Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Morts entre 1242 et 1310. Canonisés en 1887. Fête la même année.
Ant. ad Introitum. Sap. 10, 20-21. | Introït |
Iusti decantavérunt, Dómine, nomen sanctum tuum, et victrícem manum tuam laudavérunt páriter : quóniam sapiéntia apéruit os mutum et linguas infántium fecit disértas. | Les justes, Seigneur, chantèrent en chœur votre saint Nom, glorifiant de même votre bras victorieux : la Sagesse, en effet, ouvrit les lèvres du muet et rendit éloquente la langue des petits enfants. |
Ps. 8, 2. | |
Dómine, Dóminus noster, quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra ! | O Seigneur, notre Seigneur, combien merveilleuse est votre gloire dans tout l’univers ! |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Dómine Iesu Christe, qui, ad recoléndam memóriam dolórum sanctíssimæ Genetrícis tuæ, per septem beátos Patres nova Servorum eius família Ecclésiam tuam fœcundásti : concéde propítius ; ita nos eórum consociári flétibus, ut perfruámur et gáudiis : Qui vivis. | O Seigneur Jésus-Christ, qui, dans le but de faire honorer la mémoire des douleurs de votre très sainte Mère, avez, par l’entremise de sept Bienheureux, doté l’Église de la nouvelle famille de ses Serviteurs, daignez nous accorder de nous associer à leurs larmes, de manière à. être admis à partager aussi leurs joies. |
Lectio libri Sapientiæ. | Lecture du Livre de la Sagesse. |
Eccli. 44, 1-15. | |
Laudémus viros gloriósos et paréntes nostros in generatióne sua. Multam glóriam fecit Dóminus magnificéntia sua a sǽculo. Dominántes in potestátibus suis, hómines magni virtúte et prudéntia sua prǽdití, nuntiántes in prophétis dignitátem prophetárum, et imperántes in præsénti pópulo, et virtúte prudéntiæ pópulis sanctíssima verba. In perítia sua requiréntes modos músicos, et narrántes cármina Scriptutárum. Hómines dívites in virtúte, pulchritúdinis stúdium habentes : pacificántes in dómibus suis. Omnes isti in generatiónibus gentis suæ glóriam adépti sunt, et in diébus suis habéntur in láudibus. Qui de illis nati sunt reliquérunt nomen narrándi laudes eórum. Et sunt quorum non est memória periérunt quasi quí non fúerint, et nati sunt quasi non nati, et fílii ipsórum cum ipsis. Sed illi viri misericórdiæ sunt quorum pietátes non defuérunt : cum sémine eórum pérmanent .bona ; hæréditas sancta népotes eórum, et in testaméntis stetit semen eórum, et fílii eórum propter illos usque in ætérnum manent. Semen eórum et glória eórum non derelinquétur. Córpora ipsórum in pace sepúlta sunt, et nomen eó-rum vivit in generatiónem et generatiónem. Sapientiam ipsórum narrent pópuli, et laudem eórum núntiet Ecclesia. | Faisons l’éloge de ces hommes illustres que sont les fondateurs de notre famille. En eux, le Seigneur a fait une œuvre éclatante : dès l’origine il a manifesté par eux sa magnificence. Ce furent de vrais chefs dans l’exercice de leur responsabilité. Leur force et leur sagesse leur donnaient une grande autorité. Doués d’une clairvoyance prophétique, ils se montrèrent pour le peuple des guides à la décision ferme et à la doctrine très sûre. Ils ont composé de belles mélodies pour faire chanter les psaumes. Riches en vertu, ayant le goût de la beauté, ils ont fait régner la paix dans leurs maisons. Ils firent tous l’admiration de leurs contemporains, furent pour leur époque un sujet de fierté, et laissèrent un grand nom aux fils qui leur sont nés. Tant d’hommes sont oubliés, qui sont passés comme s’ils n’avaient jamais existé, qui ont vécu comme s’ils n’étaient pas nés, et leurs descendants avec eux ! Mais nos pères, étaient des hommes si pleins de charité que leurs vertus ne pouvaient être oubliées. Leur bonheur reste attaché à leur descendance ; un saint héritage est confié à leurs enfants, qui gardent fidèlement leur testament. Et voilà pourquoi cette famille ne disparaît pas, et sa gloire ne s’éteint pas. Leurs restes reposent en paix ; et leur souvenir survit de génération en génération. Les peuples continuent de célébrer leur sagesse, et l’Église de publier leur éloge. |
Graduale. Is. 65, 23. | Graduel |
Electi mei non laborábunt frustra, neque germinábunt in conturbatióne : quia semen benedictórum Dómini est, et nepótes eórum cum eis. | Mes élus ne travailleront pas en vain, et ils n’engendreront pas dans l’angoisse, car ils sont une race bénie du Seigneur, et avec eux seront leurs petits-enfants. |
