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28/01 Ste Agnès, vierge et martyre ’secundo’

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Il s’agit là d’une très antique fête romaine. Les historiens ne sont pas d’accord s’il faut y voir l’octave de la fête du 21 janvier ou au contraire l’anniversaire même de la naissance de la Sainte comme l’atteste le sacramentaire Gélasien.

Textes de la Messe

eodem die 28 ianuarii
ce même 28 janvier
S. Agnetis
Ste Agnès
Virg. et Mart.
Virg. et Mart.
secundo
pour la 2nde fois
Commemoratio (ante 1936 : simplex)
Commémoraison (avant 1936 : simple)
Ant. ad Introitum. Ps. 44,13,15 et 16.Introït
Vultum tuum deprecabúntur omnes dívites plebis : adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius adducéntur tibi in lætítia et exsultatióne.Tous les riches d’entre le peuple vous offriront leurs humbles prières. Des Vierges seront amenées au roi après vous, vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse.
Ps. Ibid., 2.
Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi.De mon cœur a jailli une excellente parole ; c’est que j’adresse mes œuvres à un roi.
V/. Glória Patri.
OratioCollecte
Deus, qui nos ánnua beátæ Agnéte Vírginis et Mártyris tuæ sollemnitáte lætíficas : da, ut, quam venerámur offício, étiam piæ conversatiónis sequámur exémplo. Per Dóminum.O Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle de la bienheureuse Agnès, votre Vierge et Martyre, daignez nous faire la grâce d’imiter par une vie sainte, les exemples de celle à qui nous rendons aujourd’hui nos hommages.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.
2. Cor. 10, 17-18 ; 11, 1-2.
Fratres : Qui gloriátur, in Dómino gloriétur. Non enim, qui seípsum comméndat, ille probátus est ; sed quem Deus comméndat. Utinam sustinerétis módicum quid insipiéntiæ meæ, sed et supportáte me : .mulor enim vos Dei æmulatióne. Despóndi enim vos uni viro vírginem castam exhibére Christo.Mes frères, que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, mais celui que Dieu recommande. Ah ! Si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Eh bien, supportez-moi. Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu ; en effet, je vous ai fiancés à un unique époux, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure.
Graduale. Ps. 44, 5.Graduel
Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde et regna.Avec votre gloire et votre majesté, avancez, marchez victorieusement et régnez.
V/. Propter veritátem et mansuetúdinem et iustítiam : et dedúcet te mirabíliter déxtera tua.V/. Pour la vérité, la douceur et la justice ; et votre droite vous conduira merveilleusement.
Allelúia, allelúia. V/. Ibid., 15 et 16. Adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius afferéntur tibi in lætítia. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Des vierges seront amenées au roi après vous ; vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 44, 11 et 12.Trait
Audi, fília, et vide, et inclína aurem tuam : quia concupívit Rex spéciem tuam.Écoutez, ma fille, et prêtez l’oreille, car le roi s’est épris de votre beauté.
V/. Ibid. 13 et 10. Vultum tuum deprecabúntur omnes dívites plebis : fíliæ regum in honóre tuo.V/. Tous les riches d’entre le peuple vous offriront leurs humbles prières.
V/. Ibid., 15 et 16. Adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius afferéntur tibi.V/. Des vierges seront amenées au roi après vous ; vos compagnes seront présentées au roi.
V/. Afferéntur in lætítia et exsultatióne : adducántur in templum Regis.V/. Elles seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse ; elles seront conduites au temple du roi.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matt 13, 44-52
