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04/11 St Charles Borromée, évêque et confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Textes de la Messe: supplément du Missel Romain pour certains lieux  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Mort à Milan le 3 novembre 1580. Canonisé en 1610 par Paul V, qui inscrivit sa fête au calendrier en 1613 comme semi-double ad libitum. Innocent X en fit un semi-double de précepte en 1652 et Alexandre VII un double

Textes de la Messe

die 4 novembris
le 4 novembre
SANCTI CAROLI
SAINT CHARLES
Ep. et Conf.
Evêque et Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Státuit, de Communi Confessoris Pontificis I loco, præter orationem sequentem :Messe Státuit, du Commun d’un Confesseur Pontife I, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Ecclésiam tuam, Dómine, sancti Caróli Confessóris tui atque Pontíficis contínua protectióne custódi : ut, sicut illum pastorális sollicitúdo gloriósum réddidit ; ita nos eius intercéssio in tuo semper fáciat amóre fervéntes. Per Dóminum.Daignez, Seigneur, garder continuellement votre Église sous la protection de saint Charles, votre Pontife et Confesseur ; et comme sa sollicitude pastorale l’a rendu glorieux, que son intercession nous obtienne d’être toujours fervents dans votre amour.
Et fit commemoratio Ss. Vitalis et Agricolæ Mm :Et on fait mémoire des Sts Vital et Agricola, Martyrs :
Oratio.Collecte
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui sanctórum Mártyrum tuórum Vitális et Agrícolæ sollémnia cólimus, eórum apud te intercessiónibus adiuvémur. Per Dóminum.Faites, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, que vos sainte Martyrs Vital et Agricole, dont nous célébrons, la fête, nous assistent par leur intercession auprès de vous.
Secreta CSecrète
Sancti tui, quǽsumus, Dómine, nos ubíque lætíficant : ut, dum eórum mérita recólimus, patrocínia sentiámus. Per Dóminum.Que le souvenir de vos Saints nous soit, ô Seigneur, en tous lieux, un sujet de joie, afin que nous ressentions la protection de ceux dont nous célébrons à nouveau les mérites.
Pro Ss MartyribusPour les Sts Martyrs
SecretaSecrète
Oblatis, quǽsumus, Dómine, placáre munéribus : et, intercedéntibus sanctis Martýribus tuis Vitále et Agrícola, a cunctis nos defénde perículis. Per Dóminum nostrum.Laissez-vous fléchir, Seigneur, par l’offrande de ces dons ; et préservez-nous de tous les périls, grâce à l’intercession de vos saints martyrs Vital et Agricole.
Postcommunio CPostcommunion
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, de percéptis munéribus grátias exhibéntes, intercedénte beáto Cárolo Confessóre tuo atque Pontífice, benefícia potióra sumámus. Per Dóminum.Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’en rendant grâces pour les dons reçus, nous recevions plus de bienfaits encore grâce à l’intercession du bienheureux Charles votre Confesseur et Pontife.
Pro Ss MartyribusPour les Sts Martyrs
PostcommunioPostcommunion
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedéntibus sanctis Martýribus tuis Vitále et Agrícola, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum.Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes ; et que par l’intercession de vos Saints Martyrs Vital et Agricole, elle nous unisse inséparablement à Celui qui s’est fait le remède céleste de nos âmes.