V/. Eccli. 44, 14. Córpora ipsorum in pace sepúlta sunt, et nomen eórum vivit in generatiónem et generatiónem. | V/. Leurs corps ont été ensevelis dans la paix, et leurs noms vivronts d’âge en âge. |
Allelúia, allelúia. V/. Ibid., 15. Sapiéntiam ipsorum narrent pópuli, et laudem eórum núntiet Ecclésia. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Que les peuples racontent leur sagesse, et que l’assemblée publie leurs louanges. Alléluia. |
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | Après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit |
Tractus. Ps. 125, 5-6. | Trait |
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent. | Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. |
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua. | V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences. |
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos. | V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes. |
¶ In missis votivis Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | ¶ Aux messes votives pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 44, 15. Sapiéntiam ipsorum narrent pópuli, et laudem eórum núntiet Ecclésia. | Allelúia, allelúia. V/. Que les peuples racontent leur sagesse, et que l’assemblée publie leurs louanges. |
Allelúia. V/. Ps. 36, 28. Non derelínquet Dóminus sanctos suos : in ætérnum conservabúntur. Allelúia. | Allelúia. V/. Le Seigneur ne laisse pas ses Saints dans l’abandon, mais ils demeureront éternellement. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 19, 27-29. | |
In illo témpore : Dixit Petrus ad Iesum : Ecce, nos relíquimus ómnia, et secúti sumus te : quid ergo erit nobis ? Iesus autem dixit illis : Amen, dico vobis, quod vos, qui secuti estis me, in regeneratióne, cum séderit Fílius hóminis in sede maiestátis suæ, sedébitis et vos super sedes duódecim, iudicántes duódecim tribus Israël. Et omnis, qui relíquerit domum, vel fratres, aut soróres, aut patrem, aut matrem, aut uxórem, aut fílios, aut agros, propter nomen meum, céntuplum accípiet, et vitam ætérnam possidébit. | En ce temps-là, Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi ; qu’y aura-t-il donc pour nous ? Jésus leur dit : En vérité, je vous le dis, vous qui m’avez suivi, lorsque, au temps de la régénération, le Fils de l’homme siégera sur le trône de sa gloire, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de mon nom, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle. |
Ant. ad Offertorium. Is. 56, 7. | Offertoire |
Addúcam eos in montem sanctum meum, et lætificábo eos in domo oratiónis meæ : holocáusta eórum et víctimæ eórum placébunt mihi super altáre meum. | Je les conduirai à ma sainte montagne, et je les consolerai dans ma maison de prière ; leurs holocaustes et leurs victimes me seront agréables sur l’autel qui m’est dédié. |
Secreta | Secrète |
Accipe, quǽsumus, Dómine, hóstias quas tibi offérimus : et præsta ; ut, intercedéntibus Sanctis tuis, libera tibi mente serviámus, et perdoléntis Vírginis Genetrícis Fílii tui amóre inflammémur. Per eúndem Dóminum. | Accueillez, Seigneur, les hosties que nous vous offrons, et par l’intercession de vos saints, accordez-nous de vous servir dans la liberté du cœur, et de brûler d’amour envers la Mère affligée de votre Fils. |
Ant. ad Communionem. Ioann. 15, 16. | Communion |
Ego vos elégi de mundo, ut eátis et fructum afferátis : et fructus vester maneat. | C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. |
Postcommunio | Postcommunion |
Cæléstibus refécti mystériis te, Dómine, deprecámur : ut, quorum festa percólimus imitántes exémpla ; iuxta Crucem Iesu cum María Matre eius fidéliter astémus, et eiúsdem redemptiónis fructum percípere mereámur. Per eúndem Dóminum. | Fortifiés par les célestes Mystères, nous vous demandons, Seigneur, qu’imitant les exemples de ceux dont nous célébrons la fête, nous soyons fidèles à nous tenir au pied de la Croix de Jésus avec Marie sa Mère, et qu’ainsi nous méritions d’obtenir le fruit de la Rédemption. |
AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960
Ant.au Magnificat Votre louange, ô Vierge Marie, ne cessera jamais de s’élever de la bouche des hommes qui se souviendront de la puissance du Seigneur, et pour lesquels vous n’avez pas épargné votre âme.
