Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
A Césarée de Cappadoce, déposition de Ste Dorothée pendant la persécution de Dioclétien, le 6 février 311. En Occident, elle est vénérée depuis le septième siècle. Fête au XII-XIIIèmes siècles.
Missa Me exspectavérunt de Communi Virginum II loco. | Messe Me exspectavérunt du Commun des Vierges II. |
Oratio. | Collecte |
Indulgéntiam nobis, quǽsumus, Dómine, beáta Dorothéa Virgo et Martyr implóret : quæ tibi grata semper éxstitit, et mérito castitátis, et tuæ professióne virtútis. Per Dóminum nostrum. | Que la Bienheureuse Dorothée, Vierge et Martyre, nous vous en prions, Seigneur, implore pour nous votre miséricorde, elle qui vous a toujours été agréable, et par le mérite de sa chasteté, et par la profession qu’elle a faite d’une force d’âme dont vous êtes la source. |
Secreta | Secrète |
Hóstias tibi, Dómine, beátæ Dorótheæ Vírginis et Mártyris tuæ dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum nostrum. | Recevez avec bonté, Seigneur, les hosties offertes pour honorer les mérites de la bienheureuse Dorothée, votre Vierge et Martyre, et faites qu’elles nous procurent un continuel secours. |
Postcommunio | Postcommunion |
Divíni múneris largitáte satiáti, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, intercedénte beáta Dorothéa Vírgine et Mártyre tua, in eius semper participatióne vivámus. Per Dóminum. | Rassasiés par la grandeur de votre don céleste, nous vous supplions, ô Seigneur notre Dieu, que la bienheureuse Dorothée, votre Vierge et Martyre, intercédant pour nous, nous vivions toujours de la participation à ce sacrement. |
Leçon des Matines avant 1960
Neuvième leçon. Dorothée, vierge de Césarée en Cappadoce, fut arrêtée par le gouverneur Apricius parce qu’elle confessait le nom du Christ, et livrée à deux sœurs, nommées Crysta et Callista, qui avaient abandonné la foi, afin qu’elles la fissent changer de résolution. Mais ce fut le contraire qui arriva, car Dorothée les ramena à la pratique de la religion chrétienne, pour laquelle elles souffrirent même le martyre. C’est pourquoi la vierge, après avoir été longtemps tourmentée sur le chevalet et accablée de soufflets, fut condamnée à avoir la tête tranchée et reçut la double palme de la virginité et du martyre.
Aujourd’hui encore, c’est une des plus aimables Épouses du Christ qui vient nous consoler par sa présence ; c’est Dorothée, la vierge naïve et courageuse qui sème les plus gracieux prodiges sur la route qui la conduit au martyre. Notre sainte religion nous offre seule ces admirables scènes, où l’on voit un sexe timide déployer une énergie qui surpasse quelquefois peut-être celle que nous admirons dans les plus vaillants martyrs. On sent que Dieu se plaît à voir briser la tête de son ennemi sous la faiblesse même de ce pied que Satan redoute. L’inimitié que le Seigneur a scellée entre la femme et le serpent, produit dans les annales de l’Église ces luttes sublimes dans lesquelles l’Ange rebelle succombe, avec d’autant plus de honte et de rage, que son vainqueur lui semblait moins digne d’exciter ses alarmes. Il doit savoir maintenant, après tant de rudes expériences, combien est redoutable pour lui la femme chrétienne ; et nous qui comptons tant d’héroïnes parmi les ancêtres de notre grande famille, nous devons en être fiers et chérir leur mémoire. Appuyons-nous donc sur leur constante protection ; elles sont puissantes sur le cœur de l’Époux. Entre toutes, Dorothée occupe un des premiers rangs ; glorifions sa victoire, et méritons son secours.
La Légende que lui a consacrée la Liturgie Romaine étant trop concise, nous empruntons les Leçons plus détaillées du Bréviaire des Frères-Prêcheurs.
Dorothée, vierge de Césarée en Cappadoce, fut arrêtée par ordre d’Apricius, gouverneur de cette province, parce qu’elle confessait le nom de Jésus-Christ, et on la livra à deux sœurs, nommées Crysta et Callista, qui avaient abandonné la foi, afin qu’elles la fissent changer de résolution. Mais ce fut elle au contraire qui fit revenir les deux sœurs à leur ancienne foi ; c’est pourquoi elles furent jetées dans une chaudière, où elles périrent par le feu. Le gouverneur fit étendre Dorothée sur le chevalet ; mais il n’en obtint que ces paroles : « Jamais, dans toute ma vie, je n’ai goûté un bonheur pareil à celui que j’éprouve en ce moment. » Il ordonna donc de brûler des torches ardentes, les flancs de la vierge avec puis de la frapper longtemps au visage, enfin de lui trancher la tête.
