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01/06 Ste Angèle Merici, vierge

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Morte a Brescia le 27 janvier 1540. Canonisée par Pie VII en 1807. Inscrite au calendrier par Pie IX à la date du 31 mai sous le rite double en 1861.

La fête fut transférée au 1er juin lors de l’institution de la fête de la Bse Marie Reine en 1955.

Textes de la Messe

die 1 iunii
le 1 juin
ante 1955 : die 31 maii
avant 1955 : le 31 mai
SANCTÆ ANGELÆ MERICIÆ
SAINTE ANGÈLE MERICI
Virginis
Vierge
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Dilexísti de Communi Virginum 3 loco, cum orationibus ut infra :Messe Dilexísti du Commun des Vierges 3, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio PCollecte P
Deus, qui novum per beátam Angelam sacrárum Virginum collégium in Ecclésia tua floréscere voluísti : da nobis, eius intercessióne, angélicis móribus vívere ; ut, terrénis ómnibus abdicátis, gáudiis pérfrui mereámur ætérnis. Per Dóminum.Ô Dieu, qui, par la bienheureuse Angèle, avez voulu qu’une nouvellesociété de vierges saintes fleurît dans votre Eglise, faites-nous, par son intercession, la grâce de mener une vie angélique, afin que, renonçant à toutes les choses de la terre, nous méritions de jouir des joies éternelles.
Secreta PSecrète P
Hóstia, Dómine, quam tibi beátæ Angelæ memóriam recoléntes offérimus, et nostræ pravitatis véniam implóret, et grátiæ tuæ nobis dona concíliet. Per Dóminum.Que l’hostie que nous vous offrons, Seigneur, en honorant à nouveau la mémoire de la bienheureuse Angèle, nous obtienne miséricorde pour nos égarements, et attire sur nous les dons de votre grâce.
Postcommunio PPostcommunion P
Cælésti alimónia refécti, súpplices te, Dómine, deprecámur : ut, beátæ Angelæ précibus et exémplo ab omni labe mundáti, et córpore tibi placeámus et mente. Per Dóminum nostrum.Fortifiés par cette céleste nourriture, nous vous demandons avec instances Seigneur, de faire qu’à l’exemple de la bienheureuse Angèle, et en vertu de ses prières, nous soyons purifiés de toute souillure, et vous plaisions en notre manière de nous comporter de corps et d’âme.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Angèle de Mérici naquit à Desenzano, petite ville des états de Venise, dans le diocèse de Vérone, sur les bords du lac de Garde. Issue de parents pieux, Angèle prit, dès son jeune âge, le plus grand soin du lis de sa virginité, qu’elle avait résolu de conserver toujours intact. Ayant en horreur toutes les parures féminines, elle ne négligea rien pour faire disparaître les charmes de son visage et la beauté de sa chevelure, afin de ne plaire qu’au céleste Époux des âmes. Devenue orpheline étant encore dans la fleur de l’adolescence, elle tenta de s’enfuir dans un désert pour y mener une vie plus austère, mais un de ses oncles l’empêcha de mettre ce dessein à exécution. Toutefois elle sut observer à la maison ce qu’il ne lui était pas permis de pratiquer dans la solitude. Outre un fréquent usage du cilice et de là discipline, elle ne mangeait un peu de viande que dans la maladie, ne prenait de vin qu’aux fêtes de la Nativité et de la Résurrection du Seigneur, et passait même plusieurs jours sans prendre aucune nourriture. Appliquée à la prière, elle prenait sur la terre nue un court et léger sommeil. Le démon, sous la forme d’un ange de lumière, ayant cherché à lui faire illusion, elle le reconnut aussitôt et le mit en fuite. Enfin, après avoir renoncé à son patrimoine, et adopté l’habit et la règle du tiers ordre de saint François, elle joignit la pauvreté évangélique au mérite de la virginité.

Cinquième leçon. Elle ne négligea aucun devoir de charité envers le prochain ; elle donnait aux pauvres, tout ce qui lui restait de la nourriture qu’elle avait mendiée ; on la voyait empressée à soigner les malades. Angèle parcourut, non sans réputation de sainteté, un grand nombre de localités, consolant les affligés, réconciliant les ennemis, retirant de grands pécheurs de la fange du vice. Très fréquemment réconfortée par le pain des Anges, unique objet de son avidité, elle était transportée en Dieu par un si grand amour, que bien souvent on l’a trouvée ravie hors de ses sens. Elle visita avec une piété profonde les lieux saints de Palestine. Pendant ce voyage, ayant perdu la vue en touchant aux rivages de l’île de Candie, elle l’y recouvra au retour et échappa, miraculeusement aussi, aux mains des barbares et à l’imminence d’un naufrage. Elle se rendit enfin à Rome, sous le pontificat de Clément VII, dans le but de vénérer la pierre ferme de l’Église, et avec le vif désir de gagner les abondantes indulgences du jubilé. Le souverain Pontife, dans un entretien avec Angèle, remarqua sa sainteté, et il en parla avec de très grands éloges ; ce fut seulement après avoir reconnu que le Ciel l’appelait ailleurs, qu’il lui permit de quitter Rome.