Textes de la Messe: supplément du Missel Romain pour certains lieux

die 4 novembris
le 4 novembre
SANCTI CAROLI
SAINT CHARLES
Ep. et Conf.
Evêque et Confesseur
Ant. ad Introitum. Eccli.45, 29-30.Introït
In bonitáte et alacrítáte ánimæ suæ plácuit Deo : ídeo státuit illi testaméntum pacis ; príncipem sanctórum et gentis suæ ; ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Dans la droiture et l’ardeur de son âme il plut à Dieu. C’est pourquoi le Seigneur a conclu avec lui un pacte d’amitié. Il en a fait le chef des prêtres et du peuple, parce qu’il possède éternellement la dignité du sacerdoce.
Ps. 72, 1.
Quam bonus Israël Deus : his, qui recto sunt corde.Combien le Dieu d’Israël est bon pour ceux qui ont le cœur droit.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Ecclésiam tuam, Dómine, sancti Cároli, Confessóris tui atque Pontíficis, contínua protectióne custódi : ut, sicut illum pastorális sollicitúdo gloriósum réddidit ; ita nos eius intercéssio in tuo semper fáciat amóre ferv&ntes. Per Dóminum.Seigneur, gardez votre Église sous la protection continuelle de saint Charles , votre Confesseur et Pontife, et comme son zèle à remplir sa charge pastorale lui a valu la gloire, que son intercession nous rende toujours fervents dans votre amour.
Lectio libri Sapientiæ.Lecture du Livre de la Sagesse.
Eccli. 50, 1 et 4-11.
Ecce sacerdos magnus, qui in vita sua suffúlsit domum, et in diébus suis corroborávit templum. Qui curávit gentem suam, et liberávit eam a perditióne. Qui præváluit amplificáre civitátem, qui adéptus est glóriam in conversatióne gentis : et ingréssum domus et átrii amplificávit. Quasi stella matutína in médio nébulæ, et quasi luna plena in diébus suis lucet. Et quasi sol refúlgens, sic ille effúlsit in templo Dei. Quasi arcus refúlgens inter nébulas glóriæ, et quasi flos rosárum in diébus vernis ; et quasi lília quæ sunt in tránsitu aquæ, et quasi thus rédolens in diébus æstátis. Quasi ignis effúlgens, et thus ardens ín igne. Quasi vas auri sólidum, ornátum omni lápide pretióso. Quasi olíva púllulans, et cypréssus in altitúdinem se extóllens, in accipiéndo ipsum stolam glóriæ, et vestíri eum in consummatiónem virtútis.Voici le grand prêtre qui pendant sa vie consolida la Maison de Dieu, et durant ses jours fortifia le sanctuaire. Il prit soin de son peuple et le préserva de la ruine. Il réussit à développer la cité, il trouva la gloire au milieu de la nation, il agrandit l’entrée de la demeure et du parvis. Comme l’étoile du matin au milieu de la nuée, comme la lune aux jours de son plein, et comme le soleil, il resplendit dans le temple de Dieu ; comme l’arc-en-ciel illuminant les nuages de gloire, et comme la rosé au printemps, comme le lis sur le bord des eaux, et comme l’arbre aromatique pendant l’été ; comme le feu ardent et le parfum qui brûle dans l’encensoir, comme un vase d’or massif, orné de mille pierres précieuses, comme l’olivier chargé de fruits, ainsi était-il, quand il prenait la robe de gloire et revêtait tous les insignes de sa grandeur.
Graduale. Sap. 4, 13-14.Graduel
Consummátus in brevi, explévit témpora multa : plácita enim erat Deo ánima ipsíus.Parvenu si rapidement au terme de sa vie, il a pourtant rempli une longue carrière, car son âme était agréable à Dieu.
V/. Propter hoc properávit edúcere illum de médio iniquitátum.V/. Et c’est pourquoi celui-ci s’est hâté de le retirer de ce monde de péché.
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 45, 9. Induit eum stolam glóriæ, et coronávit eum in vasis virtútis. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Le Seigneur l’a revêtu d’un vêtement de gloire et il l’a couronné de perfection. Alléluia !
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Ps. 111, 1-3.Trait
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis.Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements.
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicéturV/. Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie.
V/. Glória et divítiæ in domo eius : et iustítia eius manet in sǽculum sǽculi.V/. La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 45, 9. Induit eum stolam glóriæ, et coronávit eum in vasis virtútis.Allelúia, allelúia. V/. Le Seigneur l’a revêtu d’un vêtement de gloire et il l’a couronné de perfection.
Allelúia. V/. Dan. 12, 3. Qui ad iustítiam erúdiunt multos, quasi stellæ in perpétuas æternitátes fulgébunt. Allelúia.Allelúia. V/. Ceux qui auront instruit la foule dans la justice luiront comme des étoiles dans des éternités sans fin.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 10, 11-16.
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis : Ego sum pastor bonus. Bonus pastor ánimam suam dat pro óvibus suis. Mercennárius autem et qui non est pastor, cuius non sunt oves própriæ, videt lupum veniéntem, et dimíttit oves et fugit : et lupus rapit et dispérgit oves : mercenárius autem fugit, quia mercenárius est et non pértinet ad eum de óvibus. Ego sum pastor bonus : et cognósco meas et cognóscunt me meæ. Sicut novit me Pater, et ego agnósco Patrem, et ánimam meam pono pro óvibus meis. Et alias oves hábeo, quæ non sunt ex hoc ovíli : et illas opórtet me addúcere, et vocem meam áudient, et fiet unum ovíle et unus pastor.En ce temps-là : Jésus dit aux pharisiens : Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; et le loup les prend et les disperse. Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire, et peu lui importent les brebis. Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ; de même que le Père me tonnait et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi, il faut que je les mène, elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur.
Ant. ad Offertorium. Sap. 8, 2.Offertoire
Amávit sapiéntiam a iuventúte sua, et quæsívit sibi sponsam eam assúmere, et amátor factus est formæ illíus. Allelúia.Il a aimé la Sagesse dès sa jeunesse ; il a voulu la prendre pour épouse, et il a été amoureux de sa beauté.
SecretaSecrète
Sancti Cároli, Confessóris tui atque Pontíficis, pastorális offícii vigilántiam et præcláras virtútes admirántibus : præsta, quǽsumus, Dómine ; ut ipsíus inhæréntes vestígiis, tibi digne múnera deferámus. Per Dóminum.Nous admirons la vigilance dans le ministère pastoral et les remarquables vertus de saint Charles, votre Confesseur et Pontife : Faites, Seigneur, que suivant fidèlement ses traces, nous vous présentions dignement nos offrandes.
Ant. ad Communionem. Eccli. 39, 13.Communion
Non recédet memória eius, et nomen eius requirétur a generatióne in generatiónem.Sa mémoire ne disparaîtra pas et son nom vivra d’âge en âge.
PostcommunioPostcommunion
Sanctíficent nos, quǽsumus, Dómine, sumpta mystéria : et sancto Cárolo, Confessóre tuo atque Pontífice, intercedénte, nostrórum puríficent máculas delictórum. Per Dóminum.Que ces saints mystères que nous avons reçus nous sanctifient, Seigneur, et que, par l’intercession de saint Charles, votre Confesseur et Pontife, ils nous purifient des souillures de nos fautes.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Charles naquit à Milan, de la noble famille des Borromée. Une lumière divine, qui brilla la nuit de sa naissance sur la chambre de sa mère, fit présager combien sa sainteté serait éclatante. Enrôlé dès son enfance dans la milice cléricale et pourvu quelque temps après d’une abbaye, il avertit son père de ne pas employer pour sa maison les revenus de ce’ bénéfice ; et lorsque l’administration lui en fut dévolue, il en distribua aux pauvres tout le superflu. La chasteté lui fut si chère, qu’il repoussa avec une invincible constance les femmes impudiques plusieurs fois envoyées pour lui faire perdre sa pureté. A vingt-trois ans, son oncle le Pape Pie IV l’ayant agrégé au Sacré Collège des Cardinaux, il s’y distingua par une piété insigne et par l’éclat de toutes les vertus. Bientôt après, le même Pape l’ayant fait Archevêque de Milan, il s’appliqua avec beaucoup de sollicitude à gouverner l’Église qui lui était confiée, selon les règles du concile de Trente, qui venait d’être terminé, grâce à lui surtout ; et pour réformer les mœurs déréglées de son peuple, outre qu’il assembla maintes fois des synodes, il montra dans sa personne un modèle d’éminente sainteté. Il travailla par-dessus tout à extirper l’hérésie du pays des Rhètes et des Suisses, dont il convertit un grand nombre à la foi chrétienne.

