Accueil - Missel - Sanctoral

30/08 Ste Rose de Lima, vierge

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Née à Lima en 1586, morte le 24 août 1617. Première sainte du nouveau continent à être canonisée en 1671, sa popularité était telle que Rome avait permis, dès la béatification, la célébration de sa Messe votive dans le monde entier, cas unique dans l’histoire du culte des saints. Mais la fête ne fut inscrite au calendrier au rang de rite double que sous Benoît XIII en 1727 ; la fête de Ste Rose de Lima a réduit au rang de commémoraison celle des deux Martyrs Félix et Adauctus que l’Église de Rome célébrait aujourd’hui.

Textes de la Messe

die 30 augusti
le 30 août
SANCTÆ ROSÆ LIMANÆ
Ste ROSE DE LIMA
Virginis
Vierge
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Dilexísti, de Communi Virginum III loco, præter orationem sequentem :Messe Dilexísti, du Commun des Vierges III, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Bonórum ómnium largítor, omnípotens Deus, qui beátam Rosam, cæléstis grátiæ rore prævéntam, virginitátis et patiéntiæ decóre Indis floréscere voluísti : da nobis fámulis tuis ; ut, in odórem suavitátis eius curréntes, Christi bonus odor éffici mereámur : Qui tecum.Dieu tout-puissant, dispensateur de tous les biens, vous avez prévenu de la rosée céleste de votre grâce la bienheureuse Rose, et vous l’avez fait briller dans les Indes de tout l’éclat de la pureté et de la patience : accordez à vos serviteurs de courir à l’odeur de ses parfums, afin qu’ils méritent de devenir eux-mêmes la bonne odeur de Jésus-Christ, qui, étant Dieu, vit et règne.
Et fit commemoratio Ss. Felicis et Adaucti Mm. :Et on fait mémoire des Sts Félix et Adauctus, Martyrs :
Oratio.Collecte
Maiestátem tuam, Dómine, súpplices exorámus : ut, sicut nos iúgiter Sanctórum tuórum commemoratióne lætíficas ; ita semper supplicatióne deféndas. Per Dóminum nostrum.Nous adressons, Seigneur, de suppliantes prières à votre majesté, à l’effet d’obtenir que, nous donnant dans la fête de vos Saints un continuel sujet de joie, vous nous fassiez aussi trouver dans leurs prières une perpétuelle assistance.
Secreta CSecrète C
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum.Qu’elle soit agréée de vous, Seigneur, l’offrande faite par votre peuple saint en l’honneur de vos Saintes par les mérites desquelles il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation.
Pro Ss. MartyribusPour les Sts Martyrs
SecretaSecrète
Hóstias, Dómine, tuæ plebis inténde : et, quas in honóre Sanctórum tuórum devóta mente célebrat, profícere sibi séntiat ad salútem. Per Dóminum.Regardez, Seigneur, les dons de votre peuple, et que le mystère qu’il accomplit pieusement en mémoire de vos Saints soit profitable à son salut éternel.
Postcommunio CPostcommunion C
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum.Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours, s’il vous plaît, grâce à l’intervention de la sainte dont nous celébrons la fête.
Pro Ss. MartyribusPour les Sts Martyrs
PostcommunioPostcommunion
Repléti, Dómine, munéribus sacris : quǽsumus : ut, intercedéntibus Sanctis tuis, in gratiárum semper actióne maneámus. Per Dóminum nostrum.Nourris des dons sacrés, nous vous prions, Seigneur : par l’intercession de vos Saints, faites que nous demeurions toujours en action de grâce.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. La première fleur de sainteté de l’Amérique méridionale fut la vierge Rose, née à Lima, de parents chrétiens. Dès son berceau, on vit en elle des marques éclatantes de sa sainteté future, car son visage d’enfant parut un jour transfiguré et comme ayant l’aspect d’une rose, ce qui fut l’occasion de lui imposer ce nom. Dans la suite, la Vierge, Mère de Dieu, y ajouta un surnom, ordonnant de l’appeler Rose de sainte Marie. A l’âge de cinq ans, elle émit le vœu de virginité perpétuelle. Dans son adolescence, craignant que ses parents ne la contraignissent à se marier, elle coupa secrètement sa superbe chevelure. Adonnée à des jeûnes qui semblent au-dessus des forces de la nature humaine, elle passait des carêmes entiers sans manger de pain, n’ayant chaque jour pour nourriture que cinq pépins de citron.

