Accueil - Missel - Sanctoral

24/03 St Gabriel, archange

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

En Occident, l’Archange Gabriel fut tardivement fêté, d’abord dans les communautés religieuses et en Espagne, au 18 mars. La fête fut instituée au calendrier universel par Benoît XV en 1921.

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire du Saint avec les trois oraisons de la Messe suivante)
die 24 martii
le 24 mars
SANCTI GABRIELIS
SAINT GABRIEL
Archangeli
Archange
III classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIIème classe (avant 1960 : double majeur)
Ant. ad Introitum. Ps. 102, 20.Introït
Benedícite Dóminum, omnes Angeli eius : poténtes virtúte, qui fácitis verbum eius, ad audiéndam vocem sermónum eius.Bénissez le Seigneur, vous tous, ses Anges, qui êtes puissants et forts ; qui exécutez sa parole, pour obéir à la voix de ses ordres.
Ps. ibid., 1.
Benedic, ánima mea. Dómino : et ómnia, quæ intra me sunt, nómini sancto eius.Mon âme, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est au dedans de moi bénisse son saint Nom.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui inter céteros Angelos, ad annuntiándum incarnatiónis tuæ mystérium, Gabriélem Archángelum elegísti : concéde propítius ; ut, qui festum (commemoratiónem) eius celebrámus in terris, ipsíus patrocínium sentiámus in cælis : Qui vivis.O Dieu, qui avez choisi l’Archange Gabriel entre tous les Anges, pour annoncer le mystère de votre Incarnation ; accordez-nous, dans votre bonté, qu’après avoir célébré (commemoré) sa fête sur la terre, nous goûtions dans le ciel les effets de sa protection.
Léctio Daniélis Prophétæ.Lecture du Prophète Daniel.
Dan 9, 21-26.
In diébus illis : Ecce, vir Gábriël, quem víderam m visióne a princípio, cito volans tétigit me in témpore sacrifícii vespertíni. Et dócuit me et locútus est mihi dixítque : Dániel, nunc egréssus sum, ut docérem te et intellégeres. Ab exórdio precum tuárum egréssus est sermo : ego autem veni, ut indicárem tibi, quia vir desideriórum es : tu ergo animadvérte sermónem et intéllege visiónem. Septuagínta hebdómades abbreviátæ sunt super pópulum tuum et super urbem sanctam tuam, ut consummétur prævaricátio, et finem accípiat peccatum, et deleátur iníquitas, et adducátur iustítia sempitérna, et impleátur visio et prophetia, et ungátur Sanctus sanctórum. Scito ergo et animadvérte : Ab éxitu sermónis, ut íterum ædificétur Ierúsalem, usque ad Christum ducem, hebdómades septem et hebdómades sexagínta duæ erunt : et rursum ædificábitur platéa et muri in angustia temporum. Et post hebdómades sexagínta duas occidétur Christus : et non erit eius pópulus, qui eum negatúrus est. Et civitátem et sanctuárium dissipábit populus cum duce ventúro : et finis eius vástitas, et post finem belli statúta desolátio.En ces jours-là : Voici que l’homme Gabriel, que j’avais vu au commencement dans la vision, vola rapidement, et me toucha, au temps du sacrifice du soir. Il m’instruisit et il me parla, et il dit : Daniel, je suis venu maintenant pour t’instruire et pour que tu comprennes. Dès le commencement de tes prières la parole est sortie, et je suis venu pour te l’annoncer, car tu es un homme de désirs ; sois donc attentif à mon discours, et comprends la vision. Soixante-dix semaines ont été décrétées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour que la prévarication soit abolie, que le péché trouve sa fin, que l’iniquité soit effacée, que la justice éternelle soit amenée, que la vision et la prophétie soient accomplies, et que le Saint des saint reçoive l’onction. Sache donc et remarque. Depuis l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines ; et les places et les murs seront rebâtis en des temps d’angoisse. Et, après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit Le renier ne sera plus à Lui. Un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la ville et le sanctuaire ; et sa fin sera la ruine, et, après la fin de la guerre, viendra la désolation décrétée.
Graduale. Ps. 102, 20 et 1.Graduel
Benedícite Dóminum, omnes Angeli eius : poténtes virtúte, qui fácitis verbum eius.Bénissez le Seigneur, vous tous, ses Anges, qui êtes puissants et forts ; qui exécutez sa parole.
V/. Benedic, ánima mea, Dóminum, et ómnia interióra mea, nomen sanctum eius.V/. Mon âme, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est au dedans de moi bénisse son saint Nom.
Tractus. Luc. 1, 28, 42, 31 et 35.Trait
Ave, María, grátia plena ; Dóminus tecum. Je vous salue, Marie, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous.
V/. Benedícta tu in muliéribus : et benedíctus fructus ventris tui.V/. Vous êtes bénie entre les femmes : et le fruit de vos entrailles est béni.
V/. Ecce, concípies et páries Fílium, et vocábis nomen eius Emmánuel.V/. Voici, vous concevrez et vous enfanterez un Fils, et vous lui donnerez le nom d’Emmanuel.
V/. Spíritus Sanctus supervéniet in te, et virtus Altíssimi obumbrábit tibi.V/. L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre.
V/. Ideóque et quod nascétur ex te Sanctum, vocábitur Fílius Dei.V/. c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 103, 4. Qui facit Angelos suos spíritus : et minístros suos flammam ignis.Allelúia, allelúia. V/. Celui qui fait de ses Anges des vents rapides : et de ses ministres un feu brûlant.
Allelúia. V/. Luc. 1, 28. Ave, María, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Allelúia.Allelúia. V/. Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre toutes les femmes. Alléluia.
In Missis votivis ante Septuagesimam vel post Pentecosten, Graduale ut supra, sed, omisso Tractu, dicitur :Aux Messes votives avant la Septuagésime ou après la Pentecôte, on dit le Graduel comme ci-dessus, mais on omet le Trait et on dit
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 102, 21. Benedícite Dómino, omnes virtútes eius : minístri eius, qui fácitis voluntátem eius. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Bénissez le Seigneur, vous toutes, ses armées ; vous, ses ministres, qui faites sa volonté.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 1, 26-38.
In illo témpore : Missus est Angelus Gábriël a Deo in civitátem Galilǽæ, cui nomen Názareth, ad Vírginem desponsátam viro, cui nomen erat Ioseph, de domo David, et nomen Vírginis María. Et ingréssus Angelus ad eam, dixit : Ave, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Quæ cum audísset, turbáta est in sermóne eius : et cogitábat, qualis esset ista salutátio. Et ait Angelus ei : Ne tímeas, María, invenísti enim grátiam apud Deum : ecce, concípies in útero et páries fílium, et vocábis nomen eius Iesum. Hic erit magnus, et Fílius Altíssimi vocábitur, et dabit illi Dóminus Deus sedem David, patris eius : et regnábit in domo Iacob in ætérnum, et regni eius non erit finis. Dixit autem María ad Angelum : Quómodo fiet istud, quóniam virum non cognósco ? Et respóndens Angelus, dixit ei : Spíritus Sanctus supervéniet in te, et virtus Altíssimi obumbrábit tibi. Ideóque et quod nascétur ex te Sanctum, vocábitur Fílius Dei. Et ecce, Elísabeth, cognáta tua, et ipsa concépit fílium in senectúte sua : et hic mensis sextus est illi, quæ vocátur stérilis : quia non erit impossíbile apud Deum omne verbum. Dixit autem María : Ecce ancílla Dómini, fiat mihi secúndum verbum tuum.En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. L’ange, étant entré auprès d’elle, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. Elle, l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu 1ui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob ; et son règne n’aura pas de fin. Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il ? Car je ne connais point d’homme. L’ange lui répondit : L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Et voici qu’Elisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de celle qui est appelée stérile ; car il n’y a rien d’impossible à Dieu. Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole.
Ante 1960 : CredoAvant 1960 : Credo
Ant. ad Offertorium. Apoc. 8, 3 et 4.Offertoire
Stetit Angelus iuxta aram templi, habens thuríbulum áureum in manu sua, et data sunt ei incénsa multa : et ascéndit fumus aromátum in conspéctu Dei, allelúia.L’Ange se plaça devant l’autel du temple, ayant un encensoir d’or dans sa main ; et il lui fut donné beaucoup de parfums : et la fumée des parfums monta devant Dieu.
SecretaSecrète
Accéptum fiat in conspéctu tuo, Dómine, nostræ servitútis munus, et beáti Archángeli Gabriélis orátio : ut, qui a nobis venerátur in terris, sit apud te pro nobis advocátus in cælis. Per Dóminum nostrum.Que le don de notre dépendance soit accepté devant votre face, Seigneur, avec la prière du bienheureux Archange Gabriel : de sorte que celui que nous vénérons sur terre soit notre avocat dans les cieux devant vous.
Ant. ad Communionem. Dan. 3, 58.Communion
Benedícite, omnes Angeli Dómini, Dóminum : hymnum dícite et superexaltáte eum in sǽcula.Tous les anges du Seigneur, bénissez le Seigneur ; dites-lui des hymnes et exaltez-le dans tous les siècles.
PostcommunioPostcommunion
Córporis tui et Sánguinis sumptis mystériis, tuam, Dómine, Deus noster, deprecámur cleméntiam : ut, sicut, Gabriéle nuntiánte, incarnatiónem tuam cognóvimus ; ita, ipso adiuvante, incarnationis eiúsdem benefícia consequámur : Qui vivis.Ayant communié aux mystères de votre Corps et de votre Sang, nous implorons, Seigneur notre Dieu, votre clémence : afin que comme nous avons connu par les message de Gabriel votre incarnation, de même, avec son aide, nous participions aux bienfaits de cette incarnation.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Antt. & cap. comme à Laudes, Hymne comme à Matines.