Cinquième leçon. La charité de cet homme de Dieu brilla tout particulièrement lorsqu’ayant vendu sa principauté d’Oria, il en donna aux pauvres, en un seul jour, tout le prix, qui était de quarante mille pièces d’or. Ce fut avec la même charité qu’il en distribua vingt mille qu’on lui avait léguées. Il renonça aux amples revenus ecclésiastiques dont il avait été comblé par son oncle, et n’en retint que ce qui lui était nécessaire pour lui-même et pour assister les indigents. Pour les nourrir pendant la peste qui ravagea Milan, il vendit tout le mobilier de sa maison, sans même se réserver un lit ; de sorte que, depuis, il coucha sur le plancher. Empressé à visiter ceux que le fléau atteignait, il les soulageait avec une affection de père, et, leur administrant lui-même les sacrements de l’Église, les consolait d’une façon merveilleuse. Pendant ce temps, pour se faire médiateur auprès de Dieu par de très humbles prières et pour détourner sa colère, il ordonna une procession publique : il y marcha la corde au cou, les pieds nus et ensanglantés par les pierres contre lesquelles il se heurtait, portant une croix et s’offrant lui-même comme victime pour les péchés de son peuple. Il fut un très énergique défenseur de la liberté de l’Église. Mais, comme il avait à cœur de rétablir la discipline, des séditieux lâchèrent contre lui, pendant qu’il était en prières, la roue d’une arquebuse ; le projectile l’ayant frappé, il ne dut qu’à la protection divine d’être préservé de tout mal.

