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27/05 St Jean Ier, pape et martyr

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Sommaire

  Messe après 1942  
  Messe avant 1942  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Translation à St-Pierre de Rome le 27 mai 530. Pape de 523 à 526. Mort de faim en prison le 18 mai 526.

Les calendriers indiquent ce jour Reportatio Iohannis Papae. Son culte liturgique se développa au XIe siècle et il fut au calendrier au XIIe siècle.

Missa post 1942

Messe après 1942

Eodem die 27 maii
ce même 27 mai
Sancti Ioannis I
Saint Jean Ier
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Missa Si díligis me, de Communi Summorum Pontificum.Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes.
Missa ante 1942

Messe avant 1942

Eodem die 27 maii
ce même 27 mai
Sancti Ioannis I
Saint Jean Ier
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Tempore paschali, Missa Protexísti, de Communi Martyrum I loco, cum orationibus ut infra.Au Temps pascal, Messe Protexísti, du Commun des Martyrs I, avec les oraisons ci-dessous.
Extra Tempus paschale, Missa Sacerdótes Dei, de Communi unius Martyris 2 loco.Hors du Temps pascal, Messe Sacerdótes Dei, du Commun d’un Martyr 2.
Oratio CCollecte C
Deus, qui nos beáti Ioánnis Mártyris tui atque Pontíficis ánnua sollemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, cuius natalítia cólimus, de eiúsdem étiam protectióne gaudeámus. Per Dóminum.O Dieu, qui nous donnez chaque année un nouveau sujet de joie par la solennité de votre Martyr et Pontife, le bienheureux Jean, accordez-nous, dans votre miséricorde, de pouvoir ressentir les effets de la protection de celui dont nous célébrons la naissance.
Secreta CSecrète C
Múnera tibi, Dómine, dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Ioánne Mártyre tuo atque Pontífice, per éadem nos placátus inténde. Per Dóminum.Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et le bienheureux Jean, votre Martyr et Pontife, jetez sur nous un regard de paix et de bonté.
Postcommunio CPostcommunion C
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáto Ioánne Mártyre tuo atque Pontífice, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum.Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes, et, par l’intercession du bienheureux Jean, votre Martyr et Pontife, nous rende participants du céleste salut.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Neuvième leçon. Jean, né dans l’Étrurie gouverna l’Église sous l’empire de Justin l’Ancien, qu’il alla voir à Constantinople pour implorer son secours, parce que Théodoric ravageait l’Italie. Dieu signala par des miracles le voyage du Pontife. Un homme de condition lui ayant prêté, pour se rendre à Corinthe, le cheval dont sa femme se servait, comme étant très doux, il arriva que, dans la suite, cet animal, rendu à son maître, se montra dès lors tellement intraitable que, toutes les fois que sa maîtresse voulait le monter, il s’agitait et se secouait jusqu’à ce qu’il l’eût jetée à terre, comme s’il fût indigné de porter une femme, après avoir porté le Vicaire de Jésus-Christ ; aussi le mari et la femme donnèrent-ils le cheval au Pontife. Mais un prodige plus grand eut lieu à Constantinople, à l’entrée de la porte d’Or : car le saint Pape y rendit la vue à un aveugle, en présence d’une foule immense qui était accourue avec l’empereur au-devant du Pontife, pour lui rendre honneur. Le monarque se prosterna même à ses pieds et lui témoigna sa vénération. Les affaires étant réglées avec l’empereur, Jean retourna en Italie et écrivit aussitôt à tous les Évêques de ce pays, leur ordonnant de consacrer au culte catholique les églises des Ariens et ajoutant ces paroles : « Nous-même, durant le séjour que nous avons fait à Constantinople, pour le bien de la religion catholique et à cause du roi Théodoric, nous avons consacré dans ces contrées comme églises catholiques, toutes celles que nous avons pu recouvrer ». Théodoric, irrité de cette conduite, usa de ruse pour attirer le Pape à Ravenne et le fit jeter en prison. L’insalubrité du lieu et les dures privations que Jean eut à subir, mirent fin à sa vie en peu de jours. Il avait siégé deux ans, neuf mois et quatorze jours, et sacré durant ce temps quinze Évêques. Théodoric mourut peu après ; et saint Grégoire raconte à son sujet qu’un ermite vit ce prince précipité dans le cratère de Lipari, en présence du Pape Jean et du patricien Symmaque, qu’il avait aussi fait mourir : en sorte que ces deux hommes, de la mort desquels il était coupable, auraient assisté comme juges à sa terrible fin. Le corps de Jean, porté de Ravenne à Rome, fut enseveli dans la basilique de Saint-Pierre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La palme du martyre n’a pas été conquise par ce saint pape dans une victoire remportée sur quelque prince païen ; il l’a gagnée en luttant pour la liberté de l’Église contre un roi chrétien. Mais ce roi était hérétique, et par conséquent ennemi de tout pontife zélé pour le triomphe de la vraie foi. La situation du vicaire de Jésus-Christ ici -bas est une situation de lutte, et souvent il arrive qu’un pape est véritablement martyr sans avoir versé son sang. Saint Jean Ier, que nous honorons aujourd’hui, n’a pas succombé sous le glaive ; un indigne cachot a été l’instrument de son martyre ; mais bien d’autres pontifes brilleront au ciel en sa compagnie, sans avoir même porté le poids des chaînes : le Vatican a été leur Calvaire. Ils ont vaincu et ils ont succombé sans éclat, laissant au ciel le soin de venger leur cause : tel fut entre autres l’angélique Clément XIII au siècle dernier.