Ant.au Magnificat L’Ange Gabriel,’* apparut à Daniel et lui dit : Dès le commencement de tes prières est sortie une parole et moi je suis venu pour te la faire connaître : toi donc sois attentif à cette parole et comprends la vision.

A MATINES. avant 1960

Invitatoire. Le Seigneur Roi des Archanges. * Venez adorons.

Hymnus Hymne
Christe, sanctórum decus Angelórum,
Gentis humánæ Sator et Redémptor,
Cǽlitum nobis tríbuas beátas
Scándere sedes.
O Christ, la gloire des saints Anges,
Créateur et Rédempteur du genre humain,
accordez-nous de monter un jour
à l’heureuse demeure des habitants du ciel.
Angelus fortis Gábriel, ut hostes
Pellat antíquos, et amíca cælo,
Quæ triumphátor státuit per orbem,
Templa revísat.
Que Gabriel, l’Ange de la force,
repousse nos anciens ennemis,
et qu’il visite les temples aimés du ciel qui se sont élevés sur la terre
après la mission triomphante qu’il vint y remplir.
Virgo dux pacis, Genitríxque lucis,
Et sacer nobis chorus Angelórum
Semper assístat, simul et micántis
Régia cæli.
Que la Vierge, reine de paix et mère de la lumière,
que le chœur sacré des Anges,
et la cour resplendissante des cieux
nous couvrent toujours de leur protection.
Præstet hoc nobis Déitas beáta
Patris, ac Nati, paritérque Sancti
Spíritus, cuius résonat per omnem
Glória mundum. Amen.
Qu’elle nous accorde ses faveurs,
la Divinité bienheureuse :
Père, Fils et Saint-Esprit,
elle dont le monde entier proclame la gloire. Amen.

Au premier nocturne.

Ant. 1 L’Ange Gabriel dit * à Daniel : Comprends, fils d’un homme, parce qu’au temps de la fin s’accomplira la vision.
Ant. 2 Voilà que Gabriel, l’homme, * que j’avais vu dans la vision, volant vite, me toucha au temps du sacrifice du soir, et il m’instruisit.
Ant. 3 Comme Gabriel * me parlait, je tombai incliné vers la terre ; et il me toucha, et il me remit sur mes pieds

V/. L’Ange s’arrêta devant l’autel du temple.
R/. Ayant un encensoir d’or à la main.

Du Prophète Daniel. Cap. 9, 20-27.

