Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Mort en Irlande vers 461. La date du 17 mars est attestée dans la vie de Ste Gertrude de Nivelles.
Sa fête est répandue au VIIIe siècle en Irlande, gagne l’Angleterre au Xe. C’est le Pape Urbain VIII qui l’inscrivit comme mémoire au calendrier romain en 1632, Innocent XI en fit une fête semi double en 1687, et Pie IX un double en 1859.
Missa Státuit, de Communi Confessoris Pontificis I loco, præter orationem sequentem : | Messe Státuit, du Commun d’un Confesseur Pontife I, sauf l’oraison suivante : |
Oratio P | Collecte P |
Deus, qui ad prædicándam géntibus glóriam tuam beátum Patrícium Confessórem atque Pontíficem míttere dignátus es : eius méritis et intercessióne concéde ; ut, quæ nobis agénda prǽcipis, te miseránte adimplére póssimus. Per Dóminum nostrum. | O Dieu, qui avez daigné envoyer le bienheureux Patrice, votre Confesseur et Pontife, pour prêcher votre gloire aux nations, accordez-nous, par ses mérites et son intercession, de pouvoir accomplir, à l’aide de votre grâce miséricordieuse, les devoirs que vous nous prescrivez. |
Secreta C | Secrète C |
Sancti tui, quǽsumus, Dómine, nos ubíque lætíficant : ut, dum eórum mérita recólimus, patrocínia sentiámus. Per Dóminum. | Que le souvenir de vos Saints nous soit, ô Seigneur, en tous lieux, un sujet de joie, afin que nous ressentions la protection de ceux dont nous célébrons à nouveau les mérites. |
Postcommunio C | Postcommunion C |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, de percéptis munéribus grátias exhibéntes, intercedénte beáto Patrício Confessóre tuo atque Pontífice, benefícia potióra sumámus. Per Dóminum. | Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’en rendant grâces pour les dons reçus, nous recevions plus de bienfaits encore grâce à l’intercession du bienheureux Patrice votre Confesseur et Pontife. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Patrice, appelé l’Apôtre de l’Irlande, naquit dans la Grande-Bretagne ; il était fils de Calphurnius et de Conchessa, que l’on dit avoir été parente de saint Martin, Évêque de Tours. Dans sa jeunesse, il fut à plusieurs reprises emmené en captivité par les barbares, qui l’employèrent à garder les troupeaux, et dès lors il donna des indices de sa sainteté future. En effet, l’âme remplie de foi, de crainte de Dieu et d’amour, il se levait diligemment avant l’aube, pour aller, malgré la neige, la gelée et les pluies, offrir à Dieu ses prières : il avait coutume de le prier cent fois durant le jour et cent fois la nuit. Délivré de sa troisième servitude, il embrassa la cléricature, et s’appliqua longtemps à l’étude de l’Écriture sainte. Après avoir parcouru, non sans beaucoup de fatigues, les Gaules, l’Italie et les îles de la mer Tyrrhénienne, il fut divinement inspiré d’aller travailler au salut des Irlandais ; ayant reçu du Pape saint Célestin le pouvoir d’annoncer l’Évangile, il fut sacré évêque, et se rendit en Hibernie.
Cinquième leçon. Il est admirable de voir combien cet homme apostolique souffrit de tribulations dans l’accomplissement de sa mission, que de fatigues et de peines il supporta, que d’obstacles il eut à surmonter. Mais par le secours de la divine bonté, cette terre, qui auparavant adorait les idoles, porta bientôt de si heureux fruits à la prédication de Patrice, qu’elle fut dans la suite appelée l’île des Saints. Il régénéra des peuples nombreux dans les eaux saintes du baptême ; il ordonna des Évêques et un grand nombre de clercs ; il donna des règles aux vierges et aux veuves qui voulaient vivre dans la continence. Par l’autorité du Pontife romain, il établit l’Église d’Armach métropolitaine de toute l’île, et l’enrichit de saintes reliques apportées de Rome. Les visions d’en haut, le don de prophétie, de grands miracles et des prodiges dont Dieu le favorisa, jetèrent un tel éclat, que la renommée de Patrice se répandit au loin.
