Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
L’Église, que les Apôtres ont rassemblée de toutes les nations qui sont sous le ciel, s’avance vers l’autel de l’Époux qui l’a rachetée de son Sang, et chante son miséricordieux amour. C’est elle qui est désormais le royaume de Dieu, la dépositaire de la vérité (Dom Guéranger).
IN FESTO PRETIOSISSIMI SANGUINIS D. N. I. C. | FÊTE DU TRÈS PRÉCIEUX SANG DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST |
Ant. ad Introitum. Apoc. 5, 9-10. | Introït |
Redemísti nos,Dómine, in sánguine tuo, ex omni tribu et lingua et pópulo et natióne : et fecísti nos Deo nostro regnum. | Vous nous avez rachetés, Seigneur, par votre Sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation : et vous nous avez fait royaume pour notre Dieu. |
Ps. 88, 2. | |
Misericórdias Dómini in ætérnum cantábo : in generatiónem et generatiónem annuntiábo veritátem tuam in ore meo. | Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur : de génération en génération ma bouche annoncera votre vérité. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens sempitérne Deus, qui unigénitum Fílium tuum mundi Redemptórem constituísti, ac eius Sánguine placári voluísti : concéde, quǽsumus, salútis nostræ prétium sollémni cultu ita venerári, atque a præséntis vitæ malis eius virtúte deféndi in terris ; ut fructu perpétuo lætémur in cælis. Per eúndem Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, vous avez établi votre Fils unique rédempteur du monde, et vous avez voulu que votre justice soit apaisée par son sang : faites-nous la grâce, nous vous en prions, de vénérer d’un culte solennel ce prix de notre salut, et d’être ici-bas préservés par sa vertu des maux de la vie présente ; de manière à jouir éternellement de ses fruits dans les cieux. Par le même. |
¶In Missis votivis omittantur verba sollémni cultu. | ¶Aux Messes votives, on omet les mots d’un culte solennel. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos. | Lecture de l’Épître du B. Apôtre Paul aux Hébreux. |
Hebr. 9, 11-15. | |
Fratres : Christus assístens Póntifex futurórum bonórum, per ámplius et perféctius tabernáculum non manufáctum, id est, non huius creatiónis : neque per sánguinem hircórum aut vitulórum, sed per próprium sánguinem introívit semel in Sancta, ætérna redemptióne invénta. Si enim sanguis hircórum et taurórum et cinis vítulæ aspérsus inquinátos sanctíficat ad emundatiónem carnis : quanto magis sanguis Christi, qui per Spíritum Sanctum semetípsum óbtulit immaculátum Deo, emundábit consciéntiam nostram ab opéribus mórtuis, ad serviéndum Deo vivénti ? Et ídeo novi Testaménti mediátor est : ut, morte intercedénte, in redemptiónem earum prævaricatiónum, quæ erant sub prióri Testaménto, repromissiónem accípiant, qui vocáti sunt ætérnæ hereditátis, in Christo Iesu, Dómino nostro. | Mes Frères : le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d’une génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, sanctifient de manière à procurer la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ qui, par l’Esprit-Saint, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ? Et c’est pour cela qu’il est médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis, en Jésus-Christ Notre-Seigneur. |
Graduale. 1. Ioann. 5, 6 et 7-8. | Graduel |
Hic est, qui venit per aquam et sánguinem, Iesus Christus : non in aqua solum, sed in aqua et sánguine. | C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus-Christ ; non par l’eau seulement, mais par l’eau et par le sang. |
V/. Tres sunt, qui testimónium dant in cælo : Pater, Verbum et Spíritus Sanctus ; et hi tres unum sunt. Et tres sunt, qui testimónium dant in terra : Spíritus, aqua et sanguis : et hi tres unum sunt. | Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit : et ces trois sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l’esprit, l’eau et le sang : et ces trois sont uns. |
Allelúia, allelúia. V/. Ibid., 9. Si testimónium hóminum accípimus, testimónium Dei maius est. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand. Alléluia. |
¶ In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | ¶ Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. Ephes., 1, 6-8. | |
Gratificávit nos Deus in dilécto Fílio suo, in quo habémus redemptiónem per sánguinem eius. | Dieu nous a rendus agréables à ses yeux en son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang. |
V/. Remissiónem peccatórum, secúndum divítias grátiæ eius, quæ superabundávit in nobis. | La rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce qui a surabondé en nous. |
V/. Rom. 3, 24-25. Iustificáti gratis per grátiam ipsíus, per redemptiónem, quæ est in Christo Iesu. | Étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ. |
V/. Quem propósuit Deus propitiatiónem per fidem in sánguine ipsíus. | C’est lui que Dieu avait destiné à être une victime de propitiation, par la foi en son sang. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Apoc. 5, 9. Dignus es, Dómine, accípere librum, et aperíre signácula eius : quóniam occísus es, et redemísti nos Deo in sánguine tuo. | Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes digne, Seigneur, de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux ; car vous avez été égorgé et par votre sang, vous nous avez rachetés pour Dieu. |
Allelúia. V/. Exodi 12, 13. Erit autem sanguis vobis in signum : et vidébo sánguinem, et transíbo vos : nec erit in vobis plaga dispérdens. Allelúia. | Allelúia. V/. Or le sang de l’Agneau vous servira de marque ; et je verrai ce sang et je passerai outre, et al plaie de mort ne vous touchera point. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Ioánnem. | Suite du Saint Évangile selon saint Jean. |
Ioann. 19. 30-35. | |
In illo témpore : Cum accepísset Iesus acétum, dixit : Consummátum est. Et inclináto cápite trádidit spíritum. Iudǽi ergo (quóniam Parascéve erat), ut non remanérent in cruce córpora sábbato (erat enim magnus dies ille sábbati), rogavérunt Pilátum, ut frangeréntur eórum crura et tolleréntur. Venérunt ergo mílites : et primi quidem fregérunt crura et altérius, qui crucifíxus est cum eo. Ad Iesum autem cum venissent, ut vidérunt eum iam mórtuum, non fregérunt eius crura, sed unus mílitum láncea latus eius apéruit, et contínuo exívit sanguis et aqua. Et qui vidit, testimónium perhíbuit ; et verum est testimónium eius. | En ce temps-là : Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "Tout est consommé", et inclinant la tête il rendit l’esprit. Or, comme c’était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés et qu’on les détachât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes. Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui l’a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. 1. Cor. 10. 16. | Offertoire |
Calix benedictiónis, cui benedícimus, nonne communicátio sánguinis Christi est ? et panis, quem frángimus, nonne participátio córporis Dómini est ? | Le Calice de bénédiction, que nous bénissons, n’est-il pas la communion au sang du Christ ? et le pain que nous rompons n’est-il pas la communion au corps du Seigneur ? |
Secreta. | Secrète |
Per hæc divína mystéria, ad novi, quǽsumus, Testaménti mediatórem Iesum accedámus : et super altária tua, Dómine virtútum, aspersiónem sánguinis mélius loquéntem, quam Abel, innovémus. Per eúndem Dóminum. | Nous vous en supplions, Dieu des vertus, que par ces divins mystères, nous puissions avoir accès auprès de Jésus le médiateur de la nouvelle alliance, et que nous renouvelions sur vos autels l’effusion de ce sang plus éloquent que celui d’Abel. |
Præfatio de Cruce. | Préface de la sainte Croix . |
Ant. ad Communionem. Hebr. 9, 28. | Communion |
Christus semel oblítus est ad multórum exhauriénda peccáta : secúndo sine peccáto apparébit exspectántibus se in salútem. | Le Christ s’est offert une fois, pour effacer les péchés de beaucoup ; une seconde fois il apparaîtra sans péché pour donner le salut à ceux qui l’attendent. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Ad sacram, Dómine, mensam admíssi, háusimus aquas in gáudio de fóntibus Salvatóris : sanguis eius fiat nobis, quǽsumus, fons aquæ in vitam ætérnam saliéntis : Qui tecum vivit. | Admis à la table sacrée, nous avons puisé avec joie des eaux aux fontaines du Sauveur ; faites, nous vous en supplions, Seigneur, que son Sang devienne pour nous une source d’eau vive jaillissant jusqu’à la vie éternelle. |
Aux 1ères Vêpres.
Ant. 1 Quis est iste * qui venit de Edom tinctis véstibus de Bosra ? iste formósus in stola sua. | Ant. 1 Quel est celui * qui vient d’Édom, de Bosra, les vêtements teints ? il est beau dans sa robe [1]. |
Psaume 109 | |
Ant. 2 Ego * qui loquor iustítiam et propugnátor sum ad salvándum. | Ant. 2 C’est moi * qui parle justice, et combats pour sauver [2]. |
Psaume 110 | |
Ant. 3 Vestítus erat * veste aspérsa sánguine, et vocátur nomen eius Verbum Dei. | Ant. 3 Il était vêtu * d’une robe teinte de sang, et le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu [3]. |
Psaume 111 | |
Ant. 4 Quare ergo * rubrum est induméntum tuum, et vestiménta tua sicut calcántium in torculári ? | Ant. 4 Pourquoi donc * votre robe est-elle rouge, et vos vêtements sont-ils comme les vêtements de ceux qui foulent dans un pressoir ? [4] |
Psaume 112 | |
Ant. 5 Tórcular * calcávi solus, et de Géntibus non est vir mecum. | Ant. 5 J’ai foulé * le pressoir tout seul, et d’entre les nations, il n’y a pas un homme avec moi [5]. |
Psaume 116 | |
Capitulum Hebr. 9. 11-12. | Capitule |
Fratres : Christus assístens Póntifex futurórum bonórum, per ámplius et perféctius tabernáculum non manufáctum, id est, non huius creatiónis : neque per sánguinem hircórum aut vitulórum, sed per próprium sánguinem introívit semel in Sancta, ætérna redemptióne invénta. | Mes Frères : le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. |
Hymnus | Hymne |
Festívis résonent cómpita vócibus,
Cives lætítiam fróntibus éxplicent, Tædis flammíferis órdine pródeant Instrúcti púeri et senes. | Que les places résonnent de chants de fête,
Que la joie brille au front des habitants, Que les enfants comme les vieillards, à la lueur Des torches, s’avancent en procession. |
Quem dura móriens Christus in árbore
Fudit multíplici vúlnere sánguinem, Nos facti mémores dum cólimus, decet Saltem fúndere lácrimas. | Le Christ, mourant sur un arbre cruel
Répand ce Sang par tant de plaies, Nous en célébrons la mémoire, Versons au moins des larmes. |
Humáno géneri pernícies gravis
Adami véteris crímine cóntigit : Adami intégritas et píetas novi Vitam réddidit ómnibus. | L’Adam ancien par son crime avait
Gravement perdu le genre humain : L’Adam nouveau, saint et pieux, Redonne la vie à tous les hommes. |
Clamórem válidum summus ab ǽthere
Languéntibus Géniti si Pater áudiit, Placári pótius sánguine débuit, Et nobis véniam dare. | Si le Père souverain a entendu des cieux
Le cri puissant du Fils expirant, C’est par son Sang qu’il fut apaisé, Et qu’il nous accorda le pardon. |
Hoc quicúmque stolam sánguine próluit,
Abstérgit máculas ; et róseum decus, Quo fiat símilis prótinus Angelis Et Regi pláceat, capit. | Quiconque lave sa robe dans ce Sang
Efface les taches ; et prend l’éclat Empourpré qui le rend soudain semblable Aux Anges et agréable au Roi. |
A recto instábilis trámite póstmodum
Se nullus rétrahat, meta sed última Tangátur ; tríbuet nóbile præmium, Qui cursum Deus ádiuvat. | Que personne ensuite n’ait l’audace de quitter
La voie droite : qu’il gagne le but suprême ; Dieu qui nous aide dans la course Lui donnera la noble récompense. |
Nobis propítius sis, Génitor potens,
Ut, quos unígenæ sánguine Fílii Emísti, et plácido Flámine récreas, Cæli ad cúlmina tránsferas. Amen. | Soyez-nous propice, Père puissant,
Élevez aux sommets des cieux Les rachetés par le Sang du Fils unique Créés à nouveau par l’Esprit de paix. Amen. |
V/. Redemísti nos, Dómine, in sánguine tuo. | V/. Vous nous avez rachetés, Seigneur, par votre sang [6]. |
R/. Et fecísti nos Deo nostro regnum. | R/. Et vous avez fait de nous un royaume pour notre Dieu. |
Ad Magnificat Ant. Accessístis * ad Sion montem, et civitátem Dei vivéntis, Ierúsalem cæléstem, et Testaménti novi mediatórem Iesum, et sánguinis aspersiónem mélius loquéntem quam Abel. | Ant. au Magnificat Vous vous êtes approchés * de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et du médiateur de la nouvelle alliance, Jésus, et d’une aspersion de sang plus éloquente que celle du sang d’Abel [7]. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Omnípotens sempitérne Deus, qui unigénitum Fílium tuum mundi Redemptórem constituísti, ac eius Sánguine placári voluísti : concéde, quǽsumus, salútis nostræ prétium sollémni cultu ita venerári, atque a præséntis vitæ malis eius virtúte deféndi in terris ; ut fructu perpétuo lætémur in cælis. Per eúndem Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, vous avez établi votre Fils unique rédempteur du monde, et vous avez voulu que votre justice soit apaisée par son sang : faites-nous la grâce, nous vous en prions, de vénérer d’un culte solennel ce prix de notre salut, et d’être ici-bas préservés par sa vertu des maux de la vie présente ; de manière à jouir éternellement de ses fruits dans les cieux. Par le même. |
Et nulla fit commemoratio. | On fait aucune mémoire. |
A Matines.