Sixième leçon. Il était d’une abstinence étonnante ; jeûnait très souvent au pain et à l’eau, et, d’autres fois, se contentait de légumes. Il domptait son corps par les veilles, un cilice très dur, de fréquentes disciplines. L’humilité et la douceur lui étaient on ne peut plus chères. Il ne manqua jamais de se livrer à la prière et à la prédication de la parole de Dieu, quelque grandes occupations qu’il eût. Il bâtit beaucoup d’églises, des monastères et des collèges. Il a écrit plusieurs ouvrages très utiles, surtout pour l’instruction des Évêques, et c’est par ses soins que le catéchisme des curés a paru. Enfin, il se retira dans une solitude du mont Varale, où se trouvent des tableaux représentant au vif la passion de notre Seigneur. C’est là que, menant pendant quelques jours une vie rude par la mortification volontaire, mais douce par la méditation des souffrances de Jésus-Christ, il fut pris de la fièvre, et comme la maladie s’aggravait, il revint à Milan, où, sous la cendre et le cilice, les yeux attachés sur un crucifix, il partit pour le ciel, âgé de quarante-sept ans, le troisième jour des nones de novembre de l’année mil cinq cent quatre-vingt-quatre. Des miracles l’ayant illustré, le Souverain Pontife Paul V le mit au nombre des Saints.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Humilitas. A sa naissance au château d’Arona, Charles trouvait inscrit en chef de l’écu de famille ce mot couronné d’or [1]. Parmi les pièces nombreuses du blason des Borromées, on disait de celle-ci qu’ils ne connaissaient l’humilité que dans leurs armes. Le temps était venu où l’énigmatique devise de la noble maison se justifierait dans son membre le plus illustre ; où, au faîte des grandeurs, un Borromée saurait vider de soi son cœur pour le remplir de Dieu : en sorte pourtant que, loin de renier la fierté de sa race, plus intrépide qu’aucun, cet humble éclipserait dans ses entreprises les hauts faits d’une longue suite d’aïeux. Nouvelle preuve que l’humilité ne déprime jamais. Charles atteignait à peine sa vingt-deuxième année, quand Pie IV, dont sa mère était la sœur, l’appelait au poste difficile qu’on nomme aujourd’hui la Secrétairerie d’État, et bientôt le créait cardinal, archevêque de Milan, semblait se complaire à entasser honneurs et responsabilités sur ses jeunes épaules. On était au lendemain du règne de Paul IV, si mal servi par une confiance pareille, que ses neveux, les Caraffa, y méritèrent le dernier supplice. Mais l’événement devait montrer que son doux successeur recevait en cela ses inspirations de l’Esprit-Saint, non de la chair et du sang.

Soixante ans déjà s’étaient écoulés de ce siècle de Luther qui fut si fatal au monde, et les ruines s’amoncelaient sans fin, tandis que chaque jour menaçait l’Église d’un danger nouveau. Les Protestants venaient d’imposer aux catholiques d’Allemagne le traité de Passau qui consacrait leur triomphe, et octroyait aux dissidents l’égalité avec la liberté. L’abdication de Charles-Quint découragé donnait l’empire à son frère Ferdinand, tandis que l’Espagne et ses immenses domaines des deux mondes allaient à Philippe II son fils ; or Ferdinand Ier inaugurait la coutume de se passer de Rome, en ceignant le diadème mis au front de Charlemagne par saint Léon III ; et Philippe, enserrant l’Italie par la possession de Naples au Sud, du Milanais au Nord, semblait à plusieurs une menace pour l’indépendance de Rome elle-même. L’Angleterre, un instant réconciliée sous Marie Tudor, était replongée par Élisabeth dans le schisme où elle demeure jusqu’à nos jours. Des rois enfants se succédaient sur le trône de saint Louis, et la régence de Catherine de Médicis livrait la France aux guerres de religion.

Telle était la situation politique que le ministre d’État de Pie IV avait mission d’enrayer, d’utiliser au mieux des intérêts du Siège apostolique et de l’Église. Charles n’hésita pas. Appelant la foi au secours de son inexpérience, il comprit qu’au déluge d’erreurs sous lequel le monde menaçait de périr, Rome se devait avant tout d’opposer comme digue l’intégrale vérité dont elle est la gardienne ; il se dit qu’en face d’une hérésie se parant du grand nom de Réforme et déchaînant toutes les passions, l’Église, qui sans cesse renouvelle sa jeunesse [2], aurait beau jeu de prendre occasion de l’attaque pour fortifier sa discipline, élever les mœurs de ses fils, manifester à tous les yeux son indéfectible sainteté. C’était la pensée qui déjà, sous Paul III et Jules III, avait amené la convocation du concile de Trente, inspiré ses décrets de définitions dogmatiques et de réformation. Mais le concile, deux fois interrompu, n’avait point achevé son œuvre, qui restait contestée. Depuis huit ans qu’elle demeurait suspendue, les difficultés d’une reprise ne faisaient que s’accroître, en raison des prétentions discordantes qu’affichaient à son sujet les princes. Tous les efforts du cardinal neveu se tournèrent à vaincre l’obstacle. Il y consacra ses jours et ses nuits, pénétrant de ses vues le Pontife suprême, inspirant son zèle aux nonces accrédités près des cours, rivalisant d’habileté autant que de fermeté avec les diplomates de carrière pour triompher des préjugés ou du mauvais vouloir des rois. Et quand, après deux ans donnés à ces négociations épineuses, les Pères de Trente se réunirent enfin, Charles apparut comme la providence et l’ange tutélaire de l’auguste assemblée ; elle lui dut son organisation matérielle, sa sécurité politique, la pleine indépendance de ses délibérations, leur continuité désormais ininterrompue. Retenu à Rome, il est l’intermédiaire du Pape et du concile. La confiance des légats présidents lui est vite acquise ; les archives pontificales en gardent la preuve : c’est à lui qu’ils recourent journellement, dans leurs sollicitudes et parfois leurs angoisses, comme au meilleur conseil, à l’appui le plus sûr.

