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12/07 St Jean Gualbert, abbé

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Déposition en 1073. Canonisé en 1193. Fête en 1602.

On fait aussi Mémoire des Sts Nabor et Félix.

Textes de la Messe

die 12 Iulii
le 12 juillet
S. IOANNIS GUALBERTI
SAINT JEAN GUALBERT
Abbatis
Abbé
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Ps. 36, 30-31.Introït
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium : lex Dei eius in corde ipsíus.La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité ; la loi de son Dieu est dans son cœur.
Ps. Ibid., 1.
Noli æmulári in malignántibus : neque zeláveris faciéntes iniquitátem.Ne porte pas envie au méchant et ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l’iniquité.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Intercéssio nos, quǽsumus, Dómine, beáti Ioánnis Abbátis comméndet : ut, quod nostris méritis non valémus, eius patrocínio assequámur. Per Dóminum nostrum.Que l’intercession du bienheureux Abbé Jean, nous recommande, s’il vous plaît, auprès de vous, Seigneur, afin que nous obtenions, par son patronage, ce que nous ne pouvons attendre de nos mérites.
Et fit Commemoratio Ss. Naboris et Felicis Mm. :Et on fait mémoire des Sts Nabor et Félix, Martyrs :
Oratio.Collecte
Præsta, quǽsumus, Dómine : ut, sicut nos sanctórum Martyrum tuórum Nabóris et Felícis natalítia celebránda non desérunt ; ita iúgiter suffrágiis comitántur. Per Dóminum.Faites, Seigneur, s’il vous plaît, que comme nous célébrons fidèlement la naissance au ciel de vos saints Martyrs Nabor et Félix, ainsi nous soyons constamment aidés de leur prières.
Léctio libri Sapientiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Eccli. 45, 1-6.
Diléctus Deo et homínibus, cuius memória in benedictióne est. Símilem illum fecit in glória sanctórum, et magnificávit eum in timóre inimicórum, et in verbis suis monstra placávit. Gloríficávit illum in conspéctu regum, et iussit illi coram pópulo suo, et osténdit illi glóriam suam. In fide et lenitáte ipsíus sanctum fecit illum, et elégit eum ; ex omni carne. Audívit enim eum et vocem ipsíus, et indúxit illum in nubem. Et dedit illi coram præcépta, et legem vitæ et disciplínæ.Il a été aimé de Dieu et des hommes ; sa mémoire est en bénédiction. Le Seigneur lui a donné une gloire égale à celle des saints ; il l’a rendu grand et redoutable à ses ennemis, et il a fait cesser les prodiges par ses paroles. Il l’a glorifié en présence des rois, il lui a donné ses ordres devant son peuple, et lui a montré sa gloire. Il l’a sanctifié dans sa foi et dans sa douceur, et il l’a choisi entre tous les hommes. Il l’a écouté et a entendu sa voix, et il l’a fait entrer dans la nuée. Il lui a donné ses préceptes face à face, et la loi de la vie et de la science.
Graduale. Ps. 20, 4-5.Graduel
Dómine, prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis : posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.Seigneur, vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions ; vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
V/. Vitam pétiit a te, et tribuísti ei longitúdinem diérum in sǽculum sǽculi.V/. Il vous a demandé la vie, et vous lui avez accordé des jours qui dureront dans les siècles des siècles.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 91, 13. Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Le juste fleurira comme le palmier, et il se multipliera comme le cèdre du Liban. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Suite du Saint Évangile selon saint Matthieu.
Matth. 5, 43-48.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Audístis, quia dictum est : Diliges próximum tuum, et ódio habébis inimícum tuum. Ego autem dico vobis : Dilígite inimícos vestros, benefácite his, qui odérunt vos, et oráte pro persequéntibus et calumniántibus vos, ut sitis fílii Patris vestri, qui in cælis est : qui solem suum oriri facit super bonos et malos, et pluit super iustos et iniústos. Si enim dilígitis eos, qui vos díligunt, quam mercédem habébitis ? nonne et publicáni hoc fáciunt ? Et si salutavéritis fratres vestros tantum, quid ámplius tácitis ? nonne et éthnici hoc fáciunt ? Estóte ergo vos perfécti, sicut et Pater vester cæléstis perféctus est.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton proche, et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous deveniez enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes. Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.
