Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
A Rome, déposition des Sts Marcellin et Pierre, en 304. Fête attestée au IVème siècle. A Formies (Campanie), déposition de St Érasme, Fête aux XI-XIIème siècles.
Extra Tempus Paschale : | Hors le Temps Pascal : |
Ant. ad Introitum. Ps. 33, 18. | Introït |
Clamavérunt iusti, et Dóminus exaudívit eos : et ex ómnibus tribulatiónibus eórum liberávit eos. | Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés : et il les a libérés de toutes leurs tribulations. |
Ps. ibid., 2. | |
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo. | Je bénirai le Seigneur en tout temps ; toujours sa louange sera à ma bouche. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui nos ánnua beatórum Mártyrum tuórum Marcellíni, Petri atque Erásmi sollemnitáte lætíficas : præsta, quǽsumus ; ut, quorum gaudémus méritis, accendámur exémplis. Per Dóminum nostrum. | Ô Dieu, qui nous faites trouver un sujet de joie dans la solennité de vos bienheureux Martyrs Marcellin, Pierre et Erasme, accordez-nous, s’il vous plaît, la grâce d’être enflammés d’ardeur par les exemples de ceux dont les mérites nous réjouissent. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Romános. | Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Romains. |
Rom. 8, 18-23. | |
Fratres : Exístimo, quod non sunt condignæ passiónes huius ttémporis ad futúram glóriam, quæ revelábitur in no-bis. Nam exspectátio creatúra revelatiónem filiórum Dei exspéctat. Vanitáti enim creatúra subiécta est non volens, sed propter eum, qui subiécit eam in spe : quia et ipsa creatúra liberábitur a servitúte corruptiónis, in libertátem glóriæ filiórum Dei. Scimus enim, quod omnis creatúra ingemíscit et párturit usque adhuc. Non solum autem illa, sed et nos ipsi primítias spíritus habéntes : et ipsi intra nos gémimus adoptiónem filiórum Dei exspectántes, redemptiónem córporis nostri : in Christo Iesu, Dómino nostro. | Mes frères, j’estime que les souffrances du temps présent n’ont pas de proportion avec la gloire à venir qui sera manifestée en nous. Aussi la créature attend-elle d’une vive attente la manifestation des enfants de Dieu. Car la créature a été assujettie à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui l’a assujettie avec espérance ; en effet, la créature aussi sera elle-même délivrée de cet asservissement à la corruption, pour participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Car nous savons que toute créature gémit et est dans le travail de l’enfantement jusqu’à cette heure ; et non seulement elle, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous gémissons en nous-mêmes, attendant l’adoption des enfants de Dieu, la rédemption de notre corps : en Jésus-Christ Notre-Seigneur. |
Graduale. Ps. 33, 18-19. | Graduel |
Clamavérunt iusti, et Dóminus exaudívit eos : et ex ómnibus tribulatiónibus eórum liberávit eos. | Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés, et il les a délivrés de toutes leurs tribulations. |
V/. Iuxta est Dóminus his, qui tribuláto sunt corde : et húmiles spíritu salvábit. | V/. Le Seigneur est près de ceux qui ont le cœur affligé, et il sauvera les humbles d’esprit. |
Allelúia, allelúia. V/. Ioann. 15, 16. Ego vos elégi de mundo, ut eátis et fructum afferátis : et fructus vester maneat. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam. | Suite du Saint Évangile selon saint Luc. |
Luc. 21, 9-19. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum audieritis pr.lia et seditiónes, nolíte terréri : opórtet primum hæc fíeri, sed nondum statim finis. Tunc dicébat illis : Surget gens contra gentem, et regnum advérsus regnum. Et terræmótus magni erunt per loca, et pestiléntiæ, et fames, terrorésque de cælo, et signa magna erunt. Sed ante hæc ómnia iniícient vobis manus suas, et persequéntur tradéntes in synagógas et custódias, trahéntes ad reges et pr.sides propter nomen meum : contínget autem vobis in testimónium. Pónite ergo in córdibus vestris non præmeditári, quemádmodum respondeátis. Ego enim dabo vobis os et sapiéntiam, cui non potérunt resístere et contradícere omnes adversárii vestri. Tradémini autem a paréntibus, et frátribus, et cognátis, et amícis, et morte affícient ex vobis : et éritis ódio ómnibus propter nomen meum : et capíllus de cápite vestro non períbit. In patiéntia vestra possidébitis ánimas vestras. