Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Les deux martyrs reposèrent jusqu’au IXe siècle au 2ème mille de la via Aurélia. Au IVe siècle fut érigée une basilique sur leurs tombes. Leur culte est attesté par le martyrologe hiéronymien, par les Itinéraires, et les livres liturgiques romains du VIIe siècle. Il s’est maintenu par la suite.
Depuis le IXe siècle, les martyrs sont vénérés dans la basilique vaticane, où Pascal Ier transféra leurs corps.
Ant. ad Introitum. Eccli. 44,15 et 14. | Introït |
Sapiéntiam Sanctórum narrent pópuli, et laudes eórum núntiet ecclésia : nomina autem eórum vivent in sǽculum sǽculi. | Que les peuples racontent la sagesse des saints, et que l’assemblée publie leurs louanges ; leur nom vivra de génération en génération. |
Ps. 32, 1. | |
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio. | Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, c’est aux hommes droits que sied la louange. |
V/.Glória Patri. | |
Deus, qui nos sanctórum Mártyrum tuórum Procéssi et Martiniáni gloriósis confessiónibus circúmdas et prótegis : da nobis et eórum imitatióne profícere, et intercessióne gaudére. Per Dóminum nostrum. | Dieu, vous nous donnez dans la glorieuse profession de foi de vos saints Martyrs Processus et Martinien un gage de votre secours et de votre protection : accordez-nous de profiter de leur exemple et de nous réjouir de leur intercession. |
Léctio Epístolæ beáti PauliApóstoli ad Hebrǽos. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux. |
Hebr. 10, 32-38. | |
Fratres : Rememorámini prístinos dies, in quibus illumináti magnum certámen sustinuístis passiónum : et in áltero quidem oppróbriis et tribulatiónibus spectáculum facti : in áltero autem sócii táliter conversántium effécti. Nam et vinctis compássi estis, et rapínam bonórum vestrórum cum gáudio suscepístis, cognoscéntes vos habere meliórem et manéntem substántiam. Nolíte itaque amíttere ! confidéntiam vestram, quæ magnam habet remuneratiónem. Patiéntia enim vobis necéssaria est : ut, voluntátem Dei faciéntes, reportétis promissiónem. Adhuc enim módicum aliquántulum, qui ventúrus est, véniet, et non tardábit. Iustus autem meus ex fide vivit. | Mes frères, Rappelez en votre mémoire ces premiers jours où, après avoir été illuminés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances, d’une part exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, et de l’autre, prenant part aux maux de ceux qui étaient traités de même. Car vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie la perte de vos biens, sachant que vous aviez une richesse meilleure et permanente. N’abandonnez donc pas votre confiance, qui aura une grande rémunération. En effet, la patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore bien peu de temps, et celui qui doit venir viendra ; il ne tardera pas. Or, mon juste vit de la foi. |
Graduale. Ps. 123,7-8. | Graduel |
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium. | Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs. |
V/. Láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus : adiutórium nostrum in nómine Dómini, qui fecit cælum et terram. | V/. Le filet a été brisé et nous avons été délivrés ; notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps.67, 4. Iusti epuléntur, et exsúltent in conspéctu Dei : et delecténtur in lætítia. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Que les justes soient comme dans un festin et qu’ils tressaillent en la présence de Dieu et qu’ils soient dans des transports de joie. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu. |
Matth. 16, 24-27. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Si quis vult post me veníre, ábneget semetípsum, et tollat crucem suam, et sequátur me. Qui enim voluerit ánimam suam salvam fácere, perdet eam : qui autem perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam. Quid enim prodest hómini, si mundum univérsum lucrétur, ánimæ vero suæ detriméntum patiátur ? Aut quam dabit homo commutatiónem pro ánima sua ? Fílius enim hóminis ventúrus est in glória Patris sui cum Angelis suis : et tunc reddet unicuíque secúndum ópera eius. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera. Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme ? Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres. |
¶In Missis votives post Septuagesimam in fine sequentæ antiphonæ Allelúia omittitur. | Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Allelúia à la fin de l’antienne qui suit. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 149, 5-6. | Offertoire |
