Textes de la Messe |
Office |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Apoc. 5, 12 ; 1, 6. | Introït |
Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem, et divinitátem, et sapiéntiam, et fortitúdinem, et honórem. Ipsi glória et impérium in sǽcula sæculórum. | L’Agneau qui a été égorgé, est digne de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur. A Lui la gloire et le pouvoir dans les siècles des siècles. |
Ps. 71, 1. | |
Deus, iudícium tuum Regi da : et iustítiam tuam Fílio Regis. | O Dieu, donnez au Roi votre jugement : et au Fils du Roi votre justice. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens sempitérne Deus, qui in dilécto Fílio tuo, universórum Rege, ómnia instauráre voluísti : concéde propítius ; ut cunctæ famíliæ géntium, peccáti vúlnere disgregátæ, eius suavissímo subdántur império : Qui tecum vivit et regnat. | Dieu tout-puissant et éternel, qui avez voulu restaurer tout dans la personne de votre Fils bien-aimé, le Roi de l’univers : accordez dans votre bonté, que toutes les familles des nations, qui vivent en désaccord à cause de la blessure du péché, se soumettent à son très doux pouvoir. Lui qui vit. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Colossénses. | Lecture de l’Épître de Saint Apôtre Paul aux Colossiens. |
Coloss. 1, 12-20. | |
Fratres : Grátias ágimus Deo Patri, qui dignos nos fecit in partem sortis sanctórum in lúmine : qui eripuit nos de potestáte tenebrárum, et tránstulit in regnum Fílii dilectiónis suæ, in quo habémus redemptiónem per sánguinem eius, remissiónem peccatórum : qui est imágo Dei invisíbilis, primogénitus omnis creatúra : quóniam in ipso cóndita sunt univérsa in cælis et in terra, visibília et invisibília, sive Throni, sive Dominatiónes, sive Principátus, sive Potestátes : ómnia per ipsum, et in ipso creáta sunt : et ipse est ante omnes, et ómnia in ipso constant. Et ipse est caput córporis Ecclésiæ, qui est princípium, primogénitus ex mórtuis : ut sit in ómnibus ipse primátum tenens ; quia in ipso complácuit omnem plenitúdinem inhabitáre ; et per eum reconciliáre ómnia in ipsum, pacíficans per sánguinem crucis eius, sive quæ in terris, sive quæ in cælis sunt, in Christo, Iesu, Dómino nostro. | Mes Frères : Rendons grâces à Dieu le Père, qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, par son sang et la rémission des péchés ; qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature. Car c’est par lui que toutes choses ont été créées dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit Trônes, soit Dominations, soit Principautés, soit Puissances : tout a été créé par lui, et en lui ; et lui-même est avant tous, et tout subsiste en lui. Et lui-même est le chef du corps de l’Église : if est le principe, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il garde la primauté ; parce qu’il a plu au Père que toute plénitude habitât en lui ; et de se réconcilier par lui toutes choses, pacifiant par le sang de sa croix, soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux, en Jésus-Christ Notre-Seigneur. |
Graduale. Ps. 71, 8 et 11. | Graduel |
Dominábitur a mari usque ad mare, et a flúmine usque ad términos orbis terrárum. | Il dominera de la mer à la mer, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. |
V/. Et adorábunt eum omnes reges terræ : omnes gentes sérvient ei. | V/. Et tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations lui seront assujetties. |
Allelúia, allelúia. V/. Dan. 7, 14. Potéstas eius, potéstas ætérna, quæ non auferétur : et regnum eius, quod non corrumpétur. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Sa puissance, est une puissance éternelle, qui ne sera pas emportée, et son règne est un règne qui ne sera point bouleversé. Alléluia. |
¶ In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | ¶ Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. Ps. 88, 27-28 et 30. | Trait |
Ipse invocábit me ; Pater meus es tu : Deus meus, et suscéptor salútis meæ. | Lui-même m’invoquera, disant : C’est vous qui êtes mon Père, mon Dieu et le garant de mon salut. |
V/. Et ego primogénitum ponam illum : excélsum præ régibus terræ. | V/. Et moi, je l’établirai mon premier-né, et plus élevé que tous les rois de la terre. |
V/. Et ponam in sǽculum sǽculi semen eius : et thronum eius sicut dies cæli. | V/. Et j’établirai sa race dans les siècles des siècles, et son trône comme les jours du ciel. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Dan. 7, 14. Potéstas eius, potéstas ætérna, quæ non auferétur : et regnum eius, quod non corrumpétur. | Allelúia, allelúia. V/. Sa puissance, est une puissance éternelle, qui ne sera pas emportée, et son règne est un règne qui ne sera point bouleversé. . |