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne soyez pas effrayés ; car il faut que ces choses arrivent d’abord, mais ce ne sera pas encore aussitôt la fin. Alors il leur dit : Nation se soulèvera contre nation, et royaume contre royaume. Et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des pestes, et des famines, et des choses effrayantes dans le ciel, et de grands signes. Mais, avant tout cela, on mettra les mains sur vous, et on vous persécutera, vous livrant aux synagogues et aux prisons, vous traînant devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom ; et cela vous arrivera pour que vous rendiez témoignage. Mettez donc dans vos cœurs que vous n’aurez pas a méditer d’avance comment vous répondrez ; car je vous donnerai une bouche et une sagesse auxquelles tous vos adversaires ne pourront résister et contredire. Vous serez livrés par vos parents, et par vos frères, et par vos proches, et par vos amis, et l’on fera mourir plusieurs d’entre vous ; et vous serez haïs de tous à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne périra. C’est par votre patience que vous sauverez vos vies. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 31, 11. | Offertoire |
Lætámini in Dómino et exsultáte, iusti : et gloriámini, omnes recti corde. | Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, et soyez dans l’allégresse ; et glorifiez-vous en lui vous tous qui avez le cœur droit. |
Secreta. | Secrète |
Hæc hóstia, quǽsumus, Dómine, quam sanctórum Mártyrum tuórum natalítia recenséntes offérimus : et víncula nostræ pravitátis absolvat, et tuæ nobis misericórdiæ dona concíliet. Per Dóminum. | Que cette hostie, nous vous en prions, Seigneur, que nous vous offrons en honorant de nouveau la naissance au ciel de vos saints Martyrs, brise les liens de notre perversité et nous attire les dons de votre miséricorde. |
Ant. ad Communionem. Sap. 3, 1, 2 et 3. | Communion |
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum malítiae : visi sunt óculis insipiéntium mori : illi autem sunt in pace. | Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas ; aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, cependant ils sont en paix |
Postcommunio. | Postcommunion |
Sacro múnere satiáti, súpplices te, Dómine, deprecámur : ut, quod débitæ servitútis celebrámus offício, salvatiónis tuæ sentiámus augméntum. Per Dóminum. | Rassasiés par votre don sacré, nous vous supplions, Seigneur : qu’en celebrant cette fête avec les hommages qui vous sont dus, nous sentions l’accroissement de notre salut. |
¶ Tempore Paschali Missa Sancti tui, de Communi Martyrum 2 loco, cum Orationibus et Epistola ut in Missa præcedenti, et post Epistolam dicitur : | ¶ Au Temps Pascal Messe Sancti tui, du Commun des Martyrs 2, avec les oraisons et l’Epître comme à la messe ci-dessus, et après l’Epître, on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Ioann. 15, 16. Ego vos elégi de mundo, ut eátis et fructum afferátis : et fructus vester maneat. | Allelúia, allelúia. V/. C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. |
Allelúia. V/. Ps. 88, 6. Pretiósa in conspéctu Dómini mors Sanctórum eius. Allelúia. | Allelúia. V/. La mort de ses saints est précieuse aux yeux du Seigneur. Alléluia. |
Leçon des Matines avant 1960
Troisième leçon. L’exorciste Pierre, mis en prison, sous l’empereur Dioclétien, par le juge Sérénus, pour avoir confessé la foi chrétienne, délivra du démon qui l’agitait, Pauline, fille d’Artémius, directeur de la prison. Frappés de ce prodige, le père et la mère de la jeune fille, toute sa famille et les voisins qui étaient accourus, embrassèrent la religion de Jésus-Christ. Pierre les amena au Prêtre Marcellin qui les baptisa tous. A cette nouvelle, Sérénus fit comparaître devant lui Pierre et Marcellin, les reprit durement, et joignit les menaces et l’intimidation à la sévérité de ses reproches pour les amener à renoncer au Christ. Marcellin lui ayant répondu avec une assurance toute chrétienne, le juge ordonna de le frapper à coups de poing, de le séparer de Pierre, de l’enfermer nu, sans nourriture et sans lumière, dans un cachot jonché de fragments de verre. Par son ordre aussi, Pierre fut à son tour étroitement enchaîné. Mais ces tourments ne faisant qu’accroître en tous deux la foi et le courage, ils persévérèrent dans leur confession ; et condamnés à avoir la tête tranchée, ils rendirent ainsi à Jésus-Christ un témoignage éclatant. Dans la Campanie, sous l’empire de Dioclétien et de Maximien, l’Évêque Érasme fut frappé avec des fouets garnis de plomb et à coup de bâton, on le plongea ensuite dans la résine, le plomb fondu, la poix brûlante, la cire et l’huile bouillantes ; mais il échappa sain et sauf à tous ces supplices, et ce miracle convertit un grand nombre de personnes à la foi du Christ. Ramené de nouveau en prison, et chargé de lourdes chaînes de fer, Érasme fut miraculeusement délivré par un Ange. Maximien lui fit encore subir à Formies divers autres supplices, entr’autres, il ordonna de le revêtir d’une tunique d’airain rougie au feu ; mais avec le secours de Dieu, le saint Martyr surmonta ces nouveaux tourments. Enfin, après avoir confirmé dans la foi ou converti un grand nombre de personnes, il obtint la palme d’un illustre martyre.
