Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Leçons des Matines |
La Messe |
A Myre, déposition de St Nicolas, vers 350. Diffusion du culte en Europe au IXe siècle (Il est déjà représenté par une fresque au VIIIè siècle à Ste Marie Antique, en compagnie des Pères de l’Église d’Orient, Chrysostome, Grégoire de Naziance, etc.). La fête entre au XIe siècle au calendrier Romain. En Lorraine, proclamé ‘Patron du duché’ par les ducs en 1120, on le célèbre avec une messe propre.
Pour faire honneur au Messie Pontife, la souveraine Sagesse a multiplié les Pontifes sur la route qui conduit à lui. Deux Papes, saint Melchiade et saint Damase ; deux Docteurs, saint Pierre Chrysologue et saint Ambroise ; deux Évêques, l’amour de leur troupeau, saint Nicolas et saint Eusèbe : tels sont les glorieux Pontifes qui ont reçu la charge de préparer, par leurs suffrages, la voie du peuple fidèle vers Celui qui est le souverain Prêtre selon l’ordre de Melchisédech. Nous développerons successivement leurs titres à faire partie de cette noble cour. Aujourd’hui, l’Église célèbre avec joie la mémoire de l’insigne thaumaturge Nicolas, aussi fameux dans l’Orient que le grand saint Martin l’est dans l’Occident, et honoré depuis près de mille ans par l’Église latine. Rendons hommage au souverain pouvoir que Dieu lui avait donné sur la nature ; mais félicitons-le surtout d’avoir été du nombre des trois cent dix-huit Évêques qui proclamèrent, à Nicée, le Verbe consubstantiel au Père. Il ne fut point scandalisé des abaissements du Fils de Dieu ; ni la bassesse de la chair que le souverain Seigneur de toutes choses revêtit au sein de la Vierge, ni l’humilité de la crèche, ne l’empêchèrent de proclamer Fils de Dieu, égal à Dieu, le fils de Marie ; c’est pourquoi il a été élevé en gloire et a reçu la charge d’obtenir, chaque année, pour le peuple chrétien, la grâce d’aller au-devant du Verbe de vie, avec une foi simple et un ardent amour.
Presque tous les Bréviaires de l’Église Latine, jusqu’au XVIIe siècle, sont très abondants sur les vertus et les œuvres merveilleuses de saint Nicolas, et contiennent le bel Office du saint Évêque tel qu’il fut composé vers le XVIIe siècle. Nous avons parlé ailleurs de cet Office sous le rapport musical ; ici, nous nous bornerons à dire qu’il est tout entier puisé dans les Actes de saint Nicolas, et plus explicite sur certains faits que la Légende du Bréviaire romain. Les pièces qui vont suivre insistent sur un fait dont cette Légende ne dit rien : nous voulons parler de l’huile miraculeuse qui, depuis près de huit siècles, découle sans cesse du tombeau du saint Évêque, et au moyen de laquelle Dieu a souvent opéré des prodiges. Le Répons et l’Antienne que nous donnons tout d’abord, célèbrent le miracle de cette huile ; et ces deux pièces étaient autrefois si populaires, qu’au XIIIe siècle on en emprunta la mélodie, pour l’appliquer au Répons Unus panis et à l’Antienne O quam suavis est, dans l’Office du Saint-Sacrement.
Nous donnons ensuite les deux Hymnes qui se trouvent dans tous les Bréviaires Romains-Français.
La plus populaire de toutes les Séquences de saint Nicolas est néanmoins celle qui suit. On la trouve dans un grand nombre de Processionnaux jusqu’au XVIIe siècle, et elle a servi de type à quantité d’autres qui, bien que consacrées à la louange de divers Patrons, gardent non seulement la mesure et la mélodie de la Séquence de saint Nicolas, mais retiennent encore, par un tour de force ingénieux, le fond même des expressions.
(On trouvera la Séquence du Propre du Diocèse de Toul, où se trouve le plus grand centre de pèlerinage à St Nicolas en dehors de Bari, à la messe propre de ce diocèse. N.d.W.)
