Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Mort à Vannes (Bretagne) le 5 avril 1419. Canonisé en 1456 par Callixte III.
Fête inscrite comme semidouble ad libitum en 1667 et obligatoire en 1706. Benoît XIII l’élève au rang de double en 1726.
Missa Os iusti, de Communi Confessoris non Pont. 1 loco, præter orationem sequentem : | Messe Os iusti, du Commun d’un Confesseur non Êvéque, sauf l’oraison suivante : |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui Ecclésiam tuam beáti Vincéntii Confessóris tui méritis et prædicatióne illustráre dignátus es : concéde nobis fámulis tuis ; ut et ipsíus instruámur exémplis et ab ómnibus eius patrocínio liberémur advérsis. Per Dóminum. | O Dieu, qui avez daigné illustrer votre Église par les mérites et la prédication du bienheureux Vincent, votre Confesseur, faites-nous la grâce, à nous qui sommes vos serviteurs, d’être instruits au moyen de ses exemples, et délivrés grâce à sa protection de toutes les adversités. |
Secreta C | Secrète C |
Laudis tibi, Dómine, hóstias immolámus in tuórum commemoratióne Sanctórum : quibus nos et præséntibus éxui malis confídimus et futúris. Per Dóminum. | Nous vous immolons, Seigneur, une hostie de louange en mémoire de vos saints en qui nous avons confiance pour obtenir de triompher des maux de la vie présente et d’échapper aux maux de la vie future. |
Postcommunio C | Postcommunion C |
Refécti cibo potúque cælésti, Deus noster, te súpplices exorámus : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum. | Nourris par un aliment et un breuvage célestes, nous vous prions et supplions, ô notre Dieu, de faire que nous soit assuré le secours des prières de celui en la fête de qui nous les avons reçus. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Vincent, né à Valence en Espagne, de parents honnêtes, montra dès sa jeunesse la maturité d’un vieillard. Ayant considéré avec l’étendue de son génie la fragilité de ce monde rempli de ténèbres, il reçut à l’âge de dix-huit ans l’habit religieux dans l’Ordre des Frères Prêcheurs. Après avoir émis solennellement ses vœux, il s’appliqua assidûment à l’étude des saintes lettres, et obtint avec la plus grande distinction le grade de docteur en théologie. Ses supérieurs lui ayant bientôt permis de prêcher la parole de Dieu, il commença à confondre la perfidie des Juifs et à réfuter les erreurs des Sarrasins avec tant de force et de succès, qu’il amena à la foi du Christ une grande multitude de ces infidèles, et port plusieurs milliers de Chrétiens à renoncer au péché pou faire pénitence, et aux vice pour embrasser la vertu Vincent avait été choisi de Dieu pour répandre les enseignements du salut chez toutes les nations, quelles que fussent leur race et leur langue ; et, en annonçant l’approche du dernier et redoutable jugement, il frappait de terreur les âmes de tous ses auditeurs, les arrachait aux passions terrestres, et les excitait à l’amour de Dieu.
Cinquième leçon. Dans l’exercice de ce ministère apostolique, voici quel fut constamment son genre de vie : chaque jour, de grand matin, il célébrait une Messe chantée ; chaque jour aussi, il adressait un sermon au peuple ; il observait toujours un jeûne inviolable, à moins d’une urgente nécessité ; il ne refusait jamais à personne ses saints et équitables conseils ; jamais il ne mangea de viande ni ne porta de linge ; il apaisa les dissensions des peuples et rétablit la paix entre des royaumes divisés ; enfin, lorsque la tunique sans couture de l’Église fut déchirée par un schisme douloureux, Vincent travailla beaucoup à ramener et à maintenir l’union. Toutes les vertus brillèrent en lui ; marchant dans la simplicité et l’humilité, il reçut avec bonté et il embrassa ses détracteurs et ses persécuteurs.