La gloire du martyre illumine ce jour avec une profusion qui se rencontre rarement sur le Cycle ; déjà nous pouvons présager, dans le mois qui commence, celui de la confession glorieuse entre toutes que Pierre et Paul consommeront dans leur sang. Les Gaules et l’Italie, Rome et Lyon son illustre fille, concourent à former pour le ciel une légion de héros. Tout à l’heure nous admirerons Pothin [1], l’un des chefs de cette phalange illustre, venu d’Asie pour lever sur les rives du Rhône son contingent sacré. Mais les premiers honneurs sont dus à l’Église mère. Saluons donc tout d’abord Marcellin, engendrant par son sacerdoce les recrues nombreuses que l’Esprit-Saint rend dignes aussitôt de partager son triomphe ; honorons l’exorciste Pierre, qui amène à la fontaine sacrée tant de païens gagnés au Christ en voyant la faiblesse des démons.
Quand le christianisme parut sur la terre, Satan était bien, et visiblement, le prince du monde. Tous les autels étaient à lui ; la législation et les mœurs subissaient son empire. Du fond de leurs temples fameux, les chefs des démons dirigeaient la politique des cités consultant leurs oracles ; sous divers noms, les plus infimes des anges déchus trouvaient influence et honneur au foyer domestique ; d’autres avaient leurs postes assignés dans les forêts, sur les montagnes, auprès des sources ou sur la mer, occupant contre Dieu ce monde qu’il avait créé pour sa gloire, et que Satan, par la complicité de l’homme, avait conquis. Quatre mille ans d’abandon du côté du ciel avaient permis à l’usurpateur d’affermir ainsi sa conquête ; la résistance était savamment préparée pour le jour où le roi légitime prétendrait rentrer dans ses droits.
La venue du Verbe dans la chair donna le signal de la grande revendication divine. Le prince du monde, vaincu en personne par le Fils de Dieu, comprit qu’il allait avoir à retourner dans l’abîme. Mais les innombrables puissances de ténèbres qu’il avait constituées devaient poursuivre la lutte durant des siècles, et ne lâcher que pied à pied leurs positions. Chassées des villes par les adjurations de la sainte Église et le triomphe des martyrs, les légions infernales se reformeront dans les solitudes ; les soldats du Christ auront à y soutenir contre elles, sous la conduite d’Antoine et de Pacôme, de terribles combats. En Occident, le patriarche des moines retrouvera les autels des démons et les démons eux-mêmes sur les hauteurs du Cassin, au VIe siècle. Au VIIe, ils disputeront à saint Gall les bois, les lacs, les rochers de la Suisse actuelle ; et on les entendra se plaindre qu’après avoir été chassés de la société des hommes, on ne leur laisse même pas ces retraites ignorées, C’est qu’en effet, dans la pensée divine, l’appel des moines au désert aura pour but, non moins que la fuite du monde en ce qui les concerne, la poursuite des démons dans leurs derniers retranchements.
Nous insistons sur les considérations qui précèdent ; car leur importance est extrême, et n’a d’égale que la profondeur de l’ignorance systématique où l’on se tient à leur endroit. Les vrais chrétiens croient fermement, aujourd’hui comme toujours, à la lutte privée, toute spirituelle, que l’âme doit soutenir contre l’enfer dans le secret de la conscience ; mais plusieurs n’hésitent point à rejeter dans le domaine de l’imagination ce qu’on leur raconte de ces autres combats livrés par nos pères aux démons sur le terrain extérieur et public. Leur excuse sans doute est de vivre en un pays où, depuis des siècles, cette guerre du dehors avait pris fin par la victoire sociale du christianisme. Mais l’Esprit-Saint nous annonce que l’ancien serpent, immobilisé durant mille années, doit être à la fin délié de nouveau pour un peu de temps [2]. Si nous touchions à cette époque fatale, il serait temps d’y songer ; nous serions mal préparés à la reprise des anciennes luttes, par l’ignorance où nous entretient l’habitude d’abandonner, sous le nom de légende, à la fatuité de la courte science qui domine de nos jours, les faits les mieux attestés de l’histoire de nos devanciers. Qu’est-ce donc que l’histoire après tout, depuis la révolte de Lucifer, sinon le tableau de la lutte engagée entre Dieu et Satan ? Et si, comme nous l’avons dit, Satan, par la permission divine, avait envahi le monde extérieur aussi bien que celui des âmes, n’était-il pas nécessaire pour le jeter dehors [3], selon l’expression du Sauveur, que la lutte avec lui fût une lutte corps à corps, qu’elle revêtit un caractère extérieur et visible ?