Ant. ad Offertorium. Ps. 20, 3 et 4.Offertoire
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei, Dómine, et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum : posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.Vous lui avez accordé, Seigneur, le désir de son cœur, et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
SecretaSecrète
Sacris altáribus, Dómine, hóstias superpósitas sanctus Joánnes Abbas, quǽsumus, in salútem nobis proveníre depóscat. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, que Saint Jean, abbé, nous obtienne que les offrandes déposées sur vos sacrés autels nous soient utiles pour notre salut.
Pro Ss. MartyribusPour les Saints Martyrs
SecretaSecrète
Múnera plebis tuæ, quǽsumus, Dómine, sanctórum Mártyrum tuórum Nabóris et Felícis fiant grata suffrágiis : et, quorum triúmphis tuo nómini offeruntur, ipsorum digna perficiantur et méritis. Per Dóminum.Que les suffrages de vos Martyrs Nabor et Félix vous rendent agréables, Seigneur, nos oblations : et puisque nous les offrons en souvenir de leur triomphe, qu’ainsi leurs mérites vous les fassent accepter.
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 42.Communion
Fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus super famíliam suam : ut det illis in témpore trítici mensúram.Voici le dispensateur fidèle et prudent que le Maître a établi sur ses serviteurs pour leur donner au temps fixé, leur mesure de blé.
PostcommunioPostcommunion
Prótegat nos, Dómine, cum tui perceptióne sacraménti beátus Joánnes Abbas, pro nobis intercedéndo : ut et conversatiónis eius experiámur insígnia, et intercessiónis percipiámus suffrágia. Per Dóminum nostrum.O Seigneur, que le bienheureux Abbé Jean, nous protège, en intercédant pour nous en ce moment où nous avons reçu votre sacrement, afin que nous imitions les remarquables exemples de sa vie et que nous recevions les fruits de son intercession.
Pro Ss. MartyribusPour les Saints Martyrs
PostcommunioPostcommunion
Natalítiis Sanctórum tuórum, quǽsumus, Dómine : ut, sacraménti múnere vegetáti, bonis, quibus per tuam grátiam nunc fovémur, perfruámur ætérnis. Per Dóminum nostrum.Seigneur, comme aujourd’hui nous réjouit l’anniversaire de vos saints et la grâce du divin sacrement, ainsi accordez-nous de jouir d’un si grand bien pour l’éternité.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Jean Gualbert, né à Florence de parents nobles, obéissait à son père en suivant la carrière militaire, lorsque Hugues, son unique frère, fut tué par un de ses parents. Le vendredi saint, Jean, tout armé et escorté de soldats, rencontra le meurtrier, seul et sans armes, dans un lieu où ni l’un ni l’autre ne pouvaient s’éviter ; il lui fit grâce de la vie par respect pour la sainte croix, que l’homicide suppliant représentait en étendant les bras au moment où il allait subir la mort. Après avoir traité son ennemi en frère, Jean entra pour prier dans l’église voisine de San-Miniato, et pendant qu’il adorait l’image du Christ en croix, il la vit incliner la tête vers lui. Troublé par ce fait surnaturel, il quitta malgré son père, la carrière des armes, coupa sa chevelure de ses propres mains et revêtit l’habit monastique. Il se distingua bientôt en piété et en vertus religieuses, au point de servir à beaucoup d’autres d’exemple et de règle de perfection ; aussi l’Abbé du Monastère étant mort, fut-il choisi à l’unanimité comme supérieur. Mais aimant mieux obéir que commander, et réservé par la volonté divine pour de plus grandes choses, le serviteur de Dieu alla trouver Romuald, qui vivait au désert de Camaldoli, et apprit de lui une prédiction venue du ciel relative à son institut : c’est alors qu’il fonda son ordre, sous la règle de saint Benoît, dans la vallée de Vallombreuse.

