Textes de la Messe |
Office |
Fête étendue à tout le rite romain en 1716, célébrée le 1er dimanche d’octobre jusqu’à la réforme de Pie X, fixée au 7 octobre en 1914. Mais le 1er dimanche d’octobre reste encore, dans le code des Rubriques de 1960, jour propre de la solennité externe de la fête.
La réforme de Jean XXIII en a changé l’intitulé : au lieu de la fête du Très Saint Rosaire, il est désormais fête de Notre-Dame du Rosaire.
On commémore aussi ce jour S. Marc, pape. La commémoraison des Ss. Serge, Bacchus, Marcellus et Apulée qui se faisait auparavant aussi ce jour a été transférée en 1960 au lendemain.
Ant. ad Introitum. | Introït |
Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre beátæ Maríæ Vírginis, de cuius solemnitáte gaudent Angeli et colláudant Fílium Dei. | Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de la bienheureuse Vierge Marie. Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu. |
Ps. 44, 2. | |
Eructávit cor meum verbum bonum ; dico ego opéra mea Regi. | De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi. |
V/. Glória Patri. | |
¶ In Missis votivis : | ¶ Aux Messes votives : |
Ant. ad Introitum. Sedulius. | Introït |
Salve, sancta Parens, eníxa puérpera Regem : qui cælum terrámque regit in sǽcula sæculórum. | Salut, ô Mère sainte ; mère qui avez enfanté le Roi qui régit le ciel et la terre dans les siècles des siècles. |
Ps. 44, 2. | |
Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi. | De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi. |
Oratio. | Collecte |
Deus, cuius Unigénitus per vitam, mortem et resurrectiónem suam nobis salútis ætérnæ prǽmia comparávit : concéde, quǽsumus ; ut, hæc mystéria sacratíssimo beátæ Maríæ Vírginis Rosário recoléntes, et imitémur, quod cóntinent, et quod promíttunt, assequámur. Per eúndem Dóminum nostrum. | O Dieu, dont le Fils unique nous a obtenu le prix du salut éternel par sa vie, sa mort et sa résurrection ; faites, nous vous en prions, qu’honorant ces mystères au moyen du très saint Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie, nous imitions ce qu’ils contiennent, et obtenions ce qu’ils promettent. |
Et fit commemoratio S. Marci Papæ et Conf. : | Et on fait mémoire de S. Marc, Pape et Confesseur : |
Oratio. | Collecte |
Gregem tuum, Pastor ætérne, placátus inténde : et, per beátum Marcum Summum Pontíficem, perpétua protectióne custódi ; quem totíus Ecclésiæ præstitísti esse pastórem. Per Dóminum nostrum. | Pasteur éternel de l’Eglise, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par le bienheureux Pape Marc que vous avez placé comme berger à la tête de l’Eglise. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du Livre de la Sagesse. |
Prov. 8, 22-24 et 32-35. | |
Dóminus possédit me in inítio viárum suárum, ántequam quidquam fáceret a princípio. Ab ætérno ordináta sum et ex antíquis, ántequam terra fíeret. Nondum erant abýssi, et ego iam concépta eram. Nunc ergo, fílii, audíte me : Beáti, qui custódiunt vias meas. Audíte disciplínam, et estóte sapiéntes, et nolíte abícere eam. Beátus homo, qui audit me et qui vígilat ad fores meas cotídie, et obsérvat ad postes óstii mei. Qui me invénerit, invéniet vitam et háuriet salútem a Dómino. | Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies, avant de faire quoi que ce soit, dès le principe. J’ai été établie dès l’éternité, et dès les temps anciens, avant que la terre fût créée. Les abîmes n’étaient pas encore, et déjà j’étais conçue. Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi : Heureux ceux qui gardent mes voies. Ecoutez mes instructions et soyez sages, et ne les rejetez pas. Heureux l’homme qui m’écoute, et qui veille tous les jours à ma porte, et qui se tient à la porte de ma maison. Celui qui me trouvera, trouvera la vie, et puisera le salut dans le Seigneur. |
Graduale. Ps. 44, 5, 11 et 12. | Graduel |
Propter veritátem, et mansuetúdinem, et iustítiam, et dedúcet te mirabíliter dextera tua. | Pour la vérité, la douceur et la justice, et que ta droite te fasse accomplir des faits merveilleux. |
V/. Audi, fília, et vide, et inclína aurem tuam : quia concupívit Rex spéciem tuam. | V/. Ecoutez, ma Fille, voyez et tendez l’oreille : le Roi a désiré votre beauté. |