V/. Ceux-ci sont des hommes de miséricorde, et les œuvres de leur piété n’ont pas manqué.
R/. Et leur postérité, ainsi que leur gloire, ne sera pas abandonnée.
A MATINES. avant 1960
Hymnus | Hymne |
Bella dum late fúrerent, et urbes
Cæde fratérna gémerent cruéntæ, Adfuit Virgo, nova semper edens Múnera matris. | Tandis que la guerre étendait ses ravages, et que les villes ensanglantées déploraient des massacres fratricides, la Vierge apparut, elle qui nous offre toujours de nouveaux bienfaits maternels. |
En vocat septem fámulos, fidéles
Ut sibi in luctu récolant dolóres, Quos tulit Iesus, tulit ipsa consors Sub cruce Nati. | Voilà qu’elle se choisit sept serviteurs, afin que, lui étant fidèles dans l’affliction, ils honorent et méditent les douleurs qu’embrassa Jésus, et qu’elle-même, associée à son Fils, souffrit au pied de la croix. |
Illico parent Dóminæ vocánti :
Spléndidis tectis opibúsque spretis, Urbe secédunt procul in Senári Abdita montis. | Aussitôt ils obéissent à la Souveraine qui les appelle : méprisant leurs demeures splendides et leurs richesses, ils se retirent loin de la ville sur le Sénar, dans les retraites cachées de la montagne. |
Córpora hic pœnis crúciant acérbis,
Sóntium labes hóminum piántes ; Hic prece avértunt lacrimísque fusis Núminis iram. | Ils crucifient leur corps par les rigueurs de la pénitence, expiant ainsi les péchés des hommes coupables ; par les prières et les larmes qu’ils répandent, ils détournent la colère divine. |
Pérdolens Mater fovet, atque amíctum
Ipsa lugúbrem monet induéndum : Agminis sancti pia cœpta surgunt, Mira patéscunt. | La Mère de douleurs, les protège et les avertit elle-même de revêtir un vêtement de deuil : cette sainte troupe commence à grandir, et l’éclat des miracles l’environne. |
Palmes in bruma víridans honóres
Núntiat patrum : próprios Maríæ Ore lacténti vócitant puélli Nómine Servos. | Une vigne qui reverdit au milieu des frimas annonce la gloire de ces saints fondateurs ; la voix d’enfants à la mamelle les acclame sous le nom de Serviteurs de Marie. |
Sit decus Patri, genitǽque Proli,
Et tibi, compar utriúsque virtus Spíritus semper, Deus unus omni Témporis ævo. Amen. | Honneur soit toujours au Père et au Fils qu’il engendre, et à l’Esprit égal à l’un et à l’autre, honneur au seul Dieu dans tous les siècles Amen. |
Au deuxième nocturne.
Quatrième leçon. Au XIIIe siècle, alors que les parties les plus florissantes de l’Italie étaient déchirées par le schisme funeste de Frédéric II et par de cruelles factions, la Providence miséricordieuse de Dieu suscita, parmi tant d’autres hommes illustres par leur sainteté, sept nobles Florentins qui, unis par la charité, offrirent un exemple remarquable d’amour fraternel. Ces hommes, à savoir Bonfilio Monaldi, Bonajuncta Manetto, Manetto d’Antelles, Am-dée de Amidéis, Uguccio Uguccioni, Sostène de Sos-teneis et Alexis Falconiéri, au jour de l’Assomption de l’année 1233, priaient avec ferveur dans rassemblée d’une pieuse confrérie appelée des Laudantes, lorsque la Mère de Dieu, apparaissant à chacun d’eux, les invita à embrasser un genre de vie plus saint et plus parfait. Ayant donc pris conseil de l’Évêque de Florence, et renonçant aux honneurs de leur rang comme à leurs richesses, portant un cilice sous des vêtements pauvres et usés, ils se retirèrent à la campagne dans une humble demeure, le huitième jour de septembre, afin de débuter dans une vie plus sainte au jour même où la Mère de Dieu avait commencé sa vie très sainte parmi les mortels.
