Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Déposition pendant la persécution de Dioclétien. Translation dans la basilique de Saint-Etienne-le-Rond en 645. La translation des reliques équivaut dans l’antiquité à une canonisation.
Extra Tempus Paschale : | Hors le Temps Pascal : |
Ant. ad Introitum. Eccli. 44,15 et 14. | Introït |
Sapiéntiam Sanctórum narrent pópuli, et laudes eórum núntiet ecclésia : nomina autem eórum vivent in sǽculum sǽculi. | Que les peuples racontent la sagesse des saints, et que l’assemblée publie leurs louanges ; leur nom vivra de génération en génération. |
Ps. 32, 1. | |
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio. | Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, c’est aux hommes droits que sied la louange. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Fac nos, quǽsumus. Dómine, sanctórum Martyrum tuórum Primi et Feliciáni semper festa sectári : quorum suffrágiis protectiónis tuæ dona sentiámus. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, faites que nous célébrions toujours fidèlement la fête de vos saints Martyrs Prime et Félicien, afin que, grâce à leur intercession, nous éprouvions les bienfaits de votre protection. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du livre de la Sagesse. |
Sap. 5, 16-20. | |
Iusti autem in perpétuum vivent, et apud Dóminum est merces eórum, et cogitátio illórum apud Altíssimum. Ideo accípient regnum decóris, et diadéma speciéi de manu Dómini : quóniam déxtera sua teget eos, et bráchio sancto suo deféndet illos. Accípiet armatúram zelus illíus, et armábit creatúram ad ultiónem inimicórum. Induet pro thoráce iustítiam, et accípiet pro gálea iudícium certum. Sumet scutum inexpugnábile æquitátem. | Les justes vivront éternellement, et le Seigneur leur réserve leur récompense, et le Très-Haut pense à eux. C’est pourquoi ils recevront de la main du Seigneur un royaume de gloire et un diadème éclatant ; car il les protégera de sa droite, et les défendra de son saint bras. Son zèle se munira d’une armure, et il armera les créatures pour se venger de ses ennemis. Il revêtira la justice pour cuirasse, et il prendra pour casque l’intégrité de son jugement ; il se couvrira de l’équité comme d’un bouclier impénétrable. |
Graduale. Ps. 88, 6 et 2. | Graduel |
Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : etenim veritátem tuam in ecclésia sanctórum. | Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints. |
V/. Misericórdias tuas, Dómine, in ætérnum cantábo : in generatióne et progénie. | V/. Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur de génération en génération. |
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu. |
Matth. 11, 25-30. | |
In illo témpore : Respóndens Iesus, dixit : Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus et prudentibus, et revelásti ea parvulis. Ita, Pater : quóniam sic fuit plácitum ante te. Omnia mihi trádita sunt a Patre meo. Et nemo novit Fílium nisi Pater : neque Patrem quis novit nisi Fílius, et cui volúerit Fílius reveláre. Veníte ad me, omnes, qui laborátis et oneráti estis, et ego refíciam vos. Tóllite iugum meum super vos, et díscite a me, quia mitis sum et húmilis corde : et inveniétis réquiem animábus vestris. Iugum enim meum suáve est et onus meum leve. | En ce temps-là Jésus prit la parole et dit : Je vous rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que vous les avez révélées aux petits. Oui, Père, (je vous rends grâce) parce, qu’il vous a plu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et recevez mes leçons, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. |
¶ In Missis votivis post Septuagesimam in fine sequentæ antiphonæ Allelúia omittitur. | ¶ Aux Messes votives après la Septuagésime, on omet l’Allelúia à la fin de l’antienne qui suit. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 67, 36. | Offertoire |
Mirábilis Deus in Sanctis suis : Deus Israël, ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ : benedíctus Deus, allelúia. | Dieu est admirable dans ses saints. Le Dieu d’Israël donnera lui-même à son peuple la puissance et la force. Dieu soit béni. Alléluia. |
Secreta. | Secrète |