Allelúia. V/. Apoc. 19, 16. Habet in vestiménto et in femore suo scriptum : Rex regum, et Dóminus dominantium. Allelúia. | Allelúia. V/. Et il porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse : Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs. Alléluia |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Io. 18, 33-37. | |
In illo témpore : Dixit Pilátus ad Iesum : Tu es Rex Iudæórum ? Respóndit Iesus : A temetípso hoc dicis, an alii dixérunt tibi de me ? Respóndit Pilátus : Numquid ego Iudǽus sum ? Gens tua et pontífices tradidérunt te mihi : quid fecísti ? Respóndit Iesus : Regnum meum non est de hoc mundo. Si ex hoc mundo esset regnum meum, minístri mei útique decertárent, ut non tráderer Iudǽis : nunc autem regnum meum non est hinc. Dixit ítaque ei Pilátus : Ergo Rex es tu ? Respóndit Iesus : Tu dicis, quia Rex sum ego. Ego in hoc natus sum et ad hoc veni in mundum, ut testimónium perhíbeam veritáti : omnis, qui est ex veritáte, audit vocem meam. | En ce temps-là : Pilate dit à Jésus : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? Pilate répondit : Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les princes des prêtres t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, pour que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais mon royaume n’est point d’ici. Pilate lui dit alors : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Voici pourquoi je suis né, et pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix. |
Credo | Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 2, 8. | Offertoire |
Póstula a me, et dabo tibi gentes hereditátem tuam, et possessiónem tuam términos terræ. | Demande-moi, et je te donnerai les nations pour ton héritage, et pour ton domaine les extrémités de la terre. |
Secreta | Secrète |
Hóstiam tibi, Dómine, humánæ reconciliatiónis offérimus : præsta, quǽsumus ; ut, quem sacrifíciis præséntibus immolámus, ipse cunctis géntibus unitátis et pacis dona concédat, Iesus Christus Fílius tuus, Dóminus noster : Qui tecum. | Nous vous offrons, Seigneur, le sacrifice de la réconciliation de l’homme : faites, nous vous prions, que Celui que nous immolons dans ce sacrifice, accorde Lui-même à toutes les nations les dons d’unité et de paix Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur : Qui vit. |
Præfatio propria. | Préface propre. |
Vere dignum et iustum est, æquum et salutáre,
nos tibi semper et ubíque grátias ágere : Dómine, sancte Pater, omnípotens ætérne Deus : | Il est vraiment juste et nécessaire,
c’est notre devoir et c’est notre salut, de vous rendre grâces toujours et partout, Seigneur, Père saint, Dieu éternel et tout-puissant : |
Qui unigénitum Fílium tuum, Dóminum nostrum Jesum Christum,
Sacerdótem ætérnum et universórum Regem, óleo exsultatiónis unxísti : ut seípsum in ara crucis hóstiam immaculátam et pacíficam ófferens, redemptiónis humánæ sacraménta perágeret : | Qui avez oint avec l’huile d’allégresse
votre Fils unique, notre Seigneur Jésus-Christ, Prêtre éternel et Roi de l’univers : pour que s’immolant lui-même sur l’autel de la croix, comme une victime sans tache et pacifique, il accomplît le mystère sacré de la rédemption de l’homme : |
et suo subjéctis império ómnibus creatúris,
ætérnum et universále regnum, imménsæ tuæ tráderet Majestáti. Regnum veritátis et vitæ : Regnum sanctitátis et grátiæ : Regnum justítiæ, amóris et pacis. | et qu’après avoir soumis toutes les créatures à son pouvoir,
il procurât à votre immense Majesté un royaume éternel et universel, un royaume de vérité et de vie, un royaume de sainteté et de grâce, un royaume de justice, d’amour et de paix. |
Et ídeo cum Angelís et Archángelis,
cum Thronis et Dominatiónibus, cumque omni milítia cæléstis exércitus, hymnum glóriæ tuæ cánimus, sine fine dicéntes. | C’est pourquoi avec les Anges et les Archanges,
avec les Trônes et les Dominations, avec toute l’armée céleste, nous chantons une hymne à votre gloire, disant sans cesse. |
Ant. ad Communionem. Ps. 28, 10 et 11. | Communion |
Sedébit Dóminus Rex in ætérnum : Dóminus benedícet pópulo suo in pace. | Le Seigneur siègera comme Roi éternellement : le Seigneur bénira son peuple dans la paix. |
Postcommunio | Postcommunion |
Immortalitátis alimóniam consecúti, quǽsumus, Dómine : ut, qui sub Christi Regis vexíllis militáre gloriámur, cum ipso, in cælésti sede, iúgiter regnáre póssimus : Qui tecum. | Ayant reçu l’aliment de l’immortalité, nous vous prions, Seigneur : puissions-nous, qui nous glorifions de combattre sous l’étendard du Christ, régner toujours avec Lui dans le céleste séjour : Lui qui vit. |
Leçons des Matines
AU PREMIER NOCTURNE.