Cinquième leçon. Dans la suite, sa renommée de sainteté lui amena beaucoup de disciples. Il s’appliqua soigneusement et de concert avec ceux qui s’étaient associés à lui, à extirper les faux principes de l’hérésie et de la simonie ainsi qu’à propager la foi apostolique ; c’est pourquoi lui et les siens rencontrèrent des difficultés sans nombre. Pour le perdre, lui et ses disciples, ses adversaires envahirent soudain pendant la nuit le monastère de Saint-Salvien, incendièrent l’église, démolirent les bâtiments et blessèrent mortellement tous les moines, mais l’homme de Dieu rendit ceux-ci à la santé sur-le-champ, par un seul signe de croix. Il arriva aussi qu’un de ses religieux, du nom de Pierre, passa miraculeusement sans en éprouver aucune atteinte, au milieu d’un feu très étendu et très ardent ; Jean obtint ainsi pour lui-même et pour ses frères la tranquillité tant souhaitée. Il parvint en conséquence à bannir de l’Étrurie le fléau de la simonie et à ramener la foi à sa première intégrité dans toute l’Italie.

Sixième leçon. Il jeta les premiers fondements de nombreux monastères, et affermit par de saintes lois ces mêmes fondations et d’autres, dont il avait restauré les édifices et la régulière observance. Pour nourrir les pauvres, il vendit le mobilier sacré ; pour châtier les méchants, il trouva les éléments dociles ; pour réprimer les démons, la croix lui servit de glaive. Accablé par les abstinences, les veilles, les jeûnes, les prières, les mortifications de la chair et la vieillesse, Jean répétait souvent au cours de sa maladie ces paroles de David : « Mon âme a eu soif du Dieu fort et vivant : quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » Sur le point de mourir, il convoqua ses disciples, les exhorta à l’union fraternelle, et fit écrire sur un billet, avec lequel il voulut qu’on l’ensevelît, les paroles suivantes : « Moi, Jean, je crois et je professe la foi que les saints Apôtres ont prêchée et que les saints Pères ont confirmée en quatre conciles. » Enfin, après avoir été honoré pendant trois jours de la présence des Anges, il s’en alla vers le Seigneur, âgé de soixante-dix-huit ans, l’an du salut mil soixante-treize, le quatre des ides de juillet. C’était à Passignano, où il est honoré avec la plus grande vénération. De nombreux miracles l’ayant illustré, Célestin III l’a mis au nombre des Saints.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 5, 43-48.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton proche, et tu haïras ton ennemi. Et le reste.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre. Liber I Comm. in cap. 5 Matth.

Septième leçon. « Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent ». Bien des personnes, mesurant les divins préceptes à leur lâcheté et non au courage des saints, croient impossible ce qui est ordonné ici, et disent que c’est assez pour nos forces de ne point haïr nos ennemis, et que le commandement de les aimer dépasse ce dont la nature humaine est capable. Il faut donc bien savoir que le Christ n’ordonne pas des choses impossibles, mais des choses parfaites. C’est ce qu’ont pratiqué David envers Saül et Absalom, le Martyr Etienne priant pour ceux qui le lapidaient, Paul souhaitant d’être anathème pour ses persécuteurs. C’est ce que Jésus lui-même a enseigné et pratiqué, disant : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » [1].

Huitième leçon. En ce qui concerne les autres bonnes œuvres, on peut alléguer parfois un obstacle quelconque. Mais quand il s’agit de la charité qu’il faut avoir, personne ne peut s’excuser. Quelqu’un me dira peut-être : il m’est impossible de jeûner ; est-ce qu’il pourra dire : il m’est impossible d’aimer ? Quelqu’un dira peut-être : il m’est impossible de garder la virginité ; je ne puis vendre tous mes biens pour en donner le prix aux pauvres ; est-ce qu’il pourra dire : il m’est impossible d’aimer mes ennemis ?

Neuvième leçon. Car, en il ceci, les pieds ne se fatiguent point à courir, ni les oreilles à écouter, ni les mains à force de travailler, de sorte qu’il ne faut point chercher à nous en exempter au moyen d’une excuse. On ne nous dit pas : Allez en Orient et cherchez-y la charité ; rendez-vous par mer en Occident et vous y trouverez la dilection. Elle est au fond de notre cœur, où le Prophète nous invite à rentrer, quand il dit : « Prévaricateurs, rentrez dans votre cœur » [2]. Car ce n’est point dans les pays éloignés que se trouve ce qui est exigé de nous.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Depuis le jour où Simon le Mage se fit baptiser à Samarie, jamais l’enfer ne s’était vu si près d’être maître dans l’Église qu’au temps où nous ramène à l’occasion de la fête présente le Cycle sacré. Repoussé par Pierre avec malédiction, Simon, s’adressant aux princes, leur avait dit comme autrefois aux Apôtres : « Donnez-moi pour argent ce pouvoir qu’à quiconque j’imposerai les mains, celui-là ait le Saint-Esprit » [3]. Et les princes, heureux à la fois de supplanter Pierre et d’augmenter leurs trésors, s’étaient arrogé le droit d’investir les élus de leur choix du gouvernement des Églises ; et les évêques à leur tour avaient vendu au plus offrant les divers ordres de la sainte hiérarchie ; et s’introduisant à la suite de la concupiscence des yeux, la concupiscence de la chair avait rempli le sanctuaire d’opprobres sans nom.

