Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Le sacramentaire de Vérone donne en novembre deux formulaires de messe pour le ‘natale sanctorum quatuor coronatorum. Dans la depositio Martyrum de 354 leurs noms sont au 9 novembre. Le Hiéronymien précise le 8 pour leur fête au mont Cœlius, là où se trouve leur basilique.
Au VIIe siècle, e sacramentaire Gélasien reproduit leurs noms, tandis que le sacramentaire Grégorien use de l’appellation collective qui va se perpétuer dans le sanctoral romain.
Il s’agit des saints Claude, Nicostrate, Symphorien, Castor et leur compagnon Simplicius, martyrs, connus donc sous le nom des IV Couronnés. Cinq sculpteurs de la région de Mitroviça qui furent mirent à mort vers 306. Leurs reliques furent apportées à Rome au Vème siècle par des Dalmates fuyant devant les barbares.
En ce jour Octave de la fête de tous les Saints (octave récent, ajouté à la renaissance), la liturgie reprend l’évangile des Béatitudes, lu à la fête.
Ant. ad Introitum. Ps. 78, 11, 12 et 10. | Introït |
Intret in conspéctu tuo, Dómine, gémitus compeditórum : redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum : víndica sánguinem Sanctórum tuórum, qui effúsus est. | Que le gémissement des captifs pénètre jusqu’à vous, Seigneur ; et pour ceux qui nous entourent faites retomber dans leur sein au septuple l’outrage qu’ils ont fait tomber sur vous ; vengez le sang de vos Saints, qui a été répandu. |
Ps. Ibid., 1. | |
Deus, venérunt gentes in hereditátem tuam : polluérunt templum sanctum tuum : posuérunt Ierúsalem in pomórum custódiam. | Ô Dieu, les nations sont venues dans votre héritage, elles ont souillé votre saint temple, elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui gloriósos Mártyres fortes in sua confessióne cognóvimus, pios apud te in nostra intercessióne sentiámus. Per Dóminum nostrum. | Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que connaissant le courage que les glorieux Martyrs ont déployé dans la confession de leur foi, nous ressentions les effets de leur charitable intercession auprès de vous. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux. |
Hebr. 11, 33-39. | |
Fratres : Sancti per fidem vicérunt regna, operáti sunt iustítiam, adépti sunt repromissiónes, obturavérunt ora leónum, exstinxérunt ímpetum ignis, effugérunt áciem gládii, convaluérunt de infirmitáte, fortes facti sunt in bello, castra vertérunt exterórum : accepérunt mulíeres de resurrectióne mórtuos suos : álii autem disténti sunt, non suscipiéntes redemptiónem, ut meliórem invenírent resurrectiónem : álii vero ludíbria et vérbera expérti, ínsuper et víncula et cárceres : lapidáti sunt, secti sunt, tentári sunt, in occisióne gládii mórtui sunt : circuiérunt in melótis, in péllibus caprínis, egéntes, angustiáti, afflicti : quibus dignus non erat mundus : in solitudínibus errántes, in móntibus et spelúncis et in cavérnis terræ. Et hi omnes testimónio fídei probáti, invénti sunt in Christo Iesu, Dómino nostro. | Mes Frères : les Saints, par la foi, ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, éteint la violence du feu, échappé au tranchant de l’épée, triomphé de la maladie, déployé leur vaillance à la guerre, mis en fuite des armées ennemis ; par eux des femmes ont recouvré leurs morts ressuscités. Les uns ont péri dans les tortures, refusant la délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection ; d’autres ont souffert les moqueries et les verges ; de plus, les chaînes et les cachots ; ils ont été lapidés, sciés, éprouvés ; ils sont morts par le tranchant de l’épée ; ils ont erré çà et là, couverts de peaux de brebis et de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n’était pas digne ; Ils ont été errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre. Et tous ceux-là ont obtenu un bon témoignage à cause de leur foi en Jésus-Christ. |
