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04/05 Ste Monique, veuve

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Morte à Ostie en 387.

Les Ermites de St Augustin fêtaient la Conversion de leur fondateur le 5 mai, d’où le choix de ce jour pour en fêter l’instrument.

La fête se développa au XVe siècle. C’est St Pie V qui l’inscrivit au calendrier romain en 1568 comme fête simple. Clément IX en fit un semi-double en 1669 et Clément XII un double en 1730.

Textes de la Messe

die 4 maii
le 4 mai
SANCTÆ MONICÆ
SAINTE MONIQUE
Viduæ.
Veuve
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Ps. 118, 75 et 120.Introït
Cognóvi, Dómine, quia .quitas iudícia tua, et in veritáte tua humiliásti me : confíge timóre tuo carnes meas, a mandátis tuis tímui. (T.P. Allelúia, allelúia.)J’ai reconnu, Seigneur, que vos jugements sont équitables, et que vous m’avez humilié selon votre justice. Transpercez ma chair par votre crainte ; je redoute vos jugements. (T.P. Alléluia, alléluia.)
Ps. Ibid., 1.
Beáti immaculáti in via : qui ámbulant in lege Dómini.Heureux ceux qui sont immaculés dans la voie, qui marchent dans la loi du Seigneur.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, mæréntium consolátor et in te sperántium salus, qui beátæ Mónicæ pias lácrimas in conversióne fílii sui Augustíni misericórditer suscepísti : da nobis utriúsque intervéntu ; peccáta nostra deploráre, et grátiæ tuæ indulgéntiam inveníre. Per Dóminum nostrum.O Dieu, consolateur des affligés et salut de ceux qui mettent en vous leur espérance, vous qui avez miséricordieusement agréé les pieuses larmes que répandait la bienheureuse Monique pour la conversion de son fils Augustin, donnez-nous, à la pieuse intercession de l’un et de l’autre, la grâce de déplorer nos péchés et d’en trouver le pardon en votre indulgence.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timotheum.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre à Timothée.
1. Tim. 5, 3-10.
Caríssime : Víduas hónora, quæ vere víduæ sunt. Si qua autem vídua fílios aut nepótes habet, discat primum domum suam régere, et mútuam vicem réddere paréntibus : hoc enim accéptum est coram Deo. Quæ autem vere vídua est et desoláta, speret in Deum, et instet obsecratiónibus et oratiónibus nocte ac die. Nam quæ in delíciis est, vivens mórtua est. Et hoc prǽcipe, ut irreprehensíbiles sint. Si quis autem suórum, et máxime domesticórum curam non habet, fidem negávit, et est infidéli detérior. Vídua eligátur non minus sexagínta annórum, quæ fúerit uníus viri uxor, in opéribus bonis testimónium habens, si fílios educávit, si hospítio recépit, si sanctórum pedes lavit, si tribulatiónem patiéntibus subministrávit, si omne opus bonum subsecúta est.Mon bien-aimé : Honore les veuves qui sont vraiment veuves. Si une veuve a des fils ou des petits-fils, qu’elle apprenne avant tout à gouverner sa maison et à rendre la pareille à ses parents ; car cela est agréable à Dieu. Mais que celle qui est vraiment veuve et délaissée, espère en Dieu, et persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. Car celle qui vit dans les délices est morte, quoique vivante. Rappelle-leur également cela, pour qu’elles soient irréprochables. Si quelqu’un n’a pas soin des siens et surtout de ceux de sa maison, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. Qu’une veuve, pour être admise, n’ait pas moins de soixante ans, qu’elle ait été la femme d’un seul mari, qu’on rende témoignage à ses bonnes œuvres : si elle a élevé des enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les affligés, si elle s’est appliquée à toute sorte de bonnes œuvres.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 44, 5. Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde et regna.Allelúia, allelúia. V/. Avec votre gloire et votre majesté, avancez, marchez victorieusement et régnez.
Allelúia. V/. Propter veritátem et mansuetúdinem et iustítiam : et dedúcet te mirabíliter déxtera tua. Allelúia.Allelúia. V/. Pour la vérité, la douceur et la justice ; et votre droite voua conduira merveilleusement. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 7, 11-16.
In illo témpore : Ibat Iesus in civitátem, quæ vocátur Naim : et ibant cum eo discípuli eius et turba copiósa. Cum autem appropinquáret portæ civitátis, ecce, defúnctus efferebátur fílius únicus matris suæ : et hæc vidua erat : et turba civitátis multa cum illa. Quam cum vidísset Dóminus, misericórdia motus super eam, dixit illi : Noli flere. Et accéssit et tétigit lóculum. (Hi autem, qui portábant, stetérunt.) Et ait : Adoléscens, tibi dico, surge. Et resédit, qui erat mórtuus, et cœpit loqui. Et dedit illum matri suæ. Accépit autem omnes timor : et magnificábant Deum, dicéntes : Quia Prophéta magnus surréxit in nobis : et quia Deus visitávit plebem suam.En ce temps-là, Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm ; et ses disciples allaient avec lui, ainsi qu’une foule nombreuse. Et comme il approchait de la porte de la ville, voici qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère, et celle-ci était veuve ; et il y avait avec elle beaucoup de personnes de la ville. Lorsque le Seigneur l’eut vue, touché de compassion pour elle, il lui dit : Ne pleure point. Puis il s’approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s’arrêtèrent. Et il dit : Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. Et le mort se mit sur son séant, et commença à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un grand prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple.
Ant. ad Offertorium. Ps. 44. 3.Offertoire
Diffúsa est grátia in lábiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum, et in sǽculum sǽculi. (T.P. Allelúia.)La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais et pour tous les siècles. (T.P. Alléluia.)
SecretaSecrète
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum.Qu’elle vous soit agréable, Seigneur, l’offrande que vous fait votre peuple saint en l’honneur de vos Saints, par les mérites desquels il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation.
Ant. ad Communionem. Ps. 44, 8.Communion
Dilexísti iustítiam, et odísti iniquitátem : proptérea unxit te Deus, Deus tuus, óleo lætítiæ præ consórtibus tuis. (T.P. Allelúia.)Vous avez aimé la justice et haï l’iniquité ; c’est pourquoi Dieu, votre Dieu, vous a ointe d’une huile d’allégresse d’une manière plus excellente que toutes vos compagnes. (T.P. Alléluia.)
PostcommunioPostcommunion
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum.Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours grâce à l’intervention de la sainte dont nous célébrons la fête.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Monique, deux fois mère de saint Augustin, puisqu’elle l’enfanta pour le monde et pour le ciel, ayant perdu son mari, qu’elle avait gagné à Jésus-Christ dans sa vieillesse, sanctifia son veuvage par la continence et la pratique des œuvres de miséricorde. Dans les prières assidues qu’elle adressait à Dieu pour son fils, tombé dans la secte des Manichéens, Monique répandait des larmes abondantes. Elle le suivit même à Milan, et là elle l’exhortait fréquemment à aller voir l’Évêque Ambroise. Il le fit, et, instruit de ta vérité de la foi catholique, tant par les discours publics du saint Prélat que par des entretiens particuliers, il reçut de lui le baptême.

