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30/09 St Jérôme, confesseur et docteur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Benoît XVI, catéchèses, 7 et 14 novembre 2007  

Né vers 340, mort à Bethléem le 30 septembre 420 comme l’atteste le Chronicon de Prosper d’Aquitaine.

Fête dès le VIIIème siècle dans le sacramentaire de Gellone, puis la fête se diffuse et aux IXe et Xe siècles elle est générale en Occident : Rome l’accueille au XIe siècle

Au bréviaire avant 1960, au lieu de lire une des 3 homélies prévues sur l’évangile de la messe du commun des Docteurs (St Augustin, St Hilaire ou St Jean Chrysostome), on lit un commentaire de St Jérôme sur cet évangile.

Textes de la Messe

die 30 septembris
le 30 septembre
SANCTI HIERONYMI
SAINT JÉRÔME
Presb, Conf. et Eccl. Doct.
Prêtre, Confesseur et Docteur de l’Eglise
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa In médio, de Communi Doctorum, cum orationibus ut infra :Messe In médio, du Commun des Docteurs, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio.Collecte
Deus, qui Ecclésiæ tuæ in exponéndis sacris Scriptúris beátum Hierónymum, Confessórem tuum, Doctórem máximum providére dignátus es : præsta, quǽsumus ; ut, eius suffragántibus méritis, quod ore simul et ópere dócuit, te adiuvánte, exercére valeámus. Per Dóminum.O Dieu, qui avez ménagé à votre Église pour expliquer les saintes Écritures, un éminent Docteur dans la personne du bienheureux Jérôme, votre Confesseur, faites nous vous en prions, que, secondés par ses mérites, nous puissions, votre grâce aidant, pratiquer ce qu’il a enseigné tout à la fois au moyen de la parole et de l’action.
SecretaSecrète
Donis cæléstibus da nobis, quǽsumus, Dómine, líbera tibi mente servíre : ut múnera, quæ deférimus, interveniénte beáto Hierónymo Confessóre tuo, et medélam nobis operéntur et glóriam. Per Dóminum.Par ces dons céléestes, donnez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, de vous servir l’âme libre, afin que les offrandes que nous vous présentons nous procurent, par l’intercession du bienheureux Jérôme votre Confesseur, la guérison et la gloire.
PostcommunioPostcommunion
Repleti alimónia cælésti, quǽsumus, Dómine : ut, interveniénte beáto Hierónymo Confessóre tuo, misericórdiæ tuæ grátiam cónsequi mereámur. Per Dóminum nostrum.Nourris de l’aliment céleste, nous vous prions, Seigneur, par l’intercession du bienheureux Jérôme votre Confesseur, de nous faire mériter d’obtenir la grâce de votre miséricorde.

Office

Leçons des Matines avant 1960

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Jérôme, fils d’Eusèbe, né à Strido en Dalmatie, sous le règne de Constance, reçut le baptême à Rome, pendant son adolescence, et y fut instruit des sciences libérales à l’école de Donat et d’autres savants très distingués. Poussé par le désir d’apprendre davantage, il parcourut la Gaule, où il entretient des relations avec quelques hommes pieux et versés dans les saintes Écritures, et transcrivit de sa main plusieurs livres sacrés. Bientôt après, Jérôme se dirigea vers la Grèce ; il y arriva déjà instruit de la philosophie et de la rhétorique, et ses talents ne firent que se développer dans un commerce intime avec les plus fameux théologiens. Mais il fut surtout le disciple assidu de Grégoire de Nazianze à Constantinople, et lui-même déclare qu’il doit à ce docteur sa science des saintes Lettres. Puis, il visita par dévotion le berceau de notre Seigneur Jésus-Christ, et parcourut toute la Palestine. Il affirme que ce pèlerinage, en le mettant en relation avec des Hébreux très érudits, lui profita beaucoup pour saisir le sens de l’Écriture sacrée.

Cinquième leçon. Il se retira ensuite dans une vaste solitude de la Syrie, et s’y livra pendant quatre années à l’étude des saints Livres et à la méditation de la béatitude céleste, se mortifiant par une abstinence perpétuelle, par les macérations de la chair, et versant des larmes abondantes. Paulin, Évêque d’Antioche, l’ayant ordonné Prêtre, Jérôme partit pour Rome, afin d’y conférer avec le Pape Damase, au sujet des controverses de certains Evêques avec Paulin et Épiphane, et aida le souverain Pontife dans la rédaction de ses lettres aux Églises. Mais comme le désir de regagner son ancienne solitude ne le quittait pas, il retourna en Palestine, et adopta un genre de vie tout céleste, dans le monastère fondé par Paule, dame romaine, à Bethléem, près de la crèche où naquit le Seigneur Jésus-Christ. Bien qu’éprouvé par diverses maladies et souffrances, il dominait les infirmités du corps, en se livrant à de pieux labeurs et en s’adonnant sans relâche à la lecture et à la composition de ses écrits.

Sixième leçon. De toutes les contrées de la terre, on recourait à lui comme à un oracle, pour l’explication des questions relatives aux divines Écritures. Le Pape Damase et saint Augustin le consultèrent souvent sur les passages les plus difficiles des Livres saints, parce qu’il était d’une doctrine suréminente et qu’il connaissait, non seulement le latin et le grec, mais aussi les langues hébraïque et chaldaïque, et qu’en outre, selon le témoignage du même saint Augustin, il avait lu les ouvrages de presque tous les écrivains. Il poursuivit les hérétiques dans des écrits pleins de vigueur et s’attira toujours la faveur des fervents orthodoxes. Il traduisit l’Ancien Testament de l’hébreu en latin, corrigea le Nouveau, sur l’ordre de Damase, d’après les manuscrits grecs, et en commenta une partie importante. De plus, il traduisit en latin un grand nombre d’ouvrages d’hommes instruits, et, par d’autres monuments de son génie, jeta la lumière sur certains points de la discipline chrétienne. Parvenu à un âge très avancé, illustre par sa sainteté et sa doctrine, il partit pour le ciel, sous le règne d’Honorius. Son corps, enseveli d’abord à Bethléem, fut ensuite transporté à Rome, dans la basilique de Sainte-Marie-de-la-Crèche.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? Et le reste.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Les Apôtres et les docteurs sont appelés sel, parce que leur doctrine est le condiment de tout le genre humain. « Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? » Si le docteur s’égare, par quel autre docteur sera-t-il redressé ? « Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » La comparaison est tirée de l’agriculture. En effet, si le sel est nécessaire pour assaisonner les aliments et empêcher les viandes de se corrompre, il n’a point d’autre utilité. Du moins, nous lisons dans les écrits qu’il y eut des villes où la vengeance des vainqueurs fit répandre du sel, afin qu’il ne sortit plus du sol aucune végétation.