Cinquième leçon. Dieu montra par un miracle combien cette résolution, lui était agréable. Peu de temps après, comme ces sept hommes parcouraient la ville de Florence, en demandant l’aumône aux portes des maisons, il arriva tout à coup qu’ils furent acclamés Serviteurs de la bienheureuse Vierge Marie par la voix de petits enfants, et entre autres de saint Philippe Beniti à peine âgé de quatre mois. Ce nom leur fut désormais toujours conservé. Voulant éviter le concours du peuple et pressés par l’amour de la solitude, ils se retirèrent tous au mont Sénar. Ils y commencèrent un genre de vie vraiment céleste. Habitant des cavernes, vivant d’eau et d’herbes sauvages, ils mortifiaient leur corps par des veilles et d’autres austérités. La passion du Christ et les douleurs de sa Mère affligée étaient l’objet de leurs continuelles méditations. Comme ils s’y livraient avec plus d’ardeur un jour de vendredi saint, la bienheureuse Vierge elle-même leur apparut à deux reprises, leur montrant l’habit sombre qu’ils devaient revêtir, et leur fit connaître qu’elle aurait pour très agréable qu’ils établissent dans l’Église un nouvel Ordre religieux, destiné à garder perpétuellement et à propager parmi les peuples la dévotion aux douleurs qu’elle a souffertes pour nous au pied de la croix du Seigneur. Saint Pierre, illustre Martyr de l’Ordre des Frères Prêcheurs, ayant appris ces choses, par les relations familières qu’il entretenait avec ces saints hommes et par une apparition particulière de la Mère de Dieu, les engagea à instituer un Ordre religieux sous le nom de Serviteurs de la bienheureuse Vierge, Ordre qui fut ensuite approuvé par le pape Innocent IV.
Sixième leçon. Ces bienheureux Pères, auxquels de nombreux compagnons Ces bienheureux Pères, auxquels de nombreux compagnons vinrent bientôt s’adjoindre, commencèrent alors à parcourir les villes et les bourgades de l’Italie, principalement celles de l’Étrurie ; ils prêchèrent partout Jésus crucifié, apaisant les discordes civiles et rappelant au sentier de la vertu une multitude presque infinie de pauvres égarés. La France, l’Allemagne et la Pologne, aussi bien que l’Italie, eurent part à leurs travaux évangéliques. Enfin, après avoir répandu au loin la bonne odeur du Christ et s’être rendus illustres par des miracles, ils quittèrent cette terre pour s’en aller au Seigneur. Comme la religion et la vraie fraternité les avaient réunis dans un seul et même amour pendant leur vie, ainsi, après leur mort, furent-ils ensevelis dans le même tombeau et entourés de la même vénération parmi les peuples. Les souverains Pontifes Clément XI et Benoît XIII confirmèrent de leur autorité suprême le culte qui leur était constamment rendu depuis plusieurs siècles. Léon XIII ayant approuvé les miracles que Dieu avait opérés par leur intercession, après que, déclarés Vénérables, il eut été permis de les invoquer en commun, les inscrivit au catalogue des Saints dans la cinquantième année de son sacerdoce et régla qu’à l’avenir, un Office et une Messe seraient célébrés chaque année en leur honneur dans l’Église universelle.
A LAUDES
Capitule. I Petr. 4, 13. Mes bien-aimés, participant aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin qu’à la révélation de sa gloire vous vous réjouissiez aussi, transportés d’allégresse.