Invitatorium | Invitatoire |
Christum Dei Fílium, qui suo nos redémit sánguine, * Veníte, adorémus. | Le Christ, Fils de Dieu, qui nous a rachetés par son sang, * Venez, adorons. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne |
Ira iusta Conditóris,
Imbre aquárum víndice, Criminósum mersit orbem Noë in arca sóspite : Mira tandem vis amóris Lavit orbem sánguine. | La juste colère du Créateur
dans les eaux vengeresses du déluge submergea le monde coupable Noé seul était sauvé dans l’arche : puis l’admirable puissance de l’amour a lavé l’univers dans le sang. |
Tam salúbri terra felix
Irrigáta plúvia, Ante spinas quæ scatébat, Germinávit flósculos ; Inque néctaris sapórem Transiére absynthia. | Par cette pluie si salutaire,
l’heureuse terre arrosée, jadis couverte d’épines, fait germer des fleurs ; et l’absinthe a pris la saveur du nectar. |
Triste prótinus venénum
Dirus anguis pósuit, Et cruénta belluárum Désiit ferócia : Mitis Agni vulneráti Hæc fuit victória. | Soudain le serpent redoutable
a perdu son funeste venin, et des bêtes féroces est tombée la fureur : telle fut la victoire du doux Agneau blessé. |
O sciéntiæ supérnæ
Altitúdo impérvia ! O suávitas benígni Prædicánda péctoris ! Servus erat morte dignus, Rex luit pœnam óptimus. | O profondeur insondable
de la science divine ! O suavité jamais assez louée d’un cœur plein d’amour ! L’esclave était digne de mort, le Roi infiniment bon subit sa peine. |
Quando culpis provocámus
Ultiónem iúdicis, Tunc loquéntis protegámur Sánguinis præséntia ; Ingruéntium malórum Tunc recédant ágmina. | Lorsque nous provoquons
par nos fautes la vengeance du Juge, alors un sang est là dont la voix nous protège, l’armée des maux qui se ruait sur nos têtes alors se dissipera. |
Te redémptus laudet orbis
Grata servans múnera, O salútis sempitérnæ Dux et Auctor ínclyte, Qui tenes beáta regna Cum Parénte et Spíritu. Amen. | Que l’univers racheté vous loue,
conservant les précieux bienfaits, ô Chef, ô illustre auteur du salut éternel, qui possédez les royaumes bienheureux, avec le Père et l’Esprit. Amen. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Postquam consummáti sunt * dies octo, ut circumciderétur Puer, vocátum est nomen eius Iesus. | Ant. 1 Lorsque furent accomplis * les huit jours pour circoncire l’enfant, il fut nommé Jésus [8]. |
Psaume 2 | |
Ant. 2 Factus in agonía * prolíxius orábat, et factus est sudor eius sicut guttæ sánguinis decurréntis in terram. | Ant. 2 Étant tombé en agonie, * il priait encore plus ; et il lui vint une sueur comme des gouttes de sang découlant jusqu’à terre [9]. |
Psaume 3 | |
Ant. 3 Iudas, qui eum trádidit, * pœniténtia ductus rétulit trigínta argénteos dicens : Peccávi tradens sánguinem iustum. | Ant. 3 Judas, qui l’avait livré, * fut touché de repentir et reporta les trente pièces d’argent, disant : J’ai péché en livrant un sang innocent [10]. |
Psaume 15 | |
V/. Redemísti nos, Dómine. | V/. Vous nous avez rachetés, Seigneur [11]. |
R/. In sánguine tuo. | R/. Par votre sang. |
Lectio i | 1ère leçon |
De Epistola beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos. | De l’Épître de l’Apôtre saint Paul, aux Hébreux. |
Cap. 9, 11-15. | |
Christus assístens Póntifex futurórum bonórum, per ámplius et perféctius tabernáculum non manufáctum, id est, non huius creatiónis : neque per sánguinem hircórum aut vitulórum, sed per próprium sánguinem introívit semel in Sancta, ætérna redemptióne invénta. Si enim sanguis hircórum, et taurórum, et cinis vítulæ aspérsus inquinátos sanctíficat ad emundatiónem carnis : quanto magis sanguis Christi, qui per Spíritum Sanctum semetípsum óbtulit immaculátum Deo, emundábit consciéntiam nostram ab opéribus mórtuis, ad serviéndum Deo vivénti ? Et ídeo novi Testaménti mediátor est : ut, morte intercedénte, in redemptiónem eárum prævaricatiónum, quæ erant sub prióri testaménto, repromissiónem accípiant, qui vocáti sunt ætérnæ hereditátis. | Mais le Christ, venant comme Pontife des biens futurs, c’est par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’a point été formé de main d’homme, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création, et non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang qu’il est entré une fois dans le sanctuaire, nous ayant acquis une éternelle rédemption. Car si le sang des boucs et des taureaux, et l’aspersion de la cendre d’une génisse sanctifie ceux qui ont été souillés, en purifiant leur chair, combien plus le sang du Christ, qui, par l’Esprit-Saint, s’est offert lui-même à Dieu, comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ? C’est pourquoi il est le médiateur du nouveau Testament, afin que la mort intervenant pour la rédemption des prévarications qui existaient sous le premier Testament, ceux qui sont appelés reçoivent l’éternel héritage promis. |
R/. Iesus, ut sanctificáret per suum sánguinem pópulum, extra portam passus est : * Exeámus ígitur ad eum extra castra, impropérium eius portántes. | R/. Jésus, pour sanctifier le peuple par son sang, a souffert hors de la porte : * Allons donc à lui hors du camp, portant son opprobre [12]. |
V/. Nondum enim usque ad sánguinem restitístis advérsus peccátum repugnántes. | V/. Car vous n’avez point encore résisté jusqu’au sang, en combattant contre le péché [13]. |
* Exeámus ígitur ad eum extra castra, impropérium eius portántes. | * Allons donc à lui hors du camp, portant son opprobre. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 9, 16-22. | |
Ubi enim testaméntum est : mors necésse est intercédat testatóris. Testaméntum enim in mórtuis confirmátum est : alióquin nondum valet, dum vivit qui testátus est. Unde nec primum quidem sine sánguine dedicátum est. Léctio enim omni mandáto legis a Móyse univérso pópulo : accípiens sánguinem vitulórum, et hircórum cum aqua et lana coccínea, et hyssópo : ipsum quoque librum, et omnem pópulum aspérsit, dicens : Hic sanguis Testaménti, quod mandávit ad vos Deus. Etiam tabernáculum, et ómnia vasa ministérii sánguine simíliter aspérsit : et ómnia pene in sánguine secúndum legem mundántur : et sine sánguinis effusióne non fit remíssio. | Car là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne ; puisque le testament n’a de force que par les morts ; il n’est pas encore valide tant que vit le testateur. De là vient que le premier même ne reçut pas sa consécration sans effusion de sang. Moïse, ayant lu au peuple tous les préceptes de la loi, prit du sang des veaux et des boucs avec de l’eau, de la laine écarlate et de l’hysope, et il aspergea le livre même et tout le peuple, disant : Ceci est le testament que Dieu vous a confié. Il aspergea encore avec le sang, le tabernacle et tous les vases servant au culte. Car presque tout, selon la loi, se purifie avec le sang ; en sorte que, sans effusion de sang, il n’y a point de pardon. |
R/. Móyses sumptum sánguinem respérsit in pópulum : * Et ait : Hic est sanguis fœderis, quod pépigit Dóminus vobíscum. | R/. Moïse ayant pris le sang, le répandit sur le peuple : * Et dit : Voici le sang de l’alliance que le Seigneur a faite avec vous [14]. |
V/. Fide celebrávit Pascha et sánguinis effusióne, ne qui vastábat primitíva, tángeret eos. | V/. C’est par la foi qu’il fit la Pâque et l’aspersion du sang ; afin que l’exterminateur des premiers-nés ne touchât point aux Israélites [15]. |
* Et ait : Hic est sanguis fœderis, quod pépigit Dóminus vobíscum. | * Et dit : Voici le sang de l’alliance que le Seigneur a faite avec vous. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 10, 19-24. | |
Habéntes ítaque, fratres, fidúciam in intróitu Sanctórum in sánguine Christi, quam initiávit nobis viam novam et vivéntem per velámen, id est, carnem suam, et sacerdótem magnum super domum Dei ; accedámus cum vero corde in plenitúdine fídei aspérsi corda a consciéntia mala et ablúti corpus aqua munda ; teneámus spei nostræ confessiónem indeclinábilem (fidélis enim est qui repromísit) et considerémus ínvicem in provocatiónem caritátis et bonórum óperum. | Ainsi, mes frères, ayant l’assurance d’entrer dans le sanctuaire par le sang du Christ, voie nouvelle et vivante, qu’il nous a ouverte à travers le voile, c’est-à-dire sa chair, et ayant un grand-prêtre préposé sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère dans la plénitude de la foi, le cœur purifié, par l’aspersion, des souillures d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure ; conservant inébranlable la confession de notre espérance (car il est fidèle celui qui a promis), et considérons-nous les uns les autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres. |
R/. Vos, qui aliquándo erátis longe, facti estis prope in sánguine Christi : * Ipse enim est pax nostra, qui fecit útraque unum. | R/. Vous qui étiez autrefois éloignés, vous avez été rapprochés par le sang du Christ : * Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux choses en fait une seule [16]. |
V/. Complácuit per eum reconciliáre ómnia in ipsum, pacíficans per sánguinem crucis eius, sive quæ in cælis sunt. | V/. Il a plu au Père de se réconcilier toutes choses par lui, pacifiant par le sang de sa croix, soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux [17]. |
* Ipse enim est pax nostra, qui fecit útraque unum. Glória Patri. * Ipse enim est pax nostra, qui fecit útraque unum. | * Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux choses en fait une seule. Gloire au Père. * Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux choses en fait une seule. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Pilátus, * volens pópulo satisfácere, trádidit illis Iesum flagéllis cæsum. | Ant. 4 Pilate, * voulant complaire au peuple leur livra Jésus déchiré de verges [18]. |
Psaume 22 | |
Ant. 5 Videns autem * quia nihil profíceret, accépta aqua, lavit manus coram pópulo dicens : Innocens ego sum a sánguine Iusti huius. | Ant. 5 Voyant * qu’il ne gagnait rien, il prit de l’eau et se lava les mains devant le peuple, disant : Je suis innocent du sang de ce Juste [19]. |
Psaume 29 | |
Ant. 6 Et respóndens * univérsus pópulus dixit : Sanguis eius super nos et super fílios nostros. | Ant. 6 Et répondant, * tout le peuple dit : Son sang sur nous et sur nos enfants [20]. |
Psaume 63 | |