Le dixième siècle avait assisté à l’humiliation même du pontificat souverain ; le onzième, au tiers de son cours, voyait le débordement du fleuve maudit changer en marais les derniers pâturages encore saufs des brebis du Seigneur. L’œuvre du salut s’élaborait à l’ombre du cloître ; mais l’éloquence de Pierre Damien n’avait point jusque-là franchi le désert, et la rencontre d’Hugues de Cluny, de Léon IX et d’Hildebrand devait se faire attendre plus encore. Or voici que dans le silence de mort qui planait sur la chrétienté, un cri d’alarme a retenti soudain, secouant la léthargie des peuples : cri d’un moine, vaillant homme d’armes jadis, vers qui s’est penchée la tête du Christ en croix pour reconnaître l’héroïsme avec lequel un jour il sut épargner un ennemi. Chassé par le flot montant de la simonie qui vient d’atteindre son monastère de San-Miniato, Jean Gualbert est entré dans Florence, et trouvant là encore le bâton pastoral aux mains d’un mercenaire, il a senti le zèle de la maison de Dieu dévorer son cœur [4] ; en pleine place publique, il a dénoncé l’ignominie de l’évêque et de son propre abbé, voulant ainsi du moins délivrer son âme [5].

A la vue de ce moine qui, dans son isolement, se dressait ainsi contre la honte universelle, il y eut un moment de stupeur au sein de la foule assemblée. Bientôt les multiples complicités qui trouvaient leur compte au présent état de choses regimbèrent sous l’attaque, et se retournèrent furieuses contre le censeur importun qui se permettait de troubler la bonne foi des simples. Jean n’échappa qu’à grand-peine à la mort ; mais, dès ce jour, sa vocation spéciale était fixée : les justes qui n’avaient point cessé d’espérer, saluèrent en lui le vengeur d’Israël ; leur attente ne devait pas être confondue.

Comme toujours cependant pour les œuvres authentiquement marquées du sceau divin, l’Esprit-Saint devra mettre un long temps à former l’élu de sa droite. L’athlète a jeté le gant aux puissances de ce monde ; la guerre sainte est ouverte : ne semble-t-il pas que dès lors il faille avant tout donner suite à la déclaration des hostilités, tenir campagne sans trêve ni repos jusqu’à pleine défaite de l’ennemi ? Et néanmoins le soldat des combats du Seigneur, allant au plus pressé, se retirera dans la solitude pour y améliorer sa vie, selon l’expression si fortement chrétienne de la charte même qui fonda Vallombreuse [6]. Les tenants du désordre, un instant effrayés de la soudaineté de l’attaque et voyant sitôt disparaître l’agresseur, se riront de ce qui ne sera plus à leurs yeux qu’une fausse entrée dans l’arène ; quoi qu’il en coûte au brillant cavalier d’autrefois, il attendra humble et soumis, pour reprendre l’assaut, ce que le Psalmiste appelle le temps du bon plaisir de Dieu [7].

Peu à peu, de toutes les âmes que révolte la pourriture de cet ordre social en décomposition qu’il a démasqué, se recrute autour de lui l’armée de la prière et de la pénitence. Des gorges des Apennins elle étend ses positions dans la Toscane entière, en attendant qu’elle couvre l’Italie et passe les monts. Septime à sept milles de Florence, Saint-Sauve aux portes de la ville, forment les postes avancés où, en 1063, reprend l’effort de la guerre sainte. Un autre simoniaque, Pierre de Pavie, vient d’occuper par droit d’achat le siège des pontifes. Jean et ses moines ont résolu de plutôt mourir que de porter en silence l’affront nouveau fait à l’Église de Dieu. Mais le temps n’est plus où la violence et les huées d’une foule séduite accueillaient seules la protestation courageuse du moine fugitif de San-Miniato. Le fondateur de Vallombreuse est devenu, par le crédit que donnent les miracles et la sainteté, l’oracle des peuples. A sa voix retentissant de nouveau dans Florence, une telle émotion s’empare du troupeau, que l’indigne pasteur, sentant qu’il n’a plus à dissimuler, rejette au loin sa peau de brebis [8] et montre en lui le voleur qui n’est venu que pour voler, pour égorger et pour perdre [9]. Une troupe armée à ses ordres fond sur Saint-Sauve ; elle met le feu au monastère, et se jette sur les moines qui, surpris au milieu de l’Office de la nuit, tombent sous le glaive, sans interrompre la psalmodie jusqu’au coup qui les frappe. De Vallombreuse, à la nouvelle du martyre ennoblissant ses fils, Jean Gualbert entonne un chant de triomphe. Florence, saisie d’horreur, rejette la communion de l’évêque assassin, Pourtant quatre années encore séparaient ce peuple de la délivrance, et les grandes douleurs pour Jean n’étaient pas commencées.

