie d’Hérode et emmena le Christ en Égypte. Le premier Joseph garda la fidélité à son maître et ne voulut pas pécher avec la femme adultère de son maître ; notre Joseph honora dans sa femme sa dame, la Mère de son Seigneur, la Vierge (sans tache), et, vierge lui-même, il fut son fidèle protecteur. Le premier avait reçu le don d’interpréter les songes mystérieux ; le second connut les mystères divins et y participa. Le premier Joseph garda le froment non pour lui, mais, pour tout le peuple ; le second Joseph reçut la garde du pain vivant descendu du ciel, tant pour lui que pour le monde entier :» L’Évangile de la messe est le même que celui de la vigile de Noël. Cet Évangile annonce, il est vrai, la plus grande souffrance de sa vie, mais aussi fonde sa grandeur.
[1] La fête de St Gabriel était fêtée en de nombreux endroits le 18 mars avant que Benoît XV ne fixe sa date au 24 mars
[2] Isai. XI, 1.
[3] Luc. XI, 48.
[4] Matth. 1, 10.
[5] Homil. II super Missus est.
[6] Num, XII, 3.
[7] Ibid. 6-8.
[8] Ex. XXXIII, 11.
[9] Ibid. 22.
[10] Ex. XXXIII, 19.
[11] Capitule de None, ex Sap. X.
[12] Ibid.
[13] Sap. X, 17.
[14] Psalm. XLIV, 12.
[15] Psalm. L, 19.