Le Sage disait de la Sagesse : « A cause d’elle, ma jeunesse sera honorée des vieillards ; les princes admireront mes avis : si je me tais, ils attendront que je parle ; quand j’ouvrirai la bouche, ils m’écouteront attentifs, les mains sur leurs lèvres [3]. » Ainsi en fut-il de Charles Borromée, à ce moment critique de l’histoire du monde ; et l’on comprend que la Sagesse divine qu’il écoutait si docilement, qui l’inspirait si pleinement, ait rendu son nom immortel dans la mémoire reconnaissante des peuples [4].

C’est de ce concile de Trente dont l’achèvement lui est dû, que Bossuet reconnaît, en sa. Défense de la trop fameuse Déclaration, qu’il ramena l’Église à la pureté de ses origines autant que le permettait l’iniquité des temps [5]. Écoutons ce qu’à l’heure où les assises œcuméniques du Vatican venaient de s’ouvrir, l’évêque de Poitiers, le futur cardinal Pie, disait « de ce concile de Trente, qui, à meilleur titre que celui même de Nicée, a mérité d’être appelé le grand concile ; de ce concile dont il est juste d’affirmer que, depuis la création du monde, aucune assemblée d’hommes n’a réussi à introduire parmi les hommes une aussi grande perfection ; de ce concile dont on a pu dire que, comme un arbre de vie, il a pour toujours rendu à l’Église la vigueur de sa jeunesse. Plus de trois siècles se sont écoulés depuis qu’il termina ses travaux, et sa vertu curative et fortifiante n’a point cessé de se faire sentir [6]. »

« Le concile de Trente est demeuré comme en permanence dans l’Église au moyen des congrégations romaines chargées d’en perpétuer l’application, ainsi que de procurer l’obéissance aux constitutions pontificales qui l’ont suivi et complété [7]. » Charles inspira les mesures adoptées dans ce but par Pie IV, et au développement desquelles les Pontifes qui suivirent attachèrent leurs noms. La révision des livres liturgiques, la rédaction du Catéchisme romain l’eurent pour promoteur. Avant tout, et sur toutes choses, il fut l’exemplaire vivant delà discipline renouvelée, acquérant ainsi le droit de s’en montrer envers et contre tous l’infatigable zélateur. Rome, initiée par lui à la réforme salutaire où il convenait qu’elle précédât l’armée entière des chrétiens, se transforma en quelques mois. Les trois églises dédiées à saint Charles en ses murs [8], les nombreux autels qui portent son nom dans les autres sanctuaires de la cité reine, témoignent de la gratitude persévérante qu’elle lui a vouée.

Son administration cependant et son séjour n’y dépassèrent pas les six années du pontificat de Pie IV. A la mort de celui-ci, malgré les instances de saint Pie V, qu’il contribua plus que personne à lui donner pour successeur, Charles quitta Rome pour Milan où l’appelait son titre d’archevêque de cette ville. Depuis près d’un siècle, la grande cité lombarde ne connaissait guère que de nom ses pasteurs, et cet abandon l’avait, comme tant d’autres en ces temps, livrée au loup qui ravit et disperse le troupeau [9]. Notre Saint comprenait autrement le devoir de la charge des âmes. Il s’y donnera tout entier, sans ménagement de lui-même, sans nul souci des jugements humains, sans crainte des puissants. Traiter dans l’esprit de Jésus-Christ les intérêts de Jésus-Christ sera sa maxime [10], son programmées ordonnances édictées à Trente. L’épiscopat de saint Charles fut la mise en action du grand concile ; il resta comme sa forme vécue, son modèle d’application pratique en toute Église, la preuve aussi de son efficacité , la démonstration effective qu’il suffisait à toute réforme, qu’il pouvait sanctifier à lui seul pasteur et troupeau.

