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19/08 St Jean Eudes, confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Mort le 19 août 1680. Canonisé en 1925. Fête sous le rite double en 1928 venant empêcher le 5ème jour dans l’Octave de l’Assomption.

Textes de la Messe

die 19 augusti
le 19 août
SANCTI IOANNIS EUDES
SAINT JEAN EUDES
Confessoris
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Os iusti, de Communi Confessoris non Pontificis 1 loco, præter orationem sequentem :Messe Os iusti, du Commun d’un Confesseur non Évêque I, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Deus, qui beátum Ioánnem, Confessórem tuum, ad cultum sacrórum Córdium Iesu et Maríæ rite promovéndum, mirabíliter inflammásti, et per eum novas in Ecclésia tua famílias congregáre voluísti : præsta, quǽsumus ; ut, cuius pia mérita venerámur, virtútum quoque instruámur exémplis. Per eúndem Dóminum. Dieu, vous avez admirablement enflammé le bienheureux Jean, votre confesseur, de zèle à promouvoir dignement le culte des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, et vous avez voulu rassembler par lui dans votre Église de nouvelles familles religieuses : accordez-nous, nous vous en prions, de retirer un enseignement de ses exemples après avoir rendu hommage à ses pieux mérites.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Jean naquit de parents pieux et honnêtes en l’an mil six cent un au village de Ri dans le diocèse de Séez. Encore enfant ayant été nourri du pain des anges, il fit joyeusement le vœu de chasteté. Reçu au collège des Pères Jésuites de Caen, il s’y signala par sa rare piété et se mit sous’la protection de la Vierge Marie..Quoique à peine adolescent, il signa de son sang le pacte qui le consacrait à elle. Ayant suivi avec grande distinction les cours de lettres et de philosophie et rejeté des propositions de mariage, s’enrôla dans la congrégation de l’Oratoire fondée par le Cardinal de Bérulle et fut ordonné prêtre à Paris. Sa charité envers le prochain était admirablement ardente, car la peste s’étant répandue d’Asie en plusieurs lieux, il s’empressa d’apporter tous ses soins à la guérison des corps et des âmes. Nommé recteur de l’Oratoire de Caen, il songea longtemps à fonder un institut où des jeunes gens capables deviendraient de dignes ministres de l’Église et, ayant imploré le secours divin, il se sépara courageusement bien qu’avec peine de ses confrères de l’Oratoire après vingt ans de vie commune.

Cinquième leçon. S’adjoignant donc en ce but cinq prêtres, il institua en l’an mil six cent quarante trois, au jour de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie une congrégation de clercs réguliers qu’il plaça sous le vocable des très saints noms de Jésus et de Marie et ouvrit à Caen le premier de ses séminaires. Il en établit d’autres ensuite en Normandie et en Bretagne. En faveur des pécheresses à rappeler à la vie chrétienne, il fonda peu après l’Ordre de Notre-Dame de Charité, arbre illustre qui a comme rameau la congrégation du Bon Pasteur à Angers. Jean Eudes fonda aussi la société du Cœur admirable de la Mère de Dieu et d’autres œuvres de charité. Ses écrits sont nombreux et excellents. Jusqu’à l’âge le plus avancé il sema, comme missionnaire apostolique, la bonne parole dans quantité de villages, de bourgs et de villes et jusque dans le palais des rois.

Sixième leçon. Le zèle de Jean Eudes brilla spécialement dans son ardeur à promouvoir une salutaire dévotion envers les Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Il fut le premier à songer, non sans quelque inspiration divine, au culte liturgique qu’il leur faut rendre. Aussi le tient-on pour le père, l’apôtre et le docteur de cette dévotion. Vigoureux adversaire du Jansénisme, il garda toujours à l’égard de la Chaire de St-Pierre, un inflexible respect, et pria Dieu assidûment pour ses ennemis comme pour ses frères. Brisé par tant de travaux plus que par l’âge et désirant la dissolution de son corps pour être avec le Christ, il mourut paisiblement le dix-neuf août de l’an mil six cent quatre-vingt après avoir dit et redit les noms suaves de Jésus et de Marie. Plusieurs miracles ayant signalé sa sainteté, Pie X l’inscrivit au catalogue des Bienheureux et, à la suite de nouveaux miracles, Pie XI le mit au nombre des saints en l’année sainte, le dimanche de la Pentecôte et il étendit son office et sa messe à l’Église universelle.