Huitième leçon. Que les docteurs et les Évêques se tiennent donc sur leurs gardes et qu’ils considèrent « que les puissants seront puissamment tourmentés, » que s’ils se perdent, il n’y a pas de remède, et que la chute des grands entraîne aux enfers. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » C’est la hardiesse de la prédication qu’il enseigne : il veut que ses Apôtres, au lieu de se cacher par crainte, et de ressembler à une lampe sous le boisseau, se produisent avec une entière liberté et prêchent sur les toits ce qu’ils ont ouï dans le secret.

Neuvième leçon. « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » Soit qu’il ait accompli ce que d’autres avaient prophétisé de sa personne, soit que, faisant porter sa prédication sur les points laissés avant lui à l’état d’ébauche et d’imperfection, à cause de la faiblesse même des auditeurs, il les ait perfectionnés. C’est ainsi qu’il réprouve toute colère, qu’il supprime la peine du talion et condamne la concupiscence cachée au fond du cœur. « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent. » Il nous est promis de nouveaux cieux et une terre nouvelle que fera le Seigneur Dieu. Si donc des choses nouvelles sont à créer, c’est que les anciennes doivent passer.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

« Vital m’est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l’ignore [1] ; celui-là est mien qui adhère à la chaire de Pierre [2]. » Ainsi, vers l’an 376, des solitudes de Syrie troublées parles compétitions épiscopales qui d’Antioche agitaient tout l’Orient, un moine inconnu s’adressait au pontife Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur [3]. C’était Jérôme, originaire de Dalmatie.

Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l’âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l’étude des belles-lettres et de la philosophie s’était montrée impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l’avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre années durant, mater son corps par d’effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d’y sacrifier ses goûts cicéroniens à l’étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette sentence qu’il formulait plus tard : « Aimez la science des Ecritures, et vous n’aimerez pas les vices de la chair [4]. » Revenant donc à l’alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes [5] dont l’héroïque conquête rappela toujours le prix qu’elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même [6]. Toute l’énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s’y consacra, s’y endigua pour la vie [7].

Dieu reconnut magnifiquement l’hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons aujourd’hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d’autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde [8]. Et cette lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison [9]. Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d’autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce [10]. Damase, docteur vierge de l’Église vierge [11], le chargeait de répondre en son nom aux consultations de l’Orient comme de l’Occident [12], et obtenait qu’il commençât par la révision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la reconnaissance du peuple chrétien. Sur ces entrefaites, la réfutation d’Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage, d’autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus qui sont l’honneur de la terre ; par le sel des Écritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l’empire.

Étrange phénomène pour l’historien sans foi : voici qu’autour de ce Dalmate, à l’heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints depuis le jour où s’assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu’allumeront les Barbares, la capitale qu’ils donnèrent au monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure en tête de l’armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l’Apôtre quatre siècles plus tôt [13] : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme, nombreux parmi les moines [14].

La phalange patricienne constitue le meilleur de l’armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d’antique grandeur ; mais dans ses rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l’épouse en même temps que l’époux. C’est Marcella, qui la première, de son palais de l’Aventin, lève l’étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu’honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître disparu, sera, quoi qu’en ait son humilité, l’oracle consulté par tous dans les difficultés des Écritures [15]. C’est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les Fabii, les Scipions. C’en est trop pour le prince du monde, Satan [16], qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont comptées. Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes [17]. Vainement la prudente Marcella prédit l’orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d’autres peuvent bien oser faire [18]. Il a compté sans la mort de Damase survenue à l’heure même, sans la faction des ignorants jaloux [19] qui, pareillement, n’attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d’autrefois [20].

Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléhem, où les souvenirs de l’enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu’elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix ne cessera point de tenir en éveil les échos de l’Occident. Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique [21] des Livres saints, que l’imperfection de l’ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l’Église de faussaire [22].

« Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l’Eglise, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu [23]. » Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d’irréductibles ennemis l’émeuvent plus qu’il ne se l’avoue : « Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de vos prières à mes aboyeurs [24]. »

Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s’alarmaient pour l’autorité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l’Église [25] ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d’argent et d’or, qu’il faudrait donc voir déprécier maintenant. « Eh ! qu’ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres cahiers, » s’écrie Jérôme exaspéré [26]. « C’est pourtant vous qui me forcez à subir tant d’inepties comme tant d’injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper court au mal, mieux vaudrait m’imposer silence [27]. »

Ni la mère, ni la fille ne l’entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre [28]. Ayant observé qu’une première révision faite par lui du Psautier [29] sur le grec des Septante n’avait pas suffi à fixer le texte, elles en obtinrent une seconde [30], celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l’Ancien Testament sur l’hébreu ou le chaldéen [31]. Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu’il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l’original [32].

Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s’excusait agréablement de ce qu’une moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : « Principia, ma fille en Jésus-Christ, je sais que plusieurs trouvent mauvais qu’il m’arrive parfois d’écrire aux femmes ; qu’on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m’interrogeaient sur l’Écriture, ce n’est pointa celles-là que je répondrais [33]. »

Mais voici qu’un message d’allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d’un frère d’Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule est née dans Rome. Vouée à l’Époux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l’Alléluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d’aller les trouver bientôt. « Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement ; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j’aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu’Aristote ; car lui n’élevait qu’un roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux [34]. »

Bethléhem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d’y continuer l’œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l’ange du passage de ce monde à l’éternité.

L’heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce fut Paula l’ancienne qui partit la première, chantant : J’ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d’habiter les pavillons des pécheurs [35]. Devant l’affaissement mortel où Jérôme parut devoir s’annihiler pour toujours [36], Eustochium brisée refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C’est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions [37] reprendre aussi ses commentaires du texte ; il va passer d’Isaïe [38] au prophète Ézéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l’inexprimable douleur de ces temps : « Rome est tombée ; elle est éteinte la lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l’univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts [39] ? »

Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l’implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses larmes [40]. Aimant encore mieux pratiquer qu’enseigner l’Écriture [41], il donnait aux devoirs de l’hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l’étude à ses yeux presque aveugles [42]. Études pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour [43], et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu’on lise l’avant-propos de chacun des quatorze Livres sur Ézéchiel, et l’on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre l’hérésie [44].

Car on eût dit que l’hérésie prenait du bouleversement du monde l’occasion de nouvelles audaces. Forts de l’appui que leur prêtait l’évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s’armèrent une nuit de la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l’incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l’anxiété de cette nuit terrible avait achevé de consumer ses forces épuisées. Jérôme l’ensevelit près de la crèche de l’Enfant-Dieu comme il avait fait la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à mourir.

Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Église. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà s’annonce l’aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans les voies austères de l’expiation. Moine, historien de grands moines [45] père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l’esprit de travail et de prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l’angélique vertu.

O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l’Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères [46]. La clef de David [47] vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux multiples des Écritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre [48]. C’est pourquoi l’Église de la terre chante aujourd’hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l’interprète officiel du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées. En même temps que l’hommage de l’Épouse et de la Mère, daignez agréer notre personnelle gratitude. Puisse le Seigneur, à votre prière, nous renouveler dans le respect et l’amour que mérite sa divine parole. Par vos mérites, puissent, autour du dépôt sacré, se multiplier les doctes et leurs recherches savantes. Mais que nul ne l’oublie : c’est à genoux qu’on doit écouter Dieu, si l’on veut le comprendre. Il s’impose, et ne se discute pas : bien qu’entre les interprétations diverses auxquelles peuvent donner lieu ses divins messages, il soit permis de chercher, sous le contrôle de son Église, à dégager la vraie ; bien qu’il soit louable d’en scruter sans fin les augustes profondeurs. Heureux qui vous suit dans ces études saintes ! Vous le disiez : « vivre au milieu de pareils trésors, s’y absorber, ne savoir, ne chercher rien autre, n’est-ce pas habiter déjà plus aux cieux qu’en terre ? Apprenons dans le temps ce dont la science doit nous demeurer toujours [49]. »

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Aujourd’hui le Martyrologe Hiéronymien indique dans le territoire de Jérusalem castello Betlehem, depositio Ieronymi presbyteri. Sophronius Aurelius Jérôme naquit à Strido et, déjà de son vivant, il eut la renommée de docteur et d’oracle universel dans l’interprétation des saintes Écritures, à ce point que les plus grands Docteurs, entre autres saint Augustin et saint Grégoire, célèbrent d’une manière particulière sa sagesse et sa vertu.

Si Augustin le surpasse en doctrine, Jérôme est sans doute le plus érudit des Pères de l’antiquité. Ce qui constitue toutefois comme la caractéristique du saint Docteur de Bethléem, c’est qu’il fut le plus puissant polémiste de l’Église catholique contre tous les différents germes d’hérésies qui s’étaient propagées au IVe siècle dans le monde romain.

De même que l’état épiscopal constitue comme le fond sur lequel ressort, si belle, la figure d’Augustin, ainsi le tableau sur quoi se détache, grandiose, la mâle vertu de Jérôme, c’est sa profession monastique. Il veut être par-dessus tout un moine, et, avant d’accepter le sacerdoce, il obligera Paulin, évêque d’Antioche, à lui promettre que sa nouvelle dignité ne sacrifiera point sa vocation monacale.

Tel un autre Jean-Baptiste, Jérôme, couvert d’un cilice et nourri de jeûne, ressemble à l’une de ces plantes tropicales qui se dressent au milieu du désert. Son rugissement est entendu jusqu’aux extrêmes confins de la terre, car, tandis que chaque jour des caravanes d’évêques et de fidèles affluaient à Bethléem pour voir Jérôme et conférer avec lui, là où n’atteignait pas sa voix arrivaient ses écrits, dans lesquels ou il expliquait les saintes Écritures, ou il discutait avec les hérétiques. Un témoin oculaire, Sulpice Sévère, écrit à son sujet : « II est continuellement plongé dans les études et sur les livres ; il ne se donne de repos ni jour ni nuit, il est sans cesse occupé ou à lire, ou à écrire [50]. » Saint Jérôme mourut, presque nonagénaire, le 30 septembre 420, et fut enseveli à Bethléem, près de la Crèche du Seigneur.

Rome, qui le vit une première fois dans ses murs jeune étudiant, puis, aux côtés du pape Damase, tout appliqué à aider le Pontife dans l’expédition des affaires ecclésiastiques du monde entier, doit à saint Jérôme — un jour même candidat à la chaire de saint Pierre — sa version des Livres saints, l’introduction du chant alléluiatique à la messe dominicale, la diffusion de la vie monastique au sein du patriciat, et, enfin, la célébration quotidienne de l’office divin.