V/. Sanguis Iesu Christi, Fílii Dei. | V/. Le sang de Jésus-Christ Fils de Dieu [21]. |
R/. Emúndat nos ab omni peccáto. | R/. Nous purifie de tout péché. |
Lectio iv | 4e leçon |
Sermo sancti Ioánnis Chrysóstomi. | Sermon de saint Jean Chrysostome. |
Homilia ad Neophytos | |
Vis sánguinis Christi audíre virtútem ? Redeámus ad eius exémplum, et priórem typum recordémur, et prístinam Scriptúram narrémus. In Ægýpto, nocte média, Ægýptiis Deus plagam décimam minabátur, ut eórum primogénita deperírent, quia primogénitum eius pópulum detinébant. Sed, ne amáta plebs Iudæórum una cum illis periclitarétur, quia unus locus continébat univérsos, remédium discretiónis invéntum est. Proínde exémplum mirábile, ut discas in veritáte virtútem. Ira divínæ indignatiónis operabátur, et domos síngulas mórtifer circuíbat. Quid ígitur Móyses ? Occídite, inquit, agnum annículum, et sánguine eius liníte iánuas. Quid ais, Móyses ? Sanguis ovis rationálem hóminem liberáre consuévit ? Valde, inquit ; non eo quod sanguis est, sed quia Dómínici sánguinis per eum demonstrátur exémplum. | Veux-tu [22] apprendre la vertu du sang du Christ ? Remontons à ce qui l’a figuré et rappelons-nous sa première image, en puisant aux récits de l’Écriture ancienne. C’était en Égypte, Dieu menaçait les Égyptiens d’une dixième plaie, il avait résolu de faire périr leurs premiers-nés, parce qu’ils retenaient son peuple premier-né. Mais afin que le peuple juif qu’il aimait ne risquât pas d’être frappé avec eux (car ils habitaient tous un même pays), le Seigneur lui indiqua un remède qui devait servir au discernement des Israélites et des Gentils. C’est un exemple admirable et propre à vous faire véritablement connaître la vertu du sang de Jésus-Christ. Les effets de la colère divine étaient attendus, et le messager de la mort allait de maison en maison. Que fait donc Moïse ? « Tuez, dit-il, un agneau d’un an, et de son sang, marquez vos portes » [23]. Que dis-tu, Moïse ? Le sang d’un agneau peut-il donc préserver l’homme doué de raison ? Certainement, nous répond-il ; non parce que c’est du sang, mais parce que le sang du Seigneur y est représenté. |
R/. In timóre incolátus vestri témpore conversámini * Sciéntes quod non corruptibílibus auro vel argénto redémpti estis. | R/. Vivez dans la crainte durant votre pèlerinage ; * Sachant que ce n’est point avec des choses corruptibles, de l’or ou de l’argent, que vous avez été rachetés [24]. |
V/. Sed pretióso sánguine quasi agni immaculáti Christi. | V/. Mais par le sang précieux du Christ, comme d’un agneau sans tache. |
* Sciéntes quod non corruptibílibus auro vel argénto redémpti estis. | * Sachant que ce n’est point avec des choses corruptibles, de l’or ou de l’argent, que vous avez été rachetés. |
Lectio v | 5e leçon |
Nam, sicut regnántium státuæ, quæ sine causa sunt et sermóne, nonnúmquam ad se confugiéntibus homínibus, ánima et ratióne decorátis, subveníre consuevérunt, non quia sunt ære conféctæ, sed quia rétinent imáginem principálem ; ita et sanguis ille, qui irrationális fuit, ánimas habéntes hómines liberávit, non quia sanguis fuit, sed quia huius sánguinis ostendébat advéntum. Et tunc Angelus ille vastátor, cum linítos postes atque áditus pervidéret, transiécit gressus et non est ausus intráre. Nunc ergo si víderit inimícus, non póstibus impósitum sánguinem typi, sed fidélium ore lucéntem sánguinem veritátis Christi, templi póstibus dedicátum, multo magis se súbtrahet. Si enim Angelus cessit exémplo, quanto magis terrébitur inimícus, si ipsam perspéxerit veritátem ? Vis et áliam huius sánguinis scrutári virtútem ? Volo, unde primum occúrrit, inspícias, et de quo fonte manávit. De ipsa primum cruce procéssit ; latus illud Dómínicum inítium fuit. Mórtuo enim, ait, Iesu et adhuc in cruce pendénte, appróximat miles, latus láncea percússit, et exínde aqua fluxit et sanguis ; unum baptismatis symbolum, áliud sacraménti. Ideo non ait : Exiit sanguis et aqua ; sed éxiit aqua primum et sanguis, quia primum baptísmate dilúimur, et póstea mystério dedicámur [25]. Latus miles apéruit, et templi sancti paríetem patefécit ; et ego thesáurum præclárum invéni, et fulgéntes divítias me grátulor reperíre. | Comme les statues des rois, inertes et muettes, protègent d’ordinaire les hommes doués d’une âme et de raison qui se réfugient près d’elles, non parce qu’elles sont d’airain, mais parce qu’elles sont l’image du prince ; ainsi ce sang privé de raison délivra des hommes ayant une âme, non parce que c’était du sang, mais parce qu’il annonçait pour l’avenir le sang du Christ. Et alors l’Ange destructeur, en voyant les portes teintes, passa plus loin et n’osa pas entrer. Si donc aujourd’hui, au lieu de voir des portes teintes du sang d’un agneau figuratif, l’ennemi voit les lèvres des fidèles, portes des temples de Jésus-Christ, reluire du sang de l’Agneau véritable, cet ennemi s’éloignera bien plus. Car si l’Ange se retira devant la figure, à combien plus forte raison l’ennemi sera-t-il saisi de frayeur s’il aperçoit la réalité elle-même ? Voulez-vous sonder encore une autre vertu de ce sang ? Je le veux bien. Voyez d’où il s’est d’abord répandu, et de quelle source il est sorti. C’est de la croix même qu’il commença à couler ; le côté du Seigneur fut sa source. Car, est-il dit, Jésus étant mort et encore suspendu à la croix, un soldat s’approche, lui frappe le côté avec sa lance, et il en sort de l’eau et du sang : l’une, symbole du baptême ; l’autre, du Sacrement. C’est pourquoi l’Évangile ne dit pas : Il en sortit du sang et de l’eau, mais de l’eau d’abord, et puis du sang ; parce que nous sommes d’abord lavés dans l’eau baptismale, et consacrés ensuite par le très saint Mystère [26]. Un soldat ouvre le côté, il fait une ouverture dans la muraille du temple saint. Et moi j’ai trouvé un trésor précieux, et je me félicite de découvrir de grandes richesses. |
R/. Empti estis prétio magno : * Glorificáte et portáte Deum in córpore vestro. | R/. Vous avez été rachetés à un haut prix : * Glorifiez et portez Dieu dans votre corps [27]. |
V/. Prétio empti estis : nolíte fíeri servi hóminum. | V/. Vous avez été rachetés chèrement ; ne vous faites point esclaves des hommes. |
* Glorificáte et portáte Deum in córpore vestro. | * Glorifiez et portez Dieu dans votre corps. |
Lectio vi | 6e leçon |
Sic et de illo agno factum est : Iudǽi ovem occidérunt, et ego fructum de sacraménto cognóvi. De látere sanguis et aqua. Nolo tam fácile, audítor, tránseas tanti secréta mystérii ; restat enim mihi mýstica atque secretális orátio. Dixi baptísmatis sýmbolum et mysteriórum, aquam illam et sánguinem demonstráre. Ex his enim sancta fundáta est Ecclésia per lavácri regeneratiónem, et renovatiónem Spíritus Sancti. Per baptísma, inquam, et mystéria, quæ ex látere vidéntur esse proláta. Ex látere ígitur suo Christus ædificávit Ecclésiam, sicut de látere Adam eius coniux Heva proláta est. Nam hac de causa Paulus quoque testátur dicens : De córpore eius et de óssibus eius sumus ; latus vidélicet illud signíficans. Nam, sicut de illo látere Deus fecit féminam procreári, sic et de suo látere Christus aquam nobis et sánguinem dedit, unde repararétur Ecclésia. – Recurrénte autem anno ab humáni géneris redemptióne undevícies centenário, quem ad tam ineffábile benefícium recoléndum solémni præ ómnibus sacro Iubilǽo summus Póntifex Pius undécimus celebrátum vóluit ; ut pretiósi sánguinis quo redémpti sumus, Agni Immaculáti Christi uberióres dimanárent in hómines fructus, eiúsque memória fidélibus, vivídius commendarétur, idem summus Póntifex Pretiosíssimi Sánguinis Dómini nostri Iesu Christi festum, quotánnis ab univérsa Ecclésia peragéndum, ad ritum dúplicem primæ classis evéxit [28]. | Ainsi a-t-il été fait de cet Agneau. Les Juifs ont tué l’Agneau, et moi j’ai connu le fruit du Sacrement. Du côté coulèrent le sang et l’eau. Je ne veux pas, mon auditeur, passer si rapidement sur les secrets d’un si grand mystère, car il me reste encore à vous dire des choses mystiques et profondes. J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des Mystères. D’eux, en effet, a été fondée l’Église, par la régénération du bain et la rénovation du Saint-Esprit : je dis par le baptême et les Mystères, qui paraissent être sortis du côté. De son côté donc le Christ a édifié l’Église, comme du côté d’Adam fut tirée Ève, son épouse. Saint Paul atteste aussi cette origine, lorsqu’il dit : « Nous sommes les membres de son corps, formés de ses os » [29], faisant allusion au côté du Christ. Oui, ainsi que Dieu fit la femme du côté d’Adam, de même le Christ nous donna de son côté l’eau et le sang, destinés à l’Église comme éléments réparateurs. – A l’occasion du dix-neuvième centenaire de la rédemption du genre humain, le pape Pie XI a promulgué un jubilé solennel pour commémorer un bienfait si ineffable. Voulant multiplier les grâces du précieux sang par lequel nous avons été rachetés dans le sang du Christ, l’agneau sans tache, et recommander plus intensément son souvenir aux fidèles, le Souverain Pontife a élevé au rang de première classe la fête du Précieux Sang de notre Seigneur Jésus Christ, que l’Église célèbre tous les ans [30]. |
R/. Comméndat caritátem suam Deus in nobis : * Quóniam cum adhuc peccatóres essémus, secúndum tempus Christus pro nobis mórtuus est. | R/. Dieu témoigne son amour pour nous. * En ce que, dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous [31]. |
V/. Multo ígitur magis nunc iustificáti in sánguine ipsíus, salvi érimus ab ira per ipsum. | V/. Maintenant donc, justifiés par son sang, nous serons à plus forte raison, délivrés par lui de la colère. |
* Quóniam cum adhuc peccatóres essémus, secúndum tempus Christus pro nobis mórtuus est. Glória Patri. * Quóniam cum adhuc peccatóres essémus, secúndum tempus Christus pro nobis mórtuus est. | * En ce que, dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. Gloire au Père. * En ce que, dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. |
In III Nocturno | Au 3ème Nocturne |
Ant. 7 Exívit ergo Iesus * portans corónam spíneam et purpúreum vestiméntum. Et dixit eis : Ecce homo. | Ant. 7 Jésus sortit, * portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre ; et Pilate leur dit : Voila l’homme [32]. |
Psaume 73 | |