Hymnus | Hymne |
Sic patres vitam péragunt in umbra,
Lília ut septem nívei decóris, Vírgini excélsæ bene grata, Petro Visa nitére. | Ces Pères vénérables poursuivent leur vie dans l’obscurité ; Pierre les voit briller comme sept lis resplendissant de l’éclat de la neige, et bien chers à la Vierge très sainte. |
Iamque divína rapiénte flamma,
Cúrsitant urbes, loca quæque obérrant, Si queant cunctis ánimis dolóres, Fígere Matris. | Une divine flamme les dévore, ils parcourent les villes et les campagnes, ils voudraient imprimer dans tous les cœurs la pensée des douleurs de leur Mère. |
Hinc valent iras domuísse cæcas,
Néscia et pacis fera corda iungunt, Erigunt mæstos, révocant nocéntes Dicta piórum. | Ils ont le pouvoir de dominer les haines aveugles, et la parole de ces hommes saints unit dans le pardon et la paix les cœurs les plus farouches, console les affligés, convertit les pécheurs. |
At suos Virgo comitáta Servos
Evehit tandem súperas ad oras ; Gémmeis sertis decórat per ævum Omne beátos. | Mais la Vierge qui n’abandonne pas ses serviteurs les conduit enfin au rivage céleste et orne pour toujours leur front bienheureux de couronnes de pierres précieuses. |
Eia nunc cœtus gémitum precántis
Audiant, duros vídeant labóres : Semper et nostris fáveant benígno Lúmine votis | Et maintenant, qu’ils prêtent l’oreille aux gémissements du peuple qui les prie, qu’ils voient nos pénibles travaux, et que, du sein de la céleste lumière, ils soient toujours favorables à nos vœux. |
Sit decus Patri, genitæque Proli,
Et tibi, compar utriúsque virtus Spíritus semper, Deus unus omni Témpore ævo. Amen. | Honneur soit toujours au Père et au Fils qu’il engendre, et à l’Esprit égal à t’un et à l’autre : honneur au seul Dieu dans tous les siècles. Amen. |
V/. Que leur mémoire soit en bénédiction.
R/. Et que leurs os refleurissent en sortant de leur lieu.
Ant. au Bénédictus Voyez qu’il est bon * et qu’il est agréable que des frères habitent ensemble.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Hymnus | Hymne |
Matris sub almæ númine
Septéna proles náscitur : Ipsa vocánte, ad árduum Tendit Senári vérticem. | Sous la protection de notre Mère bénie, naît une famille de sept Serviteurs de Dieu ; à son appel, ils gravissent les sommets escarpés du mont Sénar. |
Quos terra fructus próferet
Dum sacra proles gérminat, Uvis repénte túrgidis Onústa vitis præmonet. | Une vigne tout à coup chargée de raisins magnifiques annonce, heureux présage, les fruits que produira cette terre, où germe une moisson de saints. |
Virtúte claros nóbili
Mors sancta cælo cónsecrat : Tenent olympi límina Servi fidéles Vírginis. | Une sainte mort consacre jour les cieux la gloire de leur vertu. Les fidèles serviteurs de la Vierge habitent les demeures éternelles. |
Cohors beáta, Núminis
Regno potíta, réspice Quos hinc recédens fráudibus Cinctos relínquis hóstium. | O troupe bienheureuse, qui régnez avec Dieu, abaissez vos regards sur tous ceux qu’en quittant ce monde, vous laissez au milieu des embûches de leurs ennemis. |
Ergo, per almæ vúlnera
Matris rogámus súpplices, Mentis ténebras dísiice, Cordis procéllas cómprime. | u nom des douleurs de notre Mère bénie, nous vous en supplions, dissipez les ténèbres de nos esprits, apaisez les tempêtes qui agitent nos cœurs. |
Tu nos, beáta Trínitas,
Perfúnde sancto róbore, Possímus ut felíciter Exémpla patrum súbsequi. Amen. | O bienheureuse Trinité, remplissez-nous d’une sainte vigueur, afin que nous puissions, pour notre bonheur éternel, suivre les exemples de nos saints Pères. Amen. |
Ant. au Magnificat Leur nom * demeure éternellement, la gloire des hommes saints demeure sur leurs fils.
Le ciel de l’Église s’assombrit. Tout nous annonce déjà les jours où l’Emmanuel apparaîtra dans l’état lamentable où l’auront mis nos crimes. Bethléhem appelait-elle donc si tôt le Calvaire ! Au pied de la Croix comme en Ephrata, nous retrouverons la Mère de la divine grâce ; alors Marie enfantera dans ses larmes les frères du premier-né dont la naissance fut toute de douceur. Comme nous avons goûté ses joies, nous saurons avec elle pleurer et souffrir.