Exsultábunt Sancti in glória, lætabúntur in cubílibus suis : exaltatiónes Dei in fáucibus eórum, allelúia. | Les Saints tressailliront dans la gloire, ils se réjouiront sur leurs couches. Les louanges de Dieu seront dans leur bouche, alléluia. |
Súscipe, Dómine, preces et múnera : quæ ut tuo sint digna conspéctu. Sanctórum tuórum précibus adiuvémur. Per Dóminum. | Recevez, Seigneur, nos supplications ainsi que nos offrandes et pour qu’elles se trouvent dignes de vos regards, faites que nous soyons aidés des prières de vos saints. |
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 4. | Communion |
Dico autem vobis amícis meis : Ne terreámini ab his, qui vos persequúntur. | Je vous dis donc à vous qui êtes mes amis : Ne craignez pas ceux qui vous persécutent. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Córporis sacri et pretiósi Sánguinis repléti libámine, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, quod pia devotióne gérimus, certa redemptióne capiámus. Per eúndem Dóminum. | Rassasiés par le Corps sacré et le précieux Sang qui vous ont été offerts en sacrifice, nous vous demandons, ô Seigneur, notre Dieu, que nous possédions, là où notre rédemption sera assurée, ce que nous portons maintenant avec une pieuse dévotion. |
Leçon des Matines avant 1960 (Cette leçon prennait normalement la 9ème place aux Matines de la Visitation pour commémorer les Sts Martyrs.
Neuvième leçon. Lorsque Pierre et Paul étaient retenus prisonniers dans la prison Mamertine, sur le mont Tarpéien, deux gardes nommés Processus et Martinien, avec quarante autres personnes, furent tellement touchés par la prédication et les miracles des Apôtres, qu’ils se convertirent à la foi de Jésus-Christ, et une source ayant jailli tout d’un coup d’un rocher, ils furent baptisés. Alors ils permirent aux Apôtres de s’en aller, si bon leur semblait. Mais Paulin, préfet militaire, ayant appris cela, s’efforça de détourner Processus et Martinien du parti qu’ils avaient pris. Voyant le temps s’écouler sans résultat, le préfet donna l’ordre de leur frapper le visage et de leur briser la mâchoire à coups de pierre. Amenés bientôt près de la statue de Jupiter, ils refusèrent avec la même constance d’adorer l’idole. Alors le préfet ordonna de les tourmenter sur le chevalet, d’appliquer sur leurs corps des lames rougies et de les battre avec des bâtons. Au milieu de leurs tourments, on ne leur entendait dire que cette parole : « Béni soit le nom du Seigneur ». Jetés enfin en prison, ils ne tardèrent pas à avoir la tête tranchée, en dehors de Rome, sur la voie Aurélienne. Lucine ensevelit leurs corps dans sa propriété, le six de nones de juillet ; ils furent dans la suite transportés dans la Ville et déposés dans la basilique du prince des Apôtres.
En ce jour où Satan voit pour la première fois reculer son infernale milice devant l’arche sainte, deux combattants de l’armée des élus font cortège à leur Reine. Députés vers Marie par Pierre lui-même en son Octave glorieuse, ils ont dû cet honneur à la foi qui leur fit reconnaître dans le condamné de Néron le chef du peuple de Dieu.
Le prince des Apôtres attendait son martyre au fond de la prison Mamertine, lorsque la miséricorde divine amena près de lui deux soldats romains, ceux-là mêmes dont les noms sont devenus inséparables du sien dans la mémoire de l’Église. L’un se nommait Processus, et l’autre Martinien. Ils furent frappés de la dignité de ce vieillard confié à leur garde pour quelques heures, et qui ne devait remonter à la lumière que pour périr sur un gibet. Pierre leur parla de la vie éternelle et du Fils de Dieu qui a aimé les hommes jusqu’à donner son sang pour leur rachat. Processus et Martinien reçurent d’un cœur docile cet enseignement inattendu, ils l’acceptèrent avec une foi simple, et demandèrent la grâce de la régénération. Mais l’eau manquait dans le cachot, et Pierre dut faire appel au pouvoir de commander à la nature que le Rédempteur avait confié à ses Apôtres, en les envoyant dans le monde. A la parole du vieillard, une fontaine jaillit du sol, et les deux soldats furent baptisés dans l’eau miraculeuse. La piété chrétienne vénère encore aujourd’hui cette fontaine, qui ne diminue ni ne déborde jamais. Processus et Martinien ne tardèrent pas à payer de leur vie l’honneur qu’ils avaient reçu d’être initiés à la foi chrétienne par le prince des Apôtres, et ils sont honorés entre les martyrs [1].
