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12/06 St Jean de Saint-Facond, confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Né vers 1430, religieux en 1464 chez les ermites de St-Augustin, déposition à Salamanque le 11 juin 1479. Canonisé en 1690, Fête en 1729.

Textes de la Messe

die 12 iunii
le 12 juin
SANCTI IOANNIS a S. FACUNDO
SAINT JEAN de St-FACOND
Confessoris
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Os iusti de Communi Confessoris non Pontificis 1 loco, præter orationem sequentem : Messe Os iusti du Commun d’un Confesseur non Pontife I, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Deus, auctor pacis et amátor caritátis, qui beátum Ioánnem Confessórem tuum rnirífica dissidéntes componéndi grátia decorásti : eius méritis et intercessióne concéde ; ut, in tua caritáte firmáti, nullis a te tentatiónibus separémur. Per Dóminum.Dieu, auteur de la paix, et amant de la charité, vous avez orné le bienheureux Jean, votre Confesseur, d’un merveilleux don du ciel pour apaiser les différends : accordez-nous, par ses mérites et son intercession, d’être tellement affermis dans votre amour, que nous ne soyons plus séparés de vous par aucune tentation.
Et fit commemoratio Ss. Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii Mm. :Et on fait mémoire des Sts Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire, Martyrs :
Oratio.Collecte
Sanctórum Mártyrum tuórum Basílidis, Gyrini, Naboris atque Nazárii, quǽsumus, Dómine, natalítia nobis votíva respléndeant : et, quod illis cóntulit excelléntia sempitérna, frúctibus nostræ devotiónis accréscat. Per Dóminum nostrum.Faites, s’il vous plaît, Seigneur, que l’anniversaire de la naissance au ciel de vos saints Martyrs Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire répande la lumière dans nos âmes et que les biens spirituels dont le bonheur éternel leur a procuré la plénitude, s’accroissent en nous grâce aux fruits de notre dévotion.
Secreta CSecrète
Laudis tibi, Dómine, hóstias immolámus in tuórum commemoratióne Sanctórum : quibus nos et præséntibus éxui malis confídimus et futúris. Per Dóminum.Nous vous immolons, Seigneur, une hostie de louange en mémoire de vos saints en qui nous avons confiance pour obtenir de triompher des maux de la vie présente et d’échapper aux maux de la vie future.
Pro Ss. Martyribus.Pour les Sts Martyrs
SecretaSecrète
Pro sanctórum tuórum Basílidis, Cyrini, Nabóris atque Nazárii sánguine venerándo, hóstias tibi. Dómine, sollémniter immolámus, tua mirabília pertractántes : per quem talis est perfécta victória. Per Dóminum.Accomplissant vos admirables mystères, nous vous offrons solennellement en sacrifice ces hosties, ô Seigneur, pour honorer le sang de vos saints Martyrs Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire, par l’effusion duquel ils ont remporté une si belle victoire.
Postcommunio CPostcommunion
Refécti cibo potúque cælésti, Deus noster, te súpplices exorámus : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum.Nourris par un aliment et un breuvage célestes, nous vous prions et supplions, ô notre Dieu, de faire que nous soit assuré le secours des prières de celui en la fête de qui nous les avons reçus.
Pro Ss. Martyribus.Pour les Sts Martyrs
PostcommunioPostcommunion
Semper, Dómine, sanctórum Martyrum tuórum Basílidis, Cyríni, Nabóris atque Nazárii sollémnia celebrántes : præsta, quǽsumus ; ut eórum patrocínia iúgiter sentiámus. Per Dóminum.Célébrant fidèlement la fête de vos saints Martyrs Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire, nous vous supplions, Seigneur, de faire que nous ressentions sans cesse leur patronage.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Jean, issu d’une noble famille de Sahagun (Saint-Facond) en Espagne, fut obtenu de Dieu par les prières et les bonnes œuvres de ses pieux parents, restés longtemps sans enfant. Dès son jeune âge, il donna des signes remarquables de sa future sainteté. On le vit souvent adresser, d’un lieu élevé où il avait pris place, la parole aux autres enfants, pour les exhorter à la vertu et au culte de Dieu, ou pour apaiser leurs querelles. Confié, dans son pays même, aux moines bénédictins de Saint-Facond, il fut initié par eux aux premiers éléments des belles-lettres. Pendant qu’il s’appliquait à ces études, son père lui procura le bénéfice d’une paroisse ; mais le jeune homme ne voulut à aucun prix conserver les avantages de cette charge. Admis parmi les familiers de l’Évêque de Burgos, il devint son intime conseiller à cause de sa remarquable intégrité ; l’Évêque le fit prêtre et chanoine et lui donna de nombreux bénéfices. Mais Jean quitta le palais épiscopal pour servir Dieu plus paisiblement, et, renonçant à tous ses revenus ecclésiastiques, s’attacha à une petite chapelle, où tous les jours il célébrait la messe et parlait souvent des choses de Dieu, à la grande édification de ses auditeurs.