L’illustre ennemi de tous les désordres de son temps, saint Pierre Damien, venait d’arriver de la Ville éternelle. Investi de l’autorité du Pontife suprême, on était assuré d’avance qu’il ne pactiserait point avec la simonie, et l’on pouvait croire qu’il ramènerait la paix dans cette Église désolée. Ce fut le contraire qui eut lieu. Les plus grands saints peuvent se tromper, et, dans leurs erreurs, devenir les uns pour les autres un sujet d’épreuve d’autant plus acerbe que leur volonté, moins sujette aux changements capricieux des autres hommes, reste plus ferme dans la voie qu’ils se sont une fois tracée en vue des intérêts de Dieu et de son Église. Peut-être le grand évêque d’Ostie ne se rendit pas assez compte de la situation toute d’exception que faisaient aux victimes de Pierre de Pavie sa simonie notoire, et la violence avec laquelle il massacrait lui-même sans autre forme de procès les contradicteurs. Partant de l’incontestable principe que ce n’est point aux inférieurs à déposer leurs chefs, le légat réprouva la conduite de ceux qui s’étaient séparés de l’évêque ; et, arguant de certaines paroles extrêmes échappées à quelques-uns dans une indignation trop peu contenue, il retourna sur ceux qu’il appelait « ses confrères les moines » l’accusation d’hérésie portée par eux contre le prélat simoniaque [10].

L’accès du Siège apostolique restait ouvert aux accusés ; ils y portèrent intrépidement leur cause. Cette fois du moins, on ne pouvait soulever d’argument d’exception contre la canonicité de leur procédure. Mais là, dit l’historien [11], beaucoup craignant pour eux-mêmes se mirent à s’élever contre eux ; et lorsque presque tous, exhalant leur fureur, jugeaient dignes de mort ces moines dont la témérité osait faire la guerre aux prélats de l’Église, alors derechef, en plein concile romain, Pierre Damien prenant la parole alla jusqu’à dire au Pontife suprême : « Seigneur et Père saint, ce sont là les sauterelles qui dévorent la verdure de la sainte Église ; que le vent du midi se lève et les emporte à la mer Rouge ! » Mais le saint et très glorieux Pape Alexandre II, répondant avec douceur à ces excès de langage, prenait les moines en sa défense et rendait hommage à la droiture de leurs intentions. Cependant il n’osa donner suite à leur demande dépasser outre, parce que la plus grande partie des évêques favorisait Pierre de Pavie, et que seul l’archidiacre Hildebrand soutenait en tout l’abbé de Vallombreuse [12].

L’heure néanmoins allait venir où Dieu même prononcerait ce jugement qu’on ne pouvait obtenir de la terre. Assaillis de menaces, traités comme des agneaux au milieu des loups [13], Jean Gualbert et ses fils criaient au ciel avec le Psalmiste : « Levez-vous, Seigneur, aidez-nous ; levez-vous, pourquoi dormez-vous, Seigneur ? Levez-vous, ô Dieu : jugez votre cause » [14]. A Florence, les sévices continuaient. Saint-Sauveur de Septime était devenu le refuge des clercs que la persécution bannissait de la ville ; le fondateur de Vallombreuse, qui résidait alors en ce lieu, multipliait pour eux les ressources de sa charité. Mais la situation devint telle enfin, qu’un jour du Carême de l’année 1067, le reste du clergé et la ville entière, laissant le simoniaque à la solitude de son palais désert, accourut à Septime. Ni la longueur du chemin détrempé par les pluies, ni la rigueur du jeûne observé par tous, dit la relation adressée dans les jours mêmes au Pontife souverain par le peuple et le clergé de Florence, ne purent arrêter les matrones les plus délicates, les femmes prêtes d’être mères ou les enfants [15]. L’Esprit-Saint planait visiblement sur cette foule ; elle demandait le jugement de Dieu. Jean Gualbert, sous l’impulsion du même Esprit divin, permit l’épreuve ; et en témoignage de la vérité de l’accusation portée par lui contre l’évêque de Florence, Pierre, un de ses moines, nommé depuis Pierre Ignée, traversa lentement sous les yeux de la multitude un brasier immense qui ne lui fit aucun mal. Le ciel avait parlé ; l’évêque fut déposé par Rome, et termina ses jours, heureux pénitent, dans ce même monastère de Septime.