Ant. 8 Et báiulans sibi crucem, * exívit in eum, qui dícitur Calváriæ, locum, ubi crucifixérunt eum. | Ant. 8 Portant sa croix, * il alla au lieu appelé Calvaire, où ils le crucifièrent [33]. |
Psaume 87 | |
Ant. 9 Ut vidérunt eum iam mórtuum, * non fregérunt eius crura, sed unus militum láncea latus eius apéruit, et contínuo exívit sanguis et aqua. | Ant. 9 Lorsqu’ils le virent déjà mort, * ils ne rompirent point ses jambes ; seulement un des soldats ouvrit son côté avec une lance et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau [34]. |
Psaume 93 | |
V/. Christus diléxit nos. | V/. Le Christ nous a aimés [35]. |
R/. Et lavit nos a peccátis nostris in sánguine suo. | R/. Et nous a lavés de nos péchés dans son sang. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 19, 30-35. | |
In illo témpore : Cum accepísset Iesus acétum, dixit : Consummátus est. Et, inclináto cápite, trádidit spíritum. Et réliqua. | En ce temps-là : Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "Tout est consommé", et inclinant la tête il rendit l’esprit. Et le reste. |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi. | Homélie de saint Augustin, Évêque. |
Tractatus 120 in Ioannem | |
Vigilánti verbo Evangelísta usus est, ut non díceret : Latus eius percússit, aut vulnerávit, aut quid áliud, sed Apéruit ; ut illic quodámmodo vitæ óstium panderétur, unde sacraménta Ecclésiæ manavérunt, sine quibus ad vitam, quæ vera vita est, non intrátur. Ille sanguis qui fusus est, in remissiónem fusus est peccatórum. Aqua illa salutáre témperat póculum ; hæc et lavácrum præstat et potum. Hoc prænuntiábat quod Noë in látere arcæ óstium fácere iussus est, quo intrárent animália quæ non erant dilúvio peritúra, quibus præfigurabátur Ecclésia. Propter hoc prima múlier facta est de látere viri dormiéntis, et appelláta est vita matérque vivórum. Magnum quippe significávit bonum, ante magnum prævaricatiónis malum. Hic secúndus Adam, inclináto cápite, in cruce dormívit, ut inde formarétur ei coniux, quæ de látere dormiéntis efflúxit. O mors, unde mórtui revivíscunt ! Quid isto sánguine múndius ? Quid vúlnere isto salúbrius ? | L’Évangéliste s’est servi d’une expression choisie à dessein, il ne dit pas : Il frappa son côté, ou : Il le blessa, ou, toute autre chose, mais : « Il ouvrit », pour nous apprendre qu’elle fut en quelque sorte ouverte au Calvaire, la porte de la vie d’où sont sortis les sacrements de l’Église, sans lesquels on ne peut avoir d’accès à la vie qui est la seule véritable vie. Ce sang qui a été répandu, a été versé pour la rémission des péchés ; cette eau vient se mêler pour nous au breuvage du salut ; elle est à la fois un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante. Nous voyons une figure de ce mystère dans l’ordre donné à Noé d’ouvrir, sur un côté de l’arche, une porte par où pussent entrer les animaux qui devaient échapper au déluge et qui représentaient l’Église. C’est en vue de ce même mystère que la première femme a été faite d’une des côtes d’Adam pendant son sommeil, et qu’elle fut appelée vie et mère des vivants. Elle était la figure d’un grand bien, avant le grand mal de la prévarication. Nous voyons ici le second Adam s’endormir sur la croix, après avoir incliné la tête, pour qu’une épouse lui fût formée par ce sang et cette eau qui coulèrent de son côté pendant son sommeil. O mort qui devient pour les morts un principe de résurrection et de vie ! Quoi de plus pur que ce sang ? Quoi de plus salutaire que cette blessure ? |
R/. Hic est, qui venit per aquam et sánguinem, Iesus Christus : * Non in aqua solum, sed in aqua et sánguine. | R/. C’est celui qui est venu avec l’eau et le sang, Jésus-Christ : * Non pas avec l’eau seulement, mais avec l’eau et le sang [36]. |
V/. In die illa erit fons patens dómui David et habitántibus Ierúsalem in ablutiónem peccatóris. | V/. En ce jour-là, il y aura une fontaine ouverte à la maison de David et aux habitants de Jérusalem, pour laver le pécheur [37]. |
* Non in aqua solum, sed in aqua et sánguine. | * Non pas avec l’eau seulement, mais avec l’eau et le sang. |
Lectio viii | 8e leçon |
Enarrat. in Psalm. 95, n. 5 | |
Tenebántur hómines captívi sub diábolo, et dæmónibus serviébant ; sed redémpti sunt a captivitáte. Véndere enim se potuérunt, sed redímere non potuérunt. Venit Redémptor, et dedit prétium ; fudit sánguinem suum, et emit orbem terrárum. Quæritis quid émerit ? Vidéte quid déderit, et inveniétis quid émerit. Sanguis Christi prétium est. Tanti quid valet ? quid, nisi totus orbis ? quid, nisi omnes gentes ? Valde ingráti sunt prétio suo, aut multum supérbi sunt, qui discunt, aut illud tam parum esse ut solos Afros émerit, aut se tam magnos esse pro quibus solis illud sit datum. Non ergo exsúltent, non supérbiant. Pro toto dedit, quantum dedit. | Les hommes servaient le démon et étaient ses esclaves, mais ils ont été rachetés de la captivité. Car ils ont pu se vendre, mais non se racheter. Le Rédempteur est venu et il a donné la rançon ; il a répandu son sang et il a racheté le monde entier. Vous demandez ce qu’il a acheté ? Voyez ce qu’il a donné et vous verrez ce qu’il a acheté. Le sang de Jésus-Christ est le prix. Que vaut-il, si ce n’est l’univers entier ? Que vaut-il, si ce n’est toutes les nations ? Ils sont très ingrats et n’apprécient pas son prix, ou sont démesurément superbes, ceux qui disent qu’il valait si peu qu’il n’a acheté que les Africains, ou qu’ils sont eux-mêmes si grands, que tout le prix leur a été consacré. Qu’ils ne s’élèvent pas, qu’ils ne s’enorgueillissent pas. Il a donné pour tous, tout ce qu’il a donné. |
R/. Prædestinávit nos Deus in adoptiónem filiórum per Iesum Christum, * In quo habémus redemptiónem per sánguinem eius. | R/. Dieu nous a prédestinés à l’adoption de ses enfants par Jésus-Christ, * En qui nous avons la rédemption par son sang [38]. |
V/. Remissiónem peccatórum secúndum divítias gratiæ eius, quæ superabundávit in nobis. | V/. La rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce, qui a surabondé en nous [39]. |
* In quo habémus redemptiónem per sánguinem eius. Glória Patri. * In quo habémus redemptiónem per sánguinem eius. | * En qui nous avons la rédemption par son sang. Gloire au Père. * En qui nous avons la rédemption par son sang. |
Lectio ix | 9e leçon |
Sermo 31, alias 344 | |
Hábuit ille sánguinem, unde nos redímeret ; et ad hoc accépit sánguinem, ut esset quem pro nobis rediméndis effúnderet. Sanguis Dómini tui, si vis, datus est pro te ; si nolúeris esse, non est datus pro te. Forte enim dicis : Hábuit sánguinem Deus meus, quo me redímeret, sed iam, cum passus est, totum dedit ; quid illi remánsit, quod det et pro me ? Hoc est magnum, quia semel dedit, et pro ómnibus dedit. Sanguis Christi volénti est salus, nolénti supplícium. Quid ergo dúbitas, qui mori non vis, a secúnda pótius morte liberári ? Qua liberáris, si vis tóllere crucem tuam, et sequi Dóminum ; quia ille tulit suam, et quæsívit servum. | Il eut, lui, du sang au prix duquel il pouvait nous sauver ; et c’est pour ceci qu’il l’a pris ; afin que ce sang fût celui qu’il répandrait pour notre rédemption. Le sang du Seigneur, si vous le voulez, il est donné pour vous ; si vous ne voulez pas qu’il en soit ainsi, il n’est pas donné pour vous. Car vous dites peut-être : Mon Dieu eut du sang qui pouvait me sauver ; mais maintenant qu’il a souffert déjà, il l’a donné tout entier. Que lui en est-il resté, qu’il pût encore donner pour moi ? Mais voici ce qui est grand : c’est qu’il l’a donné une fois et qu’en même temps, il l’a donné pour tous. Le sang du Christ est le salut pour qui l’accepte et le supplice pour qui le refuse. Pourquoi donc hésitez-vous, vous qui ne voulez pas mourir et ne voulez-vous pas plutôt être délivré d’une seconde mort ? Et vous en êtes délivré si vous voulez porter votre croix et suivre le Seigneur ; car il a porté, lui, la sienne, et a cherché un serviteur. |
Te Deum | |
Ant. 1 Hi qui amícti sunt * stolis albis, qui sunt, et unde venérunt ? | Ant. 1 Ceux-ci, qui sont vêtus * de robes blanches, qui sont-ils ? et d’où viennent-ils ? [40] |
Psaume 92 | |
Ant. 2 Hi sunt * qui venérunt de tribulatióne magna et lavérunt stolas suas in sánguine Agni. | Ant. 2 Ce sont ceux * qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau [41]. |
Psaume 99 | |
Ant. 3 Ideo sunt * ante thronum Dei et sérviunt ei die ac nocte. | Ant. 3 C’est pourquoi ils sont * devant le trône de Dieu, et ils le servent nuit et jour [42]. |
Psaume 62 | |
Ant. 4 Et ipsi vicérunt * dracónem propter sánguinem Agni et propter testaméntum Verbi sui. | Ant. 4 Ils ont vaincu * le dragon par le sang de l’Agneau et par le témoignage de leur parole [43]. |
Cantique des trois Enfants | |
Ant. 5 Beáti * qui lavant stolas suas in sánguine Agni. | Ant. 5 Bienheureux * ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau [44]. |
Psaume 148 | |
Capitulum Hebr. 9. 11-12. | Capitule |
Fratres : Christus assístens Póntifex futurórum bonórum, per ámplius et perféctius tabernáculum non manufáctum, id est, non huius creatiónis : neque per sánguinem hircórum aut vitulórum, sed per próprium sánguinem introívit semel in Sancta, ætérna redemptióne invénta. | Mes Frères : le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. |
Hymnus | Hymne |
Salvéte, Christi vúlnera,
Imménsi amóris pígnora Quibus perénnes rívuli Manant rubéntis sánguinis. | Salut, blessures du Christ,
gages d’un amour immense, et d’où découlent intarissables les ruisseaux d’un sang vermeil. |
Nitóre stellas víncitis
Rosas odóre et bálsama, Prétio lapíllos Indicos, Mellis favos dulcédine. | Vous l’emportez en éclat sur les étoiles,
en parfum sur la rose et le baume, en prix sur les pierreries de l’Inde, en douceur sur les rayons de miel. |
Per vos patet gratíssimum
Nostris asýlum méntibus ; Non huc furor minántium Umquam penétrat hóstium. | Par vous l’asile le plus doux
est ouvert à nos âmes ; là ne pénètre jamais la fureur des ennemis qui nous menacent. |
Quot Iesus in prætório
Flagélla nudus éxcipit ! Quot scissa pellis úndique Stillat cruóris gúttulas ! | Que de coups de fouets, mis à nu,
Jésus a reçus dans le prétoire ! que de gouttes de sang ont perlé de toute sa peau déchirée ! |
Frontem venústam, proh dolor !