« Le Verbe, dit saint Justin, s’est fait homme pour deux buts : sauver les croyants, et chasser les démons » [4]. Aussi l’expulsion des démons de la place qu’ils occupent dans ce monde matériel, et spécialement du corps de l’homme qui en est la plus noble partie, apparaît-elle, dans l’Évangile, comme l’un des principaux caractères de la puissance du Sauveur. Quittant la terre et envoyant ses apôtres continuer son œuvre parmi les nations, c’est elle également que lui-même indique comme devant être le premier signe de la mission qu’ils auront à remplir [5]. Le monde ne s’y méprit pas. Bientôt les païens durent constater la cessation partout des anciens oracles [6], et la cause d’un phénomène de cette importance pour l’ancienne religion apparut évidente : les démons eux-mêmes n’hésitèrent point à reconnaître que leur silence forcé venait des chrétiens. Sur cette puissance du christianisme contre l’enfer, les apologistes des IIe et IIIe siècles en appelaient, sans crainte d’être contredits, au témoignage public. « C’est sous les yeux de tous, disait saint Justin aux empereurs, que les chrétiens, dans Rome et dans tout l’univers, chassent les démons au nom de Jésus-Christ » [7]. Les dieux de l’Olympe se voyaient démasqués honteusement en présence de leurs adorateurs confus, et Tertullien pouvait jeter ce défi aux magistrats de l’empire : « Qu’on amène à vos tribunaux quelqu’un de ces hommes qui se disent sous la puissance des dieux. Sur l’ordre du premier venu d’entre nous, l’esprit qui les possède sera contraint de confesser ce qu’il est ; s’il ne s’avoue démon et non pas dieu, n’osant mentir à un chrétien, répandez aussitôt le sang de ce chrétien blasphémateur. Mais non ; la crainte qu’ils ont du Christ fait que l’attouchement, le souffle même de l’un de ses serviteurs suffit à les chasser » [8].
Le baptême suffisait donc pour donner à l’homme un tel pouvoir ; et c’était bien en effet le sens de la promesse du Seigneur, lorsque, parlant de ceux qui croiraient en lui, et non pas seulement des chefs de l’Église, il avait dit : « En mon nom ils chasseront les démons » [9]. De bonne heure cependant, l’Église, organisant la guerre sainte, constitua parmi ses fils un ordre spécial qui eut pour mission directe la poursuite de Satan sur tous les points de ce monde visible. Les exorcistes se trouvèrent par cette délégation investis d’un empire qui accéléra la défaite du prince du monde, et lui rendit cette défaite d’autant plus odieuse, que l’Église, humiliant son orgueil, n’éleva point au-dessus des rangs inférieurs de la cléricature un ordre pourtant si terrible à l’enfer. Lucifer avait prétendu s’égaler au Très-Haut [10] ; précipité du ciel, il s’était flatté, dans sa folie, de pouvoir du moins supplanter Dieu sur la terre : et voilà que le soin de sa défaite est confié, non plus aux anges ses égaux par nature, mais à des hommes, aux plus petits de cette race si facilement trompée, qu’il avait vue prosternée devant lui durant de longs siècles. Leur main de chair le contraint, lui esprit, à descendre de son trône ; à leur parole, il faut qu’il dépose ses vains ornements, qu’il se démasque lui-même ; l’eau qu’ils bénissent ravive en lui ses tortures éternelles ; du prince du monde et de ses pompes il ne reste plus que Satan, le révolté a la face hideuse, le condamné tremblant dans la poussière aux pieds des fils des hommes, ou fuyant comme la feuille desséchée sous le souffle de leur bouche.
L’archange Michel reconnaît dans ces fils d’Adam les dignes alliés des anges fidèles qu’il conduisit à la victoire. Mais parmi ces continuateurs du grand combat commencé dans les hauteurs des cieux [11], l’exorciste Pierre se présente à nous rayonnant d’un éclat sans pareil. Le triomphe du martyre vient s’ajouter pour lui aux victoires remportées sur les troupes de Satan. Nul mieux que lui n’a fait reculer l’enfer ; car, chassant les démons des corps, il a de plus conquis les âmes. Le prêtre Marcellin, son associé dans la conquête et le martyre, est également l’associé de sa gloire. L’Église a voulu que leurs noms, redoutables aux esprits de ténèbres, brillassent d’une commune auréole ici-bas comme au ciel. Chaque jour, elle leur rend le plus solennel hommage qui soit en son pouvoir, en les nommant tous deux au diptyque du Sacrifice avec les saints Apôtres et les premiers de ses fils. Telle fut l’importance de la mission qu’ils remplirent et la renommée de leurs derniers combats, que leurs corps, transportés sur la voie Lavicane, y devinrent le centre d’un illustre cimetière. Les chrétiens de l’âge de la paix, qui suivit de près leur glorieuse confession, se disputèrent l’avantage d’être ensevelis sous la puissante protection des soldats du Christ ; Constantin, le vainqueur de l’idolâtrie, déposa près d’eux les restes sa mère, sainte Hélène, qui avait retrouvé le bois du salut, terreur des démons. Une inscription célèbre fut composée en leur honneur par le pape Damase qui, dans son enfance, avait appris de la bouche même du bourreau, converti depuis, les détails de leur martyre ; gravée près de leurs tombeaux, elle compléta les monuments de cette catacombe, où l’art chrétien multipliait ses plus riches enseignements.