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis parábolam me : Símile est regnum cælórum thesáuro abscóndito in agro : quem qui invénit homo, abscóndit, et præ gáudio illíus vadit, et vendit univérsa, quæ habet, et emit agrum illum. Iterum símile est regnum cælórum hómini negotiatóri, quærénti bonas margarítas. Invénta autem una pretiósa margaríta, ábiit, et véndidit ómnia, quæ hábuit, et emit eam. Iterum símile est regnum cælórum sagénse, missæ in mare et ex omni génere píscium congregánti. Quam, cum impléta esset, educéntes, et secus litus sedéntes, elegérunt bonos in vasa, malos autem foras misérunt. Sic erit in consummatióne sǽculi : exíbunt Angeli, et separábunt malos de médio iustórum, et mittent eos in camínum ignis : ibi erit fletus et stridor déntium. Intellexístis hæc ómnia ? Dicunt ei : Etiam. Ait illis : Ideo omnis scriba doctus in regno cælórum símilis est hómini patrifamílias, qui profert de thesáuro suo nova et vétera.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : "Le Royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ. Quand un homme le trouve, il le cache, puis, dans sa joie, il s’en va, il vend tout ce qu’il possède, et il achète ce champ. Ou encore : Le Royaume des Cieux est comparable à un marchand qui recherche des perles fines. Quand il trouve une perle de grand prix, il s’en va, il vend tout ce qu’il possède, et il l’achète. Ou encore : Le Royaume des Cieux est comparable à un filet qu’on jette dans la mer et qui ramasse des poissons de toutes sortes. Quand il est rempli, on le tire sur le rivage ; on s’assied, et on recueille dans des paniers ce qui est bon, mais le mauvais, on le jette. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront, ils sépareront les méchants d’avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise de feu. Là, seront les pleurs et les grincements de dents. Avez-vous compris tout cela ?" Ils répondirent : "Oui". Il leur dit : "C’est pourquoi tout scribe instruit du Royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien."
Ant. ad Offertorium. Ps. 44. 3.Offertoire
Diffúsa est grátia in lábiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum, et in sǽculum sǽculi.La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais et pour tous les siècles.
SecretaSecrète
Super has hóstias. Dómine, quæsumus, benedíctio copiósa descéndat : quæ et sanctificatiónem nostram cleménter operátur ; et de Mártyrum nos sollemnitáte lætíficet Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, Seigneur, qu’une abondante bénédiction descende sur ces hosties ; qu’elle opère en nous, par votre clémence, la sanctification, et qu’elle nous fasse nous réjouir au sujet de la solennité des Martyrs.
Ant. ad Communionem. Matth. 13, 45-46.Communion
Símile est regnum cælórum hómini negotiatóri, quærénti bonas margarítas : invénta autem una pretiósa margaríta, dedit ómnia sua, et comparávit eam. Le royaume des deux est semblable à un marchand qui cherche de bonnes perles ; ayant trouvé une perle de grand prix, il a vendu tout ce qu’il avait, et l’a achetée.
PostcommunioPostcommunion
Súmpsimus, Dómine, celebritátis ánnuæ votiva sacraménta : præsta, quǽsumus ; ut et temporális vitæ nobis remédia prǽbeant et ætérnæ. Per Dóminum.Nous avons reçu, Seigneur, les choses saintes qui vous sont offertes en cette solennité annuelle, faites, nous vous en supplions, qu’elles nous donnent les remèdes spirituels utiles à la vie temporelle et conduisant à la vie éternelle.