En 1073, année de l’élévation d’Hildebrand son ami au Siège apostolique, Jean s’en allait à Dieu. Son action contre la simonie s’était étendue bien au delà de la Toscane. La république Florentine ordonna de chômer le jour de sa fête ; et l’on grava sur la pierre qui protégeait ses reliques sacrées : A JEAN GUALBERT, CITOYEN DE FLORENCE, LIBÉRATEUR DE L’ITALIE.

Vous avez été un vrai disciple de la loi nouvelle, ô vous qui sûtes épargner un ennemi en considération de la Croix sainte. Apprenez-nous à conformer comme vous nos actes aux leçons que nous donne l’instrument du salut ; et il deviendra pour nous, comme il le fut pour vous, une arme toujours victorieuse contre l’enfer. Pourrions-nous, à sa vue, refuser d’oublier une injure venant de nos frères, quand c’est un Dieu qui, non content d’oublier nos offenses autrement criminelles à sa souveraine Majesté, se dévoue sur ce bois pour les expier lui-même ? Si généreux qu’il puisse être jamais, le pardon de la créature n’est qu’une ombre lointaine de celui que nous octroie chaque jour le Père qui est aux deux. A bon droit pourtant l’Évangile que l’Église chante à votre honneur nous montre, dans l’amour des ennemis, le caractère de ressemblance qui nous rapproche le plus de la perfection de ce Père céleste, et le signe même de la filiation divine en nos âmes [16].

Vous l’avez eu, ô Jean, ce caractère de ressemblance auguste ; Celui qui en vertu de sa génération éternelle est le propre Fils de Dieu par nature, a reconnu en vous ce cachet d’une incomparable noblesse qui vous faisait son frère. En inclinant vers vous sa tête sacrée, il saluait la race divine [17] qui venait de se déclarer dans ce fils de la terre et allait éclipser mille fois l’illustration que vous teniez des aïeux d’ici-bas. Quel germe puissant l’Esprit-Saint alors déposait en vous ; et combien Dieu parfois récompense la générosité d’un seul acte ! Votre sainteté, la part glorieuse qui fut la vôtre dans la victoire de l’Église, et cette fécondité qui vous donne de revivre jusqu’à nos jours dans l’Ordre illustre qui plonge en vous ses racines : toutes ces grâces de choix pour votre âme et tant d’autres âmes, ont dépendu de l’accueil que vous alliez faire au malheureux que sa fatalité ou la justice du ciel, auraient dit vos contemporains, jetait sur vos pas. Il était digne de mort ; et dans ces temps où chacun plus ou moins se taisait justice lui-même, votre bonne renommée n’aurait point souffert, elle n’eût fait que grandir, en lui infligeant le châtiment qu’il avait mérité. Mais si l’estime de vos contemporains vous restait acquise, la seule gloire qui compte devant Dieu, la seule qui dure devant les hommes eux-mêmes, n’eût point été votre partage. Qui maintenant vous connaîtrait ? qui surtout prononcerait votre nom avec l’admiration et la reconnaissance qu’il excite aujourd’hui parmi les enfants de l’Église ?

