A Milan, ordination de St Ambroise (374). Mort le Samedi Saint, 4 avril 397. Fête au XIIe siècle.
Le Martyrologe hiéronymien ne mention ni son natale le 4 avril, ni son ordination le 7 décembre, mais son baptême, le 30 novembre. A Milan, les trois dates sont l’objet d’une célébration. C’est surtout au XIe siècle qu’on assiste au développement de son culte. Bien que saint Ambroise soit d’une grande famille romaine, son culte n’est pas attesté à Rome avant le XIe siècle, en étant inscrit au calendrier au XIIe siècle.
Avant 1955, on célébrait aussi ce jour la Vigile de l’Immaculée Conception.
Ant. ad Introitum. Eccli. 15, 5. | Introït |
In médio Ecclésiæ apéruit os eius : et implévit eum Dóminus spíritu sapiéntiæ et intelléctus : stolam glóriæ índuit eum. | Au milieu de l’Église, il a ouvert la bouche, et le Seigneur l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, et il l’a revêtu de la robe de gloire. |
Ps. 91,2. | |
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime. | Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui pópulo tuo ætérnæ salútis beátum Ambrósium minístrum tribuísti : præsta, quǽsumus ; ut, quem Doctórem vitæ habúimus in terris, intercessórem habére mereámur in cælis. Per Dóminum nostrum. | Dieu, vous avez accordé à votre peuple le bienheureux Ambroise pour ministre du salut éternel : faites, nous vous en prions, que nous méritions d’avoir pour intercesseur dans les cieux, celui qui fut sur cette terre Docteur de la vie. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
Ante 1955 : Deinde fit commemoratio Vigiliæ : | Avant 1955 : Ensuite on fait mémoire de Vigile : |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui Unigéniti tui Matrem ab origináli culpa in sua Conceptióne mirabíliter præservásti : da, quǽsumus ; ut sua nos intercessióne munítos, corde mundos fácias suæ interésse festivitáte. Per eúndem Dóminum. | Dieu, d’une manière admirable, en la Conception de la Mère de votre Fils unique, vous l’avez préservée de la faute originelle, faites que, protégés par son intercession, nous puissions arriver à célébrer sa fête avec un cœur pur. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timótheum. | Lecture de l’Épître de Saint Paul Apôtre à Timothée. |
2 Tim. 4, 1-8. | ©AEL 1964 [1] |
Caríssime : Testíficor coram Deo, et Iesu Christo, qui iudicatúrus est vivos et mórtuos, per advéntum ipsíus et regnum eius : prǽdica verbum, insta opportúne, importune : árgue, óbsecra, íncrepa in omni patiéntia, et doctrína. Erit enim tempus, cum sanam doctrínam non sustinébunt, sed ad sua desidéria, coacervábunt sibi magistros, pruriéntes áuribus, et a veritáte quidem audítum avértent, ad fábulas autem converténtur. Tu vero vígila, in ómnibus labóra, opus fac Evangelístæ, ministérium tuum imple. Sóbrius esto. Ego enim iam delíbor, et tempus resolutiónis meæ instat. Bonum certámen certávi, cursum consummávi, fidem servávi. In réliquo repósita est mihi coróna iustítiæ, quam reddet mihi Dóminus in illa die, iustus iudex : non solum autem mihi, sed et iis, qui díligunt advéntum eius. | Fils bien-aimé, je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son Avènement et de son règne : prêche la parole, insiste à temps et à contre-temps ; réfute, menace, exhorte avec beaucoup de patience et le souci d’instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais, au gré de leurs passions, ils collectionneront les maîtres, pour satisfaire leur démangeaison d’entendre. Ils détourneront leurs oreilles de la vérité pour se tourner vers les fables. Mais toi, reste toujours sur tes gardes, supporte l’épreuve, travaille à répandre l’Évangile, accomplis avec fidélité ton service. Pour moi, je suis déjà offert en sacrifice, et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat ; j’ai achevé la course ; j’ai maintenu la foi. A présent la couronne des justes est préparée pour moi ; le Seigneur me la donnera en ce grand jour, lui, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Avènement. |
Graduale. Eccli. 44, 16. | Graduel |
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo. | Voici le grand Pontife qui dans les jours de sa vie a plu à Dieu. |
V/. Ibid., 20. Non est invéntus símilis illi, qui conserváret legem Excélsi. | V/. Nul ne lui a été trouvé semblable, lui qui a conservé la loi du Très-Haut. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu. |
Matth. 5, 13-19. | ©AEL 1964 [2] |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Vos estis sal terræ. Quod si sal evanúerit, in quo saliétur ? Ad níhilum valet ultra, nisi ut mittátur foras, et conculcétur ab homínibus. Vos estis lux mundi. Non potest cívitas abscóndi supra montem pósita. Neque accéndunt lucérnam, et ponunt eam sub módio, sed super candelábrum, ut lúceat ómnibus qui in domo sunt. Sic lúceat lux vestra coram homínibus, ut vídeant ópera vestra bona, et gloríficent Patrem vestrum, qui in cælis est. Nolíte putáre, quóniam veni sólvere legem aut prophétas : non veni sólvere, sed adimplére. Amen, quippe dico vobis, donec tránseat cælum et terra, iota unum aut unus apex non præteríbit a lege, donec ómnia fiant. Qui ergo solvent unum de mandátis istis mínimis, et docúerit sic hómines, mínimus vocábitur in regno cælórum : qui autem fécerit et docúerit, hic magnus vocábitur in regno cælórum. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel devient fade, avec quoi va-t-on le saler ? Il n’est plus bon à rien, sinon à être jeté dehors et piétiné par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut être cachée, quand elle est située sur une montagne. Et lorsqu’on allume une lampe, on ne la met pas non plus sous un boisseau, mais sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et glorifient votre Père qui est dans les cieux. Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes : Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir. Car, en vérité, je vous le dis : avant que passent le ciel et la terre, la plus petite lettre, le plus petit trait, ne disparaîtra pas de la Loi » jusqu’à ce que tout soit réalisé. Celui donc qui violera un seul de ces commandements, même les plus petits, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera tenu pour le plus petit dans le Royaume des Cieux. Mais celui qui les pratiquera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux ». |
Ante 1960 : Credo | Avant 1960 : Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25. | Offertoire |
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius. | Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance. |
Secreta | Secrète |