Cinquième leçon. S’étant rendu plus tard à Salamanque pour y étudier, et ayant été reçu au célèbre collège de Saint-Barthélemy, il exerça le ministère sacerdotal de telle sorte que, tout en se livrant à ses chères études, il n’en était pas moins assidu aux pieuses assemblées. Tombé gravement malade, il fit vœu de s’imposer une discipline plus sévère ; et, pour accomplir ce vœu, donna d’abord à un pauvre presque nu le meilleur des deux seuls vêtements qu’il possédait, puis se rendit au monastère de Saint-Augustin, alors très florissant par sa sévère observance. Admis dans ce couvent, il surpassa les plus avancés par son obéissance, son abnégation, ses veilles et ses prières. On lui confia le soin de la cave, et il lui suffit de toucher un petit fût de vin pour en tirer pendant une année entière ce qui était nécessaire à tous les religieux. Au bout d’une année de noviciat, il reprit, sur l’ordre du préfet du couvent, le ministère de la prédication. Salamanque était alors déchirée à ce point par les factions, que toutes les lois divines et humaines y étaient confondues ; des massacres avaient lieu presque à chaque heure, les rues et les places, et même les églises, regorgeaient du sang de personnes de toutes conditions et principalement de la noblesse.

Sixième leçon. Tant par ses prédications que par des entretiens particuliers, Jean parvint à calmer les esprits, et ramena la tranquillité dans la ville. Ayant vivement blessé un haut personnage en lui reprochant sa cruauté envers ses inférieurs, celui-ci envoya pour ce motif deux cavaliers sur son passage pour le mettre à mort. Déjà ils s’approchaient de lui, quand Dieu permit qu’ils fussent saisis de stupeur et immobilisés ainsi que leurs chevaux, jusqu’à ce que, prosternés aux pieds du saint homme, ils eussent demandé grâce pour leur crime. Ce seigneur, frappé lui-même d’une terreur subite, désespérait déjà de survivre ; mais, ayant rappelé Jean et s’étant repenti de ce qu’il avait fait, il fut rendu à la santé. Une autre fois, des factieux qui poursuivaient Jean avec des bâtons eurent les bras paralysés et ne recouvrèrent leurs forces qu’après avoir imploré leur pardon. Pendant sa Messe, Jean voyait notre Seigneur présent, et s’abreuvait des célestes mystères à la source même de la divinité. Souvent il pénétrait les secrets des cœurs, et prédisait l’avenir avec une rare sagacité. La fille de son frère étant morte à l’âge de sept ans, il la ressuscita. Enfin, après avoir prédit le jour de sa mort et avoir reçu avec une grande dévotion les sacrements de l’Église, il rendit le dernier soupir. Après comme avant sa mort, de nombreux miracles firent éclater sa gloire. Ces miracles furent constatés selon les rites de l’Église, et Alexandre VIII l’inscrivit au nombre des Saints.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le règne que les Apôtres ont pour mission d’établir dans le monde est le règne de la paix. C’était elle que les cieux promettaient à la terre en la glorieuse nuit qui nous donna l’Emmanuel ; et dans cette autre nuit qui vit les adieux du Seigneur, au banquet de la Cène, l’Homme-Dieu fonda le Testament nouveau sur le double legs qu’il fit à l’Église de son corps sacré et de cette paix que les anges avaient annoncée [1] : paix que le monde n’avait point connue jusque-là, disait le Sauveur ; paix toute sienne parce qu’elle procède de lui sans être lui-même, don substantiel et divin qui n’est autre que l’Esprit-Saint dans sa propre personne. Les jours de la Pentecôte ont répandu cette paix comme un levain sacré dans la race humaine. Hommes et peuples ont senti son intime influence. L’homme, en lutte avec le ciel et divisé contre lui-même, justement puni de son insoumission à Dieu par le triomphe des sens dans sa chair révoltée, a vu l’harmonie rentrer dans son être, et Dieu satisfait traiter en fils le rebelle obstiné des anciens jours. Les fils du Très-Haut formeront dans le monde un peuple nouveau, le peuple de Dieu, reculant ses confins jusqu’aux extrémités de la terre. Assis dans la beauté de la paix, selon l’expression du Prophète [2], il verra venir à lui tous les peuples, et attirera ici-bas les complaisances du ciel qui doit trouver en lui son image.