Cinquième leçon. Quand elle eut pris l’habit du tiers ordre de saint Dominique, elle redoubla ses austérités, fixa dans un long et très dur cilice de petites aiguilles, et se mit à porter jour et nuit, sous son voile une couronne armée de pointes aiguës. A l’exemple de sainte Catherine de Sienne elle ceignit ses reins d’une chaîne de fer, qui l’entourait d’un triple nœud. Son lit se composait de troncs noueux dont les interstices étaient remplis de têts de pots cassés. Elle se fit construire une étroite cellule dans un coin retiré du jardin ; et là, livrée à la contemplation des choses du ciel, elle exténuait son faible corps par de fréquentes disciplines, des privations de nourriture et des veilles ; mais soutenue par l’esprit, elle sortit victorieusement de nombreuses luttes avec les démons qu’elle méprisait sans crainte et dominait.

Sixième leçon. Cruellement éprouvée par les souffrances de diverses maladies, les insultes de personnes de sa maison, et la calomnie, elle s’affligeait de ne pas souffrir autant qu’elle le méritait. En proie presque continuellement durant quinze années aux peines consumantes de la désolation et de l’aridité spirituelle, elle supporta avec force d’âme ces combats plus remplis d’amertume que toute mort. Après quoi elle commença à connaître l’abondance des joies célestes, à être éclairée par des visions, et à sentir son cœur se fondre sous l’action de séraphiques ardeurs. Favorisée de fréquentes apparitions de son Ange gardien, de sainte Catherine de Sienne et de la Mère de Dieu, elle usait avec eux d’une admirable simplicité, et mérita d’entendre de la bouche du Christ ces paroles : « Rose de mon cœur, sois une épouse pour moi. » Introduite heureusement enfin dans le paradis de cet Époux divin, Rose devint illustre après sa mort comme auparavant par de nombreux miracles, et le souverain Pontife Clément X l’inscrivit solennellement au catalogue des saintes Vierges.

Au troisième nocturne. Du Commun.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 25, 1-13.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui ; ayant pris leurs lampes, altèrent au-devant de l’époux et de l’épouse. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilia 12 in Evang.

Septième leçon. Je vous recommande souvent, mes très chers frères, de fuir le mal et de vous préserver de la corruption du monde ; mais aujourd’hui la lecture du saint Évangile m’oblige à vous dire de veiller avec beaucoup de soin à ne pas perdre le mérite de vos bonnes actions. Prenez garde que vous ne recherchiez dans le bien que vous faites, la faveur ou l’estime des hommes, qu’il ne s’y glisse un désir d’être loué, et que ce qui paraît au dehors ne recouvre un fond vide de mérite et peu digne de récompense. Voici que notre Rédempteur nous parle de dix vierges, il les nomme toutes vierges et cependant toutes ne méritèrent pas d’être admises au séjour de la béatitude, car tandis qu’elles espéraient recueillir de leur virginité une gloire extérieure, elles négligèrent de mettre de l’huile dans leurs vases.

Huitième leçon. Il nous faut d’abord examiner ce qu’est le royaume des cieux, ou pourquoi il est comparé à dix vierges, et encore quelles sont les vierges prudentes et les vierges folles. Puisqu’il est certain qu’aucun réprouvé n’entrera dans le royaume des cieux, pourquoi nous dit-on qu’il est semblable à des vierges parmi lesquelles il y en a de folles ? Mais nous devons savoir que l’Église du temps présent est souvent désignée dans le langage sacré sous le nom de royaume des cieux ; d’où vient que le Seigneur dit en un autre endroit : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume tous les scandales » [1]. Certes, ils ne pourraient trouver aucun scandale à enlever, dans ce royaume de la béatitude, où se trouve la plénitude de la paix.

Neuvième leçon. L’âme humaine subsiste dans un corps doué de cinq sens. Le nombre cinq, multiplié par deux, donne celui de dix. Et parce que la multitude des fidèles comprend l’un et l’autre sexe, la sainte Église est comparée à dix vierges. Comme, dans cette Église, les méchants se trouvent mêlés avec les bons et ceux qui seront réprouvés avec les élus, ce n’est pas sans raison qu’on la dit semblable à des vierges, dont les unes sont sages et les autres insensées. Il y a en effet, beaucoup de personnes chastes qui veillent sur leurs passions quant aux choses extérieures et sont portées par l’espérance vers les biens intérieurs ; elles mortifient leur chair et aspirent de toute l’ardeur de leur désir vers la patrie d’en haut ; elles recherchent les récompenses éternelles, et ne veulent pas recevoir pour leurs travaux de louanges humaines : celles-ci ne mettent assurément pas leur gloire dans les paroles des hommes, mais la cachent au fond de leur conscience. Et il en est aussi plusieurs qui affligent leur corps par l’abstinence, mais attendent de cette abstinence même des applaudissements humains.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Quel parfum d’au delà de l’Océan nous apporte aujourd’hui la brise ! L’ancien monde renouvelle sa jeunesse à ces senteurs du ciel ; le nouveau se concilie par elles la terre et les cieux.