Omnípotens sempitérne Deus, múnera tuæ maiestáti obláta, per intercessiónem beáti Ambrósii Confessóris tui atque Pontíficis, ad perpétuam nobis fac proveníre salútem. Per Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, par l’intercession du bienheureux Ambroise votre confesseur et Pontife, faites que l’oblation offerte à votre majesté nous fasse parvenir au salut éternel. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
Ante 1955 : Deinde fit commemoratio Vigiliæ : | Avant 1955 : Ensuite on fait mémoire de Vigile : |
Secreta | Secrète |
Múnera nostra, Dómine, apud tuam cleméntiam immaculátæ Dei Genetrícis commendet orátio : quam ab omni origináli labe præservásti ; ut dignum Fílii tui habitáculum effici mererétur : Qui tecum vivit. | Seigneur, que notre offrande soit rendue acceptable à votre clémence par la prière de l’Immaculée Mère de Dieu que vous avez préservée de toute tache originelle pour qu’elle méritât de devenir la digne demeure de votre Fils qui vit et règne. |
Præfatio communis. | Préface Commune . |
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu. | Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent . |
Ant. ad Communionem. Ps. 88, 36 et 37-38. | Communion |
Semel iurávi in sancto meo : Semen eius in ætérnum manébit : et sedes eius sicut sol in conspéctu meo, et sicut luna perfécta in ætérnum, et testis in cælo fidélis. | Je l’ai juré une fois par ma sainteté, sa race demeurera éternellement et son trône sera comme le soleil en ma présence ; et comme la lune qui subsistera à jamais, et le témoin qui est au ciel est fidèle. |
Postcommunio | Postcommunion |
Sacraménta salútis nostræ suscipiéntes, concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut beáti Ambrósii Confessóris tui atque Pontíficis nos ubíque orátio ádiuvet ; in cuius veneratióne hæc tuæ obtúlimus maiestáti. Per Dóminum nostram. | Accordez-nous, Dieu tout-puissant, qu’ayant reçu les sacrements de notre salut, nous soyons assistés partout par l’intercession de votre bienheureux confesseur et pontife Ambroise, en l’honneur de qui nous avons offert ce sacrifice à votre majesté. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
Ante 1955 : Deinde fit commemoratio Vigiliæ : | Avant 1955 : Ensuite on fait mémoire de Vigile : |
Postcommunio | Postcommunion |
Concéde, miséricors Deus, fragilitáti nostræ præsídium : ut, qui immaculátæ Conceptiónis Genetrícis unigéniti Fílii tui festivitátem prævenímus ; intercessiónis eius auxílio a nostris iniquitátibus resurgámus. Per eúndem Dóminum. | Prêtez secours, Dieu miséricordieux à notre faiblesse : et comme nous prévenons aujourd’hui la fête de l’Immaculée Conception de la Mère de votre Fils unique, faites que, par les mérites de son intercession, nous puissions nous relever de nos fautes. |
Texte de la messe ‘Pro aliquibus Locis’ que tout prêtre peut prendre en ce jour selon le code des rubriques de 1962 [*].
Ant. ad Introitum. Sap. 7, 7-8. | Introït |
Optávi, et datus est mihi sensus ; et invocávi, et venit in me spíritus sapiéntiæ. Et præpósui illam regnis et sédibus, et divítias nihil esse duxi in comparatióne illíus. | J’ai désiré l’intelligence, et elle m’a été donnée ; j’ai invoqué le Seigneur, et l’esprit de sagesse est venu en moi. Et je l’ai préférée aux royaumes et aux trônes, et j’ai estimé que les richesses n’étaient rien auprès d’elle. |
Ps. 85, 1. | |
Inclína, Dómine, aurem tuam, et exáudi me, quóniam inops et pauper sum ego. | Inclinez, Seigneur, votre oreille, et exaucez-moi, car je suis indigent et pauvre. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens sempitérne Deus, qui hodiérnam festivitátem beáti Ambrósii Sacerdótis electióne consecrásti : præsta pópulo tuo ; ut, cuius ánnua celebritáte devótis exsúltat obséquiis, eius patrocínio tuæ pietátis consequátur auxília. Per Dóminum. | Dieu éternel et tout-puissant, vous avez consacré la fête de ce jour par le choix du bienheureux Prêtre Ambroise : accordez à votre peuple qui exulte par de pieux offices en le célébrant annuellement, d’obtenir par son patronage les secours de votre piété. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Éphésiens. |
Ephes. 3, 2-11. | ©AEL 1964 [3] |
Fratres : Audístis dispensatiónem grátiæ Dei, quæ data est mihi in vobis ; quóniam secúndum revelatiónem notum mihi factum est sacraméntum, sicut supra scripsi in brevi ; prout potéstis legéntes intellégere prudéntiam meam in mystério Christi, quod áliis generatiónibus non est ágnitum fíliis hóminum, sícuti nunc revelátum est sanctis apóstolis eius et prophetis in Spíritu ; gentes esse coherédes, et concorporáles, et compartícipes promissiónis eius in Christo Iesu per Evangélium ; cuius factus sum miníster, secúndum donum grátiæ Dei, quæ data est mihi secúndum operatiónem virtútis eius. Mihi ómnium sanctórum mínimo data est grátia hæc, in géntibus evangelizáre investigábiles divítias Christi, et illumináre omnes, quæ sit dispensátio sacraménti abscónditi a sǽculis in Deo, qui ómnia creávit ; ut innotéscat principátibus et potestátibus in cæléstibus per Ecclésiam multifórmis sapiéntia Dei, secúndum præfinitiónem sæculórum, quam fecit in Christo Iesu Dómino nostro. | Frères, vous avez appris comment Dieu m’a dispensé la grâce qu’il m’a donnée à votre intention : c’est par une révélation qu’est venu à ma connaissance ce mystère dont je vous ai entretenus brièvement. En me lisant, vous pouvez voir comment je comprends le mystère du Christ ; il n’a pas été communiqué aux hommes d’autrefois, et maintenant il a été révélé aux saints apôtres et prophètes, dans l’Esprit. Ce mystère, c’est que les païens sont admis au même héritage, font partie du même corps, participent à la même promesse dans le Christ Jésus ; et cela, au moyen de la Bonne Nouvelle dont je suis devenu le serviteur, par le don de la grâce que Dieu m’a confiée selon sa force toute-puissante. C’est à moi, le moindre de tous les fidèles, qu’a été donnée cette grâce : d’annoncer aux nations l’incomparable richesse du Christ et de manifester à tous quelle est l’ordonnance du Mystère caché depuis les siècles en Dieu, qui a créé toute chose, pour faire connaître maintenant aux Principautés et aux Puissances célestes, grâce à l’Église, la sagesse de Dieu en sa riche diversité, conformément au dessein éternel qu’il a formé dans le Christ Jésus notre Seigneur. |
Graduale. Gen. 12, 1. | Graduel |
Egrédere de terra tua, et de domo patris tui ; et veni in terram quam monstrábo tibi. | Sors de ton pays et de la maison de ton père, et viens dans le pays que je te montrerai. |