Allelúia, allelúia. V/. REF Solémnitas gloriósæ Vírginis Maríæ ex sémine Abrahæ, ortæ de tribu Iuda, clara ex stirpe David. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Voici la Solennité de la glorieuse Vierge Marie de la race d’Abraham, née de la tribu de Juda, de la noble lignée de David. Alléluia. |
¶ In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | ¶ Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. | Trait |
Gaude, María Virgo, cunctas hǽreses sola interemísti. | Réjouissez-vous, Vierge Marie, vous avez anéanti à vous seule toutes les hérésies. |
V/. Quæ Gabriélis Archángeli dictis credidísti. | V/. Car vous avez cru à la parole de l’Archange Gabriel. |
V/. Dum Virgo Deum et hóminem genuísti : et post partum, Virgo, invioláta permansísti. | V/. Car, étant Vierge vous avez enfanté l’Homme-Dieu : et après avoir été mère, vous êtes restée Vierge inviolée. |
V/. Dei Génetrix, intercéde pro nobis. | V/. Mère de Dieu, intercédez pour nous. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Num. 17, 8. Virga Iesse flóruit : Virgo Deum et hóminem génuit : pacem Deus réddidit, in se reconcílians ima summis. | Allelúia, allelúia. V/. La verge de Jessé a fleuri ; la Vierge a mis au monde l’Homme-Dieu : Dieu a rendu la paix, en réconciliant en sa personne notre bassesse avec sa suprême grandeur. |
Allelúia. V/. Luc. 1, 28. Ave, María, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Allelúia. | Allelúia. V/. Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre toutes les femmes. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam. | Lecture du Saint Evangile selon saint Luc. |
Luc. 1, 26-38. | |
In illo témpore : Missus est Angelus Gábriël a Deo in civitátem Galilǽæ, cui nomen Názareth, ad Vírginem desponsátam viro, cui nomen erat Ioseph, de domo David, et nomen Vírginis María. Et ingréssus Angelus ad eam, dixit : Ave, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Quæ cum audísset, turbáta est in sermóne eius : et cogitábat, qualis esset ista salutátio. Et ait Angelus ei : Ne tímeas, María, invenísti enim grátiam apud Deum : ecce, concípies in útero et páries fílium, et vocábis nomen eius Iesum. Hic erit magnus, et Fílius Altíssimi vocábitur, et dabit illi Dóminus Deus sedem David, patris eius : et regnábit in domo Iacob in ætérnum, et regni eius non erit finis. Dixit autem María ad Angelum : Quómodo fiet istud, quóniam virum non cognósco ? Et respóndens Angelus, dixit ei : Spíritus Sanctus supervéniet in te, et virtus Altíssimi obumbrábit tibi. Ideóque et quod nascétur ex te Sanctum, vocábitur Fílius Dei. Et ecce, Elísabeth, cognáta tua, et ipsa concépit fílium in senectúte sua : et hic mensis sextus est illi, quæ vocátur stérilis : quia non erit impossíbile apud Deum omne verbum. Dixit autem María : Ecce ancílla Dómini, fiat mihi secúndum verbum tuum. | En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. L’ange, étant entré auprès d’elle, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. Elle, l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu 1ui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob ; et son règne n’aura pas de fin. Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il ? Car je ne connais point d’homme. L’ange lui répondit : L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Et voici qu’Elisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de celle qui est appelée stérile ; car il n’y a rien d’impossible à Dieu. Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole. |
Credo | Credo |
Ant. ad Offertorium. Eccli. 24, 25 ; 39, 17. | Offertoire |
In me grátia omnis viæ et veritátis, in me omnis spes vitæ et virtútis : ego quasi rosa plantáta super rivos aquárum fructificávi. | En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité ; en moi est toute l’espérance de la vie et de la vertu : j’ai porté des fruits comme le rosier planté près des eaux courantes. |
Secreta | Secrète |
Fac nos, quǽsumus, Dómine, his munéribus offeréndis conveniénter aptári : et per sacratíssimi Rosárii mystéria sic vitam, passiónem et glóriam Unigéniti tui recólere ; ut eius digni promissiónibus efficiámur : Qui tecum. | Nous vous en prions, Seigneur : rendez-nous aptes à offrir ces dons comme il convient ; et par les mystères du très saint Rosaire, faites que nous méditions la vie, la passion et la gloire de votre Fils unique pour devenir dignes d’en recevoir les promesses. |
