Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Déposition à Crémone en 1539. Fondateur des Barnabites. Canonisé en 1897, fête la même année.
Ant. ad Introitum. 1. Cor. 2, 4. | Introït |
Sermo meus et prædicátio mea non in persuasibílibus humánæ sapiéntiæ verbis, sed in ostensióne spíritus et virtútis. | Ma parole et ma prédication ne consistent pas dans les discours persuasifs de la sagesse humaine, mais dans la manifestation de l’esprit et de la puissance. |
Ps. 110, 1. | |
Confitébor tibi, Dómine, in toto corde meo, in consílio iustórum et congregatióne. | Seigneur, je vous célèbrerai de tout mon cœur dans la réunion des justes et dans l’assemblée. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Fac nos, Dómine Deus, supereminéntem Iesu Christi sciéntiam, spíritu Pauli Apóstoli, edíscere : qua beátus Antónius María mirabíliter erudítus, novas in Ecclésia tua clericórum et vírginum famílias congregávit. Per eúndem Dóminum. | Faites-nous, Seigneur, la grâce d’apprendre selon l’esprit de l’Apôtre Paul la science suréminente de Jésus-Christ dont le bienheureux Antoine-Marie fut merveilleusement instruit, lui qui rassembla dans votre Église de nouvelles familles de clercs et de religieuses. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timótheum. | Lecture de l’Épître de saint Paul à Timothée. |
1. Tim. 4. 8-16. | |
Caríssime : Píetas ad ómnia utilis est : promissiónem habens vitæ, quæ nunc est, et futúræ. Fidélis sermo et omni acceptióne dignus. In hoc enim laborámus et maledícimur, quia sperámus in Deum vivum, qui est Salvátor ómnium hóminum, maxime fidélium. Pr.cipe hæc et doce. Nemo adolescentiam tuam contémnat : sed exémplum esto fidélium in verbo, in conversatióne, in caritáte, in fide, in castitáte. Dum vénio, atténde lectióni, exhortatióni et doctrínæ. Noli neglégere grátiam, quæ in te est, quæ data est tibi per prophétiam, cum impositióne mánuum presbytérii. Hæc meditáre, in his esto : ut proféctus tuus maniféstus sit ómnibus. Attende tibi et doctrínæ : insta in illis. Hoc enim fáciens, et teípsum salvum fácies, et eos qui te áudiunt. | Mon très cher : la piété est toujours utile. Elle a les promesses de la vie future. La promesse de Dieu est sûre et mérite notre confiance. Si nous supportons les fatigues et les malédictions, c’est que nous avons mis notre espoir dans le Dieu vivant qui est le Sauveur de tous les hommes et surtout des croyants. Prêche et enseigne ces vérités. Ne donne pas prétexte à mépriser ta jeunesse : mais sois un exemple pour les fidèles dans tes paroles, dans ta manière de vivre, par ta charité, ta foi, ta chasteté. En attendant ma visite, fais soigneusement la lecture de l’Écriture sainte, les exhortations et les instructions. Ne néglige pas la grâce de ton sacerdoce, que tu as reçu sur l’intervention des prophètes avec l’imposition des mains de tous les prêtres réunis. Sois entier à ton ministère. Prends-le à cœur, pour que tout le monde puisse voir tes progrès. Surveille ta conduite et ton enseignement, et sois persévérant. Ce faisant, tu assureras et ton propre salut et le salut de ceux qui t’entendent. |
Graduale. Philipp. 1. 8-9. | Graduel |
Testis mihi est Deus, quo modo cúpiam omnes vos in viscéribus Iesu Christi. Et hoc oro, ut cáritas vestra magis ac magis abúndet in sciéntia et in omni sensu. | Dieu m’est témoin, combien je vous chéris tous dans les entrailles de Jésus-Christ. Et ce que je demande, c’est que votre charité abonde de plus en plus, en connaissance et en toute intelligence. |
V/. Ibid., 10. Ut probétis potióra, ut sitis sincéri et sine offénsa in diem Christi. | V/. Pour que vous appréciez ce qui est meilleur, afin d’être pur et irrépréhensibles pour le jour du Christ. |
Allelúia, allelúia. V/. Ibid., 11. Repléti fructu iustítiæ per Iesum Christum, in glóriam et laudem Dei. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Remplis des fruits de justice, par Jésus-Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. Alléluia. |
