Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Né dans les Basses-Alpes en 1160, il fonde avec saint Félix de Valois l’Ordre des Trinitaires en 1198. Mort en 1213, culte confirmé en 1666, fête en 1694.
Missa Os iusti, de Communi Confessoris non Pont. 1 loco, præter orationem sequentem : | Messe Os iusti, du Commun d’un Confesseur non Êvéque, sauf l’oraison suivante : |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui per sanctum Ioánnem órdinem sanctíssimæ Trinitatis, ad rediméndum de potestáte Saracenórum captívos, cǽlitus institúere dignátus es : præsta, quǽsumus ; ut, eius suffragántibus méritis, a captivitáte córporis et ánimæ, te adiuvánte, liberémur. Per Dóminum. | O Dieu, qui, par le moyen de saint Jean, avez daigné établir miraculeusement l’Ordre de la très sainte Trinité pour racheter les captifs du pouvoir des Sarrasins, faites, nous vous en supplions, que par les suffrages de ses mérites et le secours de votre grâce, nous soyons délivrés de la captivité du corps et de l’âme. |
Secreta C | Secrète |
Laudis tibi, Dómine, hóstias immolámus in tuórum commemoratióne Sanctórum : quibus nos et præséntibus éxui malis confídimus et futúris. Per Dóminum. | Nous vous immolons, Seigneur, une hostie de louange en mémoire de vos saints en qui nous avons confiance pour obtenir de triompher des maux de la vie présente et d’échapper aux maux de la vie future. |
Postcommunio C | Postcommunion |
Refécti cibo potúque cælésti, Deus noster, te súpplices exorámus : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum. | Nourris par un aliment et un breuvage célestes, nous vous prions et supplions, ô notre Dieu, de faire que nous soit assuré le secours des prières de celui en la fête de qui nous les avons reçus. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Jean de Matha, instituteur de l’Ordre de la très sainte Trinité pour la Rédemption des captifs, naquit à Faucon en Provence, de parents distingués par leur piété et leur noblesse : il se rendit à Aix, puis à Paris, pour ses études. Après y avoir achevé le cours de théologie, il obtint le bonnet de docteur. Sa science et ses vertus déterminèrent l’Évêque de Paris à lui conférer, malgré son humble résistance, l’ordre sacré de la prêtrise, afin que, durant son séjour dans cette ville, l’exemple de sa sagesse et de sa conduite éclairât la jeunesse studieuse. Comme il offrait pour la première fois à Dieu le saint Sacrifice, dans la chapelle de l’Évêque, qui y assistait avec d’autres personnes, il fut réjoui par uni faveur céleste : un Ange lu apparut vêtu d’une robe d’une éclatante blancheur, portant attachée sur sa poitrine une croix rouge et bleue, et tenant les bras croisés et les mains posées sur deux captifs, l’un chrétien et l’autre maure, placés à ses côtés. Ravi en extase par cette vision, l’homme de Dieu comprit aussitôt qu’il était destiné à racheter les captifs du pouvoir des infidèles.
Cinquième leçon. Pour procéder avec plus de maturité dans une chose de cette importance, il se retira dans la solitude, et là, il advint, par la volonté divine, qu’il rencontra Félix de Valois qui habitait déjà le même désert depuis nombre d’années. Pendant l’espace de trois ans, il vécut dans sa société en s’exerçant à la prière, à la contemplation et à la pratique de toutes les vertus. Or il arriva, tandis qu’ils s’entretenaient des choses divines au bord d’une fontaine, qu’un cerf s’approcha d’eux, portant entre ses cornes une croix de couleur rouge et bleue. Comme Félix s’étonnait de la nouveauté de ce spectacle, Jean lui raconta la vision qu’il avait eue à sa première Messe. Après ce miracle, ils s’appliquèrent avec plus de ferveur encore à l’oraison ; puis, en ayant reçu trois fois l’avertissement en songe, ils résolurent de partir pour Rome, afin d’obtenir du souverain Pontife l’institution d’un nouvel Ordre pour le rachat des captifs. Pendant ce temps, Innocent III avait été élu, il les reçut avec bonté, et comme il délibérait sur leur projet, un Ange vêtu de blanc, ayant une croix de deux couleurs, lui apparut sous l’aspect d’un homme qui rachète des captifs : c’était en la seconde fête de sainte Agnès, durant la Messe solennelle, dans l’église de Latran, au moment de l’élévation de la sainte Hostie. Le Pontife approuva donc leur institut, ordonna qu’on l’appelât l’Ordre de la très sainte Trinité de la Rédemption des captifs, et voulut que ceux qui y feraient profession portassent un habit blanc, avec une croix rouge et bleue.