Le Fils de Dieu, voyant vos dispositions conformes aux sentiments de son cœur sacré, a versé dans le vôtre son amour jaloux pour la cité sainte au rachat de laquelle il a voué tout son sang. O zélateur de la beauté de l’Épouse, veillez sur elle toujours ; éloignez d’elle les mercenaires qui prétendraient tenir de l’homme le droit de représenter l’Époux à la tête des Églises. Que l’odieuse vénalité de vos temps ne se transforme point dans les nôtres en compromissions d’aucune sorte à l’égard des pouvoirs de la terre. La simonie la plus dangereuse n’est point celle qui s’escompte à prix d’or ; il est des obséquiosités, des hommages, des avances, des engagements implicites, qui ne tombent pas moins sous l’anathème des saints canons que les transactions pécuniaires : et qu’importerait, de fait, l’objet ou la forme adoucie du contrat simoniaque, si la complicité achetée du pastorat laissait les princes charger l’Église à nouveau des chaînes que vous avez tant contribué à briser ? Ne permettez pas, ô Jean Gualbert, un tel malheur qui serait l’annonce de désastres terribles. Que la Mère commune continue de sentir l’appui de votre bras puissant. Sauvez une seconde fois en dépit d’elle-même votre patrie de la terre. Protégez, dans nos temps malheureux, le saint Ordre dont vous êtes la gloire et le père ; que sa vitalité résiste aux confiscations, aux violences de cette même Italie qui vous proclama autrefois son libérateur. Obtenez aux chrétiens de toute condition Je courage nécessaire pour soutenir la lutte qui s’offre à tout homme ici-bas.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Saint Jean Gualbert est l’un des représentants, formés à l’école de saint Benoît, de ce mouvement énergique de réforme ecclésiastique qui éleva à une haute sainteté la papauté et la hiérarchie. Celles-ci, au XIe siècle, gisaient, avilies, au pied du trône de César. Ils allèrent jusqu’à conduire à Canossa, aux genoux d’Hildebrand, l’empereur allemand pénitent, dépouillé de sa couronne et les pieds nus.

La mission de Jean Gualbert fut surtout dirigée contre la simonie en Toscane, et l’épisode le plus caractéristique de cette mission fut de démontrer que l’évêque Pierre de Florence avait acheté l’épiscopat ; dans ce but, il ordonna à son disciple, nommé Pierre lui aussi, de soutenir l’épreuve du feu. L’appel au jugement de Dieu fut accepté ; Pierre revêtit les ornements sacrés, célébra la messe et, ayant obtenu la bénédiction de son abbé, pénétra courageusement dans l’étroit et long chemin bordé et couvert par deux haies de fagots en feu. Il l’avait déjà traversé presque jusqu’au fond quand il s’aperçut qu’il avait perdu sa mappula que, selon l’ancien usage, il tenait à la main, au lieu de la porter attachée à son bras. Sans se troubler, Pierre retourna dans la fournaise, ramassa son manipule et, sorti sain et sauf par l’autre côté du bûcher, fut salué du nom d’Igné par le peuple joyeux. Cette scène est décrite par l’abbé du Mont-Cassin Didier (qui devint Victor III) dans son troisième livre des Miracles ; à cette époque Pierre était encore en vie et siégeait même sur le trône épiscopal d’Albano.

Saint Jean Gualbert mourut en 1073 et fut canonisé par Célestin III en 1193. Rome chrétienne lui a élevé un insigne oratoire dans le titulus Praxedis, depuis de nombreux siècles déjà confié aux soins des moines de Vallombreuse.

La messe est du commun des abbés. Seule la lecture évangélique (Matth., V, 43-48) est propre, et elle contient une allusion au pieux événement survenu dans la basilique de San Miniato à Florence, et qui décida de la conversion de saint Jean Gualbert.

En ces temps de cruelles luttes civiles, un de ses proches parents avait été tué, et un jour Jean, entouré d’une bonne escorte de compagnons armés, rencontra l’homicide. Celui-ci se vit perdu, il tomba à genoux à ses pieds, et, étendant les bras en croix, demanda son pardon par la vertu de ce signe de leur commun salut. Jean, attendri, lui fit grâce de la vie et l’embrassa ; entré ensuite dans l’église de San Miniato, il vit l’image du Crucifix qui, en signe d’agrément, inclina par trois fois la tête vers lui. Cette vision touchante acheva le travail de la grâce commencé dans son cœur puisqu’il avait pardonné à son ennemi. Jean ne voulut plus s’éloigner de cet asile de miséricorde et de paix. Ayant donc enlevé son épée de chevalier, il se coupa lui-même les cheveux et revêtit le froc monastique.

A la louange du monastère de Vallombreuse, érigé par Jean Gualbert, et où furent formés tant de saints, un poète composa ces vers :

Mutavit Vallis veteres Umbrosa colores : Felix si mores et cæli servat amores !

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.

Le jour présent est placé sous le signe unique de l’amour des ennemis. L’Église se plaît à mettre en relief la remarquable vertu d’un saint et à la proposer à notre imitation. La vie de notre saint offre un exemple de l’amour des ennemis poussé jusqu’à l’héroïsme.