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur : | Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. 2. Cor. 10, 17-18. | Trait |
Qui gloriátur, in Dómino gloriétur : non enim, qui seípsum comméndat, ille probátus est : sed quem Deus comméndat. | Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est un homme éprouvé ; c’est celui que le Seigneur recommande. |
V/. Gal. 6, 14. Mihi autem absit gloriári, nisi in Cruce Dómini nostri Iesu Christi : per quem mihi mundus crucifíxus est, et ego mundo. | V/. Pour moi, Dieu me garde de me glorifier, si ce n’est dans la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! |
V/. Philipp, 1, 21. Mihi vívere Christus est, et mori lucrum. | V/. Car le Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. 2. Cor. 7, 4. Replétus sum consolatióne, superabúndo gáudio in omni tribulatióne nostra. | Allelúia, allelúia. V/. Je suis rempli de consolation, je surabonde de joie au milieu de toutes nos tribulations. |
Allelúia. V/. Ibid. 6, 13. Tamquam fíliis dico : dilatámini et vos. Allelúia. | Allelúia. V/. Je vous parle comme à mes enfants, vous aussi, élargissez vos cœurs. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Marcum. | Suite du Saint Évangile selon saint Marc. |
Marc. 10, 15-21. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Quisquis non recéperit regnum Dei velut párvulus, non intrábit in illud. Et compléxans párvulos et impónens manus super illos, benedicébat eos. Et cum egréssus esset in viam, procúrrens quidam, genu flexo ante eum, rogábat eum : Magíster bone, quid fáciam, ut vitam ætérnam percípiam ? Iesus autem dixit ei : Quid me dicis bonum ? Nemo bonus, nisi unus Deus. Præcépta nosti : Ne adúlteres, ne occídas, ne furéris, ne falsum testimónium díxeris, ne fraudem féceris, honora patrem tuum et matrem. At ille respóndens, ait illi : Magíster, hæc ómnia observávi a iuventúte mea. Iesus autem intúitus eum, diléxit eum et dixit ei : Unum tibi deest : vade, quæcúmque habes, vende et da paupéribus, et habébis thesáurum in cælo : et veni, séquere me. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Je vous le dis, en vérité, qui ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu, n’y entrera point. Puis il les embrassa, et les bénit en leur imposant les mains. Comme il se mettait en route, quelqu’un accourut, et fléchissant le genou devant lui, lui demanda : Bon Maître, que dois-je faire pour entrer en possession de la vie éternelle ? Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne tue pas, ne commets pas l’adultère, ne dérobe pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère. Il lui répondit : Maître, j’ai observé tout cela dès ma jeunesse. Jésus, ayant fixé son regard sur lui, l’aima et lui dit : Il te manque une chose : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, et suis-moi. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 137, 1-2. | Offertoire |
In conspéctu Angelórum psallam tibi : adorábo ad templum sanctum tuum, et confitébor nómini tuo. | Je vous chanterai des hymnes, en présence des Anges : j’adorerai dans votre saint temple, et je célèbrerai votre nom. |
Secreta | Secrète |
Ad mensam cæléstis convívii fac nos, Dómine, eam mentis et córporis puritátem afférre, qua beátus Antónius María, hanc sacratíssimam hóstiam ófferens, mirífice ornátus enítuit. Per Dóminum. | Accordez-nous, Seigneur, d’apporter à la table du céleste festin une pureté d’âme et de corps semblable à celle qui revêtit d’un merveilleux éclat le bienheureux Antoine-Marie, tandis qu’il offrait cette très sainte hostie. |
Ant. ad Communionem. Philipp. 8, 17. | Communion |
Imitatóres mei estóte, fratres, et observáte eos, qui ita ámbulant, sicut habétis formam nostram. | Soyez mes imitateurs, mes Frères, et regardez ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en vous. |
Postcommunio | Postcommunion |