Pro S. Marco | Pour S. Marc |
Secreta | Secrète |
Oblátis munéribus, quǽsumus, Dómine, Ecclésiam tuam benígnus illúmina : ut, et gregis tui profíciat ubique succéssus, et grati fiant nómini tuo, te gubernánte, pastóres. Per Dóminum. | Grâce à l’offrande de ces presents, accordez Seigneur, la lumière à votre Eglise ; faites prospérer partout votre troupeau, et daignez diriger ses pasteurs pour qu’ils vous soient agréables. |
Præfatio de B. Maria Virg. Et te in Festivitáte. | Préface de la bienheureuse Vierge Marie Et en cette Fête. |
Ant. ad Communionem. Eccli. 39, 19. | Communion |
Floréte, flores, quasi lílium, et date odórem, et frondéte in grátiam, collaudáte cánticum, et benedícite Dóminum in opéribus suis. | Fleurissez des fleurs comme le lis ; exhalez votre parfum, émettez de gracieux rameaux ; chantez un cantique de louange, et bénissez le Seigneur dans ses oeuvres. |
Postcommunio | Postcommunion |
Sacratíssimæ Genetrícis tuæ, cuius Rosárium celebrámus, quǽsumus, Dómine, précibus adiuvémur : ut et mysteriórum, quæ cólimus, virtus percipiátur ; et sacramentórum, quæ súmpsimus, obtineátur efféctus : Qui vivis. | Nous vous en prions, Seigneur, que nous soyons aidés par les prières de votre très sainte Mère dont nous célébrons le Rosaire afin de recevoir la force des mystères que nous honorons et d’obtenir l’effet des sacrements que nous recevons. |
Pro S. Marco | Pour S. Marc |
Postcommunio | Postcommunion |
Refectióne sancta enutrítam gubérna, quǽsumus, Dómine, tuam placátus Ecclésiam : ut, poténti moderatióne dirécta, et increménta libertátis accípiat et in religiónis integritáte persístat. Per Dóminum nostrum. | Seigneur, dirigez avec amour votre Eglise qui vient de se nourrir à cette table sainte, pour que, sous votre conduite toute-puissante, elle voie grandir sa liberté, et garde la religion dans toute sa pureté. |
Leçons des Matines
AU PREMIER NOCTURNE.
Du livre de l’Ecclésiastique. [1]
Première leçon. En toute choses, j’ai cherché du repos [2], et c’est dans l’héritage du Seigneur que je demeurerai. Alors a ordonné et m’a parlé le Créateur de l’univers ; et celui qui m’a créée a reposé dans mon tabernacle, et il m’a dit : Habite dans Jacob, et en Israël place ton héritage, et au milieu de mes élus, étends tes racines [3]. Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, [4] et jusqu’au siècle futur je ne cesserai pas d’être, et dans l’habitation sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère. Et ainsi dans Sion j’ai été affermie, et dans la cité sainte je me suis reposée ; et dans Jérusalem est ma puissance. Et j’ai pris racine dans le peuple que le Seigneur a honoré, et dans la part de Dieu, [laquelle est] son héritage ; et dans l’assemblée entière des saints est ma demeure [5].
R/. Prenez un harmonieux psaltérion au jour insigne de votre solennité, * Et exultez en la Vierge qui est notre aide. V/. Chantez-lui un cantique nouveau, annoncez sa gloire parmi les nations. * Et.
Deuxième leçon. Comme un cèdre, je me suis élevée sur le Liban, et comme un cyprès sur la montagne de Sion ; comme un palmier, je me suis élevée à Cadès, et comme des rosiers à Jéricho ; je me suis élevée comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane sur le bord de l’eau, dans les places publiques [6]. Comme le cinnamome et le baume aromatique, j’ai répandu une odeur ; comme la myrrhe de choix, j’ai exhalé une odeur suave ; et comme le storax, le galbanum, l’onyx, le stacté, et comme le Liban qui sort sans incision [7], j’ai rempli de vapeur mon habitation et comme un baume non mélangé est mon odeur. Moi, comme un térébinthe, j’ai étendu mes rameaux, et mes rameaux sont d’honneur et de grâce.
R/. Je l’ai vue s’élevant très belle au-dessus des rives des eaux ; et son parfum était tout à fait estimable : * Et comme un jour de printemps, les roses l’entouraient ainsi que les lis des vallées. V/. La Reine s’est tenue debout à votre droite, dans un vêtement d’or, couverte d’ornements variés. * Et.