Sixième leçon. La puissance divine opéra par lui beaucoup de prodiges et de miracles en confirmation de sa vie et de sa prédication. Très souvent, en effet, par l’imposition de ses mains, les malades recouvrèrent la santé ; il chassa des esprits immondes du corps des possédés, rendit l’ouïe aux sourds, la parole aux muets, la vue aux aveugles ; il guérit des lépreux et ressuscita des morts. Enfin, accablé par la vieillesse, et la maladie, cet infatigable héraut de l’Évangile, qui avait parcouru plusieurs pays de l’Europe au grand profit des âmes, acheva le cours de ses prédications et de sa vie à Vannes en Bretagne, l’an du salut mil quatre cent dix-neuf. Calixte III, a inscrit Vincent au nombre des Saints.
Aujourd’hui, c’est encore la catholique Espagne qui fournit à l’Église un de ses fils pour être proposé à l’admiration du peuple chrétien. Vincent Ferrier, l’Ange du jugement, la trompette des vengeances divines, se montre à nous, et vient glacer de terreur nos cœurs infidèles en faisant retentir l’arrivée prochaine du souverain Juge des vivants et des morts. Autrefois il sillonna l’Europe entière dans ses courses évangéliques, et les peuples remués par son éloquence foudroyante se frappaient la poitrine, criaient miséricorde au Seigneur, et se convertissaient. De nos jours, la pensée de ces redoutables assises que Jésus-Christ viendra tenir sur les nuées du ciel n’émeut plus autant les chrétiens. On croit au jugement dernier, parce que c’est un article de la foi ; mais on tremble peu dans l’attente de ce jour formidable. On pèche durant de longues années ; on se convertit un jour par une grâce toute spéciale de la bonté divine ; mais le grand nombre de ces néophytes continue à mener une vie molle, pense peu à l’enfer et à la réprobation, moins encore au terrible jugement par lequel Dieu doit en finir avec ce monde.
Il n’en était pas ainsi dans les siècles chrétiens ; il n’en est pas non plus ainsi chez les aines vraiment converties. L’amour en elles domine la crainte ; mais la crainte du jugement de Dieu veille toujours au fond de leur pensée : c’est cette disposition qui les rend fermes dans le bien qu’elles ont recouvré. Assurément, ils se demandent peu quelle sera leur situation au jour où le signe du Fils de l’homme brillera dans les cieux, où Jésus, non plus Rédempteur, mais Juge, séparera les boucs des brebis, ces chrétiens qui ont tant à expier, et pour lesquels, chaque année, le Carême n’est qu’une occasion de témoigner leur lâcheté et leur indifférence. A voir leur sécurité, on dirait qu’ils ont reçu l’assurance que ce moment terrible ne saurait receler pour eux ni une inquiétude, ni une déception. Ayons plus de prudence, gardons-nous des illusions de l’orgueil et de l’insouciance ; par une pénitence sincère, assurons-nous le droit d’envisager avec une humble confiance cette heure redoutable qui a fait trembler tous les saints. Quelle joie d’entendre cette parole sortir de la bouche du Juge incorruptible : « Venez, les bénis de mon Père ; possédez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde [1] ! » Vincent Ferrier s’arrache au repos de la cellule pour aller remuer des nations entières qui dormaient dans l’oubli du grand jour des justices ; nous n’avons pas, il est vrai, entendu sa parole ; mais n’avons-nous pas le saint Évangile ? N’avons-nous pas l’Église qui, dès l’entrée de la sainte carrière que nous parcourons, nous a fait lire les oracles formidables que Vincent Ferrier ne faisait que commenter devant les chrétiens de son temps ? Préparons-nous donc à paraître devant celui qui viendra demander compte des grâces qu’il nous prodigue, et qui sont le fruit de son sang ; en mettant à profit toutes les ressources de la sainte Quarantaine, nous pouvons nous préparer un jugement favorable.
Le Bréviaire de l’Ordre des Frères-Prêcheurs célèbre saint Vincent Ferrier par de magnifiques éloges. Nous lui emprunterons quatre Répons et une Antienne, afin de louer plus dignement l’illustre prédicateur.
R/. Le Père souverain, celui qui gouverne les peuples, sur le soir du monde qui s’affaisse, a envoyé Vincent comme un nouveau prophète chargé d’instruire le peuple chrétien ; Vincent annonce que le jugement de Dieu est proche, * Ce jugement que tous les hommes doivent voir de leurs yeux. V/. Il s’écrie souvent : Craignez Dieu ; l’heure de son jugement est arrivée. * Ce jugement que tous les hommes doivent voir de leurs yeux.
