Messe après 1942 |
Messe avant 1942 |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Selon le Liber Pontificalis, Soter mourut le 22 avril mais sans avoir subi le martyr. Tous les martyrologes maintiennent cette date, et à partir de celui de Sergius II (844-847), lui donne le titre de martyr.
L’Épitaphe du Pape Gaius indique sa déposition le 22 avril. Il est au martyrologe hiéronymien à cette date.
Leur fête n’apparaît qu’au XIIe siècle dans le calendrier.
Messe après 1942 | |
Missa Si díligis me, de Communi Summorum Pontificum. | Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes. |
Oratio C 1 | Collecte C 1 |
Gregem tuum, Pastor ætérne, placátus inténde : et, per beátos Sotérem et Caium, Mártyres tuos atque Summos Pontífices, perpétua protectióne custódi ; quem totíus Ecclésiæ præstitísti esse pastórem. Per Dóminum nostrum. | Pasteur éternel de l’Église, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par les bienheureux Papes Soter et Caïus, vos Martyrs, que vous avez placé comme berger à la tête de l’Église. |
Secreta C 1 | Secrète C 1 |
Oblátis munéribus, quǽsumus, Dómine, Ecclésiam tuam benígnus illúmina : ut, et gregis tui profíciat ubique succéssus, et grati fiant nómini tuo, te gubernánte, pastóres. Per Dóminum. | Grâce à l’offrande de ces présents, accordez Seigneur, la lumière à votre Église ; faites prospérer partout votre troupeau, et daignez diriger ses pasteurs pour qu’ils vous soient agréables. |
Postcommunio C 1 | Postcommunion C 1 |
Refectióne sancta enutrítam gubérna, quǽsumus, Dómine, tuam placátus Ecclésiam : ut, poténti moderatióne dirécta, et increménta libertátis accípiat et in religiónis integritáte persístat. Per Dóminum nostrum. | Seigneur, dirigez avec amour votre Église qui vient de se nourrir à cette table sainte, pour que, sous votre conduite toute-puissante, elle voie grandir sa liberté, et garde la religion dans toute sa pureté. |
Messe avant 1942 | |
Ant. ad Introitum. Ps. 144, 10-11. | Introït |
Sancti tui, Dómine, benedícent te : glóriam regni tui dicent, allelúia, allelúia. | Vos saints, Seigneur, vous béniront ; ils diront la gloire de votre règne, alléluia, alléluia. |
Ps. Ibid., 1. | |
Exaltábo te, Deus meus, Rex : et benedícam nómini tuo in sǽculum, et in sǽculum sǽculi. | Je vous exalterai, ô Dieu mon roi, et je bénirai votre nom à jamais et dans les siècles des siècles. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Beatórum Mártyrum paritérque Pontíficum Sotéris et Caii nos, quǽsumus, Dómine, festa tueántur : et eórum comméndet orátio veneránda. Per Dóminum. | Nous vous en prions, Seigneur, faites qu’en célébrant les fêtes de vos bienheureux Martyrs et Pontifes Soter et Caïus, nous obtenions leur protection, et que leur sainte prière nous serve de recommandation auprès de vous. |
Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apóstoli. | Lecture du livre de l’Apocalypse de saint Jean Apôtre. |
Apoc. 19, 1-9. | |
In diébus illis : Post hæc ego Ioánnes audívi quasi vocem turbárum multárum in cælo, dicéntium : Allelúia : salus et glória et virtus Deo nostro est : quia vera et iusta iudícia sunt eius, qui iudicávit de meretríce magna, quæ corrúpit terram in prostitutióne sua, et vindicávit sánguinem servórum suórum de mánibus eius. Et íterum dixérunt : Allelúia. Et fumus eius ascéndit in sǽcula saeculorum. Et cecidérunt senióres vigínti quátuor et quátuor animália, et adoravérunt Deum sedéntem super thronum, dicéntes : Amen, Allelúia. Et vox de throno exívit, dicens : Laudem dícite Deo nostro, omnes servi eius ; et, qui timétis eum, pusílli et magni. Et audívi quasi vocem turbæ magnæ, et sicut vocem aquárum multárum, et sicut vocem tonitruórum magnórum, dicentium : Alleiúia : quóniam regnávit Dóminus, Deus noster omnípotens. Gaudeámus et exsultémus et demus glóriam ei : quia venérunt núptiæ Agni et uxor eius præparávit se. Et datum est illi, ut coopériat se býssina splendénti et cándido. Býssinum enim iustificatiónes