Fiat tibi, quǽsumus, Dómine, hóstia sacránda placábilis, pretiósi celebritáte martýrii : quæ et peccáta nostra puríficet, et tuórum tibi vota concíliet famulórum. Per Dóminum. | Nous vous le demandons instamment, Seigneur, que cette hostie, qui va être consacrée, tandis que nous solennisons la mémoire d’un précieux martyre, apaise votre justice, efface nos péchés et vous fasse agréer les vœux de vos serviteurs. |
Ant. ad Communionem. Ioann. 15, 16. | Communion |
Ego vos elégi de mundo, ut eátis et fructum afferátis : et fructus vester maneat. | C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut sanctórum Mártyrum tuórum Primi et Feliciáni cæléstibus mystériis celebráta sollémnitas, indulgéntiam nobis tuæ propitiatiónis acquírat. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, que la solennité de vos saints Martyrs Prime et Félicien, célébrée en ces célestes mystères, nous obtienne de votre bonté qui nous est propice, des faveurs et le pardon. |
¶ Tempore Paschali Missa Sancti tui, de Communi Martyrum 2 loco, cum Orationibus et Evangelio ut in Missa præcedenti, et post Epistolam dicitur : | ¶ Au Temps Pascal Messe Sancti tui, du Commun des Martyrs 2, avec les oraisons et l’Évangile comme à la messe ci-dessus, et après l’Épître, on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. | Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. |
Allelúia. V/. Te Martyrum candidátus laudat exércitus, Dómine. Allelúia. | Allelúia. V/. L’éclatante armée des Martyrs chante vos louanges, Seigneur. Alléluia. |
Leçon des Matines avant 1960
Troisième leçon. Prime et Félicien étaient frères. Pendant la persécution de Dioclétien et de Maximien, ils furent accusés de professer la religion chrétienne et jetés dans les fers ; mais un Ange brisa leurs liens et les rendit à la liberté. On ne tarda pas à les amener devant le préteur, et là ils persévérèrent énergiquement dans la foi chrétienne ; alors on les sépara l’un de l’autre. La constance de Félicien fut d’abord mise à l’épreuve de diverses façons. Mais les conseillers d’impiété désespérant d’obtenir quoi que ce soit par leurs paroles, clouèrent ses pieds et ses mains à un tronc d’arbre, et le laissèrent ainsi suspendu pendant trois jours sans boire ni manger. Le lendemain, le préteur fit mander Prime et lui dit : « Vois combien ton frère est plus sage que toi : il a obéi aux empereurs, et ils l’ont comblé d’honneurs. Si tu veux l’imiter, tu partageras les mêmes faveurs et les mêmes grâces. Prime répondit : « J’ai appris par un Ange ce qu’on a fait à mon frère. Plaise à Dieu que je lui sois uni dans le martyre comme je lui suis uni par la volonté ! » A ces paroles le préteur s’emporta et, sans compter les tourments qu’il fit subir à Prime, cette fois sous les yeux de Félicien, il ordonna encore de lui verser du plomb fondu dans la bouche. Bientôt il les fit conduire tous deux à l’amphithéâtre, où deux lions furent lâchés sur eux ; mais ces animaux se couchèrent à leurs pieds et les caressèrent de la tête et de la queue. Sur plus de douze mille hommes venus à ce spectacle, cinq cents embrassèrent avec leurs familles la religion chrétienne. Le préteur troublé de ces faits, donna l’ordre de trancher la tête à Prime et à Félicien.
Les roses et les lis alternent sans fin dans la couronne tressée, par les siècles à l’Épouse du Fils de Dieu. En ce monde qui le sait si peu, tout n’a qu’un but : donner dès ici-bas les attraits du ciel à l’Église, agencer sa parure pour l’éternité ; parure sublime, faite des vertus des saints, qui doit rendre l’élue du Verbe digne de s’asseoir à la droite de l’Époux au plus haut des cieux [1]. Le Cycle sacré, en sa révolution annuelle, nous donne l’image du travail incessant par lequel l’Esprit-Saint, diversifiant les mérites des serviteurs de Dieu, compose ainsi pour les noces éternelles l’admirable variété des ornements de l’Église dont ils sont les membres. Deux martyrs, empourprés de leur sang, viennent aujourd’hui relever la blancheur éclatante des œuvres de Norbert ; leur gloire est de celles que n’éclipse aucune autre ; mais ils n’en disposent pas moins nos yeux, par cette variété merveilleuse, à contempler délicieusement aussi la douce lumière que Marguerite, la perle de l’Écosse, projettera demain sur le monde.