Plusieurs églises conservent vivant, dans la Ville éternelle, le souvenir du Doctor maximus des saintes Écritures. Outre son autel dans la Basilique Libérienne près de la Crèche du Sauveur, un oratoire était dédié à saint Jérôme sur le Quirinal ; un autre existe encore dans le voisinage de Saint-Laurent in Damaso, là même où saint Philippe Neri donna naissance à sa Congrégation de l’Oratoire ; et enfin, dans le quartier du Champ-de-Mars, fut érigé au XVe siècle par les Dalmates un autre sanctuaire en l’honneur du saint Docteur leur compatriote.

La messe est celle des Docteurs, mais les collectes sont propres. Prière. — « Seigneur qui, pour expliquer les saintes Écritures, avez voulu donner à votre Église un très grand Docteur dans le bienheureux Jérôme ; accordez-nous par ses mérites de pouvoir accomplir nous aussi, avec votre grâce, ce qu’il enseigna par sa prédication et par sa vie. » : Après les Sacrements, il n’est rien de plus vénérable que les Livres saints, qui contiennent le message de Dieu au peuple fidèle. C’est pourquoi les anciens, qui les étudiaient assidûment et les commentaient au peuple à l’église, transcrivaient par respect les saintes Écritures en caractères d’or sur du parchemin pourpré et les recouvraient de plaques d’ivoire ou d’argent enrichies de perles ou de pierres précieuses. Aujourd’hui encore dans les églises byzantines, il est de règle que le livre des Évangiles soit gardé, comme la sainte Eucharistie, sur la table de l’autel.

Sur les ablations. — « Par vos dons célestes, accordez-nous, Seigneur, de vous servir en toute liberté d’esprit, afin que, par l’intercession du bienheureux Jérôme, les oblations que nous vous présentons maintenant nous servent de remède et nous donnent le gage de la gloire future. » : La liberté d’esprit consiste à s’affranchir de la tyrannie du péché et des passions. Loin de la négliger, elle exige donc la mortification la plus circonspecte.

Après la Communion. — « Maintenant que nous avons reçu l’Aliment céleste, nous vous demandons, Seigneur, que, par les prières du bienheureux Jérôme, nous puissions obtenir la grâce de votre miséricorde. » Ainsi ce pauvre moine, tout tremblant de froid et de faim, doit recouvrir de ses immenses mérites notre misère spirituelle, parce que, dans la délicatesse raffinée de la civilisation contemporaine, nous ne savons rien refuser à notre chair !

L’esprit de saint Jérôme est bien caractérisé par ces lignes qui démontrent son grand attachement à la foi de Pierre et de l’Église. Il écrivait à Damase : « Je me tiens en communion avec ta sainteté, c’est-à-dire avec le siège de Pierre. Je sais que l’Église est fondée sur cette roche. Hors de l’Église il n’est pas de salut. Celui qui mange l’Agneau hors de cette maison est un profane. Celui qui se tient hors de l’Église du Seigneur ne peut être pur. »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Lisez chaque jour la Sainte Écriture »

Saint Jérôme. — Jour de mort : 30 septembre 420. Tombeau : à Bethléem près de la crèche du Sauveur. Vie : Sophronius Aurélius Hieronymus, (Jérôme), est originaire de Stridon, en Dalmatie ; il reçut le saint baptême à Rome, étant déjà adulte, et se consacra ensuite aux études théologiques ; en Terre Sainte, il étudia à fond l’hébreu. Ordonné prêtre à Antioche, il revint ensuite à Rome près du pape Damase qui le chargea de traduire la Bible. En 385, il retourna en Terre Sainte et se fixa à Bethléem. Là, au berceau du Christ, s’établirent bientôt un monastère d’hommes qu’il dirigea et un monastère de femmes dont la direction fut confiée à la veuve Paula. Il mourut à un âge très avancé (presque 90 ans). Nous lui devons aussi l’introduction du chant de l’Alléluia dans la messe du dimanche, la diffusion de la vie monastique au sein du patriciat romain et la célébration quotidienne du saint office. Saint Jérôme est l’un des quatre Pères de l’Église d’Occident. La grande place qu il tient dans l’Église est due à sa traduction de la Sainte Écriture ; c’est le fruit mûr de ses vastes études ; sa traduction est aujourd’hui encore officiellement en usage dans l’Église sous le nom de Vulgate. Par ses connaissances en exégèse biblique il l’emporta de beaucoup sur tous ses contemporains. Au Moyen Age, on appréciait fort ses lettres. De son vivant, déjà, il était célébré comme le plus grand historien de son temps ; il possédait la langue et la littérature grecques aussi bien que la langue et la littérature latines ; comme hébraïsant, il occupe une place unique dans les temps anciens. L’homme était, en lui, doué d’un tempérament très ardent ; il avait une nature de lutteur.

La Messe et la prière des Heures. — Messe du commun des docteurs (In medio). L’Oraison présente le grand commentateur de la Sainte Écriture. Puisse sa fête renouveler notre désir d’apporter une attention beaucoup plus grande que précédemment à la Sainte Écriture ! Nulla dies sine linea. — Pas un seul jour sans une lecture de la Sainte Écriture ! — C’est une belle coutume de l’Église, qui remonte aux premiers temps, de lire quelques passage des œuvres d’un saint au jour de sa fête. Aujourd’hui aussi, nous trouvons, dans la prière des Heures, une homélie de saint Jérôme sur l’Évangile du jour : « Les Apôtres et les Docteurs sont comparés au sel, parce qu’ils préservent de la corruption le genre humain tout entier. Mais, si le sel vient à se corrompre, avec quoi salera-t-on ? Si le docteur s’égare, quel autre docteur le remettra dans le droit chemin ? Il n’est plus bon qu’à être jeté et foulé aux pieds par les hommes. L’exemple est emprunté à la vie ménagère. De même que le sel est indispensable à l’assaisonnement des mets et à la bonne conservation de la viande, ainsi n’a-t-il pas d’autre usage. Nous lisons dans l’Écriture que certaines villes ont été saupoudrées de sel par la colère du vainqueur afin qu’aucun germe n’y pût désormais pousser. Que les Docteurs et les Évêques prennent donc garde et voient que les grands doivent subir de grands tourments, qu’il n’y a aucun remède à cela, mais que la défection des chefs conduit à la ruine. Vous êtes la lumière du monde. La ville située au sommet de la montagne ne peut demeurer cachée, et l’on n’allume pas un flambeau pour le placer sous le boisseau, mais pour le planter sur le chandelier afin qu’il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Il enseigne à prêcher avec confiance, de peur que les Apôtres ne se cachent par crainte et ne deviennent semblables à la lumière sous le boisseau ; qu’ils se montrent au contraire en toute liberté et que ce qu’ils ont entendu dans leurs chambres, ils le prêchent sur les toits. »

Benoît XVI, catéchèses, 7 et 14 novembre 2007

Chers frères et sœurs !