R/. Marchant à la suite du Christ par la voie difficile, il s’éloigna des plaisirs terrestres ; il fit briller l’éclat de la vérité ; il dissipa les ténèbres de l’erreur ; * Il resplendit dans les régions de l’Occident, et tout l’univers retentit de sa renommée. V/. Sa doctrine éclatait comme un soleil ; sa parole était ardente comme la flamme. * Il resplendit dans les régions de l’Occident, et tout l’univers retentit de sa renommée.
R/. La nuit, il s’appliquait aux lettres sacrées, veillant dans la contemplation ; au matin, comme un bel astre, il lançait les rayons de la doctrine ; * Le soir, il appliquait à tous les maux un remède salutaire. V/. Pas une heure de sa vie ne s’écoulait, sans qu’il l’eût remplie par quelque action sainte. * Le soir, il appliquait à tous les maux un remède salutaire.
R/. Proférant les paroles de l’éternelle vie, il enflammait l’âme de ses auditeurs ; il faisait pénétrer dans le cœur des hommes l’amour des dons célestes ; traitant des vertus avec une science profonde, * Il enseignait à dompter tous les vices. V/. Une foule avide de l’entendre le suivait, lorsqu’il s’énonçait de sa bouche divine. * Il enseignait à dompter tous les vices.
Ant. Rempli d’un esprit prophétique, Vincent parla merveilleusement sur la fin du monde ; comme un soleil, il se coucha à l’Occident de la terre, et escorté d’une troupe d’Anges, il monta aux lumineuses demeures du ciel.
Que votre voix fut éloquente, ô Vincent, lorsqu’elle vint réveiller l’assoupissement des hommes, et leur fit éprouver les terreurs du grand jugement ! Nos pères entendirent cette voix, et ils revinrent à Dieu, et Dieu leur pardonna. Nous aussi nous nous étions endormis, lorsque l’Église, à l’ouverture de cette sainte carrière, troubla notre sommeil en marquant de la cendre nos fronts coupables, et en nous rappelant l’irrévocable sentence de mort que Dieu a prononcée sur nous. Nous mourrons, et dans peu d’années ; nous mourrons, et un jugement particulier décidera de notre sort pour l’éternité. Puis, au moment marqué dans les décrets divins, nous ressusciterons, et ce sera pour assister au plus solennel et au plus formidable des jugements. En face du genre humain tout entier, nos consciences seront mises à nu ; nos bonnes et nos mauvaises œuvres seront pesées publiquement ; après quoi viendra la nouvelle promulgation de la sentence que nous aurons méritée. Pécheurs que nous sommes, comment soutiendrons-nous les regards du Rédempteur qui ne sera plus en ce moment qu’un Juge incorruptible ? Comment même supporterons-nous la vue de nos semblables, dont l’œil plongera dans toutes les iniquités de notre vie ? Mais surtout, des deux sentences que les hommes entendront prononcer sur eux, à laquelle aurons-nous droit ? Si le juge la proférait à l’heure où nous sommes, est-ce parmi les bénis de son Père, ou parmi les maudits ; est-ce à la droite, ou à la gauche, qu’il nous rangerait ?