Leur culte remonte aussi haut que celui de Pierre même. A l’âge de la paix, une basilique s’éleva sur leur tombe. Saint Grégoire y prononça, en la solennité anniversaire de leurs combats, la trente-deuxième de ses Homélies sur l’Évangile ; le grand Pape rend témoignage aux miracles qui s’opéraient dans ce lieu sacré, et il célèbre en particulier le pouvoir que les deux saints martyrs ont de protéger leurs dévots clients au jour des justices du Seigneur [2]. Plus tard, saint Paschal Ier enrichit de leurs corps la basilique du prince des Apôtres. Ils occupent aujourd’hui la place d’honneur dans le bras gauche de la croix latine formée par l’immense édifice, et donnent leur nom à tout ce côté du transept où le concile du Vatican a tenu ses sessions immortelles ; il convenait que l’auguste assemblée poursuivît ses travaux sous le patronage des deux vaillants soldats, gardiens de Pierre et sa conquête aux jours de sa glorieuse confession. N’oublions point ces illustres protecteurs de l’Église. La fête de la Visitation, d’institution plus récente que la leur, ne l’a cependant point amoindrie ; si maintenant leur gloire se perd, pour ainsi dire, en celle de Notre-Dame, leur puissance n’a pu que s’accroître à ce rapprochement avec la douce souveraine de la terre et des deux.
Rome est en fête, parce que l’octave des Apôtres se poursuit. Il faut donc aujourd’hui célébrer deux Saints qui représentent d’une certaine manière les premiers fruits du sang de leur martyre.
La station de ce jour sur la voie Aurélienne nous est connue par le témoignage de saint Grégoire le Grand qui, pour le natale des saints Processus et Martinien, y prononça sa XXXIIe homélie sur les Évangiles, où nous trouvons ces paroles : Ad San-ctorum Martyrum corpora consistimus, fratres mei [3].
Les Actes des deux Martyrs sont d’époque tardive et peu sûrs. D’après eux, Processus et Martinien seraient les geôliers de Pierre et de Paul, par eux convertis et baptisés dans la prison. Après la décapitation des deux soldats sur la voie Aurélia, une sainte femme nommée Lucine, qu’on a accoutumé de voir paraître en ces circonstances, aurait embaumé et enseveli leurs corps iuxta formam aquæductus, c’est-à-dire près de l’aqueduc de Trajan, qui côtoie maintenant la célèbre villa Pamphili. C’est, en effet, sous ces allées ombragées que se déroulent les galeries de leur cimetière, aujourd’hui en grande partie enterré et inexploré. Les reliques des deux Martyrs, durant la période des grandes translations, furent portées par Paschal Ier à Saint-Pierre, où on les vénère toujours.
Le biographe de ce Pontife nous décrit l’oratoire somptueux élevé par lui en l’honneur des Martyrs, les colonnes et les mosaïques qui l’ornaient. Il se trouvait près de la porte de bronze, par conséquent dans le voisinage de la rotonde de Sainte-Pétronille. Lors de la reconstruction de la basilique vaticane, la tombe des deux saints fut érigée dans l’abside gauche du transept, et au Concile du Vatican on pouvait voir Pie IX assis sur le trône papal établi à ce moment-là sur le tombeau de Processus et de Martinien, les anciens geôliers des deux Princes des Apôtres !
Dans le Missel, l’antienne pour l’introït est celle du 9 juin ; cependant, dans l’Antiphonaire, nous trouvons la suivante (Sap., XIII, 8) : « Les Saints sont devenus les juges du monde ; ils dominent sur les peuples parce que leur Seigneur régnera à jamais ». Cette antienne nous rappelle ce qu’on lit dans les Actes du martyre des saintes Perpétue et Félicité. La veille de leur passion, tandis que les païens se pressaient autour des victimes qui célébraient leur dernière agape, un des prisonniers dit aux curieux : « Regardez-nous bien, afin de pouvoir nous reconnaître au jour du jugement ».