Celui qui paraît aujourd’hui sur le Cycle exprime dans sa conduite la pensée qui doit inspirer tout membre de l’Église, s’il est digne de sa mère. Saint Jean Ier nous apprend que nous ne devons jamais pactiser avec l’hérésie, ni prendre part aux mesures qu’une politique mondaine croit devoir instituer pour lui assurer des droits. Si les siècles, aidés de l’indifférence religieuse des gouvernements, ont légué la tolérance et même le privilège de l’égalité aux sectes qui ont rompu avec l’Église, nous pouvons subir cette situation qui est la plus grave atteinte à la constitution chrétienne d’un État ; mais notre conscience catholique nous interdit de la louer et de la considérer comme un bien. En quelque condition que la divine Providence nous ait placés, nous n’en devons pas moins puiser nos inspirations dans la foi de notre baptême, dans l’enseignement et dans la pratique infaillibles de l’Église, hors desquels il n’y a que contradiction, péril et naufrage.

Vous avez cueilli la palme, saint Pontife, en confessant la sainteté immaculée de l’Église. Cette Épouse du Fils de Dieu « n’a ni tache ni ride [1], » comme nous dit l’Apôtre ; et c’est pour cela qu’elle ne peut habiter avec l’hérésie dans la terre que son Époux divin lui a assignée en dot. Des jours sont venus où les hommes, épris des calculs et des intérêts de ce monde passager, ont résolu de régler la société humaine sans plus tenir compte des droits du Fils de Dieu, de qui procède tout ordre social comme toute vérité. Ils ont refoulé l’Église dans le cœur de ses fidèles, et se sont complus à élever de toutes parts des temples pour les sectes qui se sont révoltées contre elle. Le catholique Mexique a vu s’accomplir cet attentat au grand jour, et Dieu ne l’a pas laissé sans vengeance. Saint Pontife, réveillez dans les cœurs des chrétiens d’aujourd’hui le sentiment du droit imprescriptible de la vérité divine. Nous pourrons alors nous abaisser devant les nécessités imposées par le triomphe fatal de l’erreur, dans l’âge qui nous a précédés, sans accepter comme un progrès l’égalité que l’on affecte d’établir entre l’erreur et la vérité. Dans votre prison, vaillant martyr, vous avez proclamé le droit de l’Église unique ; au milieu de la défection prédite par l’Apôtre [2], gardez-nous des lâches complaisances, des entraînements funestes, de la légèreté coupable qui fait tant de victimes en ces jours ; et que notre dernière parole, au sortir de ce monde, soit celle que le Fils de Dieu a daigné nous apprendre lui-même : « O vous qui êtes notre père, que votre Nom soit sanctifié, que votre règne arrive ! »