Cælésti dape, qua pasti sumus, Dómine Iesu Christe, eo corda nostra caritátis igne flamméscant : quo beátus Antónius María salutáris hóstiæ vexíllum, contra Ecclésiæ tuæ hostes, éxtulit ad victóriam : Qui vivis. | Seigneur Jésus-Christ, que par le banquet céleste et sacré où nous avons reçu notre nourriture, notre cœur s’enflamme de ce feu de la charité, par un mouvement duquel le bienheureux Antoine-Marie a élevé contre les ennemis de votre Église, l’étendard de l’hostie salutaire. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Antoine-Marie Zaccaria, né de famille noble à Crémone dans le Milanais fit pressentir dès son enfance sa sainteté future. On vit en effet briller en lui de bonne heure les indices de vertus éminentes, de piété envers Dieu et la bienheureuse Vierge, d’une remarquable charité, surtout à l’égard des pauvres dont il soulagea plus d’une fois la misère, même en se dépouillant pour eux de ses riches vêtements. Après avoir fait ses humanités dans son pays natal, puis sa philosophie à Pavie, il se livra à l’étude de la médecine à Padoue ; et comme il se distinguait entre tous ses condisciples par l’intégrité de sa vie, il les surpassait facilement aussi par la pénétration de son esprit. Ayant conquis ses grades et regagné la maison paternelle, il y comprit, sur un avertissement de Dieu, qu’il était appelé à guérir les maladies des âmes, plutôt que celles des corps, et s’appliqua aussitôt avec le plus grand soin à l’acquisition des sciences sacrées, sans cesser néanmoins de visiter les malades, de donner l’instruction religieuse aux enfants, de réunir des jeunes gens pour cultiver en eux la piété et d’exhorter aussi les personnes avancées en âge à réformer leurs mœurs. Ordonné prêtre, il parut, dit-on, aux yeux du peuple émerveillé, entouré d’une lumière céleste et d’une couronne d’anges, la première fois qu’il offrit le saint Sacrifice. A partir de cette époque, il se mit à pourvoir, avec un zèle plus ardent encore, au salut des âmes et à combattre de toutes ses forces la dépravation des mœurs. Accueillant avec une tendresse paternelle les étrangers, les pauvres et les affligés, il les relevait et les consolait si bien par ses douces paroles et ses secours, que sa maison était regardée comme le refuge des malheureux et qu’il mérita d’être appelé par ses concitoyens le père et l’ange de la patrie.
Cinquième leçon. Pensant que les intérêts chrétiens seraient servis avec plus de fruit s’il s’adjoignait des compagnons pour travailler avec lui à la vigne du Seigneur, il communiqua, dans la ville de Milan, son dessein à Barthélémy Ferrari et à Jacques Morigia, personnages d’une haute noblesse et d’une grande sainteté, et il jeta avec eux les fondements de l’Ordre des Clercs réguliers, qu’il nomma Clercs réguliers de saint Paul, à cause de son amour pour l’Apôtre des Gentils. Cette Société, approuvée par le souverain Pontife Clément VII et confirmée par Paul III, se répandit bientôt dans divers pays. Une Congrégation de saintes Religieuses, les Angéliques, eut également Antoine Marie pour fondateur et père. Lui, cependant, était si désireux de demeurer dans l’humilité et la dépendance, que jamais il ne voulut en aucune manière être à la tête de son Ordre. Si grande fut sa patience, qu’il essuya avec confiance et courage les tempêtes les plus terribles suscitées contre les siens ; si grande sa charité, que jamais il ne cessa d’enflammer d’amour de Dieu les cœurs des religieux par ses pieuses exhortations, de rappeler les prêtres à la vie apostolique, de fonder des associations de pères de famille pour les amener à une vie meilleure. Bien plus, cette charité le poussa quelquefois à parcourir avec les siens les rues et les places publiques, en faisant porter devant lui la croix, pour ramener dans la voie du salut, par la chaleur et la véhémence de ses exhortations, les âmes commençant à s’égarer ou déjà perverties.