sunt Sanctórum. Et dixit mihi : Scribe : Beáti, qui ad coenam nuptiárum Agni vocáti sunt. | En ces jours-là : Après cela, moi Jean, j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse, dans le ciel, qui disait : Alléluia ; le salut, la gloire et la puissance sont à notre Dieu, parce que ses jugements sont véritables et justes, qu’il a jugé la grande prostituée qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu’il a vengé le sang de Ses serviteurs répandu par ses mains. Et ils dirent une seconde fois : Alléluia ; et sa fumée monte dans les siècles des siècles. Alors les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux se prosternèrent et adorèrent Dieu, assis sur le trône, en disant : Amen, Alléluia. Et une voix sortit du trône, disant : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands. Et j’entendis comme le bruit d’une grande foule, et comme le bruit de grandes eaux et de violents coups de tonnerre, qui disaient : Alléluia, parce que le Seigneur notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous, et soyons dans l’allégresse, et rendons-Lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est préparée. Et il lui a été donné de se revêtir d’un lin éclatant et pur ; car le lin, ce sont les actions justes des saints. Alors il me dit : Écris : Bienheureux ceux qui sont appelés au repas des noces de l’Agneau. |
Allelúia, allelúia. V/. Sancti tui, Dómine, florébunt sicut lílium : et sicut odor bálsami erunt ante te. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Vos saints, Seigneur, seront comme la fleur du lis et ils seront comme le parfum du baume en votre présence. |
Allelúia. V/. Ps. 115, 15. Pretiósa in conspéctu Dómini mors Sanctórum eius. Allelúia. | Allelúia. V/. La mort de ses saints est précieuse aux yeux du Seigneur. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 15, 5-11. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Ego sum vitis, vos pálmites : qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum : quia sine me nihil potéstis fácere. Si quis in me non mánserit, mittétur foras sicut palmes, et aréscet, et cólligent eum, et in ignem mittent, et ardet. Si manséritis in me, et verba mea in vobis mánserint : quodcúmque voluéritis, petétis, et fiet vobis. In hoc clarificátus est Pater meus, ut fructum plúrimum afferátis, et efficiámini mei discípuli. Sicut diléxit me Pater, et ego diléxi vos. Manéte in dilectióne mea. Si præcépta mea servavéritis, manébitis in dilectióne mea, sicut et ego Patris mei præcépta servávi, et máneo in eius dilectióne. Hæc locútus sum vobis, ut gáudium meum in vobis sit, et gáudium vestrum impleátur. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit ; car, sans moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il séchera ; puis on le ramassera, et on le jettera au feu, et il brûlera. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. En ceci mon Père sera glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez mes disciples. Comme le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai moi-même gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 31, 11. | Offertoire |
Lætámini in Dómino et exsultáte, iusti : et gloriámini, omnes recti corde, allelúia, allelúia. | Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, et soyez dans l’allégresse ; et glorifiez-vous en lui vous tous qui avez le cœur droit, alléluia, alléluia. |
Secreta | Secrète |
Adésto, Dómine, supplicatiónibus nostris, quas in Sanctórum tuórum commemoratióne deférimus : ut, qui nostræ iustítiæ fidúciam non habémus, eórum, qui tibi placuérunt, méritis adiuvémur. Per Dóminum. | Prêtez attention, Seigneur, aux supplications que nous vous adressons en faisant mémoire de vos saints, afin que nous, qui n’avons point de confiance en notre propre justice, nous soyons aidés par les mérites de ceux qui vous ont plu. |
Ant. ad Communionem. Ps. 32, 1. | Communion |