Graduale. Exodi 15,11. | Graduel |
Gloriósus Deus in Sanctis suis : mirábilis in maiestáte, fáciens prodígia. | Dieu est glorifié dans ses Saints ; admirable dans sa majesté, il fait des prodiges. |
V/. Ibid., 6. Déxtera tua, Dómine, glorificáta est in virtúte : déxtera manus tua confrégit inimícos. | V/. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force ; votre main droite a brisé ses ennemis. |
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 44, 14. Córpora Sanctórum in pace sepúlta sunt, et nómina eórum vivent in generatiónem et generatiónem. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force ; votre main droite a brisé ses ennemis. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 5, 1-12. | |
In illo témpore : Videns Iesus turbas, ascéndit in montem, et cum sedísset, accessérunt ad eum discípuli eius, et apériens os suum, docébat eos, dicens : Beáti páuperes spíritu : quóniam ipsórum est regnum cælórum. Beáti mites : quóniam ipsi possidébunt terram. Beáti, qui lugent : quóniam ipsi consolabúntur. Beáti, qui esúriunt et sítiunt iustítiam : quóniam ipsi saturabúntur. Beáti misericórdes : quóniam ipsi misericórdiam consequántur. Beáti mundo corde : quóniam ipsi Deum vidébunt. Beáti pacífici : quóniam fílii Dei vocabúntur. Beáti, qui persecutiónem patiúntur propter iustítiam : quóniam ipsórum est regnum cælórum. Beáti estis, cum maledíxerint vobis, et persecúti vos fúerint, et díxerint omne malum advérsum vos, mentiéntes, propter me : gaudete et exsultáte, quóniam merces vestra copiósa est in cælis. | En ce temps-là : Jésus, voyant les foules, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, prenant la parole, il se mit à les enseigner, en disant : "Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés ! Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux. |
¶In Missis votivis post Septuagesimam in fine sequentæ antiphonæ Allelúia omittitur. | ¶Aux Messes votives après la Septuagésime, on omet l’Allelúia à la fin de l’antienne qui suit. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 67, 36. | Offertoire |
Mirábilis Deus in Sanctis suis : Deus Israël, ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ : benedíctus Deus, allelúia. | Dieu est admirable dans ses saints. Le Dieu d’Israël donnera lui-même à son peuple la puissance et la force. Dieu soit béni. Alléluia. |
Secreta | Secrète |
Benedíctio tua. Dómine, larga descéndat : quæ et múnera nostra, deprecántibus sanctis Martýribus tuis, tibi reddat accépta, et nobis sacraméntum redemptiónis effíciat. Per Dóminum. | Que votre abondante bénédiction descende, ô Seigneur ; et que par les prières de vos saints Martyrs, elle vous rende nos offrandes agréables et qu’elle devienne pour nous un gage de rédemption. |
Ant. ad Communionem. Sap. 3, 4, 5 et 6. | Communion |
Et si coram homínibus torménta passi sunt, Deus tentávit eos : tamquam aurum in fornáce probávit eos, et quasi holocáusta accépit eos. | S’ils ont souffert des tourments devant les hommes, c’est que Dieu les a éprouvés, il les a mis à l’épreuve comme l’or dans la fournaise, et il les a agréés comme une hostie d’holocauste. |
Postcommunio | Postcommunion |
Cæléstibus refécti sacraméntis et gáudiis : súpplices te, Dómine, deprecámur ; ut, quorum gloriámur triúmphis, protegámur auxíliis. Per Dóminum. | Renouvelés par vos sacrements et les joies qui les accompagnent, nous vous demandons humblement, Seigneur, que comme nous nous glorifions du triomphe de vos Saints, nous soyons aussi aidés de leur protection. |
Leçon des Matines avant 1960
