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14/05 St Boniface, martyr

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Le culte de sainte Boniface est attesté sur l’Aventin au VIIe siècle. Le calendrier de Naples le fixe au 14 mai, celui des Byzantins au 19 décembre. Au XIème siècle, le monastère édifié près de la basilique de saint Boniface était l’un des plus importants, sinon le principal, de la Ville, une sorte de « séminaire » pour les pays slaves (Adalbert de Prague s’y réfugia à deux reprises entre 989 et 996). C’est ainsi que le culte du titulaire de la basilique se répandit dans Rome. Au XIIème siècle, il entre dans le calendrier du Latran et de Saint-Pierre.

Textes de la Messe

die 14 maii
le 14 mai
SANCTI BONIFATII
SAINT BONIFACE
Martyris
Martyr
Commemoratio (ante CR 1960 : simplex)
Commémoraison (avant 1960 : simple)
Missa Protexísti, de Communi Martyrum T.P. I loco, cum orationibus ut infra :Messe Protexísti, du Commun des Martyrs au T.P. I, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio PCollecte P
Da, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui beáti Bonifátii Mártyris tui sollémnia cólimus, eius apud te intercessiónibus adiuvémur. Per Dóminum. Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que nous, qui célébrons la fête de votre bienheureux Martyr Boniface, nous recevions l’assistance de son intercession.
Secreta C3Secrète C3
Munéribus nostris, quǽsumus, Dómine, precibúsque suscéptis : et cæléstibus nos munda mystériis, et cleménter exáudi. Per Dóminum nostrum.Ayant accueilli nos dons et nos prières, nous vous en supplions, Seigneur, purifiez-nous par ces célestes mystères, et exaucez-nous dans votre clémence.
Postcommunio C4Postcommunion C4
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto Bonifátio Mártyre tuo, sentiámus efféctum. Per Dóminum.Nourris par la participation du don sacré, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de faire que, le bienheureux Boniface votre Martyr intercédant pour nous, nous ressentions l’effet du mystère que nous célébrons.
Pro votiva extra Tempus Paschale Missa In virtúte,de Communi unius Martyris 3 loco, cum Orationibus, ut supra.Aux Messes votives en dehors du Temps pascal, Messe In virtúte, du commun d’un Martyr 3, avec les oraisons ci-dessus.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Troisième leçon. Boniface, citoyen romain, avait eu des rapports illicites avec une noble dame, nommée Aglaé ; il fut saisi d’une telle douleur de cette faute que pour en faire pénitence, il se consacra à rechercher et à ensevelir les corps des Martyrs. Ayant quitté ses compagnons de voyage, et voyant que dans la ville de Tarse, on mettait à la torture et on tourmentait de diverses manières beaucoup de Chrétiens à cause de leur foi, il baisa leurs liens et les exhorta avec véhémence à supporter courageusement jusqu’au bout des supplices dont la douleur passagère serait suivie d’un repos éternel. Il fut arrêté, et on déchira son corps avec des ongles de fer ; on lui enfonça aussi des roseaux pointus sous les ongles des mains, et on lui versa du plomb fondu dans la bouche. Au milieu de ces tourments on ne lui entendait dire que ces paroles : « Je vous rends grâces, Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu ». On jeta ensuite Boniface la tête en bas dans une chaudière de poix bouillante, mais il en fut retiré sain et sauf ; alors le juge transporté de colère, ordonna de lui trancher la tête. Au même moment il se fit un grand tremblement de terre, et ce prodige convertit beaucoup d’infidèles à la foi du Seigneur Jésus-Christ. Le jour suivant, ses compagnons qui le cherchaient, ayant appris qu’il avait souffert le martyre, rachetèrent son corps pour cinq cents pièces d’argent, et, l’ayant embaumé et enveloppé de linceuls, ils le firent transporter à Rome. Aglaé, qui, elle aussi, s’était vouée à la pénitence et aux œuvres de piété, ayant connu par un Ange ce qui s’était passé, alla au-devant des saintes reliques, et bâtit une église sous le nom de Boniface. Le corps du Martyr fut enseveli aux nones de juin ; son âme était partie pour le ciel, la veille des ides de mai, à Tarse, en Cilicie, sous les empereurs Dioclétien et Maximien.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

L’Apôtre des Gentils, expliquant le mystère de la Pâque, nous apprend que le baptême est le tombeau de nos péchés, d’où nos âmes s’élancent, glorieuses et rayonnantes de vie, à la suite du Rédempteur. La foi catholique nous enseigne que celui qui donne sa vie pour Jésus-Christ ou pour son Église, lave dans son propre sang toutes les taches de son âme, et ressuscite à la vie éternelle : obtenant ainsi une seconde fois le privilège du baptisé, bien qu’il ait déjà été marqué du sceau unique et ineffaçable de la régénération. Or voici qu’aujourd’hui un pécheur purifié par le martyre, baptisé de nouveau dans son sang, est admis à partager la gloire des compagnons de Jésus ressuscité. Boniface a scandalisé Rome par une vie coupable ; tout à coup il a entendu l’appel de la grâce divine, et sans regarder derrière lui, il est allé se placer au premier rang des athlètes du Christ, n’aspirant qu’à effacer sous l’effort des tourments les souillures que les voluptés de la chair lui avaient fait contracter. Transformé par la souffrance, il brille en ce jour, aux yeux de la chrétienté, d’un éclat non pareil, et vient ajouter au diadème de notre divin triomphateur une pierre précieuse d’un reflet tout nouveau.