Sixième leçon. Étant revenue à Brescia, où elle se logea près l’église de Sainte-Afre, Angèle institua dans cette ville, sur l’ordre d’une voix céleste qui s’était fait entendre dans une vision, une nouvelle société de vierges, avec une discipline particulière et des règles empreintes de sainteté, mettant cet institut sous le patronage de sainte Ursule, chef invincible d’une armée de vierges. Peu avant de mourir, elle prédit que cet institut se perpétuerait. Enfin, presque septuagénaire, comblée de mérites, elle s’envola au ciel, le six des calendes de février de l’an mil cinq cent quarante. Son corps, que l’on garda trente jours avant de l’inhumer, demeura flexible et conserva les apparences de la vie. Il fut déposé dans l’église de Sainte-Afre, parmi les autres reliques des Saints qui s’y trouvent en grand nombre. Plusieurs miracles se produisirent aussitôt sur son tombeau. Le bruit s’en étant répandu, non seulement à Brescia et à Desenzano, mais ailleurs encore, on commença à donner à Angèle le nom de Bienheureuse et à placer son image sur les autels. Saint Charles Borromée lui-même, peu d’années après la mort de la servante de Dieu, affirma publiquement à Brescia qu’elle méritait d’être mise par le Saint-Siège au nombre des saintes Vierges. Clément XIII ratifia et confirma par un décret ce culte populaire, approuvé déjà par plusieurs Évêques, et encouragé par de nombreux induits des souverains Pontifes. Enfin, après de nouveaux miracles régulièrement constatés, Pie VII, dans la solennelle canonisation qu’il fit en la basilique Vaticane, le vingt-quatre mai mil huit cent sept, inscrivit Angèle sur la liste des saintes Vierges.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le jour rayonne d’une double gloire [1] : marqué par le triomphe virginal d’Aurélia Pétronilla au premier âge de l’Église, il est embaumé par le parfum des lis qui ceignent le front d’Angèle de Mérici. Le XVIe siècle, qui naguère offrait au Christ ressuscite la séraphique Madeleine de Pazzi, lui présente aujourd’hui ce nouveau tribut de la sainteté de l’Église. Angèle remplit toute la signification du beau nom qu’elle a reçu. Elle possède dans un corps mortel la pureté des esprits bienheureux, et elle imite leur vol agile, leur céleste énergie, par la vigueur de toutes les vertus. On voit cette héroïne de la grâce céleste abattre à ses pieds tout ce qui pourrait arrêter sa course. Élevée de bonne heure à la plus haute contemplation, une ardeur chevaleresque la pousse jusque sur les plages de l’Orient pour y suivre les traces de l’Époux divin auquel elle s’est donnée. On la voit ensuite visiter la nouvelle Jérusalem, et répandre ses vœux devant la Confession de saint Pierre ; après quoi, rentrée dans son repos, elle fonde un Ordre religieux qui est encore et qui sera toujours l’un des ornements et l’un des secours de la sainte Église.

Le spectacle d’Ursule entourée de sa légion de vierges a séduit le cœur d’Angèle ; il lui faut aussi une armée de filles vaillantes. La noble princesse bretonne affronta les barbares ; Angèle, nouvelle Ursule, livrera bataille au monde et à ses séductions si redoutables pour des âmes encore neuves, et, comme trophée de ses victoires, elle peut montrer les innombrables générations d’adolescentes que son saint institut a sauvées depuis trois siècles, en les initiant à la pratique et à l’amour des vertus chrétiennes.

Vous avez combattu les combats du Seigneur, ô Angèle, et votre vie si remplie d’œuvres saintes vous a mérité un repos glorieux dans l’éternel séjour. Un zèle insatiable pour le service de celui que vous aviez choisi pour Époux, une ardente charité pour tous ceux qu’il a rachetés de son sang divin, forment le caractère de votre existence tout entière. Cet amour du prochain vous a rendue mère d’une famille innombrable ; car nul ne pourrait compter les jeunes enfants qui ont sucé à l’école de vos filles le lait de la saine doctrine et de la piété. Vous avez puissamment contribué, ô Angèle, au maintien de la famille chrétienne en préparant tant de mères et tant d’épouses pour leurs sublimes devoirs ; et combien d’institutions appelées au même but sont sorties de la vôtre pour la consolation de l’Église et l’avantage de la société ! Le Pontife suprême a ordonné que votre nom fût désormais fêté dans toute la catholicité. En promulguant ce décret, il a déclaré qu’il voulait placer sous votre maternelle protection toute la jeunesse de votre sexe exposée aujourd’hui à tant de périls de la part des ennemis de Jésus-Christ et de son Église. Ils ont formé le dessein d’arracher la foi du cœur des épouses et des mères, afin d’anéantir plus sûrement le christianisme, qu’une forte et douce influence a conservé jusqu’ici dans la famille. Déjouez ces noirs complots, ô Angèle ! Protégez votre sexe ; nourrissez en lui le sentiment de la dignité de la femme chrétienne, et la société peut encore être sauvée.

