Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Leçons des Matines |
Martyre orientale, fêtée le 4 décembre chez les Syriens, les Byzantins et le Coptes. Le premier témoin de son culte en Occident est Raban Maur vers 849. Fête au XIIème siècle.
L’Église Romaine n’a consacré qu’une simple Commémoration à sainte Barbe, dans l’Office de saint Pierre Chrysologue ; mais elle a approuvé un Office entier à l’usage des Églises qui honorent spécialement la mémoire de cette illustre vierge. La Légende qui suit, quoique fort grave, n’a donc point l’autorité de celles qui sont promulguées pour toute l’Église dans le Bréviaire Romain. Nous n’en devons pas moins rendre nos hommages fervents à cette glorieuse Martyre, si célèbre dans tout l’Orient, et dont l’Église Romaine a depuis longtemps adopté le culte. Ses actes, pour n’être pas de la première antiquité, n’ont rien que de glorieux à Dieu et d’honorable à la Sainte. Rendons hommage à la fidélité avec laquelle cette Vierge attendit l’Époux, qui ne manqua pas à l’heure dite, et qui fut pour elle un Époux de sang, comme parle l’Écriture, parce qu’il avait reconnu la force de son amour.
On l’invoque dans l’Église contre la foudre, en mémoire du châtiment que la justice divine infligea à son détestable père. Sa qualité de protectrice du peuple chrétien contre le feu du ciel a fait donner son nom aux magasins de poudre sur les vaisseaux et l’a fait assigner pour patronne aux artilleurs, aux mineurs, et généralement aux corporations dans lesquelles on emploie la poudre à canon. On la prie aussi pour être préservé de la mort subite, tant a fait d’impression sur les fidèles la fin terrible de Dioscore !
Nous nous bornerons à extraire des livres liturgiques de nos églises cette gracieuse Antienne composée dans les temps chevaleresques :
O Miséricorde immense de la divine bonté, qui a glorifié Barbe par la splendeur de la seule véritable lumière, et l’a rendue digne de s’unir à la Divinité, après qu’elle eût méprisé les honneurs de la terre ! Elle a brillé comme un lis entre les épines ; elle a lui comme la lumière dans les ténèbres. Alleluia.
L’Église grecque est abondante sur les louanges de sainte Barbe.
Nous venons joindre notre faible voix à celle de tant d’Églises, ô Vierge fidèle ! et vous offrir à la fois nos louanges et nos prières. Voici que le Seigneur vient, et nous sommes dans la nuit : daignez donner à notre lampe et la lumière qui doit guider nos pas, et l’huile qui entretient la lumière. Vous savez que Celui qui est venu pour vous, et avec qui vous êtes éternellement, s’approche pour nous visiter ; obtenez que nul obstacle ne nous empêche d’aller au-devant de lui. Que notre vol vers lui soit courageux et rapide comme fut le vôtre ; et que, réunis à lui, nous ne nous en séparions plus : car Celui qui vient est véritablement le centre de toute créature. Priez aussi, ô glorieuse Martyre, afin que la foi dans la divine Trinité brille en ce monde d’un éclat toujours croissant. Que Satan, notre ennemi, soit confondu, lorsque toute langue confessera la Triple lumière figurée par les fenêtres de votre tour, et la croix victorieuse qui a sanctifié les eaux. Souvenez-vous, Vierge chérie de l’Époux, qu’en vos mains pacifiques a été remis le pouvoir, non de lancer la foudre, mais de la retenir et de la détourner. Protégez nos navires contre les feux du ciel et contre ceux de la guerre. Couvrez de votre protection les arsenaux qui renferment la défense de la patrie. Entendez la voix de tous ceux qui vous invoquent, soit qu’elle monte vers vous du sein de la tempête, soit qu’elle parte des entrailles de la terre ; et sauvez-nous tous du terrible châtiment de la mort subite.
Avant que la fête de saint François Xavier, fixée au 3 décembre, renvoyât la solennité de saint Pierre Chrysologue au lendemain, ce jour était dédié à sainte Barbe. La fête de cette célèbre martyre orientale (probablement d’Héliopolis en Phénicie) a été accueillie dans le calendrier romain au moins dès le XIIe siècle ; son culte à Rome est toutefois beaucoup plus ancien, puisque Grégoire le Grand, Léon IV, Etienne III et d’autres papes du haut moyen âge lui dédièrent des basiliques et des oratoires au Clivus scauri, près du titre des Quatre-Saints-Couronnés, près de l’église de Saint-Laurent in Agro Verano, près du théâtre de Pompée et ailleurs encore. Son culte fut vraisemblablement importé par les Byzantins, et de Rome il se répandit en d’autres parties d’Italie. Jean Diacre, dans sa vie de saint Grégoire le Grand, nous apprend qu’étant encore moine et abbé du monastère de Saint-André, in oratorio sanctae Barbarae... Gregorius laudes Domino celebrare solebat [1].
Par conséquent, le culte de sainte Barbe à Rome daterait au moins de la fin du VIe siècle.
La messe est celle du Commun des vierges martyres, Loquébar.
Presque tous les Orientaux célèbrent en ce jour la fête de sainte Barbe, à laquelle les Byzantins donnent même le titre de Mégalomartyre L’authenticité de ses Actes n’est pas assurée, mais à la gloire des fastes ecclésiastiques suffit bien l’héroïque confession de la foi affirmée devant les tourments et scellée par le sang. C’est le cas de répéter après saint Ambroise : Martyrem dixi, praedicavi satis.