Sixième leçon. Il faut rappeler encore qu’Antoine-Marie Zaccaria, brûlant d’amour pour Jésus crucifié, s’efforça de faire honorer par tous le mystère de la Croix, en réunissant à cet effet, chaque vendredi, vers le soir, le peuple fidèle, au son de la cloche. Le très saint nom du Christ revient à chaque instant dans ses écrits, comme il était toujours sur ses lèvres ; vrai disciple de saint Paul, il reproduisait en lui-même les tourments du Sauveur. Un attrait d’amour tout spécial le portrait vers la sainte Eucharistie ; on dit qu’il rétablit l’habitude de recevoir fréquemment la sainte communion et introduisit celle de faire des triduums d’adoration publique en l’honneur du Saint Sacrement, exposé sur un trône élevé. Il pratiqua avec un tel soin la chasteté et la modestie, qu’il donna même un témoignage de son amour pour la pudeur après sa mort, son corps inanimé paraissant pour cela reprendre la vie. A ces vertus vinrent s’ajouter des faveurs célestes, les extases, le don des larmes, la connaissance des événements futurs, le don de scruter les cœurs, une grande puissance contre l’ennemi du genre humain. Enfin, après avoir accompli partout de grands travaux, il tomba gravement malade à Quastallo, où il avait été appelé pour rétablir la paix. Ramené à Crémone, au milieu des larmes des siens et des embrassements de sa très pieuse mère, à laquelle il annonça qu’elle mourrait très prochainement, consolé par la vision céleste des Apôtres et prophétisant le progrès de son Ordre, il mourut très saintement à l’âge de trente-six ans, le troisième jour des nones de juillet de l’an mil cinq cent trente-neuf. Sa renommée d’éminente sainteté et ses nombreux miracles amenèrent aussitôt le peuple chrétien à honorer d’un culte particulier ce grand serviteur de Dieu ; et ce culte, le souverain Pontife Léon XIII l’a ratifié et confirmé, en inscrivant solennellement Antoine-Marie Zaccaria dans les fastes des Saints, le jour de la fête de l’Ascension de notre Seigneur, de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept. »
Après Gaétan de Thienne, avant Ignace de Loyola, Antoine-Marie mérita d’être le père d’une de ces familles religieuses qui furent appelées en si grand nombre, au XVIe siècle, à réparer les ruines de la maison de Dieu. La Lombardie, épuisée, démoralisée par les guerres dont la possession du duché de Milan avait été l’enjeu, se reprit à croire, à espérer, à aimer, au spectacle des héroïques vertus de Zaccaria ; elle écouta ses prédications enflammées qui l’appelaient à la pénitence, à la méditation de la Passion du Sauveur, au culte plus assidu, à l’adoration plus solennelle de la très sainte Eucharistie [1]. Ainsi fut-il en toute vérité le précurseur de saint Charles Borromée qui, dans la réforme du clergé, du peuple, des monastères du Milanais, n’eut pas d’auxiliaires plus précieux que ses fils et ses filles, les Clercs réguliers et les Angéliques de Saint-Paul.
L’oratoire de l’éternelle Sagesse avait vu, à Milan, les débuts de la Congrégation nouvelle ; l’église Saint-Barnabé, où elle s’établit peu après la mort de Zaccaria et qui garde aujourd’hui son corps, fit donner le nom de Barnabites à ces autres disciples du Docteur des nations. Ils devaient par la suite se répandre, non seulement dans toute l’Italie, mais en France, en Autriche, en Suède, et jusqu’en Chine et en Birmanie, s’adonnant aux missions, à l’enseignement de la jeunesse, à toutes les œuvres qui intéressent le culte divin et la sanctification des âmes. Quant au saint fondateur, dès l’année 1539, aux premières Vêpres de l’Octave des Apôtres, il s’envolait au ciel à trente-six ans, de la maison même où il était né, des bras de la pieuse mère qui l’avait élevé pour Dieu et qui le rejoignait peu après.
Lorsque parurent au siècle suivant les célèbres décrets d’Urbain VIII, il manquait cinq années à la prescription centenaire qui eût permis de considérer comme acquis le culte rendu au bienheureux dès après sa mort ; et comme, d’autre part, les témoins requis dans ces mêmes décrets pour la canonisation régulière des serviteurs de Dieu avaient disparu, la cause demeura en suspens : ce fut le Souverain Pontife Léon XIII qui, de nos jours, ayant d’abord (en 1890) réintégré le culte d’Antoine-Marie, l’inscrivit solennellement, quelques années plus tard, au nombre des Saints et étendit sa fête à toute l’Église.