Cent ans ont passé depuis les jours où l’Europe étonnée apprit qu’un continent nouveau se révélait par delà les flots de la mer Ténébreuse, effroi des navigateurs. L’Espagne venait d’expulser le Croissant de ses propres terres ; comme récompense, elle reçut la mission de planter la Croix sur ces plages immenses. Ni héros, ni apôtres, ne firent défaut dans cette œuvre au royaume Catholique ; ni non plus, pour son malheur, les aventuriers dont la soif de l’or fit le fléau des Indiens qu’il s’agissait d’amener au vrai Dieu. La décadence si prompte de l’illustre nation qui avait triomphé du Maure, montrera bientôt jusqu’à quel point les peuples prévenus des plus hautes bénédictions restent pourtant solidaires des crimes commis, sous le couvert de leur nom, par quiconque porte le drapeau du pays. On sait comment finit au Pérou l’empire des Incas : malgré les protestations indignées des missionnaires, malgré les ordres venus de la mère patrie, quelques années suffirent aux compagnons de Pizarre pour exterminer le tiers des habitants de ces florissantes contrées ; un autre tiers achevait de périr dans la misère d’une servitude pire que la mort immédiate ; le reste fuyait vers les montagnes, emportant au fond des forêts la haine de l’envahisseur, et trop souvent, hélas ! de l’Évangile, responsable à ses yeux des atrocités accomplies par les baptisés. La cupidité des vainqueurs donnait entrée à tous les vices dans ces âmes en lesquelles cependant la foi restait vive : Lima, fondée au pied des Cordillères comme métropole des provinces conquises, semblait bâtie sur la triple concupiscence ; avant la fin du siècle, Jonas nouveau d’une nouvelle Ninive, saint François Solano la menaçait du courroux de Dieu.

Mais déjà la miséricorde avait pris les devants ; la justice et la paix s’étaient rencontrées [2] dans l’âme d’une enfant prête à toutes les expiations, insatiable d’amour. Combien nous voudrions nous arrêter à contempler la vierge péruvienne dans son héroïsme qui s’ignora toujours, dans sa grâce si candide et si pure ! Rose qui n’eut pour ceux qui l’approchaient que des suavités embaumées, et garda pour elle le secret des épines sans lesquelles ne vont point les roses ici-bas ! Éclose du sourire de Marie, elle ravit l’Enfant-Dieu qui la veut sur son cœur. Les fleurs la reconnaissent pour reine, et toute saison les voit répondre à son désir ; à son invitation, les plantes s’agitent joyeuses, les arbres inclinent leurs rameaux, toute la nature tressaille, eux-mêmes les insectes organisent des chœurs, les oiseaux rivalisent avec elle d’harmonies pour célébrer leur auteur commun. Et elle chante, au souvenir des noms de son père et de sa mère, Gaspard des Fleurs et Marie d’Olive : « O mon Jésus, que vous êtes beau entre les olives et les fleurs ; et vous ne dédaignez pas votre Rose ! »

Cependant l’éternelle Sagesse se révélait dans les jeux de l’Enfant divin et de sa bien-aimée [3]. C’est Clément X qui, dans la bulle de canonisation, nous rappelle qu’un jour où elle était plus souffrante, le tout aimable fils de la Vierge bénie l’invita pour une partie mystérieuse où l’enjeu serait laissé au libre choix du vainqueur. Rose gagne, et réclame sa guérison, aussitôt accordée. Mais Jésus demande la revanche, et l’emportant au second tour, il rend son mal, accompagné du don de patience, à la perdante toute joyeuse ; car elle avait compris qu’elle gagnait plus à la seconde partie qu’à la première.

Réservons à l’Église de raconter, en la Légende, jusqu’où notre Sainte fut amenée par l’efficacité de ces divines leçons touchant la souffrance. Dans les tortures surhumaines de sa dernière maladie, elle répondait à qui l’exhortait au courage : « Ce que je demande à mon Époux, c’est qu’il ne cesse point de me brûler des ardeurs les plus cuisantes, jusqu’à ce que je sois pour lui le fruit mûr qu’il daigne recevoir de cette terre à sa table des deux ». Et comme on s’étonnait alors de sa sécurité, de sa certitude d’aller directement au paradis, elle dit avec feu cette autre parole qui montre aussi tout un aspect de son âme : « Moi, j’ai un Époux qui peut ce qu’il y a de plus grand, qui possède ce qu’il y a de plus rare ; et je ne me vois pas n’espérant de lui que de petites choses ».