De l’Épître de saint Paul Apôtre aux Colossiens.
Première leçon. Chap. 1, 3-8 Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus Christ, en pensant à vous dans nos prières, depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus, et la charité que vous avez à l’égard de tous les Saints, en raison de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. Cette espérance, vous en avez naguère entendu l’annonce dans la Parole de vérité, la Bonne Nouvelle, qui est parvenue chez vous de même que dans le monde entier elle fructifie et se développe ; chez vous elle fait de même depuis le jour où vous avez appris et compris dans sa vérité la grâce de Dieu. C’est Épaphras, notre cher compagnon de service, qui vous en a instruits ; il nous supplée fidèlement comme ministre du Christ, et c’est lui-même qui nous a fait connaître votre dilection dans l’Esprit.
R/. Sur le trône de David et sur son royaume, il siégera à jamais. * Il sera appelé Dieu, Fort, Prince de la paix. V/. Son empire s’étendra et la paix n’aura pas de fin. * Il.
Deuxième leçon. Chap. 1, 9-17 C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous avons reçu ces nouvelles, nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu’il vous fasse parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en tout : vous produirez toutes sortes de bonnes œuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu ; animés d’une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance ; avec joie vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des Saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui.
R/. Je contemplais dans les visions de la nuit. Voici, venant sur les nuées du ciel, le Fils de l’homme. A lui fut conféré empire et honneur, * Tous peuples, nations et langue le servirent, V/. Son empire est empire à jamais, qui ne passera point, et son royaume ne sera pas détruit. * Tous.
Troisième leçon. Chap. 1, 18-23 Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église : II est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, (il fallait qu’il obtînt en tout la primauté), car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. Vous-mêmes, qui étiez devenus jadis des étrangers et des ennemis, par vos pensées et vos œuvres mauvaises, voici qu’à présent II vous a réconciliés dans son corps de chair, le livrant à la mort, pour vous faire paraître devant Lui saints, sans tache et sans reproche. Il faut seulement que vous persévériez dans la foi, affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l’espérance promise par l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre.
R/. Toi, Bethléem, Ephrata, le plus petit des clans de Juda : de toi sortira celui qui sera le chef d’Israël. * Il sera la paix. V/. Son origine est dès le commencement depuis les jours d’éternité. Il sera ferme et paîtra son troupeau dans la force du Seigneur. * Il. Gloire au Père. * Il.
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
De la lettre encyclique du Pape Pie XI.
Quatrième leçon. L’Année sainte ayant offert plus d’une occasion de glorifier la royauté du Christ, Nous agirons, semble-t-il, de manière pleinement conforme à Notre charge apostolique si, répondant aux demandes qui Nous ont été adressées individuellement ou en commun par de très nombreux cardinaux, évêques et fidèles, Nous terminons cette année en introduisant dans la liturgie de l’Église une fête spéciale de Notre-Seigneur Jésus Christ Roi. Que le Christ soit appelé Roi au sens figuré, en raison du degré suprême d’excellence par lequel il surpasse et domine toutes les créatures, c’est là depuis longtemps un usage communément reçu. On dit ainsi de lui qu’il règne "sur les esprits des hommes", non pas tant à cause de la pénétration de son intelligence ou de la profondeur de sa science que parce qu’il est lui-même la Vérité et que les hommes doivent puiser en lui la vérité et l’accepter avec soumission ; il règne de même "sur les volontés des hommes", non seulement parce qu’à la sainteté de la volonté divine correspondent en lui l’intégrité et l’obéissance parfaites de la volonté humaine, mais aussi parce qu’il donne à notre volonté libre les inspirations qui la portent à s’enflammer pour de nobles buts. Le Christ est enfin reconnu "Roi des cœurs" en raison de sa "charité qui surpasse toute connaissance", ainsi que de sa bonté et de sa tendresse qui attirent les âmes : personne n’a jamais eu et personne n’aura jamais à l’avenir le privilège d’être aimé par toutes les nations, comme l’a été le Christ Jésus. Mais, pour entrer plus profondément dans notre sujet, nul ne saurait nier que le titre de roi et le pouvoir royal doivent, au sens propre du mot, être reconnus au Christ Homme ; c’est seulement en tant qu’il est homme qu’il a reçu du Père "la puissance, l’honneur et la royauté" ; en effet, le Verbe de Dieu, qui a la même substance que le Père, possède nécessairement tout en commun avec le Père et il a donc le pouvoir suprême et absolu sur toutes les créatures.