En cette Octave des saints Apôtres, vous nous apparaissez, ô bienheureux, comme une pierre de grand prix rehaussant leur couronne. De la place d’honneur où monte ainsi vers vous l’hommage de l’Église, daignez bénir ceux qui comme vous poursuivent ici-bas l’œuvre apostolique, sans retour sur eux-mêmes, sans espoir qu’en Dieu, sans se lasser des perpétuels recommencements qu’imposent aux ouvriers du salut la sape et la mine de l’enfer.
De notre temps comme de vos jours, les démolisseurs applaudissent au renversement prochain de la maison de Dieu ; et tout semble, maintenant comme alors, justifier leur funeste espérance. De notre temps comme de vos jours cependant, l’enseignement des Apôtres, soutenu de l’exemple et de la prière des Saints, suffit à sauver la terre. Si plus que jamais le monde ne voit que folie dans la Croix et ceux qui la prêchent, plus que jamais elle demeure seule pourtant la vertu de Dieu [2]. Derechef s’accomplit sous nos yeux l’oracle qui dit : Je perdrai la sagesse des sages, je condamnerai la prudence des prudents [3]. Où sont à cette heure, en effet, les sages ? Où sont les doctes et les habiles [4] qui se promettaient d’adapter aux exigences de temps nouveaux la parole du salut ? La première condition du triomphe qui ne manque jamais, dit l’Apôtre, aux fidèles du Christ Jésus [5], est de n’altérer point le Verbe de Dieu, de l’annoncer sous l’œil de Dieu tel que Dieu nous le donne [6], ne prétendant point le rendre acceptable pour ceux qui s’obstinent à périr [7].
Disciple de Paul et son imitateur fidèle, ce fut la science du Christ apprise à son école qui, de médecin des corps, vous fit sauveur d’âmes ; ce fut l’amour, supérieur à toute science [8], qui jusque par delà le tombeau rendit féconde votre vie si courte et pourtant si remplie. Puisse Dieu, comme le demande par votre intercession l’Église [9], susciter au milieu de nous cet esprit réparateur et sauveur ; puissent, les premiers, vos fils et vos filles, rangés sous la bannière apostolique, faire honneur toujours au grand nom du Docteur des nations.
Aujourd’hui, le Martyrologe romain fête la martyre Zoé, arrêtée par les païens, parce que, au natalis des Apôtres, elle s’était rendue au Vatican pour prier. Son corps fut déposé par Paschal Ier dans la basilique de Sainte-Praxède.
Il semble que, autour de la solennité des Apôtres, la liturgie ait groupé les fêtes s’y rapportant davantage. En effet, elle célèbre aussi aujourd’hui un autre grand dévot et émule de l’apôtre Paul : saint Antoine-Marie Zaccaria, canonisé par Léon XIII qui étendit son office à toute l’Église.
Ce célèbre prédicateur lombard fait partie du groupe de saints envoyés par Dieu au XVIe siècle pour effectuer en Italie cette réforme ecclésiastique qui avait été trop longtemps désirée mais que ne pouvaient obtenir les seuls canons du Concile de Trente. Il fallait des hommes qui les appliquassent héroïquement, et pour ce faire, il fallait des saints.
Antoine mourut à trente-six ans, le 5 juillet 1539, mais dans le cours rapide de sa vie il éleva un édifice spirituel qui défie les siècles. La Congrégation religieuse fondée par lui sous le patronage de l’Apôtre des Gentils a le mérite d’avoir aidé efficacement saint Charles Borromée dans son œuvre réformatrice, et aujourd’hui encore elle porte des fruits abondants et magnifiques.
Toute la messe — qui révèle d’emblée le style d’un rédacteur moderne — tend à nous présenter saint Antoine-Marie Zaccaria comme un disciple zélé et un imitateur de l’apôtre saint Paul.