Confiance bien justifiée par l’infinie bonté, les assurances et les prévenances du Seigneur à l’égard de Rose. Elle n’avait que trente et un ans, lorsque, au milieu de la nuit qui ouvrait la fête de saint Barthélémy de l’année 1617, elle entendit le cri : Voici l’Époux [4] ! Dans Lima, dans tout le Pérou, dans l’Amérique entière, des prodiges de conversion et de grâce signalèrent le trépas de l’humble vierge, inconnue jusque-là du grand nombre. « Il fut attesté juridiquement, dit le Pontife suprême [5], que, depuis la découverte du Pérou, aucun missionnaire ne s’était rencontré qui eût produit pareil ébranlement d’universelle pénitence ». Cinq ans plus tard, était dédié ce monastère de Sainte-Catherine-de-Sienne qui devait continuer au milieu de Lima l’œuvre de sanctification, d’assainissement, de défense sociale, et qu’on appelait le monastère de Rose, parce qu’elle en était en effet devant Dieu la fondatrice et la mère. Ses prières en avaient obtenu l’érection qu’elle avait prédite pour après sa mort, désignant d’avance le plan, les religieuses futures, la première supérieure, qu’elle investit un jour prophétiquement de son esprit dans un embrassement plein de mystère.

Patronne de votre patrie de ce monde, veillez sur elle toujours. Justifiez sa confiance, dans l’ordre même de la vie présente, en la défendant des tremblements de terre dont les secousses promènent l’effroi sur ses rivages, des commotions politiques dont sa récente indépendance s’est vue si cruellement éprouvée. Étendez votre action tutélaire aux jeunes républiques qui l’avoisinent, et qui elles aussi vous honorent ; ainsi que votre terre natale, protégez-les contre le mirage des utopies venues de notre vieux monde, contre les entraînements, les illusions de leur propre jeunesse, contre les sectes condamnées qui finiraient par ébranler jusqu’à leur foi toujours vive. Enfin, Rose aimée du Seigneur, souriez à l’Église entière que ravissent aujourd’hui vos charmes célestes. Comme elle, nous voulons tous courir à l’odeur de vos parfums [6].

Apprenez-nous à nous laisser prévenir comme vous par la céleste rosée. Montrez-nous à répondre aux avances du sculpteur divin qui vous apparut un jour, remettant aux soins de ceux qu’il aime les marbres de choix des vertus, pour les polir et les tailler en s’aidant de leurs larmes et du ciseau de la pénitence. Plus que tout le reste, enseignez-nous la confiance et l’amour. Tout ce qu’opère, disiez-vous, le soleil dans l’immensité de l’univers, faisant éclore les fleurs et mûrissant les fruits, créant les perles au sein des océans, les pierres précieuses dans les plis des montagnes : l’Époux l’accomplissait dans les espaces sans fin de votre âme, y produisant toute richesse, toute beauté, toute joie, toute chaleur et toute vie. Puissions-nous, ainsi que vous-même, profiter de la descente du Soleil de justice eh nos poitrines au Sacrement d’union, ne vivre plus que de sa lumière bénie, porter la bonne odeur du Christ en tous lieux [7].

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette fleur délicate de l’Église du Pérou a joui du rare privilège d’avoir pour rédacteur de son office le pieux et docte liturgiste que fut le cardinal Bona. La fête de sainte Rose fut élevée par Benoît XIII au rite double, en sorte qu’elle a pratiquement supprimé celle des deux martyrs du cimetière de Commodille.

Comme sainte Catherine de Sienne, Rose était inscrite au Tiers Ordre de saint Dominique ; dans la basilique de Sainte-Marie-sur-Minerve à Rome, près de la tombe de la Vierge de Sienne, on vénère le crucifix devant lequel Rose avait coutume de faire oraison.

Avant d’admettre la pieuse vierge péruvienne à ses noces mystiques, Dieu se plut à la faire passer par l’épreuve du feu. Il la purifia par de dures pénitences corporelles, et au moyen aussi de ces peines mystiques que souffre l’âme qui n’est pas encore accoutumée au contact de la divinité, laquelle, au dire de l’apôtre, est toujours ignis consumens.

La messe est du commun des Vierges, mais la première collecte est propre. Prière. — « O Dieu, de qui nous vient tout bien ; vous qui prévîntes des douceurs de votre grâce la bienheureuse Rose, et la fîtes épanouir en Amérique comme une fleur de virginale pureté et de patience ; faites que nous, vos serviteurs, attirés par le parfum de ses vertus, nous répandions également autour de nous le parfum céleste du Christ ».