Mais aucune Église n’a marqué autant d’enthousiasme pour saint Nicolas, que l’Église grecque dans ses Menées. On voit que l’illustre Thaumaturge était une des plus fermes espérances de l’Empire Byzantin ; et cette confiance en saint Nicolas, Constantinople l’a transmise à la Russie qui la garde encore aujourd’hui. Nous allons, selon notre usage, extraire quelques strophes de la masse de ces chants sacrés que Sainte-Sophie répétait autrefois en langue grecque, et que les coupoles dorées des Sobors de Moscou entendent retentir encore chaque année dans l’idiome Slavon.
Saint Pontife Nicolas, que votre gloire est grande dans l’Église de Dieu ! Vous avez confessé Jésus-Christ devant les Proconsuls, et endure la persécution pour son Nom ; vous avez ensuite été témoin des merveilles du Seigneur, quand il rendit la paix à son Église ; et peu après, votre bouche s’ouvrait dans l’Assemblée des trois cent dix-huit Pères, pour confesser, avec une autorité irréfragable, la divinité du Sauveur Jésus-Christ, pour lequel tant de millions de Martyrs avaient répandu leur sang. Recevez les félicitations du peuple chrétien qui, par toute la terre, tressaille de joie à votre doux souvenir ; et soyez-nous propice, en ces jours où nous attendons la venue de Celui que vous avez proclamé Consubstantiel au Père. Daignez aider notre foi et seconder notre amour. Vous le voyez maintenant face à face, ce Verbe par qui toutes choses ont été faites et réparées ; demandez-lui qu’il daigne se laisser approcher par notre indignité. Soyez notre médiateur entre lui et nous. Vous l’avez fait connaître à notre intelligence, comme le Dieu souverain et éternel ; révélez-le à notre cœur, comme le suprême bienfaiteur des fils d’Adam. C’est en lui, ô Pontife charitable, que vous aviez puisé cette compassion tendre pour toutes les misères, qui fait que tous vos miracles sont autant de bienfaits : continuez, du haut du ciel, de secourir le peuple chrétien.
Ranimez et augmentez la foi des nations dans le Sauveur que Dieu leur a envoyé. Que, par l’effet de vos prières, le Verbe divin cesse d’être méconnu et oublié dans ce monde qu’il a racheté de son sang. Demandez, pour les Pasteurs de l’Église, l’esprit de charité qui brilla si excellemment en vous, cet esprit qui les rend imitateurs de Jésus-Christ, et leur gagne le cœur du troupeau.
Souvenez-vous aussi, saint Pontife, de cette Église d’Orient qui vous garde encore une si vive tendresse. Votre pouvoir sur la terre s’étendait jusqu’à ressusciter les morts ; priez, afin que la véritable vie, celle qui est dans la Foi et l’Unité, revienne animer cet immense cadavre. Par vos instances auprès de Dieu, obtenez que le Sacrifice Je l’Agneau que nous attendons soit de nouveau et bientôt célébré sous les Dômes de Sainte-Sophie. Restituez à l’unité les Sanctuaires de Kiev et de Moscou, et après avoir soumis à la Croix l’orgueil du Croissant, abaissez devant les Clefs de saint Pierre la majesté des Tzars, afin qu’il n’y ait plus ni Scythe, ni Barbare, mais un seul pasteur.
Ce célèbre Thaumaturge, évêque de Myre à l’époque du concile de Nicée, fut définitivement accueilli dans le calendrier romain vers le XIe siècle. Mais son culte est beaucoup plus ancien, et dans la Rome médiévale il prit jadis de si grandes proportions qu’on compte au moins une soixantaine d’églises s’élevant sous son vocable. Parmi celles-ci, la plus insigne est celle qui se trouve près du portique d’Octavie : Saint-Nicolas in Carcere Tulliano, ou in foro clitorio, où se célèbre aussi la station le samedi de la IVe semaine de Carême.
Dans le Patriarchium du Latran existait un oratoire en l’honneur de saint Nicolas, et qui, entièrement restauré par le pape Callixte II, devint comme le monument votif de la victoire remportée au xne siècle par le Pontificat romain contre le Césarisme germanique.
Cette chapelle, qui s’élevait presque en face de l’oratoire de Saint-Laurent, fut détruite sous Clément XIII ; on n’a conservé que les dessins des peintures qui la décoraient.