Nous eussions voulu donner mieux qu’un souvenir à ces Acta Ecclesiae Mediolanensis, pieusement rassemblés par des mains fidèles, et où notre Saint paraît si grand ! C’est là qu’à la suite des six conciles de sa province et des onze synodes diocésains qu’il présida, se déroule l’inépuisable série des mandements généraux ou spéciaux que lui dicta son zèle ; lettres pastorales, où brille le Mémorial sublime qui suivit la peste de Milan ; instructions sur la sainte Liturgie, la tenue des Églises, la prédication, l’administration des divers Sacrements, et entre lesquelles se détache l’instruction célèbre aux Confesseurs ; ordonnances concernant le for archiépiscopal, la chancellerie, les visites canoniques ; règlements pour la famille domestique de l’archevêque et ses vicaires ou officiers de tous rangs, pour les prêtres des paroisses et leurs réunions dans les conférences dont il introduisit l’usage, pour les Oblats qu’il avait fondés, les séminaires, les écoles, les confréries ; édits et décrets, tableaux enfin et formulaire universels. Véritable encyclopédie pastorale, dont l’ampleur grandiose ne laisse guère soupçonner la brièveté de cette existence terminée à quarante-six ans, ni les épreuves et les combats qui, semble-t-il, auraient dû l’absorber tout entière.

Successeur d’Ambroise, vous fûtes l’héritier de son zèle pour la maison de Dieu ; votre action fut puissante aussi dans l’Église ; et vos deux noms, à plus de mille ans d’intervalle, s’unissent dans une commune gloire. Puissent de même s’unir au pied du trône de Dieu vos prières, en faveur de nos temps amoindris ; puisse votre crédit au ciel nous obtenir des chefs dignes de continuer, de reprendre au besoin, votre œuvre sur terre ! Elle éclata de vos jours en pleine évidence, cette parole des saints Livres : Tel le chef de la cité, tels sent les habitants [11]. Et cette autre non moins : J’enivrerai de grâce les âmes sacerdotales, et mon peuple sera rempli de mes biens, dit le Seigneur [12].

Combien justement vous disiez, ô Charles : « Jamais Israël n’entendit pire menace que celle-ci : Lex peribit a sacerdote [13]. Prêtres, instruments divins, desquels dépend le bonheur du monde : leur abondance est la richesse de tous ; leur nullité, le malheur des nations [14]. » Et lorsque, du milieu de vos prêtres convoqués en synode, vous passiez à l’auguste assemblée des dix-sept pontifes, vos suffragants ; réunis en concile, votre voix se faisait, s’il se peut, plus forte encore : « Craignons que le Juge irrité ne nous dise : Si vous étiez les éclaireurs de mon Église, pourquoi donc fermiez-vous les yeux ? Si vous vous prétendiez les pasteurs du troupeau, pourquoi l’avez-vous laissé s’égarer ? Sel de la terre, vous vous êtes affadis. Lumière du monde, ceux qui étaient assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort n’ont point vu vos rayons. Vous étiez Apôtres ; mais qui donc éprouva votre vigueur apostolique, vous qui jamais n’avez rien fait que pour complaire aux hommes ? Vous étiez la bouche du Seigneur, et l’avez rendue muette. Si votre excuse doit être que le fardeau dépassait vos forces, pourquoi fut-il l’objet de vos brigues ambitieuses [15] ? »

Mais, par la grâce du Seigneur Dieu bénissant votre zèle pour l’amendement des brebis comme des agneaux, vous pouviez ajouter, ô Charles : « Province de Milan, reprends espoir. Voici que, venus à toi, tes pères se sont rassemblés dans le but de guérir tes maux ; ils n’ont plus d’autre souci que de te voir porter des fruits de salut, multipliant à cette fin leurs efforts communs [16]. »

Mes petits enfants que j’enfante de nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous [17] ! C’est l’aspiration de l’Épouse, le cri qui ne cessera qu’au ciel : et synodes, visites, réformation, décrets concernant prédication, gouvernement, ministère, ne sont à vos yeux que la manifestation de cet unique désir de l’Église, la traduction du cri de la Mère [18] en travail de ses fils [19].

Daignez, bienheureux Pontife, ranimer en tous lieux l’amour de cette discipline sainte, où la sollicitude pastorale qui vous rendit glorieux [20] trouva le secret de sa fécondité merveilleuse. Il peut suffire aux simples fidèles de n’ignorer point que parmi les trésors de l’Église leur Mère existe, à côté de la doctrine et des Sacrements, un corps de droit incomparable, œuvre des siècles, objet de légitime fierté pour tous ses fils dont il protège les privilèges divins ; mais le clerc, qui se voue à l’Église, ne saurait la servir utilement sans l’étude approfondie, persévérante, qui lui donnera l’intelligence du détail de ses lois ; mais fidèles et clercs doivent supplier Dieu que le malheur des temps ne mette plus obstacle à la tenue par nos chefs vénérés de ces assemblées conciliaires et synodales prescrites à Trente [21], magnifiquement observées par vous, ô Charles, qui fîtes l’expérience de leur vertu pour sauver la terre. Veuille le ciel exaucer en votre considération notre prière, et nous pourrons redire avec vous [22] à l’Église : « O bénigne Mère, ne pleurez plus ; vos peines seront récompensées, vos fils vous reviendront de la contrée ennemie. Et moi, dit le Seigneur, j’enivrerai de grâce les âmes sacerdotales, et mon peuple sera rempli de mes biens [23]. »

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Si Milan regarde saint Charles comme le plus illustre de ses pasteurs depuis saint Ambroise, l’Église Mère de Rome le serre sur son cœur et le salue comme l’un des plus chers et des plus méritants de ses enfants.