Cinquième leçon. Monique et Augustin partirent peu après pour retourner en Afrique ; mais quand ils s’arrêtèrent à Ostie, la Sainte fut prise de la fièvre. Durant sa maladie, il lui arriva un jour de tomber en défaillance. « Où étais-je ? » dit-elle, dès qu’elle reprit ses sens. Puis, regardant ceux qui l’assistaient : « Ensevelissez ici votre mère ; je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur ». Le neuvième jour, cette bienheureuse femme rendit son âme à Dieu. Son corps fut inhumé en l’église de Sainte-Aure, à Ostie ; dans la suite, on le transféra à Rome, sous le pontificat de Martin V ; il a été placé avec honneur dans l’église de Saint-Augustin.

Sixième leçon. Du IXe Livre des Confessions, c. 12.
Augustin, après avoir parlé de la mort de sa mère, ajoute : « Nous ne pensions pas qu’il fût juste de mener le deuil avec des sanglots et des gémissements, car sa mort n’était ni malheureuse ni entière : nous en avions pour garants sa vertu, sa foi sincère et les raisons les plus certaines. Peu à peu, ô Dieu, je rentrai dans mes premières pensées sur votre servante, et me rappelant sa sainte vie, son pieux amour pour vous, et cette tendresse prévenante qui tout à coup me manquait, je goûtai la douceur de pleurer en votre présence sur elle et pour elle. Et si quelqu’un m’accuse comme d’un péché d’avoir donné à peine une heure de larmes à ma mère, morte pour un peu de temps à mes yeux, ma mère qui m’avait pleuré tant d’années pour me faire vivre devant vous, qu’il se garde de rire, mais que plutôt, s’il est de grande charité, lui-même vous offre ses pleurs pour mes péchés, à vous, Père de tous les frères de votre Christ ».

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 7, 11-16.
En ce temps-là : Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm ; et ses disciples allaient avec lui, ainsi qu’une foule nombreuse. Et le reste.