Quel beau programme de vie spirituelle ! Chacun de nous doit exprimer Jésus-Christ dans sa vie, dans ses pensées, dans ses paroles, enlevant à la piété chrétienne tout ce que peut parfois lui conférer d’âpre ou d’anguleux notre immortification, afin que la dévotion apparaisse aux autres douce et aimable, comme celle du divin Maître lui-même.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Rose de mon cœur, tu dois être mon épouse !

1. Sainte Rose. — Jour de mort : 24 août 1617, Tombeau : dans l’église du couvent des dominicains à Lima (Pérou). Culte très populaire. Vie : Sainte Rose de Lima, tertiaire de Saint-Dominique, « la première fleur de sainteté qu’ait produite l’Amérique méridionale », est célèbre par sa grande vertu et l’austérité de sa vie. Elle expia par ses pénitences la cupidité des conquérants de sa patrie, et l’exemple de sa vie fut pour beaucoup un salutaire enseignement. Le pape Clément X déclare dans la bulle de canonisation de sainte Rose « que, depuis la découverte du Pérou, aucun missionnaire n’a jamais suscité un aussi grand mouvement de conversion ». Dès l’âge de cinq ans, elle voua sa virginité à Dieu. Dans son adolescence, elle se livra à des mortifications et à des jeûnes au-dessus des forces humaines. Elle passait tout le carême sans manger de pain, ne vivant que de cinq pépins de citron par jour. De plus elle eut à subir de multiples assauts du démon, de cruelles souffrances et maladies, des insultes et des calomnies qui lui venaient des siens. Volontiers elle acceptait tout, se plaignant même de n’être pas aussi affligée qu’elle le méritait. Pendant quinze années, elle fut en proie à la plus extrême désolation et aridité spirituelle. Dieu l’en récompensa en la comblant ensuite d’une joie toute céleste, et en la favorisant de fréquentes apparitions de son ange gardien et de la Très Sainte Vierge. Le 24 aout 1617, le jour arriva enfin « où elle fit son entrée heureuse dans le Paradis de son divin Époux ». L’office de sainte Rose de Lima est l’œuvre du pieux liturgiste qu’était le cardinal Bona.

2. La messe (Dilexisti) est du commun des Vierges. — Aujourd’hui encore nous pouvons constater le triple but de la liturgie des saints :
- a) elle voit dans la sainte, présente parmi nous, un membre d’élite de la grande famille de Dieu.
- b) Elle voit en elle une image et un symbole de l’Église. Retenons bien cette pensée : l’Église se représente elle-même dans la personne des saints, et particulièrement de ses saintes.
- c) Enfin, elle voit en eux l’âme de chacun de nous.

Tout ceci est d’une évidence remarquable à la messe de ce jour :
- a) Sous les traits de l’épouse, nous reconnaissons sainte Rose de Lima ; nous la voyons entrer au ciel dans son cortège nuptial (Introït et Off.) ; nous voyons le Christ s’avancer vers elle (Grad.). Elle fut vraiment la vierge sage qui attendait l’époux, la lampe allumée à la main.
- b) C’est cette autre épouse, l’Église, que nous considérons aussi en sainte Rose, l’Église qui célèbre à l’avance le triomphe suprême de chacun de ses membres. Admirons la justesse de cette comparaison entre les vierges sages et l’Église qui, dans la nuit de la vie terrestre, entretient la lampe avec l’huile de sa charité et de sa prière, et dont l’unique préoccupation est d’attendre l’arrivée de l’Époux. Et chaque messe est une anticipation dé sa venue ; à chaque messe l’Église se rapproche du jour des noces. La messe est une anticipation du retour du Seigneur. Combien cette pensée est manifeste aujourd’hui particulièrement au moment de la communion !
- c) Toute âme est une cellule de l’Église ; les pensées et les sentiments de notre mère l’Église trouvent un écho en Chacune. Aujourd’hui, c’est avec des sentiments d’épouse que je me rends à l’église, que je pénètre dans la grande salle du ciel. A l’offertoire, c’est moi qui suis l’épouse en parure royale près de l’Époux ; et la sainte communion est pour moi la table du festin et les fiançailles éternelles.

[1] Matth. 13, 41.

[2] Psalm. LXXXIV, 11.

[3] Prov. VIII, 30-31.

[4] Matth. XXV, 6.

[5] Bulle de canonisation.

[6] Collecte de la fête, ex Cant. I, 3.

[7] Collecte de la fête, ex II Cor. II, 15.