Troisième leçon. Moi, je suis la mère du pur amour, et de la crainte, et de la science, et de la sainte espérance. En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité ; en moi toute l’espérance de la vie et de la vertu [8]. Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes productions [9] ; car mon esprit est plus doux que le miel, et mon héritage l’emporte sur le miel et le rayon. Ma mémoire vivra dans les générations des siècles. Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif [10]. Celui qui m’écoute ne sera pas confondu ; et ceux qui agissent par moi ne pécheront pas. Ceux qui me font connaître auront la vie éternelle.
R/. Quelle est celle-ci qui s’avance comme le soleil, et belle comme Jérusalem ? Les filles de Sion l’ont vue et l’ont dite bienheureuse : * Et les reines l’ont louée. V/. Et les fleurs des rosiers, et les lis des vallées l’entouraient comme des jours du printemps. * Et les reines. Gloire au Père. * Et les reines.
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. Quand l’hérésie albigeoise s’étendait avec impiété dans la province de Toulouse, et y poussait des racines de jour en jour plus profondes, saint Dominique, qui avait fondé récemment l’Ordre des Frères Prêcheurs, s’appliqua tout entier à la faire disparaître. Pour y arriver plus sûrement, il implora par des prières assidues le secours de la bienheureuse Vierge, dont les hérétiques attaquaient impudemment la dignité, et à laquelle il a été donné de détruire les hérésies dans l’univers entier. Dominique (à ce que rapporte la tradition), reçut de Marie l’avertissement de prêcher le Rosaire au peuple, comme un secours singulièrement efficace contre les hérésies et les vices ; et il est prodigieux de voir avec quelle ferveur, et aussi quel succès, il s’acquitta de la tâche qui lui avait été imposée. Or le Rosaire est une formule particulière de prière, dans laquelle on distingue quinze décades de salutations angéliques, décades séparées l’une de l’autre par l’oraison dominicale, et à chacune desquelles nous passons en revue et méditons pieusement les mystères de notre rédemption. C’est donc à partir de ce moment que, grâce à saint Dominique, cette manière de prier commença à se faire connaître et à se répandre ; et, qu’il en soit l’instituteur et l’auteur, on le trouve affirmé dans les lettres apostoliques de souverains Pontifes.
R/. Vous êtes la gloire de Jérusalem, vous êtes la joie d’Israël, vous êtes l’honneur de notre peuple, vous avez agi virilement : * Car seule vous avez détruit toutes les hérésies. V/. Vous êtes belle et gracieuse, terrible comme une armée rangée en bataille. * Car.
Cinquième leçon. De cette institution si salutaire, découlèrent sur le peuple chrétien d’innombrables bienfaits, parmi lesquels on cite avec raison la victoire que le très saint Pontife Pie V et les princes chrétiens, enflammés par ses paroles, remportèrent près des îles Echinades sur le puissant despote des Turcs. En effet, comme au jour même où fut remportée cette victoire, les confréries du très saint Rosaire adressaient à Marie, dans tout l’univers, les supplications accoutumées et les prières prescrites selon l’usage, le triomphe obtenu a été attribué, non sans raison, à ces prières. Grégoire XIII en a lui-même rendu témoignage, et, pour qu’en souvenir d’un bienfait si marqué, d’éternelles actions de grâces fussent rendues à la bienheureuse Vierge, invoquée par les fidèles sous l’appellation de Notre Dame du Rosaire, il a concédé un Office du rite double majeur, à célébrer à perpétuité, dans toutes les églises où il y avait un autel du Rosaire. D’autres Pontifes ont accordé des indulgences presque innombrables à ceux qui réciteraient le Rosaire, comme aux confréries de ce même Rosaire.
R/. Votre droite s’est signalée dans sa force, votre droite a brisé les ennemis : * Ils ont été submergés par des eaux impétueuses, et la mer les a engloutis. V/. Le Seigneur vous a bénie en sa puissance, puisque par vous il a réduit à rien nos ennemis. * Ils.