Nous nous adressons aussi à vous, ô épouse du Christ, pour obtenir votre aide dans le parcours de cette année liturgique, où nous retrouvons chaque jour vos traces. Votre ardeur à suivre les divins mystères qui se déroulent successivement à nos yeux vous entraîna au delà des mers. Vous vouliez voir Nazareth et Bethléhem, parcourir la Galilée et la Judée, rendre grâces dans le Cénacle, pleurer sur le Calvaire, adorer le Sépulcre glorieux. Daignez bénir notre marche timide dans ces sentiers que vos pas ont parcourus. Nous voulons vous suivre sur le mont des Oliviers, d’où notre Emmanuel est remonté dans les cieux ; il nous faut pénétrer une seconde fois dans le Cénacle, que le divin Esprit illumine de ses feux. Conduisez-nous sur vos pas, ô Angèle, vers ces lieux bénis dont l’attrait vous arracha à votre patrie, et vous lança à travers les hasards dans une lointaine et périlleuse pérégrination ; élevez nos âmes à la hauteur des augustes mystères qui couronnent le Temps pascal.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Sainte Angèle est la fondatrice des Ursulines, auxquelles elle donna la règle du Tiers-Ordre de saint François. Sa fête fut introduite dans le calendrier de l’Église universelle par Pie IX en 1861. Les pieux pèlerinages d’Angèle en Palestine et à Rome rappellent d’une certaine manière ceux que, environ deux siècles plus tôt, sainte Brigitte de Suède avait accomplis ; ces deux saintes brillèrent par une même foi et trouvèrent le même crédit chez les Papes, si bien que Clément VII ne voulait plus permettre à Angèle de s’éloigner de la Ville éternelle. Après avoir groupé autour d’elle un essaim de vierges sacrées qui s’adonnaient à l’éducation chrétienne des petites filles, Angèle, chargée de mérites, s’envola au ciel le 27 janvier 1540.

La messe est la messe du commun Dilexísti, sauf les collectes.

Prière. — « Seigneur qui avez fait fleurir dans votre Église, par la bienheureuse Angèle, une nouvelle famille de vierges sacrées ; faites-nous la grâce, par son intercession, de mener nous aussi une vie angélique, afin que, ayant renoncé à toutes les joies de la terre, nous méritions de goûter celles de l’éternité. » : Saint Augustin observe que, dans le saint Évangile, toute âme chrétienne est désignée sous le nom de vierge, en tant qu’elle s’abstient des plaisirs illicites et conserve purs de toute tache de péché son corps et son cœur.

Sur les oblations. — « Que l’Hostie que nous vous offrons en mémoire de la bienheureuse Angèle implore pour nous, Seigneur, le pardon de nos péchés et nous obtienne l’aide de votre grâce. » : Il faut remarquer l’ordre suivi : D’abord, les exercices de la voie purgative, pour nous débarrasser du péché ; puis les œuvres de la voie illuminative, pour construire sur ces premiers décombres notre édifice spirituel.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Vivre comme les anges.

Sainte Angèle. — Jour de mort : 27 janvier 1540. Tombeau : à Brescia, dans l’église de Sainte-Afra. Image : On la représente en Ursuline, avec une échelle (sur laquelle, clans une vision, elle monte au ciel avec les Ursulines). Vie : La sainte (née en 1474) est originaire du diocèse de Vérone. Dès sa tendre enfance, elle consacra sa virginité au Christ. A la mort de ses parents, elle aurait voulu se retirer dans la solitude, mais son oncle l’obligea à tenir son ménage. Elle put, enfin, à condition de renoncer à l’héritage paternel, entrer dans le Tiers-Ordre de Saint-François. Au cours d’un pèlerinage aux Lieux-Saints en 1525, elle perdit la vue qu’elle recouvra plus tard. Elle visita à Rome le pape Clément VII. Celui-ci ne voulut pas la laisser repartir avant d’avoir reconnu qu’elle était appelée ailleurs. Elle fonda plus tard à Brescia une association de vierges sous la protection de sainte Ursule. Ce fut le début de l’Ordre prospère des Ursulines. La sainte mourut âgée de près de 70 ans. Son cadavre conserva sa fraîcheur pendant 30 jours après sa mort. Au moment de sa sépulture dans l’église de Sainte-Afra, à Brescia, il se fit des miracles.

Pratique. La sainte porte un nom angélique. Son nom fut le programme de sa vie. Aussi l’Église demande aujourd’hui que, par l’intercession et à l’exemple de la sainte, nous « vivions comme des anges ». L’Église nous montre le moyen d’arriver à cet idéal : le renoncement à ce qui est terrestre. L’Église nous demande de renoncer au monde autant que le comporte notre état. Que pouvons-nous faire dans ce sens ? — Prions pour l’Ordre des Ursulines. — La messe est du commun des vierges (Dilexisti).

[1] Dom Guéranger écrit avant que l’institution de la fête de la Bse Marie Reine soit introduite au calendrier par Pie XII et déplace la célébration de sainte Angèle au 1er juin.