Nous porterons aujourd’hui notre attention sur saint Jérôme, un Père de l’Église qui a placé la Bible au centre de sa vie : il l’a traduite en langue latine, il l’a commentée dans ses œuvres, et il s’est surtout engagé à la vivre concrètement au cours de sa longue existence terrestre, malgré le célèbre caractère difficile et fougueux qu’il avait reçu de la nature.

Jérôme naquit à Stridon vers 347 dans une famille chrétienne, qui lui assura une formation soignée, l’envoyant également à Rome pour perfectionner ses études. Dès sa jeunesse, il ressentit l’attrait de la vie dans le monde [51], mais en lui prévalurent le désir et l’intérêt pour la religion chrétienne. Après avoir reçu le Baptême vers 366, il s’orienta vers la vie ascétique et, s’étant rendu à Aquilée, il s’inséra dans un groupe de fervents chrétiens, qu’il définit comme un "chœur de bienheureux" [52] réuni autour de l’Évêque Valérien. Il partit ensuite pour l’Orient et vécut en ermite dans le désert de Calcide, au sud d’Alep [53], se consacrant sérieusement aux études. Il perfectionna sa connaissance du grec, commença l’étude de l’hébreu [54], transcrivit des codex et des œuvres patristiques [55]. La méditation, la solitude, le contact avec la Parole de Dieu firent mûrir sa sensibilité chrétienne. Il sentit de manière plus aiguë le poids de ses expériences de jeunesse [56], et il ressentit vivement l’opposition entre la mentalité païenne et la vie chrétienne : une opposition rendue célèbre par la "vision" dramatique et vivante, dont il nous a laissé le récit. Dans celle-ci, il lui sembla être flagellé devant Dieu, car "cicéronien et non chrétien" [57].

En 382, il partit s’installer à Rome : là, le Pape Damase, connaissant sa réputation d’ascète et sa compétence d’érudit, l’engagea comme secrétaire et conseiller ; il l’encouragea à entreprendre une nouvelle traduction latine des textes bibliques pour des raisons pastorales et culturelles. Quelques personnes de l’aristocratie romaine, en particulier des nobles dames comme Paola, Marcella, Asella, Lea et d’autres, souhaitant s’engager sur la voie de la perfection chrétienne et approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu, le choisirent comme guide spirituel et maître dans l’approche méthodique des textes sacrés. Ces nobles dames apprirent également le grec et l’hébreu.

Après la mort du Pape Damase, Jérôme quitta Rome en 385 et entreprit un pèlerinage, tout d’abord en Terre Sainte, témoin silencieux de la vie terrestre du Christ, puis en Égypte, terre d’élection de nombreux moines [58]. En 386, il s’arrêta à Bethléem, où, grâce à la générosité de la noble dame Paola, furent construits un monastère masculin, un monastère féminin et un hospice pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, "pensant que Marie et Joseph n’avaient pas trouvé où faire halte" [59]. Il resta à Bethléem jusqu’à sa mort, en continuant à exercer une intense activité : il commenta la Parole de Dieu ; défendit la foi, s’opposant avec vigueur à différentes hérésies ; il exhorta les moines à la perfection ; il enseigna la culture classique et chrétienne à de jeunes élèves ; il accueillit avec une âme pastorale les pèlerins qui visitaient la Terre Sainte. Il s’éteignit dans sa cellule, près de la grotte de la Nativité, le 30 septembre 419/420.

Sa grande culture littéraire et sa vaste érudition permirent à Jérôme la révision et la traduction de nombreux textes bibliques : un travail précieux pour l’Église latine et pour la culture occidentale. Sur la base des textes originaux en grec et en hébreu et grâce à la confrontation avec les versions précédentes, il effectua la révision des quatre Évangiles en langue latine, puis du Psautier et d’une grande partie de l’Ancien Testament. En tenant compte de l’original hébreu et grec, des Septante et de la version grecque classique de l’Ancien Testament remontant à l’époque préchrétienne, et des précédentes versions latines, Jérôme, ensuite assisté par d’autres collaborateurs, put offrir une meilleure traduction : elle constitue ce qu’on appelle la "Vulgate", le texte "officiel" de l’Église latine, qui a été reconnu comme tel par le Concile de Trente et qui, après la récente révision, demeure le texte "officiel" de l’Église de langue latine. Il est intéressant de souligner les critères auxquels ce grand bibliste s’est tenu dans son œuvre de traducteur. Il le révèle lui-même quand il affirme respecter jusqu’à l’ordre des mots dans les Saintes Écritures, car dans celles-ci, dit-il, "l’ordre des mots est aussi un mystère" [60], c’est-à-dire une révélation. Il réaffirme en outre la nécessité d’avoir recours aux textes originaux : "S’il devait surgir une discussion entre les Latins sur le Nouveau Testament, en raison des leçons discordantes des manuscrits, ayons recours à l’original, c’est-à-dire au texte grec, langue dans laquelle a été écrit le Nouveau Pacte. De la même manière pour l’Ancien Testament, s’il existe des divergences entre les textes grecs et latins, nous devons faire appel au texte original, l’hébreu ; de manière à ce que nous puissions retrouver tout ce qui naît de la source dans les ruisseaux" [61]. En outre, Jérôme commenta également de nombreux textes bibliques. Il pensait que les commentaires devaient offrir de nombreuses opinions, "de manière à ce que le lecteur avisé, après avoir lu les différentes explications et après avoir connu de nombreuses opinions - à accepter ou à refuser -, juge celle qui était la plus crédible et, comme un expert en monnaies, refuse la fausse monnaie" [62].