Neuvième leçon. Quatre frères : Sévère, Sévérien, Carpophore et Victorin, ayant montré hardiment leur aversion pour le culte des dieux, pendant la persécution de Dioclétien, furent frappés à coups de lanières plombées et perdirent la vie pour le nom de Jésus-Christ. Leurs corps, jetés aux chiens, ayant été laissés intacts par ces bêtes, furent recueillis par les Chrétiens et inhumés dans une sablonnière, sur la voie Lavicane, à trois milles de Rome, près du tombeau des saints Martyrs Claude, Nicostrate, Symphorien, Castor et Simplicius, qui avaient souffert sous le même empereur. Ceux-ci, sculpteurs de grand mérite, s’étaient absolument refusés à tailler des statues d’idoles. Conduits devant l’image du soleil pour l’adorer, ils avaient déclaré qu’ils ne se rendraient jamais coupables de vénérer l’ouvrage de la main des hommes. A cause de cela, on les avait jetés en prison, et comme, après plusieurs jours, on les retrouvait aussi fermes dans leur résolution, on les avait d’abord flagellés avec des scorpions, puis enfermés vivants dans des coffres de plomb, et jetés ainsi dans le Tibre. Il existe à Rome une église dédiée aux quatre saints Couronnés, dont les noms, restés longtemps inconnus, ont été enfin divinement manifestés. C’est dans cette église que furent honorablement ensevelis, avec leurs quatre corps, ceux des cinq autres Martyrs ; et on célèbre leur Fête à tous, le sixième jour des ides de novembre.
Entrons parla pensée dans Rome, et dirigeons nos pas vers l’antique église qui porte, au mont Cœlius, le nom des Quatre saints couronnés. Il est peu de Martyrs dont les Actes aient été plus que les leurs dédaignés « par une critique superficielle et ignorante de la science archéologique [1] », comme le fut trop souvent celle des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Mais « aujourd’hui, l’histoire et les traditions relatives à l’auguste monument du Cœlius ont été remises en honneur par des savants et des antiquaires que nul ne saurait taxer de superstition ou d’une aveugle crédulité pour les légendes du moyen âge [2]. » C’est l’irréfragable jugement du Commandeur de Rossi. Honorons donc et prions, avec la sainte Liturgie, les titulaires de la vénérable église, autrefois fonctionnaires impériaux, sans oublier les cinq sculpteurs, aussi Martyrs, qui préférèrent comme eux la mort à l’infidélité et partagent maintenant la gloire de leur tombe.
Nous devons commencer par faire une observation. Le Sacramentaire Léonien et le Férial Philocalien assignaient le natale des Couronnés non à cette date, mais au Ve jour des ides de novembre, c’est-à-dire au 9 novembre. Voici le texte du Férial : V id. nov. : Clementis, Semproniani, Claudi, Nicostrati, in Comitatum, c’est-à-dire dans le voisinage du parc impérial ad duas lauros, sur la voie de Labicum.
L’histoire de ces saints martyrs, désignés dès l’antiquité par le simple nom de « Couronnés » est une des plus embrouillées. Quelques archéologues ont voulu distinguer trois groupes de martyrs couronnés. Viennent d’abord les cinq tailleurs de pierres de Pannonie, Simpronianus, Claude, Nicostrate, Castor et Simplicius qui, pour avoir refusé de sculpter une statue d’Esculape, furent mis à mort sous Dioclétien. Suivent les quatre Cornicularii Couronnés romains, énumérés par le calendrier philocalien et ensevelis sur la voie Labicane. En dernier lieu viennent les quatre autres saints d’Albano, mentionnés dans le même Férial Philocalien le 8 août : Secundi, Carpofori, Victorini et Severani in Albano.
Ici se pose cette question : auquel de ces trois différents groupes appartiennent les Quatre Couronnés mentionnés aujourd’hui dans le Férial et dans les Sacramentaires ? Les tailleurs de pierres de Pannonie furent-ils réellement transportés à Rome sur la voie Labicane dès le ive siècle ? Il semble que non. Comme d’autre part le Férial et les anciens Itinéraires ne mentionnent sur la voie de Labicum qu’un seul groupe de quatre ou cinq martyrs Couronnés (ceux qui sont énumérés par le calendrier philocalien), que sont devenus les deux autres groupes des tailleurs de pierres de Pannonie et des saints d’Albano ?