Prenons modèle des bienheureux honorés en ce jour. Leur vie se consuma dans la contemplation des souffrances de Notre-Dame ; l’Ordre qu’ils établirent eut pour mission de propager le culte de ces inénarrables douleurs. C’était le temps où saint François d’Assise venait d’arborer comme à nouveau sur un monde refroidi le signe du divin Crucifié ; dans cette reprise de l’œuvre du salut, pas plus qu’au Vendredi de la grande semaine, Jésus ne pouvait se montrer à la terre sans Marie : les Servîtes complétèrent par ce côté l’œuvre du patriarche des Mineurs ; l’humanité désemparée retrouva confiance en méditant sur la passion du Fils et la compassion de la Mère.
Quelle place occupent dans l’économie de la rédemption les douleurs de la Vierge très sainte, c’est ce que doivent nous dire en leur temps deux fêtes diverses appelées à en consacrer le mystère. Les complaisances de la souveraine des cieux pour l’Ordre qui s’en fit l’apôtre, apparurent dans la multiple effusion de sainteté dont son origine fut marquée. L’épanouissement simultané des sept lis que les Anges cueillent aujourd’hui sur terre offre un spectacle inusité au ciel Pierre de Vérone en eut la vision, au temps où leurs tiges implantaient sur la cime du Senario leurs racines fécondes ; et le futur Martyr vit la Vierge bénie sourire à la montagne d’où d’autres fleurs sans nombre, nées à l’entour, envoyaient aussi leurs parfums sur l’Église. Jamais Florence, la ville des fleurs, n’avait encore à ce point fructifié pour Dieu. Aussi l’enfer, qui à l’heure même multipliait ses entreprises sur la noble cité, ne put prévaloir contre Marie dans ses murs. Les fêtes de Julienne Falconiéri, de Philippe Benizi, qui précédèrent au Cycle sacré celle de ce jour, nous ramèneront à ces pensées. Mais dès maintenant, unissons notre gratitude à celle de l’Église pour la famille religieuse des Servites ; le monde lui doit d’avoir avancé dans la connaissance et l’amour de la Mère de Dieu, devenue notre mère au prix de souffrances que nul autre enfantement ne connut.
Le récit consacré par l’Église à la mémoire des saints fondateurs nous dira leurs mérites, et les bénédictions dont leur fidélité à Marie fut récompensée. Le 11 février, choisi d’abord pour la célébration de leur commune fête, ne rappelle la mort d’aucun des sept bienheureux ; mais c’est à pareil jour qu’en 1304, après des vicissitudes infinies, l’Ordre sorti d’eux obtint l’approbation définitive de l’Église.
Comme vous avez fait des douleurs de Marie vos propres douleurs, elle partage avec vous maintenant ses joies éternelles. Cependant la vigne dont les grappes, mûrissant avant l’heure, présageaient votre fécondité sur une terre glacée, exhale encore ses suaves parfums dans le séjour de notre exil. Le peuple fidèle apprécie grandement les fruits qu’elle produit toujours ; depuis longtemps il honorait, à titre de rameaux du cep béni, les Philippe, les Julienne ; mais aujourd’hui ses hommages remontent à la septuple racine d’où leur sève est tirée. Vous vous complûtes dans l’obscurité où la Reine des Saints passa elle-même sa vie mortelle. Mais en ce siècle où la gloire de Marie perce tous les nuages, il n’est point d’ombre qui puisse soustraire plus longtemps les serviteurs à l’éclat dont resplendit leur auguste Maîtresse.
Que vos bienfaits vous manifestent toujours plus ! Ne cessez point de réchauffer le cœur du monde vieilli au foyer où le vôtre puisa la vigueur d’amour qui le fit triompher du siècle et s’immoler pour Dieu. Cœur de Marie, dont le glaive de douleur a fait jaillir des flammes où les Séraphins alimenteront éternellement leurs feux, soyez pour nous modèle, refuge et réconfort, en attendant le moment fortuné qui terminera l’exil de cette terre des souffrances et des larmes.
Cette fête fut instituée en 1888 par Léon XIII, qui avait, peu auparavant, inscrit solennellement au catalogue des saints les noms des nobles florentins Bonfilio Monaldi, Bonajuncta Manetti, Manetto d’Antelles, Amédée de Amideis, Uguccio Uguccioni, Sosteneo de Sosteneis et Alexis Falconieri.
