Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Mort en 1463, canonisé en 1588, fête en 1598, d’abord le 12 novembre, puis le 13 novembre à partir de 1671.
Missa Iustus, de Communi Confessoris non Pontificis 2 loco, præter orationem sequentem : | Messe Iustus, du Commun d’un Confesseur non Évêque, sauf l’oraison suivante : |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens sempitérne Deus, qui dispositióne mirábili infírma mundi éligis, ut fórtia quæque confúndas : concéde propítius humilitáti nostræ ; ut, piis beáti Dídaci Confessóris tui précibus, ad perénnem in cælis glóriam sublimári mereámur. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout-puissant et éternel, qui, par une providence admirable, choisissez ce qu’il y a de plus faible dans le monde pour confondre ce qu’il y a de plus fort ; soyez propice à notre humilité, et accordez-nous grâce aux pieuses prières de votre bienheureux Confesseur Didace, d’être élevés dans les cieux à la gloire éternelle. |
Secreta C | Secrète C |
Præsta nobis, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nostræ humilitátis oblátio et pro tuórum tibi grata sit honóre Sanctórum, et nos córpore páriter et mente puríficet. Per Dóminum. | O Dieu tout-puissant, accordez-nous, s’il vous plaît, que cette offrande que vous présente notre bassesse en l’honneur de vos Saints vous soit agréable à cause d’eux, et nous purifie en notre corps ainsi qu’en notre âme. |
Postcommunio C | Postcommunion C |
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui cæléstia aliménta percépimus, intercedénte beáto Dídaco Confessóre tuo, per hæc contra ómnia advérsa muniámur. Per Dóminum nostrum. | Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites qu’ayant reçu un aliment tout céleste et que le bienheureux Didace votre Confesseur, intercédant pour nous, nous soyons grâce à ses secours munis contre toutes les adversités. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Didace naquit en Espagne, au bourg de Saint-Nicolas-de-Port, au diocèse de Séville. Dès son jeune âge, et sous la direction d’un prêtre pieux, il s’exerça, dans une église solitaire, aux premières pratiques d’une vie plus sainte que celle des chrétiens ordinaires. Ensuite, pour s’attacher plus fermement à Dieu, il se rendit à Arrizafa, chez les Frères Mineurs, que l’on appelle Observantins, et fit profession de la règle de saint François, comme frère lai. Là, se soumettant avec un joyeux empressement au joug de l’humble obéissance et de l’observance régulière, adonné surtout à la contemplation, il reçut de Dieu des lumières si vives et si pénétrantes, qu’il parlait des choses du ciel d’une manière merveilleuse et toute divine, quoique n’ayant fait aucune étude littéraire.
Cinquième leçon. Dans les îles Canaries, où il fut chargé de la conduite des frères de son Ordre, et où son désir ardent du martyre fut en partie satisfait par toutes sortes de tribulations, ses paroles et ses exemples convertirent à la foi de Jésus-Christ un grand nombre d’infidèles. Étant revenu à Rome l’année du jubilé, sous le pontificat de Nicolas V, et destiné au soin des malades dans le couvent de l’Ara Cœli, il remplit cette charge avec une charité si ardente que, malgré la disette qui désolait la ville, les malades confiés à ses soins, et dont parfois il guérissait les ulcères en les baisant, ne manquèrent jamais de ce qui leur était nécessaire. On vit briller encore en lui une foi très vive et le don de guérir les malades, en leur faisant des onctions en forme de croix, avec l’huile d’une lampe qui brûlait devant l’image de la bienheureuse Mère de Dieu, qu’il honorait avec la plus grande dévotion.
