Textes de la Messe |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Une basilique en son honneur fut consacrée à Rome dès 350. Son culte apparaît dans tous les livres romains sans exception depuis, sauf dans le Missel de Paul VI qui l’a supprimé.
Missa In virtúte, de Communi unius Martyris 3 loco, cum orationibus ut infra : | Messe In virtúte, du Commun d’un Martyr 3, avec les oraisons ci-dessous : |
Oratio. P | Collecte |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui beáti Valentíni Mártyris tui natalítia cólimus, a cunctis malis imminéntibus, eórum intercessiónibus, liberémur. Per Dóminum nostrum. | Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, que, célébrant la naissance au ciel du bienheureux Valentin votre Martyr, nous soyons délivrés, grâce à leur intercession, de tous les maux qui nous menacent. |
Secreta P | Secrète |
Súscipe, quǽsumus, Dómine, múnera dignánter obláta : et, beáti Valentini Mártyris tui suffragántibus méritis, ad nostræ salútis auxílium proveníre concéde. Per Dóminum. | Recevez, nous vous en prions, Seigneur, les dons que nous vous offrons avec dignité : et par les mérites de la prière du bienheureux Valentin votre Martyr, qu’ils viennent en aide pour notre salut. |
Postcommunio P | Postcommunion |
Sit nobis, Dómine, reparátio mentis et córporis cæléste mystérium : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto Valentíno Mártyre tuo, sentiámus efféctum. Per Dóminum. | Que ce céleste mystère nous soit, ô Seigneur, une cause de renouvellement spirituel et corporel, en sorte qu’en le célébrant, par l’intercession du bienheureux Valentin votre Martyr, nous en ressentions les effets. |
L’Église honore aujourd’hui la mémoire de ce saint prêtre de Rome, qui souffrit le martyre vers le milieu du troisième siècle. L’injure du temps nous a privés de la plupart des circonstances de sa vie et de ses souffrances ; à peine quelques traits en sont venus jusqu’à nous. C’est la raison pour laquelle la Liturgie romaine ne contient pas de Légende en son honneur. Le culte de saint Valentin n’en est pas moins célèbre dans l’Église, et nous devons le regarder comme l’un de nos protecteurs en la saison liturgique où son nom et ses mérites viennent se joindre à ceux de tant d’autres martyrs, pour nous animer à chercher Dieu, au prix de tous les sacrifices qui peuvent nous faire rentrer en grâce avec lui.
Priez donc, ô saint Martyr, pour les fidèles qui, après tant de siècles, conservent encore votre mémoire. Au jour du jugement, nos yeux vous reconnaîtront dans l’éclat de la gloire que vos combats vous ont acquise ; obtenez par votre suffrage que nous soyons placés à la droite et associés à votre triomphe.
La fête de ce martyr de la persécution de Claude II, tout différent du Valentin de Terni, se trouve déjà dans le Gélasien. Sa basilique cimitérale sur la voie Flaminienne, érigée par le pape Jules (337-352) et restaurée par Honorius Ier, était la première que rencontraient les pèlerins, quand, avides de visiter les sépulcres des anciens héros de la Foi, ils approchaient de la Ville éternelle. Le culte de saint Valentin prit un développement intense, spécialement dans la Sabine et dans le Latium, où lui furent dédiées un très grand nombre d’églises. A Rome on en comptait quatre ; mais dès le temps de Paschal Ier, son corps fut transporté à Sainte-Praxède, pour que, hors de l’enceinte de la Ville, il ne risquât pas d’être profané par les Sarrasins.
La messe est celle du Commun des martyrs In virtúte, sauf les collectes propres.
La première prière est la suivante : « Dieu tout-puissant, accordez-nous par l’intercession de votre bienheureux martyr Valentin, dont nous célébrons le natale, d’être délivrés de tous les périls qui nous menacent. »
Au lieu de la lecture de l’Évangile de saint Matthieu prescrite aujourd’hui par le Missel romain (X, 34-42), la liste de Würzbourg en assigne une empruntée à saint Luc (IX, 23-27) [1]. Le glaive qui est venu séparer l’homme, non seulement de sa patrie et de sa famille, mais encore de lui-même, c’est la parole de Dieu qui immole les amis du Christ comme des holocaustes vivants et ne leur permet de vivre que d’une vie divine. C’est en ce sens que saint Paul disait : « Je vis, et ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi. »
La secrète, selon la récente correction du Missel, est la suivante : « Recevez, Seigneur, ces oblations qui vous sont pieusement offertes, et, par les mérites de votre bienheureux martyr Valentin, faites qu’elles profitent à notre salut. » Le Missel assignait précédemment cette autre prière, identique à la formule du Sacramentaire Grégorien : « Soyez propice, Seigneur, à l’oblation que nous vous présentons, et, par l’intercession de votre bienheureux martyr Valentin, délivrez-nous de tout péril. »
On lit avec plaisir la description des solennelles fêtes liturgiques que le Pape célébrait à Rome au moyen âge ; mais il ne faut pas oublier que les splendeurs de ces triomphes religieux furent méritées durant trois siècles par une longue série de papes, de prêtres et de diacres romains qui, affrontant intrépides la cruauté des Césars, gouvernèrent et administrèrent saintement l’héritage de saint Pierre et de saint Paul, jusqu’à ce que le martyre vînt les enlever de ce monde. Être alors élevé aux dignités de la hiérarchie sacrée équivalait à se trouver à la veille de donner son sang pour le Christ ; aussi aujourd’hui encore, quand, dans le rit grec, l’on ordonne les diacres, on chante, sans plus, l’hymne des martyrs, comme pour les déclarer aptes à l’honneur de la confession sanglante de la foi chrétienne.