Au XIIIe siècle, tandis que l’Italie était déchirée par les schismes et les luttes intestines, ces illustres représentants du patriciat florentin s’étant retirés sur le mont Senario, donnèrent naissance à un nouvel ordre religieux, tout appliqué à la pénitence et à la contemplation des douleurs de Jésus crucifié et de sa divine Mère.
La messe est de composition récente, et bien que, ça et là, elle s’écarte des anciennes règles liturgiques, elle révèle cependant le bon goût qui distinguait Léon XIII. L’introït contient une allusion gracieuse à l’épisode miraculeux de ces petits enfants, parmi lesquels était, dit-on, saint Philippe Beniti, et qui, ouvrant pour la première fois leurs lèvres innocentes sur la place publique de Florence, firent l’éloge des sept nobles saints, les saluant sous le nom, demeuré dès lors dans l’usage commun, de Serviteurs de la bienheureuse Vierge Marie.
La prière de ce jour exprime à la fois le but de l’institut religieux des Servites et le fruit spécial que nous devons demander à Dieu par leur intercession.
La lecture est du Livre de l’Ecclésiastique (44, 1-15) et dans le Missel une partie de ce texte était déjà affectée à la fête des martyrs Jean et Paul et à l’Octave des saints Apôtres. Tout l’ensemble d’ailleurs s’adapte très bien aux saints fondateurs des ordres religieux.
C’est un devoir pour les fils de transmettre la mémoire des vertus de leurs Pères, pour que les générations suivantes soient poussées à rivaliser de sainteté avec eux. Maintenant leurs corps reposent dans la paix de la tombe, mais leur mission n’est pas terminée ; car, tandis que l’Église chante leurs louanges, leur descendance spirituelle — cette descendance à qui est promis l’avenir, parce qu’elle est l’œuvre des saints — continue et achève leurs magnifiques entreprises.
Évidemment, les rédacteurs de cette Messe, au temps de Léon XIII, ne devaient pas connaître le rôle du psaume responsorial qui, anciennement, suivait la première lecture, et il leur a suffi de recueillir tant bien que mal quelques versets de l’Écriture capables, d’une façon quelconque, de se rapporter au sanctuaire du Senario, où se vénéraient les corps des sept saints, et aux Servites fondés par eux, pour avoir, tout prêts, les antiennes et les répons nécessaires.
Le répons-graduel et le verset alléluiatique semblent maintenant deux prières chantées presque analogues et dont on ne comprend guère le but ni la distinction. Il n’en était pas ainsi à l’origine. L’Antiphonaire Grégorien nous démontre même que leur structure musicale est tout à fait diverse, parce que primitivement c’était deux chants de psaume parfaitement distincts qui suivaient, le premier, la lecture de l’Ancien Testament ; le second, celle de l’Apôtre.
L’Évangile est celui du Commun des abbés, comme le 5 décembre, fête de saint Sabbas.
La montagne sainte à laquelle il est fait allusion dans l’offertoire est le Senario, près de Florence. Les holocaustes et les victimes dont parle le texte sacré sont les prières et les austérités des sept saints Fondateurs, dont les corps reposent maintenant en paix sous l’autel sacré, continuant ainsi leur immolation mystique, unie à l’immolation eucharistique de Jésus.
La prière sur l’oblation n’a pas cet exquis caractère classique qui distingue les antiques collectes des sacramentaires romains. Elle est pieuse, mais sa rédaction est toute moderne, sans solennité ni vigueur.
L’antienne pour la communion est tirée d’un texte évangélique différent de celui qui a été lu à la Messe de ce jour. Cela encore constitue une anomalie dont le rédacteur liturgique moderne de l’office des sept Fondateurs ne s’est d’ailleurs probablement pas rendu compte.
Notre fruit sera durable si nous demeurons unis à l’arbre de vie éternelle qui est le Christ. Voilà le secret de la facile activité des saints et de la réussite de leurs entreprises.
Dans la vie présente, les noces de l’âme avec Dieu se contractent sur la Croix. C’est le lit nuptial du Fils de Dieu, aussi ne peut-il y avoir de sainteté véritable si elle n’est revêtue des sceaux du mont Calvaire.
Voyez comme c’est réjouissant quand des frères vivent pacifiquement ensemble.