Sixième leçon. Enfin, étant à Alcala de Hénarès, et sentant que la fin de sa vie était proche, n’ayant sur lui qu’une vieille robe toute déchirée, les yeux fixés sur la croix, il prononça très dévotement ces paroles de l’hymne sacrée : « Doux bois, doux clous, portant un doux ; fardeau, qui avez été dignes de porter le Roi des cieux, le Seigneur. » Ayant achevé ces paroles, il rendit son âme à Dieu, la veille des ides de novembre, en l’an du Seigneur mil quatre cent soixante-trois. Son corps demeura plusieurs mois sans sépulture, afin de satisfaire le pieux désir de ceux qui accouraient pour le voir ; et, comme s’il ; eût été déjà revêtu de l’incorruptibilité, il s’en exhalait une odeur très suave. De nombreux et éclatants miracles ayant rendu Didace célèbre, le Pape Sixte-Quint le mit au nombre des Saints.
L’humble frère lai, Diego de Saint-Nicolas, rejoint au ciel, près de son père saint François, Bernardin de Sienne et Jean de Capistran qui le précédèrent de quelques années. Ceux-ci ont laissé l’Italie, l’Europe entière, vibrantes toujours des échos de leur voix qui pacifiait les villes au nom du Seigneur Jésus, et lançait des armées au-devant du Croissant vainqueur de Byzance. Le siècle qu’ils contribuèrent si puissamment à sauver des suites du grand schisme et à rendre à ses chrétiennes destinées, ne connut guère de Diego que son admirable charité lors de ce jubilé de 1420, aux résultats, il est vrai, si précieux : Rome, redevenue pratiquement non moins que théoriquement la ville sainte aux yeux des nations, vit les pires fléaux impuissants à retenir loin d’elle ses fils [1] ; l’enfer, débordé par le courant inouï qui, des quatre coins du monde, amenait les foules aux sources du salut, en fut retardé de soixante-dix ans dans son œuvre de ruine.
Le bienheureux garde-malades de l’Ara Cœli qui se dépensait alors au service des pestiférés, n’eut sans doute à de tels résultats qu’une part bien minime aux yeux des hommes, surtout si on la rapproche de celle des grands apôtres franciscains ses frères. Or cependant voici que l’Église de la terre, interprète fidèle de celle des cieux, honore aujourd’hui Diego des mêmes honneurs que nous l’avons vue rendre à Bernardin et à Jean. Qu’est-ce à dire sinon derechef que, devant Dieu, les hauts faits des vertus cachées au monde ne le cèdent point à ceux dont l’éclat ravit la terre, si procédant d’une même ardeur d’amour, ils produisent dans l’âme un même accroissement de la divine charité ?
Le pontificat de Nicolas V qui présida l’imposant rendez-vous des peuples aux tombeaux des Apôtres en 1450, fut aussi et demeure justement admiré pour l’essor nouveau qu’il donna sur les sept collines au culte des lettres et des arts ; car il appartient à l’Église de faire entrer dans sa couronne, à l’honneur de l’Époux, tout ce que l’humanité estime à bon droit grand et beau. Présentement néanmoins, quel humaniste d’alors, ainsi qu’on appelait les lettrés de ce temps, ne préférerait la gloire du pauvre Frère mineur sans lettres à celle dont les éphémères rayons lui firent si vainement se promettre l’immortalité ! Au quinzième siècle, comme toujours, Dieu choisit le faible et l’insensé pour confondre les sages [2] ; l’Évangile a toujours raison.
Dieu tout-puissant et éternel qui, par une disposition admirable, faites choix de ce qui est faible en ce monde pour confondre ce qui est fort ; daignez accorder à notre humilité que par les pieuses prières du bienheureux Diego , votre Confesseur, nous méritions d’être élevés à la gloire éternelle des cieux [3]. » C’est la demande que l’Église fait monter vers le Seigneur à toutes les heures liturgiques de cette fête qui est la vôtre, ô Diego. Appuyez ses supplications ; votre crédit est grand près de Celui que vous suivîtes avec tant d’amour dans la voie de l’humilité et de la pauvreté volontaire. Voie royale en toute vérité, puisque c’est elle qui vous amène aujourd’hui à ce trône dont l’éclat fait pâlir tous les trônes de la terre. Même ici-bas, combien à cette heure votre humaine renommée dépasse celle de tant de vos contemporains non moins oubliés qu’ils furent illustres un jour ! C’est la sainteté qui distribue les seules couronnes durables pour les siècles présents comme pour les éternels ; car c’est en Dieu qu’est le dernier mot comme la suprême raison de toute gloire, de même qu’en lui est le principe de la seule vraie félicité pour cette vie et pour l’autre. Puissions-nous tous, à votre exemple et par votre aide, ô Diego, en faire la bienheureuse expérience.