Voici la collecte : « Seigneur qui nous mettez à couvert et nous protégez par les mérites du glorieux martyre de vos saints Processus et Martinien ; faites que nous profitions de leur exemple, pour que nous puissions aussi nous réjouir de leur patronage ». Le fondement théologique de cette consolante réversibilité des mérites surabondants des justes sur tous les membres du corps mystique de Jésus-Christ, est le dogme de la Communion des Saints et de notre unité avec le Divin Sauveur.
La première lecture est la même que pour le natale des martyrs Maris, Marthe, etc. le 19 janvier.
Le répons-graduel est identique à celui de la messe des saints Innocents, car ces deux soldats-martyrs représentent eux aussi, selon la tradition, des prémices, celles de la foi apostolique à Rome. Ps. 123 : « Notre âme a été soustraite, comme un passereau, au filet des chasseurs. Le lacs s’est brisé, et nous avons été délivrés. Notre aide est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ». Le lacs s’est brisé, c’est-à-dire le corps sur lequel la Providence avait permis que s’exerçât la cruauté du bourreau ; il a défailli dans la douleur et il est demeuré entre les mains du persécuteur, mais l’âme libre s’est envolée au ciel.
Le verset alléluiatique est pris au psaume 67 qui chante les triomphes de Dieu sur ses ennemis. « Alléluia, alléluia. Que les justes se réjouissent et jubilent devant Dieu, qu’ils exultent d’allégresse. Alléluia ».
Le Missel assigne la même lecture évangélique que pour saint Eusèbe de Verceil le 16 décembre. Saint Grégoire le Grand la commenta aussi en effet dans la synaxe de ce jour.
Au contraire, le Lectionnaire de Würzbourg indique celle qui commence par ces mots : Sedente Iesu, comme pour le natale des martyrs Maris, Marthe, etc. Cette divergence, que nous avons déjà notée en d’autres cas, indique que, durant tout le haut moyen âge, la liste des lectures liturgiques de la messe et de l’office n’avait pas encore assumé un caractère absolu de stabilité. Il y avait des lectures de rechange, afin de rendre la liturgie plus variée et plus riche.
L’antienne pour l’offrande des oblations est identique à celle indiquée pour la messe de saint Basilide le 12 juin.
Voici la prière pour la présentation des offrandes : « Recevez, Seigneur, nos oblations et nos prières, rendues plus dignes de votre Majesté par l’intercession de vos saints ».
L’antienne durant la Communion des fidèles est commune au natale des saints Maris, Marthe, etc. ; quant à la prière d’action de grâces, en voici le texte : « Nous avons été rassasiés, Seigneur, par la participation au Sacrifice du saint Corps et du précieux Sang de votre Jésus ; faites que la promesse contenue dans le rite sacré se réalise pour nous au moyen du salut éternel ». Il faut remarquer le mot libamen employé aujourd’hui dans le Missel. Libamen, libamentum ou libum c’est, au sens classique, l’effusion d’un liquide quelconque en sacrifice à la divinité. Par la suite, libare ou prælibare signifia aussi goûter, ou participer au sacrifice en buvant du liquide offert. Transporté dans le langage liturgique, ce mot indique que la Communion des fidèles représente à la fois leur participation rituelle au Sacrifice eucharistique et le Banquet du Sacrifice.
Les saints Processus et Martinien. — Au temps où saint Pierre et saint Paul étaient enfermés dans la prison mamertine, sur la colline tarpéienne, les deux geôliers Processus et Martinien, touchés par la prédication et par les miracles des deux Apôtres, embrassèrent la foi chrétienne et furent baptisés aussitôt avec l’eau qui jaillit tout à coup d’une roche. Ils voulurent alors aider les apôtres à s’échapper de leur prison. Ils subirent le martyre pour leur foi (en 67 environ). Les reliques des deux martyrs sont actuellement à Saint-Pierre de Rome.
[1] Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles.
[2] In Ev. Hom. XXXII, 7-9.
[3] Mes Frères, nous nous tenons près des corps des Saints Martyrs.