Gaudéte, iusti, in Dómino, allelúia : rectos decet collaudátio, allelúia. | Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, alléluia ; c’est aux hommes droits que sied la louange, alléluia. |
Postcommunio | Postcommunion |
Quǽsumus, Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut, quorum sollémnia celebrámus, eórum oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum. | Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de ceux dont nous célébrons la solennité. |
¶ Pro votiva extra Tempus Paschale Missa Intret, de Communi plurimorum Martyrum 1 loco. | ¶ Aux messes votives hors du Temps pascal, Messe Intret, du Commun de plusieurs Martyrs I. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Soter, né à Fondi en Campanie, décréta que les vierges consacrées ne toucheraient pas les vases sacrés ni les pales, et qu’elles n’encenseraient pas dans l’Église. Il statua aussi qu’en la Cène du Seigneur, tous les fidèles recevraient le corps du Christ, excepté ceux qui en seraient empêchés pour une faute grave. Soter siégea sur la chaire "pontificale trois ans onze mois et dix-huit jours. Il reçut la couronne du martyre sous l’empereur Marc-Aurèle, et fut enseveli dans le cimetière appelé cimetière de Calixte, après avoir, selon la coutume de ses prédécesseurs, ordonné au mois de décembre dix-huit prêtres et neuf Diacres, et sacré onze Évêques pour divers lieux.
Cinquième leçon. Caïus était dalmate, et de la famille de l’empereur Diode-tien. Il ordonna que, dans l’Église, avant d’être élevé à l’épiscopat, on passerait par divers degrés d’ordre et d’honneur : ceux de Portier, de Lecteur, d’Exorciste, d’Acolyte, de Sous-Diacre, de Diacre et de Prêtre. Fuyant la cruauté dont Dioclétien usait envers les chrétiens, il se tint caché quelque temps dans une caverne ; mais huit ans plus tard, il parvint à la couronne du martyre avec son frère Gabinus, après avoir siégé douze ans quatre mois et cinq jours, et après avoir ordonné au mois de décembre, vingt-cinq Prêtres, huit Diacres et sacré cinq Évêques. Caïus fut enseveli dans le cimetière de- Calixte, le dix des calendes de mai. Urbain Villa fait revivre sa mémoire dans Rome, et réparer son église qui tombait en ruines, honorant cette église d’un Titre et d’une Station, et l’enrichissant des reliques du saint Pape.
Deux Papes martyrs croisent aujourd’hui leurs palmes sur le Cycle. Soter souffrit pour le Christ au deuxième siècle, et Caïus au troisième ; cent années les séparent, et l’énergie de la foi, la fidélité au divin dépôt ; se retrouvent les mêmes. Quelle société humaine a jamais produit des siècles entiers de héros ? La nôtre est fondée sur ce dévouement traditionnel qui se prouve par le sang. Nos chefs n’ont pas voulu laisser aux soldats le monopole du sacrifice ; les trente premiers successeurs de Pierre ont payé de leur vie l’honneur du pontificat. Quel trône que celui de notre divin Ressuscité entouré de tous ces rois revêtus de la pourpre triomphale ! Soter fut le successeur immédiat d’Anicet, dont nous avons honoré la mémoire il y a peu de jours. Le temps nous a dérobé la connaissance de ses actions. Un trait seulement est arrivé jusqu’à nous. Eusèbe nous a conservé un fragment d’une lettre de saint Denys, évêque de Corinthe, dans laquelle il remercie notre saint pontife des largesses qu’il a envoyées aux fidèles de cette Église qui souffraient d’une famine. Une lettre apostolique accompagnait ces aumônes, et saint Denys atteste qu’on la lisait dans l’assemblée des fidèles, avec celle que saint Clément avait adressée à la môme Église au siècle précédent. La charité des pontifes romains s’est toujours unie à leur fidélité à conserver le dépôt de la foi. Quant à Caius. il fut enlevé dans la terrible tempête suscitée par Dioclétien contre l’Église, et ses gestes occupent à peine quelques lignes dans les annales de Rome chrétienne. Nous ne serons donc pas étonnés de trouver tant de concision dans le récit liturgique que l’Église consacre à ces deux Papes martyrs.