Cet humble frère franciscain, célèbre par ses nombreux miracles, mérite une place d’honneur dans le calendrier de l’Église Mère, parce que Rome chrétienne, durant l’année jubilaire de 1425, fut témoin de sa sainteté. Le frère Didace résidait alors au couvent d’’Ara Cœli, et était attaché au service de l’infirmerie. Il mourut à Alcala de Hénarès le 12 novembre 1463 et fut canonisé par un pape franciscain, Sixte-Quint, lequel, en 1585 inscrivit son nom dans le calendrier romain.
La messe Justus est du commun.
La première collecte est la suivante : « Dieu éternel et tout-puissant, qui par une disposition admirable choisissez les instruments les plus faibles pour confondre l’orgueil du siècle ; nous vous demandons, par les pieuses prières du bienheureux Didace, d’accorder aussi à notre petitesse de monter jusqu’à la gloire céleste. »
L’orgueil est la luxure de l’âme qui se complaît en elle-même. C’est pourquoi Dieu n’emploie jamais les orgueilleux pour ses grandes œuvres, car ceux-ci lui en déroberaient la gloire, et d’autre part ils ne seraient pas des instruments assez souples entre ses mains. Au contraire, il confond les superbes, les abattant, comme le géant Goliath, avec une pierre et une frondé, c’est-à-dire par des moyens humbles et disproportionnés, afin que la gloire de la victoire soit toute pour le Seigneur.
« Aimable bois, aimables clous ! »
Saint Didace (Diégo, Jacques), un espagnol, fut frère lai de l’Ordre de Saint François, au monastère de Cordoue. Comme missionnaire il visita les îles Canaries, où il dirigea même le monastère qu’il y avait fondé. A Rome, le pape Nicolas V lui confia le soin des malades du célèbre monastère de l’Ara Cœli. Il lui arriva souvent d’essuyer les plaies des malades avec sa propre langue ; il guérit miraculeusement nombre de malades avec l’huile de la lampe qui brûlait devant l’image de la Très Sainte Vierge, ainsi que par l’usage du signe de la croix. A Alcala, saint Didace eut le pressentiment de sa mort prochaine. Enveloppé d’un vêtement râpé, les yeux fixés sans arrêt sur le Crucifix, il récita avec une ardente ferveur ces paroles de l’hymne : « Aimable bois, aimables clous qui supportez un si doux poids, qui seuls étiez dignes de porter le Roi du ciel et de la terre ! » Puis il mourut le 12 novembre 463. Son corps repose à Alcala, en Castille. — La Messe est du commun des confesseurs (Justus ut palma). Cette messe reflète bien la vie mortifiée du saint ; l’Oraison parle de son humilité que nous devons demander la grâce d’obtenir.
Pratique : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu au Père de te donner son royaume. » Ce mot de l’Évangile nous apporte consolation et enseignement ; le vrai christianisme possède pour nous aussi deux marques : 1° le chrétien est toujours un isolé ; le monde suit la voie large des bas-fonds ; le chrétien doit suivre le chemin des hauteurs solitaires. Ne soyons pas étonnés que notre entourage ne nous comprenne pas et nous traite d’excentriques ; cela est arrivé aux Apôtres (voir l’Épître d’aujourd’hui), cela est arrivé aux saints. Les chrétiens sont une élite. 2° Mais le troupeau du Christ est petit aussi dans un autre sens : il est humble, il tient ses vertus cachées. Soyons persuadés que cela seul plaît à Dieu que les hommes ne remarquent pas, n’estiment pas. Mais Dieu se sert de ces petits comme instruments de sa grâce et de sa puissance. « Dans votre admirable sagesse, vous choisissez ce qui est faible aux yeux du monde pour confondre tout ce qui est fort. » Soyons un « petit troupeau » !