Sixième leçon. L’ordre ainsi institué, les saints fondateurs revinrent en France, et ayant bâti leur premier monastère à Cerfroid, dans le diocèse de Meaux, Félix demeura pour le gouverner, : tandis que Jean repartit avec quelques-uns de leurs compagnons pour Rome, où Innocent III leur donna la maison, l’église et l’hospice de Saint-Thomas de Formis, sur le mont Cœlius, avec plusieurs revenus et propriétés. Il leur remit des lettres pour l’émir qui régnait au Maroc, et t’œuvre de la rédemption commença ainsi sous d’heureux auspices. Alors Jean se dirigea vers l’Espagne, opprimée en grande partie sous le joug des Sarrazins et il excita les cœurs des rois, des princes, et des autres fidèles à la compassion envers les captifs et les pauvres. 11 édifia des monastères, érigea des hospices, et racheta beaucoup de captifs, au grand profit de leurs âmes. Enfin, de retour à Rome et s’y dévouant aux œuvres saintes, usé par des labeurs assidus et affaibli par la maladie, brûlant du plus ardent amour pour Dieu et le prochain, il fut réduit à l’extrémité. Ayant fait assembler tes frères, il les exhorta de la manière la plus persuasive à continuer cette œuvre de la rédemption, que le Ciel même avait indiquée ; puis il s’endormit dans le Seigneur, le seize des calendes de janvier, l’an du salut j mil deux cent treize ; son corps fut enseveli dans l’église même de Saint-Thomas de Formis avec l’honneur dû à ses mérites.
Naguère, nous célébrions la mémoire de Pierre Nolasque, appelé par la très sainte Mère de Dieu à fonder un Ordre destiné au rachat des chrétiens captifs chez les infidèles ; aujourd’hui, nous avons à honorer l’homme généreux qui fut le premier favorisé de cette sublime pensée, et établit, sous le nom de la très sainte Trinité, une société religieuse dont les membres s’engagèrent à mettre leurs efforts, leurs privations, leur liberté, leur vie, au service des pauvres esclaves qui gémissaient sous le joug des Sarrasins. L’Ordre des Trinitaires et celui de la Merci, quoique distincts, sont frères dans leur but et dans l’intention qui les a produits ; leurs résultats, en six siècles de durée, ont été de rendre à leurs familles et à leur patrie plus d’un million d’hommes, dont ils préservaient en même temps la foi des périls de l’apostasie. C’est en France, près de Meaux, que Jean de Matha, assisté de son fidèle coopérateur Félix de Valois, qui paraîtra à son tour sur le Cycle dans la dernière partie de l’année, établit le centre de son œuvre à jamais bénie. En ces jours de préparation au Carême, où nous avons besoin de raviver en nous la flamme de la charité envers ceux qui souffrent, quel plus admirable modèle que Jean de Matha, que son Ordre tout entier, qui n’a eu d’autre raison d’existence que le désir d’aller arracher aux horreurs de l’esclavage des frères inconnus qui languissent chez les barbares ! Est-il une aumône, si généreuse qu’elle soit, qui ne s’efface, quand on la compare au dévouement de ces hommes qui s’obligent par leurs règles non seulement à parcourir la chrétienté pour y recueillir les deniers à l’aide desquels ils rendront la liberté aux esclaves, mais à prendre tour à tour les fers de quelqu’un de ces infortunés, afin d’accroître le nombre des rachetés ? N’est-ce pas, autant que la faiblesse humaine le peut permettre, imiter à la lettre l’exemple du Fils de Dieu lui-même, descendant du ciel pour être notre Rédempteur ? Animés par de tels modèles, nous entrerons plus volontiers encore dans les intentions de l’Église qui nous recommandera bientôt les œuvres de miséricorde comme l’un des éléments essentiels de la pénitence quadragésimale.