Les Sept Saints Fondateurs. — Un spectacle rare parmi les hommes : sept hommes de famille distinguée quittent le monde et vivent ensemble dans la concorde fraternelle. Il semble que ces sept corps sont animés par une seule âme : la même vertu et la même piété les unit. Bien plus, ils sont restés unis après leur mort. Leurs ossements qui reposent dans le même tombeau sont tellement mêlés ensemble qu’il est impossible de les distinguer les uns des autres. Ils sont les fondateurs de l’Ordre des Servites qui s’est donné la mission particulière de cultiver l’esprit de pénitence et de s’adonner à la méditation de la Passion de Notre-Seigneur et des sept douleurs de Marie. Conformément à son esprit d’humilité, cet Ordre n’exerça pas d’action bruyante et sensationnelle, mais, dans le domaine des missions intérieures, il a fait de grandes choses ; parmi des millions d’hommes, il a réveillé et ranimé le culte de Notre-Dame des sept Douleurs.
Le bréviaire raconte : Dieu suscita, au milieu des rivalités de partis, sept hommes de la noblesse de Florence. En l’an 1223, ils priaient un jour, avec grande ferveur, dans une réunion. Alors apparut à chacun d’entre eux la Mère de Dieu, qui les exhorta à mener une vie plus parfaite. Ils firent part de ceci à l’évêque de Florence. Sans tenir compte de leur noblesse ou de leur richesse, ils mirent sous leurs habits pauvres et usés, une ceinture de pénitence et se retirèrent, le 8 septembre, dans une petite maison de campagne, pour inaugurer une vie plus sainte, le jour où la Mère de Dieu a commencé sa vie sainte. Peu de temps après, ces sept hommes allaient de porte en porte, dans les rues de Florence, pour demander l’aumône. Il arriva que soudain des voix d’enfants les acclamèrent : Serviteurs de Sainte Marie. Parmi ces enfants se trouvait saint Philippe Benitiqui venait d’entrer dans son cinquième mois. Ce nom crié par les enfants, leur — resta dans la suite pour toujours. Plus tard, ils se retirèrent dans la solitude, sur le Monte Scénario et s’y donnèrent pleinement à la méditation et à la pénitence. Leur tombeau est sur le Monte Scénario. — Léon XIII canonisa ces saints fondateurs et, en 1888, institua leur fête.
La messe (Justi). — Ce formulaire de messe récent et propre n’observe pas toujours les anciennes règles liturgiques, mais il trahit le goût classique de Léon XIII. Il reflète la vie des sept saints. A l’Introït, nous entendons l’éloge commun des « justes »et on nous rappelle, en même temps, que ce sont les enfants de Florence qui leur ont donné leur nom. C’est pourquoi aussi, nous récitons le Ps. 8 dans lequel il est dit : « De la bouche des enfants et des nourrissons tu t’es procuré la louange. » Dans l’Oraison, l’Église se réjouit d’avoir été, par les saints fondateurs, enrichie d’une nouvelle famille et elle indique en même temps le but principal de l’Ordre : la méditation des sept douleurs de la Sainte Vierge. La Leçon célèbre « les hommes glorieux et nos pères qui ont accompli tant de grandes choses et nous ont laissé, à nous leurs descendants, un magnifique exemple. » A l’Évangile, c’est le Seigneur lui-même qui leur promet la récompense, parce qu’ils ont « tout quitté pour le suivre ». « La récompense du centuple et la vie éternelle », ils en jouissent maintenant. A l’Offertoire, nous voyons les saints sur le mont Scénario où ils offrent un sacrifice agréable à Dieu. A la Communion, nous voyons mûrir les fruits dont la semence a été jetée dans les fatigues et dans les larmes. Ces fruits, nous pouvons les cueillir, nous aussi, dans la communion ; à la fin, nous demandons de nous tenir comme les saints Fondateurs « avec Marie au pied de la Croix, pour recueillir le fruit de la Rédemption ». Le bréviaire dit : « Un seul amour de véritable fraternité et de vie religieuse commun les avait unis, un seul tombeau les renferma quand ils furent morts, un seul culte populaire leur fut décerné. C’est pourquoi les papes Clément XI et Benoît XIII confirmèrent le culte qu’on leur avait rendu en commun au cours des siècles. »