La vision de Daniel
Première leçon. Moi, Daniel, comme je parlais encore, et que je priais, et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple Israël, et que, prosterné, je répandais mes prières en la présence de mon Dieu, pour la montagne sainte de mon Dieu ; moi parlant encore dans ma prière, voilà que l’homme Gabriel, que j’avais vu dans la vision, au commencement, volant vite, me toucha au temps du sacrifice du soir. Et il m’instruisit, et il me parla, et dit : Daniel, maintenant je suis sorti afin de t’instruire, et que tu comprennes. Dès le commencement de tes prières est sortie une parole ; mais moi je suis venu pour te la faire connaître, parce que tu es un homme de désirs ; toi donc, sois attentif à cette parole, et comprends la vision.
R/. Comme Daniel priait, et qu’il confessait ses péchés et les péchés de son peuple, * Voilà que l’Archange Gabriel, volant vite, le toucha au temps du sacrifice du soir. V/. Comme il répandait ses prières en la présence de son Dieu. * Voilà.

Deuxième leçon. Soixante-dix semaines ont été abrégées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que soit abolie la prévarication, et que prenne fin le péché, et que soit effacée l’iniquité, et que vienne la justice éternelle, et que soient accomplies la vision et la prophétie, et que soit oint le Saint des saints. Sache donc, et remarque bien : Depuis que sortira la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines, et de nouveau sera bâtie la place publique et les murailles dans les temps difficiles.
R/. Gabriel parla à Daniel, et dit : Dès le commencement de tes prières est sortie une parole ; * Mais moi je suis venu pour te la faire connaître, parce que tu es un homme de désirs. V/. Toi donc, sois attentif à cette parole, et comprends la vision. * Mais.

Troisième leçon. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort ; et il ne sera pas son peuple, (le peuple) qui doit le renier. Et un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la cité et le sanctuaire ; et sa fin sera la dévastation, -et après la fin de la guerre, la désolation décrétée. Mais il confirmera (son) alliance avec un grand nombre dans une semaine ; et au milieu de la semaine cesseront l’oblation et le sacrifice ; et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation continuera jusqu’à la consommation et à la fin.
R/. Voilà que l’homme Gabriel, que j’avais vu, volant vite, me toucha au temps du sacrifice du soir, et il m’instruisit, et dit : * Daniel, maintenant je suis sorti afin de t’instruire, et que tu comprennes. V/. Gabriel, fais-moi comprendre cette vision. Et il vint, et il s’arrêta près du lieu où moi j’étais ; et il me dit. * Daniel. Gloire au Père. * Daniel.

Au deuxième nocturne.

Ant. 1 L’Ange Gabriel * apparut à Zacharie, disant : Élisabeth, ta femme, enfantera un, fils, et tu lui donneras le nom de Jean.
Ant. 2 Et Zacharie dit * à l’Ange : Comment connaîtrai-je cela ? car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.
Ant. 3 Et l’Ange, répondant, * lui dit : Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle.

V/. La fumée des parfums monta en présence du Seigneur.
R/. De la main de l’Ange.

Sermon de saint Béde le Vénérable, Prêtre.

Quatrième leçon. L’Ange apparut à Zacharie, debout à droite de l’autel de l’encens. C’est bien justement que cet Ange se montre, et dans le temple, et près de l’autel et du côté droit, puisqu’il annonce, et l’avènement du véritable prêtre, et le mystère du sacrifice universel, et la joie du don céleste. Souvent en effet, comme la gauche indique les biens présents, ainsi la droite fait-elle .présager les biens éternels. Cette interprétation est conforme à ce qui se trouve chanté dans l’éloge de la Sagesse : La longue durée des jours est dans sa droite, et dans sa gauche sont les richesses et la gloire. L’Ange rassure Zacharie, rempli de crainte, car de même qu’il est naturel à la fragilité humaine de se troubler à fa vue d’une créature purement spirituelle, il convient à la bonté des Anges de consoler bien vite par de douces paroles les mortels qui tremblent à leur aspect. Au contraire, il est propre à la cruauté des démons, d’abattre toujours plus par une impression d’horreur ceux qu’ils voient effrayés de leur présence, aussi n’est-il nul meilleur moyen de les mettre en fuite qu’une foi intrépide.
R/. Il arriva que, lorsque Zacharie remplissait devant Dieu les fonctions du sacerdoce, au rang de sa classe. * L’Ange Gabriel lui apparut debout, à droite de l’autel de l’encens. V/. Comme il était entré dans le temple du Seigneur pour y offrir l’encens, suivant la coutume observée entre les prêtres. * L’Ange.

Cinquième leçon. L’Ange, affirmant à Zacharie que sa prière a été exaucée, lui promet aussitôt le prochain enfantement de son épouse. Non point que ce prêtre entré dans le sanctuaire pour offrir une oblation au nom du peuple, eût fait abstraction des vœux publics pour demander plutôt la grâce d’avoir des enfants, d’autant que nul n’implore une faveur qu’il désespère d’obtenir, (Zacharie, se souvenant de l’âge et de la stérilité de son épouse, désespérait tellement de se voir naître un fils qu’il ne devait même pas croire à la parole de l’Ange le lui promettant). Mais ce que dit le messager céleste : Ta supplication a été exaucée, s’entend de la prière de ce prêtre pour la rédemption du peuple ; et quand l’Ange ajoute : Ta femme t’enfantera un fils, cette promesse se rattache à l’économie de la rédemption, en ce sens que le fils naissant à Zacharie devait comme un héraut préparer la voie au Rédempteur de ce peuple. En affirmant à Zacharie que sa prière pour le peuple n’est pas restée sans fruit, l’Ange enseigne suivant quel ordre ce même peuple doit être sauvé et rendu parfait, c’est-à-dire en faisant pénitence à la prédication de Jean et en croyant au Christ.
R/. L’Ange Gabriel descendit vers Zacharie, disant : * Ne crains point, parce que ta prière a été exaucée ; Élisabeth, ta femme, enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. V/. Et Zacharie fut troublé en le voyant, et la crainte le saisit ; mais l’Ange lui dit. * Ne.