Office

Antienne au Magnificat 1ères vêpres avant 1960 Un Agneau plus blanc que la neige, le Christ, apparut debout à sa droite, et il se la consacra comme épouse et Martyre.

Leçons des Matines avant 1960

Neuvième leçon. Tandis que les parents de la bienheureuse Agnès veillaient assidûment à son tombeau, elle leur apparut une nuit, accompagnée d’un chœur de vierges, et leur parla ainsi : « Ne me pleurez pas comme morte, car réunie à toutes ces vierges, je vis avec elles dans les cieux, auprès de celui que j’ai aimé de tout mon cœur sur la terre. » Quelques années après, Constance, fille de l’empereur Constantin, cherchant un remède à un ulcère inguérissable, vint au même tombeau, bien qu’elle ne fût pas encore chrétienne. S’étant endormie, il lui sembla entendre la voix d’Agnès : « Constance, agis avec constance, crois en Jésus-Christ Fils de Dieu, qui te guérira. » La princesse guérit, reçut le baptême peu après, en même temps que beaucoup de membres de la famille impériale, et elle fit bâtir en ce lieu une église sous le nom de la bienheureuse Agnès.

Antienne au Bénédictus Voici que ce que j’ai désiré, * maintenant je le vois ; ce que j’ai espéré, maintenant je le possède ; je suis unie dans les cieux à Celui-là même que j’ai aimé de toute mon affection, quand j’étais sur la terre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Cinq jours après le martyre de la vierge Emérentienne, les parents de la sainte et courageuse Agnès étaient venus, à la nuit, prier et pleurer sur son sépulcre. C’était le huitième jour depuis son martyre. Ils repassaient dans leur douleur les circonstances de cette mort cruelle qui lui avait mérité la palme, en l’enlevant à leur amour. Tout à coup, Agnès leur apparaît, couronnée et radieuse, au milieu d’une troupe de vierges éblouissantes de beauté et de lumière. A côté d’elle, à sa droite, était un agneau d’une blancheur éclatante, sous les traits duquel se manifestait le divin amant d’Agnès.

La Vierge triomphante se tourne avec tendresse vers ses parents et leur dit : « Ne pleurez plus ma mort ; félicitez-moi plutôt de l’heureuse société qui m’environne. Sachez que je vis maintenant dans le ciel auprès de Celui qui, sur la terre, a eu tout mon amour. »

En mémoire de cette glorieuse apparition, la sainte Église revient encore aujourd’hui sur la douce mémoire d’Agnès ; et cette fête s’appelle : Sainte Agnès pour la seconde fois : Sanctae Agnetis secundo. Prions la tendre amante de l’Agneau sans tache de se souvenir de nous auprès de lui, et de nous présenter à ce divin Sauveur, en attendant qu’il nous soit donné de le posséder sans nuages au séjour de sa gloire. Unissons-nous à la sainte Église, et chantons avec elle aujourd’hui :

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La Nativité de sainte Agnès. Station à Sainte-Agnès.

Des rubricistes récents ont pensé que cette seconde mémoire de la célèbre martyre romaine était simplement la commémoration de l’octave de son natale. Cependant les anciens sacramentaires ne permettent pas de douter qu’il s’agit au contraire de la naissance temporelle elle-même de sainte Agnès, à tel point qu’ils appelaient cette fête : S. Agnae de nativitate, à la différence de l’autre fête qu’ils nommaient de passione sua. Le Gélasien s’exprime sur ce point avec une parfaite précision : Sic enim ab exordio sui usque in finem beati certaminis extitit gloriosa, ut eius nec initium debeamus praeterire, nec finem.

L’Église fête généralement comme dies natalis des saints le jour de leur mort. A Rome les anciens pontifes firent toutefois une exception pour sainte Agnès, dont on solennisa aussi, vu la dévotion dont elle était l’objet, la première naissance à la divine grâce et à la lumière de ce monde. Plus tard les scolastiques, à propos de la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste et de la sainte Vierge, dirent que l’Église solennise seulement ces deux naissances par un culte liturgique, parce que toutes les autres furent souillées par le péché d’origine. L’antique fête S. Agnae de nativitate ne contredit pas cependant l’enseignement des théologiens, car on ne fait pas abstraction ici du baptême, mais on célèbre simplement les gloires de la très pure martyre qui, dès le berceau, fut prévenue par la grâce divine.

De plus, l’objet de cette fête n’est pas formellement la naissance de sainte Agnès qua talis ; mais comme aujourd’hui encore fait l’Église, quand elle solennise les centenaires de la naissance des divers saints, on choisit l’anniversaire du jour natal pour célébrer et fêter directement l’insigne sainteté de la très pure et très courageuse Vierge romaine.

La messe est tirée du Commun des vierges martyres. L’antienne pour l’introït provient du psaume de virginitate, le XLIVe. « Tous les riches d’entre le peuple vous adressent des vœux ; après elle (la Reine) sont conduites au Roi les vierges ses amies ; on les présente dans les délices et dans la joie. »

Ces vierges amies de la Mère de Dieu dont on chante ici les louanges, sont ces âmes pures qui, à son exemple, consacrent à l’Agneau céleste le lis de leur virginité.