Ce sont là des problèmes très embrouillés que, pour le moment, on n’est pas encore à même de résoudre définitivement. Quelque solution que l’on veuille donner à la question, elle devra d’abord être examinée non pas seulement sur des textes, et en s’appuyant uniquement sur les Actes des martyrs, mais en descendant dans les cimetières romains et en interrogeant les monuments locaux qui ont subsisté.
Or nous constatons que les anciens pèlerins vénéraient, dans le cimetière des Saints-Pierre-et-Marcellin, non pas deux, mais un seul groupe de martyrs, sous le titre toujours le même, de IV Coronatos. C’est, en effet, le terme employé par l’Itinéraire de Salzbourg.
La manière dont s’exprime le De locis SS. Martyrum est étrange au contraire, car, tout en voulant expliquer avec une plus grande précision qui sont ces Couronnés, il fond ensemble la tradition hagiographique des quatre Cornicularii avec les noms des cinq sculpteurs martyrisés dans la lointaine Pannonie. Voici le texte en question : Quatuor Coronati id est : Claudius, Nicostratus, Simpronianus, Castorius, Simplicius. Il en annonce quatre et en énumère cinq, qui sont précisément les tailleurs de pierres de Pannonie !
Comment expliquer cette anomalie ? Par l’examen des deux Passions. Si l’on compare celle des martyrs romains à celle des tailleurs de pierres de Sirmium, il apparaît clairement que l’une est calquée sur l’autre. Le voisinage des dates de leur mort a même aidé l’hagiographe à resserrer les liens entre les deux groupes ; aussi, tandis qu’au début la liturgie s’était contentée d’unir en un unique culte les deux différents groupes de saints, plus tard ceux de Pannonie finirent par supplanter les Romains, si bien que dans les Sacramentaires disparut la tradition primitive des noms de nos martyrs Cornicularii de la voie de Labicum.
Tel est en effet l’état de la légende représentée par les Sacramentaires et par le De Locis sanctis. L’usage romain persiste, de donner à la fête le nom des Quatre Couronnés de la voie Labicane ; cependant ces quatre, tout en demeurant tels, sont effectivement cinq, idest — elle est étrange la force de cet idest employé par le De Locis sanctis ! — parce que les quatre Romains ont été identifiés avec les cinq tailleurs de pierres de Pannonie, idest Claudius, etc.
Le tombeau primitif des Martyres Cornicularii romains a été retrouvé dans le cimetière ad duas lauros durant les fouilles exécutées en 1912. On découvrit, au fond d’une galerie, un grandiose cubiculum qui avait été en vénération au moins jusqu’au IXe siècle, comme le révélèrent les vestiges de ses décorations et ses graffiti. Une porte taillée dans le mur gauche de l’hypogée conduit, au moyen d’un autre cubiculum, à une seconde crypte, où, au fond d’une niche, on trouva les restes d’un grand sarcophage, protégé primitivement par une balustrade (transenna) de marbre qui avait été élevée devant lui. Sur les parois noircies par la terre était écrit deux fois : + Leo Presbyter, le célèbre et assidu visiteur des cimetières romains durant le haut moyen âge. Enfin, à une petite distance, on lut également cette inscription : + SCE • CLE (mens). Voici donc le Clemens du calendrier philocalien, qui reposait dans ce sanctuaire avec les Couronnés, : idest — cette fois c’est le cas de le dire — Sempronianus, Claudius et Nicostratus.
La messe Intret est du commun, mais la première lecture est commune à la fête de saint Sébastien. L’Évangile est celui de la fête de la Toussaint. Il n’y a donc de propres que les collectes, et, autrefois, la préface.