En Orient, la fête de ce Thaumaturge, du ‘saint Héraut’, du ‘porte-parole du Père’, de ‘Celui qui fait jaillir l’huile’, est une fête chômée, en vertu d’une ordonnance de l’empereur Emmanuel Comnène (1143-1181) ; il en fut de même en certains diocèses d’Europe. Ce qui valut chez les Grecs une immense renommée à saint Nicolas, c’est le liquide miraculeux qui, aujourd’hui encore à Bari, découle de ses ossements.
Le titre de confesseur, attribué dans l’antiquité au Thaumaturge de Myre, se rapporte à ce qu’il eut à souffrir durant la dernière persécution. La présence de saint Nicolas au concile de Nicée est très probable, mais tout le reste de la légende du saint est sujet à de prudentes réserves.
La messe n’a de spécial que les collectes et l’épître. Les autres parties sont tirées du Commun des confesseurs pontifes.
L’antienne pour l’introït s’inspire librement de l’Ecclésiastique (45, 30) dans l’éloge du pontife Aaron. L’alliance dont il est ici question est en relation avec ce ministerium réconciliationis dont parle l’Apôtre. Non seulement le Seigneur répandit sa douce, paix dans l’âme du Pontife, mais précisément parce qu’il était agréable à Dieu, il lui accorda la grâce de l’apaiser même envers le peuple, réconciliant celui-ci avec Lui et l’induisant à l’observance de sa sainte Loi. La conformité du cœur et de la volonté avec celle de Dieu : voilà le fondement de la paix.
Dans la collecte on rappelle les nombreux prodiges par lesquels, au moyen âge, le Thaumaturge de Myre était célèbre. Ensuite on demande au Seigneur, par ses mérites, que tant de choses merveilleuses, grâce auxquelles il daigne chaque jour confirmer la foi chrétienne, servent à nous faire éviter les flammes de l’enfer. Voilà le but suprême de notre sainte vocation : nous éloigner de Satan et de l’enfer, pour nous diriger tout entiers vers Dieu et la vertu.
Dans la lecture suivante (Hebr., 13, 7-17), l’Apôtre propose à notre imitation l’exemple des premiers disciples du Sauveur et des premiers chefs des communautés chrétiennes, qui avaient déjà confessé leur foi par le martyre. Jésus n’a pas simplement la signification historique d’une vie n’appartenant qu’au passé. Non seulement, il remplit l’histoire tout entière de la création, en tant que principe et fin dernière des choses, mais d’une manière spéciale il continue à travers les siècles sa vie mystique dans l’Église et dans les âmes des fidèles. Quand donc nous souffrons pour son saint nom, nous ne faisons rien autre que prendre la croix sur nos épaules, que nous laisser entraîner hors de notre cité terrestre pour aller à sa rencontre sur la montée du Calvaire.
Le répons-graduel est tiré du psaume 88. « Je trouvai David mon serviteur ; je l’oignis de l’huile de ma sainteté. Ma main l’aidera et mon bras le soutiendra. » Dans les Écritures, David symbolise le Roi-Messie, et chaque fois que le Saint-Esprit veut faire l’éloge d’un chef quelconque de son peuple israélite, il le compare à David. Dans la sainte liturgie, ce verset est aussi adapté aux saints pontifes qui, en raison de l’onction épiscopale et de leurs fonctions, ressemblent en effet au véritable David, Jésus-Christ, source et modèle de toute sainteté. La lecture évangélique est celle du Commun des confesseurs pontifes (Matth. 25, 14-23), et elle rapporte la parabole des talents confiés par le maître à ses serviteurs pour qu’ils les fassent fructifier en son absence. Avec tous les dons de nature et de grâce dont elle est ornée, la vie est comme un capital qui nous est confié en dépôt pour que nous le fassions fructifier. Personne ne peut demeurer inactif et oisif, s’occupant seulement de garder le dépôt. Il faut le faire fructifier et celui qui a reçu davantage doit absolument rendre aussi davantage. Il est donc parfaitement licite à chacun de reconnaître les qualités qu’il a reçues du Seigneur. Cette connaissance se présuppose même, avant que personne ne puisse déterminer quelle est la voie qui lui convient davantage pour mieux servir Dieu et pour sauver son âme. Toutefois la conscience des propres qualités, loin de nous enorgueillir, doit au contraire nous faire trembler, à la pensée de la terrible responsabilité qu’elles impliquent devant Dieu et même devant la société. Chacun de nous, en effet, n’est pas créé et constitué isolément dans le monde ; mais, faisant partie de la famille humaine, il a reçu des dons, des qualités, non pas exclusivement pour lui-même, mais dont il doit se servir pour l’avantage commun de ses semblables.