V/. Ps. 20, 3. Desidérium cordis eius tribuísti ei, et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum. | V/. Vous lui avez accordé le désir de son cœur, et Vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres. |
Allelúia, allelúia. V/. Diréctus est vir ínclitus ut Aríum destrúeret, splendor Ecclésiæ, cláritas vatum, ínfulas dum gerit sǽculi acquisívit Paradísi. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Cet homme illustre fut envoyé pour détruire Arius ; il est la lumière de l’Église, la gloire des pontifes. En portant les honneurs de ce monde, il a gagné ceux du paradis. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem. | Suite du Saint Évangile selon saint Jean. |
Jn. 10, 11-16. | ©AEL 1964 [4] |
In illo tempore : Dixit lesus pharisǽis : Ego sum pastor bonus. Bonus pastor ánimam suam dat pro óvibus suis. Mercenárius autem, et qui non est pastor, cuius non sunt oves própriæ, videt lupum veniéntem, et dimíttit oves, et fugit : et lupus rapit et dispérgit oves : mercenárius autem fugit, quia mercenárius est, et non pértinet ad eum de óvibus. Ego sum pastor bonus : et cognósco meas, et cognóscunt me meæ. Sicut novit me Pater, et ego agnósco Patrem : et ánimam meam pono pro óvibus meis. Et álias oves hábeo, quæ non sunt ex hoc ovíli : et illas opórtet me addúcere, et vocem meam áudient, et fiet unum ovíle et unus pastor. | En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens : « Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; et le loup les prend et les disperse. Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire, et peu lui importent les brebis. Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ; de même que le Père me connaît et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi, il faut que je les mène, et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ». |
Ant. ad Offertorium. Ezech., 34, 15-16. | Offertoire |
Ego pascam oves meas, et ego eas accubáre fáciam, dicit Dóminus. Quod períerat requíram, et quod abiéctum erat redúcam, et quod confráctum fúerat alligábo, et quod infirmum fúerat consolidábo. | Je ferai moi-même paître Mes brebis, et je les ferai moi-même reposer, dit le Seigneur. Je chercherai ce qui était perdu, je ramènerai ce qui était égaré, je panserai ce qui était blessé, je fortifierai ce qui était faible. |
Secreta | Secrète |
Omnípotens sempitérne Deus, múnera tuæ maiestáti obláta, per intercessiónem beáti Ambrósii Confessóris tui atque Pontíficis, ad perpétuam nobis fac proveníre salútem. Per Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, par l’intercession du bienheureux Ambroise votre confesseur et Pontife, faites que l’oblation offerte à votre majesté nous fasse parvenir au salut éternel. |
Ant. ad Communionem. Eccli. 50, 6-7. | Communion |
Quasi stella matutína in médio nébulæ, et quasi luna plena in diébus suis lucet, et quasi sol refúlgens, sic ille effúlsit in templo Dei. | Il a brillé durant sa vie comme l’étoile du matin au milieu des nuages, et comme la lune dans son plein, il a resplendi dans le temple de Dieu comme un soleil éclatant. |
Postcommunio | Postcommunion |
Sacraménta salútis nostræ suscipiéntes, concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut beáti Ambrósii Confessóris tui atque Pontíficis nos ubíque orátio ádiuvet ; in cuius veneratióne hæc tuæ obtúlimus maiestáti. Per Dóminum nostram. | Accordez-nous, Dieu tout-puissant, qu’ayant reçu les sacrements de notre salut, nous soyons assistés partout par l’intercession de votre bienheureux confesseur et pontife Ambroise, en l’honneur de qui nous avons offert ce sacrifice à votre majesté. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Ambroise, Évêque de Milan, fils d’Ambroise citoyen romain, vint au monde tandis que son père était préfet des Gaules. On dit qu’en son enfance un essaim d’abeilles se posa sur ses lèvres : présage de la divine éloquence qu’il devait montrer un jour. On l’instruisit dans les arts libéraux, et bientôt le préfet Probus le préposa au gouvernement de la Ligurie et de l’Émilie. Il se rendit à Milan par l’ordre du même Probus, au moment où le peuple, après la mort de l’évêque arien Auxence, était en dissension touchant le choix de son successeur. Ambroise se rendit donc à l’église selon le devoir de sa charge, pour calmer la sédition. Quand il eut, à cette fin, parlé avec éloquence de la paix et de la tranquillité publique, un enfant s’écria tout à coup : « Ambroise Évêque ! » Tout le peuple répéta cette acclamation, demandant Ambroise pour son Évêque.
Cinquième leçon. Comme Ambroise refusait d’accepter et résistait aux prières de la multitude, le vœu ardent du peuple fut déféré à l’empereur Valentinien, auquel il fut très agréable de voir qu’on demandait pour le sacerdoce ceux qu’il avait choisis pour magistrats. Cette élection ne satisfit pas moins le préfet Probus qui, au départ d’Ambroise pour Milan, lui avait dit comme par inspiration divine : « Allez et agissez, non pas en juge mais en Évêque. » La volonté impériale s’accordant avec le désir du peuple, Ambroise fut baptisé (car il était encore catéchumène), initié aux mystères sacrés, et, ayant passé par tous les degrés des Ordres de l’Église, il reçut la charge épiscopale huit jours après son élection, le sept des ides de décembre. Devenu Évêque, il défendit résolument la foi catholique et la discipline ecclésiastique, convertit à la vraie foi beaucoup d’Ariens et d’autres hérétiques, et parmi ceux-ci il enfanta à Jésus-Christ saint Augustin, cette lumière éclatante de l’Église.
Sixième leçon. Quand l’empereur Gratien eut été tué, Ambroise se rendit deux fois en députation auprès de Maxime, son meurtrier ; mais celui-ci refusant de faire pénitence, il cessa toute relation avec lui. Il interdit à l’empereur Théodose l’entrée de l’église, à cause du massacre des Thessaloniciens ; comme le prince représentait que David, roi comme lui, avait été adultère et homicide : « Vous l’avez imité dans sa faute, répondit Ambroise, imitez-le dans sa pénitence. » C’est pourquoi Théodose accomplit humblement la pénitence publique que lui avait imposée Ambroise. Le saint Évêque s’étant donc acquitté de sa charge en multipliant pour l’Église de Dieu ses travaux et ses soins, et ayant écrit beaucoup de livres remarquables, prédit le jour de sa mort, avant de tomber malade. Honorat, Évêque de Verceil, trois fois averti par la voix de Dieu, accourut auprès de lui, et lui donna le corps sacré du Seigneur. Ambroise, l’ayant reçu, pria, les mains étendues en forme de croix, puis il rendit son âme à Dieu. C’était la veille des nones d’avril, l’an de Jésus-Christ trois cent quatre-vingt-dix-sept.