Nos pères étaient saisis de crainte, lorsque vous leur adressiez ces questions, ô Vincent ! Ils firent une sincère pénitence de leurs péchés, et après avoir reçu le pardon du Seigneur, leurs craintes s’apaisèrent et firent place à l’espoir et à la confiance. Ange du jugement de Dieu, priez, afin que nous aussi nous soyons remués par une crainte salutaire. Dans peu de jours, nos yeux verront le Rédempteur monter au Calvaire, courbé sous le poids de la croix, et nous l’entendrons dire aux filles de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur moi, mais sur vos enfants : car si l’on traite ainsi le bois vert, comment sera traité le bois sec [2] ? » Aidez-nous, ô Vincent, à profiter de cet avertissement. Nos péchés nous avaient réduits à la condition de ce bois mort qui n’est plus bon que pour le feu des vengeances divines ; par votre intercession, rattachez au tronc ces rameaux détachés, afin qu’ils reprennent vie, et que la sève circule de nouveau en eux. Ami des âmes, nous remettons entre vos mains l’œuvre de notre entière réconciliation avec Dieu. Priez aussi, ô Vincent, pour l’Espagne qui vous donna le jour et au sein de laquelle vous avez puisé la foi, la profession religieuse et le sacerdoce ; mais souvenez-vous de la France, votre seconde patrie, que vous avez évangélisée avec tant de fatigues et de succès ; souvenez-vous de la catholique Bretagne qui garde si religieusement votre dépouille sacrée. Vous fûtes notre Apôtre dans des temps malheureux : les jours que nous traversons semblent plus orageux encore ; daignez, du haut du ciel, vous montrer toujours notre fidèle protecteur.
Voici l’ange du jugement, comme il se nommait lui-même. Durant le schisme d’Occident, alors que la robe sans couture de l’Église, du fait de la dispute entre plusieurs prétendants au Pontificat, était sur le point d’être déchirée, et que la corruption dés peuples chrétiens semblait préluder à la fin du monde, Vincent Ferrier, par sa parole énergique et par ses miracles, ramena à la pénitence une grande multitude de fidèles.
Au commencement, il fut le confesseur de l’antipape Pierre de Lune (Benoît XIII) et soutint son parti avec vigueur. Mais quand par la suite l’injustice des prétentions de l’ambitieux Espagnol fut reconnue, saint Vincent Ferrier s’en détacha et prédit même que le temps viendrait où les enfants joueraient à la balle avec son crâne. Il en fut comme il l’avait annoncé, car en 1811 les Français occupant le château d’Illuca, où gisait sans sépulture le corps de Pedro de Luna, en détachèrent le crâne et jetèrent le reste par la fenêtre.
La fête de saint Vincent Ferrier fut instituée par Clément IX (+ 1669). La messe est du Commun, sauf la première collecte qui est propre.
Dieu n’abandonne jamais l’Église, et l’histoire enseigne que, précisément au temps des grandes crises religieuses ou politiques, il envoie toujours de grands saints, pour sauver les peuples de la ruine. Nous aimons à mettre en relief une particularité liturgique mentionnée dans la vie de saint Vincent Ferrier : Quotidie Missam summo mane cum cantu celebravit. Nos pères, et aujourd’hui encore les Orientaux, consentaient difficilement à lire la messe ; ils avaient l’habitude de la chanter, comme l’avait fait Jésus au Cénacle avec les Apôtres.
La liturgie unit l’office divin et l’Église.
Saint Vincent : Jour de mort : 5 avril 1419. — Tombeau : dans la cathédrale de Vannes. Image : On le représente en dominicain, portant dans la main un soleil avec les lettres J. H. S. Vie : Saint Vincent Ferrier, de l’Ordre des Dominicains, fut un prédicateur populaire assisté de Dieu, l’un des plus grands du 15e siècle. La fascination de ses discours entraînait tout le monde, de bon gré ou par force : rois, princes de l’Église, ecclésiastiques et séculiers, jusqu’au plus simple peuple. En Espagne seulement, sa parole et ses miracles auraient converti 25.000 Juifs et 8.000 Maures. Les sermons qu’il fit sont incalculables. On parle de 20.000. Il joua aussi un rôle bienfaisant au moment où prenait fin le grand schisme d’Occident. Il mourut en 1419.
Pratique : Le bréviaire raconte à son sujet : « Chaque jour, il célébrait de grand matin la messe chantée ; chaque jour, il prêchait au peuple ; il observait un jeûne continuel, ininterrompu. » Ces quelques mots nous peignent une vie liturgique idéale, unie à la charité lit plus active envers le prochain. Le saint se dépensa sans compter pour le bien du prochain. La liturgie unit harmonieusement le service de Dieu, l’amour du prochain et l’ascèse. — La messe (Os justi) est du [commun des confesseurs-332], c’est la messe du serviteur vigilant.