Sixième leçon. Malgré la sollicitude quotidienne que demandaient ses Églises, Patrice persévérait, avec une ferveur infatigable, dans une oraison continuelle. On rapporte qu’il avait coutume de réciter chaque jour tout le Psautier, avec les Cantiques et les Hymnes, et deux cents oraisons ; en outre, il adorait Dieu trois cents fois, les genoux en terre, et à chaque Heure canoniale, il se munissait cent fois du signe de la croix. Partageant la nuit en trois parties, il employait la première à réciter cent Psaumes et à faire deux cents génuflexions ; il passait la deuxième à réciter les cinquante autres Psaumes, plongé dans l’eau froide, et le cœur, les yeux, les mains élevées vers le ciel ; il consacrait la troisième à un léger repos, étendu sur la pierre nue. Plein de zèle pour la pratique de l’humilité, il travaillait de ses mains, comme avait fait l’Apôtre. Enfin, épuisé par des fatigues continuelles endurées pour l’Église, illustre par ses paroles et par ses œuvres, parvenu à une extrême vieillesse, et fortifié par les divins mystères, il s’endormit dans le Seigneur ; il fut enseveli à Down, dans l’Ultonie, au Ve siècle de l’ère chrétienne.
C’est l’Apôtre de tout un peuple que l’Église propose aujourd’hui à nos hommages : le grand Patrice, l’illuminateur de l’Irlande, le père de ce peuple fidèle dont le martyre dure depuis trois siècles. En lui resplendit le don de l’apostolat que le Christ a déposé dans son Église, et qui doit s’y perpétuer jusqu’à la consommation des temps. Les divins envoyés du Seigneur se partagent en deux classes. Il en est qui ont reçu la charge de défricher une portion médiocre de la gentilité, et d’y répandre la semence qui germe avec plus ou moins d’abondance, selon la malice ou la docilité des hommes ; il en est d’autres dont la mission est comme une conquête rapide qui soumet à l’Évangile des nations entières Patrice appartient à cette classe d’Apôtres ; et nous devons vénérer en lui un des plus insignes monuments de la miséricorde divine envers les hommes.
Admirons aussi la solidité de son œuvre. C’est au Ve siècle, tandis que l’île des Bretons était encore presque tout entière sous les ombres du paganisme ; que la race franque n’avait pas encore entendu nommer le vrai Dieu ; que l’immense Germanie ignorait profondément la venue du Christ sur la terre, que toutes les régions du Nord dormaient dans les ténèbres de l’infidélité ; c’est avant le réveil successif de tant de peuples, que l’Hibernie reçoit la nouvelle du salut. La parole divine, apportée par le merveilleux apôtre, prospère dans cette île plus fertile encore selon la grâce que selon la nature. Les saints y abondent et se répandent sur l’Europe entière ; les enfants de l’Irlande rendent à d’autres contrées le même service que leur patrie a reçu de son sublime initiateur. Et quand arrive l’époque de la grande apostasie du XVIe siècle, quand la défection germanique est tour à tour imitée par l’Angleterre et par l’Écosse, par le Nord tout entier, l’Irlande demeure fidèle ; et aucun genre de persécution, si habile ou atroce qu’il soit, n’a pu la détacher de la sainte foi que lui enseigna Patrice.
Honorons l’homme admirable dont le Seigneur a daigné se servir pour jeter la semence dans une terre si privilégiée.
Votre vie, ô Patrice, s’est écoulée dans les pénibles travaux de l’Apostolat ; mais qu’elle a été belle, la moisson que vos mains ont semée, et qu’ont arrosée vos sueurs ! Aucune fatigue ne vous a coûté, parce qu’il s’agissait de procurer à des hommes le précieux don de la foi ; et le peuple à qui vous l’avez confié l’a gardé avec une fidélité qui fera à jamais votre gloire. Daignez prier pour nous, afin que cette foi, « sans laquelle l’homme ne peut plaire à Dieu [1] », s’empare pour jamais de nos esprits et de nos cœurs. C’est de la foi que le juste vit [2], nous dit le Prophète ; et c’est elle qui, durant ces saints jours, nous révèle les justices du Seigneur et ses miséricordes, afin que nos cœurs se convertissent et offrent au Dieu de majesté l’hommage du repentir. C’est parce que notre foi était languissante, que notre faiblesse s’effrayait des devoirs que nous impose l’Église. Si la foi domine nos pensées, nous serons aisément pénitents. Votre vie si pure, si pleine de bonnes œuvres, fut cependant une vie mortifiée ; aidez-nous à suivre de loin vos traces. Priez, ô Patrice, pour l’Ile sainte dont vous êtes le père et qui vous honore d’un culte si fervent. De nos jours, elle est menacée encore ; plusieurs de vos enfants sont devenus infidèles aux traditions de leur père. Un fléau plus dangereux que le glaive et la famine a décimé de nos jours votre troupeau ; ô Père ! Protégez les enfants des martyrs, et défendez-les de la séduction. Que votre œil aussi suive jusque sur les terres étrangères ceux qui, lassés de souffrir, sont allés chercher une patrie moins impitoyable. Qu’ils y conservent le don de la foi, qu’ils y soient les témoins de la vérité, les dociles enfants de l’Église ; que leur présence et leur séjour servent à l’avancement du Royaume de Dieu. Saint Pontife, intercédez pour cette autre Ile qui fut votre berceau ; pardonnez-lui ses crimes envers vos enfants ; avancez par vos prières le jour où elle pourra rentrer dans la grande unité catholique. Enfin souvenez-vous de toutes les provinces de l’Église ; voire prière est celle d’un Apôtre ; elle trouvera accès auprès de celui qui vous a envoyé.