Il réfuta avec énergie et vigueur les hérétiques qui contestaient la tradition et la foi de l’Église. Il démontra également l’importance et la validité de la littérature chrétienne, devenue une véritable culture désormais digne d’être comparée avec la littérature classique : il le fit en composant le De viris illustribus, une œuvre dans laquelle Jérôme présente les biographies de plus d’une centaine d’auteurs chrétiens. Il écrivit également des biographies de moines, illustrant à côté d’autres itinéraires spirituels également l’idéal monastique ; en outre, il traduisit diverses œuvres d’auteurs grecs. Enfin, dans le fameux Epistolarium, un chef-d’œuvre de la littérature latine, Jérôme apparaît avec ses caractéristiques d’homme cultivé, d’ascète et de guide des âmes.

Que pouvons-nous apprendre de saint Jérôme ? Je pense en particulier ceci : aimer la Parole de Dieu dans l’Écriture Sainte. Saint Jérôme dit : "Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ". C’est pourquoi, il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l’Écriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions : d’une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l’Écriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l’Écriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s’adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l’individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C’est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit une communauté, qui construit l’Église. Nous devons donc la lire en communion avec l’Église vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l’écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd’hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l’éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l’éternel, la vie éternelle.

Et ainsi, je conclus par une parole de saint Jérôme à saint Paulin de Nola. Dans celle-ci, le grand exégète exprime précisément cette réalité, c’est-à-dire que dans la Parole de Dieu, nous recevons l’éternité, la vie éternelle. Saint Jérôme dit : "Cherchons à apprendre sur la terre les vérités dont la consistance persistera également au ciel" [63].

* * *

Nous poursuivons aujourd’hui la présentation de la figure de saint Jérôme. Comme nous l’avons dit mercredi dernier, il consacra sa vie à l’étude de la Bible, au point d’être reconnu par l’un de mes prédécesseurs, le Pape Benoît XV, comme "docteur éminent dans l’interprétation des Saintes Écritures". Jérôme soulignait la joie et l’importance de se familiariser avec les textes bibliques : "Ne te semble-t-il pas habiter - déjà ici, sur terre - dans le royaume des cieux, lorsqu’on vit parmi ces textes, lorsqu’on les médite, lorsqu’on ne connaît ni ne recherche rien d’autre ?" [64]. En réalité, dialoguer avec Dieu, avec sa Parole, est dans un certain sens une présence du Ciel, c’est-à-dire une présence de Dieu. S’approcher des textes bibliques, surtout du Nouveau Testament, est essentiel pour le croyant, car "ignorer l’Écriture, c’est ignorer le Christ". C’est à lui qu’appartient cette phrase célèbre, également citée par le Concile Vatican II dans la Constitution Dei Verbum [65].

Réellement "amoureux" de la Parole de Dieu, il se demandait : "Comment pourrait-on vivre sans la science des Écritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants" [66]. La Bible, instrument "avec lequel Dieu parle chaque jour aux fidèles" [67], devient ainsi un encouragement et la source de la vie chrétienne pour toutes les situations et pour chaque personne. Lire l’Écriture signifie converser avec Dieu : "Si tu pries - écrit-il à une noble jeune fille de Rome -, tu parles avec l’Époux ; si tu lis, c’est Lui qui te parle" [68]. L’étude et la méditation de l’Écriture rendent l’homme sage et serein [69]. Assurément, pour pénétrer toujours plus profondément la Parole de Dieu, une application constante et progressive est nécessaire. Jérôme recommandait ainsi au prêtre Népotien : "Lis avec une grande fréquence les divines Écritures ; ou mieux, que le Livre Saint reste toujours entre tes mains. Apprends-là ce que tu dois enseigner" [70]. Il donnait les conseils suivants à la matrone romaine Leta pour l’éducation chrétienne de sa fille : "Assure-toi qu’elle étudie chaque jour un passage de l’Écriture... Qu’à la prière elle fasse suivre la lecture, et à la lecture la prière... Au lieu des bijoux et des vêtements de soie, qu’elle aime les Livres divins" [71]. Avec la méditation et la science des Écritures se "conserve l’équilibre de l’âme" [72]. Seul un profond esprit de prière et l’assistance de l’Esprit Saint peuvent nous introduire à la compréhension de la Bible : "Dans l’interprétation des Saintes Écritures, nous avons toujours besoin de l’assistance de l’Esprit Saint" [73].

Un amour passionné pour les Écritures imprégna donc toute la vie de Jérôme, un amour qu’il chercha toujours à susciter également chez les fidèles. Il recommandait à l’une de ses filles spirituelles : "Aime l’Écriture Sainte et la sagesse t’aimera ; aime-la tendrement, et celle-ci te préservera ; honore-la et tu recevras ses caresses. Qu’elle soit pour toi comme tes colliers et tes boucles d’oreille" [74]. Et encore : "Aime la science de l’Écriture, et tu n’aimeras pas les vices de la chair" [75].

Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l’interprétation des Écritures était l’harmonie avec le magistère de l’Église. Nous ne pouvons jamais lire l’Écriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l’erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Ce n’est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons réellement entrer avec le "nous" au centre de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l’Église catholique. Il ne s’agit pas d’une exigence imposée à ce Livre de l’extérieur ; le Livre est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n’est que dans la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité pour comprendre l’Écriture Sainte. Il admonestait donc : "Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t’a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent" [76]. En particulier, étant donné que Jésus Christ a fondé son Église sur Pierre, chaque chrétien - concluait-il - doit être en communion "avec la Chaire de saint Pierre. Je sais que sur cette pierre l’Église est édifiée" [77]. Par conséquent, et de façon directe, il déclarait : "Je suis avec quiconque est uni à la Chaire de saint Pierre" [78]. Jérôme ne néglige pas, bien sûr, l’aspect éthique. Il rappelle au contraire souvent le devoir d’accorder sa propre vie avec la Parole divine et ce n’est qu’en la vivant que nous trouvons également la capacité de la comprendre. Cette cohérence est indispensable pour chaque chrétien, et en particulier pour le prédicateur, afin que ses actions, si elles étaient discordantes par rapport au discours, ne le mettent pas dans l’embarras. Ainsi exhorte-t-il le prêtre Népotien : "Que tes actions ne démentent pas tes paroles, afin que, lorsque tu prêches à l’église, il n’arrive pas que quelqu’un commente en son for intérieur : "Pourquoi n’agis-tu pas précisément ainsi ?" Cela est vraiment plaisant de voir ce maître qui, le ventre plein, disserte sur le jeûne ; même un voleur peut blâmer l’avarice ; mais chez le prêtre du Christ, l’esprit et la parole doivent s’accorder" [79]. Dans une autre lettre, Jérôme réaffirme : "Même si elle possède une doctrine splendide, la personne qui se sent condamnée par sa propre conscience se sent honteuse" [80]. Toujours sur le thème de la cohérence, il observe : l’Évangile doit se traduire par des attitudes de charité véritable, car en chaque être humain, la Personne même du Christ est présente. En s’adressant, par exemple, au prêtre Paulin (qui devint ensuite Évêque de Nole et saint), Jérôme le conseillait ainsi : "Le véritable temple du Christ est l’âme du fidèle : orne-le, ce sanctuaire, embellis-le, dépose en lui tes offrandes et reçois le Christ. Dans quel but revêtir les murs de pierres précieuses, si le Christ meurt de faim dans la personne d’un pauvre ?" [81]. Jérôme concrétise : il faut "vêtir le Christ chez les pauvres, lui rendre visite chez les personnes qui souffrent, le nourrir chez les affamés, le loger chez les sans-abris" [82]. L’amour pour le Christ, nourri par l’étude et la méditation, nous fait surmonter chaque difficulté : "Aimons nous aussi Jésus Christ, recherchons toujours l’union avec lui : alors, même ce qui est difficile nous semblera facile" [83].

Jérôme, défini par Prospère d’Aquitaine comme un "modèle de conduite et maître du genre humain" [84], nous a également laissé un enseignement riche et varié sur l’ascétisme chrétien. Il rappelle qu’un courageux engagement vers la perfection demande une vigilance constante, de fréquentes mortifications, toutefois avec modération et prudence, un travail intellectuel ou manuel assidu pour éviter l’oisiveté [85], et surtout l’obéissance à Dieu : "Rien... ne plaît autant à Dieu que l’obéissance..., qui est la plus excellente et l’unique vertu" [86]. La pratique des pèlerinages peut également appartenir au chemin ascétique. Jérôme donna en particulier une impulsion à ceux en Terre Sainte, où les pèlerins étaient accueillis et logés dans des édifices élevés à côté du monastère de Bethléem, grâce à la générosité de la noble dame Paule, fille spirituelle de Jérôme [87].

Enfin, on ne peut pas oublier la contribution apportée par Jérôme dans le domaine de la pédagogie chrétienne [88]. Il se propose de former "une âme qui doit devenir le temple du Seigneur" [89], une "pierre très précieuse" aux yeux de Dieu [90]. Avec une profonde intuition, il conseille de la préserver du mal et des occasions de pécher, d’exclure les amitiés équivoques ou débauchées [91]. Il exhorte surtout les parents pour qu’ils créent un environnement serein et joyeux autour des enfants, pour qu’ils les incitent à l’étude et au travail, également par la louange et l’émulation [92], qu’ils les encouragent à surmonter les difficultés, qu’ils favorisent entre eux les bonnes habitudes et qu’ils les préservent d’en prendre de mauvaises car - et il cite là une phrase de Publilius Syrus entendue à l’école - "difficilement tu réussiras à te corriger de ces choses dont tu prends tranquillement l’habitude" [93]. Les parents sont les principaux éducateurs des enfants, les premiers maîtres de vie. Avec une grande clarté, Jérôme, s’adressant à la mère d’une jeune fille et mentionnant ensuite le père, admoneste, comme exprimant une exigence fondamentale de chaque créature humaine qui commence son existence : "Qu’elle trouve en toi sa maîtresse, et que sa jeunesse inexpérimentée regarde vers toi avec émerveillement. Que ni en toi, ni en son père elle ne voie jamais d’attitudes qui la conduisent au péché, si elles devaient être imitées. Rappelez-vous que... vous pouvez davantage l’éduquer par l’exemple que par la parole" [94]. Parmi les principales intuitions de Jérôme comme pédagogue, on doit souligner l’importance attribuée à une éducation saine et complète dès la prime enfance, la responsabilité particulière reconnue aux parents, l’urgence d’une sérieuse formation morale et religieuse, l’exigence de l’étude pour une formation humaine plus complète. En outre, un aspect assez négligé à l’époque antique, mais considéré comme vital par notre auteur, est la promotion de la femme, à laquelle il reconnaît le droit à une formation complète : humaine, scolaire, religieuse, professionnelle. Et nous voyons précisément aujourd’hui que l’éducation de la personnalité dans son intégralité, l’éducation à la responsabilité devant Dieu et devant l’homme, est la véritable condition de tout progrès, de toute paix, de toute réconciliation et d’exclusion de la violence. L’éducation devant Dieu et devant l’homme : c’est l’Écriture Sainte qui nous indique la direction de l’éducation et ainsi, du véritable humanisme.