Votre retour, ô Boniface, causa aux Esprits célestes une joie supérieure à celle qu’ils ressentaient de la fidélité de quatre-vingt-dix-neuf justes ; mais cette allégresse que leur inspirait votre conversion s’accrut encore, lorsqu’ils virent que ce n’était pas seulement un pénitent, mais un martyr, que le ciel acquérait en vous. Recevez les félicitations de la sainte Église, qui se glorifie de vos victoires. Rome conserve encore votre dépouille sacrée dans le sanctuaire qui s’élève, au mont Aventin, sur l’emplacement de la demeure de celle qui fut la complice de vos égarements et l’émule de votre pénitence. L’un et l’autre vous attestez la puissance des miséricordes de notre divin Ressuscité, qui vous a rappelés delà mort de l’âme à la vie de la grâce. Saint martyr, prenez pitié des pécheurs que la Pâque n’a pas ramenés aux pieds du Rédempteur. L’Alléluia a retenti, et leur sommeil de péché n’en a pas été troublé. Priez, ô saint martyr, priez pour leur réveil. Les heures sont comptées ; et qui sait s’il sera donné à ces morts volontaires de voir se lever une autre Pâque ? Nous espérons cependant encore en la miséricorde divine, qui a donné sa mesure en faisant de vous et d’Aglaé deux vases d’élection. Nous prions donc avec vous, ô Boniface, pour la résurrection de nos frères ; nous nous faisons de l’espérance une armure, dans cette lutte pacifique contre la divine justice qui aime souvent à être vaincue par la prière. Aidez nos vœux de votre suffrage, et plusieurs de ceux qui sont morts revivront, et ils réjouiront comme vous les saints Anges par leur retour.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Ce Saint, mentionné dans le Hiéronymien — Romae Isidori, Bonefacii — et que les tardifs Actes de son martyre voudraient faire passer pour un citoyen romain martyrisé à Tarse, mais enseveli sur la voie Latine, n’apparaît jamais dans les anciens documents liturgiques de Rome. Si le titulaire du monasterium Sancti Bonifacii sur l’Aventin est différent du martyr Bonifatius ou Bonifacianus mentionné par les anciens Itinéraires sur la voie Salaria vetus, l’église de l’Aventin, déjà citée comme diaconie sous Léon III, dut être bâtie probablement grâce à l’influence des Orientaux résidant dans la Ville éternelle. En effet, la légende de saint Boniface révèle une main orientale ; de plus, ce martyr est célébré dans les Menées des Grecs le 19 décembre.

Malgré l’incertitude de l’identification de ce Boniface oriental avec l’un des nombreux martyrs de ce nom, sa basilique acquit pourtant très vite une grande renommée et, au temps de Benoît VII, on y annexa un monastère qui, en raison des nombreux saints qui l’habitèrent, fut salué par Baronius du titre de Séminaire des Saints. Il est certain que là-haut, sur cet Aventin qui avait eu une si grande importance dans la préhistoire de Rome, et sur lequel, au temps d’Athanase et de Jérôme, sainte Marcelle avait inauguré, dans la Ville reine du monde, la vie monastique, sous le patronage de Boniface, Ad limina sancti Martyris invicti Bonifatii, se déroulèrent les plus belles pages de l’histoire du monachisme romain.

La messe Protexisti est entièrement du Commun.

Une des pages de l’Évangile sur lesquelles on réfléchit trop peu de nos jours, et que les prédicateurs proposent trop rarement au peuple, est celle qui concerne les conseils évangéliques de perfection et qui, autrefois, peupla les déserts de monastères. Il est vrai qu’il s’agit de simples conseils ; mais il est bon de méditer ces paroles qu’écrivit un Romain, Grégoire le Grand, à l’empereur Maurice, alors que celui-ci tentait de s’opposer à l’entrée des soldats dans les monastères : « Un grand nombre d’âmes peuvent se sauver même dans le siècle ; mais beaucoup aussi ne parviennent à obtenir le salut éternel qu’à l’ombre du cloître. »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Je te rends grâce, Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Saint Boniface. — Jour de mort : inconnu. Tombeau : dans l’église de Saint-Alexis, à Rome. Vie : D’après des Actes qui ne sont pas entièrement sûrs, Boniface était un citoyen romain. Il vécut un certain temps dans des relations coupables avec une dame distinguée, nommée Aglaé. Mais il conçut un si vif regret de sa vie débauchée qu’il prit la résolution de rechercher les ossements des saints martyrs et de leur donner une sépulture convenable. Il vit à Tarse que beaucoup de chrétiens étaient torturés pour leur foi. Il baisait leurs chaînes et les encourageait à supporter avec constance leurs supplices parce qu’un repos éternel suivrait le bref combat. Il fut enfin arrêté lui-même et sa chair fut déchirée avec des crochets de fer. On lui versa ensuite du plomb fondu dans la bouche. Pendant tous ces supplices, on n’entendait sortir de la bouche de Boniface que ce cri : « Je te rends grâces, Jésus-Christ, Fils de Dieu ». Quand Aglaé qui, de son côté, avait fait pénitence et consacrait sa vie aux bonnes œuvres, apprit par un ange ce martyre, elle s’empressa d’aller recueillir le saint corps ; elle fit bâtir une église en son honneur et l’y déposa. Le martyre de saint Boniface eut lieu le 14 mai à Tarse, en Cilicie, sous les empereurs Dioclétien et Maximien.

Pratique : Pour expier ses péchés, saint Boniface rechercha les ossements des saints martyrs pour leur donner une sépulture honorable. Cette pénitence nous paraît aujourd’hui assez singulière. Et pourtant elle fut agréable au Seigneur. Ce pénitent fut lui-même martyr et, au milieu de ses plus terribles tourments, il disait sans cesse : « Je te rends grâces, Jésus-Christ, Fils de Dieu ». — La messe est du commun des martyrs (Protexisti).