Prime et Félicien, Romains opulents, étaient déjà parvenus à la maturité de l’âge, quand la voix du Seigneur se fit entendre à eux pour les retirer de la vanité des idoles. Frères par le sang, ils le devinrent plus encore par leur commune fidélité à l’appel de la grâce. Ensemble ils se montrèrent les intrépides soutiens des confesseurs du Christ, au milieu des atroces persécutions qui sévirent sur l’Église dans la seconde moitié du troisième siècle de notre ère. Un même combat devait aussi terminer leur vie ici-bas, et les engendrer le même jour au ciel. Ils méritèrent de devenir, dans leurs précieux restes, le trésor principal du célèbre sanctuaire consacré sur le mont Cœlius au premier des martyrs.
Vétérans des combats du Seigneur, apprenez-nous quelle force il convient d’apporter à tout âge au service de Dieu. Moins heureux que nous ne le sommes, vous connûtes tard l’Évangile et les richesses sans prix qu’il confère au chrétien. Mais votre jeunesse fut renouvelée comme celle de l’aigle au saint baptême [2], et durant trente années l’Esprit-Saint produisit en vous des fruits innombrables. Lorsqu’enfin, dans une extrême vieillesse, eut sonné l’heure du triomphe final, votre courage égala celui des plus valeureux combattants. C’était la prière alimentée par les paroles des psaumes qui soutenait en vous un tel héroïsme, ainsi qu’en témoignent les actes de votre martyre. Réveillez parmi nous la foi dans la parole de Dieu ; ses promesses nous feront, comme à vous, mépriser la vie présente. Rappelez la piété aux sources vraies qui fortifient rame, à la connaissance, à l’usage quotidien des formules sacrées qui rattachent si sûrement la terre au ciel d’où elles sont descendues.
Ces deux martyrs appartiennent à l’Église de Nomentum. Mais quand celle-ci, au VIIe siècle, fut désolée par les Lombards, le pape Théodore transporta leurs corps dans la rotonde de Saint-Etienne sur le Cœlius, où il les déposa sous un autel orné de mosaïques. La calotte absidale subsiste encore intacte, et l’on y voit, à côté de la croix, Prime et Félicien nimbés, avec le rouleau de la divine Loi entre les mains.
Le Pape confia le souvenir de ces travaux à deux inscriptions dont voici le texte :
ASPICIS • AVRATVM • CÆLESTI • CVLMINE • TECTVM
ASTRIFERVMQVE • MICANS • PRÆCLARE • LVMINE • FVLTVM
Tu vois le toit doré qui s’élève au ciel,
Sur lequel se reflètent les rayons du soleil.EXQVIRENS • PIETAS • TECTVM • DECORARE • SACRATVM PASTORIS • SVMMI • THEODORI • CORDEM • EREXIT QVI • STVDIO • MAGNO • SANCTORVM • CORPORA • CVLTV HOC • DEDICAVIT • NON • PATRIS • NEGLECTA • RELIQVIT
La divine bonté voulant décorer la voûte du lieu saint,
Excita le cœur du Pasteur suprême, Théodore,
Qui, avec grand soin, dédia cette tombe pour garder les corps des saints,
Ne les laissant pas dans l’abandon à Nomentum, leur patrie.
Prime et Félicien furent donc les premiers martyrs qui, des cimetières extra-muros, firent leur entrée dans la ville éternelle.
La liste de Würzbourg assigne à leur messe la péricope évangélique de saint Jean : Hoc est præceptum meum[Jn. 15, 12-16 : Le commandement que je vous donne…], qui ne se trouve plus dans le Missel actuel.
L’introït est celui-là même qui fut composé à Rome quand Félix IV dédia le templum sacræ Urbis aux Anargyres de Cyr, Côme et Damien. L’antienne entend donc exalter la science des deux médecins martyrs (Eccli., XLVI, 15 et 14) : « Les peuples narrent la science des saints, et l’Église annonce leurs louanges ; leurs noms vivront éternellement ». Suit le psaume 32 : « Exultez, ô justes, dans le Seigneur, car le cantique de louange sied bien à ceux qui sont purs ». — Durant le temps pascal, tous les chants de la messe sont les mêmes que pour la fête des martyrs Tiburce, Valérien et Maxime, le 14 avril, sauf les versets alléluiatiques après la première lecture, qui sont empruntés à la fête des saints Nérée et Achillée le 12 mai.