Le verset pour l’offrande des oblations est tiré du psaume 88 : « Je lui ferai grâce et je lui serai fidèle, et en mon nom sa puissance s’élèvera. » Voilà le secret du succès qui distingue les œuvres des saints. Ils ne vivent ni ne travaillent isolément, mais, unis à Jésus-Christ, vraie vigne, ils rapportent un fruit abondant. Faute de cette union intérieure, que d’activité, même dans le clergé, demeure stérile et sans consistance !
Dans la collecte avant l’anaphore, nous supplions le Seigneur de rendre précieux, par les charismes de la sainteté, le sacrifice que nous allons lui offrir en mémoire de saint Nicolas. Le fruit que nous en espérons est la fermeté dans la divine charité et dans l’union au Christ, en sorte que ni les joies ni les inévitables douleurs de la vie n’arrivent jamais à relâcher le lien qui nous unit à Lui. Quels trésors de doctrine en ces phrases incisives de notre Mère l’Église !
Le verset pour la Communion du peuple est tiré du même psaume 88, d’où a été pris l’offertoire. « J’ai juré une seule fois par ma sainteté elle-même. La race de David sera éternelle. Son trône resplendira devant moi comme le soleil, et comme la lune il durera éternellement, semblable à l’arc-en-ciel. » Même si les institutions des saints viennent parfois à disparaître ici-bas — puisque l’Église, à l’égal d’un arbre touffu, laisse tomber en leur temps les feuilles jaunies, pour se couvrir de feuilles nouvelles — leur mérite et leur gloire demeurent intacts devant le trône de Dieu.
Dans la collecte d’action de grâces, nous demandons que le sacrifice festif en l’honneur du pontife Nicolas produise en nous un effet éternel ; en sorte que l’union sacramentelle avec Jésus fortifie cette charité qui doit nous unir à Lui pour toujours.
La renommée des miracles rendit très populaire le nom de saint Nicolas non seulement en Orient où, spécialement chez les Russes, il est encore aujourd’hui en grande vénération, mais jusque dans les plus lointaines provinces d’Occident où son culte est antérieur de plusieurs siècles à la translation de ses reliques de Myre à Bari.
Les ossements sacrés du Thaumaturge s’emperlent continuellement, de nos jours encore, d’une sorte de stillation ou sueur à laquelle les fidèles donnent le nom de manne de saint Nicolas. Dans une révélation qu’elle eut à l’occasion de son pèlerinage à Bari, sainte Brigitte apprit du Seigneur le motif de ce prodige. L’huile miraculeuse qui transsude des os du saint Pontife de Myre, désigne l’immense charité et la compassion qui l’animèrent durant sa vie, alors qu’il se faisait tout à tous pour secourir les autres et ainsi les amener au Christ.
La fête de Saint-Nicolas fut jadis une des plus populaires et la poésie populaire a maintes fois chanté « le grand saint Nicolas ».
Saint Nicolas. — Jour de mort (d’après le martyrologe) : 6 décembre, vers 350. Église du tombeau : l’église de Saint-Nicolas à Bari dans les Pouilles (église des Bénédictins) depuis 1087. Image : On le représente avec trois boules sur un livre (la dot des trois jeunes filles), avec trois enfants dans une cuve avec un vaisseau et une ancre. Sa vie : Nicolas naquit à Patara en Lycie. Ses parents, qui étaient restés longtemps sans enfants l’obtinrent de Dieu à force de prières. Il était encore jeune quand il perdit ses parents. Il aimait à secourir les malheureux et les affligés de toute sorte. Dans sa ville natale vivait un homme noble mais pauvre, qui avait trois filles nubiles : ces filles ne pouvaient trouver de parti parce qu’elles n’avaient pas de dot. Le père conçut alors la pensée coupable de les livrer à la prostitution. Quand Nicolas l’apprit, il jeta, une nuit, par la fenêtre une bourse contenant autant d’argent qu’il en fallait pour constituer une dot à l’une des filles. Il renouvela ce geste, la seconde et la troisième nuit. Dans une traversée sur mer, il apaisa la tempête par ses prières c’est pourquoi il est considéré comme le patron des marins. Il dut aussi subir l’emprisonnement pour sa foi. Il mourut tranquillement dans sa ville épiscopale en prononçant ces paroles : « Entre vos mains, Seigneur je remets mon esprit. » En Orient, saint Nicolas est très vénéré comme un grand thaumaturge, comme un annonciateur de la parole de Dieu et « porte-parole du Père ».