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Septième leçon. Si la résurrection de ce jeune homme, comble de joie la veuve, sa mère, notre mère la sainte Église se réjouit aussi en voyant chaque jour des hommes ressusciter spirituellement. Le fils de la veuve était mort de la mort du corps, ceux-ci sont morts de la mort de l’âme. On pleurait visiblement la mort visible du premier, mais on ne s’occupait, on ne s’apercevait même pas de la mort invisible de ces derniers. Celui qui connaissait ces morts s’occupa d’eux, et celui-là seul les connaissait qui pouvait leur rendre la vie. En effet, si le Seigneur n’était pas venu pour ressusciter ces morts, l’Apôtre ne dirait pas : « Lève-toi, toi qui dors ; lève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ».

Huitième leçon. Nous trouvons dans l’Évangile trois morts ressuscites visiblement par le Seigneur, mais il a ressuscité par milliers, des hommes frappés d’une mort invisible. Qui peut savoir combien de morts il a rendus visiblement à la vie ? Car tout ce qu’il a fait n’est pas écrit. « Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites, dit saint Jean ; si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde lui-même pût contenir les livres qu’il faudrait écrire ». Beaucoup d’autres, sans doute, ont donc été ressuscites, mais ce n’est pas sans raison qu’il n’est fait mention que de trois. Notre Seigneur Jésus-Christ voulait qu’on entendît dans un sens spirituel, les miracles qu’il opérait sur les corps. Il ne faisait pas des miracles pour les miracles seulement, mais il voulait qu’en excitant l’admiration de ceux oui les voyaient, ils fussent encore pleins de vérité pour ceux qui en comprenaient le sens.

Neuvième leçon. Celui qui il voit des caractères dans un livre parfaitement écrit, et qui ne sait point lire, loue, il est vrai, l’habileté du copiste, en admirant la beauté des caractères, mais il en ignore la destination et le sens ; il loue ce qui frappe ses yeux, mais son esprit ne le pénètre pas. Un autre, au contraire, non content de louer l’adresse de l’écrivain, comprend le sens des caractères : non seulement il voit ce que tout le monde peut voir, mais il sait lire ces caractères ; ce que ne peut le premier qui n’a point appris à le faire. De même, ceux qui ont été les témoins oculaires des miracles de Jésus-Christ, sans saisir la signification de ces miracles et ce qu’ils font, d’une certaine manière, entendre à ceux qui comprennent, ceux-là n’ont admiré que le fait matériel du miracle ; mais d’autres, non contents d’admirer les faits extérieurs, ont compris ce qu’ils signifiaient. Nous devons être comme ceux-ci à l’école du Christ.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Dans la compagnie de Jésus ressuscité, deux femmes, deux mères, attireront aujourd’hui notre attention : Marie, mère de Jacques le Mineur et de Thaddée, et Salomé, mère de Jacques le Majeur et de Jean le Bien-Aimé. Elles sont allées au tombeau avec Madeleine, au matin de la résurrection, portant des parfums ; elles ont entendu les Anges, et comme elles s’en retournaient, Jésus s’est tout à coup présenté à elles, il les a saluées, et il a daigné leur donner à baiser ses pieds sacrés. Maintenant il récompense leur amour en se manifestant fréquemment à elles, jusqu’à ce que le jour soit venu où bientôt il leur fera les adieux sur le mont des Oliviers, où elles se trouveront avec Marie et les Apôtres. Honorons ces deux fidèles compagnes de Madeleine, nos modèles dans l’amour envers le divin Ressuscité, et glorifions en elles deux mères fécondes pour la sainte Église, à qui elles ont donné quatre de ses Apôtres.

Or voici qu’aujourd’hui, aux côtés de Marie et de Salomé, se présente une autre femme, une autre mère, éprise aussi de l’amour de Jésus, et offrant à la sainte Église le fruit de ses entrailles, le fils de ses larmes, un Docteur, un Pontife, un des plus illustres saints que la loi nouvelle ait produits. Cette femme, cette mère, c’est Monique, deux fois mère d’Augustin. La grâce a produit ce chef-d’œuvre sur la terre d’Afrique ; et les hommes l’eussent ignoré jusqu’au dernier jour, si la plume du grand évoque d’Hippone, conduite par son cœur saintement filial, n’eût révélé à tous les siècles cette femme dont la vie ne fut qu’humilité et amour, et qui désormais, immortelle même ici-bas, est proclamée comme le modèle et la protectrice des mères chrétiennes.