A la mémoire des saints Marcellin et Pierre est joint, dans la Liturgie de ce jour, le souvenir d’un saint évêque martyr, bien connu autrefois du peuple fidèle. Si les Actes qui nous sont parvenus de sa vie ne sont pas à l’abri de tout reproche au point de vue de la critique, les faveurs obtenues par l’intercession d’Érasme ou saint Elme portèrent son nom dans toute la chrétienté, comme l’attestent les formes nombreuses que ce nom revêtit au moyen âge dans les différentes contrées d’Occident. Il fait partie du groupe des saints auxiliateurs ou secourables, dont le culte se répandit surtout en Allemagne et en Italie. Les marins le reconnurent pour patron, en souvenir d’un voyage miraculeux rapporté dans sa Vie ; une des tortures nombreuses qu’il eut à subir, l’a fait aussi invoquer contre les douleurs d’entrailles. Nous ne devons pas oublier de mentionner ici que le patriarche des moines d’Occident eut saint Érasme en vénération particulière ; lorsqu’il quitta pour la Campanie sa solitude des bords de l’Anio, il marqua sa principale étape entre Subiaco et le Mont-Cassin en jetant, à Véroli, les fondements d’une église et d’un monastère sous le vocable du saint martyr ; un autre monastère fut également dédié par saint Benoît, dans Rome même, à saint Érasme.
Vous avez tous trois, ô saints martyrs, confessé Jésus-Christ dans la plus effroyable tempête qu’il ait permis au démon de susciter contre son Église. A des degrés divers de la hiérarchie, vous avez été les modèles et les guides du peuple chrétien, l’entraînant à votre suite par rangs pressés dans l’arène du martyre, et comblant par des conversions plus nombreuses encore les vides qu’eût laissés sur terre le départ pour le ciel des compagnons de votre victoire. C’est pourquoi, en ce jour, l’Église de la terre joint ses hommages reconnaissants aux félicitations de l’Église triomphante. Soyez propice toujours aux maux qui accablent le genre humain dans cette vallée de l’épreuve. L’excès de sa misère morale fait qu’il en est arrivé jusqu’à oublier, dans le besoin, ses puissants protecteurs. Par des bienfaits nouveaux, ranimez en lui votre souvenir.
Protégé du ciel autrefois, protégez maintenant vous-même, ô Érasme, ceux qui luttent sur les flots contre les éléments déchaînés. Dans votre force d’âme, à l’heure suprême, vous livrâtes aux bourreaux jusqu’à vos entrailles ; soyez secourable à ceux qui vous invoquent en des souffrances rappelant de loin les tourments que vous avez endurés pour le Christ.
Pierre, Marcellin, unis dans le labeur et dans la gloire, jetez sur nous les yeux : un seul de vos regards fait trembler l’enfer ; il éloignera de nous ses ténébreuses phalanges. Mais combien elle aussi la société civile, combien le monde visible a besoin de votre aide ! L’ennemi que vous aviez si puissamment contribué à faire rentrer dans l’abîme, redevient maître. Sommes-nous au temps où, reprenant la guerre avec les saints, il lui sera donné de les vaincre [12] ? C’est à peine, maintenant, s’il se cache encore. Non seulement il conduit le monde par mille ressorts que les sociétés autrefois secrètes ont ostensiblement remis en ses mains : on l’a vu chercher à s’introduire dans les réunions de toutes sortes, au sein des familles, comme l’hôte de la maison, le compagnon de divertissements ou d’affaires, avec ses tables tournantes et tous les procédés de divination que Tertullien dénonçait de son temps et du vôtre [13]. L’expulsion des démons par le christianisme avait été si absolue, qu’il en était résulté chez nous jusqu’à l’oubli le plus complet de ces funestes pratiques. Si pour cette fois, dans les familles chrétiennes, les avertissements des pasteurs l’ont emporté sur l’attrait d’une curiosité malsaine, une secte pourtant s’est formée à la suite, dont Satan est devenu le guide et l’oracle. Les spirites, comme ils s’appellent, préparent de concert avec la franc-maçonnerie l’invasion dernière du monde extérieur par les bandes infernales ; l’Antéchrist, avec sa puissance usurpée et ses vains prestiges, sera le produit commun des loges politiques et de la secte où l’on se donne à tâche de ramener sous une forme nouvelle les anciens mystères du paganisme. Vaillants soldats de l’Église, rendez-nous dignes de nos pères. Si l’armée chrétienne doit s’amoindrir en nombre, que la foi grandisse en elle d’autant plus ; que son courage, ni ne défaille, ni ne s’égare ; qu’elle soit trouvée faisant toujours face à l’ennemi, à l’heure suprême où le Seigneur Jésus tuera d’un souffle de sa bouche l’homme de péché [14], et replongera pour jamais les hordes de Satan dans le puits de l’abîme.
Aujourd’hui le manuscrit de Berne du Martyrologe Hiéronymien porte l’indication suivante : Romæ, in cimiterio inter duas lauros, via Lavicana, milliario quarto, Marcellini presbyteri et Petri exorcistæ. Ces deux martyrs souffrirent la mort pour la foi durant la persécution de Dioclétien. Décapités dans la localité appelée silva nigra sur la voie Cornélia, leurs corps furent transférés au quatrième mille de la voie de Labicum, près de la tombe de saint Tiburce et dans le voisinage de ce qui devint plus tard la villa impériale de Constantin — inter duas lauros.