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Ce saint Pontife a le titre de martyr, parce qu’il mourut de privations et de misère à Ravenne, victime de la politique arienne du roi Théodoric. Dans ses Dialogues, saint Grégoire le Grand parle des miracles accomplis par saint Jean Ier durant son voyage à Constantinople [3], et de la guérison d’un aveugle, opérée par lui aux portes de la ville impériale et dont le souvenir était encore vivant chez les Grecs au temps de saint Grégoire. Épuisé par les peines et les travaux, Jean Ier mourut le 18 mai 526, mais son corps, transporté à Rome, fut déposé dans un tombeau situé sous le portique de la basilique vaticane le 27 seulement, jour auquel Usuard attribue sa mémoire.

L’épigraphe sépulcrale de Jean Ier a été conservée seulement, mais affreusement mutilée, dans le recueil des inscriptions de la basilique vaticane (Bibl. Nat. de Paris, fonds lat. 8071). De Rossi l’a reconstituée tant bien que mal :

(Quisquis • ) AD • AETERN[a]M • FESTINAT • TENDERE • VTTAM
(Ille • viam • ex)QVIRAT • QVA • LICET • IRE • PIIS
TRAMITE • QVO • FRETVS • CAELESTIA • REGNA • SACERDOS
INTRAVIT • MERITIS • ANTE • PA(rata) • SVIS
... MAGIS • VIVENS • COMMERCIA • GRATA • PEREGIT
PERDIDIT • VT • POSSET • SEMPER • HABERE • DEVM
ANTISTES • DOMINI • PROCVMBIS • VICTIMA • CHRISTI
PONTIFICES • SVMMO • SIC • PLACVERE • DEO
Que celui qui a hâte d’arriver à la vie éternelle,
Recherche la route battue par les saints.
Par cette route, aplanie par ses mérites,
Ce Pontife arriva au royaume céleste.
Ici-bas il fit un heureux échange,
II donna sa vie pour posséder Dieu éternellement.
Toi, ô Prêtre du Seigneur, tu succombas, victime du Christ ;
C’est ainsi que les Pontifes se rendirent agréables au grand Dieu.

La légation de Jean Ier à Constantinople est importante pour l’histoire de la primauté pontificale, qui, à cette occasion, fut solennellement reconnue par les Byzantins, si bien que l’empereur Justin voulut recevoir à nouveau, des mains de Jean, le diadème impérial, quoiqu’il eût déjà été couronné par le patriarche Épiphane. Marcellin ajoute même (Philoxeno et Probo conss.) que Jean : Dexter dextrum Ecclesiae insedit solium, dieque Domini nostri resurrectionis, plena voce, romanis precibus celebravit. Pour exprimer la suprématie de Rome, non seulement le Pontife fut donc placé à droite, mais le jour même de Pâques il célébra le Sacrifice solennel romanis precibus, c’est-à-dire selon le rit habituel de Rome.

Jean Ier fut très favorable au culte des martyrs, et le Liber Pontificalis lui attribue des réparations fort importantes dans les cimetières de Priscille, de Félix et Adauctus et de Domitille.

La messe [4], durant le temps pascal, est du Commun de ce temps ; hors de ce temps, c’est la messe Sacerdótes Dei. Dans l’un et l’autre cas, les collectes sont celles mêmes de la messe Sacerdótes Dei.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Jean. — Le saint pape régna de 523 à 526. Il fit le voyage de Constantinople pour demander secours à l’empereur Justin II contre le roi arien, Théodoric. A son retour, Théodoric l’invita traîtreusement à se rendre à Ravenne. Il le fit jeter dans une prison sordide où il mourut de faim le 18 mai 526. Son corps fut transporté à Rome dans l’église Saint-Pierre. Jean, entre autres mérites, développa le culte des martyrs.

[1] Eph. V, 27.

[2] II Thess. II, 3.

[3] Lib. III, c. 2. P. L., LXXVII, col. 221.

[4] Avant 1942.