L’un des principaux attraits du livre des Confessions est dans les épanchements d’Augustin sur les vertus et le dévouement de Monique. Avec quelle tendre reconnaissance il célèbre, dans tout le cours de son récit, la constance de cette mère qui, témoin des égarements de son fils, « le pleurait avec plus de larmes que d’autres mères n’en répandent sur un cercueil [1] » ! Le Seigneur, qui laisse de temps en temps luire un rayon d’espérance aux âmes qu’il éprouve, avait dans une vision montré à Monique la réunion future du fils et de la mère ; elle-même avait entendu un saint évêque lui déclarer avec autorité que le fils de tant de larmes ne pouvait périr ; mais les tristes réalités du présent oppressaient son cœur, et l’amour maternel s’unissait à sa foi pour la troubler au sujet de ce fils qui la fuyait, et qu’elle voyait s’éloigner infidèle à Dieu autant qu’à sa tendresse. Toutefois les amertumes de Ce cœur si dévoué formaient un fonds d’expiation qui devait plus tard être appliqué au coupable ; une prière ardente et continue, jointe à la souffrance, préparait le second enfantement d’Augustin. Mais « combien plus de souffrances, nous dit-il lui-même, coûtait à Monique le fils de son esprit que l’enfant de sa chair [2] ! »

Après de longues années d’angoisses, la mère a enfin pu retrouver à Milan ce fils qui l’avait si durement trompée, le jour où il fuyait loin d’elle pour s’en aller courir les hasards de Rome. Elle le trouve incertain encore sur la foi chrétienne, mais déjà dégoûté des erreurs qui l’avaient séduit. Augustin avait fait un pas vers la vérité, bien qu’il ne la reconnût pas encore. « Dès lors, nous a dit-il, l’âme de ma mère ne portait plus le deuil d’un fils perdu sans espoir ; mais ses pleurs coulaient toujours pour obtenir de Dieu sa résurrection. Sans être encore acquis à la vérité, j’étais du moins soustrait à l’erreur. Certaine que vous n’en resteriez pas à la moitié du don que vous aviez promis tout entier, ô mon Dieu ! elle me dit, d’un grand calme et d’un cœur plein de confiance, qu’elle était persuadée dans le Christ, qu’avant de sortir de cette vie, elle me verrait catholique fidèle [3]. »

Monique avait rencontré à Milan le grand Ambroise, dont Dieu voulait se servir pour achever le retour de son fils. « Elle chérissait le saint évoque, nous dit encore Augustin , comme l’instrument de mon salut ; et lui, l’aimait pour sa vie si pieuse, son assiduité à l’église, sa ferveur dans les bonnes œuvres ; il ne pouvait se taire de ses louanges lorsqu’il me voyait, et il me félicitait d’avoir une telle mère [4]. » Enfin le moment de la grâce arriva. Augustin, éclairé de la lumière de la foi, songea à s’enrôler dans l’Église chrétienne ; mais l’attrait des sens auquel il avait cédé si longtemps le retenait encore sur le bord de la fontaine baptismale. Les prières et les larmes de Monique obtinrent de la divine miséricorde ce dernier coup qui abattit les dernières résistances de son fils.

Mais Dieu n’avait pas voulu laisser son ouvrage imparfait. Transpercé par le trait vainqueur, Augustin se relevait, aspirant non plus seulement à la profession de la foi chrétienne, mais à la noble vertu de continence. Le monde avec ses attraits n’était plus rien pour cette âme, objet d’une intervention si puissante. Dans les jours qui avaient précédé, Monique s’occupait encore avec sollicitude à préparer une épouse pour son fils, dont elle espérait fixer ainsi les inconstances ; et tout à coup ce fils se présentait à elle, accompagné de son ami Alypius, et venait lui déclarer que, dans son essor vers le souverain bien, il se vouait désormais à la recherche de ce qui est le plus parfait. Mais écoutons encore Augustin lui-même. « A l’instant nous allons trouver ma mère, nous lui disons ce qui se passe en nous ; elle est dans la joie ; nous lui racontons en quelle manière tout s’est passé ; elle tressaille de bonheur, elle triomphe. Et elle vous bénissait, ô vous qui êtes puissant à exaucer au delà de nos demandes, au delà de nos pensées ! car vous lui aviez bien plus accordé en moi que ne vous avaient demandé ses gémissements et ses larmes. Son deuil était changé par vous en une allégresse qui dépassait de beaucoup son espérance, en une joie plus chère à son cœur et plus pure que celle qu’elle eût goûtée à voir naître de moi des enfants selon la chair [5]. » Peu de jours s’écoulèrent, et bientôt un spectacle sublime s’offrit à l’admiration des Anges et des hommes dans l’Église de Milan : Ambroise baptisant Augustin sous les yeux de Monique.