Cet apôtre de l’Irlande (+ 464), à la vie si austère et si merveilleuse, sema en ces régions lointaines le grain évangélique avec un si heureux succès que, à cause de l’innombrable armée de saints qu’elle produisit, la verte Erin mérita au moyen âge le beau titre d’Ile des Saints, gloire que trois siècles de dures persécutions contre la foi catholique de la part de l’Église anglicane ne purent éclipser. En considération de la foi vigoureuse de ce peuple de héros, Pie IX, en 1859, éleva la fête de saint Patrice (qui apparaît toutefois dans les bréviaires romains dès le XVe siècle) au rite double.
Patrice peut être vraiment regardé comme le patriarche de l’épiscopat et du monachisme irlandais, monachisme dont l’histoire eut une répercussion sur toute l’Europe médiévale, partout où les Scots errants plantèrent leurs tentes et importèrent leurs traditions. Rome chrétienne a dédié, près de la voie Salaria, une église nouvelle à ce grand Apôtre des Irlandais. Mais même anciennement, l’hospice irlandais Scottorum, devenu par la suite l’abbaye SS. Trinitatis, près du Titre de Saint-Laurent in Damaso, attestait l’élan de foi et d’amour pour Rome catholique que la prédication de saint Patrice avait imprimé au sentiment religieux des Irlandais.
La messe est celle du Commun des Confesseurs Pontifes, Státuit, mais la première collecte est propre. Si la sainteté est nécessaire à tous, elle l’est principalement aux supérieurs ecclésiastiques et à tous ceux qui, dans les desseins de la Providence, sont appelés à fonder ou à constituer une société quelconque. Ceux qui viennent par la suite doivent se garder d’en changer l’esprit et les traditions, mais pour cela, il faut que les fondateurs aient transmis à leur œuvre un feu si puissant de vie intérieure et de sainteté, que celui-ci enflamme le cœur des lointaines générations de leurs disciples. C’est en ce sens qu’on peut entendre la parole de l’apôtre, disant que ce sont les parents qui sont obligés d’amasser un patrimoine pour leurs enfants, et non pas ceux-ci pour leurs parents.
Saint Patrice, délivrez l’île de notre âme de tous les reptiles venimeux et faites-en une véritable « île de saints ».
Saint Patrice : Jour de mort : 17 mars 464. — Tombeau : à Down, en Irlande. Image : On le représente en évêque, avec des serpents à ses pieds, ou bien avec un trèfle à trois feuilles. Vie : Saint Patrice est l’apôtre de l’Irlande. « La vie de ce grand homme, qui unissait à l’obstination celtique une profondeur étonnante de foi, est riche en événements merveilleux dont on ne peut nier le caractère historique. Ce qui est encore plus merveilleux, c’est la reconnaissance de la postérité qui a transformé la biographie du saint en entourant sa personne d’une couronne de légendes, comme on ne l’a fait que pour peu de saints. On connaît la légende d’après laquelle il aurait expulsé et fait jeter dans la mer tous les serpents et toutes les bêtes dangereuses de l’Irlande. Quoi qu’il en soit, c’est un fait qu’aujourd’hui encore, on ne trouve en Irlande ni serpents, ni taupes, ni mulots. Aussi cette légende indique sans doute que Patrice, en introduisant le christianisme, transforma aussi la culture de la terre (Kaulen). Le saint adopta l’antique usage païen d’allumer un feu sacré dans la nuit de Pâques et christianisa cet usage. Les moines irlandais l’apportèrent à Rome. De là, il se répandit dans toute l’Église sous la forme de bénédiction du feu, le Samedi-Saint.
Pratique. Le saint a fait de la verte Erin, où dominait le culte des idoles, une île des saints. Qu’il daigne continuer cette œuvre dans nos âmes !