Saints Pontifes, vous êtes du nombre de ceux qui ont traversé la grande tribulation, et qui ont passé par l’eau et par le feu pour aborder au rivage de l’éternité. La pensée de Jésus vainqueur de la mort soutenait votre courage ; vous saviez que les gloires delà Résurrection ont succédé aux angoisses de la Passion. Immolés comme Jésus pour votre troupeau, vous nous avez appris par votre exemple que la vie et les intérêts de ce monde ne doivent compter pour rien, quand il s’agit de confesser la foi. Armez-nous de ce courage. Le Baptême nous a enrôlés dans la milice du Christ ; la Confirmation nous a donné l’Esprit de force : nous devons donc être prêts pour les combats. Saints Pontifes, nous ignorons si nos temps sont appelés à voir l’Église exposée à la persécution sanglante ; quoi qu’il advienne, nous avons à lutter avec nous-mêmes, avec l’esprit du monde, avec les démons ; soutenez-nous par vos prières. Vous avez été les pères de la chrétienté ; la charité pastorale qui vous anima ici-bas vit toujours dans vos cœurs. Protégez-nous, et rendez-nous fidèles à tous les devoirs qui nous lient au souverain Maître dont vous avez soutenu la cause.
Sous son vocable s’élevait autrefois un titulus fort célèbre, près de l’église de Sainte-Susanne et des Thermes de Dioclétien. Urbain VIII voulut en faire revivre le souvenir par la construction d’une autre petite église, détruite elle aussi aujourd’hui.
Une antique tradition à laquelle fait écho la Passion de sainte Susanne, veut que cette martyre ait été la nièce du pape Caïus et la fille du prêtre Gabin, frère du Pontife. Ce texte ajoute : Caii episcopi domus beati Gabini domui iuncta erat, atque ex illo tempore Christianorum statio deputata est in duabus aedibus, usque in hodiernum. Factum est hoc Romae, in regione sexta, apud Vicum Mamurri, ante Sallustii forum. Ainsi parlent les Actes, qui sont généralement exacts quant aux données topographiques.
Le pape Caïus ne mourut pas de mort violente — « confessor » dit la première rédaction du Liber Pontificalis — et il fut enseveli dans la nécropole de Callixte, en une crypte grandiose ornée de colonnes de marbre. De Rossi a retrouvé des fragments de son épitaphe :
Eusèbe mentionne une lettre écrite vers 170 par le pape Soter (166-175 ?) à Denis, évêque de Corinthe, et à laquelle celui-ci répondit par une missive où on lisait ces paroles mémorables : « Aujourd’hui nous avons célébré le saint jour du Seigneur, et nous y avons lu votre lettre que désormais nous lirons toujours pour notre édification, comme celle qui nous fut écrite précédemment par Clément [1]. »
Harnack a cru pouvoir reconnaître cette lettre du pape Soter dans ce qu’on appelle la deuxième épître aux Corinthiens, jadis attribuée à Clément, mais cette hypothèse n’a pas été admise.
Selon une notice de l’auteur du Praedestinatus (Ve siècle), le pape Soter aurait écrit aussi un ouvrage contre les Montanistes, mais ce témoignage est accueilli avec réserve. Le pape Soter fut enseveli au Vatican, selon l’usage de ses prédécesseurs.
La messe [2] est du Commun des Martyrs : Sancti tui, sauf la première lecture tirée de l’Apocalypse (XIX, 1-9), qui, avec ses Alléluia, s’adapte si bien au cycle pascal. Au ciel, les martyrs jouissent déjà des prémices du nouveau royaume messianique et, associés au Christ dans les triomphes, comme ils le furent dans les tourments, ils célèbrent la fête nuptiale de l’Agneau avec l’Église. Sans cesse ils répètent le cantique sacré : « Amen. Alléluia. » Amen se rapporte à la vision béatifique qui couronne leur foi ; Alléluia est l’hymne de leur cœur reconnaissant.