R/. Exulte, fille de Sion, jubile, fille de Jérusalem, car ton roi vient à toi, le juste, le sauveur. * Il annoncera la paix aux nations. V/. Sa puissance s’étendra de la mer à la mer, et depuis les fleuves jusqu’aux confins de la terre. * Il.
Cinquième leçon. Le fondement sur lequel reposent cette dignité et cette puissance de Notre-Seigneur est bien Indiqué par Cyrille d’Alexandrie en ces termes : "II possède, en résumé, sur toutes les créatures, un pouvoir qui n’a pas été conquis par la violence, ni reçu d’ailleurs, mais il l’a par son essence et sa nature" ; sa souveraineté se fonde en effet sur cette union admirable qu’on appelle hypostatique. Il en résulte non seulement que le Christ doit être adoré comme Dieu par les anges et par les hommes, mais aussi que les anges et les hommes doivent obéir et se soumettre au pouvoir de cet Homme : ainsi, même au seul titre de l’union hypostatique, le Christ possède l’autorité sur toutes les créatures. Si nous voulons maintenant expliquer brièvement la grandeur et la nature de cette dignité, il est à peine nécessaire de dire qu’elle comporte trois pouvoirs, à défaut desquels elle ne peut guère se concevoir. Des témoignages recueillis dans la Sainte Écriture et concernant la suprématie universelle de notre Rédempteur le montrent de manière surabondante et il faut le croire de foi catholique : le Christ Jésus a été donné aux hommes comme le Rédempteur en qui ils doivent avoir confiance, mais aussi comme le législateur à qui ils doivent obéir. Les évangiles ne rapportent pas tant qu’il a établi des lois qu’ils ne le font voir lui-même établissant ces lois : tous ceux qui observeront ces préceptes, déclare le divin Maître en divers endroits et en des termes différents, prouveront leur charité envers lui et demeureront en son amour. Quant au pouvoir judiciaire, Jésus déclare lui-même aux Juifs qu’il lui a été attribué par le Père, lorsque ceux-ci l’accusent d’avoir violé le repos du sabbat en guérissant miraculeusement un malade : "Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils". Ce pouvoir comporte également pour lui le droit (car cette prérogative ne peut être séparée du jugement) de décerner aux hommes encore vivants des récompenses et des châtiments. Mais il faut encore reconnaître au Christ le pouvoir qu’on appelle exécutif : la nécessité d’obéir à son commandement s’impose en effet à tous et cela sous la menace faite aux rebelles de supplices auxquels nul ne saurait se soustraire.
R/. Il faut qu’il règne car Dieu a tout mis sous ses pieds, * Afin que Dieu soit tout en tous. V/. Quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra au Père. * Afin.
Sixième leçon. Il n’en est pas moins vrai que cette royauté est principalement de nature spirituelle et se rapporte aux réalités spirituelles, ainsi que le montrent les textes bibliques que nous avons rappelés et comme le Christ Seigneur le confirme par sa façon d’agir. En plus d’une occasion en effet, comme les Juifs et les Apôtres eux-mêmes croyaient faussement que le Messie allait rendre la liberté au peuple et rétablir le royaume d’Israël, il leur enleva et détruisit cette opinion et cette espérance vaines ; lorsque la foule d’admirateurs qui l’environnaient voulut le proclamer roi, il refusa le nom et l’honneur, en fuyant et en se cachant ; devant le magistrat romain, il déclara que son royaume n’était pas "de ce monde". Le royaume qu’il propose dans les évangiles est tel que les hommes doivent se préparer à y entrer en faisant pénitence, mais qu’ils ne peuvent y entrer que par la foi et par le baptême, lequel, tout en étant un rite extérieur, signifie et opère cependant la régénération intérieure ; il s’oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres et il demande à ses membres non seulement que, détachant leur cœur des richesses et des biens terrestres, ils pratiquent la douceur et aient faim et soif de la justice, mais encore qu’ils renoncent à eux-mêmes et portent leur croix. Comme le Christ Rédempteur a acquis l’Église par son sang et s’est offert et s’offre perpétuellement comme Prêtre en victime pour les péchés, qui ne voit que la fonction royale elle-même revêt le caractère de ces deux fonctions et y participe ? Ce serait d’ailleurs une grossière erreur de refuser au Christ Homme l’autorité sur les choses civiles, puisqu’il reçoit de son Père un pouvoir tellement absolu sur les êtres créés que tout est placé sous sa souveraineté. C’est pourquoi, par Notre autorité apostolique, Nous instituons la fête de Notre-Seigneur Jésus Christ Roi, qui devra être célébrée dans tout l’univers, chaque année, le dernier dimanche d’octobre, c’est-à-dire le dimanche qui précède la fête de Tous les Saints. Nous ordonnons aussi que soit renouvelée chaque année en ce même jour la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus.