Sixième leçon. Clément XI attribuait en son cœur à l’efficacité des mêmes prières, la victoire également insigne remportée l’an mil sept cent seize dans le royaume de Hongrie, sur les troupes innombrables des Turcs, par Charles VI, empereur des Romains, car cette victoire arriva le jour où l’on célébrait la fête de la Dédicace de sainte Marie aux Neiges, et environ à l’heure où les confrères du très saint Rosaire, ayant organisé dans la Ville sainte une supplication publique et solennelle, avec un immense concours de peuple et une grande marque de religion, versaient aux pieds du Seigneur de ferventes prières pour la défaite des Turcs, et imploraient humblement le puissant secours de la Vierge Mère de Dieu, en faveur des Chrétiens. En raison de ces circonstances, Clément XI jugea donc devoir pieusement attribuer à la protection de la bienheureuse Vierge cette victoire, ainsi que la délivrance de l’île de Corcyre, assiégée par les Mahométans, qui la suivit de près. Pour que ce nouveau bienfait, si insigne aussi, laissât un souvenir et une reconnaissance perpétuels, il étendit à l’Église universelle, sous le même rite, la Fête du très saint Rosaire. Benoît XIII ordonna d’insérer toutes ces faveurs dans le Bréviaire romain. Enfin Léon XIII, dans nos temps si troublés pour l’Église et en présence de l’affreux déchaînement des maux qui nous accablent depuis si longtemps, a souvent et vivement excité par des lettres apostoliques, réitérées, tous les fidèles du monde à la dévotion du Rosaire de Marie, les engageant à le réciter, surtout pendant le mois d’octobre. Il a, de plus, élevé cette fête à un grade supérieur, et ajouté aux Litanies de Lorette l’invocation de « Reine du très saint Rosaire, » et enfin concédé à l’Église universelle un Office propre pour la même solennité. Vénérons donc toujours la très sainte Mère de Dieu, au moyen de cette dévotion qui lui est très agréable ; et celle qui, tant de fois invoquée par les fidèles du Christ confiants dans les supplications du Rosaire, nous a obtenu d’abaisser et d’anéantir nos ennemis terrestres, nous accordera pareillement de triompher de ceux de l’enfer.
R/. Un grand prodige parut dans le ciel : une femme revêtue, du soleil, ayant la lune sous ses pieds, * Et sur sa tête une couronne de douze étoiles. V/. Un accroissement de grâces sera mis sur ta tête, et une glorieuse couronne te couvrira. * Et. Gloire au Père. * Et.
AU TROISIÈME NOCTURNE.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là : L’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans la ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Et le reste.
Homélie de saint Bernard, Abbé.
Septième leçon. Voulant faire apprécier sa grâce et confondre la sagesse humaine, Dieu daigna prendre chair d’une femme, mais d’une vierge, afin de restituer la ressemblance par un semblable, de guérir le contraire par un contraire, d’arracher l’épine vénéneuse et d’effacer, avec une souveraine puissance, la cédule du péché. Eve a été l’épine, en blessant, et Marie, la rose, en gagnant l’affection de tous. Eve a été l’épine inoculant la mort à tous, et Marie la rose qui nous a tous guéris. Marie fut une rose blanche par la virginité, et rouge par la charité ; blanche par la chasteté de son corps, rouge par la ferveur de son esprit ; blanche en recherchant la vertu, rouge en foulant aux pieds les vices ; blanche par la pureté des affections, rouge par la mortification de la chair ; blanche en aimant Dieu, rouge en compatissant au prochain.
R/. Moi, comme-une vigne, j’ai produit des fruits d’une odeur suave, * Et mes fleurs sont des fruits d’honneur et de richesse. V/. Moi, je suis la mère du pur amour, et de la crainte, et de la science, et de la sainte espérance. * Et.
Huitième leçon. « Le Verbe s’est fait chair, » et déjà il habite en nous. Il habite dans notre mémoire, il habite dans notre pensée, car il descend jusque dans notre imagination elle-même. Comment cela, dites-vous ? En gisant sur la paille de la crèche, en reposant sur un sein virginal, en prêchant sur la montagne, en passant la nuit en prières, en se laissant suspendre à la croix et défigurer par le trépas, en se montrant « libre entre les morts » et en commandant à l’enfer ; en ressuscitant le troisième jour, en montrant à ses Apôtres, dans les traces des clous, les signes de sa victoire, enfin en s’élevant devant eux au plus haut du ciel.
R/. Lève-toi, hâte-toi, mon amie, car déjà l’hiver est passé, la pluie est partie, et elle s’est retirée : * Les fleurs ont paru sur notre terre. V/. Le Seigneur accordera sa bonté et notre terre donnera son fruit. * Les fleurs. Gloire au Père. * Les fleurs.
