Psalmus 115 | Psaume 115 [1] |
Crédidi, propter quod locútus sum : * ego autem humiliátus sum nimis. | J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé [2] : * mais j’ai été dans une profonde humiliation [3]. |
Ego dixi in excéssu meo : * Omnis homo mendax. | J’ai dit dans mon abattement extrême : * Tout homme est menteur [4]. |
Quid retríbuam Dómino, * pro ómnibus, quæ retríbuit mihi ? | Que rendrai-je au Seigneur, * pour tous les biens qu’Il m’a faits ? |
Cálicem salutáris accípiam : * et nomen Dómini invocábo. | Je prendrai le calice du salut : * et j’invoquerai le nom du Seigneur [5]. |
Vota mea Dómino reddam coram omni pópulo eius : * pretiósa in conspéctu Dómini mors sanctórum eius : | Je rendrai mes vœux au Seigneur devant tout son peuple : * la mort de ses saints est précieuse aux yeux du Seigneur [6]. |
O Dómine, quia ego servus tuus : * ego servus tuus, et fílius ancíllæ tuæ. | O Seigneur, car je suis votre serviteur : * je suis votre serviteur, et le fils de votre servante [7]. |
Dirupísti víncula mea : * tibi sacrificábo hóstiam laudis, et nomen Dómini invocábo. | Vous avez rompu mes liens : * je vous sacrifierai une hostie de louanges, et j’invoquerai le nom du Seigneur. |
Vota mea Dómino reddam in conspéctu omnis pópuli eius : * in átriis domus Dómini, in médio tui, Ierúsalem. | Je rendrai mes vœux au Seigneur en présence de tout son peuple [8] : * dans les parvis de la maison du Seigneur, au milieu de toi, Jérusalem [9]. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. Ce psaume est appliqué : 1° A Notre Seigneur Jésus-Christ. Il désire sa propre délivrance, et brûle d’envie de boire le calice que Dieu son Père lui a donné. C’est dans ce sens que nous lisons ce psaume aux Vêpres du jeudi et du vendredi-saints. 2° A l’Église entière, qui soupire après un autre calice où elle recueille la douceur de celui dont Notre-Seigneur a épuisé l’amertume ; le calice de l’Eucharistie. C’est en ce sens que l’Église chante ce psaume à la Fête-Dieu. L’antienne est prise du v. 13, 3° Aux Apôtres et aux Martyrs, IIe Vêpres. Ils ont bu avec le Sauveur le calice amer de la souffrance ; ils se réjouissent pour cela dans la Jérusalem céleste et y boivent à longs traits le calice de la félicité éternelle. (Le P. Emmanuel).
[2] J’ai cru, etc. (Saint Paul, II Co., IV, 13) cite ce passage pour montrer que ceux qui ont le don de la foi la publient sans rien craindre de la part des hommes. (Glaire) Tels avons-nous vu les martyrs.
[3] Comme aucune autre prière que celle de la foi n’a d’efficacité, le psalmiste témoigne que même dans son état d’abattement, la foi ne lui a fait aucun défaut ; il croyait déjà au moment où il était obligé de s’écrier : je suis dans l’angoisse ! (Tholuck).
[4] Tout homme est menteur en ce sens que dans l’épreuve, c’est en Dieu seul, et non dans l’homme qu’il faut avoir confiance ; dans les grandes afflictions, les hommes offrent un secours qu’ils ne peuvent donner. (Lesêtre). On ne peut trouver en l’homme un appui infaillible et constant ; la plupart du temps il trompe nos espérances.
[5] Le Psalmiste fait allusion à la coupe d’action de grâces qu’on offrait à Dieu après un sacrifice pacifique ou que le père de famille présentait à la fin du repas pascal. De cette coupe de bénédiction le Sauveur a fait au Cénacle le véritable calice du salut quand il a changé le vin en son précieux sang.
[6] La mort des fidèles est encore plus précieuse aux yeux de Dieu que leur vie, parce qu’elle est le commencement de leur bonheur et de leur glorification. (S. Cyprien).
[7] Le fils d’une servante né dans la maison, était esclave à perpétuité chez son maître ; ces paroles sont donc l’aveu d’une entière dépendance. Au sens mystique, cette servante du Seigneur dont nous nous glorifions d’être les enfants peut désigner la très sainte Vierge ou l’Église.
[8] L’autel des holocaustes était dressé dans le principal parvis du temple. Le sacrifice public qu’il se propose d’offrir, ne sera point de la part du Prophète un acte d’ostentation ; il veut simplement inviter tous les hommes à l’imiter et à s’associer à s’a reconnaissance. Les saints invitent toutes les créatures à remercier Dieu avec eux. Rien n’est plus agréable à Dieu que la reconnaissance, c’est pour lui le premier des sacrifices. (S. Chrysostome).
[9] Au milieu de Jérusalem, c’est-à-dire dans l’Église.