Sixième leçon. Zacharie hésitant à cause de la grandeur de telles promesses, demande un signe pour pouvoir y ajouter foi, alors que la seule vue ou les paroles d’un Ange devaient lui suffire comme signe. Aussi subit-il la peine méritée par sa défiance, en devenant muet. Le silence même qui lui est imposé devient pour lui, et le signe qu’il a demandé pour croire, et la juste peine de son infidélité. Il faut comprendre que si de telles promesses avaient été formulées par un homme, Zacharie eût pu, sans s’attirer aucun châtiment, réclamer un signe ; mais, quand un Ange promet, il ne convient pas de douter. Gabriel accorde le signe sollicité, en sorte que celui qui a parlé pour émettre un doute apprend maintenant à croire en se taisant. On doit remarquer ici ce que l’Écriture atteste, à savoir que cet Ange se tient devant Dieu et aussi qu’il est envoyé porter la bonne nouvelle à Zacharie ; semblablement, quand les Anges viennent à nous, ils remplissent ainsi un ministère extérieur, sans cependant jamais interrompre leur contemplation intérieure. Ils sont envoyés et ils restent présents devant Dieu car si un esprit angélique n’est point infini, l’Esprit suprême qui est Dieu n’a point de bornes. Les Anges se trouvent donc devant lui, quand même ils sont envoyés, car quel que soit le lieu où ils remplissent une mission, ils se meuvent en lui. — Le Pape Benoît XV a étendu la fête de saint Gabriel Archange à l’Église universelle.
R/. Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parier et t’annoncer cette heureuse nouvelle. * Et voilà que tu seras muet, et ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront. V/. Parce que tu n’as cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. * Et. Gloire au Père. * Et.

Au troisième nocturne. Ant. 1 Il fut envoyé, * l’Ange Gabriel, à une vierge nommée Marie, qu’avait épousée Joseph.
Ant. 2 L’Ange Gabriel * dit à Marie : Voilà qu’Élisabeth votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse.
Ant. 3 Recevez le message, * Vierge Marie, qui vous est transmis de la part du Seigneur par l’Ange Gabriel.

V/. En présence des Anges, je vous chanterai des hymnes, mon Dieu.
R/. J’adorerai vers votre saint temple, et je glorifierai votre nom.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 1, 26-38.
En ce temps-là : l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. Et le reste.

Homélie de saint Bernard, Abbé.

Septième leçon. Je ne pense pas qu’il soit ici question d’un de ces Anges de moindre dignité, qui viennent souvent sur la terre y remplir une mission pour un motif quelconque. Le contraire est donné clairement à entendre par son nom que l’on dit signifier Force de Dieu, et se conclut aussi de cette particularité rapportée qu’il est envoyé, non par quelque autre esprit, probablement supérieur, comme cela a lieu d’ordinaire, mais par Dieu même. C’est donc sans doute pour attirer notre attention sur la dignité de l’envoyé céleste qu’ont été mis ces mots : De Dieu. Ou bien il a été dit, de Dieu, pour qu’il ne nous semble pas que Dieu, avant de révéler son dessein à la Vierge, en ait fait part à un des esprits bienheureux qu’à l’Archange Gabriel qui seul entre ses compagnons de gloire fut jugé digne de porter un tel nom et un tel message.
R/. L’Ange Gabriel fut envoyé à une vierge nommée Marie, qu’avait épousée Joseph, et la Vierge s’effraya de la lumière. * Ne craignez point, Marie ; vous avez trouvé grâce devant le Seigneur ; voilà que vous concevrez, et vous enfanterez, et il sera appelé le Fils du Très-Haut. V/. Lorsqu’elle l’eut entendu, elle fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation ; mais l’Ange lui dit. * Ne.

Huitième leçon. Le nom s’harmonise bien avec le message. Par qui convenait-il mieux que fut annoncé le Christ, vertu de Dieu, que par cet ange qui a l’honneur d’avoir avec lui une similitude de nom ? Et la force, qu’est-elle sinon la vertu ? N’allez pas croire qu’il n’était, ni digne ni convenable que le Maître et l’envoyé portassent un nom analogue, car si tous deux s’appellent de même, cette appellation "semblable n’a cependant pas une raison d’être commune de part et d’autre. En effet c’est sous des rapports différents que le Christ et l’Ange sont nommés force ou vertu .de Dieu : l’Ange ne l’est que nominalement, mais le Christ l’est substantiellement.
R/. Réjouissez-vous, Vierge Marie, vous seule avez détruit toutes les hérésies : * Vous avez cru aux paroles de l’Archange Gabriel, vous avez conçu, en restant vierge, un Dieu-homme, et, après l’enfantement, vous êtes demeurée vierge et sans tache. V/. Vous êtes bénie entre les femmes et béni est le fruit de votre sein. * Vous Gloire au Père. * Vous

Neuvième leçon. Le Christ est appelé et est en effet la vertu de Dieu ; il est ce plus fort qui survient et, de son bras puissant, terrasse le fort armé qui jusque-là avait gardé sa maison en paix, et lui enlève ainsi les dépouilles de la captivité. Quant à l’Ange, s’il est appelé la force de Dieu, c’est, ou parce qu’il a pour office d’annoncer la venue de cette force elle-même, ou bien parce qu’il devait rassurer une vierge naturellement timide, simple et pudique, que la nouvelle du miracle qui devait s’accomplir en elle allait troubler. « Ne craignez pas, Marie, lui dit-il, vous avez trouvé grâce devant Dieu ». Ce n’est donc pas sans motif que Gabriel est choisi pour ce message, ou plutôt parce qu’il a reçu cette mission, il est désigné à bon droit sous un tel nom.

A LAUDES. avant 1960

Ant. 1 Zacharie étant entré * dans le temple du Seigneur, l’Ange Gabriel lui apparut debout, à droite de l’autel de l’encens.
Ant. 2 L’Ange lui dit : * Ne crains point, Zacharie, parce que ta prière a été exaucée.
Ant. 3 Je suis l’Ange Gabriel, * moi qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler.
Ant. 4 L’Ange Gabriel * parla à Marie, disant : Voilà que vous concevrez dans votre sein, et que vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus.
Ant. 5 Marie dit * à l’Ange : Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d’homme. Et l’Ange Gabriel répondant, lui dit : L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre.
Capitule. Dan. 9, 21-22. Voilà que Gabriel, l’homme que j’avais vu dans la vision, au commencement, volant vite, me toucha au temps du sacrifice du soir. Et il m’instruisit, et il -me parla, et dit : Daniel, maintenant je suis sorti afin de t’instruire, et que tu comprennes.