La pieuse femme avait accompli sa mission ; son fils était né à la vérité et à la sainteté, et elle avait doté l’Église du plus grand de ses docteurs. Le moment approchait où, après le labeur d’une longue journée, elle allait être appelée à goûter le repos éternel en celui pour l’amour duquel elle avait tant travaillé et tant souffert. Le fils et la mère, prêts à s’embarquer pour l’Afrique, se trouvaient à Ostie, attendant le navire qui devait les emporter l’un et l’autre. « Nous étions seuls, elle et moi, dit Augustin, appuyés contre une fenêtre d’où la vue s’étendait sur le jardin de la maison. Nous conversions avec une ineffable douceur et dans l’oubli du passé, plongeant dans les horizons de l’avenir, et nous cherchions entre nous deux quelle sera pour les saints cette vie éternelle que l’œil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, et où n’atteint pas le cœur de l’homme. Et en parlant ainsi, dans nos élans vers cette vie, nous y touchâmes un instant d’un bond de notre cœur ; mais bientôt nous soupirâmes en y laissant enchaînées les prémices de l’esprit, et nous redescendîmes dans le bruit de la voix, dans la parole qui commence et finit. Alors elle me dit : « Mon fils, pour ce qui est de moi, rien ne m’attache plus à cette vie. Qu’y ferais-je ? Pourquoi y suis-je encore ? Mon espérance est désormais sans objet en ce monde. Une seule chose me faisait désirer de séjourner quelque peu dans cette vie : c’était de te voir chrétien catholique avant de mourir. Cette faveur, mon Dieu me l’a accordée avec surabondance, à cette heure où je te vois dédaigner toute félicité terrestre pour le servir. Que fais-je encore ici [6] ? »

L’appel d’une âme si sainte ne devait pas tarder ; elle s’exhala comme un parfum céleste, peu de jours après ce sublime épanchement, laissant un souvenir ineffaçable au cœur de son fils, dans l’Église une mémoire toujours plus aimée, aux mères chrétiennes un modèle achevé de l’amour maternel dans ce qu’il a de plus pur.

Le moyen âge a consacré à sainte Monique plusieurs compositions liturgiques ; mais la plupart sont assez faibles. La Séquence que nous donnons ici est meilleure : on l’a même attribuée à Adam de Saint-Victor.

SÉQUENCE.
Célébrons les louanges, redisons les mérites d’Augustin le grand docteur et de Monique sa pieuse mère ; fêtons en ce jour une solennité qui nous est chère.
Mère chaste, pleine de foi, comblée de mérites, aimée du Christ, l’heureuse Monique, dont le fils était sorti d’une source païenne, l’a enfanté à la foi catholique.
Heureuses larmes qui, dans leur abondance, ont été cause qu’une si éclatante lumière a brillé dans l’Église ! Elle a semé longtemps dans les pleurs, celle qui aujourd’hui moissonne avec tant d’allégresse.
Elle a reçu au delà de ce qu’elle avait demandé ; mais quel bonheur inonda son âme, lorsqu’elle vit son fils établi dans la foi, voué au Christ de toute l’ardeur de son cœur !
Elle fut la servante des indigents, et nourrit en eux le Christ, ayant mérité le nom de Mère des pauvres ; elle se livra au soin des malades, lavant et nettoyant leurs plaies, préparant leurs lits.
O matrone pleine de grâce, dont les blessures du Christ excitèrent l’amour ; en les méditant, elle versa tant de larmes que le pavé en fut arrosé.
Nourrie du pain céleste, ses pieds ne touchent déjà plus la terre ; son âme ravie tressaille et s’écrie : « Prenons notre vol pour les hauteurs du ciel. »
O mère, ô matrone, sois l’avocate et la protectrice de tes enfants à d’adoption ; et lorsque notre âme se dégagera des liens de la chair, réunis-nous à ton fils dans les joies du paradis. Amen.

O mère, illustre entre toutes les mères, la chrétienté honore en vous l’un des types les plus parfaits de l’humanité régénérée par le Christ. Avant l’Évangile, durant ces longs siècles où la femme fut tenue dans l’abaissement, la maternité ne put avoir qu’une action timide et le plus souvent vulgaire sur l’homme ; son rôle se borna pour l’ordinaire aux soins physiques ; et si le nom de quelques mères a triomphé de l’oubli, c’est uniquement parce qu’elles avaient su préparer leurs fils pour la gloire passagère de ce monde. On n’en rencontre pas dans l’antiquité profane qui se soient donné la tâche de les enfanter au bien, de s’attacher à leurs pas pour les soutenir dans la lutte contre l’erreur et les passions, pour les relever dans leurs chutes ; on n’en trouve pas qui se soient vouées à la prière et aux larmes continuelles pour obtenir leur retour à la vérité et à la vertu. Le christianisme seul a révélé à la mère et sa mission et sa puissance.