La collecte est la suivante : « O Dieu qui nous réconfortez par la solennité de votre bienheureuse vierge et martyre Agnès, faites que par l’exemple d’une vie immaculée nous puissions imiter celle dont aujourd’hui nous célébrons la fête. » La première lecture est semblable à celle de la fête de sainte Lucie, le 13 décembre. Le répons qui suit est tiré du psaume habituel (le XLIVe) : « Avancez-vous dans la splendeur et la beauté et régnez ; chevauchez pour la vérité et la justice, et votre droite vous fera voir des choses merveilleuses. » Voilà la vierge forte qui, ceinte des armes du Saint-Esprit, la foi, la charité et la force, se prépare à lutter contre Satan pour rester fidèle à son divin Époux Jésus. Le verset alléluiatique est tiré du même psaume : « Alléluia, Elle est présentée au roi, et avec elle sont conduites les vierges ses amies. Elles se présentent dans l’allégresse et dans la joie. »

Après la Septuagésime, le psaume-trait (tiré du XLIVe) est le suivant : « Écoutez, ma fille, et voyez ; prêtez l’oreille, parce que le Roi a été ravi par votre beauté. V/. Tous les riches parmi le peuple viendront solliciter votre grâce. Entre les bien-aimées il y a des filles de rois. V/. Les vierges, ses amies, sont conduites après elle au Roi. V/. On les présente dans les délices et la joie, elles sont introduites dans le temple royal. »

En cet épithalame, Dieu demande avant tout à l’âme de renoncer à sa parenté charnelle, et d’oublier tout ce qui, d’une façon quelconque, la met encore en contact avec sa nature corrompue. Cette âme, entièrement dépouillée et vide d’elle-même, est dès lors couverte par Dieu des vêtements et des colliers de la grâce, afin que, purifiée et parée, elle soit finalement admise aux noces éternelles de l’immortel Époux.

La lecture évangélique, déjà indiquée dans le manuscrit de Würzbourg, est la même qui a déjà été faite le jour de sainte Prisque, le 18 janvier. Le verset de l’offertoire est tiré du psaume XLIV : « La grâce est toute répandue sur tes lèvres c’est pourquoi Dieu t’a béni pour l’éternité. »

La prière sur l’oblation avant de commencer l’anaphore est la suivante : « Qu’une abondante bénédiction, Seigneur, descende sur cette oblation, afin que dans votre clémence vous accomplissiez notre sanctification et que nous nous réjouissions en la solennité des martyrs. Par notre Seigneur, etc. »

La secrète du Gélasien est également solennelle et belle. La voici :

Grata tibi sint, quaesumus. Domine, munera quibus sanctae Agnetis magnifica solemnitas recensetur ; sic enimab exordio sui usque in finem beati certaminis extitit gloriosa, ut eius nec initium debeamus praeterire, nec finem.Ayez pour agréables, Seigneur, les présents par lesquels nous marquons la fête solennelle de sainte Agnès. Celle-ci, du commencement à la fin, a soutenu glorieusement le bon combat, et c’est pourquoi nous ne devons oublier ni sa naissance ni sa mort.

Aujourd’hui le Sacramentaire Grégorien assigne cette préface en l’honneur de la martyre :

Pater omnipotens, aeterne Deus, beatae Agnetis natalitia geminantes. Vere enim huius honoandus est dies, qua sic terrena generatione processit, ut ad Divinitatis consortium perveniret. Per Christum...Père tout-puissant, Dieu éternel, célébrant pour la seconde fois le natale de la bienheureuse Agnès. Il est en effet bien digne d’honneur ce jour de sa naissance, car elle naquit pour arriver à s’unir à Dieu. Par le Christ...

Le verset pour la communion du peuple est tiré de la lecture évangélique de ce jour : « Le royaume des cieux est semblable à un marchand qui va à la recherche des plus belles perles. En ayant trouvé une précieuse, il donna tout son avoir et l’acheta. »

Voilà donc le prix de la perfection chrétienne, du paradis, de Dieu. II vaut tout ce que chacun possède. Celui qui i plus doit donner plus. Qui a moins donnera moins. Ce qui importe, c’est que chacun donne tout.

Sainte Agnès est l’une de ces âmes privilégiées que le Seigneur prévient de sa grâce et fiance à son Cœur dès l’âge le plus tendre. Aussi est-ce à bon droit que l’Église se réjouit du parfum de ces fleurs virginales, parmi lesquelles prend ses complaisances et se nourrit l’Agneau immaculé. Et de même que le sang de la martyre fut une semence féconde de nouveaux chrétiens, ainsi l’exemple de sa chasteté sans lâche attira à l’Époux divin une nombreuse armée de vierges.