HymnusHymne
Placáre, Christe, sérvulis,
Quibus Patris cleméntiam
Tuæ ad tribúnal grátiæ
Patróna Virgo póstulat.
O Christ, pardonnez à vos serviteurs,
pour lesquels Marie, la divine patronne,
implore la clémence du Père
auprès du tribunal de votre miséricorde.
Nobis adésto, Archángele,
Robur Dei qui dénotas :
Vires adáuge lánguidis,
Confer levámen trístibus.
Venez à notre aide, ô Archange
dont le nom rappelle la force de Dieu,
obtenez des forces nouvelles à ceux qui languissent,
procurez du soulagement aux affligés.
Et vos, beáta per novem
Distíncta gyros ágmina,
Antíqua cum præséntibus ;
Futúra damna péllite.
Et vous, bienheureux esprits,
divisés en neuf chœurs glorieux,
éloignez de nous les maux présents,
et les maux à venir.
Auférte gentem pérfidam
Credéntium de fínibus,
Ut unus omnes únicum
Ovíle nos pastor regat.
Faites disparaître des pays occupés par les fidèles,
ceux qui n’ont pas la vraie foi,
en sorte qu’il n’y ait plus qu’un seul troupeau
gouverné par un seul Pasteur.
Deo Patri sit glória,
Qui, quos redémit Fílius,
Et Sanctus unxit Spíritus,
Per Angelos custódiat. Amen.
Gloire à Dieu le Père
qui nous a racheté par son Fils,
nous a oint du Saint-Esprit,
et nous garde par les Anges. Amen.
V/. L’Ange s’arrêta devant l’autel du temple.
R/. Ayant un encensoir d’or à la main.

Ant. au Bénédictus L’Ange Gabriel * descendit vers Zacharie, et lui dit : Élisabeth, ta femme, enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean et à sa naissance, beaucoup se réjouiront : il marchera devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES. avant 1960

V/. En présence des Anges, je vous chanterai des hymnes, mon Dieu.
R/. J’adorerai vers votre saint temple, et je glorifierai votre nom.

Ant. au Magnificat L’Archange Gabriel * dit à Marie : Rien n’est impossible à Dieu. Et Marie reprit : Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. Et l’Ange s’éloigna d’elle.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Jusqu’ici, nous n’avons encore rencontré sur le Cycle aucune fête consacrée à l’honneur des saints Anges ; mais au milieu des splendeurs de la nuit de Noël, nous mêlâmes nos voix joyeuses et timides aux divins concerts que faisaient entendre les Esprits célestes au-dessus de l’humble berceau de l’Emmanuel. Cet heureux souvenir émeut encore d’une douce allégresse nos cœurs attristés par la pénitence et par l’approche du douloureux anniversaire de la mort du Rédempteur. Aujourd’hui, faisons un peu trêve aux sévères pensées du Carême pour fêter l’Archange Gabriel ; plus tard, Michel. Raphaël et l’immense armée de nos célestes Gardiens recevront nos hommages ; mais il était juste que Gabriel fût salué de nos acclamations en ce jour. Encore une semaine, et nous le verrons descendre sur la terre comme le céleste ambassadeur de la glorieuse Trinité près de la plus pure des vierges : c’est donc avec raison que les enfants de l’Église se recommandent à lui pour apprendre à célébrer dignement le mystère ineffable dont il fut ici-bas le messager.

Gabriel appartient aux plus hautes hiérarchies des Esprits angéliques ; il assiste devant la face de Dieu, comme il le dit lui-même à Zacharie [1].

Les missions qui concernent le salut des hommes par l’incarnation du Verbe lui sont réservées, parce que c’est dans ce mystère, si humble en apparence, qu’éclate principalement la force de Dieu : or, le nom de Gabriel signifie Force de Dieu. Des l’Ancien Testament, l’Archange a préludé à ce sublime emploi. Nous le voyons d’abord se manifester à Daniel, après la vision qu’a eue ce Prophète sur les deux empires des Perses et des Grecs ; et tel est l’éclat dont il brille, que Daniel tombe anéanti à ses pieds [2]. Peu après, Gabriel reparaît encore ; et c’est pour annoncer au même Prophète le temps précis de la venue du Messie : dans soixante-dix semaines d’années, lui dit-il, la terre aura vu le Christ-Roi [3].

Lorsque les temps sont accomplis, et que le Ciel a résolu de faire naître le dernier des Prophètes, celui qui, après avoir averti les hommes de la prochaine manifestation du divin Envoyé, doit le montrer au peuple comme l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, Gabriel descend du ciel dans le temple de Jérusalem, et prophétise au prêtre Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, prélude de celle de Jésus lui-même.

Après six mois, le saint Archange reparaît sur la terre, et, cette fois, c’est à Nazareth qu’il se montre. Il apporte du ciel la grande nouvelle. Sa céleste nature s’incline devant une fille des hommes ; il vient proposer à Marie, de la part de Jéhovah, l’honneur de devenir la Mère du Verbe éternel. C’est lui qui reçoit le consentement de la Vierge ; et quand il quitte la terre, il la laisse en possession de celui qu’elle attendait comme la rosée des cieux [4].

Mais l’heure est venue où la Mère de l’Emmanuel doit donner aux hommes le fruit béni de ses chastes entrailles. La naissance de Jésus s’accomplit dans le mystère et la pauvreté ; toutefois, le Ciel ne veut pas que l’enfant de la crèche demeure sans adorateurs. Un Ange apparaît aux bergers des campagnes de Bethléhem, et les convoque à l’humble berceau du nouveau-né. Il est accompagné d’un nombre immense d’Esprits célestes qui font entendre les plus ravissants concerts, et chantent : Gloire à Dieu et Paix aux hommes ! Quel est cet Ange supérieur qui parle seul aux bergers, et dont les autres Anges forment comme la cour ? De graves docteurs catholiques nous enseignent que cet Ange est Gabriel, qui continue son ministère de messager de la bonne nouvelle.

Enfin, lorsque Jésus, dans le jardin de Gethsémani, à l’heure qui précède sa Passion, éprouve dans son humanité les terreurs du fatal calice, un Ange paraît auprès de lui, non seulement comme témoin de sa cruelle agonie, mais pour fortifier son courage. Quel est cet Ange que le saint Évangile ne nomme pas ? De pieux et savants hommes voient encore en lui Gabriel ; et cette pensée est confirmée par un monument liturgique que nous reproduisons ici, et qui est revêtu de l’approbation du Siège Apostolique.

Tels sont les titres du sublime Archange aux hommages des chrétiens ; tels sont les traits par lesquels il justifie son beau nom de Force de Dieu. En effet, Dieu l’a associé à toutes les phases du grand œuvre dans lequel il a manifesté davantage sa puissance : car Jésus-Christ jusque sur la croix est, nous dit l’Apôtre, la force de Dieu [5].