R/. Le Christ a fait de nous une royauté de prêtres pour Dieu son Père. * A lui gloire et empire dans les siècles des siècles. V/. Il est le premier né des morts, le prince des rois de la terre. * A lui Gloire au Père. * A lui
AU TROISIÈME NOCTURNE.
Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là, Pilate dit à Jésus "Tu es le roi des Juifs ?" Jésus lui répondit : "Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?’ : Et la suite.
Homélie de saint Augustin, évêque.
Septième leçon. Quel intérêt pour le Roi des siècles de devenir le roi des hommes ? Le Christ n’est pas roi d’Israël pour lever un tribut, pour équiper une armée ou pour combattre des ennemis visibles, mais pour gouverner les âmes, pour veiller à leur salut éternel, et pour conduire au royaume des cieux ceux qui croient, espèrent et aiment. Pour le Fils de Dieu égal au Père, Verbe "par qui tout fut fait", c’est donc une condescendance de consentir à être roi d’Israël et non une promotion. C’est la marque de sa miséricorde, bien loin d’être un accroissement de pouvoir. II est au ciel le Seigneur des anges celui qui reçoit sur terre le nom de roi des Juifs... Mais le Christ n’est-il que roi des Juifs ? Ne l’est-il pas de toutes les nations ? — Bien sûr que si ! Il l’avait dit prophétiquement : "J’ai été constitué par Dieu roi sur Sion, sa montagne sainte, je publierai le décret du Seigneur." Mais, puisqu’il s’agit de la montagne de Sion, on pourrait dire qu’il a été constitué roi des Juifs seulement, aussi les versets suivants déclarent-ils : "Le Seigneur m’a dit : tu es mon fils, c’est moi qui t’engendre aujourd’hui ; demande et je te donnerai les nations pour héritage et pour ta possession les confins de la terre."
R/. Le royaume de ce monde est devenu celui de notre Seigneur et de son Christ, * Il régnera dans les siècles des siècles, V/. Toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face, car au Seigneur est la royauté. * Il.
Huitième leçon. Jésus répondit : "Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici." Voici l’enseignement que notre bon Maître a voulu nous donner ; mais il fallait d’abord nous faire connaître quelle fausse opinion les gens (païens ou juifs de qui Pilate l’avait recueillie) s’étaient faite sur le royaume de Dieu. Gomme si le Christ avait été condamné à mort, pour avoir brigué un règne indu ou comme s’il avait fallu s’opposer prudemment au danger que son royaume aurait fait courir soit aux Romains, soit aux Juifs, étant donné la jalousie réciproque habituelle aux souverains !
R/. Les dix cornes que tu vois, ce sont dix rois. Ils combattront contre l’Agneau et l’Agneau les vaincra, * Car il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois. V/. Le Seigneur notre Dieu tout-puissant est roi, réjouissons-nous, exultons, donnons-lui gloire. * Car. Gloire au Père. * Car.
Neuvième leçon. Le Seigneur aurait pu répondre : "Mon royaume n’est pas de ce monde", dès la première question du procurateur : "Es-tu le roi des Juifs ?". Mais i ! préféra interroger Pilate à son tour : "Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?", pour lui prouver d’après sa réponse qu’il s’agissait là d’une accusation jetée par les juifs devant le gouverneur. Ainsi le Christ nous dévoile-t-il les pensées des hommes dans toute leur vanité qu’il connaît fort bien. Après la réponse de Pilate, c’est donc avec plus d’à-propos encore qu’il peut rétorquer, s’adressant à la fois aux Juifs et aux païens : "Mon royaume n’est pas de ce monde."