En effet, l’œuvre de saint Charles peut être considérée en deux périodes et sur deux champs distincts. D’abord son activité aux côtés de son oncle Pie IV, activité qui embrassa non seulement Rome mais l’Église universelle elle-même. Vient ensuite l’action pastorale accomplie à Milan par le Saint, apôtre et pasteur de ce vaste diocèse.

Secrétaire d’État de Pie IV, saint Charles se trouva aux côtés du Pontife à l’une des époques les plus décisives pour l’histoire de la papauté. Il s’agissait de savoir si le Saint-Siège s’engagerait enfin d’une manière résolue dans la voie de la réforme ecclésiastique, si longtemps et si universellement réclamée ; ou bien s’il ajournerait encore cette difficile entreprise, se contentant, comme malheureusement quelques-uns des Pontifes de ce siècle, de demi-mesures.

Ce fut sous l’influence personnelle de saint Charles que Pie IV se décida pour la réforme ; et de ce jour le Saint, au nom et avec l’autorité de son oncle, marcha hardiment dans la voie ouverte, sans considérations humaines. On peut donc dire que, de Rome, il dirigea la dernière période du Concile de Trente, et ce qui est encore plus important, lorsque le Concile eut été approuvé par le Pape, saint Charles s’appliqua avec toute son énergie à en réaliser effectivement le plan de réforme.

Ici commence la seconde partie de la vie de saint Charles. Pie IV étant mort, il se fixa définitivement dans son Église de Milan, où étaient à relever les ruines accumulées par de longues années de mauvais gouvernement, en l’absence des pasteurs légitimes.

Saint Charles, pour sanctifier son troupeau, commença par se sanctifier lui-même. Comme Jésus avait voulu racheter le monde moins par sa prédication et ses miracles que par sa passion, ainsi saint Charles s’offrit-il comme une victime à Dieu pour son peuple par une vie très austère. Les âmes, disait-il, se gagnent à genoux, faisant ainsi allusion à ses longues prières au pied du Crucifix ou dans la crypte de l’église du Saint-Sépulcre à Milan.

L’activité déployée par saint Charles en toute sorte de labeur pastoral est incroyable. Son champ d’action, à titre de métropolitain de Milan et de légat du Saint-Siège, était immense. Et pourtant il n’y eut pas de village des Alpes ou de pays perdu où saint Charles ne se rendît pour y faire la visite pastorale. Ses biographes nous disent qu’en moins de trois semaines il lui arriva de consacrer quinze églises.

L’archevêque de Milan avait alors à résoudre d’importants et difficiles problèmes. L’hérésie, qui avait infecté les cantons suisses confinant au diocèse, menaçait de contaminer aussi celui-ci. Il fallait tout au moins en paralyser l’influence et saint Charles le fit. Il fallait en outre former des évêques et des prêtres inspirés par l’idéal le plus élevé : le Saint érige des collèges et des séminaires, rassemble des conciles, promulgue des canons, favorise l’ouverture de maisons religieuses pour l’éducation de la jeunesse.

L’affaiblissement de l’esprit ecclésiastique dans le clergé est presque toujours favorisé par le pouvoir civil qui avilit en effet le prêtre pour pouvoir ensuite se l’assujettir plus aisément. Saint Charles fut le vengeur intrépide de l’autorité épiscopale ; aussi non seulement il eut à lutter contre les chanoines, les religieuses et les religieux qui s’étaient écartés de leur route primitive — par exemple les Humiliés qui allèrent jusqu’à tenter d’assassiner le Saint ! — mais il trouva des adversaires beaucoup plus redoutables dans les gouverneurs de Milan, trop jaloux des prétendues prérogatives de la couronne d’Espagne.

Ainsi vécut, agit et combattit le grand saint Charles Borromée, qui se montra le digne champion de la lutte sacrée pour laquelle il s’immola. Usé avant le temps par les dures fatigues de sa vie pastorale, il mourut sur la brèche le 3 novembre 1584, âgé seulement de quarante-six ans.

Dans la collecte de la Messe, l’Église résume son éloge dans ces brèves mais éloquentes paroles : pastoralis sollicitudo gloriosum reddidit.