Les fouilles exécutées en 1897 firent retrouver leur crypte sépulcrale, et l’on put constater alors que celle-ci avait été élargie en forme de petite basilique ; on avait rasé les cubicula et les galeries qui, à l’origine, s’étendaient autour du tombeau des deux martyrs. De la sorte, ce tombeau en vint à se trouver isolé, et ce fut sur lui qu’on érigea l’autel.
Le pape Damase, en des vers célèbres, raconte qu’il a appris, encore enfant, les détails du supplice des deux saints ; il les tenait du bourreau lui-même qui les avait décapités :
MARCELLINE • TVOS • PARITER • PETRE • NOSSE • TRIVMPHOS
PERCVSSOR • RETVLIT • DAMASO • MIHI • CVM • PVER • ESSEM
HÆC • SIBI • CARNIFICEM • RABIDVM • MANDATA • DEDISSE
SENTIBVS • IN • MEDIIS • VESTRA • VT • TVNC • COLLA • SECARET
NE • TVMVLVM • VESTRVM • QVISQVAM • COGNOSCERE • POSSET
VOS • ALACRES • VESTRIS • MANIBVS • MVNDASSE • SEPVLCRA
CANDIDVLO • OCCVLTE • POSTQVAM • IACVISSE • SVB • ANTRO
POSTEA • COMMONITAM • VESTRA • PIETATE • LVCILLAM
HIC • PLACVISSE • MAGIS • SANCTISSIMA • CONDERE • MEMBRA « O Marcellin, et vous aussi, ô Pierre, contemplez vos triomphes. Quand j’étais encore enfant, le bourreau lui-même me rapporta qu’il avait reçu l’ordre du cruel tyran de vous couper la tête au milieu d’une forêt, afin que personne ne pût ensuite connaître le lieu de votre sépulture. Vous, alors, de vos mains, purifiâtes votre tombe avec diligence. Cependant, après avoir reposé quelque temps ignorés dans la grotte purifiée par vous, vous daignâtes en avertir Lucilla, qui préféra déposer ici votre dépouille sacrée. »
La forêt touffue, au dixième mille de la voie Cornelia, consacrée par le martyre des deux saints, fut bientôt, en souvenir du candidulo antro où reposèrent leurs corps, appelée Silva candida, et, durant le haut moyen âge, devint un siège épiscopal.
Les noms de Pierre et de Marcellin entrèrent presque immédiatement dans la seconde section de la grande intercession romaine, après celui du martyr Alexandre de la voie Nomentane. Non loin du Latran, sur la voie Merulana, s’éleva, dès le IVe siècle, un titre urbain sous leur vocable. En 1750, des fouilles faites en ce lieu firent retrouver des fragments de marbre d’une épigraphe dédicatoire :
NATAL...SIRICI † PAPA • (ecc)LESIÆ
RIQVE OR
et, sur un autre marbre :
(Sump)TV • PROPRIO • FECIT
Si, comme tout le fait croire, ces deux épigraphes étaient placées là où on les a trouvées, il faut admettre qu’en ce lieu on vénérait autrefois un souvenir domestique quelconque des deux martyrs, et que, selon l’usage romain, il fut transformé en titulus sous le pape Sirice.
Dans les indications qui précèdent le texte des homélies de saint Grégoire sur les Évangiles, il est dit que celle du IIIe dimanche de l’Avent fut prononcée in basilica sanctorum Marcellini et Pétri, c’est-à-dire dans l’église de la voie Merulana.
Aujourd’hui, aux noms des deux martyrs de la voie Labicana on ajoute celui de saint Érasme, évêque et martyr. A l’origine on avait toutefois deux messes distinctes.
L’antienne ad introitum est le même que pour les XL martyrs de Sébaste, le 10 mars, tandis que la première collecte est presque identique à celle que nous avons déjà vue le 15 février pour la fête des saints Faustin et Jovite.
La première lecture est tirée de la lettre de saint Paul aux Romains (VIII, 18-23), et elle est commune au IVe dimanche après la Pentecôte. L’Apôtre y parle de l’attente où maintenant se trouve toute la création, contrainte de servir aux pécheurs, mais qui soupire ardemment après le jour de sa revanche et de la délivrance. Nous aussi, dans nos souffrances actuelles, nous éprouvons comme les douleurs de l’enfantement ; mais celles-ci seront aisément oubliées au jour de la parousie, alors que les peines et la grâce enfanteront la gloire.
La répons-graduel est identique à celui du 15 février et répète le même texte que l’introït. Le verset alléluiatique est emprunté à l’Évangile (Ioan., XV, 16). « Je vous ai tirés du milieu du monde pour que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit soit durable. »
Les saints portent toujours un fruit exquis et abondant, parce que, comme des sarments, ils tirent leur sève vitale du Christ, qui est la vigne divine. En outre, leur fruit est durable, car, tandis que sur la terre la renommée de leurs vertus est une prédication continuelle de l’Évangile, au ciel la gloire rend leurs mérites impérissables.
Dans l’antiphonaire grégorien, le verset alléluiatique est le suivant (Ps. 144) : Sancti tui, Domine, benedicent te, gloriam regni tui dicent.