L’antienne pour l’introït décrit le caractère particulier et la vigueur de la prédication de l’Apôtre (I Cor., II, 4) : « Ma parole et ma prédication ne s’appuient pas sur les arguments de la sagesse humaine, mais sur les charismes du Paraclet et les prodiges qui l’accompagnent ». Suit le psaume 110, avec une allusion à la Congrégation de Saint-Paul, fondée par saint Zaccaria. « Je vous confesserai, ô mon Dieu, de tout mon cœur, dans les assemblées et dans les réunions des justes ».
Le rédacteur ayant voulu insérer comme une synthèse de la vie du Saint dans la collecte, celle-ci est saturée de pensées et le cursus lui fait défaut. « Faites, Seigneur, que nous apprenions la science transcendante de Jésus-Christ, selon l’esprit de l’apôtre Paul à l’école de qui le bienheureux Antoine-Marie fut formé, lui qui groupa dans votre Église deux nouvelles familles religieuses, l’une de clercs et l’autre de vierges sacrées ».
Le secret de toute la surprenante activité du Saint nous est manifesté par ces paroles : à l’école de Paul, il avait appris à connaître Jésus. Toute la sagesse surnaturelle est là, car Jésus est en effet Dei virtus et Dei sapientia.
La première lecture est tirée des épîtres pastorales (I Tim. IV, 8-16). L’Apôtre avertit Timothée, qui, comme Zaccaria, était encore au printemps de la vie, d’avoir à s’imposer à tous, sinon par les cheveux blancs, du moins par la maturité de sa vertu. Pour bien accomplir le saint ministère, au dire de Paul, sont nécessaires la vie intérieure, l’étude de la sainte Écriture et un grand respect pour la grâce sacerdotale. Ce faisant, l’Apôtre se sanctifie lui-même et sauve les autres.
Le répons est tiré de l’épître aux Philippiens (I, 8-10). « Dieu m’est témoin que je vous aime tous dans le Cœur même de Jésus. Aussi je prie, afin que votre charité soit toujours plus éclairée dans toute la splendeur de la sagesse chrétienne ». « Afin que vous choisissiez le meilleur et attendiez le jour de l’apparition du Christ en toute simplicité et innocence ».
C’est ainsi que doit aimer l’Apôtre. Aimer avec le Cœur de Jésus-Christ, c’est-à-dire d’un amour surnaturel, qui va directement aux âmes sans s’arrêter aux conditions extérieures ou physiques ; les aimer pour qu’elles aiment à leur tour, mais sans intercepter ce sentiment, qui doit être au contraire élevé jusqu’à Dieu, seul digne du saint amour.
La lecture évangélique (Marc. X, 15-21), qui veut faire allusion à la jeunesse du saint Fondateur de la Congrégation de Saint-Paul apôtre, rapporte l’appel à l’état religieux de l’adolescent qui avait consulté Jésus sur la manière de sauver son âme. On ne saurait jamais trop insister sur cette page des saints Évangiles qui, depuis l’âge apostolique, a rempli le monde de monastères et de maisons religieuses. Aux séculiers, quoiqu’ils pratiquent la vertu, il manque toujours quelque chose : — Unum tibi deest, — c’est-à-dire la sécurité de pouvoir persévérer à l’abri du péché, exposés comme ils le sont à mille dangers et occasions, par l’usage indépendant de leur volonté. Ceux donc à qui Dieu donne la grâce de comprendre les avantages de la vie religieuse — Iesus intuitus eum dilexit eum — sont ses préférés, parce qu’ils ont en main les moyens les plus efficaces pour se sauver eux-mêmes et sauver les autres.
Il faut méditer ces paroles de saint Grégoire le Grand, adressées à l’empereur Maurice qui voulait empêcher les soldats de se faire moines : « Plusieurs peuvent se sauver tout en demeurant dans le monde ; mais d’autres ne peuvent arriver au salut qu’en entrant dans un monastère ».