Coróna pungit spínea, Clavi retúsa cúspide Pedes manúsque pérforant. | O douleur ! son front si beau,
une couronne d’épines le pique, des clous à la pointe émoussée percent ses pieds et ses mains. |
Postquam sed ille trádidit
Amans volénsque spíritum, Pectus ferítur láncea, Geminúsque liquor éxsilit. | Après que par amour et volontairement
ce Sauveur a rendu l’esprit, on frappe son côté d’une lance, et un double ruisseau s’en échappe. |
Ut plena sit redémptio,
Sub torculári stríngitur ; Suíque Iesus ímmemor, Sibi nil resérvat sánguinis. | Pour que la rédemption soit totale,
Il est broyé sous le pressoir, et Jésus s’oubliant lui-même, ne garde rien de son sang. |
Veníte quotquot críminum
Funésta labes ínficit ; In hoc salútis bálneo Qui se lavat, mundábitur. | Venez, vous tous, souillés
par la funeste tache du péché : dans ce bain de salut celui qui se lave sera purifié. |
Summi ad Paréntis déxteram
Sedénti habénda est grátia, Qui nos redémit sánguine, Sanctóque firmat Spíritu. Amen. | A celui qui est assis à la droite du Père souverain
Grâce soit rendue, qui nous a rachetés par son sang et nous confirme par le Saint-Esprit. Amen. |
V/. Iustificáti in sánguine Christi. | V/. Justifiés par le sang du Christ [45]. |
R/. Salvi érimus ab ira per ipsum. | R/. Nous serons délivrés par lui de la colère. |
Ad Bened. Ant. Erit sanguis Agni * vobis in signum, dicit Dóminus ; et vidébo sánguinem, et transíbo vos nec erit in vobis plaga dispérdens. | Ant. au Benedictus Le sang de l’Agneau sera * un signe en votre faveur, dit le Seigneur, car je verrai le sang, et je passerai au delà de vous ; et la plaie de destruction ne nous atteindra pas [46]. |
Benedictus | |
Oratio | Prière |
Omnípotens sempitérne Deus, qui unigénitum Fílium tuum mundi Redemptórem constituísti, ac eius Sánguine placári voluísti : concéde, quǽsumus, salútis nostræ prétium sollémni cultu ita venerári, atque a præséntis vitæ malis eius virtúte deféndi in terris ; ut fructu perpétuo lætémur in cælis. Per eúndem Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, vous avez établi votre Fils unique rédempteur du monde, et vous avez voulu que votre justice soit apaisée par son sang : faites-nous la grâce, nous vous en prions, de vénérer d’un culte solennel ce prix de notre salut, et d’être ici-bas préservés par sa vertu des maux de la vie présente ; de manière à jouir éternellement de ses fruits dans les cieux. Par le même. |
Et ad Laudes tantum fit commemoratio Octavæ S. Ioannis Baptistæ : | Et à Laudes seulement, on fait mémoire del’Octave de St Jean-Baptiste : |
Ant. Apértum est os Zacharíæ, et prophetávit dicens : Benedíctus Deus Israël. | Ant. La bouche de Zacharie s’ouvrit et il prophétisa, disant : Béni soit le Dieu d’Israël [47]. |
V/. Iste puer magnus coram Dómino. | V/. Cet enfant sera grand devant le Seigneur [48]. |
R/. Nam et manus eius cum ipso est. | R/. Car sa main est avec lui. |
Oratio | Prière |
Deus, qui præséntem diem honorábilem nobis in beáti Ioánnis nativitáte fecísti : da pópulis tuis spirituálium grátiam gaudiórum ; et ómnium fidélium mentes dirige in viam salútis ætérnæ. Per Dóminum. | Dieu, vous nous avez rendu ce jour vénérable par la nativité du bienheureux Jean : accordez à votre peuple la grâce des joies spirituelles ; et dirigez les âmes de tous les fidèles dans la voie du salut éternel. |
Aux 2èmes Vêpres.
Avant 1934 et l’élévation de la fête au rang de Ière classe, on disait ce jour les Ières Vêpres de la Visitation avec mémoire du Précieux Sang et de l’Octave de St Jean. Depuis 1934, on dit les Vêpres du Précieux Sang ave mémoire de la Visitation.
Ant. 1 Quis est iste * qui venit de Edom tinctis véstibus de Bosra ? iste formósus in stola sua. | Ant. 1 Quel est celui * qui vient d’Édom, de Bosra, les vêtements teints ? il est beau dans sa robe [49]. |
Psaume 109 | |
Ant. 2 Ego * qui loquor iustítiam et propugnátor sum ad salvándum. | Ant. 2 C’est moi * qui parle justice, et combats pour sauver [50]. |
Psaume 110 | |
Ant. 3 Vestítus erat * veste aspérsa sánguine, et vocátur nomen eius Verbum Dei. | Ant. 3 Il était vêtu * d’une robe teinte de sang, et le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu [51]. |
Psaume 111 | |
Ant. 4 Quare ergo * rubrum est induméntum tuum, et vestiménta tua sicut calcántium in torculári ? | Ant. 4 Pourquoi donc * votre robe est-elle rouge, et vos vêtements sont-ils comme les vêtements de ceux qui foulent dans un pressoir ? [52] |
Psaume 112 | |
Ant. 5 Tórcular * calcávi solus, et de Géntibus non est vir mecum. | Ant. 5 J’ai foulé * le pressoir tout seul, et d’entre les nations, il n’y a pas un homme avec moi [53]. |
Psaume 147 | |
Capitulum Hebr. 9. 11-12. | Capitule |
Fratres : Christus assístens Póntifex futurórum bonórum, per ámplius et perféctius tabernáculum non manufáctum, id est, non huius creatiónis : neque per sánguinem hircórum aut vitulórum, sed per próprium sánguinem introívit semel in Sancta, ætérna redemptióne invénta. | Mes Frères : le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. |
Hymnus | Hymne |
Festívis résonent cómpita vócibus,
Cives lætítiam fróntibus éxplicent, Tædis flammíferis órdine pródeant Instrúcti púeri et senes. | Que les places résonnent de chants de fête,
Que la joie brille au front des habitants, Que les enfants comme les vieillards, à la lueur Des torches, s’avancent en procession. |
Quem dura móriens Christus in árbore
Fudit multíplici vúlnere sánguinem, Nos facti mémores dum cólimus, decet Saltem fúndere lácrimas. | Le Christ, mourant sur un arbre cruel
Répand ce Sang par tant de plaies, Nous en célébrons la mémoire, Versons au moins des larmes. |
Humáno géneri pernícies gravis
Adami véteris crímine cóntigit : Adami intégritas et píetas novi Vitam réddidit ómnibus. | L’Adam ancien par son crime avait
Gravement perdu le genre humain : L’Adam nouveau, saint et pieux, Redonne la vie à tous les hommes. |
Clamórem válidum summus ab ǽthere
Languéntibus Géniti si Pater áudiit, Placári pótius sánguine débuit, Et nobis véniam dare. | Si le Père souverain a entendu des cieux
Le cri puissant du Fils expirant, C’est par son Sang qu’il fut apaisé, Et qu’il nous accorda le pardon. |
Hoc quicúmque stolam sánguine próluit,
Abstérgit máculas ; et róseum decus, Quo fiat símilis prótinus Angelis Et Regi pláceat, capit. | Quiconque lave sa robe dans ce Sang
Efface les taches ; et prend l’éclat Empourpré qui le rend soudain semblable Aux Anges et agréable au Roi. |
A recto instábilis trámite póstmodum
Se nullus rétrahat, meta sed última Tangátur ; tríbuet nóbile præmium, Qui cursum Deus ádiuvat. | Que personne ensuite n’ait l’audace de quitter
La voie droite : qu’il gagne le but suprême ; Dieu qui nous aide dans la course Lui donnera la noble récompense. |
Nobis propítius sis, Génitor potens,
Ut, quos unígenæ sánguine Fílii Emísti, et plácido Flámine récreas, Cæli ad cúlmina tránsferas. Amen. | Soyez-nous propice, Père puissant,
Élevez aux sommets des cieux Les rachetés par le Sang du Fils unique Créés à nouveau par l’Esprit de paix. Amen. |
V/. Te ergo quæsumus, tuis fámulis súbveni. | V/. Nous vous supplions de secourir vos serviteurs [54]. |
R/. Quos pretióso sánguine redemísti. | R/. Que vous avez rachetés par votre sang précieux. |
Ad Magnificat Ant. Habébitis autem * hunc diem in monuméntum : et celebrábitis eum solémnem Dómino in generatiónibus vestris cultu sempitérno. | Ant. au Magnificat Pour vous, * Ce jour sera un monument, et vous le célébrerez dans vos générations comme consacré au Seigneur par un culte éternel [55]. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Omnípotens sempitérne Deus, qui unigénitum Fílium tuum mundi Redemptórem constituísti, ac eius Sánguine placári voluísti : concéde, quǽsumus, salútis nostræ prétium sollémni cultu ita venerári, atque a præséntis vitæ malis eius virtúte deféndi in terris ; ut fructu perpétuo lætémur in cælis. Per eúndem Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, vous avez établi votre Fils unique rédempteur du monde, et vous avez voulu que votre justice soit apaisée par son sang : faites-nous la grâce, nous vous en prions, de vénérer d’un culte solennel ce prix de notre salut, et d’être ici-bas préservés par sa vertu des maux de la vie présente ; de manière à jouir éternellement de ses fruits dans les cieux. Par le même. |
Et fit commemoratio sequentis tantum : | On fait mémoire du suivant (Fête de la Visitation] : |
Ant. Beáta es, María, quæ credidísti : perficiéntur in te quæ dicta sunt tibi a Dómino, allelúia. | Ant. Vous êtes bienheureuse, Marie, vous qui avez cru : car ce qui vous a été dit par le Seigneur s’accomplira en vous, alléluia [56]. |
V/. Benedícta tu in muliéribus. | V/. Vous êtes bénie entre les femmes [57]. |
R/. Et benedíctus fructus ventris tui. | R/. Et le fruit de votre sein est béni. |
Oratio | Prière |
Fámulis tuis, quǽsumus, Dómine, cæléstis grátiæ munus impertíre : ut, quibus beátæ Vírginis partus éxstitit salútis exórdium ; Visitatiónis eius votiva sollémnitas, pacis tríbuat increméntum. Per Dóminum. | Seigneur, nous vous prions d’accorder à vos serviteurs le don de la grâce céleste : et, comme l’enfantement de la bienheureuse Vierge a été le principe de leur salut ; qu’ainsi la pieuse solennité de sa Visitation leur procure un accroissement de paix. |
Jean-Baptiste a montré l’Agneau, Pierre affermi son trône, Paul préparé l’Épouse : œuvre commune, dont l’unité fut la raison qui devait les rapprocher de si près tous trois sur le Cycle. L’alliance étant donc maintenant assurée, tous trois rentrent dans l’ombre ; et seule, sur les sommets où ils l’ont établie, l’Épouse apparaît, tenant en mains la coupe sacrée du festin des noces.