Quel oubli de vous-même, ô Monique, dans cette poursuite incessante du salut d’un fils ! Après Dieu, c’est pour lui que vous vivez ; et vivre de cette manière pour votre fils, n’est-ce pas vivre encore pour Dieu qui daigne s’aider de vous pour le sauver ? Que vous importent la gloire et les succès d’Augustin dans le monde, lorsque vous songez aux périls éternels qu’il encourt, lorsque vous tremblez de le voir éternellement séparé de Dieu et de vous ? Alors il n’est pas de sacrifice, il n’est pas de dévouement dont votre cœur de mère ne soit capable envers cette rigoureuse justice dont votre générosité n’entend pas frustrer les droits. Durant de longs jours, durant de longues nuits, vous attendez avec patience les moments du Seigneur ; votre prière redouble d’ardeur ; et espérant contre toute espérance, vous arrivez à ressentir, au fond de votre cœur, l’humble et solide confiance que le fils de tant de larmes ne périra pas. C’est alors que le Seigneur, « touché de compassion » pour vous, comme il le fut pour la mère éplorée de Naïm, fait entendre sa voix à laquelle rien ne résiste. « Jeune homme, s’écrie-t-il, je te le dis, lève-toi [7] » ; et il rend plein de vie à sa mère celui dont elle pleurait le trépas, mais dont elle n’avait pas voulu se séparer.

Mais quelle récompense pour votre cœur maternel, ô Monique ! Le Seigneur ne s’est pas contenté de vous rendre Augustin plein de vie ; du fond des abîmes de l’erreur et des passions, voici qu’il l’élève sans intermédiaire jusqu’au bien le plus parfait. Vos instances demandaient qu’il fût chrétien catholique, qu’il rompît enfin des liens humiliants et funestes ; et voici que d’un seul bond la grâce l’a porté jusque dans la région sereine des conseils évangéliques. Votre tâche est plus que remplie, heureuse Mère ! Montez au ciel : c’est de là qu’en attendant l’éternelle réunion, vous contemplerez désormais la sainteté et les œuvres de ce fils dont le salut est votre ouvrage, et dont la gloire si éclatante et si pure entoure dès ici-bas votre nom d’une douce et touchante auréole.

Du sain de la félicité que vous goûtez avec ce fils qui vous doit la vie du temps et celle de l’éternité, jetez un regard, ô Monique, sur tant de mères chrétiennes qui accomplissent en ce moment sur la terre la dure et noble mission que vous avez remplie vous-même. Leurs fils aussi sont morts de la mort du péché, et elles voudraient à force d’amour leur rendre la seule vie véritable. Après la Mère de miséricorde, c’est à vous qu’elles s’adressent, ô Monique, à vous dont les prières et les larmes furent si puissantes et si fécondes. Prenez en main leur cause ; votre cœur si tendre et si dévoué ne peut manquer de compatir à des angoisses dont il éprouva si longtemps lui-même toute la rigueur. Daignez joindre votre intercession à leurs vœux ; adoptez ces nouveaux fils qu’elles vous présentent, et elles seront rassurées. Soutenez leur courage, apprenez-leur à espérer, fortifiez-les dans les sacrifices au prix desquels Dieu a mis le retour de ces âmes si chères. Elles comprendront alors que la conversion d’une âme est un miracle d’un ordre plus élevé que la résurrection d’un mort ; elles sentiront que la divine justice, pour relâcher ses droits, exige une compensation, et que cette compensation, c’est à elles de la fournir. Leur cœur se dépouillera de l’égoïsme secret qui se mêle si souvent dans les sentiments en apparence les plus purs. Qu’elles se demandent à elles-mêmes si elles se réjouiraient comme vous, ô Monique, en voyant leur fils revenu au bien leur échapper pour se donner au Seigneur. S’il en est ainsi, qu’elles soient sans crainte ; elles sont puissantes sur le cœur de Dieu ; tôt ou tard la grâce tant désirée descendra du ciel sur le prodigue, et il revient à Dieu et à sa mère.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La belle figure de la mère d’Augustin, telle qu’elle nous est décrite au IXe livre des Confessions, demeurera toujours vivante dans l’Église comme l’un des plus splendides modèles de mère chrétienne. Il ne faut donc pas s’étonner si l’un des amis d’Augustin, le consul Anicius Bassus l’ancien, plaça sur la tombe de la Sainte à Ostie une plaque de marbre dont l’inscription fut copiée dans les anciens recueils et qui rappelait ses mérites à la postérité. En voici le texte :