Dans le Sacramentaire Grégorien, la bénédiction finale, c’est-à-dire l’oratio super populum qui maintenant n’est demeurée dans le Missel que pour les stations du Carême, est la suivante :

Adesto nobis, omnipotens Deus, beatae Agnetis festa repetentibus, quam hodiernae festivitatis prolatam exortu, ineffabili munere sublevasti.Dieu tout-puissant, secourez-nous en ce jour où nous célébrons à nouveau la fête de la bienheureuse Agnès, ô vous qui avez élevé par votre grâce ineffable celle qui est née aujourd’hui.
Cette collecte se trouve également dans le Sacramentaire Gélasien.

C’est un vrai dommage, non seulement pour la littérature sacrée, mais aussi pour la piété, que durant les derniers siècles du moyen âge le Missel romain se soit dépouillé de sa primitive richesse liturgique.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

A sa droite se tenait un agneau.

C’était un antique usage, le huitième jour après la fête d’un saint, de se rassembler autour de son tombeau et de célébrer le Saint-Sacrifice. Cet usage s’est maintenu pour la fête de sainte Agnès ; seulement, dans les livres liturgiques, on n’appelle pas ce jour l’Octave, mais « Sanctae Agnetis secundo », c’est-à-dire pour la seconde fois. Cette seconde fête est célébrée avec une solennité moindre (rite simple). Cet antique usage a été repris dernièrement pour les trois fêtes qui suivent Noël. Cependant la fête d’aujourd’hui a, dans les anciens sacramentaires, une importance particulière : c’est le jour de la naissance de sainte Agnès, qu’on célébrait, par exception, à cause de la grande vénération qu’on avait pour la sainte.

Sainte Agnès. On lit aujourd’hui au bréviaire cette édifiante leçon : « Comme, un jour, les parents d’Agnès veillaient, selon leur coutume, auprès de son tombeau, elle leur apparut dans la nuit entourée d’un chœur de vierges et leur adressa les paroles suivantes : Chers parents, ne me pleurez pas comme une morte car, en compagnie de ces vierges, je vis au ciel auprès de Celui que, sur la terre, j’ai aimé de tout mon cœur. » Quelques années plus tard, Constance, fille de Constantin le Grand, qui souffrait d’un ulcère inguérissable, priait, bien qu’elle ne fût pas encore chrétienne, au tombeau de la sainte. S’étant endormie, elle entendit ces paroles de sainte Agnès : « Constance, sois constante. Crois en Jésus-Christ, le Fils de Dieu et tu seras guérie. » Elle fut en effet guérie ; peu de temps après, elle reçut le baptême avec beaucoup d’autres membres de la famille impériale et elle fit bâtir, en l’honneur de sainte Agnès, une église sur son tombeau. » — Cette leçon nous renseigne sur un usage des premiers chrétiens : ils aimaient passer la nuit près du tombeau des martyrs. Ils y amenaient même leurs malades, car ils étaient persuadés qu’une vertu de guérison sortait du tombeau des martyrs.

La messe (Vultum tuum). — La messe est empruntée aux textes du commun. Le thème dominant est celui de l’épouse ; dans tous les chants, on entend l’écho du psaume nuptial, le ps. 44. Dans l’Épître, courte mais très significative, l’Église nous assure qu’elle nous a tous fiancés à un seul Homme, Jésus-Christ, comme une vierge pure, et que, dans son zèle maternel, elle veille sur notre fidélité. L’Évangile nous montre le Christ et le « royaume des cieux » comme une perle précieuse et un trésor caché. Agnès a tout sacrifié pour ce trésor : elle a renoncé au plaisir, à la richesse, au bonheur terrestre et à la vie, pour l’acheter. Dans la communion, nous recevons les arrhes de ce divin trésor.

Les deux antiennes du coucher (1ères Vêpres) et du lever du soleil (Laudes) sont d’une grande beauté : « A sa droite se tenait un Agneau blanc comme la neige. C’est le Christ qui s’est consacré Agnès comme épouse et comme martyre » (Vêp.), « Ce que j’espérais, je le possède déjà. Avec lui je suis unie au ciel. Lui que sur la terre j’ai aimé de tout mon cœur. » (Laudes).