Or, Gabriel intervient à chaque pas, pour lui préparer la voie. Il annonce d’abord l’époque précise de sa venue ; dans la plénitude des temps, il vient révéler la naissance du Précurseur ; bientôt il assiste comme témoin céleste au mystère du Verbe fait chair ; à sa voix, les bergers de Bethléhem, prémices de l’Église, viennent adorer le Fils de Dieu ; et lorsque l’humanité de Jésus aux abois doit recevoir le secours d’une main créée, Gabriel se retrouve au Jardin des douleurs, comme il avait paru à Nazareth et à Bethléhem.

Honorons donc en lui l’Ange de l’Incarnation, et offrons-lui humblement en ce jour quelques-uns des cantiques que la piété liturgique lui a consacrés. Nous donnons ici d’abord deux Hymnes empruntées au Bréviaire Franciscain.

Ire HYMNE.
D’un cœur joyeux, faisons résonner nos cantiques ; promenons l’archet sur les cordes sonores, à l’heure où Gabriel descend radieux des hauteurs du ciel.
Voici aujourd’hui le Paranymphe de l’auguste Vierge ; il est accompagné de tout le chœur des Anges qui célèbre avec transport les louanges du Christ.
Que notre chœur à nous chante à son tour la louange du prince Gabriel : il est un des sept qui se tiennent devant le Seigneur, prêts à exécuter ses ordres.
Messager du ciel, ambassadeur d’en haut, Gabriel, joyeux de sa mission, descend des demeures célestes ; il veille sur le monde, et lui dévoile les secrets du Tout-Puissant.
Annoncez-nous, ô Gabriel, le don de la paix éternelle, par lequel un jour nous entrerons pleins d’allégresse dans la céleste cour.
Daigne nous accorder cette grâce la divinité à jamais heureuse du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dont la gloire retentit dans le monde tout entier. Amen.
 
IIe HYMNE.
Il est minuit ; levez-vous à la hâte ; chantons au Seigneur un cantique nouveau ; c’est l’heure où Gabriel fut pour le monde un messager de vie.
C’est aussi l’heure où le sein de la Vierge enfanta le Seigneur, pour le salut des hommes ; c’est l’heure où le Seigneur, ayant terrassé ses ennemis, s’éleva victorieux du tombeau.
A notre lever, offrons d’humbles prières aux Esprits célestes, mais surtout au Seigneur, qui nous a donné son Ange pour avoir soin de nous tous.
L’esprit de l’homme pourrait-il raconter les bienfaits que Gabriel ne cesse de répandre sur le monde ? C’est lui qui, conducteur des âmes, les introduit auprès du Seigneur pour contempler sa gloire.
Daignez donc, ô Prince admirable, obtenir grâce pour nous, malheureux ; rendez-nous propice celui qui peut tout ; obtenez qu’il nous pardonne. Amen.

Le Bréviaire des Dominicains nous fournit, à son tour, cette belle Hymne en l’honneur du saint Archange.

HYMNE.
Force de Dieu, lumineux Gabriel, toi qu’Emmanuel distingue parmi les princes de la milice céleste, c’est toi qui fus choisi pour dévoiler à Daniel la vision du bouc terrible.
A la prière de ce Prophète, tu accours du ciel ; tu lui expliques le mystère des semaines sacrées qui doivent enrichir et réjouir la terre, par la naissance du Roi des cieux.
C’est toi qui apportes la nouvelle joyeuse et admirable aux parents de Jean-Baptiste ; toi qui révèles qu’une mère stérile donnera un fils à un vieillard cassé par les ans.
Ce que les Prophètes annoncèrent dès l’origine du monde, tu viens le manifester pleinement à la Vierge sacrée ; tes paroles développent le mystère, en lui annonçant qu’elle enfantera le vrai Dieu.
C’est toi, auguste Archange, qui combles de joie les pasteurs de Judée, en leur manifestant la céleste nouvelle. La troupe angélique célèbre avec toi le mystère du Dieu qui vient de naître.
Lorsque le Seigneur dans la dernière nuit, inondé d’une sueur de sang, souffre l’agonie, tu descends des cieux, tu lui déclares qu’il doit boire le calice, selon la volonté du Père.
Daignez, ô Trinité glorieuse, confirmer les cœurs catholiques par le don céleste de la foi ; donnez-nous la grâce, que nous voyions votre gloire dans les siècles sans fin. Amen.

Le genre humain tout entier vous est redevable, o Gabriel ! Et nous acquittons aujourd’hui sa dette de reconnaissance envers vous. Du haut du ciel, vous considériez avec une sainte compassion nos malheurs : car toute chair avait corrompu sa voie, et l’oubli de Dieu devenait de plus en plus universel sur la terre. C’est alors que vous recevez du Très-Haut la mission d’apporter la bonne nouvelle à ce monde qui allait périr. Qu’ils sont beaux, vos pas, ô Prince céleste, lorsque vous vous élancez du séjour de la gloire vers notre humble demeure ! Qu’il est tendre et fraternel, votre amour pour l’homme, dont la nature si intérieure à la vôtre va être élevée à l’honneur sublime de l’union avec Dieu même ! Avec quel respect vous approchez de la Vierge qui surpasse en sainteté toutes les hiérarchies angéliques !

Heureux messager de notre salut, vous que le Seigneur appelle quand il veut déployer la force de son bras, daignez offrir l’hommage de notre gratitude à celui qui vous envoya. Aidez-nous à acquitter notre dette immense envers le Père « qui a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique [6] » : envers le Fils « qui s’est anéanti en prenant la forme d’esclave [7] » ; envers l’Esprit divin « qui s’est reposé sur la Fleur sortie de la tige de Jessé [8] ».

C’est vous, ô Gabriel ! Qui nous avez enseigné la salutation que nous devons présenter à « Marie, pleine de grâce ». C’est du ciel que vous avez apporté ces sublimes paroles ; le premier, vous les avez prononcées ; les enfants de l’Église qui les ont apprises de vous les répètent par toute la terre, le jour et la nuit : obtenez que notre grande Reine les agrée toujours de notre bouche.