La première collecte est la suivante : « Faites, Seigneur, que nous célébrions fidèlement chaque année la fêté de vos saints martyrs Prime et Félicien, afin que, par leurs mérites, nous puissions obtenir votre don ».
Quel est ce don que demande ici l’Église ? Tout don est un gage et une conséquence de l’amour, c’est l’amour qui se donne ; c’est pourquoi le Saint-Esprit, qui est amour, est le premier de tous les dons : Altissimi donum Dei.
La lecture est tirée du Livre de la Sagesse (V, 16-20). Avec la mort des justes ne s’éteint pas leur vie, et la lutte du mal contre le bien ne se termine pas ici-bas dans le monde. Les martyrs obtiennent la gloire méritée au ciel, mais Dieu les venge même sur la terre ; il se servira des créatures et des éléments inanimés pour punir par les guerres, les épidémies, les tremblements de terre, les calamités de tout genre, les nations prévaricatrices. C’est l’histoire d’hier, celle de la Russie schismatique, de l’Allemagne luthérienne, de la France jacobine ; c’est l’histoire des siècles antiques, alors que, à la veille de l’effondrement de l’Empire romain, Lactance écrivait le De mortibus persecutorum [3]. Ce sera aussi l’histoire de demain.
Le répons est tiré du psaume 88 : « Les cieux louent, ô Seigneur, vos merveilles, et l’assemblée des saints célèbre votre vérité », « Je chanterai éternellement vos miséricordes, Seigneur, de génération en génération ».
Quelle est celle qui, tandis que les générations se succèdent et passent, se promet la fraîcheur d’une jeunesse impérissable, et veut maintenant s’exprimer non par des paroles mais par des chants ? C’est l’Église qui, comme le dit Hermas dans son Pastor, a été créée avant toute chose et ne périra jamais. Elle loue non seulement l’amour, mais la miséricorde qui est l’attitude spéciale de l’amour envers les pauvres et les malheureux.
Le verset alléluiatique est identique à celui du 12 mai : « C’est là vraiment la fraternité, qui méprise la méchanceté du monde, suit le Christ et arrive au royaume céleste ».
Bien qu’à l’origine il en ait été autrement (Ioan., XV, 12-16), la lecture évangélique est maintenant la même que pour la fête de saint Mathias, le 24-25 février. Dieu abandonne les riches, c’est-à-dire les orgueilleux, qui ne savent que faire de lui ; il se donne au contraire aux pauvres, aux affamés, c’est-à-dire aux humbles. Voici qu’en ce jour deux obscurs enfants de la bourgade de Nomentum obtiennent la gloire sublime des martyrs ; et tandis que les corps des Césars triomphants étaient brûlés et ensevelis hors des murs de la Ville, pour que les ombres des Mânes n’infestassent pas la Sacra Urbs, les saintes reliques de Prime et de Félicien gravissaient triomphalement, sur un char doré, le mont Cœlius, et étaient déposées dans le lieu le plus honorable du palais impérial.
L’antienne pour l’offertoire est la même que le 22 janvier.
Voici la belle prière avant l’anaphore consécratoire : « Que l’hostie qui vous est immolée en l’anniversaire solennel de cet insigne et précieux martyre, vous soit agréable, Seigneur, et serve à nous délivrer de nos péchés et à réaliser nos vœux ».
Souvent, dans l’ancien langage liturgique, on appelle précieux le sang des martyrs ; mot qui semble avoir déplu au correcteur de l’hymne des Vêpres des saints apôtres Pierre et Paul, car, dans l’apostrophe adressée à Rome, il a changé le verset :
Seul le sang de Jésus-Christ est le prix du rachat universel. Le sang des martyrs est néanmoins qualifié de précieux, au sens où l’Écriture appelle précieuse devant le Seigneur la mort de ses saints. Tous les actes de vertu que, par les mérites du Christ, nous accomplissons en état de grâce, sont méritoires pour la vie éternelle, et, à ce titre, précieux, puisqu’ils en constituent comme le prix. Or, le martyre chrétien qui tire du Christ son principe et son mérite, est appelé par excellence précieux, parce que, en vertu de la promesse divine, il ouvre au martyr les portes du ciel.