Au troisième nocturne. Du Commun.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 12, 35-40.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Que vos reins soient ceints, et les lampes allumées dans vos mains. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilia 13 in Evang.

Septième leçon. Mes très chers frères, le sens de la lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre est très clair. Mais de crainte qu’elle ne paraisse, à cause de sa simplicité même, trop élevée à quelques-uns, nous la parcourrons brièvement, afin d’en exposer la signification à ceux qui l’ignorent, sans cependant être à charge à ceux qui la connaissent. Le Seigneur dit : « Que vos reins soient ceints ». Nous ceignons nos reins lorsque nous réprimons les penchants de la chair par la continence. Mais parce que c’est peu de chose de s’abstenir du mal, si l’on ne s’applique également, et par des efforts assidus, à faire du bien, notre Seigneur ajoute aussitôt : « Ayez en vos mains des lampes allumées ». Nous tenons en nos mains des lampes allumées, lorsque nous donnons à notre prochain, par nos bonnes œuvres, des exemples qui l’éclairent. Le Maître désigne assurément ces œuvres-là, quand il dit : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».

Huitième leçon. Voilà donc les deux choses commandées : ceindre ses reins, et tenir des lampes ; ce qui signifie que la chasteté doit parer notre corps, et la lumière de la vérité briller dans nos œuvres. L’une de ces vertus n’est nullement capable de plaire à notre Rédempteur si l’autre ne l’accompagne. Celui qui fait des bonnes actions ne peut lui être agréable s’il n’a renoncé à se souiller par la luxure, ni celui qui garde une chasteté parfaite, s’il ne s’exerce à la pratique des bonnes œuvres. La chasteté n’est donc point une grande vertu sans les bonnes œuvres, et les bonnes œuvres ne sont rien sans la chasteté. Mais si quelqu’un observe les deux préceptes, il lui reste le devoir de tendre par l’espérance à la patrie céleste, et de prendre garde qu’en s’éloignant des vices, il ne le fasse pour l’honneur de ce monde.

Neuvième leçon. « Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin que lorsqu’il viendra et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt ». Le Seigneur vient en effet quand il se prépare à nous juger ; et il frappe à la porte, lorsque, par les peines de la maladie, il nous annonce une mort prochaine. Nous lui ouvrons aussitôt, si nous l’accueillons avec amour. Il ne veut pas ouvrir à son juge lorsqu’il frappe, celui qui tremble de quitter son corps, et redoute de voir ce juge qu’il se souvient avoir méprisé ; mais celui qui se sent rassuré, et par son espérance et par ses œuvres, ouvre aussitôt au Seigneur lorsqu’il frappe à la porte, car il reçoit son Juge avec joie. Et quand le moment de la mort arrive, sa joie redouble à la pensée d’une glorieuse récompense.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Ce zélé missionnaire exerça en France une activité multiforme et féconde, pour affermir dans le jeune clergé et parmi le peuple fidèle le sens du Christ devant la glaciale hérésie des Jansénistes.

Saint Jean Eudes fonda une congrégation de prêtres pour l’éducation des clercs dans les séminaires ; il institua une société de religieuses destinées à recueillir les pécheresses repenties ; par sa prédication et par ses écrits, il propagea la dévotion et le culte liturgique envers les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, de telle sorte qu’il occupe une place principale dans l’histoire de cette belle dévotion. Il mourut le 19 août 1680 et fut canonisé par Pie XI.

La messe est celle du Commun des Confesseurs non pontifes, mais la première collecte est propre.

Prière. — « Seigneur, qui avez merveilleusement embrasé l’âme de votre serviteur Jean pour promouvoir le culte envers les Cœurs très saints de Jésus et de Marie, et qui, par son intermédiaire, avez voulu instituer dans votre Église deux nouvelles familles religieuses ; faites que, vénérant ses glorieux mérites, nous profitions aussi de ses exemples ». La dévotion envers les très saints Cœurs de Jésus et de Marie est très efficace pour favoriser la vie intérieure, car l’esprit de ce culte consiste dans la participation et la conformité à ces dispositions, que le Sauveur et sa bienheureuse Mère nourrirent envers Dieu au temps de leur vie mortelle.et qu’ils ont conservées dans la gloire du ciel. C’est cela même que nous conseille l’Apôtre : Hoc enim sentite in vobis quod et in Christo lesu.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Travailler à obtenir des prêtres zélés.