La première collecte contenait jadis elle les noms des martyrs. Prière. — « Accordez-nous, ô Dieu tout-puissant, à nous qui vénérons la force montrée dans leur martyre par les saints (Claude, Nicostrate, Symphorien, Castor et Simplicius) — les tailleurs de pierres de Pannonie — d’expérimenter aussi leur bonté à notre égard. »
Le passage évangélique indiqué pour cette fête par le manuscrit de Würzbourg n’est pas celui que le Missel propose actuellement, mais celui de la fête de saint Sébastien [3].
Sur les oblations : « Que votre bénédiction descende abondamment, Seigneur ; et que, par les mérites de vos martyrs, elle vous fasse agréer notre offrande de telle sorte que celle-ci devienne pour nous le sacrement de notre rédemption. ». Cette collecte met en évidence le double aspect sous lequel doit être considérée la sainte Eucharistie. Elle est un véritable sacrifice, et c’est pourquoi on demande à Dieu de le regarder favorablement ; en outre, comme le dit aujourd’hui le Missel, elle est nobis sacramentum redemptionis, et son efficacité dépend des dispositions personnelles de foi et d’amour avec lesquelles nous y participons. Cela justifie la force du mot efficiat qui se trouve dans le texte latin de cette collecte.
Aujourd’hui, toute la tradition liturgique romaine, à commencer par le Sacramentaire Léonien, assigne aux Couronnés une préface spéciale. Voici celle du Sacramentaire Grégorien : Vere dignum... aeterne Deus : celebrantes Sanctorum natalitia Coronatorum, quia dum tui nominis per eos gloriam fraequentamus, in nostrae fidei augumento succrescimus. Per Christum.
A la messe stationnale que le Pape célébrait autrefois sur le Cœlius dans la basilique des Quatre Couronnés le jour de leur fête, conformément aux Ordines Romani du XIIIe siècle, il était lui aussi couronné du regnum, ou tiare pontificale, en l’honneur des saints. Il est très significatif, le titre attribué dès l’antiquité au groupe des martyrs de ce jour : les couronnés. Or, comme personne ne peut mériter la couronne de la victoire si auparavant il n’a combattu conformément au règlement : ni si legitime certaverit, au dire de l’Apôtre, il s’ensuit que nous non plus ne pouvons aucunement considérer le monde et la vie présente sinon comme le champ de bataille et la durée légale de notre militia sous le Christ Chef. — Regnante Domino nostro lesu Christo.
Les quatre Saints Couronnés. — Le Martyrologe annonce : « A Rome, sur la voie Lavicane, la mort des quatre saints martyrs, les frères Sévère, Sévèrien, Carpophore et Victorin. Sous l’empereur Dioclétien, on les mit à mort en les frappant à coups de lanières plombées. » Leurs noms furent connus seulement beaucoup plus tard par une révélation divine. Comme on n’avait pas pu précédemment les découvrir, il fut décidé que leur fête serait célébrée tous les ans sous cette rubrique : les quatre Saints Couronnés. Cet usage s’est maintenu dans le vocabulaire de l’Église, même après la découverte de leurs noms. Dans la même église sont aussi conservés les corps des cinq . sculpteurs qui,. sous Dioclétien, avaient refusé de fabriquer des idoles et d’insulter l’image du Fils de Dieu. Frappés d’abord de scorpions, ils furent ensuite enfermés dans des cercueils de plomb et jetés ainsi dans un fleuve (vers l’an 300). L’église consacrée à leur culte est une église de station qui conserve maintenant leurs corps.
[1] De Rossi, Bulletin, 1879, II édition française, pages 45-91.
[2] Ibid.
[3] DIE VIII MES. NOVEM. NT. SCOR. IIII CORONATORUM lec. sci. eu. sec. Luc. k. XLV. Descendens Ihs. de monte stetit in loco campestri usq. copiosa est in caelis.