Les textes de l’office qui ont été publiés pour la Fête du Christ Roi instituée par Pie XI permettent de célébrer la fête liturgiquement avec l’Église dans toutes ses parties. Nous allons donc examiner déjà l’annonce solennelle de la fête, dès la veille, par les premières vêpres. Là se dresse, pour ainsi dire, devant nous l’image du Roi : le Christ, le Roi de paix, dont le royaume est éternel et auquel tous les rois sont soumis. — Le soir, pendant la veillée nocturne, nous récitons et chantons en commun ou, du moins, en union d’esprit avec l’Église universelle les Matines, la prière dramatique de la fête. L’on a choisi dans le psautier huit psaumes royaux qui sont encadrés par des antiennes exprimant avec beauté et clarté le mystère de la fête. Les leçons ont été choisies, elles aussi, avec à-propos : celles du premier nocturne (il en est de même pour l’Épître) sont tirées de la lettre christologique de saint Paul aux Colossiens : l’universelle royauté du Christ sur le monde et sur l’Église y est magistralement exposée. Au second nocturne, nous entendons l’Encyclique de Pie XI exposer officiellement l’objet et la portée de la fête. Au troisième nocturne, la lecture la plus importante, le commentaire de l’Évangile, est faite avec beaucoup de pénétration par saint Augustin, le célèbre Père de l’Église. Les répons qui suivent les leçons offrent tout un parterre de passages bibliques riches de pensées et de sentiments sur la royauté du Christ (les quatre premiers sont empruntés à l’Ancien Testament ; les quatre derniers, au Nouveau). Dès le matin du jour de la fête, nous saluons, à laudes, dans le soleil levant, le Divin Soleil royal “ qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a rendus dignes de partager le sort de ses saints dans la lumière ”. Ainsi préparés, nous nous rendons à la Messe. Au chant de l’Introït, le regard prophétique de saint Jean nous conduit devant le trône du Roi céleste ; celui-ci est le Divin Agneau immolé qui nous révèle maintenant encore sa grandeur royale et qui doit être proclamé Roi par tous. Le psaume 71 de l’Introït chante avec enthousiasme la royauté pacifique du Christ. Après une prière d’action de grâces pour notre incorporation au royaume et à la famille de Dieu, l’Apôtre des nations nous présente, dans l’Épître, le portrait du Roi sublime et tout-puissant de ce royaume et de cette famille. Le Christ est “ l’image du Dieu invisible ” ; “ en lui tout a été créé ”, “ il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui ”, il est “ la tête de l’Église ”, “ il devrait avoir en toutes choses la première place. ” Un portrait fouillé et magnifique de l’Homme-Dieu, notre Roi, adressé par l’Apôtre à la communauté qui lui était si chère ! Les chants psalmodiques unissent leur richesse de pensées et de sentiments aux lectures, comme un écho de l’Épître et une première note de l’Évangile. Le Graduel est une acclamation enthousiaste à l’adresse du Roi (Ps. 51) ; le chant de l’Alléluia y ajoute un mot pénétrant du prophète Daniel sur le Roi immortel de l’univers. A l’Évangile, le Christ est debout, prisonnier, devant Pilate. Le représentant officiel de l’empereur romain qui règne sur le monde est assis à son tribunal et il pose au Christ cette question : “ Es-tu roi ? ” “ Je le suis. ” La réponse ne pouvait être plus précise, plus claire ni plus vraie. Elle sortait de la bouche de celui qui allait bientôt, en signe de suprême dérision, être couronné d’épines et nanti d’un manteau et d’un sceptre de roi, et qui règne à jamais sur le trône céleste comme Roi du temps et de l’éternité. — La scène que nous venons de rappeler, extraite de l’Évangile de saint Jean, le disciple bien aimé, n’avait été chantée jusqu’ici, au cours de l’année liturgique, que dans la Passion du vendredi-saint. Elle est désormais utilisée comme Évangile dans tout le monde catholique à la grande fête royale de Notre Seigneur Jésus Christ. C’est un point culminant dans la liturgie de cette nouvelle fête solennelle. Les deux dernières processions sont accompagnées par deux chants royaux : le psaume 2 (Off.) et le psaume 28 (Comm.). Au Saint Sacrifice, le Christ paraît au milieu de nous : “ Le Seigneur règne en Roi pour l’éternité et bénit son peuple dans la paix ” (Comm.), la communion est aujourd’hui un festin royal.