L’antienne pour la Communion (Ioan., XV, 16) évoque la lecture évangélique assignée jadis à cette fête : « Je vous ai choisis du milieu du monde afin que vous alliez et portiez du fruit, et que celui-ci soit durable ». Saint Augustin explique que notre fruit est la charité, qui tire son origine et sa vigueur de notre forte et persévérante union à Jésus.
Voici la collecte eucharistique : « Nous vous en supplions, Seigneur ; que la solennité de vos martyrs Prime et Félicien que nous avons célébrée par le sacrifice festif nous obtienne la bénignité de votre pardon ».
Combien prudente est l’Église qui, pour se conformer au conseil du Sage : De propitiato peccato noli esse sine metu [4], nous entretient dans la sainte humilité et la défiance de nous-mêmes, quoique nous ayons reçu l’absolution de nos péchés et participé aux divins Sacrements, tant que nous portons encore sur nos membres la cicatrice de nos anciennes blessures, et que subsiste le péril de les voir se rouvrir. Humilité et défiance, telles sont les meilleures garanties pour ne plus jamais retomber dans le péché.
L’amour fraternel jusque dans la mort.
1. Les saints. Tombeau : Les martyrs reposèrent d’abord à Mentana (Italie). Le pape Théodore 1er (+649) les transféra dans l’église Saint-Étienne sur le mont Caelius (on peut y voir leurs images en mosaïque). Ces deux frères furent emprisonnés sous le règne de Dioclétien à cause de la foi. On les sépara. Félicien fut torturé le premier. Le juge fit amener ensuite Prime : « Vois comme ton frère, lui dit-il, a agi bien plus sagement que toi : il a obéi aux ordres des empereurs et il jouit maintenant, près d’eux des plus grands honneurs, Si tu imites maintenant son exemple, tu obtiendras la même faveur et les mêmes égards ». Prime répondit : « Ce qui est arrivé à mon frère, je le sais par son ange. O puissé-je ne faire qu’un cœur et qu’une volonté avec lui, et n’être pas séparé de lui dans la mort ! » Sur ce, ils furent tous les deux jetés aux lions dans l’amphithéâtre. Mais les lions se couchèrent à leurs pieds et les caressèrent de la tête et de la queue. Plus de 12.000 personnes étaient rassemblées pour ce spectacle. De ce nombre, 500, avec leur famille, décidèrent d’embrasser la foi chrétienne. Enfin les saints furent décapités (vers 303).
Pratique. — L’union avec le Christ par la grâce est le motif le plus profond de l’amour fraternel du prochain. C’est dans l’épreuve que notre amour fraternel doit se manifester avec le plus d’éclat.
2. La messe (Sapientiam). — La messe est composée de diverses messes du commun. L’Église célèbre la sagesse des saints qui s’est manifestée dans la vie et dans la mort. La leçon nous enseigne que les saints martyrs, malgré leurs souffrances, vivent éternellement et ont reçu au ciel la récompense méritée. Dans l’Évangile, le Christ remercie son Père de ce qu’il a caché les biens de son royaume aux grands de ce monde et les a révélés aux petits. Ceci s’est réalisé précédemment dans les premiers siècles de l’Église. Les fiers Césars sont oubliés, tandis que nos saints, amenés triomphalement à Rome, y sont honorés par le peuple. L’antienne de Communion nous indique que, primitivement, on récitait un autre Évangile (Jean XV, 12-16). Le fruit dont parle Jésus est le martyre et la couronne éternelle.
[1] Apoc. XIX, 7-8 ; Psalm. XLIV, 10.
[2] Psalm. CII, 5.
[3] De la Mort des persécuteurs.
[4] Eccli., V, 5 : Ne sois pas sans crainte au sujet de l’offense qui t’a été pardonnée, et n’ajoute pas péché sur péché.