1. Saint Jean. — Jour de mort : 12 juillet 1073. Tombeau : à Passignano, monastère près de Florence. Vie : Le saint (né vers 995) descendait d’une illustre famille de Florence. Son père le destinait à l’état militaire ; il arriva alors que son frère unique, Hugues, fut tué par un de leurs parents. Un jour de Vendredi Saint Jean, qui était accompagné d’hommes en armes, rencontra le meurtrier désarmé dans une gorge étroite, de telle sorte que ni l’un ni l’autre ne pouvaient fuir ; celui-ci se jeta aux pieds de Jean en mettant les bras en croix. Jean, extrêmement surpris à cette vue, lui laissa la vie sauve et l’adopta comme frère ; puis il poursuivit sa route jusqu’à l’église Saint-Minias où il pria avec ferveur devant l’image du Crucifié qui parut incliner la tête vers lui. Bouleversé par cet événement, Jean résolut, malgré l’opposition de son père, de consacrer sa vie à Dieu ; il coupa lui-même sa chevelure et revêtit le costume des moines. En peu de temps il atteignit une telle perfection que sa vie et ses œuvres devinrent un modèle pour les autres. Il est le fondateur de l’Ordre de Vallombreuse, une branche de l’Ordre des Bénédictins.

2. La messe (Os justi). — La messe est celle du commun des Abbés, avec l’évangile propre de l’amour des ennemis. Le Christ dit dans le sermon sur la montagne : « Vous avez appris qu’il a été dit : aimez votre prochain et haïssez vos ennemis. — Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient ; car vous êtes les enfants de votre Père céleste qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants et qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les pécheurs ». Faisons aujourd’hui un sérieux examen de conscience sur notre amour pour nos ennemis ! Souvenons-nous que presque chaque jour l’Église fait donner le baiser de paix avant la communion : c’est là un grave avertissement d’avoir à vivre en paix avec tous les hommes avant de recevoir le Prince de la paix dans notre cœur. Que l’amour des ennemis soit aujourd’hui l’offrande que nous apporterons au Saint-Sacrifice et la grâce que nous en retirerons.

3. La prière des Heures nous offre un commentaire de saint Jérôme sur l’évangile de l’amour des ennemis : « Beaucoup interprètent les commandements de Dieu d’après leur propre faiblesse et non d’après les actes de force que les saints ont accomplis, et s’imaginent qu’il est impossible d’obéir à ces commandements. Aussi affirment-ils qu’il suffit, pour être vertueux, de ne pas haïr ses ennemis ; mais, d’après eux, aimer ses ennemis serait un commandement dépassant les forces de la nature humaine. On doit pourtant savoir que le Christ n’a rien commandé d’impossible, mais qu’il a imposé seulement ce qui est parfait. Telle fut la conduite de David à l’égard de Saül et d’Absalon ; le martyr saint Étienne pria aussi pour ses ennemis qui le lapidaient, et saint Paul désirait être condamné pour ses persécuteurs. C’est aussi ce qu’enseigna et ce que fit Jésus : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Quand il s’agit d’exercer toute autre bonne œuvre que l’amour, on peut alléguer une excuse et dire que l’on n’est pas en état de jeûner, de garder la virginité, de distribuer ses biens aux pauvres. Mais quand il s’agit d’aimer ses ennemis, on ne peut fournir de pareilles excuses ; vous ne pouvez pas dire : je ne puis pas aimer mon ennemi »

[1] Luc. 23, 34.

[2] Is. 46, 8.

[3] Act. VIII.

[4] Psalm. LXVIII, 10.

[5] Ézech. III, 19.

[6] Meliorandæ vitæ gratia : Litteræ donationis Ittae Abbatissae ; Ughelli, III, 299 vel 231.

[7] Psalm. LXVIII, 14.

[8] Matth. VII, 15.

[9] Johan. X, 10.

[10] Petr. Dam. Opuscul. XXX, De Sacramentis per improbos administratis.

[11] Vita S. J. Gualb. ap. Baron, ad an. 1063.

[12] Vita S. J. Gualb. ap. Baron, ad an. 1063.

[13] Ibid.

[14] Psalm. XLIII, LXXIII.

[15] Epist. cleri et populi Florentini ad Alexandrum Pontificem.

[16] Matth. V. 45, 48.

[17] Act. XVII, 29.