Pratique : A la fête populaire de Saint-Nicolas nous pourrions rendre tout son contenu liturgique. Comme dans beaucoup de pays, elle pourrait redevenir la fête des enfants.
La messe (Statuit). — Dans la personne du prêtre nous voyons le saint évêque s’avancer vers l’autel. Mais saint Nicolas est aussi l’image du divin Pontife qui, dans la messe, marche avec nous vers les portes de Jérusalem pour offrir le sacrifice de la Rédemption ; précédés de saint Nicolas, nous portons après lui la croix de la vie (Introït). Il faut aussi que nous soyons avec saint Nicolas de « fidèles serviteurs » qui ont bien administré les talents de la foi et de la grâce, et les ont doublés. Au moment du Saint Sacrifice, le « Maître vient pour demander des comptes » (chaque messe est en même temps un jugement, « les affamés sont remplis de biens et les riches sont renvoyés les mains vides »). La communion nous fait participer aux biens que saint Nicolas possède déjà dans la gloire, mais que nous ne possédons encore que par la foi (Év.). Puissions-nous, par les mérites et les prières de saint Nicolas, être préservés du feu de l’enfer ! (Oraison).
Leçons des Matines (avant 1960)
Quatrième leçon. Nicolas naquit d’une famille illustre, à Patara, ville de Lycie. Ses parents avaient obtenu de Dieu cet enfant par leurs prières. Dès le berceau il fit présager l’éminente sainteté qu’il devait faire paraître dans la suite. On le vit, en effet, les mercredis et vendredis ne prendre le lait de sa nourrice qu’une seule fois, et sur le soir, bien qu’il le fît fréquemment les autres jours. Il conserva toute sa vie l’habitude de jeûner la quatrième et la sixième férie. Orphelin dès l’adolescence, il distribua ses biens aux pauvres. On raconte de lui ce bel exemple de charité chrétienne : un indigent, ne parvenant point à marier ses trois filles, pensait a les abandonner au vice ; Nicolas l’ayant su jeta, la nuit, par une fenêtre, dans la maison de cet homme, autant d’argent qu’il en fallait pour doter une de ces jeunes filles. Ayant réitéré une seconde et une troisième fois cet acte de générosité, toutes trouvèrent d’honorables partis.
Cinquième leçon. Le Saint s’étant entièrement consacré à Dieu, partit pour la Palestine, afin de visiter et de vénérer les lieux saints. Durant son voyage, il prédit aux matelots, par un ciel serein et une mer tranquille, l’approche d’une horrible tempête. Elle s’éleva bientôt, et tous les passagers coururent un grand danger : mais il l’apaisa miraculeusement par ses prières. De retour dans sa patrie, il donna à tous les exemples d’une grande sainteté ; et, par un avertissement de Dieu, il se rendit à Myre, métropole de la Lycie. Cette ville venait de perdre son Évêque, et tous les Évêques de la province étaient rassemblés afin de pourvoir à l’élection d’un successeur. Pendant leur délibération ils furent divinement avertis de choisir celui qui, le lendemain, entrerait le premier dans l’église, et se nommerait Nicolas. Cet ordre du ciel fut exécuté, et Nicolas, trouvé à la porte de l’église, fut créé Évêque de Myre à la grande satisfaction de tous. Durant son épiscopat on vit constamment briller en lui la chasteté, qu’il avait toujours gardée, la gravité, l’assiduité à la prière et aux veilles, l’abstinence, la libéralité et l’hospitalité, la mansuétude dans les exhortations, la sévérité dans les réprimandes.