Jouissez maintenant du fruit de votre dévouement pour vos frères, ô Jean de Matha ! Le Rédempteur du monde voit en vous une de ses plus fidèles images, et il se plaît à honorer aux yeux de toute la cour céleste les traits de ressemblance que vous avez avec lui. C’est à nous sur la terre de suivre vos traces, puisque nous espérons arriver au même terme. La charité fraternelle nous y conduira ; car nous savons que les œuvres qu’elle inspire ont la vertu d’arracher l’âme au péché [1]. Vous l’avez comprise telle qu’elle est dans le cœur de Dieu, qui aime nos âmes avant nos corps, et qui cependant ne dédaigne pas de subvenir aux besoins de ceux-ci. Ému des périls que couraient tant d’âmes exposées au danger de l’apostasie, vous êtes accouru à leur aide, et vous leur avez fait comprendre tout le prix d’une religion qui suscite de tels dévouements. Vous avez compati aux souffrances de leurs corps, et votre main généreuse a fait tomber les chaînes sous le poids desquelles ils languissaient. Enseignez-nous à imiter de tels exemples. Que les périls auxquels sont exposées les âmes de nos frères ne nous trouvent plus insensibles. Faites-nous comprendre cette parole d’un Apôtre : « Celui qui aura retiré un pécheur des erreurs de sa voie, en même temps qu’il sauvera l’âme de celui-ci, couvrira la multitude de ses propres péchés [2]. » Donnez-nous part aussi à cette tendresse compatissante qui nous rendra généreux et empressés à soulager les maux que nos frères souffrent dans leurs corps, et qui sont trop souvent pour eux l’occasion de blasphémer Dieu et sa Providence. Libérateur des hommes, souvenez-vous en ces jours de tous ceux qui gémissent par le péché sous la captivité de Satan, de ceux surtout qui, dans l’ivresse des illusions mondaines, ne sentent plus le poids de leurs chaînes et dorment tranquillement dans leur esclavage. Convertissez-les au Seigneur leur Dieu, afin qu’ils recouvrent la véritable liberté. Priez pour la France votre patrie, et maintenez-la au rang des nations fidèles. Protégez enfin les restes précieux de l’Ordre que vous avez fondé, afin que, l’objet de son antique dévouement ayant pour ainsi dire cessé aujourd’hui, il puisse encore servir aux besoins de la société chrétienne.
Nous dirions volontiers que ce saint a presque droit de cité dans le calendrier romain ; non seulement parce que, durant de longues années, il fut attaché au service de Grégoire IX en qualité de chapelain pontifical, mais plus encore parce qu’il mourut et fut enseveli sur le Coelius (+ 1213) dans la vieille église de Saint-Thomas in Formis près de laquelle, aujourd’hui encore, l’on visite la petite cellule que l’on dit avoir été habitée par lui. Son saint corps fut transporté de là en Espagne après la mort d’Innocent X. L’église et le monastère qui y est annexé (le seul monument qui, à Rome, rappelle notre saint) appartiennent au Chapitre Vatican. Sur la porte monumentale contemporaine d’Innocent III se voit encore l’importante mosaïque représentant le Sauveur entre deux esclaves, l’un blanc et l’autre noir. Dans l’encadrement du blason est écrite cette légende : + Signum Ordinis Sanctae Trinitatis Redemptionis Captivorum. La messe est celle du Commun des confesseurs non pontifes, Os iusti, comme pour la fête de saint Raymond le 23 janvier, sauf la première collecte qui est propre.
Le titre de la Sainte-Trinité, pris par l’ordre religieux institué par saint Jean de Matha, coïncide avec un réveil intense de la dévotion catholique envers cet auguste mystère de notre foi. Durant les derniers siècles du moyen âge, s’élevèrent de nombreuses abbayes, églises et chapelles, dédiées à la Très Sainte Trinité, et Rome même eut son abbaye SS. Trinitatis Scottorum, près de la basilique de Saint-Laurent in Damaso.
D’ailleurs, le titre de la Très Sainte-Trinité convient fort bien à une famille religieuse qui se propose par vœu de s’employer à restituer aux enfants de Dieu ce qu’il a donné de plus précieux à l’homme, la liberté et le salut. S’il est au monde une œuvre éminemment divine, c’est bien d’imiter l’Auguste Triade et de concourir à la rédemption des âmes.
La délivrance de la captivité du corps et de l’âme.
Saint Jean de Matha. — Jour de mort : 17 décembre 1213. Tombeau : à Madrid. Image : On le représente avec un esclave enchaîné. Sa vie : Saint Jean est le fondateur de l’Ordre des Trinitaires ou Ordre de la Sainte Trinité, pour le rachat des captifs, Ordre qui se donna pour tâche l’œuvre héroïque et alors très opportune du rachat des chrétiens captifs. Comme saint Jean célébrait sa première messe, il eut une apparition céleste. Il vit un ange qui portait un vêtement d’une blancheur éclatante avec une croix rouge et bleue sur la poitrine et qui étendait ses deux bras sur deux captifs enchaînés, un chrétien et un Maure. Transporté en extase par cette apparition, l’homme de Dieu reconnut aussitôt qu’il était appelé par la Providence à l’œuvre du rachat des captifs. Il travailla à cette grande œuvre en union avec saint Félix de Valois ; il se rendit plusieurs fois dans l’Afrique du Nord et sur les côtes d’Espagne et travailla sans repos au rachat des captifs. — C’était là de l’héroïsme de la charité. Aidons, nous aussi, notre prochain à se délivrer de la captivité du péché.
La messe. — La messe est du commun des confesseurs (Os iusti->332]), la belle messe du serviteur vigilant (voir le commentaire, au 23 janvier). L’Oraison propre comporte une application particulière pour notre vie : puissions-nous être délivrés de la captivité du corps et de l’âme !