« Versus illustrissimae memoriae Bassi exconsule, scripti in tumulo sanctae memoriae Municae matris Sancti Augustini. »
HIC • POSVIT • CINERES • GENETRIX • CASTISSIMA • PROLIS
AVGVSTINE • TVIS • ALTERA • LVX • MERITIS
QVI • SERVANS • PACIS • CAELESTIA • IVRA • SACERDOS
COMMISSOS • POPVLOS • MORIBVS • INSTITVIS
GLORIA • VOS • MAIOR • GESTORVM • LAVDE • CORONAT
VIRTVTVM • MATER • FELICIOR • SVBOLIS.
Ici déposa sa dépouille ta très chaste mère, ô Augustin, elle qui reflète comme une nouvelle splendeur sur tes mérites eux-mêmes. Toi, en bon évêque, tu assures entre les peuples les droits sacrés de la concorde et, par ton exemple, tu enseignes les sujets qui te sont confiés. Une gloire bien plus grande est celle qui vous couronne l’un et l’autre : celle de vos œuvres. Mère vraiment heureuse, et qui le deviens plus encore par la vertu d’un tel fils !

Monique mourut à Ostie en 387, et l’ex-consul Bassus composa cette épitaphe quand Augustin gouvernait encore l’Église d’Hippone en Afrique, c’est-à-dure après 395. Le troisième vers se rapporte probablement à la célèbre conférence avec les Donatistes tenue en 411.

Le corps de sainte Monique demeura à Ostie jusqu’à 1162 ; c’est alors qu’un certain Walter, prieur des chanoines réguliers d’Aroasia en Belgique, le déroba furtivement et le transporta dans son monastère. Les actes de cette translation, rapportés par les Bollandistes, ne semblent autoriser aucun doute, d’autant plus que la présence en Belgique des reliques de sainte Monique depuis plus de sept siècles est assurée par les documents.

Comme on ignorait le jour du trépas de sainte Monique, les chanoines d’Aroasia, qui célébraient déjà le 5 mai la conversion de saint Augustin, attribuèrent à la solennité de sa mère le jour précédent. Du monastère de Walter le culte de sainte Monique se répandit en Belgique, en Allemagne et en France, si bien que la fête du 4 mai entra peu à peu dans l’usage liturgique général.

A l’époque où la reconnaissance du culte liturgique à rendre aux saints appartenait encore aux évêques, le IXe livre des Confessions de saint Augustin avait la valeur d’une bulle de canonisation.

La messe est celle du Commun des saintes Femmes. La première collecte est propre.

L’épître du Commun (II Tim., V, 3-10) est réservée aux fêtes des saintes veuves, parce qu’on y décrit leurs devoirs envers Dieu, envers leur famille et envers la communauté chrétienne. Saint Paul ne parle pas ici toutefois des veuves en général, mais des diaconesses qui précisément par leur état de viduité, leur âge avancé et leur expérience de la vie, étaient d’un grand secours pour le clergé dans la distribution des aumônes, dans l’assistance des malades, des pauvres et des jeunes filles. En un mot, elles faisaient ce que font maintenant un si grand nombre de congrégations de religieuses, mais elles ne vivaient pas en commun, et devaient être âgées d’au moins soixante ans. Cette dernière exigence, comme aussi celle de la viduité, étaient imposées par les conditions morales particulières de la société à l’âge apostolique.

Par la suite, quand naquirent les premières compagnies de Vierges, sans que celles-ci constituassent d’ailleurs de véritables communautés religieuses, l’Église adapta pour elles en partie les prescriptions de l’Apôtre relatives aux diaconesses, et saint Léon Ier prescrivit qu’aucune ne fût admise à consacrer solennellement à Dieu sa virginité avant d’avoir atteint soixante ans.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 44, que nous avons vu déjà plusieurs fois : « Alléluia. Avancez-vous dans la splendeur et la gloire et commandez. Alléluia. Chevauchez pour la vérité et la justice, et votre droite vous fera voir des choses merveilleuses. Alléluia. ». La vie chrétienne est un combat ; la foi est notre bouclier, nos armes sont les vertus, Dieu est la couronne et la récompense.