Cet illustre Pontife figure dignement sur le Cycle catholique, à côté du grand Evêque de Myre. Celui-ci a confessé, à Nicée, la divinité du Rédempteur des hommes ; celui-là, dans Milan, a été en butte à toute la fureur des Ariens, et par son courage invincible, il a triomphé des ennemis du Christ. Qu’il unisse donc sa voix de Docteur à celle de saint Pierre Chrysologue, et qu’il nous annonce les grandeurs et les abaissements du Messie. Mais telle est en particulier la gloire d’Ambroise, comme Docteur, que si, entre les brillantes lumières de l’Église latine, quatre illustres Maîtres de la Doctrine marchent en tête du cortège des divins interprètes de la Foi, le glorieux Pontife de Milan complète, avec Grégoire, Augustin et Jérôme, ce nombre mystique.
Ambroise doit l’honneur d’occuper sur le Cycle une si noble place en ces jours, à l’antique coutume de l’Église qui, aux premiers siècles, excluait du Carême les fêtes des Saints. Le jour de sa sortie de ce monde et de son entrée au ciel fut le quatre Avril ; or, l’anniversaire de cet heureux trépas se rencontre, la plupart du temps, dans le cours de la sainte Quarantaine : on fut donc contraint de faire choix d’un autre jour dans l’année, et le sept Décembre, anniversaire de l’Ordination épiscopale d’Ambroise, se recommandait de lui-même pour recevoir la fête annuelle du saint Docteur.
Au reste, le souvenir d’Ambroise est un des plus doux parfums dont pût être embaumée la route qui conduit à Bethlehem. Quelle plus glorieuse, ci en même temps quelle plus charmante mémoire que celle de ce saint et aimable Évêque, en qui la force du lion s’unit à la douceur de la colombe ? En vain les siècles ont passé sur cette mémoire : ils n’ont fait que la rendre plus vive et plus chère. Comment pourrait-on oublier ce jeune gouverneur de la Ligurie et de l’Émilie, si sage, si lettré, qui fait son entrée à Milan, encore simple catéchumène, et se voit tout à coup élevé, aux acclamations du peuple fidèle, sur le trône épiscopal de celte grande ville ? Et ces beaux présages de son éloquence enchanteresse, dans l’essaim d’abeilles qui, lorsqu’il dormait un jour, encore enfant, sur les gazons du jardin paternel, l’entoura et pénétra jusque dans sa bouche, comme pour annoncer la douceur de sa parole ! et cette gravité prophétique avec laquelle l’aimable adolescent présentait sa main à baiser à sa mère et à sa sœur, parce que, disait-il, cette main serait un jour celle d’un Évêque !
Mais quels combats attendaient le néophyte de Milan, sitôt régénéré dans l’eau baptismale, sitôt consacré prêtre et pontife ! Il lui fallait se livrer sans retard à l’étude assidue des saintes lettres, pour accourir docteur à la défense de l’Église attaquée dans son dogme fondamental par la fausse science des Ariens ; et telle fut en peu de temps la plénitude et la sûreté de sa doctrine que, non seulement elle opposa un mur d’airain aux progrès de l’erreur contemporaine, mais encore que les livres écrits par Ambroise mériteront d’être signalés par l’Église, jusqu’à la fin des siècles, comme l’un des arsenaux de la vérité.
Mais l’arène de la controverse n’était pas la seule où dût descendre le nouveau docteur ; sa vie devait être menacée plus d’une fois par les sectateurs de l’hérésie qu’il avait confondue. Quel sublime spectacle que celui de cet Évêque bloqua dans son église par les troupes de l’impératrice Justine, et gardé au dedans, nuit et jour, par son peuple ! Quel pasteur ! Quel troupeau ! Une vie dépensée tout entière pour la cité et la province avait valu à Ambroise cette fidélité et cette confiance de la part de son peuple. Par son zèle, son dévouement, son constant oubli de lui-même, il était l’image du Christ qu’il annonçait.
Au milieu des périls qui l’environnent, sa grande âme demeure calme et tranquille. C’est ce moment même qu’il choisit pour instituer, dans l’Église de Milan, le chant alternatif des Psaumes. Jusqu’alors la voix seule du lecteur faisait entendre du haut d’un ambon le divin Cantique ; il n’a fallu qu’un moment pour organiser en deux chœurs l’assistance, ravie de pouvoir désormais prêter sa voix aux chants inspirés du royal Prophète. Née ainsi au fort de la tempête, au milieu d’un siège héroïque, la psalmodie alternative est désormais acquise aux peuples fidèles de l’Occident. Rome adoptera l’institution d’Ambroise, et cette institution accompagnera l’Église jusqu’à la fin des siècles. Durant ces heures de lutte, le grand Évêque a encore un don à faire à ces fidèles catholiques qui lui ont fait un rempart de leurs corps. Il est poète, et souvent il a chanté dans des vers pleins de douceur et de majesté les grandeurs du Dieu des chrétiens et les mystères du salut de l’homme. Il livre à son peuple dévoué ces nobles hymnes qui n’étaient pas destinées à un usage public, et bientôt les basiliques de Milan retentissent de leur mélodie. Elles s’étendront plus tard à l’Église latine tout entière ; à l’honneur du saint Évêque qui ouvrit ainsi une des plus riches sources de la sainte Liturgie, on appellera longtemps un Ambrosien ce que, dans la suite, on a désigné sous le nom d’Hymne, et l’Église romaine acceptera dans ses Offices ce nouveau mode de varier la louange divine, et de fournir à l’Épouse du Christ un moyen de plus d’épancher les sentiments qui l’animent.
Ainsi donc, notre chant alternatif des Psaumes, nos Hymnes elles-mêmes sont autant de trophées de la victoire d’Ambroise. Il avait été suscité de Dieu, non seulement pour son temps, mais pour les âges futurs. C’est ainsi que l’Esprit-Saint lui donna le sentiment du droit chrétien avec la mission de le soutenir, dès cette époque où le paganisme abattu respirait encore, où le césarisme en décadence conservait encore trop d’instincts de son passé. Ambroise veillait appuyé sur l’Évangile. Il n’entendait pas que l’autorité impériale pût à volonté livrer aux Ariens, pour le bien de la paix, une basilique où s’étaient réunis les catholiques. Pour défendre l’héritage de l’Église, il était prêt à verser son sang. Des courtisans osèrent l’accuser de tyrannie auprès du prince. Il répondit : « Non ; les évêques ne sont pas des tyrans, mais c’est de la part des tyrans qu’ils ont eu souvent à souffrir. » L’eunuque Calligone, chambellan de Valentinien II, osa dire à Ambroise : « Comment, moi vivant, tu oses mépriser Valentinien ! Je te trancherai la tête. » — « Que Dieu te le permette ! répondit Ambroise : je souffrirai alors ce que souffrent les évêques ; et toi tu auras a fait ce que savent faire les eunuques. »
Cette noble constance dans la défense des droits de l’Église avait paru avec plus d’éclat encore, lorsque le Sénat romain, ou plutôt la minorité du Sénat restée païenne, tenta, à l’instigation du Préfet de Rome Symmaque, d’obtenir le rétablissement de l’autel de la Victoire au Capitole, sous le vain prétexte d’opposer un remède aux désastres de l’empire. Ambroise qui disait : « Je déteste la religion des Nérons », s’opposa comme un lion à cette prétention du polythéisme aux abois. Dans d’éloquents mémoires à Valentinien, il protesta contre une tentative qui avait pour but d’amener un prince chrétien à reconnaître des droits à l’erreur, et de faire reculer les conquêtes du Christ, seul maître des peuples. Valentinien se rendit aux vigoureuses remontrances de l’Évêque qui lui avait appris « qu’un empereur chrétien ne devait savoir respecter que l’autel du Christ », et ce prince répondit aux sénateurs païens qu’il aimait Rome comme sa mère, mais qu’il devait obéir à Dieu comme à l’auteur de son salut.