Sixième leçon. Il ne cessa d’assister les veuves et les orphelins de ses aumônes, de ses conseils et de ses services, il s’employa avec tant d’ardeur à soulager les opprimés, que trois tribuns, condamnés sur une calomnie par l’empereur Constantin, encouragés par le bruit des miracles du Saint, s’étant recommandés à lui dans leurs prières, malgré la distance, Nicolas, encore vivant, apparut à l’empereur avec un air menaçant, et les délivra. Comme il prêchait à Myre la vérité de la foi chrétienne, contrairement à l’édit de Dioclétien et de Maximien, il fut arrêté par les satellites impériaux, emmené au loin et jeté en prison. Il y resta jusqu’à l’avènement de l’empereur Constantin, par l’ordre duquel il fut délivré de captivité, revint à Myre, puis se rendit au concile de Nicée, et, avec les trois cent dix-huit Pères de cette assemblée, y condamna l’hérésie arienne. De Nicée, il retourna dans sa ville épiscopale, où, peu de temps après, il sentit sa mort approcher ; élevant les yeux au ciel il vit les Anges venir à sa rencontre, et commença le Psaume : « En vous, Seigneur, j’ai espéré. » Arrivé à ce verset : « En vos mains, je remets mon âme », il s’en alla dans la patrie céleste. Son corps fut transporté à Bari dans la Fouille, où il est honoré par une grande affluence de peuple et avec la plus profonde vénération.
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30. | Introït |
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum. | Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours. |
Ps. 131, 1. | |
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius. | Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui beátum Nicoláum Pontíficem innúmeris decorásti miráculis : tríbue, quǽsumus ; ut eius méritis et précibus a gehénnæ incéndiis liberémur. Per Dóminum nostrum. | O Dieu, qui avez rendu illustre par d’innombrables miracles, le bienheureux Pontife Nicolas, accordez-nous, s’il vous plaît, par ses mérites et ses prières d’être préservés des feux de l’enfer. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux. |
Hebr. 13, 7-17. | |
Fratres : Mementóte præpositórumvestrórum, qui vobis locúti sunt verbum Dei : quorum intuéntes éxitum conversatiónis, imitámini fidem. Jesus Christus heri et hódie : ipse et in sǽcula. Doctrínis váriis et peregrínis nolíte abdúci. Optimum est enim grátia stabilíre cor, non escis, quæ non profuérunt ambulántibus in eis. Habémus altáre, de quo édere non habent potestátem, qui tabernáculo desérviunt. Quorum enim animálium infértur sanguis pro peccáto in Sancta per pontíficem, horum córpora cremántur extra castra. Propter quod et Jesus, ut sanctífica rei per suum sánguinem pópulum, extra portam passus est. Exeámus ígitur ad eum extra castra, impropérium eius portántes. Non enim habémus hic manéntem civitátem, sed futúram inquírimus.Per ipsum ergo offerámus hóstiam laudis semper Deo, idest fructum labiórum confiténtium nómini eius. Beneficéntiæ autem et communiónis nolíte oblivísci : tálibus enim hóstiis promerétur Deus. Oboedíte præpósitis vestris et subiacéte eis. Ipsi enim pervígilant, quasi ratiónem pro animábus vestris redditúri. | Mes Frères : Souvenez-vous de vos guides, qui vous ont prêché la parole de Dieu ; considérant quelle a été la fin de leur vie, imitez leur foi. Jésus-Christ était hier, il est aujourd’hui, et il sera de même dans tous les siècles. Ne vous laissez pas entraîner par toutes sortes de doctrines étrangères. Car il est bon d’affermir son coeur par la grâce, non par des aliments, qui n’ont servi de rien à ceux qui en font leur règle de conduite. Nous avons un autel, dont ceux qui font le service dans le tabernacle n’ont pas le droit de manger. Car les corps des animaux dont le sang est porté par le pontife dans le sanctuaire pour le péché, sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc hors du camp pour aller à lui, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Offrons donc par lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire, le fruit de lèvres qui confessent son nom. N’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité ; car c’est par de tels sacrifices que l’on se rend Dieu favorable. Obéissez à vos guides et soyez-leur soumis ; car ils veillent, comme devant rendre compte pour vos âmes. |
Graduale. Ps. 88, 21-23. | Graduel |
Invéni David servum meum, óleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. | J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera. |