Rome conserve de lui de nombreux souvenirs, à Saint-Martin-aux-Monts, par exemple, et à Sainte-Praxède, dont il fut titulaire. Son cœur est conservé dans la grande église qui lui est dédiée près de la porte Flaminienne, église qui représente aujourd’hui le sanctuaire particulier des Lombards dans la Ville éternelle. Outre cette église de Saint-Charles au Corso, deux autres sanctuaires de la Ville se parent de son nom ; ce sont : Saint-Charles a’ Catinari et Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines. Dans le palais Altemps on vénère toujours la chambre habitée par le Saint. Quant au manteau de pourpre du grand Cardinal, il est conservé religieusement dans le Titre de Sainte-Cécile.

La messe est du commun Státuit, à l’exception de la première collecte : « Gardez toujours, Seigneur, votre Église sous la protection de votre saint pontife Charles ; et de même que la sollicitude pastorale l’éleva à une si grande gloire, que son intercession nous embrase aussi du saint amour. »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Un véritable et grand pasteur d’âmes »

Saint Charles. — Jour de mort : 3 novembre 1584. Tombeau : à la cathédrale de Milan. Image : On le représente en archevêque, une corde au cou, bénissant des malades. Vie : Le saint est l’un des plus beaux ornements de l’Église catholique au XVIe siècle ; c’est un des plus grands pasteurs d’âmes de tous les temps ; il travailla beaucoup à l’achèvement et à l’application du concile de Trente ; ses instructions pastorales sont encore en vigueur de nos jours. Né en 1538, dans une famille de la haute noblesse de Milan, il se destina dès son enfance à l’état ecclésiastique. Cardinal à 23 ans (1560), il devint bientôt archevêque de Milan. Son grand souci fut alors de faire exécuter dans sa province ecclésiastique les décisions du concile de Trente ; ce qui lui valut de sérieuses attaques et oppositions, tant du côté civil que du côté ecclésiastique. Sa charité pleine de miséricorde envers le prochain et sa libéralité envers les pauvres étaient très grandes. Lorsque la peste sévit à Milan, il vendit son mobilier, jusqu’à son lit, pour venir en aide aux malades et aux nécessiteux et, à partir de cette époque, il coucha sur de simples planches. Il visitait les malades atteints de la peste, les consolait comme un tendre père et leur administrait les sacrements de ses propres mains. Véritable médiateur, il implorait jour et nuit le pardon divin en d’humbles prières devant le trône de la grâce. Ayant ordonné une procession publique d’expiation, il y parut la corde au cou, les pieds nus et ensanglantés, une croix sur les épaules, s’offrant en victime expiatoire pour son peuple afin de détourner de lui la justice divine. Il mourut dans sa 47e année, couché sur un sac et sur la cendre, tenant en ses mains le crucifix ; c’était le 3 novembre 1584. En mourant, il prononça ces paroles : « Seigneur, voici que je viens ; je viendrai bientôt. » Il avait atteint seulement l’âge de 46 ans. Son tombeau est dans la célèbre cathédrale de Milan, construite en marbre blanc. La Messe est du commun des évêques (Statuit). L’Oraison propre fait mention de son zèle pastoral (pastoralis sollicitudo).

[1] Le chef de l’écu d’argent, chargé du mot humilitas, en lettres gothiques de sable, surmonté d’une couronne d’or.

[2] Psalm. CII, 5.

[3] Sap. VIII, 10-12.

[4] Ibid. 13.

[5] Gallia orthodoxa, Pars III, Lib. XI, c. 13 ; VII, c. 40.

[6] Discours prononcé à Rome, dans l’église de Saint-André della Valle, le 14 janvier 1870.

[7] Instruction pastorale à l’occasion du prochain concile de Bordeaux, 26 juin 1830.

[8] Saint-Charles aux Catinari, l’une des plus belles de Rome ; Saint-Charles au Corso, qui garde son cœur ; Saint-Charles aux Quatre-Fontaines.

[9] Johan. X, 12.

[10] Acta Eccl. Mediolanensis, Oratio habita in concil. prov. VI.

[11] Eccli. X, 2.

[12] Jerem. XXXI, 14.

[13] La loi périra, s’éteindra, sera muette, au cœur du prêtre et sur ses lèvres. Ezech. VII, 26. Acta Eccl. Mediolan. Constitutiones et regula ; societatis scholarum doctrina : christianae, Cap. III.

[14] Concio I ad Clerum, in Synod. diœces. XI.

[15] Oratio habita in Concil. prov II.

[16] Oratio habita in Concil. prov. VI.

[17] Gal. IV, 19.

[18] Apoc. XII, 2.

[19] Concio I ad Clerum, in Synod. diœces. XI.

[20] Collecte de la fête.

[21] Sessio XXIV, de Reformatione cap. II.

[22] Concio I ad Clerum, in Synod. XI.

[23] Jerem. XXXI, 16, 14.