Tous les chrétiens, mais surtout les prêtres et les confesseurs, devraient favoriser, comme faisaient autrefois les saints Pères, les vocations religieuses pour le bien même des diocèses. En effet, l’activité apostolique que peut exercer un prêtre religieux, associé à un corps choisi d’ouvriers évangéliques, est beaucoup plus intense et durable que celle d’un prêtre séculier, obligé de travailler isolément à la vigne du Seigneur.
L’antienne pour l’offertoire est tirée du psaume 137 et fait allusion à la vision des saints Anges dont fut favorisé saint Antoine-Marie Zaccaria durant la célébration de sa première messe. « Je psalmodierai en présence des anges ; je vous adorerai dans votre saint temple et je confesserai les grandeurs de votre Nom ».
Pourquoi le Psalmiste parle-t-il ici des égards dus aux anges au moment même où nous adorons Dieu leur Seigneur ? Les saints Pères répondent ceci : parce que les anges sont établis par Dieu ministres de sa justice et de sa miséricorde dans le gouvernement du monde. Ils ne sauraient tolérer aucune offense à la divine Majesté, ni aucun trouble dans l’ordre établi par Lui. — C’est pour cette raison que l’Apôtre veut qu’à l’église les femmes, en signe de leur sujétion à l’homme, portent un voile sur la tête propter Angelos, c’est-à-dire pour ne pas offenser par ce désordre les anges préposés à l’observation des règles établies.
Voici la prière sur les oblations : « Faites, Seigneur, que nous apportions à la table du céleste banquet cette pureté de corps et d’âme qui ornait le bienheureux Antoine-Marie lorsqu’il offrait cette même Hostie ».
Pour célébrer convenablement les divins mystères, il faut monter au saint Autel avec ces mêmes sentiments d’adoration et d’amour qu’avait Jésus lorsqu’il les institua le jeudi saint au cénacle et les renouvela d’une façon sanglante le lendemain sur la Croix. Hoc enim sentite in vobis quod et in Christo Iesu [10].
L’antienne pour la Communion représente la conclusion et la résolution, après la méditation de la vie de saint Paul que nous a fait faire le rédacteur de la messe de ce jour. (Philipp., II, 17) : « Mes Frères, imitez-moi, et regardez ceux qui marchent sur mes traces ». Combien est ardue la charge de pasteur ! Combien sublime et difficile est l’office du supérieur ecclésiastique ! Toutes les brebis ont sans cesse les yeux levés vers lui, et il doit à tout moment pouvoir leur dire avec l’Apôtre : Imitez-moi comme moi j’imite le Christ !
Suit la collecte d’action de grâces, où il est fait allusion à l’œuvre de saint Zaccaria dans l’institution et la diffusion de la pieuse dévotion des Quarante-Heures : « Grâce à la nourriture céleste dont nous nous sommes rassasiés, ô Seigneur Jésus, que nos cœurs brûlent de ce feu dont fut enflammé le bienheureux Antoine Zaccaria et qui lui fit lever triomphalement l’étendard eucharistique contre les ennemis de l’Église ».
L’adoration du Très Saint-Sacrement pendant quarante heures consécutives fut inaugurée à Milan en 1547 sur l’initiative d’une confrérie, mais elle trouva dans saint Zaccaria son propagateur le plus zélé.
Pierre et Paul sont deux figures transcendantes qui remplissent pour tous les siècles l’histoire de l’Église. Toute la puissance hiérarchique qui régit jusqu’aux derniers confins du monde la famille chrétienne, émane de Pierre comme d’une source ; la plus grande partie de la révélation dogmatique du Nouveau Testament vient de Paul, de qui dépendent aussi, comme du Docteur des Nations, tous les Pères et les Prédicateurs. Ainsi, tandis que Pierre gouverne et régit le troupeau du Christ, Paul enseigne, et quelle école est celle de Paul ! Quels hommes apostoliques n’a-t-elle pas formés ? Hommes qui répondent aux grands noms de Timothée, Tite, Ignace, Polycarpe, Jean Chrysostome, et, après une longue série jamais interrompue d’apôtres et de géants du christianisme, saint Antoine-Marie Zaccaria et saint Paul de la Croix.
Au Christ, par l’esprit de l’apôtre Saint Paul.
