Psaume 74

Psalmus 74 Psaume 74 [1]
Confitébimur tibi, Deus : * confitébimur, et invocábimus nomen tuum.Nous Vous louerons, ô Dieu : * nous Vous louerons, et nous invoquerons votre Nom.
Narrábimus mirabília tua : * cum accépero tempus, ego iustítias iudicábo.Nous raconterons vos merveilles [2] : * Au temps que J’aurai fixé, Je jugerai les justices [3].
Liquefácta est terra, et omnes qui hábitant in ea : * ego confirmávi colúmnas eius.La terre s’est dissoute, et tous ceux qui l’habitent [4] : * Moi, J’ai affermi ses colonnes [5].
Dixi iníquis : Nolíte iníque ágere : * et delinquéntibus : Nolíte exaltáre cornu : J’ai dit aux méchants : Ne commettez plus l’iniquité : * et aux pécheurs : N’élevez plus votre corne [6] :
Nolíte extóllere in altum cornu vestrum : * nolíte loqui advérsus Deum iniquitátem.Ne levez plus si haut votre corne : * ne dites pas d’iniquité contre Dieu [7].
Quia neque ab Oriénte, neque ab Occidénte, neque a desértis móntibus : * quóniam Deus iudex est.Car ce n’est ni de l’orient, ni de l’occident, ni des montagnes désertes(, que vous viendra le secours) : * parce que c’est Dieu qui est juge.
Hunc humíliat, et hunc exáltat : * quia calix in manu Dómini vini meri plenus misto.Il humilie celui-ci, et Il élève celui-là : * car il y a dans la main du Seigneur une coupe de vin pur, et pourtant mélangé [8].
Et inclinávit ex hoc in hoc : verúmtamen fæx eius non est exinaníta : * bibent omnes peccatóres terræ.Il en verse de côté et d’autre, et pourtant la lie n’en est pas encore épuisée : * tous les pécheurs de la terre en boiront.
Ego autem annuntiábo in sǽculum : * cantábo Deo Iacob.Pour moi [9], j’annoncerai ces choses à jamais : * je chanterai le Dieu de Jacob.
Et ómnia córnua peccatórum confríngam : * et exaltabúntur córnua iusti.Et Je briserai (dit le Seigneur) toutes les cornes des pécheurs : * et les cornes du juste se redresseront [10].
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Applications liturgiques. On chante ce psaume au Jeudi-Saint, Matines 3e Noct., comme pour nous rappeler à la fois, et la miséricorde de Dieu dans l’œuvre de notre Rédemption et sa justice formidable contre la ville infidèle et déicide. Nous trouvons également ce psaume aux fêtes des SS. Apôtres, Matines, 3e Noct. On leur applique ce passage du v. 4 : C’est moi qui ai affermi ses colonnes. (Le P. Emmanuel).

[2] Nous entendons dans ces premières lignes la voix du peuple élu reconnaître, qu’en raison de la connaissance de Dieu qu’il possède plus que d’autres, son office est de louer et d’annoncer le Seigneur. (Bellarmin). Ce qui suit est dit au nom du Seigneur. (Saint Jérôme).

[3] Je jugerai les justices ; hébraïsme pour, avec la plus grande justice. (Glaire).

[4] Le Seigneur dit qu’au jour de son jugement, la terre et tous ceux qui l’habitent seront détruits, il en parle comme d’une chose déjà faite pour marquer la certitude de l’événement et afin d’en convaincre les hommes. Il ajoute que c’est lui qui a fondé la terre et qu’ainsi il est le maître de la détruire quand il le jugera à propos. (Berthier).

[5] Ces paroles expriment la corruption générale de la terre, toute fondue dans la mollesse et les délices de cette vie, et Dieu en tire quelques-uns de cette masse corrompue et les affermit dans sa grâce comme ses colonnes. (Péronne).

[6] Votre corne, c’est-à-dire votre front orgueilleux, votre audace insolente, votre présomptueuse indépendance. « Le Christ élèvera sa force au milieu de vous, si vous n’élevez point la vôtre ». (S. Augustin).

[7] Que disent ordinairement les hommes ? Est-il vrai que Dieu jugera ? A-t-il souci de ce qu’on fait sur la terre ? Il y en a de plus pécheurs que moi qui ne souffrent pas comme moi. Voilà l’iniquité des murmures de l’homme contre Dieu. (Saint Augustin).

[8] Cette coupe est l’emblème de la colère divine ; en déversant sa colère sur ceux qui l’ont provoquée, le Seigneur tempère en quelque sorte le vin pur par un mélange de vin amer et trouble suivant la nature des fautes des coupables. (Glaire). Il y a ici de l’obscurité. S’il y a mélange, comment le vin est-il pur ? C’est qu’il est pur à cause de son intégrité, trouble à cause de sa lie. (S. Augustin). Ou pur parce qu’il est naturel, et mélangé, soit parce qu’il est additionné d’aromates, soit parce qu’on a réuni dans la coupe plusieurs espèces de vins. Cette coupe est l’emblème de la colère divine. En déversant sa colère sur ceux qui l’ont provoquée, le Seigneur tempère en quelque sorte le vin pur par un mélange de vin amer et trouble suivant la nature des fautes des coupables. (Glaire).

[9] C’est maintenant le Prophète qui parle. Délivré par la grâce divine de ce calice amer réservé aux pécheurs il chantera éternellement l’hymne de la louange et de l’action de grâces. (D’après le Bx. Bellarmin).

[10] Par les cornes des pécheurs, on entend ces dignités dont ils s’enorgueillissent, et par les cornes des justes, les dons du Christ. Ce mot de cornes désigne l’élévation. Dédaigne l’élévation terrestre afin d’être grand dans le ciel. (Saint Augustin).