La collecte est celle du Commun de plusieurs Martyrs Pontifes : « Que les mérites de vos bienheureux martyrs et pontifes Soter et Caïus nous protègent, Seigneur, et que leur intercession accompagne nos humbles prières. »
Voilà ce qui se fait au ciel et ce que nous ferons nous aussi pendant toute l’éternité. Nous contemplerons ce que sur la terre nous avons cru, et par notre « Amen » dans la lumière de la gloire, nous scellerons la profession de foi que nous avons émise dans le temps. De cela nous exulterons et nous rendrons d’ardentes actions de grâces au Seigneur : Alléluia. Mais ce sera un remerciement éternel, comme éternelle sera également notre communion. Saint Jean compare cette vraie « Eucharistie » d’alléluia aux vapeurs d’un encens parfumé qui remplissent toute l’éternité : Et fumus eius ascendit in omnia saecula saeculorum, puisque dans le ciel la possession de Dieu ne nous manquera jamais, comme jamais ne cessera sa louange.
Je suis la véritable vigne, vous êtes les sarments.
Saint Soter. -Il fut pape de 166-175. Il succéda à saint Anicet. Il mourut martyr. Il fut célèbre par sa bonté pour les confesseurs de la foi condamnés aux mines. Quand il fut monté sur la chaire de Saint-Pierre, il défendit aux vierges consacrées à Dieu de toucher aux vases sacrés et aux pales ; il leur défendit de porter les encensoirs dans l’église. C’est lui, aussi, qui prescrivit aux fidèles de recevoir le corps du Seigneur le Jeudi-Saint, à l’exception de ceux qui devaient s’abstenir de la communion à cause de péchés graves.
Saint Caius. — Il fut pape de 283-296. Il était proche parent de Dioclétien. Pour se conserver aux fidèles, il demeura longtemps caché, sans quitter Rome. D’ordinaire, il se cachait dans les catacombes où il célébrait les saints mystères et convertit beaucoup de païens. Il établit qu’on devait suivre les degrés suivants jusqu’à l’Ordre de l’épiscopat : l’Ordre des portiers, des lecteurs, des exorcistes, des acolytes, des sous-diacres, des diacres, des prêtres. Il ne mourut pas de mort violente. Il fut enterré dans la catacombe de saint Callixte, le 23 avril. Sainte Suzanne était sa nièce. Le pape Urbain VIII fit revivre son souvenir à Rome ; il restaura son église détruite, l’éleva à la dignité de station et l’enrichit de ses reliques.
La messe (Si diligis). — Nos deux papes ont vécu à l’ère des grandes persécutions. C’est en prévision de ces luttes et de celles qui devaient suivre jusqu’à la fin des temps que Jésus a promis à Pierre l’indéfectibilité de l’Église. Si le juste vit de la foi, les puissances de l’enfer chercheront, à toutes les époques, à ébranler cette foi. Il pourra y avoir des défections individuelles dans le troupeau, mais son pasteur et l’ensemble des brebis demeureront fidèles grâce à une assistance spéciale : le pasteur est assuré de l’infaillibilité dans la transmission de la doctrine ; quant aux brebis, elles ne pourront prétendre appartenir à l’Église que si elles adhèrent à son enseignement ; l’autorité du chef rejettera celles qui auront failli, de façon à maintenir toujours le corps sain. Merveilleuse disposition de la sagesse divine, dont notre messe répète comme à plaisir la formule : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les puissances de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ». En français, la correspondance des termes est moins nette qu’en araméen, où il est dit : « Tu es Képha et sur ce képha... ». A l’époque des persécutions, la tactique des Césars païens consistait à tenter d’obtenir un reniement de la foi. Nos deux papes ont « confessé » cette foi au prix de leur sang et ont ainsi contribué à confirmer leurs frères, selon la consigne du Sauveur à Pierre. Leur exemple continue à produire ses effets et maintenant encore il y a des chrétiens qui savent donner leur sang pour le Christ-Roi, comme on le voyait naguère au Mexique. Si nous ne sommes pas menacés par les pouvoirs publics, nous pouvons l’être par les puissances occultes de l’erreur dans l’intime de notre conscience. L’Église sollicite l’intercession de nos deux papes pour nous aider à demeurer fidèlement attachés à Pierre.