Comme on la menait au supplice, elle dit ces paroles : « Recevez mes actions de grâces, ô ami des âmes, qui avez daigné m’appeler aux délices de votre Paradis. » Un certain Théophile, officier du gouverneur, l’entendit, et se moquant de la vierge : Eh bien ! dit-il, épouse du Christ, envoie-moi du jardin de ton époux des pommes ou des roses. » Et Dorothée lui répondit : « Je le ferai certainement » Avant de recevoir le coup de la mort, ayant obtenu la permission de prier quelques instants, un enfant de la plus grande beauté apparut tout à coup devant elle, portant dans un linge trois pommes et trois roses. La sainte lui dit : « Portez, je vous prie, ceci à Théophile. » Elle eut ensuite la tête tranchée, et elle alla se réunir au Christ.
Au moment même où Théophile racontait, en se jouant, à ses compagnons la promesse que Dorothée lui avait faite, voici que l’enfant se présente devant lui portant dans le linge trois pommes des plus belles, et trois roses des plus vermeilles, et lui dit : « Selon ta demande, la très sainte vierge Dorothée t’envoie ceci du jardin de son époux. » Comme on était au mois de février, et que la gelée sévissait sur toute la nature, Théophile fut saisi d’étonnement, et, en recevant ce qu’on lui présentait, il s’écria : « Le Christ est vraiment Dieu. » Cette profession publique de la foi chrétienne l’exposait à un cruel martyre, et il le souffrit courageusement.
Parmi les pièces liturgiques que contiennent en l’honneur de sainte Dorothée les Missels et les Bréviaires du moyen âge, nous choisirons la Prose suivante qui est d’origine allemande, et convient parfaitement au Temps de la Septuagésime.
Vous êtes fidèle à vos promesses, ô Dorothée, et dans les jardins de votre Époux céleste, vous n’oubliez pas les habitants de la terre. Théophile l’éprouva ; mais le plus beau des présents qu’il vous plut de lui adresser, ne fut pas la corbeille de fleurs et de fruits qui dégageait votre parole ; le don de la foi, la persévérance dans le combat, furent des biens autrement précieux. O Vierge ! Envoyez-nous donc des dons pareils. Nous avons besoin de courage pour rompre avec le monde et avec nos passions ; nous avons besoin de nous convertir et de revenir à Dieu ; nous sommes appelés à partager la félicité dont vous jouissez ; mais nous ne pouvons plus y avoir accès que par la pénitence. Soutenez-nous, fortifiez-nous, afin que, au jour de la Pâque de votre Époux, nos âmes lavées dans le sang de l’Agneau soient odorantes comme les beaux fruits du ciel, vermeilles comme les roses que votre main cueillit en faveur d’un mortel.
Cette sainte orientale est mentionnée aujourd’hui dans le Hiéronymien : In Cesaria Cappadocie, passio sancte Dorothae. Sa légende, avec les fleurs du paradis envoyées par la martyre à l’avocat Théophile, qui l’en avait priée au moment du supplice, est si gracieuse et si pieuse que la sainte est entrée dans le calendrier romain en plein moyen âge. On dit que ses reliques sont conservées au Transtevere dans l’église qui lui est dédiée. Ce fut près de ce temple qu’au XVIe siècle saint Gaétan de Thienne et saint Joseph Calasance inaugurèrent leurs respectives congrégations religieuses.
La messe est celle du Commun des vierges martyres, comme le jour de sainte Émérentienne. La fête de sainte Dorothée, grâce à l’influence des Byzantins à Rome, était jadis en si grande vénération que c’était sur la porte de son temple qu’on avait coutume d’afficher les tablettes portant les noms de ceux qui n’avaient pas satisfait au précepte annuel de la communion pascale ; cette fête est passée aujourd’hui au second plan, depuis l’institution de celle de saint Tite.
Sainte Dorothée (le « Don de Dieu »), vierge et martyre de Césarée de Cappadoce, souffrit pour la foi vers 311 ; ses reliques sont vénérées à Rome dans l’église du Transtevere qui porte son nom. (C’est aux portes de sainte Dorothée qu’on affichait le nom de ceux qui n’avaient pas fait leur communion pascale). Au nom de sainte Dorothée se rattache une légende charmante. Au moment où Dorothée, à cause de sa foi au Christ, était menée à la mort, elle pria ainsi : « Je te remercie, ô Ami des âmes, de ce que tu m’as appelée dans ton Paradis ». Un certain Théophile, employé du gouverneur, lui dit en se moquant : « Adieu, Dorothée, envoie-moi du jardin des délices de ton Époux des pommes et des roses. » « Je le ferai », répondit Dorothée. Ayant obtenu la permission, avant de recevoir le coup mortel, de faire une courte prière, elle vit soudain devant elle un jeune enfant d’une grande beauté qui avait dans un petit linge trois pommes et trois roses. « Je te conjure », lui dit-elle, « de porter cela à Théophile. » Peu de temps après, elle fut décapitée par le glaive et s’envola vers le Christ. Comme ensuite Théophile racontait en riant, à ses amis, la promesse de Dorothée, il vit soudain devant lui un jeune enfant qui portait dans un petit linge trois pommes et trois roses magnifiques. « Voici que le vierge Dorothée t’envoie ceci du Jardin de son Époux comme elle l’a promis. » Étonné au plus haut point — on était en février et toute la campagne était glacée — Théophile prit les présents et s’écria : « En vérité, le Christ est Dieu ». Il confessa ouvertement sa foi au Christ et mourut lui aussi martyr.