Tel est le secret de la fête de ce jour. Son lever au ciel de la sainte Liturgie, en la saison présente, est plein de mystère. Déjà, et plus solennellement, l’Église a révélé aux fils de la nouvelle Alliance le prix du Sang dont ils furent rachetés, sa vertu nourrissante et les honneurs de l’adoration qu’il mérite. Au grand Vendredi, la terre et les cieux contemplèrent tous les crimes noyés dans le fleuve de salut dont les digues éternelles s’étaient enfin rompues, sous l’effort combiné de la violence des hommes et de l’amour du divin Cœur. La fête du Très-Saint-Sacrement nous a vus prosternés devant les autels où se perpétue l’immolation du Calvaire, et l’effusion du Sang précieux devenu le breuvage des humbles et l’objet des hommages des puissants de ce monde. Voici que l’Église, cependant, convie de nouveau les chrétiens à célébrer les flots qui s’épanchent de la source sacrée : qu’est-ce à dire, sinon, en effet, que les solennités précédentes n’en ont point sans doute épuisé le mystère ?
La paix faite par ce Sang dans les bas lieux comme sur les hauteurs ; le courant de ses ondes ramenant des abîmes les fils d’Adam purifiés, renouvelés, dans tout l’éclat d’une céleste parure ; la table sainte dressée pour eux sur le rivage, et ce calice dont il est la liqueur enivrante : tous ces apprêts seraient sans but, toutes ces magnificences demeureraient incomprises, si l’homme n’y voyait les avances d’un amour dont les prétentions entendent n’être dépassées par les prétentions d’aucun autre amour. Le Sang de Jésus doit être pour nous à cette heure le Sang du Testament, le gage de l’alliance que Dieu nous propose [58], la dot constituée par l’éternelle Sagesse appelant les hommes à cette union divine, dont l’Esprit de sainteté poursuit sans fin la consommation dans nos âmes. Et c’est pourquoi la présente fête, fixée toujours à quelqu’un des Dimanches après la Pentecôte, n’interrompt point l’enseignement qu’ils ont mission de nous donner en ce sens, mais le confirme merveilleusement au contraire.
« Ayons donc confiance, ô mes Frères, nous dit l’Apôtre ; et, par le Sang du Christ, entrons dans le Saint des Saints. Suivons la route nouvelle dont le secret est devenu nôtre, la route vivante qu’il nous a tracée au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair. Approchons d’un cœur vrai, d’une foi pleine, purs en tout, maintenant ferme la profession de notre inébranlable espérance ; car celui qui s’est engagé envers nous est fidèle. Excitons-nous chacun d’exemple à l’accroissement de l’amour [59]. Et que le Dieu de paix qui a ressuscité d’entre les morts notre Seigneur Jésus-Christ, le grand pasteur des brebis dans le Sang de l’Alliance éternelle, vous dispose à tout bien, pour accomplir sa volonté, pour que lui-même fasse en vous selon son bon plaisir par Jésus-Christ, à qui soit gloire dans les siècles des siècles [60] ! »
Nous ne devons pas omettre de rappeler ici que cette fête est le monument de l’une des plus éclatantes victoires de l’Église au dernier siècle. Pie IX avait été chassé de Rome, en 1848, par la Révolution triomphante ; dans ces mêmes jours, l’année suivante, il voyait rétablir son pouvoir. Les 28, 29 et 30 juin, sous l’égide des Apôtres, la fille aînée de l’Église, fidèle à son glorieux passé, balayait les remparts de la Ville éternelle ; le 2 juillet, fête de Marie, s’achevait la conquête. Bientôt un double décret notifiait à la Ville et au monde la reconnaissance du Pontife, et la manière dont il entendait perpétuer par la sainte Liturgie le souvenir de ces événements. Le 10 août, de Gaète même, lieu de son refuge pendant la tourmente, Pie IX, avant d’aller reprendre le gouvernement de ses États, s’adressait au Chef invisible de l’Église et la lui confiait par l’établissement de la fête de ce jour, lui rappelant que, pour cette Église, il avait versé tout son Sang. Peu après, rentré dans sa capitale, il se tournait vers Marie, comme avaient fait en d’autres circonstances saint Pie V et Pie VII ; le Vicaire de l’Homme-Dieu renvoyait à celle qui est le Secours des chrétiens l’honneur de la victoire remportée au jour de sa glorieuse Visitation, et statuait que la fête du 2 juillet serait élevée du rite double-majeur à celui de seconde classe pour toutes les Églises : prélude à la définition du dogme de la Conception immaculée, que l’immortel Pontife projetait dès lors, et qui devait achever l’écrasement de la tête du serpent.
A LA MESSE.
L’Église, que les Apôtres ont rassemblée de toutes les nations qui sont sous le ciel, s’avance vers l’autel de l’Époux qui l’a rachetée de son Sang, et chante dans l’Introït son miséricordieux amour. C’est elle qui est désormais le royaume de Dieu, la dépositaire de la vérité.
Gage de paix entre le ciel et la terre, objet des plus solennels hommages et centre lui-même de toute Liturgie, protection assurée contre les maux de la vie présente, le Sang de l’Homme-Dieu dépose dès maintenant dans les âmes et les corps de ceux qu’il a rachetés le germe des joies éternelles.
L’Église demande, dans la Collecte, au Père qui nous a donné son Fils unique, que ce germe divin ne reste pas stérile en nous et arrive à son plein développement dans les cieux.
On fait mémoire du Dimanche après la Pentecôte, qui cède à la fête du Précieux Sang les premiers honneurs de cette journée [61].
ÉPÎTRE.
L’Épître qu’on vient de lire est la confirmation de ce que nous avons dit du caractère de cette fête. C’est par son propre Sang que le Fils de Dieu est entré dans les cieux ; le Sang divin reste pour nous l’introducteur à l’Alliance éternelle. Ainsi l’ancienne Alliance, fondée sur l’observation des préceptes du Sinaï, avait-elle consacré dans le sang le peuple et la Loi, le tabernacle et les vases qu’il devait contenir ; mais tout cela n’était que figure. « Or, dit saint Ambroise, c’est à la vérité que nous devons tendre. Ici est l’ombre, ici l’image, là-haut la vérité. Dans la Loi c’était l’ombre, l’image se trouve dans l’Évangile, la vérité au ciel. Jadis on sacrifiait un agneau ; maintenant c’est le Christ : mais ici sous les signes des Mystères, tandis qu’au ciel il est sans voiles. Là seulement donc est la pleine perfection à laquelle se doivent arrêter nos pensées, parce que toute perfection est dans la vérité sans image et sans ombre » [62]. Là seulement sera le repos. Là, dès ce monde, aspirent les fils de Dieu : sans y atteindre pleinement, ils s’en rapprochent chaque jour ; car là seulement se trouve la paix qui fait les saints. « Seigneur Dieu, dit à son tour un autre grand Docteur, saint Augustin, donnez-nous cette paix, la paix du repos, la paix du septième jour, du sabbat sans couchant. Car, il est vrai, tout cet ordre de la nature et de la grâce est bien beau pour vos serviteurs, et bien bonnes sont les réalités qu’il recouvre ; mais ses images, ses modes successifs, n’auront qu’un temps, et, leur évolution accomplie, il passera. Les jours que vous avez remplis de vos créations se composent de matin et de soir, le septième excepté qui n’a pas de déclin, parce que vous l’avez sanctifié dans votre reposa jamais. Or ce repos, quel est-il, sinon celui que vous prenez en nous, quand nous-mêmes reposons en vous dans la paix féconde qui couronne en nous la série de vos grâces ? Repos sacré, plus productif que tout labeur, les parfaits seuls vous connaissent, ceux-là qui ont laissé le travail divin accomplir en eux l’œuvre des six jours » [63].
C’est pourquoi, nous dit l’Apôtre, interprétant lui-même à l’aide des autres Écritures le passage qui vient de lui être emprunté par la sainte Église, c’est pourquoi aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs [64]. Le Sang divin nous a rendus participants du Christ [65] : à nous de ne pas dissiper, comme un bien sans valeur, l’incorporation initiale qui nous unit au Chef divin ; mais livrons-nous, sans défiance ni réserve, à l’énergie de ce ferment précieux qui doit transformer en lui tout notre être. Craignons de manquer la promesse rappelée dans notre Épître, et qui est celle d’entrer dans le repos de Dieu, d’après saint Paul lui-même [66]. Elle regarde tous les croyants, affirme-t-il [67], et ce divin sabbat est pour le peuple entier du Seigneur [68]. Donc, pour y entrer, faisons diligence [69] ; n’imitons pas les Juifs que leur incrédulité exclut pour jamais de la terre promise [70].
Le Graduel nous ramène au grand témoignage de l’amour du Fils de Dieu, confié à l’Esprit-Saint avec le Sang et l’eau des Mystères ; témoignage qui se relie d’ici-bas à celui que rend dans les cieux la Trinité souveraine. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand, proclame le Verset. Qu’est-ce à dire, sinon encore une fois qu’il nous faut céder à ces invitations réitérées de l’amour ? Nul, pour s’y dérober, n’est recevable à arguer de son ignorance, ou d’un manque de vocation aux voies plus élevées que celles où se traînent nos tiédeurs. Écoutons l’Apôtre s’adressant à tous, dans cette même Épître aux Hébreux que l’Église nous fait lire en cette fête : « Oui, sans doute ; grandes et ineffables sont ces choses. Mais si vous êtes devenus peu capables de les comprendre, c’est par votre fait ; car, depuis le temps, vous devriez y être maîtres. Vous êtes réduits au lait des enfants, quand votre âge réclame la nourriture solide des parfaits. Quant à nous, dans nos instructions, faisant trêve aux discours qui n’ont pour but que d’inoculer les premiers éléments du Christ, nous devons nous porter plus avant, sans revenir sans cesse à poser le fondement, qui consiste à se dégager des œuvres mortes et à ouvrir sur Dieu les yeux de la foi. N’avez-vous pas été illuminés ? N’avez-vous pas goûté le don céleste ? N’avez-vous pas été faits participants de l’Esprit-Saint ? Quelle pluie de grâces, à tout moment, sur la terre de vos âmes ! Il est temps qu’elle rapporte en conséquence à Dieu qui la cultive. Assez tardé ; soyez de ceux qui par la patience et la foi hériteront des promesses, jetant votre espérance, comme une ancre assurée, au delà du voile, aux plus intimes profondeurs, où Jésus n’est entré devant nous que pour nous attirer à sa suite » [71].
ÉVANGILE.