Conformément à la liste de Würzbourg, la lecture évangélique de ce jour est tirée de saint Luc (XXI, 9-19). Nous l’avons déjà rapportée le jour des martyrs Vincent et Anastase, le 22 janvier, mais il faut remarquer aujourd’hui ce que Jésus enseigne relativement à la possession de l’âme, c’est-à-dire à la manière dont il faut s’y prendre pour ne pas la perdre. In patientia. Donc dans la souffrance, et en la greffant, comme dit saint Paul, à l’arbre du Christ crucifié.
L’antienne pour l’offrande des oblations par le peuple est tirée du psaume 31, et elle est commune à la messe des saints Fabien et Sébastien.
La collecte qui sert de prélude à l’anaphore est la même que le 14 avril pour la messe des martyrs Tiburce, Valérien et Maxime. Cependant la prière suivante est indiquée dans le Sacramentaire : Votiva, Domine, munera deferentes, in tuorum Marcellini et Petri martyrum passione, tuam magnificentiam veneramur, et per eam nobis imploramus tuæ pietatis auxilium [15].
Autrefois, la préface elle aussi était propre : ... æterne Deus ; apud quem semper est præclara vita Sanctorum, quorum nos pretiosa mors lætificat et tuetur. Quapropter Martyrum tuorum Marcellini et Petri gloriosa recensentes natalitia, laudes tibi referimus, et magnificentiam tuam supplices exoramus, ut quorum sumus martyria venerantes, beatitudinis mereamur esse consortes [16].
L’antienne pour la Communion du peuple est tirée de la Sagesse (III, I, 2, 3) : « Les âmes des justes sont dans les mains de Dieu, et le tourment que leur inflige le démon ne les touche pas ; aux yeux des insensés ils ont semblé devoir succomber à la mort ; au contraire ils sont dans la paix. »
Par une permission de Dieu, de même que les impies avaient déchiré le corps très saint du Christ, ils s’en prennent aussi aux membres de ses serviteurs. L’Agneau éternel, que saint Jean dit immolé depuis le commencement du monde, ne pouvant personnellement pâtir au delà des courtes années de sa vie terrestre, continue à souffrir et à s’immoler dans ses saints.
Ces persécutions des justes sont toutefois simplement externes et apparentes. Comme la tempête ride seulement les vagues de la mer, mais n’arrive pas à agiter les eaux au sein de l’océan, ainsi les tribulations extérieures ne parviennent pas à altérer l’ineffable sérénité et la paix des saints, dont l’esprit demeure immobile au centre du Cœur de Dieu.
La prière après la Communion est la même que pour la fête des martyrs Tiburce et Valérien le 14 avril.
Dans les anciens Sacramentaires, la prière ad complendum est ainsi conçue : Intercedentibus Sanctis tuis, Domine, Marcellino et Petro, plebi tuæ præsta subsidium ; ut ab omnibus noxiis expedita, cuncta sibi profutura perficiat [17]. — Voilà la grande grâce à obtenir des martyrs, voilà le critérium selon lequel nous devons nous conduire : ne faire que ce qui nous est vraiment utile pour l’éternité. Cuncta sibi profutura perficiat. Cuncta, c’est-à-dire non pas quelque bien en particulier, mais tout le bien qui nous est possible ; en d’autres termes, atteindre cette mesure de grâce et de sainteté que le Seigneur a préétablie pour chacun de nous, secundum mensuram donationis Christi [18].
Durant le temps pascal, les lectures et les collectes sont les mêmes. Les chants antiphoniques sont ceux du 14 avril, fête des martyrs Tiburce, Valérien et Maxime. Après la première lecture, voici les versets alléluiatiques : « (Ioan., XV, 16) Je vous ai tirés, etc., comme ci-dessus. » (Ps. 115) : « La mort de ses saints est précieuse devant le Seigneur. »
Aujourd’hui le Hiéronymien porte : in Campania Herasmi. Cet évêque fut martyrisé à Formies au début du IVe siècle, mais sa fête, dès le commencement du moyen âge, se répandit dans le Latium et la Campanie. De bonne heure elle entra aussi dans la liturgie romaine, grâce surtout à la renommée qu’eut le monastère d’hommes dédié à ce Saint sur le mont Cœlius, là où auparavant s’élevait la maison de Mélanie et de Pinien, devenue ensuite le Xenodochium des Valerii chrétiens.
Sans aller jusqu’à attribuer la fondation de ce monastère à saint Benoît ou à saint Placide, comme l’a fait gratuitement Constantin Gaetani, on peut affirmer qu’il remonte au VIe siècle, puisque le pape Adéodat (+ 619) y fut instruit dans sa jeunesse. Devenu Pontife, il l’enrichit de biens nombreux qui furent plus tard concédés à l’abbaye de Subiaco, à laquelle le monastère de Saint-Érasme finit par être annexé.