Ange de force, ami des hommes, continuez en notre faveur votre auguste ministère. Nous sommes environnés d’ennemis terribles ; notre faiblesse accroît encore leur audace ; venez à notre secours, fortifiez notre courage. Assistez les chrétiens, en ce temps de conversion et de pénitence ; faites-nous comprendre tout ce que nous devons à Dieu, après cet ineffable mystère de l’Incarnation dont vous fûtes le premier témoin. Nous avons oublié nos devoirs envers l’Homme-Dieu, et nous l’avons offensé : éclairez-nous, afin que nous soyons désormais fidèles à ses leçons et à ses exemples. Élevez nos pensées vers l’heureux séjour que vous habitez ; aidez-nous à mériter dans les rangs de votre sublime hiérarchie les places que la défection des mauvais anges a laissées vacantes, et qui sont réservées aux élus de la terre.

Priez, ô Gabriel, pour l’Église militante, et défendez-la contre l’enfer. Les temps sont mauvais ; les esprits de malice sont déchaînés : nous ne pourrions subsister devant eux, sans le secours du Seigneur. C’est par les saints Anges qu’il donne la victoire à son Épouse. Paraissez au premier rang. Archange force de Dieu. Repoussez l’hérésie, contenez le schisme, dissipez la fausse sagesse, confondez la vaine politique, réveillez l’indifférence : afin que le Christ que vous avez annonce règne sur la terre qu’il a rachetée, et que nous puissions chanter avec vous et avec toute la milice céleste : Gloire à Dieu ! Paix aux hommes !

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

"Et un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout à la droite de l’autel de l’encens"

La fête de saint Gabriel est entrée à cette date dans le Missel romain seulement sous Benoît XV. Elle revendiquait pourtant en sa faveur des précédents historiques, puisqu’elle apparaît déjà dans le plus ancien Calendrier copte le 18 décembre, et dans le Lectionnaire syrien elle est mentionnée le 26 mars. Dans l’un et l’autre cas, elle est, comme l’on voit, en relation avec la fête de l’Annonciation de la Très Sainte Vierge, et c’est ainsi que le jour assigné finalement à saint Gabriel dans le Calendrier romain se rattache à la tradition orientale la plus antique.

Ce saint Archange que nous voyons, dans les Écritures, annoncer le mystère de l’Incarnation au prophète Daniel, au prêtre Zacharie et à la bienheureuse Vierge, a joui anciennement d’une certaine popularité dans le monde byzantin et en Occident, et les sigles formés avec les initiales de son nom et celles du nom de Michel, ou le plus souvent les images des deux archanges, entourent l’Enfant Jésus, assis, à la mode byzantine, entre les bras de la Mère de Dieu. Parmi les images les plus connues, qu’il suffise de mentionner ici celle qu’on vénère à Rome sur l’Esquilin, sous lé titre de Madone du Perpétuel-Secours, où, dans le ciel, aux côtés de Jésus Enfant, apparaissent deux anges ailés portant les instruments de la passion. Les sigles nous disent^leurs noms :

OAM – OAG

c’est-à-dire l’archange Michel et l’archange Gabriel. L’image de la Theotocos à Farfa est presque identique à celle de l’Esquilin.

Une belle prière latine entrée dans le formulaire romain de la messe solennelle, quand, à l’offertoire, le prêtre bénit les oblations, invoquait primitivement : Intercessionem beati Gabrielis Archangeli, stantis a dextris altaris incensi. Mais par la suite cette prière a subi une déformation qui ne trouve aucun appui dans le Texte sacré, puisque à côté de l’autel de l’encens elle fait apparaître non plus Gabriel, comme le veulent Daniel et saint Luc, mais saint Michel archange.

En 1875, Armellini fit connaître la découverte faite par lui, sur la voie Appienne, d’un antique oratoire dédié aux sept martyrs d’Éphèse, appelés aussi les sept Dormants, et à l’archange saint Gabriel. Ce sanctuaire s’élevait près de la diaconie de Saint-Césaire, et devait probablement son origine à quelque communauté orientale. Elle n’eut toutefois pas une longue vie, puisque dans la liste des églises romaines du XIVe siècle elle apparaît dépourvue de tout gardien : Ecclesia sancti Archangeli, quae non habet servitorem [9]. Dans la niche du fond on voyait la sainte Vierge escortée de l’archange en orante et avec le nom : Gabriel ; tandis que dans le haut se trouvait le Sauveur entre les armées des Esprits célestes qui l’adoraient. Le long des murs latéraux apparaissaient un grand nombre de têtes décharnées de moines et de saints byzantins, parmi lesquels étaient certainement les martyrs d’Éphèse, dont porte encore aujourd’hui le nom la vigne environnante. Au XIIe siècle, ce même Beno de Rapiza et son épouse Maria Macellaria, qui firent décorer de peintures la basilique de Saint-Clément, déployèrent aussi leur pieuse générosité envers la petite église de Saint-Gabriel sur la voie Appienne. De fait, aux angles de la lunette sur l’autel principal étaient peints deux portraits, d’homme et de femme, avec les noms : BENO et MARIA.

Au point de vue liturgique, l’insertion de la fête de saint Gabriel archange dans le calendrier de l’Église romaine par Benoît XV, loin de constituer une nouveauté, représente au contraire un retour aux plus anciennes traditions de l’Église Mère.

L’antienne d’introït, empruntée à l’ancienne messe de saint Michel, est tirée du psaume 102 : « Bénissez le Seigneur, vous tous, ses anges ; vous, puissants, qui exécutez ce qu’il dit et écoutez la parole de ses lèvres. » Quelle belle description de l’ange ! Un esprit contemplatif, que la parole de Dieu met en extase et qui trouve sa félicité à l’exécuter, coopérant ainsi avec le Verbe au salut du genre humain.

Dans la première collecte, on exalte les mérites de l’archange Gabriel qui, entre tous les autres esprits bienheureux, fut initié au grand secret de Dieu, c’est-à-dire au mystère de l’Incarnation du Verbe divin, secret que, pour le moment, le démon devait ignorer. Par les mérites de l’archange dont nous célébrons la fête, nous supplions donc le Seigneur de nous accorder son patronage dans le ciel.

La première lecture est tirée de Daniel (IX, 21-26). A la prière accompagnée de jeûnes du prophète, Gabriel descend du ciel et lui annonce que désormais une douzaine de semaines d’années seulement le séparent du Christ, qui mettra fin au péché et inaugurera le royaume messianique. Pourtant Jérusalem, qui est sur le point de se relever de ses ruines grâce à Cyrus, ne sera que trop infidèle au pacte que Dieu a fait avec Israël, car, après soixante-deux semaines d’années, le Messie sera mis à mort, un peuple nouveau, au commandement d’un chef étranger, détruira le temple, et les ruines couvriront le sol désolé du Moriah.