Nous ne pouvons pas conclure ces rapides annotations sur cet éminent Père de l’Église sans mentionner la contribution efficace qu’il apporta à la préservation d’éléments positifs et valables des antiques cultures juive, grecque et romaine au sein de la civilisation chrétienne naissante. Jérôme a reconnu et assimilé les valeurs artistiques, la richesse des sentiments et l’harmonie des images présentes chez les classiques, qui éduquent le cœur et l’imagination à de nobles sentiments. Il a en particulier placé au centre de sa vie et de son activité la Parole de Dieu, qui indique à l’homme les chemins de la vie, et lui révèle les secrets de la sainteté. Nous ne pouvons que lui être profondément reconnaissants pour tout cela, précisément dans le monde d’aujourd’hui.

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[1] Hieron. Epist. XV, al. LVII, ad Damas.

[2] Epist. XVI, al. LVIII.

[3] Ibid.

[4] Epist. CXXV, al. IV,ad Rusticum.

[5] Ibid.

[6] Epist XXIX, al. CXXX, ad Marcellam.

[7] Hebræam linguam, quam ego ab adolescentia multo labore ac sudore ex parte didici, et infatigabili meditatione non desero, ne ipse ab ea deserar ; Epist. CVIII, al. XXVII, ad Eustochium.

[8] Matth. v, 13, 14.

[9] Ibid. 15.

[10] Hieron. Epist. XLV, al. XCIX, ad Asellam.

[11] Epist. XLVIII, al. l, ad Pammachiura.

[12] Epist. CXXIII, al. XI, ad Ageruchiam.

[13] I Cor. 1, 26.

[14] Hier. Epist LXVI, al. XXVI, ad Pammachium.

[15] Epist. CXXVII, al. XVI, ad Principiam. Et quia valde prudens erat, sic ad interrogata respondebat, ut etiam sua non sua diceret,... ne virili sexui, et interdum sacerdotibus, de obscuris et ambiguis sciscitantibus, facere videretur injuriam.

[16] Johan. XIV, 30.

[17] Hier. Epist. XXII, ad Eustochium, de custodia virginitatis.

[18] Epist. XXVII, al. CXX, ad Marcellam.

[19] Praefatio versionis Didymi de Spiritu sancto.

[20] Epist. XLV, al. XCIX, ad Asellam.

[21] Conc. Trid., Sess. IV.

[22] Hier. Praefatio in Isaiam ad Paulam et Eustochium.

[23] Praefat. in Daniel.

[24] Praefat. in Reg.

[25] Aug. ad Hier. Epist. I.VI, al. LXXXVI.

[26] Hier. Praefat. in Job, ad easdem.

[27] Praefat. in Jerem.

[28] Quia vos cogitis,... cogor,. . cogitis. Passim.

[29] Psalterium romanum.

[30] Psalterium gallicanum. Hier. Praefat. in Psalmos.

[31] Sauf Baruch, la Sagesse, l’Ecclésiastique, les Machabées, plus quelques fragments, conservés de l’ancienne Italique.

[32] Hier. Praefat. in Esther.

[33] Epist. LXV, al. CXL, ad Principiam.

[34] Epist. CVII, al. VII ad Laetam.

[35] Psalm. LXXXIII, II. Hier. Epist. CVIII, al. XXVII, ad Eustochium.

[36] Epist. XCIX, al. XXXI, ad Theophilum.

[37] Praefat. in Josue, Judices, et Ruth.

[38] Comment, in Isaiam, Prologus : Cogis me, virgo Christi Eustochium, transire ad Isaiam, et quod sanctae matri tuae Paulae, dum viveret, pollicitus sum, tibi reddere.

[39] Comment, in Ezech. I, Prolog.

[40] Ibid. III.

[41] Ibid.

[42] Ibid. VII.

[43] Ibid. VIII.

[44] Ibid. VI.

[45] Paul ermite, Hilarion, Malch.

[46] Apoc. V.

[47] Ibid. III, 7.

[48] Hier. Epist. LIII, al. CIII, ad Paulinum.

[49] Hier. Epist. LIII, al. CIII, ad Paulinum.

[50] Dial., I. 9, 5.

[51] cf. Ep 22, 7.

[52] Chron. ad ann. 374.

[53] cf. Ep14, 10.

[54] cf. Ep 125, 12.

[55] cf. Ep5, 2.

[56] cf. Ep 22, 7.

[57] cf. Ep 22, 30.

[58] cf. Contra Rufinum 3, 22 ; Ep 108, 6-14.

[59] Ep 108, 14.

[60] Ep 57, 5.

[61] Ep 106, 2.

[62] Contra Rufinum 1, 16.

[63] Ep 53, 10.

[64] Ep 53, 10.

[65] n. 25.

[66] Ep 30, 7.

[67] Ep 133, 13.

[68] Ep 22, 25.

[69] cf. In Eph., prol..

[70] Ep 52, 7.

[71] Ep 107, 9.12.

[72] Ad Eph., prol..

[73] In Mich. 1, 1, 10, 15.

[74] Ep 130, 20.

[75] Ep 125, 11.

[76] Ep 52, 7.

[77] Ep 15, 2.

[78] Ep 16.

[79] Ep 52, 7.

[80] Ep 127, 4.

[81] Ep 58, 7.

[82] Ep 130, 14.

[83] Ep 22, 40.

[84] Carmen de ingratis, 57.

[85] cf. Epp 125, 11 et 130, 15.

[86] Hom. de obœdientia : CCL 78,552.

[87] cf. Ep 108, 14.

[88] cf. Epp 107 et 128.

[89] Ep 107, 4.

[90] Ep 107, 13.

[91] cf. Ep 107, 4 et 8-9 ; cf. également Ep 128, 3-4.

[92] cf. Epp 107, 4 et 128, 1.

[93] Ep 107, 8.

[94] Ep 107, 9.