Neuvième leçon. Est-ce que chacun de ces faits n’inspire pas des pensées vraies, pieuses, saintes ? Quand je les repasse dans mon esprit, c’est à Dieu que je pense, et dans ces mystères, je trouve mon Dieu. Méditer ces choses, selon moi, c’est sagesse, et, à mon jugement, c’est prudence que d’en ramener le souvenir, souvenir dont la douceur est comme l’amande du fruit produit en abondance par la verge d’Aaron, et que Marie est allée cueillir dans les hauteurs des cieux, pour le répandre sur nous à profusion. Oui, c’est bien au plus haut des cieux qu’elle est allée le prendre, et par delà les Anges, quand elle a reçu le Verbe du sein de Dieu même, pour nous enrichir. C’est dans les hauteurs et plus haut que les Anges, que Marie a reçu le Verbe, du sein même du Père.
[1] La sainte Église met le passage de l’Ecclésiastique qu’on va lire sur les lèvres de Marie. Cette application des textes de l’Ancien Testament parlant de la Sagesse à la Vierge Marie est traditionnelle en Occident. Une exégèse fondamentaliste et les influences protestantes sur une soi-disante ‘rénovation du culte marial’ ont entraîné une rupture dans la tradition romaine et l’abandon de ces textes dans la liturgie mariale
[2] En toutes choses j’ai tendu vers mon centre, ma fin suprême.
[3] La très sainte Vierge habita en effet parmi les descendants de Jacob, c’est dans la terre d’Israël qu’elle enfanta le Christ, son fils unique, puis, spirituellement, les premiers Chrétiens, car elle est le chef, la mère, la gardienne de tous les élus. (Cornélius a Lapide)
[4] La bienheureuse Vierge a été prédestinée de toute éternité pour être la première, la reine, la souveraine de toutes les créatures. Avant que je naquisse, peut-elle dire en vérité, j’étais présente à Dieu ; avant que j’existasse, je lui étais bien connue ; il m’a choisie avant la création du monde, pour que je fusse sainte et immaculée en sa présence, dans la charité. (Rupert.)
[5] Marie possède, et la plénitude de la grâce et la plénitude de la gloire de tous les Saints. (Cornélius a Lapide) C’est à juste titre que sa demeure est dans l’assemblée entière des Saints, car il ne lui a manqué ni la foi des Patriarches, ni l’inspiration des Prophètes, ni le zèle des Apôtres, ni le courage des Martyrs, ni la prudence des Confesseurs, ni la chasteté des Vierges, ni la fécondité des épouses, ni la pureté des Anges. (S. Bernard.)
[6] L’âme sainte de Marie est comparée au cèdre à cause de l’élévation, de la rectitude, de la solidité et de l’incorruptibilité de cet arbre ; elle est aussi comparée au cyprès odorant, dont les rameaux ne sont jamais sans verdure ; au palmier, dont les branches sont autant de signes de victoire, et qui, de ses doux fruits, nourrit les hommes ; à la rose, reine des fleurs par sa beauté et son parfum ; à l’olivier, symbole de paix, de douceur, de sagesse et de chasteté ; au platane, à l’ombre duquel se repose et se rafraîchit le voyageur fatigué. Les trois plantes aromatiques citées ensuite indiquent l’humilité, la patience, la mortification ; enfin les noms de divers aromates que l’on mélange avec l’encens nous rappelleront la suavité de la prière qui monte devant Dieu, d’un cœur pur et riche de vertus.
[7] Le Liban, c’est-à-dire l’oliban, premier encens qui découle de l’arbre
[8] Qu’y a-t-il d’étonnant que Marie soit remplie de vie et de vérité, elle qui est mère de celui qui est plein de grâce et de vérité ? Qu’y a-t-il d’étonnant que Marie ait été ornée de tant de dons, elle qui a porté la fleur sur laquelle le Saint-Esprit s’est reposé avec l’abondance de tous ses dons ? Quiconque désire acquérir la grâce des sept dons du Saint-Esprit, doit rechercher la fleur du Saint-Esprit, sur le rejeton de la racine de Jessé : car c’est par le rejeton que l’on arrive à la fleur ; c’est par la fleur que l’on arrive à l’Esprit-Saint, qui se repose sur elle. C’est par Marie que l’on trouve Jésus-Christ, et c’est par Jésus-Christ que l’on trouve la grâce de l’Esprit-Saint. (S. Bonaventure.)
[9] De mes productions : des grâces que je vous obtiens ; ou bien du Christ que je porte en moi.
[10] Plus la sainte Vierge est aimée, honorée par les fidèles, plus ils ont faim et soif de l’aimer et de l’honorer ; car elle leur montre toujours davantage sa charité et sa puissance.