L’Évangile (Luc., VII, 11-16), dont le sujet est la résurrection du fils de la veuve de Naïm, fait allusion à la conversion d’Augustin, obtenue par les larmes de Monique. Le retour d’une âme à Dieu est l’effet de la grâce seule ; les raisonnements humains n’y font guère. Il faut rencontrer Jésus, qui ordonne aux passions nous entraînant à la tombe éternelle de s’arrêter. Au moyen du calme, l’âme se met dans les conditions voulues pour écouter la parole de Dieu : Adolescens, tibi dico, surge. A cette parole toute-puissante qui opère ce qu’elle exprime, l’âme se sent éveillée de sa léthargie mortelle et revient à la vie.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La gloire des vertus, plus grande que la louange des actes, Vous orne, heureuse mère d’un tel fils. (Épitaphe de la sainte par le consul Bassus).

Sainte Monique. — Jour de mort : En novembre 387. Tombeau : D’abord dans l’église de Sainte-Auréa à Ostie ; depuis 1430, dans l’église de Saint-Augustin, à Rome. D’après d’autres, le corps de sainte Monique repose à Arvasia, en Belgique. Vie : En sainte Monique se manifeste à nous la vie d’une sainte matrone, comme il y en avait tant dans l’Église ancienne, une de ces matrones dont l’action silencieuse exerçait une influence considérable. Monique a donné à l’Église de Dieu, par ses prières et ses larmes, le grand saint Augustin. C’est ce qui lui a conquis une place importante dans l’histoire du royaume de Dieu sur la terre. Nous sommes renseignés sur sa vie par les Confessions de saint Augustin. Elle naquit vers 331, à Tagaste, de parents chrétiens (IX, .8). Elle fut élevée. sévèrement par une servante chrétienne qui avait déjà porté son père dans ses bras. Plus tard, elle fut donnée en mariage à un païen nommé Patricius. Cet homme avait, entre autres défauts, un caractère coléreux. Monique, à cette pénible école, pratiqua la vertu de patience (la vertu à pratiquer cette semaine). Elle attendait toujours que la crise de colère fût passée, elle faisait alors des observations bienveillantes. Sa belle-mère elle-même, que des servantes méchantes avaient indisposée contre elle, fut gagnée par son amabilité. Elle eut trois enfants : Augustin, Navigius et Perpétue. Cette dernière devint religieuse. D’après l’usage du temps, les enfants ne furent pas baptisés aussitôt après leur naissance. Cependant, Monique fit inscrire de bonne heure son fils Augustin au nombre des catéchumènes. Elle retarda pourtant son baptême, même quand il le demanda dans une grave maladie. Elle prévoyait sans doute sa conduite pécheresse (1, II). Quand Augustin était dans sa dix-neuvième année, Patricius mourut. Par sa patience et ses prières, Monique l’avait converti (IX, 9). Mais le jeune Augustin se livra à tous les débordements, ce qui causa à sa mère un indicible chagrin. Comme les prières et les larmes restaient inutiles, elle recourut à un moyen extrême, elle lui interdit sa maison. Avertie par une apparition, elle le reprit chez elle. Dans son chagrin, un évêque la consola : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr » (III, 12). Quand Augustin se rendit à Rome, elle voulut l’y suivre, mais celui-ci trompa sa mère. Le vaisseau était déjà parti quand elle arriva sur le rivage. Elle rejoignit plus tard son fils à Milan où elle fut un modèle de piété. Saint Ambroise l’estimait beaucoup et félicitait Augustin d’avoir une telle mère. C’est là qu’elle prépara les voies à la conversion de son fils. . Enfin, arriva le temps où Dieu changea ses larmes en joie. Augustin devint chrétien. La tâche de Monique était accomplie. Comme elle se préparait à rentrer en Afrique avec son fils, elle mourut sur le chemin du retour, à l’âge de 56 ans. Le récit de sa mort est des plus beaux passages des Confessions.

La messe (Cognovi). — La messe reflète la de cette noble femme. Elle avait servi Dieu dans la sainte crainte et dans une conduite sans tache (Intr.). L’oraison rappelle les larmes de cette pieuse mère, larmes qui opérèrent la conversion de son fils. C’est pourquoi aussi l’Évangile raconte la résurrection du fils de la veuve de Naïm. C’est l’image de la conversion de saint Augustin par les larmes de sa mère ; c’est aussi l’image de la conversion des pécheurs de tous les temps par les larmes de leur mère l’Église. L’Épître parle des fonctions des veuves dans la primitive Église ; elle veut caractériser par là la sainte veuve Monique. Les chants entonnent le cantique nuptial de l’Église (ps. 44) ; ils expriment l’amour de cette sainte femme.

[1] Confessionum Lib. III, cap. XI.

[2] Confessionum Lib. V, cap. IX.

[3] Ibid. Lib. VI, cap. 1.

[4] Ibid., cap. II.

[5] Confessionum Lib. VIII, cap. XII.

[6] Confessionum Lib. IX, cap. X.

[7] Luc, VII, 13.