C’est au grand Vendredi que nous entendîmes pour la première fois ce passage du disciple bien-aimé. En deuil au pied de la Croix où venait d’expirer son Seigneur, l’Église n’avait point alors assez de lamentations et de larmes. Aujourd’hui elle tressaille d’autres sentiments, et le même récit qui attirait ses pleurs la fait déborder dans ses Antiennes en allégresse et chants de triomphe. Si nous voulons en connaître la cause, demandons-la aux interprètes autorisés qu’elle-même a voulu charger de nous donner sa pensée en ce jour. Ils nous apprendront que la nouvelle Ève célèbre aujourd’hui sa naissance du côté de l’Époux endormi [72] ; qu’à dater du moment solennel où l’Adam nouveau permit à la lance du soldat d’ouvrir son Cœur, nous sommes devenus en vérité l’os de ses os et la chair de sa chair [73]. Ne soyons plus étonnés si, dès lors, l’Église ne voit plus qu’amour et vie dans ce Sang qui s’épanche.
Et toi, ô âme, rebelle longtemps aux touches secrètes des grâces de choix, ne te désole point ; ne dis pas : « L’amour n’est plus pour moi ! » Si loin qu’ait pu t’égarer l’antique ennemi par ses ruses funestes, n’est-il pas vrai qu’il n’est point de détour, point d’abîme peut-être, hélas ! Où ne t’aient suivie les ruisseaux partis de la source sacrée ? Crois-tu donc que le long trajet qu’il t’a plu d’imposer à leur poursuite miséricordieuse, en ait épuisé la vertu ? Fais-en l’épreuve. Et tout d’abord, baigne-toi dans ces ondes purifiantes ; puis, abreuve à longs traits au fleuve de vie cette pauvre âme fatiguée ; enfin, t’armant de foi, remonte le cours du fleuve divin. Car s’il est sûr que, pour arriver jusqu’à toi, il ne s’est point séparé de son point de départ, il est également assuré que, ce faisant, tu retrouveras la source elle-même.
Crois bien, en effet, que c’est là tout le secret de l’Épouse ; que, d’où qu’elle vienne, elle ne procède point autrement pour trouver la réponse à la demande posée au sacré Cantique : « Indiquez-moi, ô vous que chérit mon âme, le lieu de votre repos en ce Midi dont l’ardeur est si douce [74] ! » D’autant que, remontant ainsi le fleuve sacré, non seulement elle est sûre d’arriver au divin Cœur, mais encore elle renouvelle sans fin, dans ses flots, la beauté très pure qui fait d’elle pour l’Époux un objet de complaisance et de gloire [75]. Pour ce qui est de toi, recueille aujourd’hui précieusement le témoignage du disciple de l’amour ; et félicitant Jésus, avec l’Église son Épouse et ta mère, de l’éclat de sa robe empourprée [76], aie bien soin aussi de conclure avec Jean : « Nous donc aimons Dieu, puisqu’il nous a aimés lui-même le premier » [77].
L’Église, présentant les dons pour le Sacrifice, rappelle en ses chants que le calice offert par elle à la bénédiction des prêtres ses fils devient, par la vertu dès paroles sacrées, l’intarissable réservoir d’où s’épanche sur le monde le Sang du Seigneur.
La Secrète implore le plein effet de la divine Alliance, dont le Sang du Seigneur Jésus est venu le moyen et le gage, depuis que son effusion, renouvelée sans fin aux saints Mystères, a fait cesser le cri de vengeance que celui d’Abel faisait monter de la terre au ciel.
On fait mémoire du Dimanche. Le Prêtre ensuite entonne la Préface triomphante de la Croix, sur laquelle s’est conclue dans le Sang divin l’union ineffable.
L’Antienne de Communion chante le miséricordieux amour dont le Seigneur fit preuve à sa venue, ne se laissant pas détourner de ses projets divins par l’entassement de crimes qu’il devait dissoudre en son propre Sang, pour purifier l’Épouse. Grâce à l’adorable Mystère de la foi opérant dans le secret des cœurs, quand il reviendra visiblement, il ne restera plus de ce douloureux passé qu’un souvenir de triomphe.
Abreuvés d’allégresse aux fontaines du Sauveur, qui sont ses plaies sacrées, obtenons que le Sang précieux qui rougit nos lèvres demeure, jusqu’en l’éternité, la source vive où nous puiserons la béatitude et la vie.
On ajoute comme mémoire la Postcommunion du Dimanche, dont l’Évangile se dit aussi, après la bénédiction du Prêtre, en place de celui de saint Jean.
A VÊPRES.
Hier, ouvrant la fête, l’Église chantait : « Quel est celui-ci qui vient de Bosra en Édom, avec sa robe richement teinte ? Il est beau dans ce vêtement ! — C’est moi, était-il répondu, dont la parole est toute de justice, moi qui viens défendre et sauver ». Celui qui parlait ainsi était vêtu d’une robe teinte de sang, et le nom qu’on lui donne, c’est le Verbe de Dieu. « Pourquoi donc, reprenait l’Église, votre robe est-elle rouge, et vos vêtements comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir ? — J’ai été seul à fouler le vin, et nul d’entre les hommes ne m’a prêté aide ». Ainsi apparaissait, par la vertu du Sang divin, celui auquel le Psalmiste avait dit : « Levez-vous dans votre gloire et votre beauté, et marchez au triomphe [78] ! » Après l’Époux, un autre dialogue nous montrait ce matin l’Épouse, puisant elle-même dans ce Sang précieux la surhumaine beauté qui convient au banquet des noces de l’Agneau. Car les Antiennes des Laudes mettaient en scène, ainsi qu’il suit, les membres de l’Église, spécialement les Martyrs, en qui sa gloire rayonne davantage : « Ceux-ci que l’on voit revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ? — Ceux-là sont venus de la grande tribulation, et ont lavé leurs robes dans le Sang de l’Agneau, C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit. Ils ont vaincu le dragon par le Sang de l’Agneau et la parole du Testament. — Bienheureux ceux qui lavent leurs robes dans le Sang de l’Agneau ! »
L’Église ce soir revient à son Seigneur, en reprenant aux secondes Vêpres les Antiennes des premières.
Si cette fête doit passer comme toute fête ici-bas, son objet reste et fait le trésor du monde. Qu’elle soit pour chacun de nous, comme elle l’est pour l’Église, un monument des plus sublimes faveurs du ciel. Puisse chaque année, en ramenant son passage sur le Cycle, trouver en nos cœurs de nouveaux fruits d’amour éclos sous la rosée féconde du Précieux Sang.
Aujourd’hui le Missel note l’octave de saint Jean-Baptiste, qui pourtant, dans le calendrier romain, apparaît seulement durant le bas moyen âge. Dans la réforme liturgique accomplie sous Pie X, on fixa au contraire à ce jour la fête du Précieux Sang, déjà instituée sous Pie IX et attribuée au premier dimanche de juillet.
Le sens de cette fête est analogue au sens de celle du Sacré-Cœur. Le Sang représente le prix de la commune rédemption que l’amour de Dieu ne voulut pas être inférieur à Lui-même. Il existe une relation intime entre le Cœur et le Sang, non seulement parce que, au dire de saint Jean, du Cœur blessé de Jésus jaillit après sa mort le sang et l’eau ; mais parce que le premier calice où ce Sang divin fut consacré et vivifié fut le Cœur du Verbe incarné.
Le bienheureux Gaspar del Bufalo fut à Rome l’apôtre de la dévotion au Précieux Sang, sous le vocable duquel il fonda une congrégation de missionnaires. Son corps repose dans l’antique diaconie de Sainte-Marie in Trivio, et dans la Ville éternelle les vieillards se souviennent du fervent missionnaire.
La messe est d’une facture tout à fait récente. Dans l’ancien rit romain, la messe du dimanche de la Passion était consacrée à rappeler au souvenir des fidèles l’efficace du Sang de Jésus-Christ.
L’introït emprunte son antienne au cantique des Bienheureux dans l’Apocalypse (V, 9-10) : « Par votre Sang, Seigneur, vous nous avez rachetés de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et, de nous, vous avez formé le royaume de notre Dieu ». La rédemption est universelle, parce que Dieu est la charité par essence, et celle-ci n’a ni mesure ni bornes. Quels que soient le rang et la condition de vie où l’on se trouve, la plus héroïque sainteté est donc possible, et les fastes de l’Église le démontrent.
Suit le psaume 88. Tandis que, dans le royaume céleste, c’est-à-dire dans ce royaume dont parlait saint Jean tout à l’heure, les anges très purs entonnent le trisagion à la gloire de la sainteté de Dieu, les âmes rachetées dans le Sang de l’Agneau élèvent un autre cantique, beaucoup plus adapté à leur humble condition : « Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur ; et mes lèvres annonceront à tous les âges votre vérité ».
Voici la première collecte : « Seigneur éternel et tout-puissant qui avez établi votre Fils Rédempteur du monde, et qui avez voulu être apaisé par son Sang ; faites que vénérant par un culte solennel le prix de notre rachat, nous évitions par ses mérites tous les maux ici-bas, pour obtenir ensuite dans le ciel la plénitude de son efficacité ».
La première lecture (Hebr., IX, 11-15) commune à la messe du dimanche de la Passion, dont cette fête récente constitue en quelque sorte une répétition. Après le sacrifice du Calvaire, il est impossible de désespérer de son salut. Si l’efficacité du sang des victimes légales de l’Ancien Testament était si grande, combien supérieure ne sera pas celle du Sang du Christ qui, dans les ardeurs du Paraclet, s’offrit tout entier à la sainteté et à la justice du Père pour le rachat du monde ? Chaque fois donc que nous levons les yeux vers l’image du Crucifix et que nous contemplons ses plaies et son sang, disons-lui avec confiance et amour : vulnera tua, merita mea. Mes mérites, Seigneur, ce sont les plaies que vous avez voulu souffrir pour moi.
Le répons est tiré de la Ire Épître de saint Jean, v, 6-8. « Voici que vient Jésus-Christ, qui n’est pas tel par le seul baptême dans l’eau du Jourdain, — comme le prétendait la fausse Gnose, — mais par l’eau et par le sang, — c’est-à-dire par la réalité de son humanité unie hypostatiquement à la divinité et reconnue authentiquement par la divine Trinité sur les eaux du Jourdain ». « Ils sont trois ceux qui sont témoins au ciel. Le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, et ces trois sont un ». « Ils sont trois, ceux qui attestent la divinité de Jésus à l’occasion de son immersion dans le Jourdain. Le Saint-Esprit, l’eau — c’est-à-dire le baptême — et le sang, — c’est-à-dire sa véritable humanité, — et ces trois témoignages en constituent un seul ».
Le verset alléluiatique forme la suite du passage précédent : « Alléluia. Si nous recevons le témoignage humain, combien plus grand est le témoignage divin ! »
A vrai dire, celui qui a choisi ces passages pour la fête du Précieux Sang s’est arrêté trop exclusivement à la mention du sang, sans tenir compte du contexte de l’épître de saint Jean. Ici l’Apôtre veut démontrer, contre les gnostiques, la divinité du Christ, en soutenant qu’il est tel dès sa conception en vertu de l’union hypostatique, et non pas simplement parce qu’au moment de son baptême lui aurait été conférée la divinité en raison de ses mérites, comme le voulaient les hérétiques. « Non, dit Jean, Jésus est né Fils de Dieu, et il ne l’est pas devenu plus tard. Non in aqua solum, sed in aqua et sanguine ».
La lecture évangélique (Ioan., XIX, 30-35) est la même que pour la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le Sauveur, dans sa Passion, a répandu son Sang en grande abondance. Or on se demande pourquoi Jean rapporte en termes si solennels la dernière effusion de son sang mêlé à de l’eau, quand déjà le Cœur de Jésus avait cessé de battre ? A cause de son symbolisme, répondent les Pères. La fausse gnose prétendait que la divinité avait abandonné Jésus au moment où il s’écria sur la Croix : Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquisti me ? Jean au contraire, qui avait déjà soutenu précédemment que le témoignage rendu par l’Esprit Saint à la divinité de Jésus dans les eaux du Jourdain était identique à celui qui ressortait du symbolisme de l’eau et du sang jaillis de son cœur après la mort, rapporte ici le prodige, l’authentiquant de la garantie propre de l’Apôtre du Verbe.