Autrefois sans cesse aux prises en d’atroces combats qui ne trouvaient fin qu’avec l’extermination du vaincu, les nations baptisées se reconnaîtront pour sœurs dans la filiation du Père qui est aux cieux. Sujettes fidèles du Roi pacifique, elles laisseront l’Esprit-Saint adoucir leurs mœurs ; et si la guerre, suite du péché, vient encore trop souvent rappeler au monde les désastreuses conséquences de la première chute, l’inévitable fléau connaîtra du moins désormais d’autres lois que la force. Le droit des gens, droit tout chrétien que n’admit point l’antiquité païenne, la foi des traités, l’arbitrage du vicaire de l’Homme-Dieu modérateur suprême de la conscience des rois, éloigneront les occasions de discordes sanglantes. En certains siècles, la paix de Dieu, la trêve de Dieu, mille industries de la Mère commune, restreindront les années et les jours où le glaive qui tue les corps aura licence de sortir du fourreau ; s’il outrepasse les bornes posées, il sera brisé par la puissance du glaive spirituel, plus redoutable à tous les points de vue dans ces temps que le fer du guerrier. Telle apparaîtra la force de l’Évangile, qu’en nos temps mêmes d’universelle décroissance, le respect de l’ennemi désarmé s’imposera aux plus fougueux adversaires, et qu’après la bataille vainqueurs et vaincus, se retrouvant frères, prodigueront les mêmes soins du corps et de l’âme aux blessés des deux camps : énergie persévérante du ferment surnaturel qui transforme progressivement l’humanité depuis dix-huit siècles, et agit à la fin sur ceux-là même qui continuent de nier sa puissance !

Or c’est un serviteur de cette conduite merveilleuse de la Providence, et l’un des plus glorieux, que nous fêtons en ce jour. La paix, fille du ciel, mêle ses reflets divins à l’auréole brillante qui rayonne sur son front. Noble enfant de la catholique Espagne, il prépara les grandeurs de sa patrie, non moins que ne le firent les héros des combats où le Maure succombait sans retour. Au moment où s’achevait la croisade huit fois séculaire qui chassa le Croissant du sol ibérique, lorsque les multiples royaumes de cette terre magnanime se rassemblaient dans l’unité d’un seul sceptre, l’humble ermite de Saint-Augustin fondait dans les cœurs cette unité puissante inaugurant déjà les gloires du XVIe siècle. Quand il parut, les rivalités qu’un faux point d’honneur excite trop facilement dans une nation armée, souillaient l’Espagne du sang de ses fils versé par des mains chrétiennes ; la discorde, abattue par ses mains désarmées, forme le piédestal où il reçoit maintenant les hommages de l’Église.

Vous méritiez, bienheureux Saint, d’apparaître au ciel de l’Église en ces semaines qui relèvent immédiatement de la glorieuse Pentecôte. Longtemps à l’avance, Isaïe, contemplant le monde au lendemain de l’avènement du Paraclet, décrivait ainsi le spectacle offert à ses yeux prophétiques : « Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds des messagers de la paix, des porteurs du salut disant à Sion : Ton Dieu va régner [3] ! » C’étaient les Apôtres, prenant pour Dieu possession du monde, qu’admirait ainsi le Prophète ; mais leur mission, telle qu’il la définit dans son enthousiasme inspiré, ne fut-elle pas aussi la vôtre ? Le même Esprit qui les animait dirigea vos voies ; le Roi pacifique vit par vous son sceptre affermi dans une des plus illustres nations formant son empire. Au ciel où vous régnez avec lui, la paix qui fut l’objet de vos travaux est aujourd’hui votre récompense. Vous éprouvez la vérité de cette parole que le Maître avait dite en pensant à ceux qui vous ressemblent, à tous ceux qui, apôtres ou non, établissent du moins la paix dans la terre de leurs cœurs : « Bienheureux les pacifiques ; car ils seront appelés fils de Dieu [4] ! » Vous êtes entré en possession de l’héritage du Père ; le béatifiant repos de la Trinité sainte remplit votre âme, et s’épanche d’elle jusqu’à nos froides régions en ce jour.