La fête de ce saint qui eut une grande dévotion à saint Paul a sa place tout indiquée dans l’octave des deux Princes des Apôtres.
1. Saint Antoine. — Jour de sa mort. 5 juillet 1539. Tombeau. à Milan, dans l’église Saint-Barnabé. Vie : Antoine, né en 1502 dans la Haute-Italie, se consacre d’abord à l’étude des humanités et de la médecine ; mais il reconnaît bientôt qu’il est appelé à soigner les âmes ; ordonné prêtre, il se dévoua avec une charité toute paternelle aux étrangers, aux opprimés et aux pauvres ; il fut appelé le père et l’ange de sa ville natale. Il fonda bientôt une congrégation de clercs réguliers qu’il appela du nom de son apôtre de prédilection : les clercs de Saint-Paul, et qui sont connus aujourd’hui sous le nom de Barnabites. Il propagea le culte de la Passion et du sacrifice de la croix, institua en 1534 les prières des Quarante Heures et développa la pratique de la communion fréquente. Il mourut âgé seulement de 36 ans, en 1539.
Pratique. « Au Christ, par l’esprit de l’Apôtre saint Paul ! » — Combien ce programme répond aux désirs et aux efforts des amis de la liturgie à notre époque ! Quelque cent fois au cours de l’année liturgique, l’Apôtre des nations nous parle dans l’Épître de la messe, aujourd’hui encore ; et combien de fois aussi dans les Heures canoniques ! « Que nous acquérions dans l’esprit de l’apôtre saint Paul la science de Jésus-Christ qui surpasse toute science », telle est la prière liturgique que l’Église nous fait adresser aujourd’hui en union avec le saint du jour.
2. La messe (Sermo). — La messe évoque dans toutes ses parties propres la vie du saint : L’Introït parle de sa prédication simple, mais forte, selon l’esprit de saint Paul. L’Épître est une monition pastorale de saint Paul à son bien-aimé disciple Timothée ; la liturgie en fait l’application à son bien-aimé disciple Antoine Zaccaria et veut faire entendre en même temps qu’il a vécu et agi dans l’esprit de saint Paul (Oraison). L’Évangile nous fait entendre l’invitation du Sauveur au jeune homme riche : « Suis-moi » ; c’est notre saint qui a suivi l’appel du Christ. De même les autres parties plus courtes de la messe contiennent des allusions pénétrantes à la vie de notre saint.
3. Le Martyrologe. — « A Rome, sainte Zoé, martyre ; elle était l’épouse du saint martyr Nicostrate ; comme elle priait au tombeau du saint Apôtre, elle fut arrêtée au temps de l’empereur Dioclétien par les sbires, chargée de chaînes et jetée dans un sombre réduit ; puis, une corde au cou, elle fut pendue par les cheveux à un arbre sous lequel fut allumé un feu qui répandait une épaisse fumée ; elle mourut asphyxiée en chantant les louanges du Seigneur ».
« A Cyrène, dans l’Afrique du Nord, sainte Cyrille, martyre ; pendant la persécution de Dioclétien, on lui plaça dans la main des charbons ardents et de l’encens ; mais, pour éviter de paraître vouloir offrir un sacrifice aux dieux, elle préféra garder les charbons jusqu’au bout dans sa main plutôt que de faire le plus léger mouvement pour les renverser ; elle fut ensuite cruellement déchirée et subit une mort sanglante pour son céleste Époux ».
[1] Saint Antoine-Marie Zaccaria fut le premier qui exposa sans voiles la sainte Hostie à l’adoration des fidèles durant quarante heures, en souvenir du temps que le Seigneur demeura au tombeau ; on sait comment le pieux usage passa de Milan dans l’Église entière, et nous avons dit ailleurs l’application spéciale qui en fut faite à la sanctification des trois jours qui précèdent le Carême.
[2] I Cor. I, 18.
[3] Ibid. 19.
[4] Ibid. 20.
[5] II Cor. II, 14.
[6] Ibid. 17.
[7] Ibid. 15, 16.
[8] Eph. III, 19.
[9] Collecte de la fête.
[10] Philipp., II, 5 : Ayez en vous le même sentiment dont était animé Jésus-Christ.