On peut croire que si les décrets divins n’eussent irrévocablement condamné l’empire à périr, des influences comme celles d’Ambroise, exercées sur des princes d’un cœur droit, l’auraient préservé de la ruine. Sa maxime était ferme ; mais elle ne devait être appliquée que dans les sociétés nouvelles qui surgirent après la chute de l’empire, et que le Christianisme constitua à son gré. Il disait donc : « Il n’est pas de titre plus honorable pour un Empereur que celui de Fils de l’Église. L’Empereur est dans l’Église ; il n’est pas au-dessus d’elle. »
Quoi de plus touchant que le patronage exercé avec tant de sollicitude par Ambroise sur le jeune Empereur Gratien, dont le trépas lui fit répandre tant de larmes ! Et Théodose, cette sublime ébauche du prince chrétien, Théodose, en faveur duquel Dieu retarda la chute de l’Empire, accordant constamment la victoire à ses armes, avec quelle tendresse ne fut-il pas aimé de l’évêque de Milan ? Un jour, il est vrai, le César païen sembla reparaître dans ce fils de l’Église ; mais Ambroise, par une sévérité aussi inflexible qu’était profond son attachement pour le coupable, rendit son Théodose à lui-même et à Dieu. « Oui, dit le saint Évêque, dans l’éloge funèbre d’un si grand prince, j’ai aimé cet homme qui préféra à ses flatteurs celui qui le réprimandait. Il jeta à terre tous les insignes de la dignité impériale, il pleura publiquement dans l’Église le péché dans lequel on l’avait perfidement entraîné, il en implora le pardon avec larmes et gémissements. De simples particuliers se laissent détourner par la honte, et un Empereur n’a pas rougi d’accomplir la pénitence publique ; et désormais, pas un seul jour ne s’écoula pour lui sans qu’il eût déploré sa faute. » Qu’ils sont beaux dans le même amour de la justice, ce César et cet Évêque ! le César soutient l’Empire prêt à crouler, et l’Évêque soutient le César.
Mais que l’on ne croie pas qu’Ambroise n’aspire qu’aux choses élevées et retentissantes. Il sait être le pasteur attentif aux moindres besoins des brebis de son troupeau. Nous avons sa vie intime écrite par son diacre Paulin. Ce témoin nous révèle qu’Ambroise, lorsqu’il recevait la confession des pécheurs, versait tant de larmes qu’il entraînait à pleurer avec lui celui qui était venu découvrir sa faute. « Il semblait, dit le biographe, qu’il fût tombé lui-même avec celui qui avait failli. » On sait avec quel touchant et paternel intérêt il accueillit Augustin captif encore dans les liens de l’erreur et des passions ; et qui voudra connaître Ambroise, peut lire dans les Confessions de l’évêque d’Hippone les épanchements de son admiration et de sa reconnaissance. Déjà Ambroise avait accueilli Monique, la mère affligée d’Augustin ; il l’avait consolée et fortifiée par l’espérance du retour de son fils. Le jour si ardemment désiré arriva ; et ce fut la main d’Ambroise qui plongea dans les eaux purifiantes du baptême celui qui devait être le prince des Docteurs.
Un cœur aussi fidèle à ses affections ne pouvait manquer de se répandre sur ceux que les liens du sang lui avaient attachés. On sait l’amitié qui unit Ambroise à son frère Satyre, dont il a raconté les vertus avec l’accent d’une si émouvante tendresse dans le double éloge funèbre qu’il lui consacra. Marcelline sa sœur ne fut pas moins chère à Ambroise. Dès sa première jeunesse, la noble patricienne avait dédaigné le monde et ses pompes. Sous le voile de la virginité qu’elle avait reçu da mains du pape Libère, elle habitait Rome au sein de la famille. Mais l’affection d’Ambroise ne connaissait pas de distances ; ses lettres allaient chercher la servante de Dieu dans son mystérieux asile. Il n’ignorait pas quel zèle elle nourrissait pour l’Église, avec quelle ardeur elle s’associait à toute les œuvres de son frère, et plusieurs des lettre qu’il lui adressait nous ont été conservées. On est ému en lisant seulement la suscription de ces épîtres : « Le frère à la sœur », ou encore : « A Marcelline ma sœur, plus chère à moi que mes yeux et ma vie. » Le texte de la lettre vient ensuite, rapide, animé, comme les luttes qu’il retrace. Il en est une qui fut écrite dans les heures même où grondait l’orage, pendant que le courageux pontife était assiégé dans sa basilique par les troupes de Justine. Ses discours au peuple de Milan, ses succès comme ses épreuves, les sentiments héroïques de son âme épiscopale, tout se peint dans ces fraternelles dépêches, tout y révèle la force et la sainteté du lien qui unit Ambroise et Marcelline. La basilique Ambrosienne garde encore le tombeau du frère et celui de la sœur ; sur l’un et l’autre chaque jour le divin Sacrifice est offert.
Tel fut Ambroise, dont Théodose disait un jour : « Il n’y a qu’un évêque au monde ». Glorifions l’Esprit-Saint qui a daigné produire un type aussi sublime dans l’Église, et demandons au saint Pontife qu’il daigne nous obtenir une part à cette foi vive, à cet amour si ardent qu’il témoigne dans ses suaves et éloquents écrits envers le mystère de la divine Incarnation. En ces jours qui doivent aboutir à celui où le Verbe fait chair va paraître, Ambroise est l’un de nos plus puissants intercesseurs.