Jour de mort : (d’après le martyrologe) le 4 décembre vers 300. Tombeau : d’après la tradition, dans le diocèse de Torzello (Plaisance) ; d’après d’autres, à Kiev, dans le monastère de Saint-Michel. Image : On la représente avec un calice et une hostie, avec une tour munie de trois fenêtres, avec une épée. Sa vie (légendaire) : Barbe était originaire de Nicomédie, fille d’un païen distingué adonné à l’idolâtrie. A cause de sa beauté, son père l’enferma dans une tour afin de la soustraire aux recherches des hommes. Barbe fit le vœu de virginité et pendant l’absence de son père, elle fit ouvrir dans la tour une troisième fenêtre en l’honneur de la Sainte-Trinité. Elle orna aussi sa salle de bain du signe de la croix. A son retour, son père en fut si irrité qu’il tira l’épée et voulut la tuer ; elle ne fut sauvée que par un miracle. Conduite devant le juge, elle dut endurer de nombreux tourments ; enfin son propre père lui trancha la tête et fut puni par Dieu qui le fit mourir sur-le-champ. Sainte Barbe est honorée dans l’Orient et l’Occident comme la patronne des artilleurs et des mineurs. On l’invoque spécialement pour être préservé de la mort subite.
Pratique : Nos pères faisaient souvent cette prière :
O sainte Barbe, Ô vierge pure,
Veille sur mon âme et mon corps,
De mon vivant, comme à la mort,
Protège-moi, je t’en conjure ;
Obtiens qu’à mes derniers moments,
Je reçoive les sacrements.
Là où un office propre a été concédé, données par Dom Guéranger dans son Année Liturgique.
Barbe, Vierge de Nicomédie, fille à Dioscore, noble personnage, mais attaché aux superstitions païennes, parvint, à l’aide de la grâce divine, à connaître les choses invisibles par la vue de ce monde visible : c’est pourquoi elle ne voulut plus s’occuper que de Dieu seul et des choses divines. Son père. voulant, à cause du grand éclat de sa beauté, la soustraire aux regards des hommes, l’enferma dans une tour, où la pieuse vierge vivait dans la prière et la méditation, ne pensant qu’à plaire à Dieu seul, qu’elle avait choisi pour époux. Dioscore, à diverses reprises, lui offrit de nobles alliances qu’elle dédaigna généreusement. Pensant alors qu’en se séparant de sa fille, il pourrait plus facilement adoucir ses résistances, il fit construire un bain dans la tour qu’elle habitait, afin qu’elle eût toutes les commodités de la vie ; puis il partit pour une contrée lointaine.
Pendant l’absence de son père, Barbe fit ajouter aux deux fenêtres de sa tour, une troisième en l’honneur de la divine Trinité, et tracer l’image de la très sainte Croix sur le bord de la baignoire. A son retour, Dioscore, ayant vu ces nouveautés et connu leur motif, s’emporta contre sa fille au point de se jeter sur elle, l’épée nue à la main ; peu s’en fallut même qu’il ne la tuât dans sa fureur ; mais Dieu vint au secours de la vierge. Dans sa fuite précipitée, un énorme rocher lui ouvrit un passage, par où elle parvint au sommet d’une montagne, et se cacha dans une grotte. Peu après, ce père dénaturé, l’ayant découverte, l’accabla de coups, la foula sous ses pieds, la traîna par les cheveux à travers des sentiers âpres et rocailleux, et la livra lui-même au gouverneur Marcien, pour être châtiée. Celui-ci employa, mais en vain, tous les moyens pour l’ébranler. Il la fit battre nue à coups de nerfs de bœuf, et déchirer ses blessures encore fraîches avec des débris de poterie, enfin jeter dans une prison. Là, le Christ lui apparut, environné d’une grande lumière, et la fortifia merveilleusement pour sa dernière passion. Témoin de ce prodige, une dame, nommée Juliana, se convertit à la foi et partagea la palme de cette vierge.
Barbe eut encore les membres déchirés par les ongles de fer, les flancs brûlés avec des torches, la tête battue à coups de maillets ; et, dans ces tourments, elle consolait sa compagne et l’encourageait à combattre, sans faiblir, jusqu’à la fin. Enfin, toutes les deux eurent les mamelles coupées, furent traînées nues à travers les places publiques et décapitées. Ce fut un père abominable qui eut assez de barbarie pour trancher de ses mains la tête de sa fille. Mais cette affreuse cruauté ne fut pas longtemps impunie : à l’heure même et au même lieu, la foudre l’étendit mort. Le corps de cette bienheureuse vierge fut transporté d’abord, parles soins de l’Empereur Justin, de Nicomédie à Constantinople ; puis, plus tard, les Vénitiens l’ayant obtenu des Empereurs Constantin et Basile, l’enlevèrent de Constantinople, et le déposèrent solennellement dans la basilique de Saint-Marc. Enfin, en dernier lieu, sur les instantes prières de l’Évêque de Torcello et de sa sœur qui était Abbesse, on le transféra, l’an de notre salut 1009, dans l’église des religieuses de Saint-Jean-l’Evangéliste, au diocèse Torcello, où il fut honorablement enseveli, c’est présentement encore l’objet d’une constante vénération.
Missa Loquébar, de Communi Virginum 1 loco. | Messe Loquébar, du Commun des Vierges 1. |
Et fit Commemoratio Feriæ. | Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent. |
Præfatio communis. | Préface Commune . |
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu. | Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent . |
[1] L. IV, 89, P. L., LXXV, col. 234.