1. Saint Jean. — Jour de mort : 19 août 1680. Tombeau : A Caen (France). Vie : Le saint est connu comme fondateur d’une congrégation de prêtres séculiers en France qui poursuit le double but de travailler au développement de l’esprit chrétien du peuple par les missions et à la bonne formation du clergé séculier dans les séminaires diocésains. Né en 1601 en Normandie, il entra dès sa jeunesse dans la Congrégation de l’Oratoire, fut ordonné prêtre en 1626, et commença bientôt à parcourir la France comme missionnaire apostolique. Lorsque son ministère apostolique lui eut fait comprendre combien il était nécessaire d’avoir un clergé zélé pour développer l’esprit religieux dans le peuple, il fonda la Congrégation dont nous avons parlé. Il écrivit aussi des livres pour seconder son apostolat, par exemple « Le bon confesseur », « Le prédicateur apostolique ». Il fut durement attaqué par les Jansénistes.

Pratique : La prière liturgique souligne que le saint a fondé une nouvelle Congrégation et surtout qu’il a développé le « culte du Sacré-Cœur et de la Sainte Vierge », et elle demande que nous imitions ses vertus. L’œuvre essentielle du saint fut la formation du clergé séculier. Il savait trop bien que la piété d’un peuple dépend en grande partie de la piété de son clergé. Celui-ci est-il bon et pieux, alors tout va bien aussi pour le peuple. Travaillons dans notre modeste sphère à obtenir de bons prêtres ; soutenons de pieux jeunes gens dans leurs études ; surtout prions pour les prêtres. La messe est du commun des confesseurs (Os justi).

2. L’espérance terrestre et l’espérance céleste. — Prenons une fois encore la messe du commun « Os justi » et comparons les deux lectures. Toutes deux traitent d’une conception pratique de l’idéal chrétien ; ce sont donc les deux côtés d’une même médaille. L’Épître fait l’éloge de l’homme qui « ne court pas après l’or et ne met pas ses espérances dans l’argent et les trésors ». C’est le côté négatif. Le païen, l’homme selon la nature fait tous ses efforts pour jouir de la prospérité sur terre. Ses pensées et ses actes ne tendent qu’à acquérir dans la plus large mesure possible les biens de la fortune. Son espérance est tout entière rivée à la terre. Et pourtant, demanderai-je, la plupart des chrétiens ne sont-ils pas eux aussi remplis de cette espérance ? Ils sont pieux ; ils servent Dieu ; mais ils ne méritent pas cet éloge. Ils sont encore loin de se tenir au-dessus des biens de la terre. Sur le fond sombre de la leçon, l’Évangile se détache en pleine lumière. Ici le Sauveur fait le portrait de l’homme dont l’espérance est au ciel. C’est une peinture saisissante : Le serviteur qui, dans la nuit, tient sa lampe allumée et a les reins ceints pour attendre son maître. Si nous supprimons l’image, c’est la contre-partie de l’homme « qui court après l’or »... Le serviteur attend son Maître dans la nuit de la vie. C’était l’attitude des chrétiens de la primitive Église. La vie, c’est la nuit ; elle est pleine du désir de la venue du Maître. Dans cette vie, il n’y a pas place pour « l’espoir en l’or et dans les trésors » ; les biens de la terre ont perdu tout leur éclat : ils ne sont tout au plus que des moyens d’atteindre la fin éternelle. Avec la robe et le flambeau du baptême, le chrétien est là, toujours prêt, attendant la venue du Maître. C’est le saint, tel que le voit la liturgie. Travaillons, nous aussi, à réaliser cette attitude.

Et comme, avec ces réflexions, la messe quotidienne nous sera précieuse ! Elle nous mettra de nouveau en garde contre l’amour des biens de ce monde, elle nous invitera à cette vigilance toujours prête. Si chaque jour, à la messe, nous attendons le Maître « avec la lampe allumée et les reins ceints », alors nous serons certainement prêts pour sa dernière venue à l’heure de la mort.