Sa piété envers Marie nous apprend aussi quelle admiration et quel amour nous devons avoir pour la Vierge bénie. Avec saint Éphrem, l’évêque de Milan est celui des Pères du IVe siècle qui a le plus vivement exprimé les grandeurs du ministère et de la personne de Marie. Il a tout connu, tout ressenti, tout témoigné. Marie exempte par grâce de toute tache de péché, Marie au pied de la Croix s’unissant à son fils pour le salut du genre humain, Jésus ressuscité apparaissant d’abord à sa mère, et tant d’autres points sur lesquels Ambroise est l’écho de la croyance antérieure, lui donnent un des premiers rangs parmi les témoins de la tradition sur les mystères de la Mère de Dieu.
Cette tendre prédilection pour Marie explique l’enthousiasme dont Ambroise est rempli pour la virginité chrétienne, dont il mérite d’être considéré comme le Docteur spécial. Aucun des Pères ne l’a égalé dans le charme et l’éloquence avec lesquels il a proclamé la dignité et la félicité des vierges. Quatre de ses écrits sont consacres à glorifier cet état sublime, dont le paganisme expirant essayait encore une dernière contrefaçon dans ses vestales, recrutées au nombre de sept, comblées d’honneurs et de richesses, et déclarées libres après un temps. Ambroise leur oppose l’innombrable essaim des vierges chrétiennes, remplissant le monde entier du parfum de leur humilité, de leur constance et de leur désintéressement. Mais sur un tel sujet sa parole était plus attrayante encore que sa plume, et l’on sait, par les récits contemporains, que, dans les villes qu’il visitait et où sa voix devait se faire entendre, les mères retenaient leurs filles à la maison, dans la crainte que les discours d’un si saint et si irrésistible séducteur ne leur eussent persuadé de n’aspirer plus qu’aux noces éternelles.
Saluons un si grand Docteur, en répétant ces paroles de la sainte Église, dans l’Office des Vêpres : « O Docteur excellent ! Lumière de la sainte Église, bienheureux Ambroise, amateur de la loi divine, priez pour nous le Fils de Dieu. »
Nous vous louerons aussi, tout indignes que nous en sommes, immortel Ambroise ! Nous exalterons les dons magnifiques que le Seigneur a placés en vous. Vous êtes la Lumière de l’Église, le Sel de la terre, par votre doctrine céleste ; vous êtes le Pasteur vigilant, le Père tendre, le Pontife invincible : mais combien votre cœur aima le Seigneur Jésus que nous attendons ! Avec quel indomptable courage vous sûtes, au péril de vos jours, vous opposer à ceux qui blasphémaient ce Verbe divin ! Par là, vous avez mérité d’être choisi pour initier, chaque année, le peuple fidèle à la connaissance de Celui qui est son Sauveur et son Chef. Faites donc pénétrer jusqu’à notre œil le rayon de la vérité qui vous éclairait ici-bas ; faites goûter à notre bouche la saveur emmiellée de votre parole ; touchez notre cœur d’un véritable amour pour Jésus qui s’approche d’heure en heure. Obtenez qu’à votre exemple, nous prenions avec force sa cause en main, contre les ennemis de la foi, contre les esprits de ténèbres, contre nous-mêmes. Que tout cède, que tout s’anéantisse, que tout genou ploie, que tout cœur s’avoue vaincu, en présence de Jésus-Christ, Verbe éternel du Père, Fils de Dieu et fils de Marie, notre Rédempteur, notre Juge, notre souverain bien.
Glorieux Ambroise, abaissez-nous comme vous avez abaissé Théodose ; relevez-nous contrits et changés, comme vous le relevâtes dans votre pastorale charité. Priez aussi pour le Sacerdoce catholique, dont vous serez à jamais l’une des plus nobles gloires. Demandez à Dieu, pour les Prêtres et les Pontifes de l’Église, cette humble et inflexible vigueur avec laquelle ils doivent résister aux Puissances du siècle, quand elles abusent de l’autorité que Dieu a déposée entre leurs mains. Que leur front, suivant la parole du Seigneur, soit dur comme le diamant ; qu’ils sachent s’opposer comme un mur pour la maison d’Israël ; qu’ils estiment comme un souverain honneur, comme le plus heureux sort, de pouvoir exposer leurs biens, leur repos, leur vie, pour la liberté de l’Épouse du Christ.
Vaillant champion de la vérité, armez-vous de ce fouet vengeur que l’Église vous a donné pour attribut ; et chassez loin du troupeau de Jésus-Christ ces restes impurs de l’Arianisme qui, sous divers noms, se montrent encore jusqu’en nos temps. Que nos oreilles ne soient plus attristées par les blasphèmes de ces hommes vains qui osent mesurer à leur taille, juger, absoudre et condamner comme leur semblable le Dieu redoutable qui les a créés, et qui, par un pur motif de dévouement à sa créature, a daigné descendre et se rapprocher de l’homme, au risque d’en être méconnu.
Bannissez de nos esprits, ô Ambroise, ces timides et imprudentes théories qui font oublier à des chrétiens que Jésus est le Roi de ce monde, et les entraînent à penser qu’une loi humaine qui reconnaît des droits égaux à l’erreur et à la vérité, pourrait bien être le plus haut perfectionnement des sociétés. Obtenez qu’ils comprennent, à votre exemple, que si les droits du Fils de Dieu et de son Église peuvent être foulés aux pieds, ils n’en existent pas moins ; que la promiscuité de toutes les religions sous une protection égale est le plus sanglant outrage envers Celui « à qui toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre » ; que les désastres périodiques de la société sont la réponse qu’il fait du haut du ciel aux contempteurs du Droit chrétien, de ce Droit qu’il a acquis en mourant sur la Croix pour les hommes ; qu’enfin, s’il ne dépend pas de nous de relever ce Droit sacré chez les nations qui ont eu le malheur de l’abjurer, notre devoir est de le confesser courageusement, sous peine d’être complices de ceux qui n’ont plus voulu que Jésus régnât sur eux.
Enfin, au milieu de ces ombres qui s’appesantissent sur le monde, consolez, ô Ambroise, la sainte Église qui n’est plus qu’une étrangère, une pèlerine à travers les nations dont elle fut la mère et qui l’ont reniée ; qu’elle cueille encore sur sa route, parmi ses fidèles, les fleurs de la virginité ; qu’elle soit l’aimant des âmes élevées qui comprennent la dignité d’Épouse du Christ. S’il en fut ainsi aux glorieux temps des persécutions qui signalèrent le commencement de son ministère, à notre époque d’humiliations et de défections, qu’il lui soit donné encore de consacrer à son Époux une élite nombreuse de cœurs purs et généreux, afin que sa fécondité la venge de ceux qui l’ont repoussée comme une mère stérile, et qui sentiront un jour cruellement son absence.