Les fouilles pratiquées à diverses époques dans ce sol classique, occupé aujourd’hui par deux maisons de santé, ont toujours amené à la lumière des richesses archéologiques très précieuses. Ainsi Ficoronifit jadis connaître une bulle plombée du monastère sur un côté de laquelle on lisait :
† SCS ERASMVS
et au revers :
IOH • ET • DECIBIVS • V • P • A •
Au XVIe siècle, on trouva en ce lieu divers diplômes de bronze en l’honneur de Q. Aradius Valerius Proculus, avec la célèbre lampe de bronze en forme de navire, sur laquelle étaient gravés ces mots :
DOMINVS • LEGEM • DAT • VALERIO • SEVERO
II s’agit d’un cadeau à l’occasion d’un baptême.
Dans le Liber Pontificalis il est souvent question du monastère romain de Saint-Érasme en des circonstances tantôt peu heureuses, tantôt indifférentes. Là fut gardé quelque temps, prisonnier des factieux, le pape saint Léon III qui, plus tard, peut-être en souvenir de sa délivrance inattendue, offrit à l’autel du martyr un précieux vêtement liturgique et une lampe d’argent. Grégoire IV donna lui aussi un ornement à Saint-Érasme.
Aujourd’hui, le monastère de Saint-Érasme au Cœlius est détruit, mais sa mémoire est conservée dans la Ville éternelle par un autel qui lui est dédié dans la basilique vaticane. Saint Grégoire le Grand mentionne deux monastères dédiés à saint Érasme, l’un à Naples, l’autre sur le versant du mont Repperi [19].
Saint Marcellin, prêtre ; Saint Pierre, exorciste ; Saint Érasme, évêque ; martyrs (simple).
Les souffrances de ce temps et la gloire future.
Les saints. — Tombeau : Les deux premiers furent ensevelis d’abord dans la crypte de Tiburce, à Rome ; maintenant, le tombeau de saint Marcellin se trouve à Seligenstadt (Allemagne). Saint Érasme fut enterré à Gaète (Italie). Image : On les représente en martyrs ; Érasme, en évêque avec un bassin de poix et un dévidoir. Vie : L’exorciste Pierre fut jeté en prison sous Dioclétien. Là, il délivra la fille du geôlier du mauvais Esprit ; alors le geôlier se convertit avec toute sa famille. Pierre les conduisit au prêtre Marcellin qui les baptisa. Pour cette raison, Marcellin fut lui-même emprisonné et cruellement torturé. Enfin, les deux martyrs furent décapités (vers 303). Le pape saint Damase raconte dans une inscription que, tout enfant, il a entendu raconter par le geôlier lui-même les détails de l’exécution des deux saints. Érasme était évêque en Campanie. Il fut arrosé de plomb fondu, mais il demeura sain et sauf. On le revêtit ensuite d’une tunique d’airain brûlant, mais cette fois encore il ne subit aucun dommage. Il mourut enfin d’une mort paisible. C’est un des 14 saints qu’on invoque dans les cas désespérés.
Pratique : Un exorciste, un prêtre, un évêque, c’est-à-dire trois personnes « du clergé », se tiennent devant nous comme martyrs du Christ. Ils ont payé de leur vie l’exercice de leurs fonctions saintes pour le bien des âmes. Faisons en sorte que l’union entre le clergé et le peuple soit toujours intime et fructueuse. C’est justement le renouveau liturgique qui amènera cette union.
[1] Dom Guéranger commente aussi au 2 juin, dans l’Année Liturgique, St Pothin et ses compagnons, dont la fête n’est pas inscrite au calendrier universel, ni à celui propre à la France en 1962.
[2] Apoc. XX, 2-3.
[3] Johan. XII, 31.
[4] 2a Apol. VI.
[5] Marc. XVI, 17.
[6] PLUTARCH. De oraculor. defectu.
[7] 2a Apol. VI.
[8] Apol. XXIII.
[9] Marc, XVI, 17.
[10] Isaï. XIV, 12-15.
[11] Apoc. XII, 7-9.
[12] Apoc. XIII, 7.
[13] Apol. XXIII.
[14] Il Thess. II, 8.
[15] Offrant des dons votifs, Seigneur, en la passion de vos martyrs Marcellin et Pierre, nous vénérons votre magnificencen et par elle, nous implorons pour nous le secours de votre piété.
[16] ...Dieu éternel, auprès de vous est pour toujours la vie glorieuse des Saints, dont la mort prétieuse nous réjouit et nous protège. C’est pourquoi, célébrant le jour glorieux de la naissance au ciel de vos Martyrs Marcellin et Pierre, nous vous offrons nos louanges, et nous prions en suppliant votre magnificence, afin que nous méritions d’être associer à la béatitude de ceux dont nous vénérons le martyre.
[17] Par l’intercession de vos Saints Marcellin et Pierre, soutenez, Seigneur, votre peuple ; pour qu’épargnés de tout mal, il accomplisse tout ce qui lui sera bon pour la vie éternelle.
[18] Ephes. 4, 7 : selon la mesure du don de Jésus-Christ.
[19] Registr. I, 23, IX, 172. Ewald-Hartmann, I, p. 27, t. II, p. 169.