L’antienne pour l’offrande des oblations est tirée de la Ire Épître aux Corinthiens (X, 16) et contient probablement une allusion à la coupe qui, au banquet pascal, était appelée le calice de bénédiction. Jésus fit du symbole une réalité, et la coupe de bénédiction devint l’Eucharistie. « Le calice de bénédiction sur lequel nous prononçons la consécration, n’est-il pas la Communion au Sang du Christ ? Et le pain que nous brisons n’est-il pas la Communion au Corps du Christ ? »
La collecte sur les oblations s’inspire de l’Épître ad Hebræos : « Par les mérites de ces divins Mystères, faites que nous puissions, Seigneur, nous unir ainsi au Médiateur du testament nouveau, Jésus, pour renouveler ensuite dignement sur vos autels l’offrande de son Sang, beaucoup plus éloquent que le sang d’Abel ».
L’antienne pour la Communion est tirée de l’Épître aux Hébreux et nous rappelle le caractère différent de la double parousie du Christ. (Hebr., IX, 28) : « Une première fois le Christ s’offrit comme victime d’expiation pour les péchés de l’humanité. La seconde fois, Il apparaîtra sans avoir de péchés à expier, mais pour conduire au salut tous ceux qui attendent sa venue ».
La prière d’action de grâces s’inspire des textes bien connus d’Isaïe (XII, 4) et de saint Jean (IV, 14) ; mais il semble que le rédacteur de la messe les ait joints l’un à l’autre avec peu de bon goût littéraire : « Admis, Seigneur, à votre table sacrée, nous avons puisé avec joie les eaux aux sources du salut ; nous vous demandons donc que le sang du Rédempteur devienne en nous comme une source d’eau qui s’élève jusqu’à la vie éternelle ».
Dans la sainte Écriture, la grâce est à bon droit comparée à l’eau qui est... pretiosa et casta, comme chantait saint François, De même, en effet, que l’eau est limpide, qu’elle rafraîchit, féconde et purifie, ainsi l’œuvre du Divin Paraclet apaise la concupiscence, expie les fautes, ramène l’âme à sa vérité native et lui confère la force de s’élever à Dieu et d’agir conformément à ce nouvel état surnaturel de fille du Très-Haut.
Le sang divin, le prix de la Rédemption.
Cette fête populaire dépasse le Vendredi-Saint, le jour de la mort du Seigneur, les fêtes de la Croix et la fête du Sacré-Cœur ; elle met devant nos yeux la valeur immense du divin sang rédempteur. Tout le mois de juillet est consacré au « Précieux Sang » (c’est intentionnellement que cette fête a été placée le premier jour du mois).
Cette fête n’appartient pas à la liturgie strictement classique car elle est née de la réflexion, de la méditation. L’antique liturgie aime dans ses fêtes l’action plutôt que la pensée. D’un autre côté cette fête correspond aux aspirations de l’âme moderne qui s’attache si volontiers à la méditation de la Passion du Christ. Cette fête a en outre l’avantage de nous placer au centre même de notre foi, la Rédemption Conformément à cet esprit, nous allons rassembler les Images différentes que l’Église, au bréviaire et au missel, nous donne du Précieux Sang. Nous les partagerons en trois groupes : 1. Images figuratives, extraites de l’Ancien Testament ; 2. Images historiques, l’histoire du Précieux Sang du Seigneur ; 3. Images symboliques
1. Trois images figuratives.
a) L’Église nous ramène au berceau de l’humanité. Caïn et Abel offrent chacun un sacrifice. Le sacrifice d’Abel est agréable à Dieu, mais pas celui de Caïn. Ce fut l’origine du péché de jalousie et finalement du fratricide. La terre altérée but le sang d’Abel. Mais le sang cria vengeance contre le meurtrier. C’est une figure du sang du Christ qui, sur le Calvaire, crie non pas vengeance mais rédemption.
b) Quelques millénaires plus tard. Le peuple d’Israël est opprimé par les Égyptiens. Dieu ordonne au peuple d’immoler un agneau pascal et d’enduire de son sang les montants des portes. L’ange de la mort passera devant ces maisons sans entrer. Mais, là où les portes ne seront pas marquées de sang, tous les premiers-nés masculins seront tués, depuis le premier-né du roi jusqu’à celui de la servante. Ce sang sur les montants des portes est une figure du sang du Christ. « Le sang d’un agneau peut-il sauver un homme ? Non ; mais il a de la puissance comme figure du sang rédempteur ». Quand le meurtrier voit le seuil de notre âme marqué du sang du Christ, il passe sans s’arrêter ; notre âme est sauvée.
c) Le Prophète Isaïe voit, dans sa vision, un homme qui écrase des raisins dans le pressoir (C’était la coutume en Orient de piétiner les raisins rouges dans le pressoir). Le Prophète interroge cet homme : « Pourquoi ton vêtement est-il si rouge ? » « J’ai dû fouler seul le pressoir, et parmi les peuples personne n’est avec moi ». Celui qui foule le pressoir est le Christ dont l’habit est rougi par le sang rédempteur.
2. Images historiques. — L’Église nous montre les premières gouttes de sang qui brillèrent sur le couteau le jour de la circoncision de Jésus. Sur le mont des Oliviers, nous voyons, dans la nuit, au clair de lune, le visage divin couvert du sang de l’agonie. L’infortuné Judas, désespéré, jette dans le temple l’argent du sang ; « J’ai trahi le sang innocent ». L’Église nous conduit ensuite à la colonne de la flagellation et nous montre le Seigneur dans sa plus profonde humiliation. Sous les coups cruels, le sang divin jaillit de tous côtés sur le sol. Le Christ est conduit devant Pilate. Celui-ci montre à la foule le corps ensanglanté : Ecce homo. Nous marchons à travers les rues de Jérusalem et nous suivons les traces sanglantes qui nous conduisent jusqu’au Golgotha. Du bois de la Croix ruisselle le sang. Un soldat ouvre le côté du Seigneur, et il en coule du sang et de l’eau.
3. Deux images symboliques.
a) Adam dort d’un sommeil extatique. Dieu ouvre son côté, prend une côte et en forme Ève, la mère des vivants. Nous considérons en esprit le second Adam, l’Adam divin, le Christ. Il dort du sommeil de la mort. De son côté ouvert coulent du sang et de l’eau. C’est le symbole du baptême et de l’Eucharistie, le symbole de la seconde Ève, la mère de tous les vivants. Par le sang et l’eau le Christ voulait sauver tous les nombreux enfants de Dieu et les mener à la fin éternelle.
b) Nous voyons une cérémonie du culte juif au jour de la Fête de l’Expiation. Le grand-prêtre pénètre une fois par an dans le Saint des Saints, et asperge l’arche d’alliance avec le sang des taureaux et des boucs en signe d’expiation pour les péchés du peuple. L’Église nous présente cette image en lui donnant une signification plus élevée : le grand-prêtre divin, le Christ, entre une fois pour toutes, le Vendredi Saint, dans le Saint des Saints du ciel, qui n’est pas fait de main d’homme ni aspergé avec le sang des taureaux et des boucs ; il procure au peuple avec son propre sang une éternelle rédemption. Cette image est mise sous nos yeux par l’Épître du jour
Une image finale : L’Église nous conduit au dernier acte du sacrifice. Nous voyons un office célébré au ciel : au centre, sur l’autel, l’Agneau, immolé mais vivant, empourpré de son sang ; autour de lui, la foule innombrable des élus, en vêtements blancs, lavés dans le sang de l’Agneau. La foule des saints chante l’hymne de la Rédemption : « Vous nous avez rachetés par votre sang, nous qui venons de toute tribu, de tout peuple, de toute nation ! » — Maintenant, de la méditation passons aux actes. Nous sommes assez heureux pour posséder réellement parmi nous ce Divin Sang, pour l’offrir au Père céleste en faveur des âmes du monde entier ; oui, nous pouvons le faire fructifier.
[1] Is. 63, 1.
[2] Is. 63, 1.
[3] Apoc. 9, 13.
[4] Is. 63, 2.
[5] Is. 63, 3.
[6] Apoc. 3, 9.
[7] Hebr. 12, 22.
[8] Luc. 2, 21.
[9] Luc. 22, 43.
[10] Matth. 27, 3.
[11] Apoc. 5, 9.
[12] Hebr. 13, 12.
[13] Hebr. 12, 4.
[14] Exod. 24, 8.
[15] Hebr. 11, 28.
[16] Ephes. 2, 13.
[17] Col. 1, 19.
[18] Marc. 15, 15.
[19] Matth. 27, 24.
[20] Matth. 26, 25.
[21] I Jn. 1, 7.
[22] Avant 1934, le texte liturgique présente : ‘Vultis’, ‘Voulez-vous’.
[23] Gen.12, 21-25
[24] I Petr. 1, 17.
[25] Passage supprimé en 1934.
[26] Passage supprimé en 1934.
[27] I Cor. 6, 20.
[28] Historique de la fête rajouté en 1934.
[29] Ephes. 5, 30.
[30] Historique de la fête rajouté en 1934.
[31] Rom. 5, 8.
[32] Jn. 19, 5.
[33] Jn. 19, 17.
[34] Jn. 19, 33.
[35] Apoc. 1, 5.
[36] I Jn. 5, 6.
[37] Zach. 13, 1.
[38] Ephes. 1, 5.
[39] Ephes. 1, 7.
[40] Apoc. 7, 13.
[41] Apoc. 7, 14.
[42] Apoc. 7, 15.
[43] Apoc. 12, 11.
[44] Apoc. 22, 14.
[45] Rom. 5, 9.
[46] Exod. 12, 13.
[47] Luc. 1, 64.
[48] Luc. 1, 15 et 66.
[49] Is. 63, 1.
[50] Is. 63, 1.
[51] Apoc. 9, 13.
[52] Is. 63, 2.
[53] Is. 63, 3.
[54] Verset tiré du Te deum.
[55] Exod. 12, 14.
[56] Luc. 1, 45.
[57] Luc. 1, 42.
[58] Ex. XXIV, 8 ; Heb. IX, 20.
[59] Heb. X, 19-24.
[60] Ibid. XIII, 20-21.
[61] Le commentaire de l’Année Liturgique date d’avant la réforme du calendrier de St Pie X, qui libéra le 1er dimanche de juillet de la fête du Précieux Sang pour la fixer au 1er juillet.
[62] Ambr. De Offic. I, 48.
[63] Aug. Confess. XIII, 35-37 ; de Genesi ad litt. IV, 13-17 ; et alibi passim.
[64] Heb. III, 7-8, ex Psalm. XCIV.
[65] Ibid. 14.
[66] Ibid. IV, 1.
[67] Ibid. 3.
[68] Ibid. 9.
[69] Ibid. 11.
[70] Ibid. II, IV.
[71] Hebr. V, VI.
[72] Aug. Homil. diei, ex Tract, CXX in Johan.
[73] Sermo IIi Nocturni.
[74] Cant. I, 6.
[75] Eph. V, 27.
[76] Quis est iste qui venit de Edom, tinctis vestibus de Bosra ? Iste formosus in stola sua. Prima Antiphona in Vesperis.
[77] I Johan. IV, 19.
[78] Psalm. XLIV.