Continuez à l’Espagne, votre patrie, le secours qui lui fut si précieux. Elle n’occupe plus dans la chrétienté cette place éminente qui fut la sienne après votre mort glorieuse. Persuadez-la que ce n’est pas en prêtant l’oreille toujours plus aux accents d’une fausse liberté, qu’elle retrouvera sa grandeur. Ce qui l’a faite dans le passé puissante et forte, peut toujours attirer sur elle les bénédictions de Celui par qui règnent les rois [5]. Le dévouement au Christ fut sa gloire, l’attachement à la vérité son trésor. La vérité révélée met seule les hommes dans la vraie liberté [6] ; seule encore, elle peut garder indissolublement uni dans une nation le faisceau des intelligences et des volontés : lien puissant, qui assure la force d’un pays en dehors de ses frontières, et au dedans la paix. Apôtre de la paix, rappelez donc à votre peuple, apprenez à tous, que la fidélité absolue aux enseignements de l’Église est le seul terrain où des chrétiens puissent chercher et trouver la concorde.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Voici un illustre représentant de l’un des plus insignes instituts religieux du moyen âge, qui, sous la règle et le nom du Docteur d’Hippone, ont orné leurs fastes de famille, au service de l’Église universelle, de la gloire de la sagesse et de la sainteté. Saint Jean de Saint-Facond est célèbre par ses quotidiennes extases durant la célébration du divin sacrifice. Dans l’Hostie consacrée il voyait Jésus-Christ, comme un soleil resplendissant entouré et adoré par les Anges. De même, dans le mystère du Verbe de Dieu fait chair et immolé pour nous, il était élevé à l’intelligence de son éternelle génération par le Père, comme à celle de la procession du Paraclet, qui a à la fois le Père et le Fils pour principe. Saint Jean de Saint-Facond mourut empoisonné, semble-t-il, le 11 juin 1479, et fut canonisé par Alexandre VIII en 1690.

La messe (Os iusti) est du commun, sauf la première collecte : « O Dieu, auteur de la paix et source de l’amour, vous qui avez revêtu votre confesseur Jean d’un don spécial pour apaiser les différends, accordez-nous, par ses mérites et par ses prières, d’être fermes dans votre amour et de ne nous laisser éloigner de vous par aucune épreuve. Par notre Seigneur ».

C’est le propre des hommes parfaits dans l’amour d’éprouver en eux-mêmes une paix inaltérable et de s’en faire les apôtres près d’autrui. C’est d’eux en effet qu’il est dit : bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés fils de Dieu.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Bienheureux les pacifiques.

Saint Jean. Jour de mort : 11 juin 479. Tombeau : A Salamanque, en Espagne. Image : On le représente en ermite de Saint Augustin, marchant sur les flots. Vie : Jean était issu d’une riche famille. Étant tombé dans une grave maladie, il fit vœu, s’il guérissait, de mener une vie plus austère. Pour exécuter son dessein, il commença par donner à un pauvre qui allait presque nu le meilleur de ses deux vêtements. Puis il entra dans l’ordre des Ermites de Saint-Augustin, à Salamanque (1463). Cet ordre était alors universellement réputé à cause de la sévérité de sa règle et sa discipline austère. Jean eut souvent la faveur de voir Notre-Seigneur à la sainte messe. Il puisait la connaissance des plus profonds mystères à la source même de la divinité. Il lisait dans les cœurs et connaissait l’avenir d’une manière précise. — Il ressuscita la fille de son frère, âgée de sept ans. Il mourut probablement empoisonné.

Pratique. — La grâce principale de notre saint était de réconcilier les adversaires et de rétablir la paix. Que ce soit notre pratique en ce jour. Avec quelle rapidité se produisent la division et les conflits entre nous ! Essayons de. participer à la béatitude promise par le Seigneur : Bienheureux les pacifiques. Songeons que le salut de paix, la prière de paix et le baiser de paix à la messe ne doivent pas être des cérémonies vaines. La messe (Os justi) est du commun des Confesseurs). L’oraison demande à Dieu, l’auteur de la paix et l’ami de la charité, de nous donner, par l’intercession du saint pacifique, le bienfait de la paix.

[1] Johan. XIV, 27.

[2] Isai. XXXII, 18.

[3] Isai. LII, 7.

[4] Matth. V, 9.

[5] Prov. VIII, 16.

[6] Johan. VIII, 32.