La couronne du martyr.
Saint Valentin. — Jour de mort (d’après le martyrologe) : 14 : février 269. Tombeau : à Rome dans sa basilique. Image : On le représente en prêtre, avec un glaive (instrument de son supplice). Sa vie : Ce saint prêtre (par exception, le missel l’appelle prêtre) souffrit le martyre sous l’empereur Claude II. Le martyrologe relate : « A Rome, sur la voie flandrienne, le jour de naissance céleste du saint prêtre et martyr Valentin qui, après de nombreuses guérisons miraculeuses et beaucoup de preuves de sa sagesse, fut battu de verges et décapité sous l’empereur Claude. » L’église de son tombeau s’élevait déjà au 5e siècle et était la première que les pèlerins de Rome visitaient, à leur entrée dans la ville éternelle (Il ne faut pas confondre ce saint avec l’évêque de Terni du même nom).
La messe (In virtúte). — Dans la première messe d’un martyr non pontife règne la joie au sujet de sa passion glorieuse. Dès l’Introït, nous voyons (d’une certaine manière dans la personne du célébrant qui fait son entrée) le saint (justi), dans sa gloire et son bonheur. Il se réjouit dans la force de Dieu, il tressaille de joie au sujet de son salut, ses désirs sont comblés, il apparaît comme vainqueur avec la couronne (tout le psaume 20 convient très bien ici, il suffit de remplacer le mot : Roi par celui de saint). L’Oraison demande que le saint « nous préserve des maux menaçants ». Dans la Leçon, l’Église décrit la vie de notre saint, comment « le Seigneur l’a conduit par des voies droites et lui a montré le royaume de Dieu », comment « il l’a guidé à travers tous les combats ; il ne l’a pas abandonné dans le besoin, il est descendu avec lui dans la fosse du cachot, il a été auprès de lui dans ses chaînes et puis il lui a donné « le sceptre du royaume » et « la gloire éternelle » (Ce passage a trait originairement au patriarche Joseph : la Leçon devient plus plastique si nous nous représentons les souffrances de Joseph vendu par ses frères et la gloire qu’il eut ensuite). Le chant psalmodiques qui suit est un véritable morceau choral où la communauté fait écho à la Leçon. Heureux l’homme qui craint Dieu, puissants sont ses descendants sur la terre. Nous sommes les descendants du saint, nous qui nous unissons à lui dans le Saint-Sacrifice. A l’Évangile, Notre-Seigneur nous parle de la nécessité de le suivre à la Croix. Ceci nous apprend à comprendre le sens du martyre et à en pénétrer notre vie. Le Christ nous dit ces austères paroles : « Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. » La vie chrétienne n’est pas une vie d’idylle, mais une vie de combat. Il faut d’abord livrer la guerre à la chair et au sang, il faut surtout « prendre notre croix et suivre le Christ. Le Christ nous montre avec insistance le saint martyr qui a suivi ces prescriptions à la lettre. Nous mêmes qui n’aurons sans doute pas à livrer d’aussi grands combats que notre saint martyr, nous pouvons cependant participer à l’honneur du « témoignage » rendu au Christ, en confessant le Christ dans les petites choses, quand ce ne serait qu’en donnant un verre d’eau en son nom à ses serviteurs. A l’Offertoire nous voyons encore le martyr s’avancer vers l’autel, le front orné de la couronne de victoire. A la Communion. nous ne chantons pas comme à l’ordinaire un chant de gloire pour le saint et pour nous, mais nous répétons une parole sérieuse du Christ : « Que celui qui veut me suivre prenne sur lui sa croix... » Pourquoi ce chant au moment de la Communion ? Peut-être la pensée de l’Église est-elle celle-ci : Après le Saint-Sacrifice, commencera votre chemin de Croix et la source de votre force est dans ce banquet sacré.
[1] DIE XIII MEN. FEB. NT. SCI. VALENTINI lec. sci. eu. sec. Luc. K. XCVI Dicebat Ihs. discip. suis si quis uult post me uenire abneget *** gustabunt mortem donec uideant regnum dei.