V/. Nihil profíciet inimícus in eo, et fílius iniquitátis non nocébit ei. | V/. L’ennemi n’aura jamais l’avantage sur lui et le fils d’iniquité ne pourra lui nuire. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 91, 13. Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Le juste fleurira comme le palmier, et il se multipliera comme le cèdre du Liban. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 25, 14-23. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis parábolam hanc : Homo péregre proficíscens vocávit servos suos, et trádidit illis bona sua. Et uni dedit quinque talénta, álii a tem duo, álii vero unum, unicuíque secúndum própriam virtútem, et proféctus est statim. Abiit autem, qui quinque talénta accéperat, et operátus est in eis, et lucrátus est ália quinque. Simíliter et, qui duo accéperat, lucrátus est ália duo. Qui autem unum accéperat, ábiens fodit in terram, et abscóndit pecúniam dómini sui. Post multum vero témporis venit dóminus servórum illórum, et pósuit ratiónem cum eis. Et accédens qui quinque talénta accéperat, óbtulit ália quinque talénta,dicens : Dómine, quinque talénta tradidísti mihi, ecce, ália quinque superlucrátus sum. Ait illi dóminus eius : Euge, serve bone et fidélis, quia super pauca fuísti fidélis, super multa te constítuam : intra in gáudium dómini tui. Accéssit autem et qui duo talénta accéperat, et ait : Dómine, duo talénta tradidísti mihi, ecce, ália duo lucrátus sum. Ait illi dóminus eius : Euge, serve bone et fidélis, quia super pauca fuísti fidélis, super multa te constítuam : intra in gáudium dómini tui. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : Un homme, partant pour un long voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens. Il donna à l’un cinq talents, à un autre deux, et à un autre un seul, à chacun selon sa capacité ; puis il partit aussitôt. Celui qui avait reçu cinq talents s’en alla, les fit valoir, et en gagna cinq autres. De même, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un, s’en alla, creusa dans la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Et celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, et présenta cinq autres talents, en disant : Seigneur, vous m’avez remis cinq talents ; voici que j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi, et dit : Seigneur, vous m’avez remis deux talents ; voici que j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25. | Offertoire |
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius. | Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance. |
Secreta | Secrète |
Sanctífica, quǽsumus, Dómine Deus, hæc múnera, quæ in sollemnitáte sancti Antístitis tui Nicolái offérimus : ut per ea vita nostra inter advérsa et próspera úbique dirigátur. Per Dóminum. | Sanctifiez, nous vous en prions, Seigneur Dieu, ces dons que nous offrons en la solennité de votre saint Pontife Nicolas : que par eux notre vie soit dirigée sans cesse au milieu des adversités et des prospérités. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
Præfatio communis. | Préface Commune . |
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu. | Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent . |
Ubi festum solemnizatur et præfatio concessa : Præfatio de Sanctis. | Là où la fête est solennisée et la préface accordée : Préface des Saints . |
Ant. ad Communionem. Ps. 88, 36 et 37-38. | Communion |
Semel iurávi in sancto meo : Semen eius in ætérnum manébit : et sedes eius sicut sol in conspéctu meo, et sicut luna perfécta in ætérnum, et testis in cælo fidélis. | Je l’ai juré une fois par ma sainteté, sa race demeurera éternellement et son trône sera comme le soleil en ma présence ; et comme la lune qui subsistera à jamais, et le témoin qui est au ciel est fidèle. |
Postcommunio | Postcommunion |
Sacrifícia, quæ súmpsimus, Dómine, pro sollemnitáte sancti Pontíficis tui Nicolái, sempitérna nos protectióne consérvent. Per Dóminum. | Que ce sacrifice, Seigneur, auquel nous avons participé en la solennité de votre saint Pontife Nicolas, nous soutienne et nous protège sans fin. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
[1] Dom Guéranger cite ici un répond propre du Diocèse de Toul, aujourd’hui 8ème répons des Matines
[2] Antienne des Laudes, au bréviaire de Toul
[3] XIVe siècle, bréviaire de Toul 1510