Saint Ambroise Uranius Aurelius, né sans doute à Trêves d’une ancienne et illustre famille romaine qui avait déjà donné à l’Église la martyre Sotère et qui, outre le saint Docteur que nous fêtons aujourd’hui, devait enrichir le martyrologe de deux autres noms, ceux de Satyre et de Marcelline, son frère et sa sœur, mourut à Milan en la vigile de Pâques, le 4 avril 397, Comme ce jour tombe toujours pendant le Carême ou durant la semaine pascale, c’est-à-dire à une époque où, selon l’antique liturgie, toute fête en l’honneur des saints était exclue, sa mémoire se célèbre aujourd’hui, anniversaire de son ordination épiscopale. Cette substitution, à Rome, date au moins du XIe siècle et elle est basée sur le très ancien usage liturgique de célébrer solennellement le natale ordinationis des évêques et des prêtres.
Le Sacramentaire Gélasien indique en ce jour l’Octave de saint André ; mais cette fête, probablement propre à la basilique vaticane, est depuis longtemps tombée en désuétude.
La messe de ce jour emprunte presque toutes les parties qui la composent au Commun des saints évêques et des docteurs ; toutefois la deuxième et la troisième collectes sont spéciales à saint Ambroise.
Le verset pour l’introït est celui de la Messe des saints docteurs ; nous l’avons déjà vu pour la fête de saint Pierre Chrysologue
La première collecte est presque identique à celle du saint évêque de Ravenne. On demande au Seigneur qu’après avoir accordé à l’Église le bienheureux Ambroise comme ministre de l’éternel salut, il nous donne aussi la docilité nécessaire pour recevoir son céleste enseignement, afin que nous méritions de l’avoir pour notre intercesseur en paradis. Voilà donc la condition générale pour obtenir les effets des prières des saints : une âme disposée à imiter leurs exemples.
La première lecture et le répons-graduel sont identiques à ceux de la fête de saint Pierre Chrysologue que nous avons déjà rapportés le 4 décembre.
Le verset alléluiatique est tiré du psaume 109 : « Le Seigneur a juré sans aucun regret : Tu seras prêtre pour toujours, selon le type de Melchisédech. ». Comme les prêtres de la nouvelle Loi participent au sacerdoce du Christ, de même ils doivent entrer dans ses dispositions d’éminente sainteté, de détachement du monde, de zèle pour la gloire de Dieu et de compassion pour les âmes.
La lecture évangélique est la même que pour la fête de saint Pierre Chrysologue.
Le verset pour l’offertoire est semblable à celui qui a déjà été rapporté pour la fête de saint Nicolas.
La secrète a un caractère général. En voici le texte : « O Dieu tout-puissant et éternel, par l’intercession du bienheureux Ambroise votre confesseur et Pontife, faites que l’oblation offerte à votre majesté soit pour nous un gage de salut éternel. »
Le verset pour la Communion est identique à celui d’hier.
Dans la collecte d’action de grâces, nous demandons aujourd’hui à Dieu que l’intercession du saint Pontife — si rempli de zèle pour le salut des âmes que, lorsqu’il gouvernait l’Église de Milan, il semblait que sa maison n’eût pas de porte, tant chacun était libre d’approcher de lui à son gré [5] — nous assiste dans toutes les circonstances de la vie ; afin que notre infidélité à la grâce ne rende jamais stérile l’ineffable sacrement d’éternel salut auquel nous venons de participer.
La sainteté d’Ambroise et l’insigne dignité dont le revêtit le Seigneur, ont réalisé au sens le plus large la vue prophétique d’Ambroise enfant relativement à sa grandeur future. On raconte en effet que, quand le Pape se rendait dans la demeure de sa mère, celle-ci, en compagnie de ses trois enfants, se prosternait immédiatement pour lui baiser la main. Quand le Pontife était sorti de la maison, Ambroise présentait à son tour sa petite main d’enfant à Marcelline pour qu’elle la baisât.
Deux antiques églises maintinrent vive et populaire à Rome la mémoire d’Ambroise. L’une n’existe plus ; elle s’élevait près de la basilique vaticane, autour de laquelle, au moyen âge, avaient été érigés divers oratoires et hospices nationaux pour, les pèlerins qui y affluaient de toutes les parties du monde. L’autre est toujours debout, sous le titre de Saint-Ambroise della Massima, parce qu’elle s’élevait près du porticus maxima, qui, partant du temple d’Hercule, contournait le Champ de Mars. Son ancien nom, selon le Liber Pontificalis dans la biographie de Léon III, est celui de monastère de Sainte-Marie quod appellatur Ambrosii et qui était aussi dédié à saint Etienne. L’identification de cet Ambroise avec le Docteur de Milan qui eut certainement à Rome sa domus de famille — très illustre et universellement connue, puisque les papes eux-mêmes avaient coutume de s’y rendre — est probable mais ne peut être affirmée avec une sûreté absolue.
Ce jour présente un double objet à nos méditations : la vigile de la grande fête de l’Immaculée-Conception, et la fête de Saint Ambroise. Bien que le degré de cette dernière fête soit plus élevé, l’Église préfère célébrer à la messe la vigile. Une autre raison de son importance, c’est que la fête de l’Immaculée a de nombreux rapports avec l’Avent. Mais la prière des Heures est consacrée à saint Ambroise.
Jour de mort : 4 avril 397 (aujourd’hui est le jour de son ordination). Tombeau : église Saint-Ambroise à Milan. Image : On le représente en évêque avec un livre et une ruche d’abeilles. Sa vie : Saint Ambroise n’était encore que catéchumène quand il fut élu évêque de Milan. Il fut un prédicateur célèbre. Il convertit par ses sermons saint Augustin et le baptisa. Il se distingua aussi par son courage devant les princes. Après le meurtre de l’empereur Gratien, Ambroise fut envoyé en ambassade auprès de son meurtrier Maxime. Comme celui ci refusait de faire pénitence, il l’excommunia. Il refusa à l’empereur Théodose, à cause des massacres de Thessalonique, l’entrée de l’Église. Comme l’empereur alléguait l’exemple de David adultère et meurtrier, Ambroise lui répondit : « Puisque tu l’as imité dans son péché, imite-le dans sa pénitence. » Théodose accepta avec humilité la pénitence qui lui était imposée. Nous rencontrons souvent ce saint, dans le bréviaire : il nous instruit par ses homélies et il a composé des hymnes d’une belle inspiration. Ses écrits respirent l’esprit liturgique du christianisme antique : il vit vraiment le mystère. On ne saurait trop recommander la lecture de ses écrits, même aux laïcs. Saint Ambroise compte parmi les quatre grands docteurs de l’Église latine.
Pratique : Le saint docteur est, tout particulièrement pour nous, un maître de la liturgie. Puisse-t-il nous donner le sens liturgique si nécessaire en notre temps, comme il le créa et le propagea jadis, même dans le peuple. Dans la liturgie, nous trouvons la source première et indispensable de la vie chrétienne.