Le répons-graduel est tiré du même psaume que l’introït : « Vous, Anges de Yahweh, bénissez le Seigneur ; vous, puissants, qui exécutez ce qu’il vous dit. Mon âme, bénis le Seigneur ; mes puissances intimes bénissez son adorable Nom. »

Le fruit que nous devons demander à l’occasion de cette fête est la grâce d’imiter la promptitude et le zèle des saints anges dans leur vol rapide aux ordres de Dieu. Cette disposition d’obéissance et d’entière sujétion à la volonté de Dieu doit être universelle et continue, de manière à constituer ce que saint Paul appelle : rationabile obsequium vestrum.

Le psaume-trait, au lieu d’être tiré des chants davidiques, comme il est de règle, a été emprunté par le rédacteur moderne de la messe à la narration évangélique. Le mérite de Gabriel est intimement lié au mystère de l’Incarnation annoncé à la Vierge ; c’est le consentement de celle-ci que l’archange rapporte à l’Éternel [10] : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre les femmes, et béni le fruit de votre sein. » — Cette seconde bénédiction est toutefois d’Élisabeth. — « Voici que vous concevrez et mettrez au monde un Fils, et vous lui donnerez le nom d’Emmanuel » — interpolation évangélique, qui s’inspire du texte célèbre d’Isaïe. — « Sur vous viendra l’Esprit Saint, et la puissance du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le Saint qui naîtra de vous aura pour nom : le Fils de Dieu. »

La lecture évangélique (Luc., I, 26-38) où Gabriel, au nom de l’auguste Trinité et de toute la cour céleste, salue celle qui est bénie entre toutes les créatures et lui annonce la fonction de Mère de Dieu à laquelle le Seigneur l’appelle, est la même que le mercredi des Quatre-Temps d’Avent. Marie correspond, docile, à sa vocation, et le fiat qu’elle prononce en présence de l’archange représente la formule de sa profession religieuse.

Le verset de l’offertoire, commun à la messe de saint Michel, est tiré de l’Apocalypse (VIII, 3-4) et il est mis en relation avec l’encensement des oblations et de l’autel qui s’accomplit justement en ce moment de l’action liturgique. « L’ange s’arrêta dans le temple près de l’autel et il portait en main un encensoir d’or. On lin donna une grande quantité d’encens, et le thymiame parfumé s’éleva en présence de Dieu. » Cet arôme parfumé symbolise la divine liturgie, nos prières et nos sacrifices, que les saints anges, avec le Christ pontife dont ils sont les ministres, présentent pour nous devant le trône céleste de Dieu. C’est pourquoi, même dans l’anaphore romaine de la messe, on demande que les saints anges présentent notre sacrifice eucharistique de l’autel terrestre sur l’autel céleste et obtiennent pour ceux qui y participent l’abondance de toute grâce et bénédiction.

La secrète prend pour ainsi dire son inspiration du chant de l’offertoire, et supplie le Seigneur d’agréer notre offrande, accompagnée aujourd’hui des prières de l’archange ; en sorte que, celui-ci étant vénéré sur la terre par un culte spécial, il soit dans le ciel l’avocat de nos besoins spirituels.

Le verset pour la Communion du peuple est tiré du Cantique des trois enfants de Babylone (DAn., III, 58) : « Anges de Yahweh, bénissez le Seigneur. Élevez-lui un hymne et célébrez son Nom dans toute l’éternité. »

La collecte d’action de grâces demande au Seigneur, par les mérites de Gabriel, que, comme il a été pour nous le premier évangéliste du mystère de l’Incarnation divine, il nous en obtienne aussi le fruit abondant et fasse que, incorporés au Christ, grâce au Sacrement, nous vivions de Lui et participions avec Lui à l’héritage paternel.

Le fruit de la fête de ce jour, outre une tendre dévotion envers la Reine des anges, est un grand respect pour la présence de ces esprits bienheureux auxquels Jésus a confié l’assistance et la protection de l’Église. C’est pourquoi saint Jean, dans l’Apocalypse, au lieu de s’adresser directement aux sept évêques d’Asie, adresse ses admonitions aux anges tutélaires des Églises confiées à chacun d’eux.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

L’Ange de l’Incarnation.

L’archange. — La Sainte Écriture nous a transmis le nom de trois archanges : Michel, Gabriel, Raphaël. La liturgie actuelle les célèbre tous les trois. Gabriel (l’homme de Dieu) apparaît dans l’Ancien et le Nouveau Testament comme porteur des messages joyeux, particulièrement des révélations concernant la Rédemption. Il explique à Daniel la vision du bélier et du bouc [11] et lui fait la révélation importante des 70 semaines d’années avant la venue du Christ [12]. Il annonce au prêtre Zacharie, pendant l’offrande de l’encens au temple, la naissance du précurseur du Seigneur [13]. Mais il fut particulièrement choisi pour porter à la bienheureuse Vierge, à Nazareth, le « message » de la naissance du Sauveur du monde. C’est pourquoi on l’appelle l’ange de l’Incarnation. Il est considéré aussi comme l’ange protecteur et gardien du peuple élu. — Dans les premiers siècles, l’archange n’était pas honoré liturgiquement. Son nom n’apparaît qu’au Moyen Age dans les listes de saints, mais toujours en union avec la fête de l’Annonciation de la Sainte Vierge. En 1921, le pape Benoît XV prescrivit sa fête pour toute l’Église. La prière pour la bénédiction de l’encens, à l’Offertoire de la messe, se formulait primitivement ainsi : « Par l’intercession de saint Gabriel archange, qui se tient à la droite de l’autel de l’encens... » Ce n’est que plus tard que le nom de Michel fut substitué à celui de Gabriel. — Nous prenons encore la messe du Carême et nous faisons mémoire du saint archange.

[1] Luc. 1, 19.

[2] Dan. VIII, 17.

[3] Ibid. IX, 21.

[4] Isai. XLV, 8.

[5] I Cor. I, 24.

[6] Johan., III, 16.

[7] Philip. II, 7.

[8] Isai. XI, 1-2.

[9] Armellini, Le Chiese di Roma, 2e édit., p. 596.

[10] Luc., I, 28 sq.

[11] Dan. VIII, 15 sq.

[12] Dan. IX, 20 sq.

[13] Luc 1, 5-23.