Chers frères et sœurs,
Le saint Évêque Ambroise ─ dont je vous parlerai aujourd’hui ─ mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397. C’était l’aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l’après-midi, il s’était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. « Nous voyions ses lèvres bouger », atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l’invitation d’Augustin, écrivit sa Vie, « mais nous n’entendions pas sa voix ». Tout d’un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Évêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l’étage supérieur, fut réveillé par une voix qui lui disait : « Lève-toi, vite ! Ambroise va mourir... ». Honoré descendit en hâte ─ poursuit Paulin ─ « et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l’eut-il pris et avalé, Ambroise rendit l’âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges » [6]. En ce Vendredi Saint de l’an 397, les bras ouverts d’Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C’était sa dernière catéchèse : dans le silence des mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie.
Ambroise n’était pas vieux lorsqu’il mourut. Il n’avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu’il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l’Émilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C’est précisément en ce lieu que faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l’Évêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son autorité fut telle que, bien que n’étant qu’un simple catéchumène, il fut acclamé Évêque de Milan par le peuple.
Jusqu’à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l’Empire dans l’Italie du Nord. Culturellement très préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l’approche des Écritures, le nouvel Évêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d’Origène, le maître incontesté de l’« école alexandrine ». De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Écritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d’Ambroise, qui naissent précisément de l’écoute orante de la Parole de Dieu. Un célèbre préambule d’une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Évêque appliquait l’Ancien Testament à la vie chrétienne : « Lorsque nous lisions les histoires des Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale ─ dit l’Évêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes ─ afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l’obéissance aux préceptes divins » [7]. En d’autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon l’Évêque, après avoir appris l’art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d’Ambroise ─ qui représente le noyau fondamental de son immense œuvre littéraire ─ part de la lecture des Livres saints (« les Patriarches », c’est-à-dire les Livres historiques, et « les Proverbes », c’est-à-dire les Livres sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine.
Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d’exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l’efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique ; il était sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n’était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu’il les appréciât) d’Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l’Évêque et de son Église milanaise, qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Église capable de résister aux violences de l’empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l’année 386, avaient recommencé à prétendre la réquisition d’un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l’édifice qui devait être réquisitionné ─ raconte Augustin ─ « le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Évêque ». Ce témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d’Augustin, qui poursuit : « Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous participions à l’excitation du peuple tout entier » [8].
Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l’exemple de l’Évêque Ambroise. Nous pouvons nous référer à un célèbre sermon de l’Africain, qui mérita d’être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum : « C’est pourquoi ─ avertit en effet Dei Verbum au n. 25 ─ tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s’attacher aux Écritures, de peur que l’un d’eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l’écouterait pas au-dedans de lui" ». Il avait appris précisément d’Ambroise cette « écoute au-dedans », cette assiduité dans la lecture des Saintes Écritures, dans une attitude priante, de façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l’assimiler.
Chers frères et sœurs, je voudrais vous proposer encore une sorte d’« icône patristique », qui, interprétée à la lumière de ce que nous avons dit, représente efficacement « le cœur » de la doctrine ambrosienne. Dans son sixième livre des Confessions, Augustin raconte sa rencontre avec Ambroise, une rencontre sans aucun doute d’une grande importance dans l’histoire de l’Église. Il écrit textuellement que, lorsqu’il se rendait chez l’Évêque de Milan, il le trouvait régulièrement occupé par des catervae de personnes chargées de problèmes, pour les nécessités desquelles il se prodiguait ; il y avait toujours une longue file qui attendait de pouvoir parler avec Ambroise, pour chercher auprès de lui le réconfort et l’espérance. Lorsqu’Ambroise n’était pas avec eux, avec les personnes, (et cela ne se produisait que très rarement), il restaurait son corps avec la nourriture nécessaire, ou nourrissait son esprit avec des lectures. Ici, Augustin s’émerveille, car Ambroise lisait l’Écriture en gardant la bouche close, uniquement avec les yeux [9]. De fait, au cours des premiers siècles chrétiens la lecture était strictement conçue dans le but de la proclamation, et lire à haute voix facilitait également la compréhension de celui qui lisait. Le fait qu’Ambroise puisse parcourir les pages uniquement avec les yeux, révèle à un Augustin admiratif une capacité singulière de lecture et de familiarité avec les Écritures. Et bien, dans cette « lecture du bout des lèvres », où le cœur s’applique à parvenir à la compréhension de la Parole de Dieu ─ voici « l’icône » dont nous parlons ─, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne : c’est l’Écriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus à annoncer pour conduire à la conversion des cœurs.
Ainsi, selon le magistère d’Ambroise et d’Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que j’ai écrit dans l’Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d’apparaître comme une sorte de clown, qui récite un rôle « par profession ». Il doit plutôt être ─ pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise ─ comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d’agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l’Évangile de la manière la plus crédible et efficace.
Comme l’Apôtre Jean, l’Évêque Ambroise - qui ne se lassait jamais de répéter : « Omnia Christus est nobis ! ; le Christ est tout pour nous ! » ─ demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d’amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse : « Omnia Christus est nobis ! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin ; si la fièvre te brûle, il est la source ; si tu es opprimé par l’iniquité, il est la justice ; si tu as besoin d’aide, il est la force ; si tu crains la mort, il est la vie ; si tu désires le ciel, il est le chemin ; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière... Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon : bienheureux l’homme qui espère en lui ! » [10]. Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
[1] Cf. Motu proprio Summorum Pontificum : Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.
[2] Cf. la note à l’Épître.
[*]
PROPRIUM SANCTORUM PRO ALIQUIBUS LOCIS | PROPRE DES SAINTS POUR CERTAINS LIEUX |
¶ Infrascriptae Missae de Mysterio vel Sancto elogium in Martyrologio eo die habente, dici possunt ut festivae ubicumque, ad libitum sacerdotis, iuxta rubricas. Similiter huiusmodi Missae dici possunt etiam ut votivae, nisi aliqua expresse excipiatur. | ¶ Les Messes données ici d’un Mystère ou d’un saint qui a le jour-même une mention au Martyrologe, peuvent être dites comme festives partout, selon la volonté du prêtre et les rubriques. De la même manière, les Messes peuvent être dites comme votives sauf si c’est indiqué expressément. |
[3] Cf. Motu proprio Summorum Pontificum : Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.
[4] Cf. la note à l’Épître.
[5] Non enim vetabatur quisquam ingredi, aut ei venientem nuntiari mos erat (Augustin., Confess., VI, 3).
[6] Vie 47.
[7] Les mystères, 1, 1.
[8] Confessions 9, 7.
[9] Cf. Confess. 6, 3.
[10] De virginitate, 16, 99.